HANDBOUND
AT THE
UMVERSITY OF
TORONTO PRESS
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RICHARD II
ÉPISODE
DE LA RIVALITÉ DE LA. FRANCE ET DE L'ANGLETERRE
PAR H. WALLON
«EMBKE DE L',»ST.T»T, PROFESSEUR D'B.STO.RE «0DER!.E
A LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS
• TOME SECOND
PARIS
LIBRAIRIE DE L. HACHETTE Ef C"
BOULEVARD SAINT-GERMAIN, N° 77
1864
Droit de traduction réservé
. A
W
RICHARD II.
LIVRE SEPTIKME.
LA M.\.i''n! r«iL.ii.vKu.
l.F GOUVEKIfEIIENT ur ^,i.^ r ^ . r rt ET LE GOUVERNEMENT
DE RICHARD.
La condanmalion de TAdmirable Parlement et
la justification de Richard sont dans les faits qui
ont suivi.
Glocester et son triumvirat (des cinq lords appe-
lants, les comtes de Derby et de Nottingham, venus
plus tard, étaient aussi moins liés à sa cause; Gloces-
ter, Warwick et Arundel étaient alors pleinement
maîtres du pouvoir. Ce n'était plus comme après la
destitution de Michel de la Pôle, quand les grands
Il — 1
2 LIVRE SEPTIÈME. [1388]
olïiciers et le conseil imposés au roi par le fameux
statut de Tan x (1386) étaient tenus en échec par
les anciens conseillers et les amis du prince. Après
avoir tenté de s'affranchir au nom du droit d'abord,
puis à Taide de la force, Richard, deux fois vaincu,
demeurait seul. La peine des traîtres avait fait le vide
autour de lui. La peine des traîtres écartait de sa per-
sonne tout autre que ceux qui le tenaient sous leur
joug. S'il restait roi^ c'est que le fils de Lancastre
n'avait pas souffert que Glocester, un cadet, prît, aux
dépens de sa branche à lui^ la couronne. Il restait
roi pour revêtir des formes légales les actes de ses
oppresseurs. Glocester pouvait donc agir sans rien
craindre d'un parti abattu. Les hommes de son choix
étaient dans les grands offices comme dans le con-
sei l ; l'administration des comtés , tou te à sa discrétion .
Le parlement de 1388 s'était formé sous son in-
fluence; les suivants n'y pouvaient pas échapper
davantage. Rien n'empêchait d'accomplir les réformes
au nom desquelles la révolution s'était opérée. Mais
les révolutions de cette sorte apportent moins de
changements aux choses qu'aux personnes, et servent
plus aux intérêts des chefs qu'aux besoins du pays :
heureux encore le pays^ lorsque après avoir donné
satisfaction aux ambitieux, elles arrivent à réparer
les désordres qu'elles ont causés ! car en pareille
matière, même dans les cas les mieux justifiés,
quand le remède a chassé le mal, reste à guérir de la
maladie du remède, et cela n'est pas moins difficile.
[1388] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 3
L'Admirable Parlement, parmi le^s débats judiciaires
qui l'avaient rempli, s'était surtout occupé de donner
force et garantie aux actes qu'il avait accomplis et au
gouvernement qu'il avait institué : c'est ce qui tenait
la plus grande place dans les pétitions des com-
munes. Le parlement, réuni peu de mois après à
Cambridge (9 septembre 1388), ne sait encore que
donner de nouvelles armes au pouvoir : tant le pays
demeure troublé ! et cette convocation précipitée ,
après une si longue session, montre déjà combien le
gouvernement se sentait peu sûr de lui-même. Mais
le statut oii se résume l'action commune du parle-
ment et du conseil, met en pleine lumière les em-
barras de la situation. Après avoir, selon la formule
d'usage, proclamé toutes les libertés, il confirmait,
en les aggravant, toutes les lois du despotisme. Il
renouvelait la loi des laboureurs, avec des clauses
qui tendaient à fixer en leur lieu, non-seulement les
serfs, mais les hommes libres : défense à tout labou-
reur, homme ou femme, de quitter, même à l'expira-
tion de son engagement, le canton où il avait servi,
sous prétexte de pèlerinage ou pour servir ailleurs, à
moins d'avoir une lettre scellée du sceau royal où fût
constatée la cause de son départ et l'époque de son
retour, s'il devait revenir. Mais l'apposition du sceau
royal n'était point un acte d'intervention du roi : le
sceau était remis dans chaque canton â quelque pro-
priétaire désigné par le juge de paix; en sorte que
c'était aux cantons intéressés, à voir s'ils voulaient,
4 I.IVRE SEPTIÈME. [1388]
en autorisant le départ, se priver des services. Les
hommes libres que l'on voulait ainsi retenir, pou-
vaient à leur tour faire la loi aux maîtres, en exigeant
pour leur travail un salaire supérieur à ce que com-
portaient les produits des champs : aussi le statut
d'Edouard lïl avait -il pour corollaire une loi de
maximum. Le statut de Cambridge renouvelait aussi
cette loi, retendant aux serviteurs et de la ville et
de la campagne, avec un tarif approprié, et des peines
non-seulement contre ceux qui demandaient, mais
contre ceux qui auraient consenti à payer davantage.
Ainsi, là même où le travail était libre, il était can-
tonné et taxé, ni plus ni moins que le travail des
serfs. Par une autre mesure qui ramenait plus direc-
tement encore au servage, on défendait d'appliquer à
un métier l'enfant qui, jusqu'à l'âge de douze ans,
aurait été retenu aux travaux de la campagne. Si l'on
souffrait si difficilement que l'ouvrier pût changer
de maître, on devait tolérer beaucoup moins qu'il
réussît à s'en passer. On poursuivait le vagabondage
sous toutes ses formes (excepté celle des religieux
mendiants), en défendant aux pauvres valides de
voyager sans permis (testimoniales)^ et aux infirmes
de sortir du lieu où le statut les trouvait à demeure.
Les baillis, maires et sénéchaux étaient particulière-
ment chargés d'exécuter ces mesures, sous la sur-
veillance des juges de paix (a).
Le statut qui recourait à ces moyens violents pour
rétablir la paix publique, cherchait aussi à la garder
[1388] LA MAJORITÉ DE RICHARD. ' 5
contre d'autres excès. Défense aux seigneurs de don-
ner leur livrée ou leurs insignes à d'autres qu'aux
gens obligés par contrat à les servir, en paix comme
en guerre, pour toute la vie^ ou aux valets demeurant
dans leur propre maison : car cette livrée couvrait de
l'impunité des grands les extorsions les plus odieuses.
Défense aux paysans ou gens de métiers d'avoir dague,
ni épée, ni aucune arme autre que l'arc et les flè-
ches : on respectait cette arme populaire, la force de
la milice anglaise, toujours en honneur, même depuis
que d'autres engins de guerre tonnaient dans les
batailles, et Ton voulait que le peuple s'y exerçât le
dimanche à l exclusion de tout autre jeu; on prohi-
bait les autres armes, qui, lorsqu'elles n'étaient pas
aux mains des chevaliers, semblaient être plus vo-
lontiers les instruments du brigandage et des conju-
rations. Enfin le statut témoignait qu'il voulait le
respect des agents du pouvoir, l'intégrité dans l'ad-
ministration^ l'indépendance dans l'Église. Pour faire
respecter les agents du pouvoir, il confirmait une loi
de la deuxième année de Richard, qui défendait, sous
peine de prison, que personne dît du mal des prélats,
ducs ou comtes, comme aussi des ministres du prince,
chancelier, trésorier, garde du sceau privé, sénéchal
de 1 hôtel, juges de l'un ou de l'autre banc, et, en un
mot, des principaux oiliciers du royaume. Pour as-
surer l'intégrité de l'administration, il décrétait que
les grands officiers et tous ceux qui avaient pouvoir
de nommer les vicomtes, agents du domaine, rece-
6 * rJVRE SEPTIÈME. [1388]
veurs ou contrôleurs des subsides, ou iout autre
serviteur du roi , les choisissent sur leur mérite,
et non par faveur ou même à prix d'argent. Pour
maintenir l'indépendance de l'Église, il sanctionnait
le statut des proviseurs; mais, dès le temps du der-
nier parlement, dès leur installation au pouvoir, ces
hommes, si jaloux de l'intervention du saint-siége
dans leur Église, avaient poursuivi en cour de Rome
et obtenu du pape le déplacement, c'est-à-dire la
destitution de l'archevêque d'York, l'un des cinq
conseillers de Richard jugés en parlement, et la
provision de ce siège, ainsi que de quatre autres
rendus vacants par la promotion des titulaires. Il est
vrai qu'ici le gouvernement lui-même sollicitait ces
mesures^ et que celui qui en avait le premier béné-
fice, c'était le chancelier, l'évêque d'Ely, frère du
comte d'Arundel. Les cinq prélats nommés le même
jour en remplacement l'un de l'autre (comme l'eus-
sent pu être de simples vicomtes), nommés par provi-
sion, vinrent le même jour aussi promettre fidélité
au roi et recevoir leur temporel en face de ce parle-
ment qui-renouvelait la loi des proviseurs (a) !
A ces actes du parlement de Cambridge, Knighton
ajoute une loi somptuaire qui avait pour objet de
maintenir entre les classes des distinctions effacées
par le progrès du luxe chez les gens du peuple; et
Walsingham, bien d'autres choses qu'il juge inutile
de rappeler à la mémoire : « car, dit-il, on les votait
toujours et on ne les exécutait jamais, n Ce qu'on
[1388] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 7
renouvela et ce qu'on exécuta mieux, ce fut le vole
des subsides, un dixième de la part du clergé, un
quinzième de la part des laïques, sans préjudice des
taxes courantes : car le nouveau gouvernement, pas
plus que l'ancien, n'avait trouvé le moyen de pour-
voir, sans cette aide, aux besoins du pays. Ajoutons
que, même à ce prix, il n'avait pas su davantage lui
rendre l'éclat qu'il avait perdu au dehors (a).
Le péril de l'invasion française s'était dissipé.
Cette invasion, que l'attitude hostile du parlement de
1386 vis-à-vis du gouvernement de Richard aurait
pu rendre possible, avait échoué, on l'a vu, par suite
des retards plus ou moins calculés du duc de Berri ;
et le nouvel armement confié à Clisson n'avait pas
mieux abouti, grâce au guet-apens du duc de Bre-
tagne. L'Angleterre n'était donc plus en péril, et elle
trouvait une excellente occasion de reprendre l'offen-
sive. Clisson, tiré des mains du duc de Bretagne, lui
faisait la guerre. Il avait racheté du duc d'Irlande,
Jean de Blois , fils de Charles , retenu longtemps
comme otage en Angleterre ; il le mariait à sa fille,
et menaçait de recommencer la querelle des préten-
dants, querelle oii il comptait bien sur l'appui de la
France. Le duc était donc poussé à rappeler les An-
glais; et ceux-ci n'attendirent pas son appel pour se
préparer à tout événement. Les procès de l'Admirable
Parlement n'étaient point encore finis que le comte
d'Arundel, l'un des cinq lords appelants, déjà signalé
par ses succès comme amiral, se faisait nommer
8 LIVRE SEPTIÈME. [1388]
gouverneur du château de Brest (9 avril); et le
20 mai, il partait de Hampton avec une flotte qui
lui permît de se porter partout où il le jugerait néces-
saire. Mais le duc de Bretagne s'était ravisé. Le roi
de France, loin de songer à l'accabler, ne voulait
qu'apaiser la querelle; et le duc savait que la Bre-
tagne, s'il voulait s'appuyer des Anglais, passerait
tout entière à Clisson. Après avoir cherché dans les
armements mêmes du comte d'Arundel un prétexte
pour ne point se rendre à l'appel du roi aux États
d'Orléans, il se laissa mener à Paris, où Charles YI
termina le différend par un équitable arbitrage. Le
comte d'Arundel n'avait plus rien à espérer de la
Bretagne; il se rejeta sur les îles du voisinage, lit
une incursion heureuse dans la Saintonge, où nul ne
s'attendait à le voir, et un peu plus tard faillit se
faire prendre auprès de la Rochelle, où l'on était
mieux en garde. Il échappa, reprit la mer, et, au
retour, fit encore quelques descentes sur les côtes
de Normandie, s'avança jusqu'aux portes de Bayeux;
puis il ramena son butin à Cherbourg, d'où il revint
en Angleterre (a).
Cette petite guerre de littoral et quelques pointes à
l'intérieur eussent-elles toujours été couronnées de
succès, ce n'était pas de quoi rehausser beaucoup le
nouveau gouvernement. Il n'avait guère ajouté plus
à son prestige, quand il avait voulu s'approprier les
exploits du fameux aventurier anglais J. Haukwood.
en lui donnant au nom du roi, duc de Guyenne, et à
[1388] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 9
ce titre, prétendait-on, suzerain de Provence, tout
pouvoir pour y exterminer les hérétiques et les
schismatiques^ : chose que ce chef de bandes faisait
tort bien sans lettres patentes. Cette attaque aux nou-
veaux domaines de la maison d'Anjou ne menait pas
au cœur de la France; et ce brigandage eût-il réussi,
le gouvernement anglais n'eût pas été dispensé d'agir
par lui-même, s'il voulait ne pas rester au-dessous
des espérances qu'il avait excitées. En somme, il
avait fait bien peu encore : et cependant tout semblait
le servir.
La guerre d'Espagne finissait. Elle n'avait eu depuis
le commencement que des revers pour les Anglais,
et la dernière expédition n'avait point rétabli l'hon-
neur de leurs armes. Lancastre, parti au commence-
ment de juillet 1386 avec sa femme et ses deux filles
(la circonstance n'est point à négliger), avait, en
passant, dégagé le château de Brest, et, à la fin du
même mois, pris terre à la Corogne^ où il congédia sa
tlolte, comme si dès lors il fût entré en possession de
son royaume et qu'il n'eût plus à retourner en An-
gleterre. Le roi de Portugal, qui l'avait appelé, n'avait
pas manqué au rendez-vous. On envahit la Castille;
mais l'armée anglaise s'était vue bientôt arrêtée par
des maladies; et quand, Tannée suivante, Lancastre
renouvela son entreprise, il trouva un pays ravagé,
d'où la famine le força de sortir. Ce double échec
1. {k mars 1388). Rymcr, t. VU, p. 569.
10 LIVRE SP:PTIÈME. [1388]
dissipa ses illusions. Le roi de Portugal, pour s'assu-
rer de son appui, avait demandé tout d'abord et venait
d'épouser l'aînée de ses deux filles (1387). Le roi de
(bastille lui demanda l'autre pour son propre fils. Le
prince anglais lui disputait le trône au nom de sa
femme : le Castillan le lui offrait pour sa fille, en la
mariant à celui qui en devait hériter. Le duc de Lan-
castre accepta. II renonçait à son titre de roi, mais sa
fille devenait reine; et une rente de 40 000 francs,
outre quelques villes données à sa femme, le dédom-
mageait des prétentions qu'il abdiquait. Singulière
fortune des nations ! La France bien souvent n'a
vaincu que pour le profit des autres. L'Angleterre
a su presque toujours tirer avantage, même des revers
qu'elle a subis. Cette guerre d'Espagne, la plus folle
qu'elle ait entreprise, et qui, sans lui donner la Cas-
tille, a contribué à lui faire perdre la France^ c'est
pourtant par elle qu'elle a pris pied dans la Pénin-
sule. L'Espagne a échappé à Lancastre, mais le Por-
tugal est resté sous la main des Anglais (a).
Pour le présent^ et toute satisfaction eût-elle été
refusée à Lancastre, c'était un avantage que de sortir
d'une entreprise dont la complication avait été si fa-
tale aux résultats de la guerre de France. L'Angleterre
était libre de ce côté, et la France occupée ailleurs.
La Flandre leur faisant défaut, les Anglais avaient
cherché dans le voisinage quelque autre moyen de
tenir en échec et la France et le duc de Bourgogne
maître de la Flandre. Ils avaient trouvé un petit
[1388] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 11
prince, le duc de Gueldre, qui, moyennant 1000 li-
vres de pension, s'était obligé à servir le roi d'Angle-
terre sa vie durant, et à défier France et Bourgogne.
Si peu redoutable qu'il fût à la France, il incommo-
dait le duc de Bourgogne aux Pays-Bas; et Charles VI
s'était laissé dire par son oncle qu'il allait de son
honneur de répondre à ce défi. On avait terminé à la
hâte l'affaire de Bretagne ; on s'était préparé à l'inva-
sion de la Gueldre comme à l'invasion manquée de
l'Angleterre ! — La politique anglaise avait donc réussi
au delà de toute espérance ; et cette campagne, en
engageant dans une lutte stérile la meilleure partie
des forces de la France, offrait à Glocester une occa-
sion bien favorable pour reprendre le rôle qu'il re-
prochait à Richard d'avoir abdiqué. Il n'en fit rien ; et
tous ses trophées se bornèrent au butin rapporté par
le comte d'Arundel. Bien plus, dans le même temps
il voyait se renouveler pour sa nation des affronts
que Richard au moins n'avait pas laissés impunis.
La France, en effet, alors même qu'elle ne combattait
pas, avait un allié de sa cause attaché aux flancs
del'Angleterre, je veuxdire l'Ecosse. Les Écossais fran-
chirent la frontière, et, quoique trois fois moins nom-
breux, livrèrent aux Anglais, près d'Otterbourne, un
combat que ces derniers se vantèrent d'avoir gagné
parce qu'ils avaient tué Douglas (19 août 1388);
mais Douglas mourant avait ordonné de relever son
étendard, et ses compagnons, se raljiant à l'entour et
reprenant son cri de guerre, restèrent maîtres du
12 LIVRE SEPTIÈME. [1388]
champ de bataille. Si leur chef était mort, ils rame-
naient parmi les prisonniers , signe plus certain
de la victoire, le principal chef des Anglais, le
bouillant Henri Percy, surnommé YÈperon de feu
(Hotspur) (a).
En pareille circonstance, et pour éviter peut-être
que les Français, dans la campagne suivante, ne
vinssent en aide aux Écossais^ Glocester^ qui avait
tant accusé les anciens ministres de Richard d'avoir
traité avec la France, envoya lui-même des ambassa-
deurs à Charles Yl pour négocier une trêve. La France
ne refusait pas : au retour de la campagne de Guel-
dre , Charles YI , fatigué du gouvernement de ses
oncles, les avait congédiés; et ses nouveaux ministres,
anciens conseillers de Charles Y, appliqués à réparer
les maux du royaume à l'intérieur, ne demandaient
pas mieux que de s'assurer, au moins provisoirement,
quelque sécurité du côté de l'Angleterre. Seulement
ils mettaient à la trêve une condition, c'est qu'elle
comprît les deux alliées de la France, l'Espagne et
l'Ecosse. L'Espagne aurait pu être naguère un obsta-
cle : c'était le lot du duc de Lancastre; et si on l'eût
rappelé malgré lui de cette contrée, comment espérer
qu'à son retour il ratifiât les actes de son cadet Glo-
cester en Angleterre? Mais le traité récemment con-
clu rendait de ce côté Tarrangement plus facile. La
difficulté, c'était l'Ecosse. Les Anglais avaient là une
revanche à prendre. Ils soutenaient que l'Ecosse étant
une dépendance de l'Angleterre, la France n'avait
[1389, LA MAJORITÉ DE RICHARD. 13
pas le droit de stipuler pour elle; et les Écossais, il
le faut dire, ne se souciaient guère davantage d'une
transaction qui les eut désarmés. Loin de craindre
une revanclie, ils envahirent de nouveau leNorthum-
berland; et Thomas Mowbray, comte de Nottingham^
maréchal d'Angleterre, envoyé pour les repousser,
échoua faute de forces suffisantes (a).
Rien donc ne relevait le gouvernement de Glo-
cester. A l'intérieur, il avait donné à ses amis toutes
les grandes positions de l'Église et de l'État ; mais il
n'avait point changé autrement la situation. Il avait
(lu demander au parlement les mêmes impôts , avec
de nouveaux suppléments , et il n'avait pas su au
dehors en faire meilleur usage. Il avait combattu
sans succès les invasions des Écossais, et négocié
sans résultat une trêve avec la France. Les choses en
étaient là, quand un jour (3 mai 1389) le roi, entrant
au conseil, demanda qu'on lui dît quel âge il avait.
f< Yingt-deux ans, dit Glocester.
— Je suis donc, reprit-il, pleinement en âge de
gouverner et ma maison et même mon royaume.
Tout héritier dans le royaume, quand il a vingt et
un ans, a le droit d'administrer librement ses
propres affaires. Comment donc me refuserait-on ce
que la loi accorde au moindre Vie mes sujets ? >>
Les barons surpris répondirent qu'on ne lui vou-
lait rien refuser de légitime.
(( Il y a longtemps, continua Richard, que je vis
sous votre direction , et je dois rendre grâces à Dieu
14 LIVRE SEPTIÈME. [1389J
d'abord, puis à Vos Seigneuries, de ce que, par vos
soins, ma personne, mon héritage et tout le royaume
d'Angleterre, tant à l'intérieur qu'au dehors, ont été
défendus de toutes parts contre nos ennemis, à l'hon-
neur de ma couronne. Mais aujourd'hui, Dieu ayant
permis que j'atteignisse à l'âge légal, je réclame et
j'entends exercer librement par la suite le droit de
gouverner ma personne et mon héritage, de choisir
mes officiers et mes ministres, de les investir de leurs
fonctions selon qu'avec la grâce de Dieu il me sem-
blera le plus expédient; comme aussi d'exclure des
charges ceux qui en sont investis, et de les rempla-
cer comme il me plaira. » Il ordonna à l'archevêque
d'York (Thomas Arundel), chancelier, de lui rendre
les sceaux, et le lendemain il les donna à Tévêque de
Winchester. Il remplaça de même le trésorier , le
clerc du sceau privé, ainsi que les juges du banc du
roi et des plaids communs, récemment institués par
Glocester. Il renouvela le conseil, d'où il exclut Glo-
cester, Warwick et leurs amis, et reprit au comte
d'Arundel la charge d'amiral et le gouvernement de
Brest, pour les donner à son frère utérin, J. de Hol-
land, comte de Huntingdon. « Nul n'osa résister, dit
Knighton; tous rendaient grâces à Dieu d'avoir donné
au pays un si sage roi [a). »
Ces changements de personnes étaient la condition
nécessaire de l'œuvre accomplie par Richard. Pour se
rémettre en possession du pouvoir, il fallait bien
qu'il le reprît aux amis de Glocester; mais il ne le
[1389] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 15
{30uvait faire d'une façon plus rassurante pour le
pays, pour ses ennemis eux-mêmes. Son chance-
lier , c'était W. de Wickham , ce grand ministre
d'Edouard 111, illustre et dans la politique et dans les
arts, qui dota l'Angleterre des plus beaux monu-
ments, qui bâtit pour Edouard cette merveille de
Windsor. Écarté du pouvoir dans les dernières an-
nées de ce prince, et frappé par Lancastre, relevé de
ses condamnations par l'intervention de tout le clergé,
il n'avait pas cessé d'être au premier rang sous Ri-
chard II, également respecté de tous les partis; et il
avait eu sa place dans ce fameux conseil de Tan x,
qui avait mis tous les pouvoirs aux mains de Glo-
cester : quelle meilleure garantie que Richard ne vou-
lait pas donner d'autre suite à la consultation de
Nottingham? Son trésorier, c'était tin autre ancien
ministre d'Edouard III, Tévêque d'Exeter, deux fois
trésorier déjà pendant sa minorité (1377 et 1379),
c'est-à-dire de l'aveu du parlement; et bientôt même
(12 juillet 1389), il rendit les clefs du trésor à celui
qu'il venait d'en priver, au trésorier nommé par le
parti de Glocester, à l'évêque de Hereford, devenu
évêque de Saint-David (a).
Tous ses actes portèrent l'empreinte iw cclic mu-
dération, où se décelait une âme sûre de son droit
et sachant se posséder dans sa force. La proclamation
où il annonçait qu'il avait pris le gouvernement de
l'aveu du conseil , des prélats et des grands du
royaume, confirmait toutes les amnisties, donnait
16 LIVRE SEPTIÈME. [1389]
des garanties à tous. Point de violence contre ceux
mêmes qui l'avaient tant humilié. Glocester, natu-
rellement suspect après une telle élévation et une
telle chute, lui était signalé comme méditant une
vengeance, par ces hommes qui ne manquent jamais
aux restaurations ou aux révolutions pour les pous-
ser aux représailles. Le soupçon était faux, ou du
moins prématuré. Le roi fit venir son oncle, et ne lui
laissa pas même la peine de confondre les calomnia-
teurs. Un peu plus tard, comme il n'était pas ras-
suré, et que ses deux principaux complices, Warwick
et Arundel, partageant ses appréhensions, avaient
prié le comte de Northumberland de faire leur paix
avec le roi et le conseil, Richard les fit rentrer dans
le conseil. Derby les y avait précédés^ si même jamais
il en était sorti. Quant à Nottingham (comte maré-
chal), il était déjà l'objet des faveurs du roi. — Point
de précipitation non plus à abolir les actes dont il
sentait le plus l'iniquité. Les morts ne pouvaient pas
être tirés du tombeau; mais les bannis non plus ne
revinrent pas de l'exil. Michel de la Pôle traîna un
an encore sa vie dans la tristesse parmi les distrac-
tions que la cour de France lui voulait offrir. L'ancien
archevêqued' York géra jusqu'à la fin la petite cure qu'il
avait obtenue des Flamands; et le favori lui-même, le
duc d'Irlande, ne fut point rappelé : les portes de la
patrie ne devaient se rouvrir qu'à son cercueil. Les
arrêts qui les avaient frappés étaient des actes du par-
lement. Richard ne crut pasqu'illui futpermis de les
[1389J LA MAJORITÉ DE RICHARD. 17
détruire , ni même qu'il fût sage d'agiter le pays en
appelant un parlement nouveau à supprimer ce que
l'autre avait résolu. Il fit donc à la paix publique le
sacrifice de ses affections; il y sacrifia le sentiment
même de son honneur offensé : car il n'était pas
moins atteint que les autres dans ces jugements pour
crime de trahison, qui demeuraient inscrits aux rôles.
Il maintint, provisoirement du moins, les statuts,
même en ce qu'ils avaient, quant au passé, de ri-
gueur ou d'outrages pour les siens et pour lui.
Il maintint les pardons accordés, fit remise d'une
partie de l'impôt voté au dernier parlement, et suivit
la politique du gouvernement de Glocester dans toutes
les voies où il la trouvait utilement engagée (a).
C'est ce qu'il fit à l'égard de la France.
Les règnes de Richard et de Charles VI avaient
offert jusque-là de singulières analogies dans leurs
vicissitudes. De part et d'autre des minorités au dé-
but, et près du roi mineur trois oncles ayant eux-
mêmes certaines ressemblances, tant par leur rôle
que par leur caractère : les deux aînés, Anjou et Lan-
castre, détournant les forces du royaume, l'un vers
ritalie, l'autre vers l'Espagne, à l'appui de leurs pré-
tentions aux royaumes de Naples et de Castille; les
deux plus jeunes, Bourgogne et Glocester, aspirant
surtout à dominer à l'intérieur; les deux puînés,
Berry et York, personnages effacés entre les figures
bien autrement caractérisées des aînés et des plus
jeunes; ajoutez de grandes révoltes à l'intérieur
II — 2
18 LIVRE SEPTIÈME. [1389j
(Wat-Tyler, les Maillotins) précédant le renouvelle-
ment de la lutte où les deux pays se trouvaient ori-
ginairement engagés. Mais le naturel des princes et
la constitution tout autre des deux États avaient
pourtant amené de notables différences dans leurs
destinées. En Angleterre, le roi s'était montré digne
et capable de régner du jour où il avait si hardiment
reconquis sa capitale , que l'incurie et l'absence de
ses oncles avaient abandonnée sans défense à l'inva-
sion populaire; et ce n'était que par d'odieuses ma-
nœuvres que l'un d'eux s'était ressaisi du pouvoir
avec l'aide du parlement. En France, les oncles
avaient régné sans discontinuité, épuisant le trésor
par leurs dilapidations, provoquant la révolte par la
surcharge des impôts, et jetant le pays dans une
suite d'entreprises qui devaient ajouter à la misère
publique; gouvernement ruineux et qu'il ne faut
pourtant pas condamner sans rémission : car s'il
agita le pays, il lui rendit le sentiment de sa force; il
releva par une grande victoire (Rosebecque) l'hon-
neur des armes depuis trop longtemps tenu comme
en réserve; il ramena nos troupes au devant des An-
glais, qu'on était habitué à laisser passer librement
sans rien risquer que les suivre; il les fit reculer eux-
mêmes devant les armées de la France; il les me-
naça et les fit trembler dans leur île devant les
apprêts d'une grande invasion. Mais ici le blâme
redevient légitime : car l'expédition qui avait tant
coûté déjà ne s'était pas faite, et elle avait eu le
[1389] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 19
double inconvénient de faire négliger, par cet effort
exagéré, des tentatives plus modestes et plus sures,
et de rendre à l'ennemi, par son avortement, toute la
confiance qu'il avait perdue. Une dernière entreprise,
la campagne contre le duc de Gueldre, avait mis le
comble à la mesure. Charles VI avait donc remercié
ses oncles, et choisi ses ministres parmi les anciens
serviteurs de son père Charles V; comme Richard un
peu après (nouvelle analogie) remettait ses oncles à
leur place, et, rendant les sceaux à l'évêque de Win-
chester, assurait aux débuts de son gouvernement
personnel le concours et la sauvegarde du plus illustre
chancelier d'Edouard III, son aïeul.
Les deux gouvernements, replacés dans ces condi-
tions, se trouvaient plus que jamais en mesure de se
rapprocher et de s'entendre; et la négociation que
Glocester avait engagée fort à contre-cœur, Richard
était naturellement porté à la reprendre et à la mener
à bonne fin. Les difficultés secondaires qui avaient
arrêté le premier furent facilement résolues. L'Es-
pagne était moins que jamais un obstacle. Les con-
ventions de Lancastre avec Jean 1" avaient leur pleine
exécution : la fille du prince avait épousé l'héritier
du trône auquel il renonçait: le duc touchait sa pen-
sion; et lui-même, après avoir traité en son nom
personnel avec le roi de Gastille, était chargé de né-
gocier au nom du roi d'Angleterre un semblable
accord entre les deux pays. Quant à l'Ecosse, loin
d'avoir à la rejeter de la trêve, l'Angleterre avait plu-
20 LIVRE SEPTIÈME. [1389]
tôt intérêt à ce que la France l'y fît entrer. Le roi
d'Éc^se y. consentait bien, mais il fallait l'assenti-
ment des barons, « car sans leur sçu le roi ne l'eût
pas fait, e^i s'il l'eût accordé ils ne l'eussent point
tenu. » Les murmures éclatèrent quand on les réunit
à Edimbourg pour leur lire les lettres du roi de
France : « Le roi de France, s'écriaient-ils, ne sert
qu'à faire trêve quand il est temps de guerroyer. Nous
avons cette année battu les Anglois, et encore se
taille bien la saison que nous les battrons une se-
conde et une troisième fois. » Ils députèrent vers le
roi de France « pour briser tous ces traités et pour
remontrer la bonne volonté du roi d'Ecosse, d Le roi
reçut bien les envoyés, loua l'ardeur de leurs senti-
ments : mais les choses étaient trop avancées pour
reculer, et on les y amena par la douceur. Les dépu-
tés, réunis à Leulinghem, lieu ordinaire de leurs con-
férences, arrêtèrent donc les conditions de la nou-
velle trêve, qui devait durer trois ans, du 1 5 août 1 389
au 16 août 1392, soleil levant (18 juin 1389) (a).
Déjà Tordre était en voie de se rétablir à Tintérieur
et la paix aîi dehors , quand vint le temps de réunir
le parlement.
Richard ne redoutait pas cette épreuve. Depuis
qu'il avait repris le pouvoir, il n'avait rien fait que
de l'avis de son conseil : attentif à prévenir avec lui
les abus le plus ordinairement signalés dans les péti-
tions des communes, s'imposant des règles pour les
nominations de ses agents, pour la distribution de
;]389] LA MAJORITÉ DE RîCHARD. 21
ses grâces, et réservant les affaires les plus considé-
rables, celles de Rome, celles des alliances, de la paix
et de la guerre, à la décision du parlement. Une seule
fois il faillit avoir un conflit avec ses conseillers, et
c'était en faveur de l'un des lords appelants ! Le comte
maréchal venait de recevoir du gouvernement de
Glocester la garde de Berwick et de la marche occi-
dentale d'Ecosse pour un an, sous des conditions
réglées par contrat (8 mars 1389). Le roi voulait l'y
continuer pour cinq ans au delà du terme marqué,
en lui faisant des conditions plus avantageuses. Les
conseillers s'y refusaient, alléguant que l'ancien con-
trat durait encore, et que le parlement leur pourrait
reprocher d'avoir, sans nécessité, imposé au pays de
nouvelles charges. Le roi insista vainement et partit
en colère, disant : « S*il en arrive malheur, c'est à
vous d'en répondre. » Incident curieux où l'on a vu
la preuve de l'emportement du roi, et où, s'il n'était
d'usage de prendre tout en mal de Richard, il semble
que l'on aurait pu voir tout autre chose ; car le con-
seil, à la suite d'une délibération nouvelle, ayant per-
sévéré dans son opinion, Richard céda, se bornant à
lui faire agréer pour cinq ans la prorogation des
pouvoirs du comte maréchal, dans les conditions
où il les avait d'abord obtenus. Rapprochée du dé-
noûment , la vivacité même du langage dont on
fait un crime à Richard ne sert qu'à mettre plus en
lumière l'indépendance des membres du conseil et
la déférence du roi à leur avis, même après une
22 LIVRE SEPTIÈME. [1389]
restauration qui paraissait lui rendre toute puis-
sance (a).
Cette restauration, accomplie par un acte de sa vo-
lonté seule, était la première chose qu'il voulût sou-
mettre au parlement. Pour s'assurer un avis favo-
rable, il ne recourut à aucun artifice; il ne fit aucun
effort pour tenir éloignés de l'assemblée nouvelle
ceux aux dépens desquels ce revirement s'était opéré.
Tous les lords qui avaient siégé au parlement de la
onzième année, les lords appelants, Glocester, Arun-
del, Warwick, Nottingham, figurent dans la liste de
convocation, sauf un seul, le comte de Derby. Mais
ce n'est peut-être qu'une omission de copiste dans le
rôle; rien n'expliquerait, en effet, pourquoi Derby
n'eût pas été appelé comme les autres : il n'avait pas
cessé d'être du conseil; il était au conseil de Rea-
ding, où la convocation fut décidée. S'il y en avait
quelques autres avec eux, ce n'étaient pas des com-
plaisants du roi. Parmi les membres absents aux der-
nières assemblées, il en était un que le roi s'était
tout spécialement montré désireux d'avoir : c'est le
duc de Lancastre. Le duc, après son retour d'Es-
pagne, continuant son séjour en Guyenne, Richard
l'avait pressé, par messages et par lettres, de revenir
en Angleterre, lui témoignant le désir de prendre ses
avis; des vaisseaux furent pris par réquisition et
mis à son service; et le duc se trouva en effet, et à
Reading à la convocation, et à Westminster à l'ouver-
ture du parlement (b).
[1390] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 23
Le parlement réuni (17 janvier 1390), le chance-
lier W. de Wickham, évêque de Winchester, aborda,
dés le début, la question capitale ; et loin de récriminer
sur le passé, il lui cherchait, dans les formes mêmes
de son exposition, une excuse. Il dit que le roi « avoit
été grand temps de tendre âge » (c'est à ce titre
qu'on avait prétendu gouverner en son nom), mais
qu'il se trouvait désormais « de tel âge qu'il étoit de
plus grand sens et discrétion qu'il n'étoit pardevant.
Et, ajoutait-il, bien qu'il ait toujours eu bonne vo-
lonté de gouverner son peuple en paix selon le droit
et la justice, il est en meilleure volonté et ferme pro-
pos de gouverner mieux, si mieux est possible. »
Il promettait le maintien de toutes les libertés, soit
de l'Église, soit de TÉtat. Il annonçait la trêve con-
clue pour trois ans et les négociations qui allaient
suivre; mais comme on ne pouvait prévoir encore si
elles aboutiraient à la paix, ni même si la trêve serait
observée, il fallait se mettre en mesure de tenir tête
aux ennemis qui entouraient le royaume, garder ses
positions et ses frontières ; et les revenus du domaine
n'y pouvant suffire, le parlement était prié d'y aviser.
Le chancelier invitait en outre les communes à lui
dire si les lois étaient exécutées, la paix maintenue,
ou, dans le cas contraire, quels remèdes il convenait
d y apporter pour Tavenir, s'engageant au nom du
roi à accueillir toute pétition et a laire bonnejustice '.
1. Rot, Pari,, t. m, p. 257, S 1- '
24 LIVRE SEPTIÈME. [1390]
Richard fit plus. Tout le débat entre lui et le par-
lement s'était résumé jusque-là dans le choix de ses
grands officiers et des membres de son conseil. Le
parlement les avait nommés pendant son enfance et
« à raison de son tendre âge; » puis le roi, devenu
grand, avait prétendu les nommer selon sa préroga-
tive et la coutume du royaume. Sans abdiquer ce
droit, dont il avait été violemment dépouillé depuis
1386 et qu'il venait de ressaisir, Richard voulut
soumettre au jugement du parlement lui-même les
choix qu'il avait faits. En conséquence^ dès le pre-
mier jour que le parlement rentra en séance, le jeudi
20 janvier, le chancelier, le trésorier et tous les lords
du conseil vinrent prier le roi d'avoir égard aux
peines et aux dépenses que leur avaient imposées
leurs offices, et de les en décharger. Le chancelier
rendit le grand sceau, le trésorier les clefs du trésor,
que le roi reprit, les relevant de leurs charges. Alors
les démissionnaires, se tournant vers les communes
et les lords, demandèrent que^ s'ils avaient mal agi
pendant la durée de leurs fonctions, on portât plainte
devant le roi, afin qu'ils y pussent répondre.
Les communes requirent délai jusqu'au lendemain
pour aviser, et le lendemain, interrogées, sur l'ordre
du roi, par le duc de Lancastre, elles répondirent qu'a-
près information elles n'avaient rien trouvé à re-
prendre aux actes des officiers ou des conseillers dé-
missionnaires; qu'ils leur semblaient, au contraire,
s'être bien acquittés de leurs offices, et qu'elles les en
[1390; LA MAJORITÉ DE RICHARD. 25
remerciaient en plein parlement. Les prélats et les
lords, interrogés de même par le roi, répondirent par
les mêmes éloges. Sur ce témoignage public, le roi
déclara que tous, officiers et conseillers, avaient bien
et loyalement agi dans Texercice de leurs fonctions. Il
rendit les sceaux à réyêque de Winchester^, les clefs du
trésor à 1 evêque de Saint-David, et fit rentrer dans
son conseil ceux qui venaient d'en sortir. Mais si, de
l'aveu du parlement, il y maintenait les hommes qui
avaient sa confiance, il ne voulut plus en exclure
aucun de ceux que leur rang y appelait. Il y fit ren-
trer, non-seulement le duc de Lancastre, que Tab-
sence seule en avait éloigné (et l'expérience lui avait
appris que s'il était le plus rapproché du trône, il
n'était pas le plus dangereux), mais le duc de Glocester
lui-même. Toutefois, il ne voulut pas qu'on le crût
lié envers eux par leur titre, ni que ces nominations
en parlement parussent être un retour aux formes
qui avaient prévalu quand il étaitjeuneetquele parle-
ment gouvernait. Aussi, tout en recomposant son mi-
nistère et son conseil, fit-il cette protestation : que bien
qu'il eût retiré et donné des charges en parlement, la
chose ne devait pas être prise comnie exemple ni ti-
rer à conséquence pour l'avenir; mais qu'il entendait
être libre de révoquer, changer et instituer ses officiers
et les membres de son conseil^ selon qu'il le voudrait
et quand il lui plairait. — Et il reçut leur serment'.
1. Rot. Pari., t. III, p. 258, g 6. Le garde du sceau privé est le
seul qui ne figure pas dans cette scène.
26 LIVRE SEPTIÈME. [1390]
Richard, dès les premiers jours du parlement,
avail donc remis avec autant de modération que
de fermeté chaque chose en son lieu, revendiquant
pour lui le droit de choisir ses conseillers et ses mi-
nistres, selon l'ancien usage, et reconnaissant au
parlement celui d'examiner leurs actes et de les
juger. Il avait déjà témoigné de son respect pour la
constitution de ce grand corps, en rappelant en
masse à l'assemblée nouvelle les seigneurs qui, dans
sa onzième année, avaient secondé avec tant de pas-
sion et de violence les entreprises et les vengeances
de Glocester ; et l'on doit croire qu'il n'avait pas
moins observé le droit d'élection dans les comtés,
les cités et les bourgs : l'attitude des communes à ce
parlement, l'esprit de plusieurs de leurs pétitions et
la vivacité de leur langage, prouvent qu'elles n'avaient
pas été choisies pour aller au-devant des volontés du
prince dans leurs requêtes et souscrire aveuglément
à ses résolutions. De son côté, Richard sut pratiquer
ses droits et ses devoirs vis-à-vis d'une assemblée
libre, en cédant et résistant tour à tour, selon qu'il le
jugeait le plus à propos.
Les gens d'armes abusaient des lettres de protec-
tion du roi ; les gens des seigneurs, de leurs insignes
et de leur livrée; et non-seulement les gens des sei-
gneurs, mais des gens du peuple^ des artisans qui se
revêtaient de ces insignes pour opprimer leurs pareils
et s'assurer l'impunité devant la justice. L'abus était
ancien, la plainte perpétuelle : le roi, sur le premier
[1390] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 27
point, coupa court à l'abus en ordonnant la suppres-
sion des lettres, hors du temps oia elles étaient né-
cessaires ; et^ sur l'autre, il promit de chercher en
conseil un remède plus efficace que ceux dont on
avait usé jusqu'alors. Il maintint, à la requête des
communes^ la loi si dure des laboureurs et le dernier
statut de Cambridge^ mais en l'adoucissant néan-
moins en faveur des classes ouvrières : au maximum
fixé par la loi, il substituait un salaire réglé par les
juges de paix, sur le prix des vivres, selon le lieu et
la saison. Les communes portaient contre les labou-
reurs et les artisans une autre plainte ; c'est « qu'ils
tenoient lévriers et autres chiens, et qu'au temps que
bons chrétiens, les jours de fêtes, étoient aux églises
entendant les divins offices, ils alloient chassant dans
les parcs et les garennes des seigneurs et détruisoient
le gibier sans merci. » Elles prétendaient même
qu'ils profitaient de ces rencontres pour conspirer
entre eux, et machiner leurs insurrections contre le
roi et les lois du royaume. Le roi accueillit la re-
quête, ajoutant à la prohibition des lévriers celle
des filets et autres engins propres à détruire le
gibier (a).
A ces demandes relatives à la paix publique, s'en
joignaient d'autres qui intéressaient l'exécution des
lois et la justice. Les communes touchaient ici à un
point capital : elles demandaient que ni le chance-
lier ni le conseil du roi, après la clôture du parle-
ment, ne pussent faire aucune ordonnance contre la
28 [JVRE SEPTIÈME. [1390]
loi commune ou la coutume du royaume ; que la loi
commune s'étendît au peuple entier, et que nul juge-
ment ne pût être annulé sans les formes prescrites
par la loi. Elles demandaient aussi qu'on supprimât
toute évocation devant le conseil^ là où la cause était
du ressort de la loi commune, sauf les cas prévus
par cette loi même, à peine de 100 francs d'amende
contre le chancelier, avec destitution du clerc rédac-
teur de la lettre d'évocation ; qu'on renfermât dans
les limites légales la juridiction exceptionnelle du
sénéchal et du maréchal, voire même du clerc du
marché de l'hôtel, et des amiraux ; qu'on réduisît le
nombre et qu'on réprimât les abus des sergents
d'armes; qu'on renouvelât les juges de paix; enfin
que dans les cas de meurtre, de trahison ou de rapt,
nulle lettre de pardon ne fût accordée à la requête de
personne ; et comme sanction à cette défense, les
communes proposaient tout un tarif d'amendes contre
les intercesseurs. Tout juge à qui une charte de ce
genre était présentée devait rechercher dans les rôles
de l'accusation si elle s'appliquait à l'un des trois
crimes exceptés, et, dans ce cas, la tenir pour nulle,
sans plus d'égard au sceau du roi (a).
Une telle rigueur pour atteindre des abus suppri-
mait le droit de grâce dans son principe. Le roi
déclara qu'il maintenait sa liberté et sa prérogative
comme il l'avait reçue de ses ancêtres. Néanmoins,
en réservant son droit royal, il voulut se mettre en
garde contre toute surprise, et déclara nulle toute
[1390] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 29
grâce accordée à un meurtrier volontaire, si le cas de
meurtre n'était spécifié dans la charte de pardon,
maintenant pour le reste les prohibitions et les
amendes réclamées dans la pétition des communes.
Il s'appliqua de même à définir les limites où les ju-
ridictions des amiraux, des officiers de son hôtel, se
devaient renfermer, et révoqua tous les sergents
d'armes pour ne reprendre que les plus capables au
nombre de trente. Tl accorda le renouvellement des
juges de paix. Il aurait dû agréer sans plus de diffi-
culté les deux autres demandes oii les communes
n'invoquaient pas autre chose que le règne de la loi;
mais sur ces points, au sortir d'un temps où on l'a-
vait tenu dans une si étroite dépendance, il put
craindre de se lier au delà de ses prérogatives en
contractant un engagement nouveau : il se borna à
déclarer que les choses se feraient comme de cou-
tume_, ajoutant que si quelqu'un se sentait grevé, il
signalât le fait dont il avait à se plaindre, et que l'on
y ferait droit (a).
Une autre matière qui tenait aussi à l'exécution des
lois, mais qui avait dès longtemps le privilège d'exci-
ter la vigilance et les défiances du parlement, c'était
l'Église d'Angleterre et ses rapports avec la cour de
Rome. Le langage des communes sur ce point ne fut
pas moins vif que d'habitude. Elles reprenaient l'é-
ternelle question des proviseurs, et, se plaignant que
les statuts fussent moins observés que jamais, elles
réclamaient une sanction plus sévère : peine des
30 LIVRE SEPTIÈME. [1390]
traîtres contre quiconque obtiendrait de Rome la
provision ou la réserve d'un bénéfice, ce qui impli-
quait la confiscation et la mort (jugement de vie et
de membre) pour le commun des coupables; la saisie
du temporel et l'exil pour les archevêques^ évêques
ou abbés; — confiscation, exil et saisie pour les
prélats , forfaiture pour les lords qui cherchaient à
détourner le roi du statut , ou à troubler par des
communications venues de Rome la liberté des élec-
tions;— destitution du chancelier avec amende, s'il
refusait d'accueillir les pétitions en cette matière; —
peine des traîtres, ou confiscation et exil, selon les
différences marquées précédemment, pour ceux qui
apporteraient ou publieraient une sentence du pape
à l'occasion de ce statut. Quant au collecteur que le
pape avait en Angleterre, les communes demandaient
qu'on lui donnât quarante jours pour en sortir, à
peine d'être réputé ennemi du roi (a).
Au milieu de ces emportements où Ton croyait
sentir comme un souffle de Tesprit des lollards, les
deux archevêques protestèrent, au nom du clergé,
qu'ils ne consentiraient jamais que l'on ïît des lois
contre^ l'autorité du pape. Le roi ne voulait pas non
plus la violer; mais il n'était pas moins résolu que
les communes à maintenir la sienne ; et avant la réu-
nion du parlement il l'avait prouvé par une lettre à
l'archevêque de Canterbury, où, invoquant les lois
du royaume et la promesse que nulle taxe ne devait
être levée sans octroi, il se plaignait des tributs nou-
[1390] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 31
veaux réclamés par la cour de Rome, rappelait la peine
(les traîtres portée par le parlement contre ceux qui
s'en feraient les agents, et ordonnait à Tarchevêque,
sous peine de forfaiture, d'y mettre obstacle et de
faire restituer ce qui avait été perçu indûment (a).
11 se trouvait donc à l'aise pour répondre aux
réquêtes des communes et y faire droit en tout ce
qu'il trouvait légitime, sans se laisser aller à ce
qu'elles avaient d'exagéré. Pour le collecteur du pape,
il dit qu'il aviserait; et quant aux autres demandes,
tout en maintenant le principe des statuts, il refusa
d'en outrer la sanction. Il écarta la peine des traîtres
et adopta la peine d'exil et de confiscation contre
ceux qui, à l'avenir, se feraient donner la provision
d'un bénéfice; l'étendant même à quiconque rece-
vrait les bannis en Angleterre pendant la durée de
leur peine. Il réduisit à la perte du revenu ou de la
liberté pendant un an, la peine de ceux qui feraient
ou lui feraient faire à lui-même quelque démarche
en cour de Rome, contrairement au statut. Quant aux
sentences du pape, il agréa la proposition des com-
munes contre ceux qui les apporteraient et contre les
prélats qui les exécuteraient, bornant d'ailleurs à la
prison et à l'amende la peine des gens de moindre
état qui contribueraient à cette exécution ; et peu de
temps après la clôture du parlement, il adressa au
pape, en son nom et au nom du conseil, la réclama-
tion la plus énergique contre les abus dont les com-
munes se plaignaient (6).
32 LIVRE SEPTIÈME. [1390]
Ces mesures auxquelles il s'associait, non toutefois
sans les adoucir^ ne l'empêchèrent pas d'accueillir
une plainte des étrangers, pourvus de prieurés en
Angleterre, contre Texécution de la loi qui les frap-
pait. Les parlements avaient, à bien des reprises,
demandé le renouvellement ou la confirmation du
statut porté en cette matière ; et, par le fait, on n'a-
vait su que combattre un abus par un autre. Les
prieurés mis en séquestre avaient été abandonnés à
des séculiers qui supprimaient offices et aumônes,
au mépris des fondations. Le roi, tout en maintenant
le statut de la première année de son règne, voulut
que les étrangers, régulièrement investis de leurs
prieurés avant le schisme, les retinssent à raison-
nable ferme , préférablement à tout autre, quand
même d'autres en offriraient davantage^ et qu'à l'a-
venir nul prieuré ne fût donné à des laïques, ou
même à des religieux au profit des laïques, mais bien
à des gens d'église réguliers ou séculiers, qui prissent
soin d'entretenir les aumônes et les services de fon-
dation (a).
Richard, par tous ces actes, sauf les seuls cas où
il crut sa prérogative plus engagée qu'elle ne l'était
au fond,. se montra donc disposé à faire exécuter les
lois selon le vœu des communes, tout en modérant
ce qu'il y avait d'excessif dans la sanction qu'elles y
réclamaient. D'autres points où il leur donna satis-
faction sans réserve, c'étaient ceux qui touchaient
aux intérêts du commerce : l'étaple des laines qu'on
[1390] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 33
voulait décidément ramener eu Angleterre ; l'unité
des poids et mesures, réforme qui se fondait sur la
grande charte et qui pouvait invoquer encore bien
des statuts postérieurs, mais que les résistances des
divers comtés n'avaient pas encore permis de rendre
générale; et plusieurs autres règlements concernant
la vente des laines ou des draps. Un autre point sur
lequel il ne dut pas moins les satisfaire, c'est celui
de l'impôt. Il avait signalé les débuts de son gouver-
nement personnel, en renonçant à la seconde moitié
de quinzième et de dixième que s'était fait accorder
le conseil de Glocester. 11 ne demanda au parlement
aucun nouvel impôt de celte sorte : il se borna au
subside des laines réduit d'un quart environ, si on
le rapproche du subside voté par l'Admirable Parle-
ment en 1388 ; à la taxe de trois sous par tonne sur
le vin, et de six deniers par livre sur les marchan-
dises (c'était sur le dernier article une réduction de
moitié) ; et il laissa les communes nommer, selon
l'usage, un trésorier pour recevoir le produit de ces
subsides uniquement destinés aux besoins de la
guerre, et un contrôleur chargé de surveiller la dé-
pense et d'en rendre compte au prochain parle-
ment (a).
Cela ne l'empêcha pas de répandre encore autour
de lui ses largesses; et ses oncles qui, tout ré-
cemment, s'étaient mis à la tête de l'opposition
contre lui sur ce chapitre, furent les premiers à en
éprouver les effets. Le duc (!<' Lancastre, qu'il avait
n — 3
34 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1390]
pendant si longtemps appelé roi de Castille, pouvait
souhaiter^ après avoir renoncé à ce rang et à ses es-
pérances dans la Péninsule, une position qui lui lais-
sât comme une ombre de sa royauté. Richard lui
donna l'Aquitaine, non plus seulement comme un
poste à garder, mais comme un fief, au même titre
que l'avait eue le prince de Galles. Il lui en conféra
solennellement l'investiture dans le parlement, le
2 mars, et reçut son hommage, lui promettant, sur
sa requête, avec l'assentiment des communes, de
l'aider à se maintenir en possession de son duché,
si la guerre recommençait avec la France. Le duc
d'York, s'il avait eu un rôle secondaire, avait du
moins le mérite de ne pas être inquiétant : son fils
aîné, le même jour que Lanças tre recevait le duché
de Guyenne, fut créé comte de Rutland avec un re-
venu de 800 marcs, revenu fondé sur des terres et
des droits seigneuriaux, et garanti d'ailleurs par le
Trésor. Glocester lui-même obtint alors de Richard
un nouvel accroissement de domaines. Par une
étrange coïncidence, en ce même parlement oii les
oncles de Richard étaient si libéralement traités,
Michel de la Pôle, fils du comte de SulTolk, et sa
femme, sollicitaient et obtenaient du roi la remise
des 100 livres de terres qui leur avaient été allouées
sur les biens confisqués du chancelier, comme leur
appartenant par contrat de mariage; et le confesseur
du roi, exilé en Irlande, Tancien évêque de Ghiches-
tor, transféré par le pape à un évêché, « dont il n'aura
[1390] LIVRE SEPTIÈME. 35
jamais le profit, » dit la requête, intercédait auprès
des communes par la médiation de ses « pauvres
amis, » pour avoir de quoi vivre. On porta sa pen-
sion de 40 marcs à 40 livres, l'égalant ainsi aux
mieux traités des juges qui partageaient son exil.
Pour donner au pays un gage que ces libéralités
ne dépasseraient jamais la mesure, le roi, dans une
ordonnance qui réglait les travaux et les attributions
du conseil (8 mars), déclara que tout don ou octroi
pouvant engager son domaine serait nul, s'il était
fait sans l'avis du conseil^ de ses trois oncles les ducs
de Guyenne (Lancastre), d'York et de Glocester, et
du chancelier, ou de deux d'entre eux (a).
Une session tout occupée d'affaires , et beaucoup
moins, déjà, de subsides, c'était, il faut en convenir,
un témoignage en faveur de la résolution que Ri-
chard avait prise de régner par lui-même. Un pareil
résultat prouvait que l'ordre commençait à se raffer-
mir, et que la confiance^ se rétablissait dans les rap-
ports de l'Angleterre avec la France. Cette fois, en
effet, la trêve était longue et elle était sincère. La sé-
curité se joignait donc au loisir : et Ton pouvait,
dans ces conditions, se livrer à d'autres entreprises.
Ainsi des deux côtés on revenait aux idées de croi-
sade. Derby, fils aîné du duc de Lancastre, et le
comte maréchal en allaient faire une en Prusse ; le
duc de Bourbon, à Tunis (été 1390); et les cheva-
liers des deux pays joignaient leurs étendards pour
combattre en commun dans cette dernière campagne.
36 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1390]
Une autre croisade contre un ennenr\i bien plus re-
doutable eût dû tourner toutes les farces de la chré-
tienté vers l'Orient. Les Turcs inondaient déjà les
provinces européennes de l'empire grec. La Hongrie,
entamée par Bajazet, appelait l'Occident à son aide.
Pour arrêter ce débordement de l'Asie barbare , ce
n'était pas trop des efforts combinés de l'Angle-
terre et de la France ; mais Tune des deux au moins
était nécessaire. Leur concours rendait tout pos-
sible; leur rivalité empêchait tout. Il fallait donc
y mettre un terme, et changer en une paix durable
la trêve qui suspendait la guerre entre les deux na-
tions (a).
Il
L ENTREVUE D'AMIENS.
Cet accord des deux peuples, si impérieusement
réclamé par les besoins de la chrétienté, n'était pas
chose impossible au fond, malgré les ressentiments
qu'avait dû leur inspirer une lutte si longue. La
rivalité des deux pays, qui datait de la conquête de
TAngleterre par les Normands, s'était sans doute
singulièrement envenimée. La guerre, toute féodale
à l'origine et ne touchant qu'aux rapports de vassal
et de suzerain, avait changé de nature depuis qu'il
s'était agi de la couronne. Elle était devenue dynas-
•1390] LIVRE SEPTIÈME. 37
tique^ elle était devenue nationale; et les peuples s'y
étaient portés avec ardeur^ en Angleterre par le sou-
venir et la crainte, en France par les ressentiments
de l'invasion. Mais pourtant il y avait encore bien
des moyens d'accommodement, La haute milice, la
chevalerie n'avait point cessé d'être sœur dans les
deux contrées : mêmes usages, même langue aussi.
La guerre à peine suspendue, elle se retrouvait dans
les tournois. Si de part et d'autre on se combattait
encore^ c'était dans des luttes courtoises, comme ces
joutes de Saint-Inglevert, où Froissart s'arrête plus
volontiers encore qu'aux plus sérieuses batailles :
batailles qu'on voudrait rencontrer plus souvent que
les autres dans l'histoire; qui, en satisfaisant la pas-
sion des armes, épargnait au moins le sang des na-
tions. Trois chevaliers français, Boucicault , Re-
gnault de Roye et le sire de Saint-Py (on se rappelle
le rôle de ce dernier au passage de la Lys, près du
pont de Commines), s'étaient engagés à tenir contre
tout venant pendant trente jours; et ils avaient
lutté victorieusement contre les plus braves che-
valiers anglais, sans que leur vaillance et leur bonne
fortune eussent laissé nulle aigreur dans l'âme de
leurs adversaires. La guerre elle-même n'était pour
la chevalerie qu'un tournoi d'une autre sorte, où de
part et d'autre on applaudissait à la bravoure, sans
nul ressentiment contre les vainqueurs : témoin l'a-
venture de ce chevalier qui, dans la campagne de
Robert KnoUes, passant devant Noyon et voyant que
38 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1390]
personne n'en sortait pour combattre, vint seul, fran-
chit les barrières et combattit contre tout venant, en
présence des habitants de la ville qui l'auraient pu
accabler de leurs traits : « mais nennil, car les che-
valiers français leur avaient défendu. » Après quoi,
averti par son page que les Anglais continuaient leur
chemin, il repassa d'un saut les barrières, salua les
Français, et repartit « durement prisé de toutes
gens (a). »
Dans ces traversées de la France où les Français,
spectateurs des ravages des Anglais, n'avaient, lors-
qu'ils n'étaient point tenus renfermés dans les murs,
que la permission de les suivre, ceux des Anglais
qui marchaient en arrière trouvaient souvent dans
l'avant-garde de la troupe française avec qui causer
tout en cheminant. L'habitude de la guerre, loin d'ir-
riter les chevaliers, les avait tellement accoutumés,
et pour ainsi dire familiarisés les uns avec les au-
tres, qu'on rencontrait parmi eux, avant ou après la
bataille, des égards et des ménagements tout à fait
inconnus chez les autres nations. Le récit de Froissart
abonde en exemples, et lui-même en fait ressortir le
contraste quand il nous montre les Espagnols char-
geant de chaînes leurs prisonniers ; « Autre cour-
toisie ne savent les Espagnols faire. Ils sont sembla-
bles aux Allemands. » Et ce n'est pas l'imagination
de Froissart qui crée ces aventures. Le chroniqueur
anglais Walsingham rapporte un trait qui est du
temps dont nous faisons l'histoire, et qu'on pourrait
[1390] LIVRE SEPTIÈME. 39
bien plus justement taxer de fable, si le récit n'était
d'un ennemi. En 1387, pendant la campagne que le
duc de Lancastre, soutenu du roi de Portugal , fit
contre le roi de Castille, la troupe anglaise, décimée
par la famine et par la maladie, prit le parti de
passer, avec sauf- conduit, dans le camp des Français,
auxiliaires des Castillans. Le roi de Portugal se ré-
cria : « Voilà, dit-il, vos Anglais qui vous quittent
pour aller à l'ennemi; quand ils auront réparé leurs
forces, ils les tourneront contre moi ! je ne l'atten-
drai pas, et vais les exterminer jusqu'au dernier.
— Non, non, dit le duc : c'est la nécessité qui les
pousse et non la trahison. » Les Anglais, continue
leur historien, furent accueillis avec beaucoup d'hu-
manité par les Français, qui eurent pitié de leur mi-
sère et les restaurèrent de leurs vivres. Après quoi
ils revinrent à Lancastre, comme celui-ci l'avait
assuré ; ne se croyant obligés qu'à la réciprocité en
pareille circonstance : « Car, ajoute Walsingham,
c'est une coutume pour les deux peuples, je dis la
France et l'Angleterre, quoique ennemis dans leur
propre pays, de se venir en aide comme frères dans
les pays éloignés, et de se garder une foi invio-
lable (a), w
Une pareille confraternité d'armes dans des camps
hostiles ne suppose point des haines implacables.
Les chevaliers auraient volontiers cessé de se com-
battre, du moment qu'ils auraient pu se battre ail-
leurs en commun; et les peuples, si on leur eût
40 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1390]
garanti l'indépendance et le repos, auraient sans
doute renoncé sans grand regret à s'envahir l'un
l'autre. Les pêcheurs des deux nations, les plus dis-
posés, ce semble, à se porter jalousie, vivaient en paix
au milieu de la guerre; et leur bonne amitié allait
même jusqu'au libre échange : c'est ce que dit Frois-
sart ; « Sus mer pêcheurs, quelle guerre qu'il y ait
entre France et Angleterre, jamais ne se feroient mal,
ainçois sont amis et aident l'un à Tautre au besoin,
et vendent et achètent sur mer l'un à l'autre leurs
poissons, quand les uns en ont plus largement que
les autres; car s'ils se guerroyoient , on n'auroit
point de marée, ni nul n'oseroit aller pêcher^ s'il
n'étoit conduit et gardé de gens d'armes*. »
On le voit^ il n'y avait point entre les nations de
haines mortelles à satisfaire. Il ne s'agissait que de
trouver le moyen d'accommoder les prétentions des
deux gouvernements. Or Charles YI était las de l'agi-
tation stérile où l'avaient jeté ses oncles : et d'ailleurs
l'invasion de l'Angleterre n'avait été, dans leur
pensée comme dans la sienne, qu'un acte de repré-
sailles. Quant à Richard II, malgré les souvenirs de
son père et de son aïeul, il se montrait disposé à ab-
diquer le rôle de conquérant. Mais Richard n'était pas
seul : il fallait que sa politique fût soutenue du par-
lement. Or ceux qui, déjà naguère, prenant prétexte
des menaces de l'invasion française pour accuser son
1. Froissart, III, 45.
[1390] LIVRE SEPTIÈME. 41
gouvernement de l'avoir provoquée, avaient réussi à
perdre ses ministres et à le remettre en tutelle, pou-
vaient encore en usant des mêmes voies, en évoquant
le spectre de l'invasion, même contre toute apparence,
tenter d'exciter un mouvement où le trône et la per-
sonne du roi se trouveraient cette fois compromis.
Malgré cela, Richard s'avança avec la rare fermeté
dont il avait donné de si sûrs gages, dans la route où
il voyait^ au-dessus des préjugés nationaux, le bien
véritable du pays. La trêve qui, pour Glocester, n'eût
été qu'une halte dans la guerre, était pour lui comme
une première étape vers la paix : et tout dans l'at-
titude de son gouvernement comme de celui de
Charles VI, prouvait qu'on avait posé les armes
moins par impuissance de s'attaquer que par désir
d'arriver à s'entendre. Les deux pays s'invitaient
tour à tour à leurs tournois et à leurs fêtes , et ne
songeaient plus à rivaliser que de magnificence dans
leurs plaisirs et de courtoisie dans leur hospitalité.
Aux fêtes de l'entrée de la reine Isabeau à Paris,
avaient succédé les fêtes du carrousel donné par
Richard II à Londres, et Froissart aime à raconter
avec quels honneurs y furent reçus, avec quel éclat
y parurent les chevaliers français*.
Ce fut au lendemain de ces fêtes, quand les esprits
semblaient réconciliés, que Richard porta la ques-
tion de la paix devant le parlement.
1. Froissart, IV, 16.
42 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1390]
Le parlement étant réuni le 12 novembre 1390,
Tévêque de Winchester, chancelier, exposa la situa-
tion. Il y avait trêve avec la France, et des négocia-
tions étaient entamées en vue de la paix. L'évêque de
Durham, le comte de Northumberland et les autres,
chargés des premières ouvertures, étaient revenus
faire leur rapport au roi. Une ambassade plus solen-
nelle devait partir vers la Chandeleur pour arriver à
une conclusion : le roi voulait avoir l'avis et l'as-
sentiment des lords pour conclure. Aux affaires de
France, le chancelier joignait celles d'Ecosse : de ce
coté, loin d'aboutir à la paix, il y avait à craindre
qu'on n'en revînt à la guerre; et pour cela aussi le
roi voulait avoir l'avis et l'assentiment du parlement.
Il y avait donc deux négociations à suivre avec des
chances diverses; il fallait songer de plus à la dé-
fense des possessions de France comme de la marche
d'Ecosse, et à la garde de l'Irlande. Le parlement
était invité à y pourvoir de la manière la moins oné-
reuse au pays (a).
Cet avis, cet assentiment demandé^ soit pour la
paix, soit pour la guerre, était chose à quoi le roi
n'était point tenu par la coutume, et qui jamais n'avait
été faite qu'en réservant ses droits. Pour reconnaître
cette marque de déférence, les prélats, les lords tem-
porels et les communes déclarèrent en assemblée gé-
nérale qu'ils voulaient que la prérogative de la cou-
ronne fût sauve; que si rien avait jamais été fait ou
tenté à l'encontre, on y portât remède; et que le
[1390] LIVRE SEPTIÈME. 43
roi fût aussi libre que l'avaient été ses ancêtres, rois
d'Angleterre : ce que Richard sanctionna sans grande
peine, on le peut croire. Puis on vota le subside.
Cette fois encore le roi ne réclamait ni dixième , ni
quinzième. Le parlement se borna âC voter pour trois
ans la taxe des laines, et celle du vin et des marchan-
dises au taux où on les avait élevées en 1388 (a).
Divers règlements furent arrêtés en commun pour
relever le commerce, assurer la libre circulation par
les rivières, établir effectivement l'unité des poids et
mesures; encourager la marine; faire que l'argent
des revenus du pape demeurât, autant que possible,
en Angleterre, au profit de l'étaple; soulager par des
exemptions ou des remises d'impôts les pays qui
avaient eu à souffrir de la guerre : les comtés du
, nord périodiquement ravagés par les Écossais, les
îles de la Manche qui se plaignaient d'avoir à payer,
en temps de trêve comme en temps de guerre, 60001.
de rançon par an à l'amiral de France. Les com-
munes, qui avaient montré tant de zèle pour la pré-
rogative royale, ne craignirent pas de raviver les sou-
\ en irs de l'Admirable Parlement, en rappelant qu'il
avait ordonné la vente des biens confisqués sur les
amis de Richard; elles demandaient que les aliéna-
lions opérées fussent confirmées, nonobstant toute
décision contraire : et le roi promit de faire droit aux
i-(^claajatioQs motivées. En même temps, il accordait
lâceet réhabilitation complète a Jean de Nortliampton,
iiicien mairedc Londres, condamne pour l'appui (|u'il
44 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1390]
avait donné jadis aux lollards et la pari qu'il avait
prise aux troubles de la capitale (1382 et 1384) (a).
Les pétitions lues et répondues, le parlement
voulut donner au roi un signe plus expressif de son
approbation à la conduite des affaires. Il le remercia
en assemblée générale « de sa bonne gouvernance et
gracieuse seigneurie, de la grande faveur et zèle qu'il
avait pour son peuple; » et le roi ayant à son tour re-
mercié les lords et les communes des subsides qu'ils
lui avaient octroyés et des bons conseils qu'il en
avait reçus, le chancelier prononça la clôture du
parlement (3 décembre) *.
Richard songeait donc sérieusement à la paix, et
les dispositions du parlement lui donnaient toute
liberté de suivre son penchant, lorsque les progrès
des Turcs en Europe et l'appel des Hongrois à la
France poussèrent Charles YI lui-même au-devant
de ses désirs. Charles YI envoya d'abord un de ses
chambellans pour sonder les dispositions du roi d'An-
gleterre, et Richard y répondit par l'envoi de trois
chevaliers (parmi lesquels Thomas Percy, frère du
comte de Northumberland) chargés de porter au roi
de France les assurances les plus pacifiques. Ils an-
nonçaient que le roi était disposé à envoyer ses trois
oncles en France dans le cours de l'année, pour re-
prendre et conduire à leur terme les négociations. Les
Français voulaient plus; ils souhaitaient que Richard
1. Rot. Pari, t. III, p. 283, § 38.
[1391] LIVRE SEPTIÈME. 45
vînt lui-même et se rencontrât avec Charles YI à
Amiens, ou en tel autre lieu, afin que les deux rois
essayassent de résoudre en commun la question qui,
depuis si longtemps, divisait les deux pays. L'invita-
tion venant de Charles Yï, Richard résolut de s'y
rendre, quoiqu'il sût combien était mal vue de plu-
sieurs^ combien il était facile de rendre suspecte aux
yeux des siens, toute relation trop directe avec la
France (a).
L'exécution du projet se fit attendre; et les raisons
qui entravèrent le roi de France auraient bien été
de nature à changer les dispositions du roi d'Angle-
terre, s'il eût été d'humeur à se rejeter dans les ha-
sards de la conquête.
Le duc de Bretagne, après avoir fait échouer le
dernier projet de descente en Angleterre par le guet-
apens où il avait attiré Clisson, était tout prêt, malgré
une réconciliation passagère, à recommencer les
hostilités. Il avait cette mauvaise humeur que donne
un mauvais coup mal réussi, regrettant moins sa
méchante action que sa maladresse. Il se demandait
par quelle fatale inspiration, ayant eu la bonne for-
tune de prendre Clisson, il ne l'avait pas tué sitôt
([ue pris. Clisson mort, on l'aurait oublié; vivant, il
avait fallu le relâcher; et relâché, il avait demandé
réparation de cette injure. Il l'avait obtenue, du
moins par jugement; mais le jugement jusque-là
n'avait produitque des difficultés nouvelles. Charles VI
avait cru les mettre d'accord en leur ordonnant de se
46 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1391]
rendre ce qu'ils s'étaient pris mutuellement : le
duc de Bretagne à Glisson, l'argent qu'il en avait tiré
pour sa rançon; Glisson au duc, les places qu'il lui
avait enlevées : or, c'était à qui ne ferait point le
premier pas. Nos deux Bretons restaient donc en
présence : le duc gardant l'argent, Glisson les places;
tant qu'à la fin le duc, las de cette attitude^ se mit à
reprendre de force ce qu'on ne lui rendait point.
Mais l'arbitrage ainsi rompu, il avait tout à craindre
de la France; car la France, à qui il donnait cette
prise, avait contre lui plus d'un grief. Il avait bien
prêté foi et hommage à Charles YI et promis obéis-
sance à son pape : mais il ne voulait recevoir ni les
bulles d'Avignon, ni les exploits du parlement de
Paris, et n'accueillait pas plus les officiers du roi en-
voyés pour lui faire des sommations ou des remon-
trances. Il ne dissimulait pas que si tous les Bretons
s'entendaient avec lui, il donnerait au royaume tant
à faire, qu'on y entendrait mieux raison et qu'on y
rendrait meilleure justice. Dans de pareilles disposi-
tions, il n'eût été que trop facile à entraîner à la
guerre, lui-même faisant toutes les avances. Il pour-
voyait ses villes et ses châteaux d'artillerie et de vi-
vres; il enrôlait secrètement des hommes d'armes et
des archers d'Angleterre, et les établissait dans ses
forts. — Richard n'en persista pas moins dans ses vues
pacifiques, et malgré la sourde opposition de Glo-
cester, il voulut, comme il l'avait déjà fait, prendre
l'avis du parlement 3 novembre 1391) (a).
[1391] LIVRE SEPTIÈME. 47
Deux graves questions étaient à résoudre à la fois,
deux questions qui avaient la vertu d'éveiller au
même degré les passions nationales : la question de
la paix ou de la guerre et celle des proviseurs, la
question de France et celle de Rome; choses qui du
reste avaient plus de rapport qu'il ne le semble à la
première vue. Si le pape de Rome, dans le schisme
où était l'Église, réclamait, contre le pape d'Avignon
et la France schismatique, l'appui des Anglais, l'An-
gleterre n'avait pas moins besoin de son concours en
Italie. Les vues de la France , à mesure qu'elle se
dégageait du coté de l'Angleterre, se reportaient de
plus en plus sur l'Italie. Elle convoitait Naples comme
un héritage de famille pour la nouvelle maison
d'Anjou; elle songeait, disait-on, à donner le patri-
moine de l'Église au duc de Touraine, devenu duc
d'Orléans, frère du roi, et à faire de la Lombardie un
autre royaume dans l'Italie du Nord pour quelque
autre des siens; c'était s'adjuger toute la péninsule.
Voilà ce que le pape dénonçait à l'Angleterre; et si ces
projets étaient vrais (ce n'est pas en Angleterre qu'ils
pouvaient trouver des incrédules), le pape était mieux
que personne en état d'y veiller et d'y faire obstacle.
Or, en même temps, il se plaignait à Londres, des me-
sures violentes prises tout récemment, selon l'esprit
du statut des proviseurs, à l'égard des ecclésiastiques
anglais. Ordre avait été donné à tous les Anglais,
résidant à Rome, de revenir dans un délai marqué
sous peine de perdre leurs bénéfices, s'ils en avaient,
48 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1391]
et, s'ils n'en avaient pas, tous leurs biens. Boniface IX
protestait qu'il ne voulait pas diminuer l'honneur
de la couronne, ni contester son droit de faire des
lois ; mais, il demandait que le roi respectât les li-
bertés de l'Église, et il exprimait le désir qu'on en-
voyât à Rome des députés pour se mettre d'accord
sur les points qui faisaient la matière des statuts.
L'offre était raisonnable, et il fallait ne pas ôter au
pontife tout espoir de s'entendre; il fallait, tout en
s'accommodant avec la France , se mettre en état de
faire qu'elle n'en usât pas pour prendre en Italie un
énorme accroissement (a).
Ce n'était plus Tévêque de Winchester (depuis long-
temps il souhaitait du repos), c'était un des plus in-
times amis de Glocester, le chancelier dont il avait
fait son complice aux parlements de 1386 et de 1388,
Thomas Arundel, archevêque d'York, qui, rappelé à
la garde des sceaux par le libre choix de Richard lui-
même, portait devant l'assemblée la parole au nom
du roi. Après avoir, selon l'usage, mis en tête des
motifs de la convocation les libertés publiques , il
appela sur les deux points signalés l'attention des
lords et des communes. La trêve finissait à l'Assomp-
tion : il fallait choisir entre la paix ou la guerre, et
se préparer à l'une ou à l'autre. Les mesures prises
à l'égard des proviseurs suscitaient de graves
difficultés entre le pape et l'Angleterre. Il s'agis-
sait de reprendre la question avec calme, et d'ac-
corder ce qui appartenait aux deux puissances :
[1391] LIVRE SEPTIÈME. 49
Reddile quœ sunt Cœsaris Cœsarij et qux sunl Dei
Deo\
Le parlement, sans rien sacrifier de ses droits ni
s'engager outre mesure, donna une preuve bien forte
de la confiance qu'il avait dans la sagesse et l'habi-
leté du jeune roi pour la conduite de ces négociations
délicates. Il l'autorisa à faire au statut, si détesté de
Rome, telle exception qu'il jugerait profitable, pourvu
que le statut lui-même ne fût pas rappelé, ni les
personnes investies de bénéfices en vertu de cette loi,
dépossédées; pourvu aussi que les communes gar-
dassent le droit de retirer leur assentiment aux ex-
ceptions accomplies, et de remettre le statut en pleine
vigueur. L'autorisation n'était accordée que comme
chose nouvelle qui ne devrait pas tirer à conséquence^
et la protestation qu'y joignaient les communes de-
vait être inscrite en même temps aux rôles du parle-
ment. Quant à la France, le parlement persévéra
comme Richard dans la pensée de traiter avec elle, et
il exprima seulement ce vœu, que si l'on entrait
en négociation, il plût au roi d'y envoyer Mgr de
Guyenne (Lancastre), « comme la plus suffisante per-
sonne du royaume. » Le roi dit que c'était son désir,
si le duc le voulait : et le duc ayant consenti, il fut
dès ce moment désigné pour le voyage. Si les oom-
1. Parlement de la quinzième année (3 novembre 1391). Rot. Pari,
l. III, p. 284. — Varchevéque d^York chancelier. Il avait repris les
sceaux le 27 septembre. Rymer , t. VII, p. 707 ; William dt*
Wickham, évoque de Winchester, survécut à Richard II : il mou-
rut en \kOk.
Il •'!
50 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1391]
munes, en émettant ce vœu, combattaient indirecte-
ment ridée que le roi y allât lui-même, elles ne
pouvaient prendre, pour le remplacer^, un homme
mieux disposé et plus autorisé à terminer la chose
pacifiquement*.
Après cela le parlement octroya un supplément
au subside des laines voté par l'assemblée précé-
dente pour trois années : « Gomme le roi , disait la
cédule, a maintenant son plein âge et qu'il a pro-
mis de gouverner et de maintenir les bonnes lois, «
on accordait un demi-quinzième et un demi-dixième
à lever sur les laïques aux octaves de Pâques, et de
plus un dixième et un quinzième entier pour la
Saint- Jean, avec des réserves selon qu'il y aurait
paix ou guerre, ou que le roi irait ou n'irait pas en
France de sa personne, soit pour la guerre, soit pour
la paix. Le roi étant^ par ce large subside^ mis en
mesure de soutenir l'éclat et l'honneur de la cou-
ronne au dehors, le parlement voulut cette fois encore
donner à son gouvernement un nouveau témoignage
d'adhésion et de confiance. Le 2 décembre^ avant de
se séparer, il renouvela le vœu qu'il avait émis
l'année précédente à pareille date : que le roi jouît
de ses prérogatives aussi largement que ses prédé-
cesseurs, nonobstant tout statut, et il désignait no-
tamment le statut fait à Glocester au temps d'E-
1. Exception autorisée au statut des proviseurs. Rot. Parl.^ t. III,
p. 285, $ 1. — Le duc de Lancastre désigné pour négocier avec la
France, ibid., p. 286, § 15.
[1391] LIVRE SEPTIÈME. 51
douard II : statut évoqué aux parlements de 1386 et
de 1388 pour triompher des résistances de Richard,
et que le parlement nouveau répudiait ainsi, comme
pour lui rendre toute liberté d'agir (a).
Fort de cet appui, Richard pouvait librement ré-
pondre aux avances de Charles VI. Dans Thiver, il lui
envoya un nouveau message pour s'enquérir s'il
demeurait lui-même dans les mêmes dispositions
relativement à l'entrevue projetée. Charles se trouvait
alors à Tours pour y débattre les conditions d'un
accord avec le duc de Bretagne. Le duc, on le voit,
avait laissé le prince faire les trois quarts du chemin
à sa rencontre, et il se fit attendre quinze jours ! Ce
fut au milieu de ces négociations que le roi reçut les
députés anglais : il leur donna une réponse favorable,
et les Anglais repartirent sans même voir leur bon ami
le duc de Bretagne, ne voulantluidonneraucune espé-
rance, ni laisser croire à Charles VI que l'Angleterre
songeât en aucune sorte à prolonger ce différend (b),
La conférence eut lieu à Amiens au temps marqué
(mi carême 1392). Pour que rien ne vînt à ren-
contre, la France s'était hâtée d'en finir avec le duc
de Bretagne. Un double mariage unit le fils aîné du
duc à la seconde fille du roi , et le petit-fils de
Clisson à la fille du même duc. On trouvait dans ce
double mariage une garantie plus forte de paix à
l'intérieur, et un point d'appui pour les négociations
qui allaient s'ouvrir. Rien ne fut épargné pour que
l'appareil de la conférence ïùi digne des princes
52 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1392]
qu'elle devait rapprocher. Le roi de France y devait
être en personne, et l'on croyait que le roi d'Angle-
terre y viendrait lui-même. Il en avait eu le dessein,
et il vint jusqu'à Douvres accompagné de ses trois
oncles ; mais le conseil fut d'avis qu'il y restât avec
l'un des trois, Glocester ; les deux autres, Lancastre
et York, partirent donc seuls, emmenant d'ailleurs
avec eux les comtes de Derby et de Huntingdon,
Thomas Percy, les évêques de Durham et de Londres,
les principaux conseillers de Richard et une suite
nombreuse de chevaliers (a).
Froissart décrit cette conférence en des traits où se
peignent au naturel et le caractère et l'attitude res-
pective des deux nations rivales.
Charles YI attendait les princes anglais dans
Amiens. A leur approche, ses trois oncles et son
frère le duc d'Orléans vinrent au-devant d'eux, et
les accueillirent « de paroles traitables et amou-
reuses. )) Puis le duc d'Orléans revint avec son
escorte à Amiens, pour prendre, dans la réception du
palais, sa place aux côtés du roi son frère; et les
trois autres ramenèrent les Anglais en grande pompe
dans la ville, Lancastre chevauchant entre le duc de
Berri et le duc de Bourgogne, du même pas et
sur la même ligne : « Aussi avant étoient les têtes
des chevaux les unes comme les autres, et bien
entre eux trois y prenoient garde. » Ce fut de
même en se donnant la main que les deux oncles de
Charles YI et les deux oncles de Richard montèrent
[1392' LIVRE SEPTIÈME. 53
les degrés du palais et se présentèrent devant le roi.
Alors les princes et les seigneurs français s'agenouil-
lèrent, les princes anglais restant debout et inclinant
seulement la tête pour rendre honneur à Charles VI.
Le roi vint à eux, les prit par les mains, fit re-
lever ses oncles et les seigneurs; et après un échange
de compliments entre les barons des deux pays, les
Anglais prirent congé du roi et furent ramenés à leur
hôtel par le connétable et les principaux barons de
France (a).
Toutes les précautions étaient prises pour que le
séjour d'Amiens n'offrît que de l'agrément aux hôtes
de la France. Leur sûreté, leur commodité, leur bien-
être étaient garantis sous la sanction des peines les
plus sévères : « Que nul ne fût si outrageux sur peine
d'être décollé, qu'il eût parole rigoureuse, débat ni
riote en la cité d'Amiens ou au dehors aux Anglois. »
Tout ce qu'ils demanderaient leur devait être aban-
donné : (( Que nul hôte sur peine de se forfaire, ne
demandât ni prît de leur argent pour boire ni pour
manger, ni pour autres communs frais. » Nul Fran-
çais ne pouvait sortir de nuit sans torche, » mais les
Anglois y pouvoient bien aller s'ils vouloient. » Que
si quelqu'un d'entre eux était rencontré sur les
chaussées à heure indue, « on le devoit doucement et
courtoisement reconvoyer et remettre à son hôtel ou
entre ses gens'. »
1. Froissart, IV, 27.
54 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1392]
Tout cela faisait aux Anglais un régime fort accep-
table sans doute ; mais quand on en vint aux condi-
tions de la paix, il était plus diflicile de s'entendre.
Les Français demandaient, sinon qu'on leur rendît, au
moins qu'on détruisît Calais, de telle sorte que nul
n'y pût habiter par la suite. Les Anglais ne pouvaient
traiter sur ces bases : « Car vous devez savoir, dit
Froissart, que Calais est la ville au monde que la
communauté d'Angleterre aime le mieux : car tant
comme ils seront seigneurs de Calais, ils disent ainsi
qu'ils portent les clefs du royaume de France à leur
ceinture. » C'était bien aussi pour cela que la France
insistait : on n'a que faire des clefs, si on ne veut
entrer dans la maison ; mais on ne raisonne point en
pareille matière. Heureusement si on s'entendait mal,
on ne se querellait pas. Après chaque séance on se
quittait bons amis, avec l'espoir de mieux conduire le
lendemain la besogne. Le roi de France, le duc d'Or-
léans, les ducs de Berri, de Bourgogne, de Bourbon,
se succédaient pour offrir à leurs hôtes de grands
dîners ; et tout ce que les Anglais pouvaient deman-
der de plus, en fait de vivres ou d'autres choses, leur
était immédiatement donné : il y avait des clercs
désignés par le roi pour en prendre note et renvoyer
les fournisseurs à la Chambre aux deniers^
Il fallait pourtant que cette conférence eût une fin ;
et ceux qui y tenaient la place de Richard sentaient
1. Froissart, ihid.^ IV, 27,
[1392] LIVRE SEPTIÈME. 55
eux-mêmes combien leur position devenait dilTicile
et fausse. Ils étaient forts des bonnes dispositions
du roi en faveur de la paix ; mais ils ne pouvaient
prendre sur eux d'en proposer des conditions accep-
tables, car ils craignaient d'encourir la censure du
parlement, s'ils ne réclamaient tout ce qu'ils avaient
possédé autrefois^ tenant pour non avenu le règne
entier de Charles V. Les Français eussent bien con-
senti à leur laisser ce qu'ils avaient présentement en
Aquitaine et quelque chose au delà, mais ils vou-
laient Calais abattu. Or, sur cet article, le duc de
Lancastre, quelque ami qu'il fût de la paix, ne voulut
laisser à Charles VI aucune illusion. Tout en s'abste-
nant de se prononcer sur le reste, et disant qu'avant
d'aller plus loin il en devait référer au roi et au par-
lement, il déclara qu'il ne parlerait même point de la
clause relative à Calais : « car, dit-il, si nous en par-
lions, nous serions en la haine et indignation de la
greigneure (jp\us ^rainde) partie du royaume d'Angle-
terre. Si (ainsi) nous vaut mieux taire et cesser,
que de dire chose où nous puissions recevoir haine
ni blâme *. »
(Jn en resta là, en se promettant de travailler de
part et d'autre sincèrement à la paix ; et, pour en favo-
riser la conclusion, on convint que la trêve, qui expi-
rait à l'Assomption, serait prorogée jusqu'à la Saint-
Michel de l'année suivante. Au départ, Charles VI
I. Froissart, IV, 27.
56 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1392]
recommanda de nouveau à Lancastre la cause de la
paix, ne craignant point de paraître la désirer; car
il la voulait pour le bien commun des deux pays, et
aussi de la chrétienté tout entière. La nouvelle venait
d'arriver que Bajazet était entré en Hongrie : « Avec
la paix, disait le roi, on refoulait les Turcs hors de
l'Europe, et on allait même leur reprendre en Asie
les pays chrétiens, l'Arménie par exemple, qu'ils
avaient occupés. » Lancastre promit, et il était sin-
cère; puis il partit avec son escorte, défrayé de tout
sur la route au retour comme à l'arrivée (a).
Richard, qui avait pris Tavis des lords et des com-
munes sur les premières négociations et sur la con-
férence, voulut aussi leur en soumettre les résultats.
11 réunit donc extraordinairement les prélats, les sei-
gneurs et les députés des comtés et des villes à Stan-
ford, pour délibérer sur cette grande affaire. Glocester
était fort opposé à toute conclusion, et le préjugé
national était pour lui. Au fond^ les Anglais voulaient
la paix, à la condition de ne rien céder et de re-
prendre tout ce qu'ils avaient perdu de leurs con-
quêtes. Ils se replaçaient^ sans tenir compte des
événements, au lendemain de leurs grandes vic-
toires, et ne savaient de paix que la paix de Bré-
tigny. « Les François nous veulent payer du nôtre,
disait Glocester. Jà savent-ils, et nous Favons par
chartre scellée du roi Jean et de tous ses enfants,
que toute Aquitaine nous fut baillée et délivrée sans
ressort (en pleine souveraineté); et ce qu'ils en ont
[1392] LIVRE SEPTIÈME. 57
depuis fait et repris, ce a été par fraude et mauvais
engin, et ne tendant nuit et jour à autre chose qu'ils
nous puissent décevoir. Car si Calais et les terres
qu'ils demandent leur étoient rendues, ils seroient
seigneurs de toutes les frontières sur mer, et iroient
toutes nos conquêtes à néant ; ni jà à la paix^ tant
que je vive, je ne m'accorderai (a). »
Richard n'était point sans doute aussi contraire à
toute concession^ mais il était Anglais autant que
tout autre, et, pas plus qu'un autre, il n'avait dans la
pensée de rendre Calais. Aussi se borna-t-on à rati-
fier la prorogation de la trêve.
Un événement qui offrait de plus grandes facilités
pour reprendre la guerre, devait rendrç plus labo-
rieuse la tâche de ceux qui persistaient à vouloir arri-
ver à la paix. Le duc de Bretagne, malgré son nouvel
et récent accord avec le roi et avec Clisson, n'avait
déposé aucun de ses ressentiments : une haine par-
ticulière vint servir sa haine. Pierre de Craon avait
tenté d'assassiner Clisson ; il le laissa pour mort, et
vint chercher un asile chez le duc dont il avait si
bien mérité. Mais le roi, malgré ses oncles^ s'était
résolu à tirer vengeance de celui qui se faisait com-
plice du crime en le protégeant si ouvertement. Le
parti de la guerre en Angleterre avait tout à gagner
à cette lutte ; il ne gagnait pas moins à l'accident qui
fit qu'elle avorta. Le roi s'était mis en campagne mal-
gré toutes sortes de retards et d'entraves. Une der-
nière tentative faite sans doute par ses oncles pour
58 i.A MAJORITÉ DE RICHARD. [1392]
l'arrêter dès les premiers pas, un vieillard qui vint
se jeter à la tête de son cheval en lui criant : « O roi,
tu es trahi ! » porta le trouble en cet esprit fort affai-
bli déjà. Il crut à un complot, et peu après, un bruit
soudain, le choc d'une lance tombant sur un casque,
lui fit croire que le complot s'exécutait; il entra en
fureur^ il était fou (août 1392)^
Cet événement jetait la France dans une situation
facile à comprendre sous le régime du gouvernement
absolu : tout pouvoir résidait en un seul homme, et
cet homme était fou ! Encore s'il l'eût toujours été 1 on
eût remédié au mal en établissant une régence. Mais
comme il avait des intervalles de raison, il n'était censé
que malade : malade ou non, il gardait donc tous ses
droits et couvrait de son nom tout ce qu'on voulait et
ordonnait pour lui. La première suite de la folie du roi
fut la chute des sages ministres que le prince avait sub-
stitués dans le gouvernement à ses oncles. Ses oncles,
ou, pour mieux dire, le duc de Bourgogne^ ressaisit le
pouvoir sans même prendre garde aux droits que le
duc d'Orléans, frère du roi, tenait de sa proximité au
trône; droits qu'il était en âge de réclamer, mais qu'il
oubliait alors dans la dissipation de sa jeunesse^
1. Tentative d'assassinat de P. de Craon sur Clisson (14 juin 1392).
Froissart, IV, 28; Religieux de Saint-Denys, XIII, 1. — Expédition
préparée contre le duc de Bretagne, au grand mécontentement des
princes. Froissart, IV, 29; Relig. de Saint-Denys, XIII, 3 et 5. —
Folie du roi, ibid.
2. Chute des ministres de Charles VI. Relig. de Saint-Denys,
XIII, 6; Froissart, IV, 30.
[1392] LIVRE SEPTIÈME. 59
On voit quelle prise une pareille situation offrait
à l'Angleterre. Le gouvernement de la France était
abandonné en quelque sorte à l'aventure, en atten-
dant qu'il fût en proie aux plus sanglantes rivalités ;
et tandis qu'il était dès lors comme frappé d'im-
puissance, Richard, au contraire, ne voyait rien
dans son pays qui ne dût accroître sa sécurité. Il
semblait n'avoir gardé le souvenir ni des actes ni
des tendances du parlement de la onzième année de
son règne. Les personnages les plus compromis vis-
à-vis de lui en ce temps-là, il les avait rappelés au
pouvoir, élevés en honneur. Il avait librement pris
pour ministres et pour conseillers ceux qui lui
avaient dénié le droit de disposer des grands offices
et des places du conseil. Il gouvernait avec les
hommes qui l'avaient voulu retenir en tutelle à per-
pétuité. Un événement qui parut être comme un ré-
veil des plus mauvais jours, servit à montrer comme
le roi y saurait tenir tête. Richard ayant demandé à
Londres un prêt de 1000 livres, le peuple, fort soup-
çonneux et violent, s'y refusa et tua presque un Lom-
bard qui avait consenti à les prêter. Le roi, dans le
premier moment, n'écoutant que son indignation,
voulait tirer de ce crime, qu'il regardait comme un
attentat contre lui-même, une vengeance éclatante.
Il fit arrêter le maire, les shériffs et les principaux
(le la cité, il abolit la libre élection et jusqu'au nom
de maire, et décida que Londres serait gouvernée
désormais par un officier de son choix. Il y envoya,
60 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1392]
cà ce titre, un des membres du conseil, Ed. Dalin-
grugge, qu'il révoqua bientôt et remplaça comme
suspect de trop de complaisance envers ses justi-
ciables (22 juillet 1392) (a).
Cependant la ville, frappée de terreur, était prête
à donner satifaction. On y exagérait la colère de
Richard; on disait qu'il voulait exterminer sa capi-
tale, et Glocester en retira encore l'avantage de passer
pour l'avoir amené, par ses instances, à des senti-
ments plus humains. Les premières mesures prises
par le roi marquent assez que son ressentiment
n'avait jamais été jusqu'à ce degré de folie. Il con-
sentit à recevoir les députés de Londres, se fit mon-
trer les chartes de la ville, ratifia les unes, amenda
les autres , maintenant d'ailleurs l'abolition de la
mairie jusqu'après une satisfaction dont il voulait
que les seigneurs fussent arbitres avec lui; et les
députés se retirèrent, laissant une somme de dix
mille livres pour gage des réparations qu'on pour-
rait exiger *.
Le roi pourtant ne voulut pas laisser plus long-
temps la menace suspendue sur la ville. « Sachant,
dit Walsingham qui n'est pas suspect lorsqu'il parle
sur ce ton, sachant dans quelle affliction les députés
s'étaient retirés, il dit: « J'irai à Londres, j'en con-
« solerai les habitants et ne les laisserai pas plus
« longtemps désespérer de ma clémence. » Cette
1. Wals., p. 348; Knighton, p. 2740.
[1392] LIVRE SEPTIÈME. 61
nouvelle portée dans la ville y répandit la joie. Peu
de jours après, le roi et la reine ayant résolu de s'y
rendre, on les accueillit avec des honneurs inouïs.
Tout le peuple était accouru à leur rencontre,
hommes, femmes et enfants ; tout le clergé, Tévêque
de Londres en tête, s'était mis en marche pour les
recevoir, faisant une longue procession ; mais la
foule en avait rompu les rangs, et formait un cortège
dont le bruyant désordre en disait plus que les chants
réguliers ou le déploiement méthodique d'une dé-
monstration officielle. Le roi et la reine, entrant dans
la ville, trouvèrent partout sur leur passage, de
Saint-Georges à Westminster, les rues ornées de
tapisseries et de tentures ; chaque maison étalait
pour leur faire fête ce qu'elle avait déplus précieux.
En un lieu où une fontaine versait du vin blanc et du
vin rouge, un jeune enfant » en forme d'ange » vint
en offrir au roi et à la reine dans une coupe d'or.
Les habitants firent davantage : ils leur offrirent à
chacun une couronne d'or d'un grand prix, puis deux
tableaux en or, l'un au roi de la valeur de 800
livres, représentant la sainte Trinité ; l'autre à la
reine, représentant sainte Anne sa patronne, qu'elle
avait en dévotion particulière. « Jamais, dit Knigliton,
sous les règnes précédents, aucun prince n'avait reçu
d'aussi grands honneurs. » Arrivé à Westminster,
le roi prit place sur son trône, environné de la mul-
titude, et un de ses officiers, remerciant le peuple en
son nom de la magnificence de cet accueil, promit
62 LA MAJORITÉ DE RICHARD. [1393]
qu'au prochain parlement on achèverait de résoudre
les questions qui l'intéressaient (a).
m
LA TREVE.
Élevé à ce point, un roi de vingt-cinq ans pouvait
céder à l'enivrement de la grandeur. Le peuple le
comblait des marques de son amour; le parlement
votait chaque année l'affermissement de ses préro-
gatives, et il savait qu'il se rendrait plus fort dans le
parlement, plus populaire encore dans la nation, si,
se laissant aller à l'instinct aveugle de la foule qui
admire les conquêtes alors même qu'elle en souffre
le plus, il profitait de l'état de faiblesse où la maladie
du roi jetait la France, pour tenter d'y reconquérir
les provinces perdues naguère. Richard n'en de-
meura pas moins attaché à la paix. Il fit bon accueil
au duc de Gueldre qui, voulant se venger de Tinva-
sion française, venait lui offrir ses services contre la
France; mais il n'en usa pas. La trêve fut prorogée
jusqu'à la Saint-Michel 1393, et Richard voulut
mettre à profit l'intervalle pour arriver à une plus
durable conclusion (a).
Le parlement avait été réuni à Winchester au com-
mencement de l'année 1393 ('20 janvier). Il avait
[1393] LIVRE SEPTIÈME. 63
donné au roi toute marque de confiance et tout moyen
d'agir dans les affaires pendantes. En ce qui touche
Rome, il lui renouvelait l'autorisation de modifier le
statut des proviseurs, à la condition d'en rendre
compte au prochain parlement; ce qui le mettait en
position de négocier, dans le temps même que l'ar-
chevêque de Canterbury lui offrait un point d'appui
considérable pour le faire avec puissance: sur des
questions qui lui avaient été posées par les com-
munes, le primat, sans dénier au pape le droit d'in-
terdire un prélat ou de le transférer d'un siège à un
autre, conformément à la loi de TÉglise, déclarait
que si le souverain pontife excommuniait des évêques
pour avoir obéi à des statuts du royaume, ou les
transférait à d'autres sièges sans tenir compte des
droits du roi ou de ses sujets, il entendait se ranger
du côté de la couronne, demandant que sa protesta-
tion fût inscrite aux rôles du parlement. En ce qui tou-
chait la paix ou la guerre, le parlement accordait au
roi un subside en des termes qui, loin de lui impo-
ser nulle réserve, semblaient l'inviter à marcher en
avant : le subside des laines prorogé pour trois
années, à partir du 30 novembre suivant; le droit
sur le vin et sur les marchandises ainsi établi : 3" f)ar
tonne et 12** par livre s'il allait à la guerre, et la
moitié seulement s'il n'y allait pas; en outre, un
quinzième et demi et un dixième et demi à le-
ver, en trois termes, dans l'année, selon qu'il y
aurait paix ou guerre, et de quelque côté que le roi
64 ]A MAJORITÉ DE RICHARD. [1393]
voulût aller personnellement^ soit en France, soit en
Ecosse (a).
Le roi accueillit volontiers tous ces votes, et se
montra digne de la confiance que l'on avait en lui.
A l'égard de Rome, le statut de sa seizième année
(1393), rappelant les droits de la cour du roi en ma-
tière de présentation aux bénéfices et les menaces du
pape contre les prélats qui voudraient s'y soumettre,
publiait que les communes et les lords tant spirituels
que temporels, les absents s'élant fait représenter par
procureurs, avaient promis au roi leur appui pour
la défense des libertés de la couronne; et, en consé-
quence, il y était déclaré, de l'assentiment des lords
et des communes, que si quelqu'un poursuivait en
cour de Rome ou favorisait les translations de siège
ou excommunications prononcées par le pape en pa-
reille matière, il serait mis bors de la protection du
roi, et ses biens confisqués. Mais après avoir prouvé,
par cette déclaration, revêtue des formes de la loi,
qu'il était décidé à maintenir le principe du statut
et à protéger ceux qui ne craindraient pas de se com-
promettre à Rome pour y être fidèles, le roi n'eut
garde de provoquer la lutte, et il s'atlacba au con-
traire à prévenir tout conflit.
Même conduite à l'égard de la France. La Flandre
faisait défaut : elle était au duc de Bourgogne; et le
duc de Gueldre n'y suppléait guère : mais le duc de
Bretagne était toujours prêt, et Ton avait dressé un
projet d'alliance défensive et offensive avec lui aux
[1393] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 65
conditions suivantes : le duc devait remettre au roi
d'Angleterre Nantes avec la tour Neuve, Vannes avec
le beau château de l'Hermine, le Conquet, Quimper-
Gorentin, Morlaix, l'île de Batz (on avait déjà Brest),
et en outre son fils aîné comme otage. Les troupes
que le roi d'Angleterre voudrait bien envoyer dans
ces places seraient aux frais des Bretons, et les olTi-
ciers anglais y auraient un pouvoir supérieur à celui
de leurs magistrats. Si le duc se lassait de prendre
part à la guerre, il avait la faculté de passer en An-
gleterre, où il aurait le comté de Richmond, avec un
revenu égal à celui qu'il tirait de Bretagne; et dès lors
la Bretagne devenant anglaise, la garde des places
était aux frais du roi. Si la paix se faisait avec la
France, le duc retenait le droit de retourner dans son
duché, à la condition de payer un quart d'année aux
soldats congédiés avec l'arriéré de leur solde. — L'An-
gleterre ne mettait rien en péril, si le duc signait un
pareil traité : mais Richard voyait un plus grand in-
térêt à réconcilier son pays avec la France; et c'est
pourquoi, ayant par l'octroi du parlement tous les
moyens de faire la guerre, il s'appliqua plutôt à
la finir \
Il pouvait compter sur l'appui de l'aîné de ses
oncles, le duc de Lancastre. Ce prince, dont il avait
jadis redouté l'ambition, et à qui il n'avait pas mé-
1. Déclaration du roi à l'égard de Home, Stat. de la 16" année
(1393), c. V. Stat. ofRealm, t. II, p. 8^; — Projet de traité uvir la
Hretagne (vers février 1393). Proceedings, t. I, p. 41-4^.
06 IJVRE SEPTIÈME. [1393]
nagé les marques de sa défiance, n'avait pas lieu de
se plaindre de lui depuis quelques années. Richard
avait tout fait pour le mettre en mesure de conquérir
la Castille, jusqu'à dégarnir l'Angleterre de ses meil-
leurs soldats au moment où elle était menacée de
l'invasion française; et quand le duc se vit contraint
de renoncer à ce trône, il lui avait offert les plus
beaux dédommagements. Il lui avait donné le duché
de Guyenne, avec tous les droits de seigneur, moins
la souveraineté, et il l'y avait maintenu, malgré les
réclamations des habitants, qui aimaient mieux rele-
ver directement de la couronne; il l'avait fait son
lieutenant en Picardie : et ainsi il avait mis sous sa
main presque toutes les possessions anglaises de
France. Le duc n'était pas fâché de garder en paix un
pareil gouvernement; et, de plus, voyant ses deux
filles établies, l'une sur le trône d'Espagne, l'autre
sur celui de Portugal, il craignait pour elles mainte-
nant le contre-coup de la guerre. Quant à Derby, son
fils, à qui la succession de la Guyenne n'était pas ré-
servée, il le savait capable de trouver par lui-même
quelque moyen de se pourvoir. Lancastre était donc
converti à la paix. York, bien pourvu d'ailleurs, lais-
sait, selon son habitude, aller les choses. Pour Glo-
cester, que Richard n'avait pas moins comblé, il était
mécontent, et témoignait d'autant plus de répugnance
à se rapprocher des Français, qu'on y inclinait davan-
tage. Mais Richard ne s'en inquiéta point : il souffrit
qu'il captât, par ses allures belliqueuses, la faveur
[1393; LA MAJORITE DE RICHARD. 67
fie la foule. Il fit mieux : il l'employa avec Lanca8tre
aux négociations de la paix (a).
De nouvelles conférences furent tenues à Leulin-
ghem, immédiatement après Pâques (6 avril 1393).
Les ducs de Lancastre et de Glocester, le comte maré-
chal, "gouverneur de Calais, Thomas Percy et plusieurs
autres y représentaient T Angleterre; les ducs de Berri
et de Bourgogne, les évêques de Bayeux et d'Arras et
quelques grands seigneurs y figuraient au nom de la
France. Deux ou trois fois la semaine, les oncles des
deux rois et leur suite y venaient soit de Calais, soit
de Boulogne. Ils se réunissaient dans une chapelle
depuis longtemps consacrée à des négociations de
cette sorte, et siégeant en grand appareil, Lancastre
et Berri sur des sièges plus hauts que les autres, ils
reprenaient chaque jour l'interminable débat. Cette
fois pourtant il semblait qu'on voulût en toute sincé-
rité qu'il aboutît. Dès la première entrevue, comme
la chapelle était tendue de tapisseries représentant
d'ancie.nnes batailles, le « pieux » duc Lancastre les
fît retirer, disant que de semblables images ne conve-
naient point à des réunions où l'on travaillait à la
paix. Mais la paix n'était point si facile à régler dans
ce conflit de prétentions rivales : TAngleterre ne
voulant point renoncer à sa conquête, ni la France
se résigner à être réputée pays conquis. On dut bien-
tôt laisser la question oii se résumait, sans conclusion
possible, cette grande querelle, la question de Calais :
on porta le débat sur les terres de Guyenne. Les
68 LIVRE SEPTIÈME. [1393]
Français auraient bien abandonné les pa}'s de Tarbes
et de Bigorre, d'Agen et Périgueux : mais de Cahors,
du Rouergue, du Quercy et du Limousin, ils ne vou-
laient rien céder. Des propositions furent mises par
écrit, de part et d'autre^ et discutées en mainte
séance. Glocester y apportait tout naturellement son
esprit de défiance et son mauvais vouloir : il disait
que les Français voulaient toujours lutter, « les deux
bras dessus. » Néanmoins on finit par tomber d'ac-
cord sur des préliminaires, et l'on s'ajourna au
20 mai pour les présenter à l'adoption des deux rois,
en s'engageant, de part et d'autre, à tout faire pour
qu'ils fussent accueillis. Le roi de France, qui était
à Abbe ville, les agréa. Ricliard y adhéra de même,
disant à ses oncles qu'il voulait mettre un terme à
une guerre trop prolongée déjà, pour le bien de toute
la chrétienté; et Glocester, tout en murmurant qu'on
eût mieux fait de se faire rendre tout avant de rien
conclure;, s'était résigné, devant la volonté de Richard,
à n'y plus faire de résistance (a).
Les quatre princes revinrent donc àLeulinghem,
les princes anglais non sans quelque péril : une tem-
pête faillit mettre un terme à leur mission. A leur re-
tour ils trouvèrent là un nouveau personnage. C'était
le cardinal Pierre de Luna (depuis, Benoît XIII), légat
de Clément VIL II témoignait d'un grand zèle pour
le paix, et demandait à être admis aux conférences.
Mais comment parler de paix aux nations quand on
faisait schisme dans l'Église? Le médiateur oificieiix
I
[1393] LA MA.IORITÉ 1)K RICHARD. 69
pouvait être soupçonné de ne se constituer avocat de
la paix que pour faire accueillir sa médiation, et in-
troduire à ce titre l'autorité de son pape dans les
rapports des deux peuples en cause. Lancastre n'en
fut pas dupe. Selon Froissart, qui était venu à Abbe-
ville pour mieux savoir ce qui se passait aux confé-
rences , le cardinal ne fut pas même accueilli des
princes anglais : « Otez-nous ce légat, dirent-ils à
leurs cousins de France ; nous n'avons que faire d'en-
tendre ses paroles : ce n'est que toute charge sans
profit et sans effet. Nous sommes déterminés à pape
auquel nous obéissons et voulons obéir. Si (ainsi)
n'avons que faire d'ouïr parler à Rencontre ; et s'il
venoit avant sur nos traités par la faveur de vous,
nous clorrions tous nos parlements et nous en retour-
nerions en arrière. » Selon le Religieux de Saint-Denys,
ils lui accordèrent, à la prière dés Français, une
audience, le 28 mai; ce fut pour lui signifier qu'ils
n'avaient que faire de ses sermons. S'il voulait entre-
prendre de convertir l'Angleterre, ils lui offraient un
permis de passage (ils ne disaient rien du retour) ; mais
en même temps ils déclaraient qu'ils tenaient les car-
dinaux d'Avignon pour les seuls auteurs du schisme;
et que. si on les en voulait croire, la paix faite, on ne
leur laisserait d'autre alternative que d'y mettre fin
ou d'être exterminés. Il y avait là de quoi dégoûter
le cardinal de la réconciliation de l'Angleterre et de
la France. Les princes anglais voulaient même profi-
ter des conférences pour résoudre du même cou]) lo
70 LIVRE SEPTIÈME. [1393]
débat de Rome et d'Avignon; mais c'était compliquer
la difficile question de la paix d'une autre plus
difficile encore. Les princes français remontrèrent
que, la première une fois résolue, les deux peuples
unis pourraient aborder la seconde avec bien plus
d'autorité. On se borna donc aux affaires politiques,
et l'on venait de reprendre la négociation sur les
bases acceptées des deux rois, quand un nouvel accès
du mal dont souffrait Charles Yl ajourna encore la
conclusion (a).
Richard prouva bien en cette occurrence, que s'il
était entré dans la voie des négociations ce n'était
point par impuissance de faire la guerre, mais par
l'entière conviction des avantages attachés à la paix.
Loin de profiter des empêchements de son rival, il se
montra tout prêt à recommencer les conférences, et,
avant même que les négociations fussent reprises, il
lui voulut donner satisfaction sur un des points en
litige.
Indépendamment des territoires possédés en France
par l'Angleterre, il y avait deux villes qu'elle avait
reçues, l'une du duc de Bretagne, l'autre du roi de
Navarre, et ne gardait qu'à titre de gage : Brest et
Cherbourg. En attendant que la question des terri-
toires entre les deux couronnes fût réglée par la paix,
rien n'empêchait de résoudre ce qui touchait ces deux
places, si le duc de Bretagne et le roi de Navarre les
redemandaient argent en main. Or le roi de France
leur avait écrit et ne doutait pas du succès (car il
[1393] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 71
tenait Targent à leur disposition), quand sa maladie
interrompit les conférences. Richard ne se crut pas
dispensé par là de donner suite à cette affaire. Le
duc de Bretagne ne réclama point : dans la situation
toujours délicate de ses rapports avec la France, il
n était pas fâché d'avoir les Anglais à sa porte. Il
n'aurait pas pu leur livrer Brest par un nouveau con-
trat. Mais comme ils y étaient, son vœu secret était
qu'ils y restassent. Richard y demeura donc^ et dans
le cours de l'année suivante on le voit approvision-
ner la place de munitions et de vivres. Quant à Cher-
bourg, le jeune roi de Navarre, fils de Charles le
Mauvais, le redemandant selon son droit, Richard ne
chercha point à éluder la demande : le roi de Navarre
produisait l'acte par lequel les trois oncles du roi, et
avec eux les comtes d'Arundel, de Warwick, de Staf-
ford et de Salisbury s'étaient engagés, sous peine de
parjure, à restituer la place sur toute réquisition,
contre le remboursement de la somme prêtée. Le roi
reconnut la validité du titre; il le vise dans les pou-
voirs qu'il donne à ses commissaires, pour reprendre
Cherbourg des mains du gouverneur et le livrer aux
commissaires du roi de Navarre. De quel droit les
ennemis plus ou moins avoués de la paix, Glocesler,
Warwick et Arundel, auraient-ils pu lui faire un
crime d'avoir acquitté leur propre obligation (a) ?
L'acte venait de se consommer par la remise de la
place et la quittance de la somme rendue (2 janvier
1304), quand se réunit le parlement (27 janvier).
72 LIVRE SEPTIÈME. [1394]
Ce parlement montra, par un incident grave, com-
bien était forte alors la position du jeune roi , et
comme il était supérieur à tous ceux qui Tavaienl
voulu supplanter. Le comte d'Arundel, l'un des cinq
appelants, Tun des trois premiers meneurs des évé-
nements de Tan x et de l'an xi, parut tout à coup
pris d'un zèle jaloux pour l'honneur et la dignité de
la couronne. Il accusa le duc de Lancastre de man-
quer à ce qu'il devait au souverain, et d'en affecter
lui-même les allures : de se promener avec Richard
en lui prenant le bras; d'avoir amené le roi à porter
ses insignes et à faire prendre à ses gens la livrée de
Lancastre et de Guyenne; de tenir au parlement et
dans le conseil des paroles « si grosses et âpres, »
qu'il ôtait et à lui et aux autres toute liberté de ré-
plique. Il ajoutait d'autres griefs : le duché de Guyenne
donné au duc au détriment du roi ; les sommes qu'il
avait reçues pour son expédition d'Espagne ; les né-
gociations de France (a).
Le roi prit lui-même la défense de l'accusé. Il dit que
s'il se promenait au bras de Lancastre, il ne traitait
pas moin s familièrement ses autres oncles en l'absence
du premier; que c'était lui-même qui, au temps où le
duc revint d'Espagne, lui prit au cou son collier pour
le mettre au sien, et qu'il le voulait porter en signe
d'affection, comme il fait des insignes de ses autres
oncles; que le langage du prince au conseil ne devait
ôter à personne la faculté d'exprimer librement son
opinion; que le duché de Guyenne lui avait été donné
;i394] TA MAJORITÉ DE RICHARD. ' 73
de l'avis du parlement; qu'il en était de même de
l'argent alloué à l'expédition d'Espagne, et que le
trésor, loin d'avoir rien à lui réclamer, serait plutôt
son débiteur pour le ravitaillement du château de
Brest, si les comptes n'en avaient été compensés.
Quant aux négociations de France, il n'avait rien
fait que de l'aveu du roi et du conseil, dont le comte
d'Arundel lui-même était membre; d'ailleurs rien
n'était fait, et Pon était libre de laisser là ce qui avait
été commencé.
Richard fit juge le parlement de ces explications,
qui parurent décisives; et le comte d'Arundel,
n'ayant rien de plus à alléguer, le roi, de l'avis des
lords, le condamna à faire ses excuses au duc de
Lancastre*.
Cette querelle apaisée, le roi soumit au parlement
diverses mesures qui se rattachaient au double objet
présenté par l'archevêque d'York, chancelier, dans
son discours d'.ouverture : la paix au dedans, la paix
au dehors. La ville de Londres n'avait pas encore été
remise en possession de tous les droits dont elle
avait été privée en punition de ses désordres : les
ducs d'York et de Glocester, chargés de faire enquête
avec les autres juges, avaient décidé qu'on lui appli-
querait les peines portées au statut de la vingt-hui-
tième année d'Edouard lil : pour la première fois,
1000 marcs d'amende; pour la seconde fois, 2000
1. Rot. Pari., t. III, p. 313. Les excuses sont données en anglais.
74 LIVRE SEPTIÈME. [1394]
marcs; et, pour la troisième, perte des libertés. Or,
la ville n'en était pas à son premier délit; mais le
roi, à la prière de la reine, avait promis de lui rendre
ses franchises. Toutefois, avant de le faire comme
une pétition du maire l'en suppliait, il modifia sur
un point important sa constitution. Les aldermen sor-
taient de charge tous les ans à la Saint-Georges, et
ne pouvaient être réélus. Le roi trouva cette mesure
dommageable à la bonne administration de la ville,
et, de l'avis de son conseil, il ordonna en parlement
qu'ils demeureraient en place jusqu'à ce qu'ils fus-
sent révoqués pour juste cause. Mais en même temps
il interprétait le décret d'Edouard lll en faveur de
l'administration municipale, et déclarait que les er-
reurs de justice ne rentreraient point dans les cas
prévus par le statut (a).
Diverses autres mesures furent arrêtées encore
pour le régime intérieur du pays et le développement
de son commerce; mais en ce qui touchait la prospé-
rité de l'Angleterre, la grande question était celle du
dehors : la question de la paix. La paix devait coûter
surtout au roi. Il lui fallait abdiquer son titre de roi
de France ; il fallait prêter hommage à celui qu'il
n'avait jamais appelé que du nom d'Adversaire de
France, s'il voulait garder ce qu'il avait encore sur
le continent : car on ne pouvait se flatter que Charles VI
cédât autrement qu'à titre de fief ce que le roi d'An-
gleterre retenait de la Guyenne. Le roi était résolu au
sacrifice, pourvu qu'il fût agréé du parlement, et que
[1394] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 75
nul n'eût le droit d'ajouter à ce qu'il en devait souf-
frir le reproche de l'avoir souffert. Il posa donc la
question aux lords, qui donnèrent leur assentiment
à la paix, pourvu que le roi se bornât au simple
hommage et non à l'hommage lige, gardant ainsi la
liberté de sa personne et de son royaume d'Angle-
terre. Après les lords, les communes furent consul-
tées. Cette fois encore elles eussent préféré ne pas
l'être ! c'est une faveur dont elles sentaient trop l'a-
mertume, quand il fallait donner les mains à une chose
commandée par l'intérêt du pays, mais repoussée
par son orgueil. J. Bussy qui paraît pour la première
fois dans ce parlement comme orateur des commu-
nes, vint enfin apporter leur réponse écrite : garantie
qu'il avait voulue sans doute pour lui-même, k Trois
choses, disaient les communes, étaient traitées dans
les conventions projetées entre les deux couronnes :
hommage lige, souveraineté et ressort : c était ma-
tière trop haute et sur laquelle elles n osaient point
donner conseil; et d'ailleurs elles en étaient dispen-
sées, puisque rien n'était encore résolu et qu'on ne
savait ce qui le serait. Mais les seigneurs spirituels
et temporels, les jugrs, chevaliers et autres nobles du
royaume, considérant létat du pays, ont consenti
que le roi fît hommage pour les terres de (juycime,
sous la réserve qu'il y gardât [)our lui, pour ses sujets
et toutes leurs possessions les mêmes franchises que
ses ancêtres , et que si la paix était enfreinte de quel-
(|ue manière, les choses fussent remises en leur pre-
76 LIVRE SEPTIÈME. [1394]
mier étal. Puisque le roi et les seigneurs a considé-
« rant si tendrement l'état du royaume, » ont jugé
que la paix ainsi faite était pour le mieux, les com-
munes, comme obéissantes, prenant en considéra-
tion le consentement du roi, des seigneurs^ chevaliers
et juges^ consentaient, pour avoir bonne paix, au
traité proposé (a). »
En même temps elles accordaient au roi le subside
dont il avait besoin : et une particularité relevée par
l'acte même de cet octroi, montre combien le gou-
vernement de Richard respectait sur ce point délicat
les libertés du pays. Le parlement tenu à Winchester
l'année précédente avait voté 3 sous par tonne et
12 d. par livre, en réduisant les droits de moitié si
certaines conditions n'étaient pas remplies. Or il y
avait eu quelques difficultés sur ce propos; le parle-
ment seul parut avoir caractère pour les résoudre;
on s'était donc borné à des mesures provisoires : pro-
visoirement la moitié du subside avait été non point
payée^ mais ajournée, les débiteurs donnant cau-
tion. Le parlement trouva qu'on avait bien fait de
ne point payer; mais prenant en considération l'état
du royaume, il accorda le supplément de subside, à
condition que si la paix était faite, quinze jours après
on cessât de le percevoir; et le demi-quinzième, voté
par le dernier parlement exclusivement pour la
guerre, fut mis à la disposition du roi pour les be-
soins du pays (a).
Le parlement fini , Richard , autorisé des lords
ri394^ LA MAJORITÉ DE RICHARD. 77
et des communes, reprit les négociations avec la
France. Les ducs de Lancastre et de Glocester re-
passèrent la mer avec une nombreuse compagnie;
des sauf-conduits furent envoyés aux ducs de Berri et
de Bourgogne et à huit cents personnes de leur suite.
Jamais jusque-là on n'avait déployé tant d'appareil
dans ces rencontres; il semblait que cette fois c'est
la paix même qui en dût sortir. Mais si loin que le
parlement eût cru porter les concessions en autori-
sant le roi à faire hommage pour la Guyenne, il n'al-
lait pas, et Richard n'avait pas la volonté d'aller lui-
même jusqu'où la France prétendait les conduire
avant de sceller par un traité définitif la réconciliation
des deux pays : car, comme Jeanne d'Arc le dira plus
tard, a il n'y avait de paix avec eux qu'en les bou-
tant hors de toute France. » Et ce sentiment national
éclate, à propos même de ces négociations, dans une
chanson du terîips et dans le refrain qui en résume
la pensée :
tt Paix n'arez jà, s'ilzne rendent Galaysl »
Il fallut donc, cette fois encore, laisser de côté ces
projets élaborés et s'en tenir à une prorogation de la
trêve. On la prorogea de la Saint-Michel de l'année
courante, terme où elle finissait, à la Saint-Michel de
l'an 1398; c'étaient encore quatre années nouvelles
retranchées à la lutte des deux peuples, en tout presque
dix ans. De part et d'autre les deux rois comprenaient
leurs alliés dansle traité, à la seule conditions (|u'ils
78 LIVRE SEPTIÈME. [1394]
lissent serment d'en observer les articles. Le roi de
France stipulait pour l'Ecosse, laCastille, l'Aragon, la
Navarre, la duchesse de Brabant; le roi d'Angleterre
pour le roi de Portugal, le duc de Gueldre ; et de plus
l'un et l'autre en même temps pour des puissances
dont ils revendiquaieut Palliance à titre égal : le roi
des Romains, le doge et la commune de Gênes, voire
même pour des principautés revendiquées par des
sujets ou des alliés de l'un ou de l'autre, comme l'île
de Man, que le roi d'Angleterre patronnait au nom de
W. le Scrop, son chambellan, et la France au nom
d'un seigneur écossais (a).
IV
LA CAMPAGNE D IRLANDE.
Cette trêve donnait à Richard loisir et sécurité. H
en voulut user pour régler les relations de l'Angle-
terre avec les deux pays où il sentait qu'il importait
le plus d'affermir son influence et sa domination .
l'Ecosse et l'Irlande.
L'Ecosse était comprise dans la trêve récemment
signée. Des ambassades furent échangées à ce sujet;
il y eut même promesse de mariage entre les deux
familles royales. Néanmoins, on le savait par expé-
rience, les traités ne liaient guère l'Ecosse : « Car
[1394J LA MAJORITÉ DE RICHARD. 79
Escots sont maudites gens, et ne tiennent trêves ni
répit fors quand ils veulent. » De ce côté la grande
question de la paix était toujours en France : sans la
France, l'Ecosse pouvait être un très incommode voi-
sinage : elle n'était point un vrai péril. Il suffit donc
de suivre de près les négociations entamées, et de
tenir des forces à la frontière pour la garder à tout
hasard. Quant à l'Irlande, pays conquis, il n'appar-
tenait vraiment que de nom à la couronne. Richard
en avait bien fait jadis un marquisat de Dublin, un
duché même, et l'on avait dit qu*il en voulait faire un
royaume pour son favori le comte d'Oxford, au grand
scandale de ses ennemis, qui Taccusaient d'aliéner le
domaine royal ; mais le comte d'Oxford eût été bien
misérable, s'il n'avait reçu du roi d'autre don. L'Ir-
lande, si l'on excepte Dublin, était toujours à con-
quérir. « Or l'Irlande, disait un Anglais, qui la con-
naissait bien, à Froissart quand , en ce temps-là
même, il vint en Angleterre, est un des malaisés pays
du monde à guerroyer et à soumettre. » Ses forêts,
ses marais, ses tourbières, offraient un impénétrable
asile à des gens qui s'y trouvaient à l'aise, vivant
comme bêtes sauvages dans des trous ou dans les
buissons. C'était un ennemi insaisissable, et à qui il
était difficile d'échapper quand on s'aventurait dans
ce labyrinthe de bois et de marécages : car ils savaient
se réunir par chemins connus d'eux seuls, fondre à
l'improviste sur leur adversaire dévoyé. Nul ne les
devançait à la course, si bien monté qu'il fut; ilssau-
80 LIVRE SEPTIÈME. [1394]
talent sur le cheval derrière le cavalier, embrassaient
l'homme, Fétreignaient, et, le jetant à bas, le tuaient
de leurs larges couteaux : « Et ne tiennent point un
homme pour mort jusques à temps qu'ils lui ont
coupé la gorge comme à un mouton; et lui ouvrent le
ventre et en prennent le cœur et l'emportent. » On
disait même qu'ils le mangeaient (a) î
Voilà quelle sorte de sujets Richard avait voulu
donner à son favori! Les Anglo-Normands, que le con-
quérant Henri II avait jadis introduits en Irlande, ne
s'y trouvaient plus guère à l'état de race pure qu'à
Dublin : marchands ou soldats', entretenus dans le
pays par les relations ordinaires de l'Angleterre avec
sa conquête. Partout ailleurs ils s'étaient alliés aux
indigènes, et leurs descendants, établis généralement
le long des rivages, dans un cercle dit « l'enclos an-
glais, english pale , » y faisaient une race fort peu
amie de la race pure : on les appelait les Irlandais
rebelles; ou bien ils avaient laissé la place (et c'était
de beaucoup la plus grande) aux anciens habitants,
aux Irlandais sauvages^ comme on disait. Pour ces
derniers, les hommes de la frontière en faisaient le
plus triste tableau. Ils avouaient qu'ils n'avaient pu
apprendre « ni la manière du pays, ni la condition
des Irlandais, » si ce n'est que c'é aient « très-dures
gens, rudes et hautains, » ne faisant compte « de
nulle joliveté ni de nul gentilhomme : car quoique
leur pays soit gouverné souverainement par rois,
doKt il y a grand foison en Irlande, si ne veulent-ils
[1394] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 81
avoir nulle connoissance de. gentillesse, mais veulent
demeurer en leur rudesse, et en ce sont-ils nourris. >;
Avec eux l'état de guerre était permanent : ils étaient
hors la loi; et si on leur donnait le nom de sauvages,
on les traitait à peine comme des hommes. « Notre
loi, disait John Davis, ni ne protège leur vie, ni ne
venge leur mort. « C'était pis que la loi des Douze
Tables : Adversus hostem œterna auctoritas esto (a).
Richard, qu'on avait tant accusé d'aliéner un pays
dont au fond l'Angleterre ne possédait presque rien,
voulut y passer en force. Il était temps, s'il voulait
ne pas perdre le peu qu'elle y eût. A la mort d'Ed-
mond Mortimer (1382), Roger son fils, nommé à sa
place lieutenant d'Irlande, n'était qu'un enfant; et
après la nomination de Robert de Yère aux titres
que l'on a vus, les troubles de la onzième année (1 387)
ayant fait avorter Texpédition projetée en sa faveur,
le désordre était devenu extrême. Les Irlandais jadis
soumis étaient en révolte, et prêts à se confondre avec
les Irlandais sauvages. C'est vers l'Irlande que Richard
avait porté les yeux, quand il négociait avec la France
et l'Ecosse; et le parlement y songeait aussi en lui
votant un subside de guerre. La trêve avec la France
à peine signée, et tandis que des messagers allaient y
inviter l'Ecosse, le roi ordonna à tous les Irlandais
d'origine anglaise, revenus en Angleterre, de retour-
ner dans leur pays pour l'y attendre; et il s'apprêtait
à partir; quand mourut la reine Anne (7 juin), celte
jeune princesse qu'il avait tant aimée, qui ne le quit-
ri— 6
82 LIVRE SEPTIÈME. [1394]
tait jamais dans ses voyages, qui fit le charme et qui
demeure la défense de sa vie contre les calomnies de
l'histoire. Toute l'Angleterre la pleura pour ses grâces
et pour ses bienfaits. Quant à Richard, sa douleur
fut extrême. Le château de Sheen, où la reine était
morte (où était mort aussi Edouard III), il le fît
détruire, et pendant toute une année il fuyait les
lieux qui lui rappelaient sa présence, excepté l'église.
Cet événement, qui suspendit son départ, ne pouvait
donc pas l'empêcher ni même le retarder longtemps :
la campagne projetée devenait pour lui comme un
refuge dans sa peine et un moyen de s'arracher, s'il
était possible, à ses cruels souvenirs. Il fit partir le
duc de Lancastre pour l'AquitainC;, et vers la Saint-
Michel, laissant le duc d'York pour son lieutenant en
Angleterre, il se rendit lui-même en Irlande, emme-
nant avec lui son troisième oncle, le duc de Glo-
cester (a).
Le passage se fit par trois ports, et dura un mois.
Les Anglais trouvaient en Irlande, comme avant-
garde, le comte d'Ormond, autour duquel se ral-
liaient les familles anglo-normandes, introduites à
Dublin et aux environs par la conquête. Le débarque-
ment n'offrait donc aucun péril, et ils surent, dès leur
arrivée, prendre leurs logis et se pourvoir : « Car les
Anglais sont gens tous faits de la guerre, qui bien
savent fourrager et prendre l'avantage, et penser
d'eux et de leurs chevaux quand métier est. » Les
plus dévots ou les plus curieux allèrent visiter le trou
[1394] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 83
Saint-Patrick, et l'un d'eux dit à Froissart qu'il y
avait eu en rêve les visions les plus étranges; mais
au sortir de là (quelle déception pour le chroniqueur!)
il avait tout oublié. Malgré ce déploiement de forces,
et peut-être grâce à cela, il n'y eut point de bataille.
Le roi, sa marine aidant, enveloppa en quelque
sorte l'Irlande de ses troupes; il ébranla dans leurs
résolutions, en interceptant tout arrivage, ceux qui
vivant sur les frontières d'Angleterre, étaient plus
anglais, et usaient de marchandise; et quant aux
autres, qui ne savaient ni ne voulaient savoir ce
qu'était marchandise, « vivant rudement et grosse-
ment, pareillement comme bêtes, » il les étonna par
ce grand appareil. Jamais , même au joiir de la con-
quête, semblable armée n'avait paru en Irlande. De
plus, sachant que les Irlandais, peut-être en haine
des conquérants normands, avaient en vénération
Edouard le Confesseur, Richard laissa les armes d'An-
gleterre, les léopards et les fleurs de lis, pour prendre
celles du saint roi anglo-saxon, la croix d'or et les
blanches colombes. Les Irlandais en furent touchés, et
le comte d'Ormond fit si bien que quatre des princi-
paux rois du pays vinrent à Dublin se soumettre.
Richard, convaincu que le plus sûr moyen de s'atta-
cher l'Irlande était de la civiliser, voulut commencer
* par ces rois, et entreprit leur éducation (a).
On choisit pour la diriger un chevalier nommé
Henri Grystède (Cristall), formé lui-même à la
langue et aux habitudes du paiys, par suite de la plus
84 LIVRE SEPTIÈME. [1394]
étrange aventure; et c'est lui-même qui en fit le récit
à Froissart. Un jour qu'il accompagnait le comte
d'Ormond dans une de ses courses contre les indi-
gènes, et leur donnait la chasse, monté sur un de ses
chevaux les plus vifs, le cheval l'ayant emporté trop
avant, l'un des Irlandais lui sauta en croupe, à la
manière que l'on a vue, Tétreignit dans ses bras,
mais ne le frappa ni de lance ni de couteau, et ne
songea point davantage à lui prendre et manger le
cœur. Il se contenta de pousser le cheval droit devant
lui, mena le prisonnier en sa maison oij il lui donna
sa fille en mariage. Crystède en eut deux filles et
vécut sept ans chez son beau-père. Il y serait demeuré
davantage, si ce dernier n'eût été pris dans une
guerre contre les Anglais avec le cheval dont il avait
jadis fait la capture. Le cheval reconnu mit sur la
trace du chevalier captif; et l'Irlandais ne recouvra la
liberté qu'en la rendant à son gendre. La femme
suivit son mari en Angleterre avec l'une de ses deux
filles; l'autre demeura près du vieillard*.
Ce fut ce chevalier que l'on chargea de « gouverner,
conduire et ramener à raison et à l'usage d'Angle-
terre » les quatre rois d'Irlande; et la besogne n'était
point petite: car, dit le chevalier « je les trouvai très-
rudes et de gros engin , et eus grand peine à les
adoucir et modérer leur parole et nature, et toutefois
si elle est en aucune chose brisée, ce n'est pas gran-
1. Froissart, IV, 42.
[1394] LA MAJORITE DE RICHARD. 85
dément; encore se retraient ils toujours en plusieurs
cas à leur rudesse '.
Le roi d'Angleterre voulait en faire des chevaliers
et leur en donner les manières. On avait disposé à Du-
blin un grand et fort bel hôtel pour eux et pour leurs
gens; et ce fut là que Crystède commença leur ap-
prentissage. Il fut trois ou quatre jours dans leur com-
pagnie, les observant afin de les connaître et ne fai-
sant rien que selon leur volonté : « Et je vis, dit-il,
à ces rois séans à table faire contenances qui ne me
sembloient ni belles ni bonnes; et dis en moi-même
que je leur ôterois. Quand les rois étoient assis à
table et servis du premier mets, ils faisoient seoir
devant eux leurs ménestrels et leurs plus prochains
varlets, et manger à leur écuelle, et boire à leurs
hanaps; et me disoient que tel étoit Tusage du pays :
réservé le lit, ils étoient tous communs. Je leur
souffris tout ce faire trois jours, et au quatrième jour
je fis ordonner tables, et couvrir en la salle , ainsi
comme il appartenoit; et fis les quatre rois seoir à
haute table, et les ménestrels à une table bien en sus
d'eux, et les varlets d'autre part; dont par semblant
ils furent tout courroucés. Et regardoient l'un sur
l'autre, et ne vouloient manger; et disoient que on
leur ôtoit leur bon usage auquel ils avoient été
nourris. Je leur répondis, tout en riant pour eux
apaiser, que leur état n'étoit point raisonnable à être
1. Froissart, IV, k2.
86 LIVRE SEPTIÈME. [1394]
ainsi comme au devant ils l'avoient fait; et qu'il leur
convenoit laisser et eux mettre à Tusage d'Angleterre,
car de ce faire j'en étois chargé, et me l'avoit le roi
et son conseil baillé par ordonnance*. »
Une autre chose qui scandalisait le chevalier et à
quoi il chercha aussi remède, c'est qu'ils ne portaient
nulles brayes (culottes). 11 leur en fît faire, ainsi que
houppelandes et vêtements de toutes sortes, qu'il
leur distribua à eux et à leurs gens; mais le difficile
était de les en revêtir, eux qui se trouvaient suffisam-
ment parés d'un grossier manteau, « et chevauchoient
sur bâts dont on fait sommiers, sans nuls étriers. —
A grand dur (peine), ajoutait Crystède, je les fis
chevaucher sur selles à notre usage ^ »
Ils étaient donc loin de pouvoir faire des chevaliers
accomplis; mais quand on leur parla de le devenir,
ils répondirent qu'ils l'étaient déjà ; que tout roi
d'Irlande fait son fils chevalier dès l'âge de sept ans;
qu'à cet âge l'enfant est armé de lances faites pour
sa taille, et qu'il doit s'essayer à les rompre contre
un écu attaché à un pieu dans la prairie : « Et comme
plus il brisera de lances, tant sera-t-il plus honoré. »
Mais on leur fit comprendre que la chevalerie s'en-
tendait en Angleterre d'autre façon ; qu'elle se con-
férait dans l'Église (le chevalier-précepteur s'était
enquis de leur foi, et les avait trouvés sur la Trinité
et sur le pape aussi forts que lui-même); et le
1. Froissait, IV, 42.
2. Ibid.
[1394] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 87
comte d^Ormond, qui parlait aussi leur langue, s'y prit
de telle sorte qu'illes sut faire consentir à la cérémonie.
On les mena à la cathédrale de Dublin, et après la
veillée d'armes, le jour de l'Annonciation, ils reçu-
rent en grande pompe la chevalerie de la main du
roi Richard. Le plus curieux de la cérémonie, c'étaient
assurément ces quatre rois, demi-sauvages, dans leur
nouvel et riche accoutrement; Froissart ne se console
pas d'être arrivé trop tard pour assister à ce spectacle \
Ce succè» de Richard avait fait une heureuse im-
pression en Angleterre. Le conseil lui en adressa ses
félicitations, et le parlement fut bientôt mis en de-
meure lui-même de lui témoigner les sentiments du
pays par ses votes. L'expédition avait coûté beaucoup
d'argent, et il y fallait pourvoir. Le roi avait eu la
pensée de réunir l'assemblée à Nottingham. Sur la
demande du conseil, qui lui représentait que les sei-
gneurs et le peuple seraient mieux disposés à l'aider
s'il les convoquait en un lieu plus commode, il fit
adresser, selon la coutume, les convocations pour
Westminster. Le duc d'York était chargé de l'y re-
présenter, et le duc de Glocester fut envoyé d'Irlande
pour exposer les besoins du roi, ses efforts, ses espé-
rances. Le roi pouvait-il mieux marquer sa confiance
en son oncle, et sa sécurité*?
Rien, en effet, ne la devait troubler en ce qui tou-
chait le parlement (27 janvier 1395). Le chancelier
1. Froissart, IV, 42.
2. Lettres du conseil au roi (octobre et novembre 1394). Procee-
88 LIVRE SEPTIÈME. [1395]
aurait pu se dispenser de lui remontrer qu'on devait
honorer le roi pour trois causes : parce qu'il honorait
Dieu et l'Église; qu'il voulait faire droit et justice à
tous; qu'il avait toujours été plein de pitié et de mi-
séricorde, sans esprit de vengeance; et arriver sans
plus de phrases à sa conclusion ; qu'il fallait de l'ar-
gent. Le parlement n'en refusa point. Le subside des
laines durant toujours, les communes, pour honorer
le courage du roi et lui donner un signe de leur af-
fection, lui votèrent un quinzième et un dixième à
lever sur les laïques (selon la distinction ordinaire
des cités ou bourgs et des campagnes), en deux
termes, à la Pentecôte et à la Saint-Martin; elles y
faisaient toutefois cette réserve, qu'elles n'avaient
jamais eu et ne devaient jamais avoir à contribuer
pour les guerres d'Irlande^ et que ce vote ne ferait
point précédent (a).
Le parlement faisait cette réserve parce que l'Ir-
lande était regardée comme la chose du roi ; et le
conseil eut une autre occasion de montrer quels
étaient les sentiments de la nation anglaise à l'égard
de ce malheureux peuple.
Richard, en ramenant l'Irlande à l'obéissance, n'a-
vait pas méconnu les griefs légitimes qui avaient jeté
dans la révolte les populations jadis soumises à sa
loi. Il était donc résolu à user de beaucoup d'indul-
gence envers les rebelles, et à prévenir, par une ad-
dings and Ordinances of the privy Council^ t. I, p. 50 et 62; Parle-
mPTit de la xyiii^ année (27 janvier 1395). Rut. Parl.^ t. III, p. 329.
[1395] LA MAJORITÉ DE RICHARD. 89
ministration mieux ordonnée, les causes de la ré-
volte. Il s'en expliqua clairement dans une lettre au
conseil. Il se proposait de tenir un parlement à Du-
blin aux octaves de Pâques, et il annonçait l'inten-
tion de proclamer l'amnistie, si toutefois le conseil
l'approuvait : car même à cette distance, et quoi-
que entouré de seigneurs dont il prenait l'avis, il ne
voulait rien faire, en cas si grave, sans l'agrément de
son conseil ordinaire. La réponse fit bien voir comme
le jeune roi, par son esprit d'équité, s'élevait au-
dessus des hommes de son gouvernement. Les
membres du conseil lui déclarent que leur avis,
quand Glocester leur avait soumis la question au
temps du dernier parlement, avait été de faire le
procès aux rebelles : néanmoins ils se rendent aux
raisons que le roi fait valoir dans sa lettre, pourvu
toutefois qu'on mette à rançon les amnistiés, afin
d'en tirer le moyen de subvenir à l'administration du
pays et de soulager d'autant le peuple d'Angleterre (a).
Le roi, du reste^ avait l'espoir de rendre la charge
moins pesante pour l'Angleterre et pour l'Irlande
même, comptant bien qu'après cette démonstration
de ses forces, les moyens pacifiques dont il essayait,
auraient plus de succès. Mais cela même se ratta-
chait à des projets dont il devait poursuivre ailleurs
la réussite; et^ dans ce même temps, il était rappelé
en Angleterre. Le conseil lui avait écrit pour lui dire
combien on y sentait le besoin de sa présence. Les
Écossais ne paraissaient pas vouloir garder les trêves.
00 LIVRE SEPTIÈME. [1395]
et il y avait plusieurs autres affaires qu'on se réser-
vait de lui exposer à son retour. Il se rendit à cette
invitation. Après la cérémonie que l'on a vue, il
confia l'Irlande à son cousin, le jeune Roger Morti-
mer, comte de la Marche, Théritier de sa propre
couronne, et revint en Angleterre, où lui-même vou-
lait soumettre à son conseil le dessein qu'il avait
dans l'esprit (mai 1395)
1. Lettres du conseil (mi-février 1395). Elle est signée par York,
Derby, Arundel, Warwick, Northumberland, etc. ; Proceedings^ 1. 1,
p. 57-59; — Retour du roi, Knighton, p. 2742.
Cj§u>
LIVRE HUITIEME.
L'ALLIANCE FRANÇAISE.
Ce qui précède a déjà fait voir quelle fermeté et
quelle sagesse le jeune roi, rentré en possession de
sa prérogative, avait apportées au gouvernement du
pays : le royaume pacifié à l'intérieur, sans aucune
réaction après tant de violences et d'outrages ; une
restauration des droits méconnus, sans qu'aucun des
autres leur fût sacrifié; chacun remis et maintenu à
sa place; le roi au sommet du pouvoir, ses oncles au
premier rang dans le conseil et dans les dignités ; le
parlement régulièrement réuni pour prendre sa part
au gouvernement selon la forme accoutumée ; et l'o-
pinion publique ménagécî par une administration
attentive à recueillir toutes les plaintes légitimes,
sans se laisser aller à d'aveugles entraînements.
Depuis six ans que Richard avait repris le gou-
vernement des mains de Glocester, il avait persévéré
dans la ligne de conduite qu'il avait si nettement
92 LIVRE HUITIÈME, [1391-1395]
marquée au premier parlement de 1390. Les abus
n'avaient pas été déracinés sans aucun doute. Les par-
lements dénonçaient bien encore les prises de pos-
session de terres à main armée; les livrées des-
grands portées par les gens du peuple pour s'assurer
l'impunité, ou les seigneurs siégeant parmi les juges
dans les assises pour fausser la justice ; les gens de
Chester ou de Galles rançonnant les marchands qui
traversaient leur pays, ou allant piller les comtés
voisins; les malfaiteurs, devenus libres, faisant
trembler ceux qui avaient déposé contre eux. Ils re-
nouvelaient toujours leurs plaintes contre les empié-
tements de la juridiction des amiraux ou de la justice
seigneuriale, contre les abus des agents forestiers, ou
des employés inférieurs, soit des tribunaux, soit du
Trésor. Mais les réponses aux pétitions et les statuts
qui les sanctionnent montrent comme le roi savait
porter remède aux maux qui lui étaient signalés. Il
veut assurer, contre les arrestations arbitraires, la
liberté individuelle, comme la première des libertés
publiques proclamées et garanties dès l'ouverture de
tous les parlements; ramener dans leurs limites les
juridictions exceptionnelles, tout en gardant sa pré-
rogative; affermir l'autorité des juges de paix; répri-
mer les abus de ses agents, ou de ceux des villes,
car les communes les plus ardentes à se plaindre
n'étaient pas les plus pures de tout excès : la ville de
Londres, par exemple, prélevait une tête de bétail,
n'y en eût-il que trois, et la meilleure, sur les bes-
[1391-1395] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 93
tiaux amenés au marché de Smithfield. Il vient en
aide aux vicomtes par la réduction des charges qui,
en leur incombant, pesaient encore sur les comtés. Il
dégrève^ aux dépens du trésor, les populations qui
avaient souffert de la guerre. Il veut relever la ma-
rine par des privilèges combinés de telle sorte, qu'elle
prête sa force à l'Etat sans apporter d'entraves aux
transactions des marchands; assurer la libre cir-
culation des rivières par la destruction des mou-
lins ou batardeaux indûment construits ; étendre le
commerce et lui créer plus de facilités, en rendant
effective l'unité des poids et mesures, déjà décrétée
sans qu'on ait" pu vaincre encore les résistances lo-
cales; tempérer la rigueur des droits existants ; en-
courager les producteurs en relevant, à l'occasion,
le prix du blé, en soutenant le prix des laines, en
favorisant les premiers essais de Tindustrie natio-
nale. En matière de commerce, on ne peut signaler
qu'une mesure rétrograde, et s'il la prit, ce fut sur les
instances de la ville de Londres et pour lui complaire :
il restreignit la liberté qui avait été assurée aux mar-
chands étrangers en Angleterre, en leur retirant le
droit de vendre au détail toute autre chose que des
vivres (a).
Parmi les questions relatives au commerce exté-
rieur, il en est une qui n'avait pas cessé d'être agitée,
parce qu'elle mettait aux prises les plus grands inté-
rêts du pays, je veux parler de l'étaple ou marché
pour la vente des produits de l'Angleterre à l'étranger.
94 LIVRE HUITIÈME. [1391-1395]
L'étaple, que Michel de la Pôle avait ramenée de
Calais en Angleterre, avait été transférée à Middel-
bourg dans l'île de Walcheren ( aux bouches de
l'Escaut), comme pour faire de nouvelles avances
à la Flandre. L'Admirable Parlement avait demandé
qu'elle fût reportée à Calais : il avait été répondu que
le conseil verrait s'il convenait de la rétablir à Calais
ou de la ramener en Angleterre; et le statut de Cam-
bridge, rendu encore sous l'influence de Glocester,
•avait décidé qu'elle serait fixée à Calais. La première
chose que redemanda le parlement, dès que Richard
eut repris le gouvernaif, ce fut qu'on la rame-
nât en Angleterre après un court délai, délai qui
n'était point encore expiré à la réunion du parle-
ment suivant, et qui fut prorogé d'un mois encore :
mais, par le fait, il dura davantage. En 1391 (no-
vembre) , on imagina une sorte de transaction. Il fut
ordonné qu'au lendemain de la clôture du parlement,
sans autre forme, et jusqu'à la Saint-Jean, l'élaple
serait en Angleterre aux heux marqués par le statut
de la vingt-septième année d'Edouard III ; les mar-
chands étrangers ou indigènes avaient liberté d'a-
cheter les laines, les toisons et les cuirs aux éleveurs
de brebis, comme aux autres, de les amener eux-
mêmes aux villes d'étaple, et ensuite, les droits payés,
où ils voudraient au delà des mers, à lacharge d'appor-
ter en des lieux déterminés une once d'or non monnayé
par sac de laine. Après la Saint- Jean, l'étaple devait
être dans les ports et les villes les plus proches de la
[1391-1395] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 95
mer, désignées par le conseil; mais en même temps
les marchands étaient obligés de porter les laines
qu'ils y auraient prises^ et le poids d'or voulu à Ca-
lais; et cela devait durer jusqu'au prochain parle-
ment; or, le parlement suivant fut muet sur la ques-
tion de l'étaple. Calais conservait donc en grande
partie son privilège. Les marchands de 1 Ouest,
comme on disait (Génois, Vénitiens, Catalans, qui,
remontant la Manche, venaient par l'Ouest), conti-
nuaient d'en être exempts; ceux de TEst (France,
"Flandre, Allemagne) y trouvaient peu de dommage :
c'est évidemment l'Angleterre qui en souffrait le plus.
Mais la paix que l'on négociait, commandait qu'on s'y
résignât. Si on ne voulait abandonner Calais aux
Français, il ne fallait point le détacher d'avance des
intérêts de l'Angleterre. Plus la France faisait d'in-
stances pour recouvrer une ville qui, de sa nature,
inclinait vers elle, plus il importait de la retenir par
quelque grand avantage : ce qu'Edouard III avait fait
quand il la prit, ce qu'il avait refait quand, à la fin
de son règne, il craignait de se la voir reprendre,
Richard était contraint de le faire encore, pendant
ces conférences qui se tenaient presque aux portes de
Calais; et si quelques intérêts froissés faisaient ré-
clamation, le parlement était d'accord avec lui pour
y fermer l'oreille. Calais, en effet, n'était point pour
les Anglais une ville comme une autre, comme Bor-
deaux par exemple, qui était purement et simplement
l'héritage des rois. C'était une ville conquise par
96 LIVRE HUITIÈME. flSQl-lSOô]
Tépée, et le lieu où se résumait, en quelque sorte^ à
leurs yeux, toute leur domination sur le continent.
Afin de la garder plus sûrement, il n'y avait pas de
trop grand sacrifice : pour retenir Calais à l'Angle-
terre, les Anglais, ce n'est pas trop dire, s'enchaî-
naient à Calais (a).
Sur la question de l'étaple, Richard avait donc
suivi le mouvement de Topinion de son pays, et il
obéissait au parlement quand il reprenait ou rendait
à Calais cet important privilège. Cette communauté
de sentiments et d'action lui donnait plus de force
pour se refuser aux demandes des communes, sur
des points où il les trouvait contraires à la justice.
Il y avait toujours en Angleterre comme un sourd
retentissement des troubles qui avaient agité le pays
au commencement de son règne, quand Wicleffou les
disciples de Wicleff prêchaient une doctrine si mena-
çante pour l'État et pour l'Église, et que les paysans
se soulevaient contre l'ordre établi. Par une contra-
diction dont peut-être elles ne se doutaient pas, les
communes, tout en inclinant sur bien des points vers
les 'idées de Wicleff, s'effarouchaient des moindres
signes du réveil des paysans, et ne songeaient qu'à les
tenir sous le joug. En janvier 1390, on l'a vu, elles
demandaient encore le maintien dans toute sa rigueur
de la dure loi des laboureurs et des artisans, avec
les aggravations du statut de Cambridge qui fixait le
taux des salaires; et le roi en y adhérant y mettait
toutefois cette réserve : que les juges de paix calcu-
[1391-1395] l'alliance FRANÇAISE. 97
leraient les salaires sur le pri\ des denrées : un ren-
chérissement des vivres eût pu réduire les ouvriers à
mourir de faim. En 1391, elles demandent qu'aucun
vilain ou serf d'évêque, d'abbé ou de prieur ne puisse
prendre terre à redevance (fee) , prétendant que par
cette voie les terres des laïques passaient au clergé,
elles veulent de plus que les serfs ne puissent en-
voyer leurs enfants à l'école, de peur que de l'école
ils n'entrent eux-mêmes dans l'Église; et d'autre
part; les chevaliers des comtés se plaignent que les
serfs cherchent un refuge dans les cités et les bourgs,
et que les bourgeois résistent aux ministres des sei-
gneurs qui veulent les arrêter nonobstant les fran-
chises. Ils demandent que les gens des seigneur?
aient le droit d'entrer dans les villes et de saisir
leurs fugitifs, sans que personne ni que rien s'y
puisse opposer. Sur ce point, comme sur l'autre,
Richard se refuse à sanctionner le bill. Il y est dit
pour toute réponse : Le roi s'avisera ^
Cette même réserve qu'il garde en faveur des
paysans, il en fit preuve devant les réclamations
qui concernaient l'Église.
La doctrine de Wicleff n'avait ému que par contre-
coup les campagnes. Quant à l'Église, c'est contre
elle qu'elle était ouvertement dirigée; et ici les con-
voitises que le clergé excitait par l'étendue de ses
1. Rot. Pari, t, III, p. 268 § 38 (1390); p, 294, § 39, et p. 296.
§ 51 (1391).
11 — 7
98 LIVRE HUITIÈME. [1391-1395]
domaines, les intérêts même qu'il froissait par l'usage
plus ou moins mesuré de ses droits, donnaient aux
idées de Wicleff des partisans, non pas seulement
dans le peuple et dans les représentants des com-
munes, mais jusque parmi les lords. On se souvient
de l'appui prêté à Wicleff lui-même dans son procès,
par le duc de Lancastre, sans que le prince cessât
d'être le « pieux duc de Lancastre » pour le chanoine
de Leicester (Knighton)^ et même pour le moine de
Saint- Alban (Walsingham), historiens de ce temps-
là. Mais quoi? le novateur avait des adhérents jusque
dans l'Église. En 1387, un des prédicateurs institués
par le légat du pape pour prêcher la croisade, en
faveur de Lancastre^ contre les Espagnols, sectateurs
de Clément VII, se mit à enseigner la doctrine de
Wicleff. Les lollards, grâce à ces éléments pris dans
l'Église, se faisaient une Église. Ils instituaient des
prêtres à la façon des évêques, qui liaient et déliaient
ni plus ni moins que le pape , disaient la messe ,
administraient les sacrements ; et les évêques, dit
Walsingham (n'oublions pas qui le dit, car la pas-
sion de l'auteur n'est pas moins engagée sur ce
chapitre que sur celui du roi), les évêques le su-
rent : mais ils laissaient leurs brebis exposées à
la gueule des loups. Il n'y eut, ajoute-t-il, que
l'évêque de Norwich (sit nomen ejus benedictum ! )
qui fit tête au fléau. // jtira, et ne s'en repentit pas
(on sait, en effet, qu'à cet égard il aurait bien pu tenir
ses promesses), que si un de ces hérétiques prê-
[1391-1395] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 99
chait dans son diocèse, il en appellerait au feu ou
au glaive (a).
Les évêques d'Angleterre, quoi qu'en dise Wal-
singham, n'étaient pas indifférents au progrès des
lollards. L'archevêque de Ganterbury les excommunia
cl plusieurs reprises : mais ils répondaient aux ex-
communications en publiant des propositions nou-
velles; et, à défaut de sermons dans les églises, ils
faisaient courir des chansons dans la foule. D'ailleurs,
au-dessous des docteurs que l'excommunication attei-
gnait, il y avait ces adhérents obscurs qui, quel qu'en
fût le nombre, faisaient masse par leur union, et
figuraient le peuple dans les troubles des cités. La
ville de Londres eût pu passer pour gagnée tout en-
tière aux lollards, à voir comme ils y étaient re-
muants et hardis. En 1395, pendant que le roi était
en Irlande, ils osèrent afficher sur les murs de Saint-
Paul de Londres et de Saint-Pierre de Westminster
leurs diatribes contre les personnes et contre les
dogmes de l'Église, et envoyer même leurs conclu-
sions au parlement. Comptant sur Tappui d'un cer-
tain nombre de seigneurs qui s'étaient faits leurs
patrons, Stury, Latimer, J. de Montaigu (depuis
comte de Salisbury), ils se croyaient déjà, dit Wal-
singham, à la veille de mettre la main sur les biens
de l'Église. Le danger parut si menaçant, que l'ar-
chevêque d'York, Thomas Arundel, et Tévêque de
Londres allèrent en Irlande presser le roi de revenir
en Angleterre (b).
100 LIVRE HUITIÈMP:. [1391-1395]
Mais l'ardeur de la secte ne se manifestait pas seu-
lement dans ces troubles des rues, ou par des pla-
cards publics : elle se faisait sentir jusque dans le
parlement. On peut, en effet, sans se tromper beau-
coup, rapporter à l'influence de l'esprit de Wicleff ce
redoublement d'hostilité contre la cour de Rome,
que trahissaient tant de pétitions des communes. Il
y avait assurément plus d'un fondement à ces plain-
tes. Les biens de l'Église s'étaient démesurément
étendus en Angleterre, et ces biens n'étaient même
pas toujours laissés à des sujets anglais, grâce à
l'abus des nominations en cour de Rome. Le mal
était ancien, et la résistance presque aussi vieille que
le mal : on n'avait pas attendu Wicleff pour promul-
guer le statut des proviseurs. Mais, en voulant ré-
primer un abus, on pouvait aller jusqu'à méconnaître
des droits légitimes; et la sanction donnée à ces lois
restrictives avait été poussée à un excès de rigueur
sans proportion avec la nature du délit \
Richard, qui avait tenu un langage si ferme et si
sévère vis-à-vis de la cour pontificale, n'hésita point
à user de son ascendant pour éviter un éclat dange-
reux, et ramener les esprits à la paix. Les parlements
de 1391 et de 1393, on l'a vu, l'avaient autorisé à
tempérer dans son application le statut des provi-
seurs. Loin de songer à l'affaiblir, il en proclama de
nouveau solennellement le principe. Dans le statut
1. Voyez ci-dessus, p. 29.
[1391-1395] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 101
de 1393, il avait pris ouvertement la défense de ceux
que le saint-siége menacerait à propos de ce statut,
et mis hors de sa protection quiconque se ferait pro-
vocateur ou exécuteur de ces menaces. Mais cette
attitude résolue n'était pourtant pas d'un homme qui
voulait le combat. L'adoucissement qu'il avait ap-
porté aux peines sanglantes votées jadis par le parle-
ment, et l'autorisation qu'il avait demandée pour
déroger au statut s'il en était besoin, en étaient bien
la preuve. Il en usa pour régler équitablement le
passé, et, à ce prix, il put sauver l'avenir. Au parle-
ment de 1 394, où il devait rendre compte de l'usage
qu'il aurait fait de ses pouvoirs, il n'est question
que d'un seul abbé, qui, pourvu par le pape de Tévêché
de Landaff, est autorisé à en prendre possession, avec
cette clause, que cela ne tire point à conséquence. Si,
d'ailleurs, le parlement se relâchait de sa rigueur à
l'égard des nominations en cour de Rome, il ne se
montrait pas plus disposé à tolérer les abus qui pou-
vaient naître de l'institution de bénéficiaires étran-
gers ou non résidents. Sur sa réclamation, le roi
ordonna, quant aux non résidents, qu'une partie des
revenus du bénéfice fût mise en réserve pour servir
au'x besoins des pauvres de la paroisse, le vicaire
étant d'ailleurs suffisamment doté; et en 1394, le
parlement ayant demandé que les patrons des églises
s'abstinssent de présenter désormais des titulaires
qui ne satisferaient pas aux obligations de leur
charge, il renvoya la pétition aux évêques, les invitant
102 LIVRE HUITIÈME. [1391-1395]
à remplir dûmenl leur office. Quant aux prieurs
étrangers, il était difficile d'ajouter à la rigueur des
lois rendues contre eux. Leurs prieurés étaient frappés
d'une sorte de séquestre, et la répression de Tabus
en avait fait naître un autre. Des laïques s'en étaient
emparés, interrompant le service divin, ou tout au
plus ayant un clerc pour gérer le bénéfice à leur
profit. Le roi, dès le premier parlement de son admi-
nistration nouvelle (janvier 1390), avait accueilli la
plainte des prieurs sur ce point. Tout en sanction-
nant le principe de Tordonnance de la première année
de son règne, il maintenait ou remettait en possession
ceux qui avaient été légitimement investis, ordonnant
qu'en leur absence le bénéfice fût rempli par des
gens d'église à des conditions raisonnables; et la vio-
lence n'ayant point cessé à leur égard, il renouvela
sa décision au parlement de 1393 (a).
Par ce coup d'œil jeté sur l'administration person-
nelle de Richard, on voit avec quelle droiture, quelle
modération et quelle prudence il avait gouverné son
royaume, et ce qu'il faut penser des accusations qui
s'attaquent à sa personne, à son caractère, à sa mo-
ralité, enveloppant indistinctement dans la même
réprobation toutes les époques de son règne. Richard,
en qui Ton ne veut voir qu'un despote, ne fait rien
qu'avec le parlement. Il le réunit aux termes ordi-
naires. Il le consulte, il le contraint, en quelque
sorte, à lui donner un avis qui serve de règle à sa
conduite, même sur les points où il pourrait agir
[1391-1395] l/ALLIANCE FRANÇAISE. 103
sans prendre conseil que de soi-même (les traités de
paix); et si la politique veut qu'on adoucisse quel-
ques lois dans la pratique (le statut des proviseurs),
il se fait donner l'autorisation à l'avance, s'obligeant
à en rendre compte au prochain parlement. Il ne
lève aucune taxe qui ne soit votée : cet article, qui
fut le sujet de tant de remontrances sous Edouard III,
ne donna lieu (les actes du parlement sont là qui
le prouvent) à aucune plainte contre Richard. Il en
respecte le principe, comme si des siècles 1 eussent
déjà consacré; il le respecte dans toutes ses applica-
tions, et, s'il y a doute, il s'abstient; il souffre que
l'impôt soit suspendu jusqu'à ce que le parlement in-
terprète lui-même sa décision, et dise si l'on doit
payer. L'impôt voté ne le rendait pas moins lourd,
sans doute^ et il y avait bien des taxes servant de
supplément aux revenus du domaine : droit de sortie
sur les laines et autres produits du sol, droit d'entrée
sur le vin, droit de vente sur toute autre marchan-
dise, et, presque annuellement, dixième ou quin-
zième : mais ce n'est pas Richard qui avait inventé
ces impôts, et il n'en usa pas plus qu'on ne fit avant
ou après lui. Il fit même une fois ce qu'avant ni après
lui on ne fit guère : il remit la moitié d'une de ces
taxes votées pour Tannée. S'il y eut des soulTrances,
s'il y eut des désordres encore pendant le temps de
son administration, les plaintes qui les révèlent n'é-
galent pas celles des communes dans les années de
sa minorité, alors que la direction des afTaires était
104 LIVRE HUITIÈME. [1391-1395]
pourtant au parlement lui-même; et l'on peut croire
cette assemblée, quand, après avoir donné par son
langage et ses réclamations sur d'autres points des
marques suffisantes de son indépendance, elle lui
rendit grâces à deux reprises de la façon dont il gou-
vernait l'État (a).
Voilà des actes qui, aux yeux de l'historien, va-
lent bien les diatribes écrites après sa chute, sous l'in-
spiration et peut-être au service de ses ennemis. Si
Sharon Turner n'avait pas supprimé toute cette pé-
riode (une période de neuf ans ! ) dans son histoire^ il
aurait mieux jugé ce qu'il faut prendre ou laisser
dans les déclamations du temps. Il n'aurait pas pris à
la lettre ce que dit Hardyng dans sa chronique rimée,
que Richard avait dix mille convives par jour à sa ta-
ble et trois cents cuisiniers dans son office : nombres
qui sont proportionnés entre eux, mais qu'on met-
trait moins facilement en rapport avec les revenus
du domaine ou le produit des taxes sous Richard. Il
n'aurait pas pris pour de l'histoire les lamentations
de Gow^er sur les mœurs de son temps ; ou du moins
il eût fait à chacun sa part dans ce tableau : il n'au-
rait pas mis à la charge du pouvoir tous les désor-
dres de la société, rapporté au jeune roi ce que le
poëte dit de la tyrannie et de la cruauté des princes,
et conclu qu'il était plongé dans le vice parce que
l'auteur l'exhorte emphatiquement à la vertu {b)l
Richard, au temps où nous sommes arrivés, n'a-
vait pas trente ans, et il pouvait garder quelques-uns
[1391-1395] l/ALLlANCh i- h an (^. AISE. 105
des défauts de la jeunesse. Il était vit', dit-on, trop
libéral, magnifique, ami des fêtes et des plaisirs, des
plaisirs permis; car rien n'accuse, tout défend la
pureté de ses mœurs. Mais s'il ne sut pas se con-
tenir, un jour à l'égard de l'archevêque de Canter-
bury, une autre fois envers le duc de Lancastre quand
on venait de l'accuser, quand il le croyait surprendre
en flagrant délit de trahison, tout se réduisit à des
menaces; et le jeune roi les sut faire oublier, soit par
la déférence qu'il témoigna tout le reste du temps au
primat, soit par sa complaisance à servir les vues de
son oncle sur la Castille, comme par toutes les fa-
veurs, les dignités et les pouvoirs qu'il ne cessa dès
lors de lui prodiguer. S'il fut trop libéral, ses anciens
ennemis en eussent pu seuls témoigner par eux-
mêmes : car ceux de ses favoris ou de ses ministres
qui avaient échappé par l'exil à leurs haines ne repa-
rurent plus à la cour. Il fut libéral aussi pour les
poètes. Il protégeait Chaucer, la gloire de l'Angleterre
d'alors. Il s'entretenait familièrement avec Gower, il
l'arrêtait volontiers pour le faire monter dans sa
barque, lorsqu'il le rencontrait sur la Tamise, et lui
demander quelque fruit nouveau de son génie, ne se
doutant pas assurément que ces vers provoqués peut-
être par lui-même, deviendraient pour la postérité
un acte d'accusation contre ses mœurs. Il n'accueil-
lait pas moins favorablement les écrivains de France.
Froissart fut le bienvenu en Angleterre lorsqu'il voulut
revoir sur le trône le prince qu'il avait vu naître à
106 LIVRE HUITIÈME. [1391-1395]
Bordeaux et lui offrir le recueil de ses poésies amou-
reuses : don reçu joyeusement, et qui, en introduisant
le chroniqueur à la cour, lui valut plus d'un rensei-
gnement précieux pour son histoire. Quant à la ma-
gnificence de Richard, au point où en était la civili-
sation du monde et la puissance de l'Angleterre,
alliée de l'Italie, rivale de la France, personne que les
deux moines voués à la maison de Lancastre, n'au-
rait dû lui faire un crime de n'avoir pas voulu se
laisser trop effacer par le roi Charles VI. Les riches
étoffes que Gênes et Venise lui apportaient, il les
payait d'ailleurs parles produits de l'Angleterre, c'est-
à-dire par les laines et les métaux qu'on lui venait
prendre en échange; et le commerce y gagnait, en at-
tendant que l'industrie pût se former sur ces modèles.
Pour les édifices, quel est l'homme dans le parle-
ment qui lui aurait pu faire, qui lui fera jamais un
reproche d'avoir élevé la grande salle de Westminster,
« le plus noble monument de sa race, » dit un savant
moderne? Malgré ces dépenses, les registres du par-
lement témoignent que les subsides ne furent pas plus
lourds, lui majeur que mineur, pas plus lourds sous
son gouvernement personnel que sous celui du par-
lement, ni sous son règne qu'avant ou après lui; et,
nous l'avons dit, il ne leva jamais de taxe qui ne fût
votée : c'est un hommage qu'on lui rend, mais de
quelle grâce? Sans doute, ditHallam, son innocence,
à cet égard, ne fut l'effet que de sa faiblesse.... Un
autre, forcé de reconnaître sa douceur, dit que c'é-
[1391-1395] l'alliance FRANÇAISE. 107
tait l'effet de sa lâcheté! Lâche! celui qui, à quatorze
ans, affronta seul, pour sauver les siens, toute la
furie des révoltés de Londres (a) !
il y avait une chose qui coûtait plus que toutes
les splendeurs de ce temps-là : je veux dire la guerre.
C'était là la véritable cause des souffrances et le
gouffre oià se perdait la richesse du pays. Ce gouffre,
Richard avait résolu de le fermer. Dès son retour au
pouvoir, il avait suspendu une lutte qui, jadis enga-
gée par la royauté, n'était plus soutenue que par
l'amour-propre du pays aux dépens de ses intérêts
les plus grands : entreprise qui demandait plus de
courage et de dévouement que la guerre même; car
la paix, on l'a vu, ne se pouvait faire sans des renon-
ciations et des sacrifices, et celui qui la devait signer
s'exposait à soulever contre lui-même le sentiment
national offensé. Richard n'avait point reculé devant
ce péril. Il avait ouvert, de l'aveu du parlement, les
négociations, avec le désir sincère qu'elles aboutissent.
Les conférences d'Amiens avaient montré de quel bon
vouloir on s'y portait de part et d'autre; et, à défaut
d'une conclusion impossible encore dans le conflit
des prétentions et dans l'état des esprits, les trêves
se succédant de plus en plus longues, donnaient aux
deux pays l'habitude des relations amicales, et ten-
daient à rendre le renouvellement dos hostilités plus
diflicile par le sentiment de tons les avantages atta-
chés à la paix.
Depuis que Richard avait repris la direction des
108 LIVRE PIUITIKME. [1395;
affaires, la paix, grâce à ces trêves, s'était continuée
sans interruption, et on venait, cette année même, de
voir comme elle pouvait servir à l'affermissement de
la domination anglaise. C'est parce que l'Angleterre
était en bons rapports avec la France, que le roi,
rassuré à l'égard de l'Ecosse, avait pu entreprendre
de pacifier l'Irlande; et cette bonne entente ouvrait
de bien plus larges perspectives aux deux pays ,
si , au lieu d'agir isolément, ils savaient unir leurs
efforts.
On a un témoignage curieux de la faveur que cette
politique avait déjà trouvée en France^ dans une lettre
qui, nonobstant sa date mal écrite par le copiste,
doit se rapporter à ce temps même.
Il y avait un écuyer de Normandie nommé Robert
le Mennot, qui avait voyagé en terre sainte, et pré-
tendait avoir eu au retour une vision touchant la
paix à faire entre l'Angleterre et la France; dès lors,
embrassant la vie religieuse, il avait voulu se consa-
crer tout entier à l'œuvre pour laquelle il se disait
envoyé de Dieu, et on le nommait Robert l'Ermite.
Il était allé en Angleterre, avait gagné la confiance
du roi, et repassant en France, il avait rapporté à
Charles YI que Richard revenait vainqueur d'Irlande,
et qu'il était animé des meilleurs sentiments à
son égard. Charles VI s'empressa d'écrire au roi
d'Angleterre pour le complimenter et lui faire, en
vue d'un accord plus intime et plus actif, les plus
louables avances :
[!395] L'ALLIANCK FKA.NÇAiSE. 109
((■ Notre très-cher cousin et très-amé frère, dit-il,
nous désirons être informé de votre bon état et santé,
(|ue Dieu veuille maintenir et acrescer (accroître) à
sa louange et à votre consolation, comme vous le
voudrez et nous désirons; et si de notre santé vous
plaît savoir^ quand ces lettres furent écrites, par la
grâce de Dieu nous étions en bon point, Dieu merci !
attendant et désirant votre venue d'Hibernie à vic-
toire; et, très-amé frère, de ce que nous avons en-
tendu que grand pleinté de vos sujets d'Hibernie
sont revenus à votre obéissance sans grand bataille
ou effusion de sang, nous en avons grand joie et en
louons notre sire Dieu qui est avec vous, et par qui
viennent les victoires.... Très-cher et très-amé cou-
sin, quand il nous souvient de ce bon amour et
dilection que vous avez à nous, si comme, par plu-
sieurs de nos sujets et des vôtres, déjà grand temps
à plusieurs fois nous avons été informé, et par espé-
cial, par votre loyal serviteur et dévot orateur Robert
l'Ermite, auquel nous avons donné pleine foi; et
tenons doucement que ledit amour et de vous et de
nous est et sera fondé sur la pierre ferme, laquelle,
selon le dit saint Paul TApôtre, est Jésus-Christ. »
Il rappelle la parole du même apôtre aux Éphésiens,
que Jésus-Christ, en supprimant le mur de sé[)ara-
tion, a réuni les deux peuples ennemis (juifs et
païens) en un même édifice, espérant que, de la
même sorte, « il fera rassembler ensemble les deux
parois, en un grand temps jà pieça ennemis et sépa-
110 LIVRE HUITIÈME. [1395]
rés l'un de l'autre par mortelle guerre, c'est à sa-
voir, France et Angleterre, en un temple et église de
Dieu dont es habitants sera un cœur et une âme....
Très-cher et très-amé frère en celui qui ses apôtres
appela frères , continue-t-il , quand [nous avons] re-
membrance comment, par les périlleuses guerres de
nos prédécesseurs qui soixante ans ont duré, tant de
maux ont été faits, et que par la bonté de Dieu et
grâce singulière il a réservé jusque s à ores et vous et
nous innocents de l'effusion du sang de nos sujets,...
or pensons donc, beau frère, coadjuteurs de Dieu,
de nous tenir fermes en la vocation que Dieu nous a
appelés en notre jeunesse, c'est à savoir en la douce
paix tant désirée de la chrétienté Et, très-amé
frère [nous] prions à Dieu doucement et faisons prier
par saintes personnes, que par sa grâce une première
fois nous veuille assembler ensemble au plus bref
que faire se pourra bonnement, pour laquelle assem-
blée, laquelle nous désirons parfaitement, vous- nous
trouverez toujours et prêts et appareillés. Et nous
espérons en celui, qui a dit à ses apôtres : « Paix
ce soit avec vous, je vous donne ma paix, » que nous
assemblés ensemble, non pas en pompe royale, mais
en grand humilité en l'amour de Dieu et de sa cha-
rité, Dieu nous fera grâce^ et refreindra sa verge cor-
rective qui longuement a duré par nos prédécesseurs
en la chrétienté. Et lors, par votre saint travail, beau
frère, et par le nôtre aussi, quoique indigne, les
ennemis en la chrétienté de tous pays seront con-
[1395] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 1 1 1
vertis à vraie paix. » Ce sera aussi un moyen de
mettre un terme au maudit schisme qui divist^
l'Église : i< Et lors, ajoute-t-il, sera temps, beau frère,
acceptable et à Dieu agréable, que vous et nous, par
satisfaction de nos prédécesseurs, devons emprendre
(entreprendrej le saint passage d'outre-mer, secourre
à nos frères chrétiens et délivrer la terre sainte,... et
là montrer en Dieu la vaillance de la chevalerie et
d'Angleterre et de France et de nos autres frères
chrétiens : laquelle chose, très-amé frère, Dieu par sa
sainte miséricorde nous veuille octroyer.... Encore,
beau très-doux frère, pour la révérence de Dieu, bien
nous devons garder que la douce paix qui.... nous
a été inspirée, pour chose temporelle quelconque ni
pour acquerre un royaume, l'un de nous ne brise ou
viole; car tant de maux en viendroient, qu'il ne se
pourroit décrire; et toutefois, une fois il faut rendre
compte devant le grand juge, et benoîts seront les
rois qui seront nombres avec ceux qui auront amé
la paix en terre. Très-amé frère, s'il est une chose
qui par nous puisse être faite à votre plaisir et con-
solation, mandez-le-nous, et nous la ferons de très-
bon cœur. Et vous plaise, très-amé cousin, faire
nous savoir souvent vos plaisirs (ce qui vous plaît)
et votre bon état, et, en espécial, par le dit Hobert
l'Ermite que nous vous renvoyons, lequel fut mandé
à nous et à vous de la grâce de Dieu, si comme dou-
cement nous crt'iâmes (croyons), pour le bien et sau-
vement de nos âmes, paix et réparation de la cliré-
112 IJVRE HUITIÈME. [1395]
tienté; auquel Robert l'Ermite^ très-doux amo frère,
veuillez ajouter pleine foi de ce qu'il vous dira de
par nous. Notre très-cher cousin et très-amé frère, le
Dieu de paix veuille adresser (diriger) tous vos faits
et dits en complissant tous vos désirs.
« Écrit à Paris, le xv' jour de mai, l'an de grâce
terce [barré] C et 7ionaniyme (a). )>
On n'a point la réponse de Richard, car la pièce
latine que l'on trouve sous ce nom dans le même
manuscrit, œuvre emphatique, sans trait ni couleur,
est évidemment l'ouvrage du copiste. Mais Richard
dut répondre, et il le fit d'ailleurs par un acte déci-
sif. 11 voulut se rapprocher de la France par un ma-
riage, et faire de l'union des deux familles royales
la base de l'union plus durable des deux pays. Il
était veuf, et Charles YI avait une fille de huit ans,
fiancée déjà au fils du duc d'Alençon. Il eut Pidée de
la demander pour lui-même, témoignant ainsi que ce
qu'il recherchait en elle^ c'était moins encore la fin
de son veuvage que l'alliance des deux nations. C'est
la pensée qui l'occupait lorsqu'il revint d'Irlande.
L'Angleterre était calme et paisible ; le gouverne-
ment du roi était si bien accepté, même au dehors,
que la Guyenne, à qui il avait voulu donner une
sorte d'existence séparée sous son oncle le duc de
Lancastre, protestait contre cet abandon, et suppliait
Richard par une ambassade de rappeler le duc et de
la reprendre sous sa domination directe. Richard
soumit la réclamation au conseil, où Glocester et
[1395] L'ALLIANCK FRANÇAISE. 113
Derby, le fils de Lancaslre, ne manquèrent pas de la
combattre. Il y exposa ses intentions relativement à
son mariage, et fit agréer l'ambassade qu'il se propo-
sait d'envoyer à Charles VI.
Il
LE MARIAGE DE RICHARD ET D ISABELLE DE FRANCE.
Cette ambassade comprenait le comte de Rutland,
fils du duc d'York et cousin du roi, le lord maréchal
(Thomas Mowbray, comte de Nottingham), l'arche-
vêque de Dublin, l'évêque de Saint-David, le sire de
Beaumont, William le Scrop, vice-chambellan; vingt
chevaliers , quarante écuyers et une suite de six
cents chevaux. Débarqués à Calais, ils furent partout
sur la route, à Amiens, à Clermont, à Creil, reçus
avec les plus grands honneurs. A Paris, on les logea
au voisinage de la résidence royale ; on leur donnait
200 couronnes par jour pour leurs menus frais. Pres-
que tous les jours les principaux dînaient ou chez le
roi ou chez les ducs; « et leur faisoit le roi, son frère
et leurs oncles toute la meilleure chère et compagnie,
comme ils pouvoient en les honorant, pour l'honneur
et amour du roi d'Angleterre qui les avoit envoyés. »
Quant à l'objet de l'ambassade, on hésitait dans le
conseil de Charles VI : comment donner la fille du roi
à un prince avec qui on n'avait qu'une simple trêve?
11 — 8
114 LlVllE HUITIEME. 1.1395]
il semblait naturel de faire la paix avant l'alliance.
Mais la paix, on l'avait pu voir par les précédents
débats touchant Calais, était impossible tant que la
France exigerait une cession à laquelle nul roi d'An-
gleterre ne pouvait impunément consentir. — Si, à une
époque où l'Angleterre, ayant trouvé sa véritable voie
dans rOcéan, pouvait se détacher du continent avec
moins de regret, Elisabeth a signé l'abandon de Ca-
lais à la France, c'est que tout le ressentiment public
en retombait sur la mémoire de Marie, sa sœur, qui
l'avait perdu. — Pour le moment, le mieux était donc
d'entrer dans les vues de Richard, en faisant, à dé-
faut de paix, alliance : en prolongeant suffisamment
la trêve, on atteignait le but sans remettre aux prises
les sentiments opposés des deux pays. Le chancelier
Arnault de Corbie parla pour le mariage et fut sou-
tenu par les oncles du roi , notamment par le duc de
Bourgogne, intéressé au bon accord avec l'Angleterre
pour ses provinces de Flandre : car « les cœurs de
moult de Flamands sont plus anglois que françois. »
On fit donc bon accueil aux ambassadeurs; on les
admit, sur leur demande, à l'audience de la reine en-
tourée de ses enfants. Le comte maréchal, se mettant
à genoux devant la jeune princesse dont il sollicitait
la main pour Richard, lui dit : « Madame, au plai-
sir de Dieu , vous serez notre dame et reine d'Angle-
terre.
— Sire, répondit naïvement la jeune fille, s'il
plaît à Dieu et à monseigneur mon père que je
il395] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 115
sois reine d'Angleterre, je le verrai volontiers; car
on ma bien dit que je serai une grande dame. »
Elle fit lever le comte et l'amena par la main à la
reine sa mère, qui eut grand'joie de sa réponse ^
L'ambassade repartit au bout de vingt jours, em-
portant les meilleures assurances. Aucune parole
formelle ne lui était encore donnée : la jeune enfant
était promise à l'héritier du duc d'Alençon; il fallait
la dégager de ce côté avant de la lier d'un autre. Mais
on comptait amener à bien la négociation pendant
l'hiver, et ainsi au printemps Taffaire pourrait être
reprise et conclue heureusement. Les ambassadeurs
allèrent à Windsor porter ces réponses à Richard, qui
en fut tout joyeux : « Et ne mit pas celle chose en non
chaloir, mais la prit si à cœur et à grand'plaisance,
qu'il n'entendoit à autre chose fors tondis viser et sub-
tiller comment il pourroit venir à son entente d'avoir
à femme et à épouse la fille du roi de France '. »
Cependant il y en avait en France qui, croyant sans
doute le roi d'Angleterre fort épris de cette enfant,
voulaient en tirer avantage pour lui imposer des
conditions : « Si nous étions, disaient-ils, appelés
en ces traités de France et d'Angleterre, et que notre
parole fût ouïe et acceptée, nous dirions ainsi : que
le roi d'Angleterre n'auroit la fille de France, si
1. Ambassade de France : pouvoirs du roi pour négocier son ma-
riage [S juillet 1395). llymer, t. VII, p. 812; —Instructions auxconi-
missaires (m^me date), iàid., \). HOk. Cf. Froissart, IV, ^1 et ^3.
2. .Froissart, IV, 43.
116 LIVRE HUITIÈME. [1395J
n'étoit bonne paix entre lui et le roi d'Angleterre,
leurs royaumes, leurs conjoints et leurs adhérents à
la guerre. A quoi sera-ce bon que le roi d'Angleterre
ait à femme la fille du roi de France, si eux et leurs
royaumes, les trêves passées, qui n'ont à durer que
deux ans, se guerroient, et sont eux et leurs gens en
haine? Ce sont choses qui sont moult à considérer. »
Le duc d'Orléans et le duc de Berri, médiocres poli-
tiques, étaient de ce sentiment. Mais le roi et le duc
de Bourgogne croyaient à bon droit que l'alliance
mènerait plus sûrement à la paix : et ils résolurent de
tout faire pour aller au-devant des vœux de Richard,
en écartant les obstacles qui pourraient se rencontrer
dans son pays \
On se rappelle ce personnage qui a déjà paru aux
conférences de Leulinghem, et remplit l'office de mes-
sager entre les deux rois, se disant envoyé de Dieu
pour réconcilier l'Angleterre et la France : Robert
l'Ermite. On le renvoya à Richard, en lui donnant
mission de voir aussi le duc de Glocester dont on
connaissait trop bien les sentiments : mais Glocester
ne croyait pas à des visions qui le contrecarraient,
a II étoit dur et haut contre la paix. » Il avait déjà
conversé avec l'Ermite; il le reçut encore poliment,
déclinant toute influence dans la question , et disant
qu'il avait deux frères aînés à qui il appartenait
mieux de parler en cette affaire. Il ne dissimulait
1. Floissart, IV, 43.
[1395] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 117
point d'ailleurs ce qu'il pensait de la France. En fait
de paix, il n'en agréait d'autre que la paix imposée
aux Français durant la captivité du roi Jean, paix
violée par eux, et à laquelle il croyait que Richard
devait revenir, s'il ne voulait déshériter la couronne
d'Angleterre. Il se montra peu touché de l'argumen-
tation de Robert l'Ermite en faveur de Charles VI,
et ne l'était peut-être pas au fond davantage des
perspectives de la croisade que Robert faisait briller
à ses yeux. En somme , l'Ermite n'en obtint qu'un
bon accueil; et reçu de nouveau par Richard, il ne
lui dit rien que le prince ne sût déjà des dispositions
de son oncle sur ce grave sujet *.
Richard n'en poursuivit pas moins son but, et,
presque toutes les semaines, un échange de messages
entretenait les sentiments de bonne amitié des deux
rois. On anticipa sur le terme prévu. Dès les premiers
jours de 1396, les choses étaient assez avancées pour
que Richard déclarât ses intentions relativement au
mariage. Trois des ambassadeurs qui étaient venus
une première fois en France, le comte de Rutland, le
comte maréchal et William le Scrop, y furent ren-
voyés, et au bout de trois semaines toutes les condi-
tions furent arrêtées.
On ne faisait point encore la paix, et l'on a vu ce
qui y faisait obstacle. Mais la trêve qui devait finir
en 1398, fut prorogée de vingt-huit ans : on remettait
1. Froissart, IV, ^3 et 't'*.
118 LIVRE HUITIÈME. [1396]
à d'autres générations le soin de voir si elles vou-
laient rentrer en guerre. La trêve entre les deux pays
avait pour sanction le mariage de Richard avec la fille
de Charles YI, et les deux choses furent arrêtées le
même jour en deux actes séparés. Toutefois la trêve
n'était point tellement liée au mariage, qu'elle dût se
rompre si le mariage n'avait pas lieu. Il était stipulé
au contraire qu'elle durerait, quand bien même la
mort de l'un des contractants ou toute autre cause
ferait obstacle à Tunion projetée. Les violations
mêmes qu'elle pourrait souffrir ne devaient pas être
une raison de rupture : on avait nommé, de part et
d*autre, des commissaires pour en faire justice, et
renoncé au droit de requérir satisfaction les armes
à la main {a).
La trêve ratifiée par Charles YI (11 mars), on
donna aussi un commencement d'exécution au traité
de mariage. Dès le lendemain, le comte maréchal
fiança^ au nom de Richard, la petite princesse : « Et
pour lors il faisoit plaisant la voir, comme jeune
qu'elle fût; car moult bien sçut et savoit faire la
reine. » C'était un premier engagement. On ne s'oc-
cupa plus^ d'un côté comme de l'autre, qu'à le me-
ner à conclusion. En France, tout le monde s'y por-
tait : le roi, son frère, ses oncles. En Angleterre,
Richard montrait le même empressement : le langage
ofliciel lui-même s'en ressentait. Charles Yl, pour lui,
n'est et ne peut pas être le roi de France : Richard
n'abdique pas à ce point; mais V adversaire àe^Yv^nQ^Q^
[1396] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 119
qui pendant les négociations était déjà le parent de
France (cvnsaîignineus) , est devenu le trh-cher père
de France. Toutefois le progrès avait été moins ra-
pide dans le public, et le jeune roi trouvait autour de
lui des opinions plus partagées Ça).
Il en était du mariage comme de la paix avec la
France. De ses trois oncles, l'un y était favorable,
l'autre contraire , et le troisième indifférent. Lan-
castre y était favorable. On aurait pu le croire
alors mal disposé : il revenait de Bordeaux, n'ayant,
pas réussi à se faire agréer des Aquitains comme
duc de Guyenne. Toutefois il devait bien se dire
que le roi n'était point la cause de son échec : Ri-
chard l'avait appuyé tant qu'il l'avait pu dans son
nouvel apanage, et, en le rappelant, il ne lui avait
retiré ni ses droits ni ses titres. Quant à l'affaire de
France, Lancastre n'avait aucun intérêt à y être con-
traire. L'alliance française, on Ta vu, au lieu d'être
un péril, était une garantie pour les siens; et pour
lui, loin de s'opposer au mariage du roi, il ne son-
geait alors qu'à se remarier aussi. 11 épousait Cathe-
rine de Swindford, une ancienne dame d'honneur de
sa première femme, dont il avait eu trois enfants du
vivant même des précédentes duchesses, et il ne sou-
haitait qu'une chose, c'est que le roi ratifiât cette
union mal assortie. Le duc d'York, en cette occasion
comme dans tout le reste, faisait le rôle de person-
nage muet. Le duc de Glocester ne disait rien non
plus ouvertement, mais son opposition était bien
120 LIVRE HUITIÈME. [1396]
connue en tout ce qui touchait la France. Il s'en ou-
vrait au duc d'York, « quand il le trouvoit à loisir, et
le tiroit tant qu'il pouvoit à ses opinions, pourtant
qu'il le sentoit mol et simple. » Il devait à plus forte
raison pratiquer dans le même sens ses anciens amis,
ceux qui jadis avaient partagé son usurpation et sa
défaite, et qui ne pouvaient manquer de se rallier à
toutes ses espérances. Richard le savait; il commen-
çait à s'en inquiéter, non sans raison, et ne cachait
pas ses inquiétudes au comte de Saint-Pol, que
Charles VI lui avait envoyé pour prendre les derniers
arrangements touchant son mariage (a).
L'été se passa en préparatifs : on attendait la bulle
du pape, et, de plus, le mariage laissait encore
divers points à régler. Le vicomte de Melun avait
été envoyé de France à la cour de Richard : un
acte de garantie fut obtenu des princes anglais, acte
par lequel Lancastre, York et Glocester, oncles du
roi. Derby etRutland, ses cousins, Kent et Hun-
tingdon, ses frères , et le comte maréchal promet-
taient que si Richard venait à mourir avant la con-
sommation du mariage, la petite reine serait rendue
à la France avec tous ses biens, et qu'elle aurait le
droit de revenir, de la même sorte encore, dans son
pays, si Richard la laissait veuve, le mariage con-
sommé. De son côté, Richard envoya W. le Scrop en
France pour hâter la conclusion. Il demandait qu'on
lui remît le plus tôt possible la petite reine, sans
d'ailleurs oublier la dot. Il paraît même que l'on
1396] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 121
convint d'une entrevue préalable des deux rois. Au
rapport de Froissart et du Religieux de Saint-Denys,
vers la mi-août, Richard vint à Calais, emmenant
avec lui ses oncles^ et notamment Glocester, qu'il
voulait avoir comme témoin et consentant dans toute
cette aiTaire. Le roi de France était à Amiens avec ses
oncles, sa fille Isabelle et le duc de Bretagne, cet allié
des deux cours, Français par position, Anglais de
cœur, toujours attentif à se tenir sur un pied égal
des deux côtés ; il avait fiancé sa fille au fils
aîné de Derby, et son fils aîné à la seconde fille de
Charles YI : mariage dont le roi de France hâta eu
ce temps même la célébration, malgré le bas âge
des deux enfants, pour en être plus sûr (19 sep-
tembre 1396). Mais la rencontre des deux rois n'eut
pas lieu encore; ils se bornèrent pour cette fois à
ce premier pas Tun vers l'autre. Ils conférèrent par
le duc de Bourgogne, qui vint au nom de Charles YI
trouver Richard à Calais et y fut reçu avec une
grande magnificence. On y régla les formes et le
temps du mariage. Après quoi, Richard revint en An-
gleterre pour ordonner le gouvernement du royaume
pendant l'absence plus prolongée qu'il devait faire ,
et se préparer à figurer avec éclat dans cette so-
lennelle rencontre des deux nations (a).
Yers la fin de septembre ou le commencement d'oc-
tobre, affermi dans ses résolutions par l'adhésion
qu'il trouvait autour de lui ou le silence des mécon-
tents, il repartit pour Calais avec Lancastre, Gloces-
122 LIVRE HUITIÈME. [1396]
ter, Thomas Arundel, qu'il venait de faire archevêque
de Canterbury, et les principaux seigneurs du
royaume, laissant le duc d'York pour garder l'Angle-
terre en son absence. Le roi de France le fit compli-
menter à Calais par le comte de Saint-Pol, et le duc
de Bourgogne reçut en son nom à Saint-Omer les
ducs et les duchesses de Lancastre et de Glocester, le
comte de Rutland, le comte de Huntingdon (J. de
HoUand, frère du roi), le comte maréchal et plusieurs
autres seigneurs, à qui l'on fit le plus splendide ac-
cueil. Les Anglais étaient éblouis de tant de richesses ,
et Glocester surtout : il disait avec un sentiment
mêlé de convoitise et de dépit à ceux de son conseil,
(c qu'au royaume de France est toute richesse et puis-
sance. » Les seigneurs français, instruits de ses se-
crètes dispositions, sachant bien « qu'il était haut et
dur en toute concordance, » n'épargnaient rien pour
le gagner. « On lui faisoit et montroit tous les signes
d'amour et d'honneur qu'on pouvoit. Néanmoins tout
ce, il prenoit bien les joyaux qu'on lui donnoit et
présentoit, mais toujours demeuroit la racine de la
rancune dedans le cœur; ni oncques pour chose que
les François sçussent faire, on ne le put adoucir qu'il
ne demeurât toujours fel ( félon) et cruel en toutes
réponses qui traitoient etparloient de paix. » Le duc
de Bourgogne en était rebuté (a).
Les seigneurs anglais revenus à Calais, Charles VI,
qui était arrivé à Saint-Omer, députa vers Richard
ses oncles, les ducs de Berri, de Bourgogne et de
[1396] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 123
Bourbon; ils furent aussi « grandement et joyeuse-
ment » accueillis, et trouvèrent cette fois Glocester
plus traitable. Richard avait promis de donner à son
fils le comté de Rochester et à lui-même 50 000 no-
bles; en sorte que, « par la convoitise de ces dons,
le duc de Glocester avait grandement adouci ses dures
opinions. » On régla minutieusement le cérémonial de
la prochaine entrevue. Pour éviter toute dispute de
préséance, on arrêta qu'elle aurait lieu, non dans une
ville où l'un ou l'autre se serait dit chez soi, mais
dans la campagne, aux confins des deux territoires,
entre Ardres et Guines. Cent vingt tentes étaient
dressées de part et d'autre, et en avant, l'une en face
de l'autre, deux plus hautes et plus magnifiques, des-
tinées aux rois. Un mât lixé entre les deux portait la
corde qui en soutenait le faîte, et marquait au milieu
des deux camps Tendroit où les princes devaient
se rencontrer. De chaque côté on avait juré de
ne s'attaquer d'aucune manière, ni pendant l'en-
trevue, ni pendant les huit jours qui devaient précé-
der ou suivre; et, pour prévenir les rixes fortuites
qui pouvaient naître d'une trop grande foule, des
mesures furent prises d'un commun accord et publiées
au nom des deux rois. Ils ne devaient amener au lieu
de réunion que leurs otïiciers en petit nombre et une
suite de quatre cents chevaliers; défense était faite à
tout autre d'accompagner le roi de France au delà
d'Ardres et le roi d'Angleterre au delà de Guines;
défense de porter arc ou arbalète, épée ou poignard:
124 LIVRE HUITIÈME. [1396]
les quatre cents chevaliers de l'escorte eux-mêmes ne
gardaient l'épée et le poignard que par bienséance,
un chevalier ne pouvant pas être désarmé. Les cla-
meurs, les disputes ou les jeux qui pouvaient tourner
en querelles étaient de même interdits sous les peines
les plus sévères*.
Toutes choses étant arrêtées, Richard vint de Ca-
lais à Guines, en même temps que Charles VI allait
de Saint-Omer à Ardres; et le lendemain (27 octobre)
les deux rois, laissant derrière eux la multitude qui
les avait suivis^ se rendirent, avec leur escorte de
quatre cents chevaliers , vers les pavillons qui leur
étaient préparés.
Arrivés là, Lancastre, Glocester et Rutland allèrent
saluer Charles VI au nom de Richard et lui offrir le
vin et les épices ; Berri et Bourgogne remplirent les
mêmes devoirs auprès du roi d'Angleterre ; et comme,
pour mieux garder l'étiquette, on avait demandé à
l'un et à l'autre quels vêtements ils comptaient por-
ter dans l'entrevue : « Les bonnes alHances, répondit
Richard^ ont leur fondement dans les bons senti-
ments et n'ont que faire du luxe des habits; » et
l'un et l'autre se réduisirent au costume le moins
fastueux.
Mais la rencontre avait en soi un caractère singu-
lièrement imposant. Les deux rois sortirent de leur
1. Froissart, IV, 51; Wals., p. 353: Religieux de Saint-Denvs,
XVII, 12 et 13.
[1396] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 125
tente ayant pour escorte : Richard, les princes français
Berri, Bourgogne, Orléans et Bourbon; Charles VI,
les princes anglais Lancastre, Glocester, Derby et
Rutland. Les deux troupes ayant formé la haie, les
jeunes rois s'avancèrent l'un vers l'autre, se saluè-
rent et se donnèrent la main : les huit cents cheva-
liers étaient à genoux^, émus jusqu'aux larmes d'une
scène qui semblait être la réconciliation des deux
peuples. Puis Charles VI emmena Richard dans sa
tente, et ils y furent suivis par les princes des deux
nations, qui alors aussi s'entremêlèrent. On échangea
les bonnes paroles, les dons et les grâces. Le roi de
France pardonna, sur la demande de Richard, à
Pierre de Craon; le roi d'Angleterre, à la prière du
roi de France, promit de rendre au duc de Bretagne
son duché de Riclimond, confisqué. Rien ne semblait
devoir altérer désormais la bonne harmonie. Char-
les VI annonça à Richard que les Génois s'étaient
rangés» dans son obéissance, et Richard l'en compli-
menta. On parla du schisme avec la résolution sin-
cère de fermer cette plaie de l'Église. En attendant,
on arrêta que les trêves seraient publiées j et pour
mieux témoigner du sens qu'on attachait à cette
convention, on décida qu'au lieu même où s'é-
tait faite cette solennelle entrevue , on élèverait à
frais communs une chapelle à Notre-Dame de la
Paix (a).
Après les civilités d'usage, les deux rois, prenant
congé l'un de l'autre, retournèrent, Richard à Guines,
126 LIVRE HUITIÈME. [1396]
Charles VI à Ardres, et les seigneurs chacun dans son
logis. Le lendemain samedi, jour de Saint-Simon et
Saint-Jude (28 octobre), le roi d'Angleterre, ses on-
cles et tous ses « hommes d'honneur » vinrent à la
tente du roi de France, où un grand banquet les at-
tendait. Charles VI ayant exprimé le regret que sa
fille ne fût point d'un âge qui répondît mieux aux
vœux de Richard ; « Beau père, dit Richard (le père
avait deux ans de moins que le fils), l'âge que notre
femme a nous plaît grandement bien, et nous n'ai-
mons pas tant le grand âge d'elle que nous faisons
l'amour et la conjonction de nous et de nos royau-
mes ; car là où. nous serons ensemble d'un accord et
d'une alliance, il n'est roi, chrétien ni autre, qui
nous puisse porter contraire*. » On n'a jamais mieux
vu ni exprimé la raison suprême de cette alliance. Si
la politique du jeune roi eût prévalu, la France et
l'Angleterre arrivaient quatre siècles plus tôt à cette
union qui est la paix du monde, et que ces jguatre
cents ans de guerres nouvelles et de perpétuelle riva-
lité ont rendu, sans qu'elle en soit moins nécessaire,
bien plus difficile à maintenir!
A la fin du banquet^ la petite princesse fut intro-
duite dans la tente, accompagnée de grand nombre de
dames et de damoiselles ; et Charles VI la donna à
Richard qui la prit par la main et la baisa, disant
qu'il la recevait comme un gage de paix et de con-
1. Froissart, IV, 52.
[1396] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 127
corde. La royale enfant fut alors remise aux du-
chesses de Lancastre et de Glocester, aux comtesses
de Huntingdon et de Stafford, qui la firent monter
en litière et la menèrent à Calais en grand appareil.
Le lundi, le roi d'Angleterre reçut à son tour le
roi de France dans sa tente : les deux princes étaient
servis séparément à la manière de leur pays. Après
le repas ils s'embrassèrent, et au départ Richard re-
conduisit Charles VI sur la route d'Ardres. Il l'em-
brassa encore, et reprit de son côté le chemin de
Calais. Le mercredi, jour de la Toussaint, il y épousa
la jeune Isabelle devant l'archevêque de Canterbury,
et, après avoir célébré son mariage avec une grande
magnificence, il ramena la jeune princesse en Angle-
terre, oii l'attendaient de nouvelles fêtes et de nou-
veaux honneurs. La petite reine, amenée à Londres
avec un grand cortège de seigneurs et de dames, alla
coucher à la Tour; et le lendemain elle fut conduite
en grande solennité à travers les rues de la ville jus-
qu'au palais de Westminster où le roi l'accueillit, et
où bientôt les députations des habitants vinrent lui
offrir des présents « qui tous furent reçus à grand'
joie. » Un accident avait jeté comme une ombre sur
le bonheur de ces journées. La magnifique tente du
roi et une partie de son riche mobilier avaient été,
au retour, engloutis par la tempête (a).
Par cette alliance, par la longue trêve dont elle
était comme la sanction, Richard semblait avoir
fondé toute une ère de prospérité pour son règne. La
128 ■ LIVRE HUITIÈME. [1396]
paix avec la France l'affermissait dans toutes ses pos-
sessions et sur toutes ses frontières, et cette paix,
après tout, ne lui avait coûté aucun sacrifice. En re-
nonçant à reprendre alors par les armes les provin-
ces qu'Edouard III lui-même avait perdues, il n'ab-
diquait aucune de ses prétentions, et il restait libre
de profiter des avantages qu'un singulier concours
de circonstances avait assurés à son pays.
L'Angleterre, en effet, occupait en ce temps-là une
position sans égale en Europe. L'Allemagne ne s'était
point relevée de la chute de l'empire à la mort de
Frédéric II. La France, que la modération de saint
Louis avait replacée alors à la tête de la chrétienté,
avait elle-même compromis son ascendant pour l'avoir
voulu trop étendre. Philippe le Bel croyait mieux faire
que saint Louis, quand il réclamait de la papauté plus
que les libertés de sa couronne, et qu'après Favoir
frappée dans Boniface VIII, il la rendait captive,
en quelque sorte, avec Clément V dans Avignon.
Et par là il léguait à ses successeurs la dangereuse
pensée d'en faire un pouvoir presque domestique ;
il préparait le schisme accompli avec l'appui de
Charles V (le sage roi pourtant!) lorsque le pape
voulut revenir et se fixer à Rome pour être libre. Le
schisme avait porté ses fruits; et la royauté, qui l'a-
vait soutenu par ambition, en pouvait goûter Fa-
mertume. La France s'était vue isolée dans le monde,
ne retenant autour de soi que ses anciens clients,
FEspagne et FÉcosse. La France déchue, l'Allemagne
[1396] L'ALLIANCE FRANÇAISE. 129
n'ayant pas encore repris son rang, c'est l'Angleterre
qui était appelée à occuper la place demeurée vide;
c'est vers elle que se tournaient les regards et les es-
pérances de la chrétienté (a).
Richard n'avait point fait défaut à cet espoir; et il
s'était montré digne de l'influence qu'il tirait par
contre-coup du schisme même, en s'efforçant d'y
mettre fin. Dès les conTérences de Leuhnghem, en
1393, cette question avait été mise en avant par ses
ambassadeurs, et les princes français n'étaient point
éloignés de l'aborder. En France aussi on était las du
schisme, et fort embarrassé du rôle qu'on y faisait.
On eût donc volontiers sacrifié à la concorde les per-
sonnages, cause de cet embarras. Mais pour agir avec
succès, il le fallait faire en parfait accord : et termi-
ner le débat engagé était encore la meilleure manière
d'entamer l'autre. C'est ce que dirent les princes
français et ce qu'on fit. L'alliance conclue, de part
et d'autre on avait donc songé à rétablir la paix dans
l'Église ; mais on ne s'entendait pas sur les voies à
prendre. Devait-on réunir un concile pour résoudre
souverainement la question, ou déterminer les deux
papes à la trancher eux-mêmes en abdiquant l'un et
l'autre? L'Ani^leterre était pour le concile; la France,
pour la double cession : l'Université de Paris, ju-
geant cette voie plus courte, et sans doute aussi plus
propre à couvrir la retraite des fauteurs du schisme,
n'avait vu que fatras dans les arguments des An-
glais. Richard ne refusa pas d'essayer du moyen 11
II — 9
130 LIVRE HUITIEME. [1396]
écrivit donc aux deux papes : il leur écrivait avec les
distinctions que lui imposait sa conscience, appelant
le pape de Rome son vénérable père, et le pape d'Avi-
gnon son cher cousin. Mais celui-ci, qui était Be-
noît XIII, l'ancien cardinal P. de Luna, déjà si mal
accueilli des Anglais aux conférences de Leulinghem,
ne voulut recevoir le message de Richard que s'il
était traité en pape, et Richard n'y donna point d'au-
tre suite. Il laissa à la France le soin de faire aboutir
la voie qu'elle avait préférée, et de convaincre, s'il
était possible, l'indomptable Aragonais dont elle n'a-
vait su, ni empêcher l'élection, ni rejeter l'empire.
Quant à l'Angleterre, nous l'avons dit, ce n'était pas
elle qui en souffrait le plus. C'est en Richard que,
dans cet abandon de la France, Rome saluait le plus
ferme soutien de l'Église : et cette démarche ne laisse
pas que d'arracher un cri d'orgueil à l'historien le
plus hostile aux actes de Richard. « Cela prouve bien,
dit-il, de quel respect et de quel renom jouissait alors
notre roi* ! » C'est autour de son trône que les nations
restées fidèles à Rome se ralliaient à la suite du pape.
On disait même que l'Allemagne, dégoûtée de l'ivro-
gnerie deWenceslas, songeait à le nommier empereur ^
Richard trouvait une meilleure occasion de paraître
1. « Ex praemissis patet quantae reverentiee , quanti nominis rex
noster pro tune fuerit, cujus ope potissimum papa se sperabat posse
protegi et defendi. » (Wals., p. 345.)
2. Affaire du schisme. Voyez ci-dessus, p. 68; — Diversité de
vues des deux nations. Relig. de Saint-Denys, XVII, 5 ; — Lettres de
Richard aux deux papes, ibid., 11 ; — Projet de nommer Richard em-
pereur; Wals., p. 353, et Otterbourne, p. 188.
[1396] L'ALLIANCE FRANÇAISE. \M
à la tête de la chrétienté, dans un événement qui ré-
pandait le deuil sur la France. Un mois avant le jour
où les deux rois célébraient dans un banquet ce rap-
prochement inespéré de la France et de l'Angleterre,
la jeune et brillante chevalerie réunie autour du
comte de Nevers, fils du duc de Bourgogne, pour
marcher contre les Turcs, avait par sa témérité perdu
la grande bataille de Nicopolis (28 septembre 1396),
et les Turcs, que l'on songeait à chasser de l'Europe,
se voyaient par là plus largement ouvertes les portes
de la Hongrie qu'il s'agissait de défendre. L'Angle-
terre, s'unissant à la France son alliée pour réparer cet
échec, aurait recueilli tous les honneurs de la vic-
toire, et grandi encore comme puissance militaire
dans l'estime des nations. Mais déjà des signes fu-
nestes inquiétaient le jeune roi pour ce trône, où, à
la suite de ses derniers actes, il se devait croire plus
affermi que jamais.
^
LIVRE NEUVIEME
GLOGESTER.
LES AMIS ET LES ENNEMIS DE RICHARD.
Depuis que Richard avait ressaisi le pouvoir dont
le parti de Glocester l'avait jadis dépouillé^ il n'avait
rien négligé, on l'a vu, pour se ramener par la clé-
mence ses ennemis les plus déclares. Il avait poussé
les ménagements à leur égard jusqu'à unesorte d'in-
justice envers ceux qui avaient soufiert pour lui-
même. Ses anciens amis n'avaient pas été rappelés
de l'exil; ses ennemis avaient été rétablis dans les
honneurs et le pouvoir. Le roi semblait tout particu-
lièrement appliqué à prévenir les griefs qu'à tort
ou à raison on avait fait valoir pour le remettre
comme en tutelle. Nul homme nouveau n'avait été
appelé aux grands offices, nul favori n'excitait les
134 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
ombrages des seigneurs ; jamais les oncles du prince
et les grands personnages de l'Étal n'avaient eu plus de
considération dans le royaume. Lancastre, au retour de
son expédition d'Espagne, avait été placé à la tête du
conseil; York n'en était pas sorti; Glocester y était
rentré bientôt. Derby, fils de Lancastre, Rutland, fils
d'York, supérieurs en degré dans la lignée royale,
n'étaient pas inférieurs en faveur à Thomas et à Jean
de Holland, comtes de Kent et de Huntingdon, frères
utérins du roi. Et le roi ne se contentait pas de leur
laisser les honneurs de leur rang; il les employait
aux grandes affaires. Lancastre, duc d'Aquitaine,
lieutenant du roi en Picardie, gardien de toutes les
possessions de l'Angleterre en France, avait repré-
senté le roi dans les négociations de la paix; York,
par deux fois, avait été lieutenant du royaume. Glo-
cester se serait peut-être plus volontiers soustrait à
ces emplois. En 139i il avait voulu s'en aller faire
une croisade en Prusse : c'était s'éloigner d'une scène
où, on le peut croire, il se trouvait mal à l'aise, après
le rôle qu'il y avait joué. Mais la tempête l'ayant ra-
mené en Angleterre, il y était resté et avait dû
prendre sa part comme les autres aux affaires de
rÉlat. En 1393 on le chargeait de réprimer les mou-
vements tumultueux du comté de Chester dont il était
juge; en 1395 c'était lui que le roi, occupé à pacifier
l'Irlande, renvoyait en Angleterre pour exposer ses
besoins devant le parlement tenu par le duc d'York;
et il avait, avant et après ces événements divers, tenu
[1397] GLOCESTER. 135
son rang auprès de Lancastre dans toutes les négocia-
tions avec la France (a).
Les trois seigneurs qui , avec Glocester et le
comte de Derby, fils de Lancastre, avaient fait la
ligue des cinq lords appelants, avaient eu, il est
vrai, une fortune très-inégale. Le comte maréchal
était en faveur. Le roi l'avait nommé en 1 390 capi-
taine de Calais pour cinq ans; en 1394, juge de
Chester pour h> vie; et, après Tavoir emmené avec
lui dans sa campagne d'Irlande (1395), il lui avait
confié les missions les plus délicates. C'était lui qui,
avec le comte de Rutland, avait, au nom de Richard,
fiancé la jeune reine, et il avait reçu de nouveau alors
le gouvernement de Calais. Arundel, au contraire,
avait perdu sa charge d'amiral et le gouvernement
de Brest, donnés à J. de Holland; Warwick s'était
retiré dans ses terres, où il s'occupait de bâtir des
églises, d'agrandir son château : et quelques inci-
dents fâcheux avaient pu ajouter à leur mécontente-
ment. Le comte maréchal avait remis en question un
jugement qui attribuait un domaine à Warwick, et il
finit par avoir gain de cause; d'autre part, Arundel,
on s'en souvient, avait attaqué violemment devant le
parlement le duc de Lancastre, et le roi l'avait forcé à
faire des excuses. Mais, moins que personne, il ne se
devait croire privé d'appui auprès du roi, quand il
voyait dans la première charge de l'État son frère
l'archevêque d'York, le chancelier du temps de son
triomphe, qui, privé des sceaux à la chute de Glo-
136 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
cester, les avait repris bientôt des mains de Richard ;
et s'il ne les avait plus au parlement de 1397, c'est
qu'il venait de recevoir en échange la plus haute
dignité de l'Église, le siège de Ganterbury, le titre de
primat (a).
Nul n'avait donc le droit de se plaindre de Richard
dans le camp de ses anciens ennemis, et son mariage
avait été pour lui une nouvelle occasion de répandre
des grâces. Il avait naguère reconnu l'union inégale
de Lancastre avec Catherine Swinford, admis sa
femme, une adultère, à tous les honneurs de son rang,
au risque de s'attirer le ressentiment des autres du-
chesses réduites à lui céder le pas. Dans le parlement
qu'il réunit en janvier 1397, il légitima les enfants
que Lancastre avait eus d'elle, même au temps où il
était plus dignement marié, et fit J. de Beaufort, leur
aîné, comte de Sommerset. Il confirma par lettres
patentes à Thomas Mowbray, et à sa race de mâle en
mâle , l'office de maréchal avec le nom de comte
maréchal, et y rattacha divers droits qui en avaient
été comme démembrés ; lui accordant en outre de
porter, tant en présence du roi qu'en son absence, le
bâton d'or, signe de son commandement, aux armes
du roi d'un côté, et du comte de l'autre. Quant à
Glocester, on se rappelle par quelles largesses nou-
velles il l'avait amené à faire meilleure figure dans
les cérémonies récemment accomplies (b).
Après tant de grâces faites à ses anciens ennemis,
le roi ne pouvait-il songer enfin à ceux qui avaient
[1397] GLOCESTER. i;-57
été persécutés pour sa cause? Lorsqu'il réhabilitait et
rétablissait dans tous leurs biens les condamnés du
parti de Glocester, J. de Northampton, ancien maire
de Londres, R. Norbury et J. More, associés ou com-
plices de Northampton, ne pouvait-il faire grâce de
même aux survivants des condamnés de 1388, et leur
rendre ce qui restait de leurs biens confisqués : biens
vendus ou échangés chaque jour, sous des sanctions
sans cesse renouvelées du parlement, comme par la
crainte qu'ils ne leur revinssent? Plusieurs de ceux
qui avaient échappé par l'exil à la mort, étaient morts,
il est vrai, dans l'exil : Michel de la Pôle, l'ancien
chancelier, Alexandre Nevil, Tancien archevêque
d'York^ Robert de Vère, duc d'Irlande, l'objet de la
principale faveur du roi. Richard voulut qu'un ami
si cher reposât du moins dans la terre de sa patrie;
et, après trois ans, il fit ramener son corps à Lon-
dres, le contempla dans son cercueil, et lui fit rendre
des honneurs funèbres au prieuré de Colne, en
Essex, où il fut déposé. Restaient encore ces juges
qui, consultés par le roi sur la légalité de l'usurpa-
tion dont il voulait s'affranchir, avaient répondu
selon leur conscience, et avaient été relégués en Ir-
lande par sentence du parti vainqueur. Déjà au par-
lement de 1394 plusieurs lords avaient demandé que
le roi leur fît grâce, et les communes consultées
avaient répondu qu'elles le voulaient bien. Si la peine
était juste, Richard lui-même aurait dû descendre du
trône. Néanmoins, devant les réserves qu'elles faisaient
138 LIVRE NEUVIÈME, [1397]
encore touchant le statut, leur serment de le main-
tenir, et les peines qui les pourraient atteindre si elles
y manquaient , il n'avait pas donné suite à la demande.
En 1397 enfin, après neuf ans d'exil, quand depuis
huit ans il aurait pu prendre sur lui de le faire, il
rappela, de l'aveu du parlement, ceux qui vivaient
encore, et leur rendit la capacité légale. Et cette me-
sure où il poussait le respect de la chose jugée jus-
qu'à maintenir le statut sur tous les autres points,
cette mesure où l'on n'eût dû voir qu'une trop tardive
justice, il y en eut qui s'en indignèrent comme d'une
coupable faveur : l'historien Walsingham accuse le
roi d'avoir par là violé son serment (a)!
Le parlement de 1397 (Westminster, 22 janvier),
où Richard prononça en même temps la légitimation
des enfants de Lancastre et le rappel des juges exilés
en Irlande, commença à manifester la sourde hostilité
qui déjà grondait contre lui.
L'opposition se produisit sur les affaires du de-
hors comme sur l'intérieur. Ce n'était point assez
pour Richard que d'avoir mis fin à la guerre de
France. Pour que l'alliance qu'il avait conclue avec
Charles VI portât tous ses fruits, il voulait qu'elle
aboutît à une action commune, de telle sorte que les
deux nations, oubliant leurs anciennes querelles dans
cette confraternité d'armes, devinssent dès lors les
deux bras de la chrétienté et les arbitres du monde.
Une occasion s'offrait au roi d'inaugurer cette poli-
tique, et c'est là-dessus que le parlement devait s'ex-
[1397] GLOCESTER. 139
pliquer. Le nouveau chancelier, l'évêque d'Exeler,
avait ouvert la session par un discours qui n'élait
qu'un sermon assez banal sur les libertés de l'Église,
le bon gouvernement du peuple, le maintien des
bonnes lois et la réforme des mauvaises : ajoutant la
nécessité de défendre le royaume, qui était la raison
des impôts. Le surlendemain, il vint avec les autres
grands officiers dans le réfectoire de l'abbaye, où
siégeaient les communes, et leur exposa plus en dé-
tail la situation des affaires et la pensée de Richard.
Pour sceller l'union de l'Angleterre et de la France,
les deux rois voulaient faire une campagne ensemble,
une campagne d'Italie. Ce projet excita les murmures,
et comme le roi en avait été informé, les communes
le vinrent trouver en parlement, et protestèrent par
l'organe du speaker élu, J. Bussy, qu'elles n'avaient,
en aucune façon, entendu rompre ses engagements
envers son père de France touchant la Lombardie.
Elles rappelaient qu'elles l'avaient remercié de la
manière dont il avait, dans son récent voyage, sou-
tenu l'honneur de la couronne et du pays; seule-
ment, comme il avait résolu de sa propre volonté
cette expédition, elles déclaraient qu'elles n'y vou-
laient être liées en aucune sorte, ni éprouver jamais
aucun dommage de rien qui en pût advenir (a).
Le roi prit lui-même la parole. Il leur dit qu'elles
ne devaient point s'étonner de son engagement, et il
leur en exposa la pensée politique. Il rappela tous les
maux qui étaient nés des guerres entre les deux
140 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
royaumes : la plus sûre manière d'y mettre un terme
était de gagner la France par quelque service signalé.
C'était pour se rattacher plus intimement son père de
France par un semblable lien, c'était uniquement en
vue de la paix et du repos de son peuple, qu'il avait
promis de soutenir la France dans cette campagne. Il
alléguait encore ses devoirs de parenté à l'égard de
Charles VI, et les devoirs de l'un et de l'autre envers
la chrétienté tout entière : car, disait-il, s'ils appre-
naient que roi, prince ou toute autre personne voulût
en quelque partie du monde opprimer le peuple
chrétien par tyrannie, ils étaient de droit tenus par
leur titre même à marcher contre l'oppresseur, à le
détruire et à rétablir l'opprimé en son ancien état.
Pour dernière raison, il ajoutait avec quelque hau-
teur qu'il voulait être libre de commander ses gens,
de les envoyer en aide à ses amis, et de disposer de
ses biens où et comme il lui plairait (a).
Il entendait parler de son domaine; mais quand le
domaine ne suffisait pas, c'était à l'impôt d'y subve-
nir; et comme cela se présentait tous les ans, les
communes ne laissaient pas que d'y être intéressées.
Or, il y avait eu cette année assez de causes de dé-
penses, et les actes mêmes qui avaient eu pour objet
de supprimer les principales charges du pays avec
la guerre, y avaient contribué pour une grande part.
Les fêtes du mariage avaient coûté beaucoup d'ar
gent, et Richard, en enlevant si tôt à la protection de
sa mère la petite princesse, une enfant de sept à huit
[1397] GLOGESTER. 141
ans qu'il venait d'épouser, avait dû lui faire à la cour
toute une compagnie de nobles dames. Les com-
munes s'en émurent, et le jeudi de la semaine sui-
vante (l*' février), elles se présentèrent devant les
prélats et les lords, et leur communiquèrent une
pétition en quatre articles. Elles y demandaient :
1" qu'on remît en pratique l'ancien statut sur les
vicomtes et les principaux officiers du domaine {es-
chetours); qu'on les choisît parmi les grands pro-
priétaires, et qu'ils fussent renouvelés tous les ans ;
2** qu'on prît des mesures pour assurer la marche
d'Ecosse contre les incursions des Écossais; 3" que
les livrées et insignes des seigneurs dont on abusait
pour faire violence h la justice et troubler le cours
de la loi ne fussent portés que par les gens de leur
maison ; 4° que l'on réduisît les dépenses de l'hôtel,
en ne laissant pas plus longtemps à sa charge les évê-
ques ayant seigneurie ou les dames, qui s'y instal-
laient avec tout leur monde et vivaient à ses frais '.
Le roi, instruit de la pétition et de l'appui qu'on y
avait à l'avance cherché parmi les lords, en fut vive-
ment blessé. Dès le lendemain, jour de la Chandeleur,
il appela les prélats et les seigneurs près de lui, et
leur dit qu'il avait ouï parler de leur conférence avec
les communes; qu'il savait qu'on y avait traité de
matières dont plusieurs lui semblaient contraires à
sa prérogative royale, et il ordonna au chancelier
1. Rot. Pari., t. m, p. 339, $ 13 et 14.
142 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
de lire le texte de la pétition. Après quoi^ reprenant
la parole, il déclara que, tenant de Dieu, par la loi du
sang ef, par droit d'héritage, le royaume d'Angleterre,
il voulait maintenir sa prérogative et les libertés de
la couronne. Or, il les croyait compromises par plu-
sieurs des articles proposés. Les vicomtes et les offi-
ciers du domaine, il était d'accord de les choisir entre
les hommes qui offraient le plus de garantie par leur
fortune et leur loyauté. Mais, dans l'intérêt de la cou-
ronne et pour le bien de l'administration, il ne fallait
pas, s'ils étaient capables, les changer tous les ans ;
un laïque, disait-il, ne peut apprendre en si peu
de temps les devoirs de sa charge : quand il com-
mencera à les connaître, il faudra le révoquer; et
puis un homme, mis pour un an seulement en un
office, craindra de déplaire aux seigneurs du pays et
ne remplira point ses devoirs envers le roi. Pour la
marche d'Ecosse et aussi pour les livrées des sei-
gneurs, il y avait des ordonnances dont le roi ne
voulait pas moins Texécution que les communes.
Quant à Fhôtel et à la plainte relative aux évêques
et aux dames, le roi se montra vivement offensé que
les communes, ses hommes liges^ entreprissent de
gouverner sa personne ou sa maison, et de rien or-
donner touchant ceux qu'il voudrait avoir en sa
compagnie. C'était là, disait-il, un attentat à la di-
gnité royale et aux libertés qu'il tenait de ses ancê-
tres, et voulait maintenir à l'aide de Dieu. Il or-
donna aux lords de faire connaître dès le lendemain
[1397] GLOGESTER. 143
aux communes sa volonté en cette matière; et ayant
su que le dernier article avait été introduit dans la
pétition sur la demande d'une seule personne, il char-
gea le duc de Lancastre d'enjoindre au speaher
J.Bussydelui nommer Fauteur de cette proposition*.
C'était porter la défense des prérogatives du trône
jusqu'à l'oubli des droits les plus sacrés des com-
munes. Le droit de pétition était absolu, et les com-
munes avaient pris sur elles ce que la demande
incriminée avait d'excessif, en l'adoptant. Mais elles
ne soutinrent point leur démarche, et Ton ne cite
point plus grand acte de lâcheté dans les annales de
ce corps. Les seigneurs étant venus leur communiquer
l'ordre du roi, elles lui livrèrent et le bill et le nom
de l'auteur (c'était un clerc, et selon toute apparence
un des leurs, sir Thomas Haxey) ; puis se présentant
devant le roi dans l'assemblée générale, elles expri-
mèrent humblement leur peine que le roi eût conçu
du ressentiment contre ses fidèles communes : car ce
n'avait point été, disaient-elles, leur intention de lui
faire déplaisir, ni de rien entreprendre contre sa li-
berté. Elles repoussaient donc bien loin l'idée d'avoir
voulu gouverner sa personne et son hôtel, ou rien
ordonner touchant sa compagnie, sachant que c'était
l'affaire du roi lui-même : elles ne voulaient que lui
témoigner leur attachement, et prier les lords de l'in-
viter à prendre en considération l'honneur de son
1. Rot. Pari., t. III, p. 339, g 13, \k et 15.
144 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
rang, et sur ce à faire ce qu'il jugerait bon. Elles se
soumettaient à sa volonté, demandant grâce et pro-
testant qu'elles étaient prêtes elles-mêmes à faire tout
ce qui serait pour l'honneur et la sûreté de sa per-
sonne royale*.
Le roi agréa leurs excuses, et pour les rassurer sur
les dépenses dont on les avait effrayées, il dit qu'il
ne leur demanderait ni dixième ni quinzième, et qu'il
comptait bien ne mettre jamais à leur charge rien
qui concernât sa personne. Mais il voulut avoir sa-
tisfaction de l'injure qu'il prétendait avoir reçue, et
il trouva sur ce point dans le parlement la plus dé-
plorable complaisance. Dès le lundi 5 février, le
parlement fit une loi qui déclarait crime de trahison
toute démarche ayant pour objet d'exciter les com-
munes ou toute autre personne à réformer rien de ce
qui touche la personne du roi, son gouvernement ou
sa prérogative; et le surlendemain, on appliquait
cette étrange loi à celui pour qui elle était faite.
Th. Haxey était condamné à la peine des traîtres ! Il
est vrai que personne ne songeait à le faire mourir.
La sentence rendue, l'archevêque de Ganterbury et
tous les prélats intervinrent en sa faveur, et le roi
hii fit grâce de la vie. Il l'abandonna même, sur la
prière des prélats, à la garde de l'Église, tout en di-
sant qu'il le faisait librement, et non par obligation,
1. Rot. Pari, t. III. p. 339, g 16. Le fexte du bill de Th. Haxey
est reproduit dans la charte de pardon, ibid., p. 407, appendice,
n« 39.
[1397] GLOGESTER. 145
et trois mois après, il le rétablissait dans la posses-
sion de tous ses biens et dans la jouissance de tous
ses droits. Mais le fait n'en était pas moins grave, et
l'innocuité du dénoûment n'en amoindrissait pas la
signification ni la portée. Le jeune roi, déshabitué de
l'opposition par huit années d'un gouvernement heu-
reux et accepté, en était venu à prendre pour un ou-
trage et à poursuivre comme un attentat à sa personne,
un acte qui était au fond l'exercice mal appliqué, si
l'on veut, mais pourtant légitime, du droit essentiel
des communes ; et les communes qui peut-être avaient
obéi à une pensée de malveillance, mais qui enfin
n'avaient point excédé leur rôle, n'avaient songé qu'à
faire oublier leur hardiesse par les complaisances les
plus serviles, prêtant les mains à la violation des
principes les plus sacrés du droit général et de la
constitution du pays \
Après un si complet accord sur un tel point, il ne
pouvait plus y avoir qu'une entente parfaite sur tout
le reste. Le roi renonçait au supplément d'impôt,
devenu presque ordinaire, du dixième et du quin-
zième. On lui vota les autres subsides, la taxe sur le
vin et les marchandises pour trois ans, et le droit
des laines, au taux antérieur, pour cinq ans. On lui
1. Réponse du roi. Rot. Par/., t. III, p. 339, g 17. — Loi faite pour
condamner Uaxey (5 février). Get acte monstrueux nous est constaté
par la charte môme de pardon. Rot. Parl.^ t. lil, p. 408, append.,
no 39, — Condamnation de Uaxey; intercession des évêques, et grâce
delà vie (7 février), ibid., p. S'il, K 23; grâce entière (27 mai 1397),
ibid.y p. 408.
n — 10
146 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
renouvela rautorisation de modifier ou de sus-
pendre, jusqu'au parlement prochain, sauf le con-
trôle du parlement, le statut des proviseurs; et de son
côté, il confirma les ordonnances contre divers abus :
les chevauchées armées, l'extension des livrées (un
des articles de la fameuse pétition), la présence des
seigneurs parmi les juges dans les assises, les réqui-
sitions de chevaux sous le faux prétexte du service
du roi. À cela se joignirent les grâces particulières
que l'on avu es : au duc de Lancastre pour ses en-
fants naturels, et à J. de Beaufort, l'aîné de ces en-
fants, créé comte de Sommerset; au comte maréchal,
l'ancien lord appelant, et à ses victimes les juges
exilés enjrlande. Tous les nuages semblaient dissipés;
et quand les communes avaient donné au roi un si
fort gage de leur soumission, il semblait qu'il pût se
rassurer; mais, c'est alors qu'il aurait dû craindre.
La servilité du parlement, loin d'être une garantie,
lui était au contraire un péril. Elle lui ôtait le frein
qui seul eût pu l'empêcher de courir à sa perte (a).
n
INTRIGUES ET COMPLOT DE GLOCESTER.
La crise était grave en effet. L'ambition de Glo-
cester n'avait pas été abattue par son échec, et les
faveurs mêmes du roi n'avaient fait qu'irriter davan-
[1397] GLOGESTER. 147
tage sa blessure. Depuis qu'il était rentré au conseil,
il ne cessait de témoigner de son humeur altière.
Il semblait faire fi d'un honneur qui le réléguait au
second rang! « Quand le roi le mandoit, dit Froissart,
s'il lui venoit bien à plaisance, il y alloit; mais le
plus du temps, il demeuroit. Et quand il venoit
devers le roi, c'étoit le dernier venu et le premier
départant; sitôt qu'il avoit dit son entente, il ne
vouloit pas qu'elle fût brisée mais acceptée; puis,
prenoità la fois congé et montoit à cheval, et se dé-
partoit. » Richard, qu'on nous dépeint si violent, n'op-
posait que la douceur à ces brusqueries, faisant tout
pour éviter un éclat : « car, en ses paroles, il n'épar-
gnoit point le roi qui s'humilioit toujours envers lui.
Et ne savoit ce duc demander chose au roi qu'il ne lui
octroyât. » Mais il y avait une chose qu'il ne lui pouvait
octroyer, et c'était la seule que Glocester eût à cœur : le
pouvoir, la direction suprême; et tout ce qu'il lui don-
nait de faire en sous-ordre, les missions même les plus
importantes, en contrariant souvent ses tendances po-
litiques, n'avaient fait qu'aigrir ses ressentiments*.
Tels étaient, par exemple, les rapports nouveaux
que Richard voulait établir entre la France et
l'Angleterre, dans Tespoir de fonder sur la bonne
amitié et le concert des deux nations le salut de la
chrétienté et la paix du monde. Nous avons vu de
quelle sorte Glocester s'était comporté dans le cours
1. Froissatl. IV, 56.
148 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
de ces négociations ; et quand l'esprit de paix préva-
lant peu à peu de trêve en trêve, elles eurent abouti à
cette grande trêve de vingt-huit ans, la part qu'il y
avait prise ne l'empêchait pas d'exprimer tout haut
son dépit. L'acte même par lequel Richard venait de
rapprocher les deux peuples, ouvrait une carrière
nouvelle à son ambition, en lui donnant le moyen
d'associer Famour-propre national à son orgueil of-
fensé. Entre la trêve et le mariage du roi, la France,
on Fa vu, avait essuyé un grand désastre. La fleur de
ses chevaliers avait péri dans les plaines deNicopolis,
sous le sabre des Turcs (28 septembre 1 396) : c'était
le cas de se joindre à elle, et, en l'aidant à reprendre
aux Turcs la victoire, de porter le renom des armes
anglaises plus haut qu'il n'avait jamais été dans les
temps antérieurs. La haine aveugle de Glocester ne
Fentendait point ainsi; et le langage que lui prête
Froissart, résume admirablement les sentiments qu'on
lui connaît et les desseins qui se révélèrent par ses
actes : son impatience de la paix, son aigreur contre
la France, sa perfidie à réveiller toutes les passions,
les jalousies, les convoitises et les défiances du peuple
anglais, pour l'entraîner dans les voies d'une révolu-
tion conforme à ses désirs :
« Ces fumées des Français, disait-il à ses familiers,
ont bien été abattues et déchirées en Flongrie et en
Turquie. Tous chevaliers et écuyers étrangers qui se
boutent et mettent en leur compagnie ne savent ce
qu'ils font, mais sont mal conseillés; car ils sont si
[1397] GLOCESTER. 149
pleins de pompe et d'outre-cuidance qu'ils ne peuvent
amener à nulle bonne conclusion chose qu'ils entre-
prennent. Cela s'est vu assez souvent durant les
guerres entre monseigneur mon père, notre frère le
prince de Galles et eux. Je ne sais pourquoi nous
avons trêve avec eux, car selon que notre querelle
est belle, nous leur ferions bonne guerre, et mieux
présentement que jamais, puisque, toute la fleur de
la chevalerie et escuierie (chevaliers et écuyers) de
France est morte ou prise; et les nôtres ne dé-
sirent que guerre; ils savent que la paix ne leur vaut
rien. Par Dieu! si je vis deux ans en bonne santé
la guerre sera renouvelée. Je ne tiendrai ni trêve,
ni répit, ni assurance : car du temps passé les Fran-
çais ne nous en ont nul tenu; mais ils ont, tellement
quellement, par fraude et par cautelle, repris les héri-
tages de la duché d'Aquitaine, qui jadis furent donnés
par bons traités de paix à monseigneur mon père....
S'il y avait un bon chef pour roi en Angleterre,
qui désirât la guerre et son héritage recouvrer, il
trouverait cent mille archers appareillés, et six mille
hommes d'armes empressés à le suivre et à mettre
pour son service leurs corps et leur chevance à
l'aventure. Mais pour le présent il n'y a point de roi
en Angleterre qui veuille, désire ni aime les armes.
Et pourtant jamais il ne fit si bon en France pour
guerroyer comme aujourd'hui; car si on y allait, on
serait combattu. Je suis le dernier né de tous les en-
fants d'Angleterre. Mais si je pouvais être cru et ouï,
150 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
je serais le premier à renouveler les guerres, et à tirer
satisfaction des torts qu'on nous a faits et fait encore
tous les jours par la simplesse et la lâcheté de nous,
et par espécial de notre chef, qui est allié par ma-
riage à son adversaire : ce n'est pas signe qu'il le
veuille guerroyer. » Il rappelait la campagne qu'il
avait faite jadis à travers la France, les hardies che-
vauchées de Robert Knolles, de Hugues de Calverley et
de tant d'autres, allant jusque devant Paris, jusqu'en
Bretagne, jusqu'à Bordeaux, sans rencontrer ba-
taille : (( Je me fais fort, ajoutait-il, qui ferait au-
jourd'hui tel voyage, il serait combattu ; car celui qui
se dit et écrit roi est jeune, chaud et de grande vo-
lonté : et c'est tout tant que nous désirons et devons
désirer, vouloir et aimer, que la bataille. Mais nous
languirons comme nous faisons et avons fait depuis
que notre neveu fut roi d'Angleterre. Cette chose ne peut
longuement durer ainsi que le pays ne s'en aperçoive :
car il prend et lève grandes tailles sur les marchands
qui mal s'en contentent; et ne sait-on ce que tout cela
devient. Dont on verra bientôt une grande rébellion
en ce pays, car le peuple commence à parler et à mur-
murer que telles choses ils ne veulent plus souffrira »
Dans cette prédiction perçait la secrète pensée de
Glocester; et il était désormais résolu à faire qu'elle
s accomplît. Il essaya, dit-on, d'abord de prendre pour
instrument son neveu, Roger Mortimer, comte de la
1. Froissart, IV, 56.
[1397] GLOGESTER. 151
Marche, petit-lils de Lionel et héritier désigné du trône.
Il l'attira dans sa demeure^ lui dit qu'on le voulait
faire roi; que Richard serait gardé en prison; que lui,
Glocester, répondait du succès avec le concours de
Warwick, d'Arundel et des principanx prélats et ba-
rons d'Angleterre. Le jeune comte fut tout étourdi de
cette ouverture : mais il y résista et ne s'engagea qu'à
n en rien dire. Glocester alors chercha à remuer le
pays, et notamment le peuple de Londres. La guerre
était suspendue, sans que les impôts établis jadis pour
la soutenir aient pu être entièrement abolis; et l'on
aurait dû pourtant savoir gré à Richard d'avoir tout
récemment renoncé à l'impôt du quinzième, avec pro-
messe de n'y plus recourir. Mais Glocester n'en tenait
pas compte; et lui, si ennemi de la paix, tirant avan-
tage de ce qu'elle avait promis et n'avait pu donner
encore : w Faites une requête au roi, disait-il, qui
sera toute raisonnable : qu'il vous tienne quittes des
subsides que vous accordez depuis vingt ans; car ils
ne sont votés que la guerre durant pour aider à payer
les gens d'armes. Et entre vous, marchands, vous
êtes trop malement grevés; vous payez de cent flo-
rins treize, et tous vos profits tournent en danses et
fêtes, en boire et en manger. Dites que vous voulez
(jue le royaume d'Angleterre soit mené et gouverné
aux coutumes anciennes. Quand il besognera au roi
et au royaume pour l'honneur du pays défendre et
garder, vous ne refuserez pas de vous laisser taillci
tant qu'il devra suffire au roi et à son conseil (a). >
152 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
Les habitants de Londres n'eurent point de peine à
le croire. Ils se concertèrent avec des hommes d'au-
tres cités, et députèrent vers le roi pour demander
l'abolition de la taxe sur les marchandises. On les
ajourna à un mois delà. Ils revinrent à Westminster
au jour dit; ce fut au duc de Lancastre que le roi
donna la mission de les recevoir et de leur faire en-
tendre raison. La taxe^, disait le duc, avait été votée par
le parlement, et le roi avait répondu à ce don en con-
firmant les libertés publiques, et en accordant tout
particulièrement à Londres des franchises qu'il était
disposé à étendre et à accroître encore. — Et, en effet,
le 12 juin 1397, Richard, « à la requête de sa très-
chère épouse Isabelle, » et pour mieux faire accueil-
lir de la capitale la jeune reine, effaçait les dernières
traces du châtiment qui avait puni les troubles de
1392, et lui restituait toutes ses coutumes. — Lan-
castre énumérait les charges qui avaient pesé sur le
gouvernement : la guerre à faire, la paix à négocier,
le mariage même, et, malgré la trêve, la nécessité
d'entretenir des garnisons tant en Gascogne qu'aux
marches de Calais, sur la frontière d'Ecosse et en Ir-
lande. C'étaient de grandes dépenses chaque année ;
la taxe des marchandises, votée par le parlement,
était encore la plus juste manière d'y pourvoir, puis-
qu'elle pesait sur l'étranger comme sur Tindigène, à
proportion des choses achetées ou vendues. Glocester
était présent : mais il eût craint de se trahir en ap-
puyant cette démarche; et la députation, n'étant pas
;i397^ GL0GE5TER. 153
soutenue, se retira sans insister davantage, mal con-
tente de Glocester sans doute, qui alla cacher son dé-
pit dans son château du Plessis (Plashey) en Essex (a).
Il trouva bientôt d'autres occasions d'exciter con-
tre le roi le sentiment national.
Richard était entré franchement dans l'exécution
du traité; et, sans donner suite à ce projet d'expédition
commune en Lombardie, dont le parlement, malgré
les formes respectueuses et mesurées de son langage,
avait bien montré qu'il ne voulait pas, il s'appliquait
à entretenir les relations les plus cordiales avec la
cour de France. Cela ressort de ses instructions aux
ambassadeurs qu'il envoie de nouveau à Charles YI,
après le parlement dont on vient de voir les actes
(27 février 1397). Il y parle des démarches qu'il
veut faire de son côté, selon les conventions, pour
hâter la fin du schisme ; des nouvelles conférences qui
doivent se tenir entre les princes sur les marches de
Calais; de l'Ecosse, et du refus qu'elle oppose à la
trêve : et il soumet à Charles VI les articles contestés,
pour qu'il ramène à la raison cet allié trop fidèle. Il
y parle encore du mariage projeté de son cousin
Derby avec la fille du roi de Navarre, mariage qu'il
ne veut point faire sans l'avis de son père de France,
de même que son père de France, en pareille matière,
ne fait rien sans son avis à lui; de l'île de Ré, de
Saint-Malo, et de ses conventions à ce propos avec le
duc de Bretagne. Il avait envers le duc de Bretagne et
le roi lui-même une autre obligation. Des deux grands
154 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
ports engagés à l'Angleterre sur les côtes de France,
Cherbourg et Brest, il avait déjà;, on l'a dit, rendu
Cherbourg au roi de Navarre : il devait aussi rendre
Brest. La clause de restitution était formelle. Or, le roi
de France tenait à ce qu'elle s'accomplît, et le duc de
Bretagne ne pouvait plus ne pas le demander lui-même.
Richard^ lié par ces contrats, donna ordre à J. Drax,
sergent d'armes, de reprendre le château des mains de
J. de Holland, son frère, pour le restituer au duc de
Bretagne; ce qui fut exécuté le 12 juin 1397 (a).
Cet acte était l'exécution d'un contrat que Richard
n'avait pas fait , mais où s'étaient engagés en son
nom, lui-même étant enfant, son oncle le duc de
Lancastre, et avec lui les plus grands personnages
d'Angleterre, entre autres Arundel et Warwick. Glo-
cester, sans tenir compte ni de l'évidence du droit, ni
de l'engagement de ses propres amis, se fit une arme
de cette restitution. 11 murmurait donc tout haut, et
ne s'en taisait point auprès de Richard lui-même. Le
retour de la garnison de Brest amena un premier éclat.
Comme les soldats, ramenés à Londres, se plaignaient
qu'après avoir bien servi^ ils avaient été ma] payés :
« Ils seront payés, dit le roi ; » et il ordonna qu'ils
fussent logés en quatre villages auprès de Londres, et
entretenus à ses dépens jusqu'à ce qu'ils eussent reçu
toute leur solde. Glocester venant sur ces entrefaites ;
« Sire, dit-il au roi avec sa hauteur dédaigneuse,
vous devriez premièrement tant faire de votre corps,
que vous preniez une ville sur vos ennemis par fait
[1397] GLOCESTER. 1Ô5
de guerre, avant de rendre ou de vendre aucunes
villes que vos prédécesseurs rois d'Angleterre ont
gagnées et conquises.
— Comment dites-vous cela? » dit le roi vivement
blessé.
Le duc répéta ses paroles; et le roi, justement en
colère :
« Cuidez-vous que je sois marchand ou fol, que je
vende ma terre? Par saint Jean-Baptiste, nenni; mais
il est vérité que notre cousin de Bretagne nous a
rendu et payé bien et loyalement la somme qui lui
avait été prêtée pour la ville de Brest, et, puisqu'il
nous a payés, c'est bien raison qu'il ait ses gages. »
« Ainsi, dit la chronique française où nous pre-
nons ce trait, ainsi commença l'envie entre le roi
d'Angleterre et le duc de Glocester, son oncle; et est
vérité qu'ils se partirent gracieusement par belles
paroles; mais l'envie ne fut de rien plus petite (a). »
L'envie remontait plus haut que ne le dit notre
chroniqueur lorsqu'il prend là le commencement de
sa tragique histoire. Elle s'étendait plus loin aussi :
elle gagnait dans le peuple, et les raisons que Richard
donnait à Glocester n'allaient pas jusqu'à la foule.
Y fussent-elles allées, qu'auraient-elles pu contre ce
reproche : « Il a rendu deux bonnes forteresses es
mains de ses ennemis, lesquelles étaient bonnes et
profitables au royaume d'Angleterre en fait de guerre? »»
Le peuple anglais croyait déjà à cette maxime, dont il
a aujourd'hui des témoins sur tonte la face du globe,
156 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
que ce qui est bon à prendre estbon à garder. On ne
disait donc pas que Richard eût rendu deux places
tenues en gage : et \ainement alléguait-il dans les
ordres de livraison les engagements et les noms des
seigneurs les plus populaires. On disait qu'il vendait
les conquêtes de l'Angleterre à la France; et ce
bruit une fois répandu dans la multitude, elle se
trouva disposée à tout croire. Le comte de Saint-Pol
avait été envoyé par Charles YI auprès de Richard,
pour prendre des nouvelles de la petite reine. Le
choix d'un homme agréable au roi d'Angleterre dont
il avait épousé la sœur utérine, devait avoir aussi
pour objet d'entretenir la bonne intelligence des deux
couronnes : c'était répondre au message dont Richard
venait tout récemment de charger son cousin de Ru-
tland et le comte maréchal : on répandit le bruit qu'il
venait négocier quelque nouvelle concession à la
France. Cherbourg et Brest avaient été rendus : il ne
pouvait plus être question que de livrer Calais ! Les
principaux de Londres, émus de cette nouvelle, vin-
rent en toute hâte en parler à Glocester au Plessis;
Glocester se garda bien de détruire leurs soupçons :
« Ce ne serait pas impossible, dit-il; les Français don-
neraient bien toutes les filles du roi de France pour
avoir Calais. » Et comme ceux de Londres disaient
qu'ils en parleraient au roi, et lui feraient connaître
combien le sentiment public en était alarmé : « Allez,
dit-il, parlez-lui sans crainte, et dites-moi ce qu'il
vous répondra. De mauvais traités pourraient bien se
[1397] GLOGESTER. 157
faire; car voilà le comte maréchal qui est capitaine et
gardien de Calais : il a été deux fois en France, lia
séjourné à Paris, il a été mêlé plus que nul autre au
traité de mariage du roi et de la fille du roi de
France. Les Français sont subtils ; ils savent viser de
loin une chose et la gagner petit à petit. Ils savent
promettre et donner largement, tant qu'ils viennent à
leur entente \ »
Ceux de Londres se rendirent à Eltham, près du
roi, et lui exposèrent franchement le sujet de leurs
craintes. Le roi ne put cacher sa surprise et son
affliction. Il protesta que rien n'était plus éloigné de
sa pensée; que le comte de Saint-Pol n'avait d'autre
mission que de voir la jeune reine, et que pour lui.
Dieu aidant, il ne trahirait jamais les droits de sa
couronne. Les habitants de Londres s'en allèrent ras-
surés, mais le roi demeura profondément pensif et
chagrin; il ne voyait que trop qui remuait contre
lui ce vieux levain de calomnie. ïl retint auprès de
lui son frère Jean de Rolland, comte deHuntingdon,
et son neveu le jeune comte de Kent, à qui il avait
déjà communiqué, et qui partageaient ses soupçons
contre Glocester avec l'emportement ou de leur ca-
ractère ou de leur âge. Sans rien craindre de ses
deux autres oncles, Lancastre et York, il n'avait pas
la même confiance en eux; et d'ailleurs, moins préoc-
1. Accusation pour Cherbourg et Brest. Ms. 388^, fol. 111 verso,
112. — Ambassade du comte de Saint-PoI en Angleterre. Froissart,
IV, 56.
158 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
cupés de ses périls, ils se tenaient communément
plus éloignés de sa personne. Richard sentit le danger
assez grand pour se donner une garde de deux mille
archers qui veillaient nuit et jour dans sa demeure*.
Des informations nouvelles lui firent craindre que
cela même ne suffît pas. On lui donna des détails
plus précis sur le plan nouveau qu'avait, disait-on,
adopté Glocester; il s'agissait toujours de l'enlever
lui-même et de le transporter avec la jeune reine en
un château, où il « serait mis et enclos courtoise-
ment sous bonne garde. » Le comte de la Marche
ayant refusé de tenir de Glocester la couronne, Glo-
cester avait imaginé d'y substituer un gouvernement
à quatre, où il intéressait ses deux frères Lancastre
et York, en leur faisant une part. On se partageait
le gouvernement par régions : Lancastre et York de-
vaient avoir le nord, de la Tamise aux frontières
d'Ecosse; Glocester, Londres, le comté d'Essex et
tout le pays au nord-est jusqu'à l'Humber; et Arun-
del, toute la partie occidentale depuis Londres^ en
deçà de la Tamise et de la Saverne. Le nouveau gou-
vernement devait commencer par renouveler la
guerre contre la France. C'était par là que la révo-
lution voulait faire appel au sentiment populaire, et
elle pouvait compter en outre sur l'esprit qui do-
1. Message de Londres au roi. Froissart, IV, 56. — Garde de deux
mille archers du comté de Chester. M. Evesh., p. 133. — Thomas de
Holland, comte de Kent, mourut le 26 avril 1397. C'est, depuis
lors, son fils, nommé aussi Thomas, qui porte ce titre. Voy.
Dugdale, Baronage^ t. II, p. 75.
[1397] GLOCESTER. 159
minait dans une partie du pays et notamment dans
Londres. Il y avait dans le pays cet esprit de révolte
contre l'autorité, répandu par la doctrine de Wicleff
et manifesté par les progrès de la secte des lollards;
il y avait toujours à Londres cette populace qui avait
accueilli Wat-Tyler, et qui s'était sentie vaincue dans
sa défaite. Richard savait tout le crédit dont jouissait
Glocester parmi les mécontents. Tous ses efforts pour
se gagner son oncle, pour s'attacher sa capitale étaient
demeurés inutiles*.
Informé du plan de Glocester, il s'adressa résolu-
ment à ses deux autres oncles, à qui, selon ce rap-
port même, Glocester, sans les avoir consultés sans
doute, y voulait faire une part : « Mes beaux oncles,
leur dit-il, pour Dieu conseillez-moi. Je suis tous les
jours informé de vérité que votre frère mon oncle de
Glocester, le comte d'Arundel et leurs complices me
veulent prendre et mettre en un château^ diviser
mon royaume et séparer de moi ma femme, qui est
une enfant et fille du roi de France. Mes beaux oncles,
ce sont cruelles choses, et qui ne sont pas à souffrir
tant qu'on y peut obvier. Vous m'avez fait hommage
et juré foi tenir, présent votre seigneur de père, le
roi Edouard, de bonne mémoire mon grand seigneur;
je vous prie donc, en nom d'amour et de charité, et
par votre serment, que vous me conseilliez : car à
ce que je puis voir, mon oncle de Glocester ne de-
1. Nouveaux projets attribués a Glocester. Froissart, IV, 56.
160 LIVRE NEUVIEME. [1397^
mande autre chose, sinon que la guerre se renou-
velle entre France et Angleterre ^ »
Les deux princes, ne jugeant point sans doute les
choses aussi avancées , s'efforcèrent de rassurer le
roi: ce Monseigneur, lui disaient-ils, souffrez-vous
(contenez-vous); laissez le temps couler aval; nous
savons bien que notre frère de Glocester a la pire
tête et la plus périlleuse d'Angleterre; mais il n'a que
le pouvoir d'un homme ; s'il charpente d'un côté;,
nous charpenterons de Tautre. Tant que vous vou-
drez demeurer en notre conseil, vous n'aurez rien à
craindre de notre frère. Il dit bien des choses dont
il n'est rien : il ne peut tout seul rompre ni briser les
trêves; et de vous enclore en un château, nous ne le
souffrirons jamais, ni que vous soyez séparé de la
reine d'Angleterre votre femme. Apaisez-vous donc :
les choses tourneront à bien; tout ce qu'on dit et
compte faire ne vient pas à effet. » Ainsi parlaient les
deux princes ; mais voyant les choses s'aigrir entre
le roi et le duc et ne voulant pas être mêlés à la que-
relle, ils se retirèrent, sous prétexte de chasse, dans
leurs châteaux. C'était priver le roi de la garantie
qu'ils lui donnaient par leur présence ; c'était le lais-
ser seul devant le péril, et devant les résolutions que
le sentiment du péril lui pouvait inspirera
Tout annonçait une crise prochaine. Ceux qui
avaient quelque raison pour n'en point courir l'a-
1. Froissart, IV, 56.
2. Froissart, ibid.
[1397J GLOGESTER. 161
venture, Thomas Percy, par exemple, sénéchal de
l'hôtel, faisaient comme Lancastre et York, et cher-
chaient une excuse pour se retirer. Mais il y en avait
qui étaient nécessairement compromis dans le parti
du roi. La cause du roi était leur propre cause, et ils
avaient un intérêt personnel à épier, à découvrir et
à réprimer le complot. Si le Religieux de Saint-Denys
n'a pas été trompé par de fausses rumeurs, ce fut le
comte maréchal, l'ancien complice de Glocester^ qui
le fit connaître au roi. Selon ce rapport, Glocester
et Arundel avaient appelé la religion elle-même à
consacrer leur conspiration. Toutes choses étant con-
venues, l'archevêque de Canterbury avait célébré la
messe devant eux^ et leur avait donné la communion
comme gage du lien qui les unissait et du secret
qu'ils s'étaient promis l'un à l'autre. (Warvvick, leur
ancien complice, y avait été encore cette fois asso-
cié.) La scène est suspecte, le complot même a pu
être révoqué en doute dans ses détails; mais ce qui
est moins contestable, c'est que le bruit en était ré-
pandu autour du roi. Richard^ délaissé de ses deux
oncles, se trouvait donc seul en présence de cette
menace nouvelle et de ses anciens souvenirs; après
ce que Glocester avait osé déjà, il avait tout à crain-
dre. Il résolut de ne pas se laisser surprendre une
seconde fois, et de prévenir ses ennemis (a).
Lui-même y voulut prendre le principal rôle. Il
s'entendit avec le comte maréchal : il se dirigea vers
Havering comme pour chasser aux daims, et de là,
n— Il
162 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
un jour après dîner, il se rendit au Plessis. Glo-
cesler avait déjà fini de souper : il était sobre et
restait peu à table. Il vint à la rencontre du roi^ et
lui fit, avec la duchesse, les honneurs de son château.
On dressa une table, on servit le roi; mais à peine
avait-il goûté aux mets : « Bel oncle, dit-il, faites
seller vos chevaux, non pas tous, mais cinq ou six;
il convient que vous me teniez compagnie à Londres;
car ceux de Londres doivent demain me présenter
rec^uête; nous y trouverons mon oncle de Lancastre
et mon oncle d'York, et j'en ordonnerai par votre
conseil. Dites à vos gens de vous suivre et de venir
vous retrouver demain. » Le duc obéit sans défiance;
le roi prit congé de la duchesse et de ses enfants, et
monta à cheval avec Glocester, qui prit avec lui
quatre écuyers et quatre varlets. Quand on arriva
près de la Tamise, le comte maréchal sortit tout à
coup d'une embuscade et se jeta sur Glocester,
disant : « Je vous arrête de par le roi! » Le duc se
vit trahi; il appela le roi, mais le roi avait pris les
devants. Il y avait là un bateau à l'ancre : le comte
maréchal y mit Glocester et y monta lui-même avec
tous ses gens; puis, gagnant la mer, il mena son
prisonnier à Calais (a).
Le lendemain le comte de Warwick, impliqué dans
les desseins de ses anciens complices^, était arrêté; le
comte d'Arundel, qui aurait pu se sauver et même
en appeler à la force pour tenter de délivrer Glocester
et Warwick, se laissa tromper par de flatteuses pa-
[1397] GLOGESTER 16*3
rôles et envoyer dans l'île de Wiglit, où on le mit en
prison. En même temps, le roi faisait annoncer par
tout le royaume qu'ils étaient arrêtés comme traîtres ;
qu'ils l'avaient été de l'aveu du comte de Rutland,
son cousin, du comte de Huntingdon (J. de Holland),
son frère, et du comte de Kent, son parent; du
comte maréchal, du comte de Salisbury (Jean de Mon-
taigu), du sire le Despenser et de W. le Scrop : c'est
avec eux, selon toute apparence, qu'il s'était con-
certé pour cette arrestation. Et il voulait qu'on pro-
clamât qu'elle avait eu lieu aussi avec l'assenti-
ment de ses oncles de Lancastre et d'York et de son
cousin de Derby : il comptait bien qu'ils n'oseraient
le désavouer. En outre, de peur que leurs anciens
partisans, se croyant menacés^ ne recourussent au
soulèvement pour échapper au péril, on déclarait que
les trois lords n'étaient point poursuivis pour la prise
d'armes de la onzième année (1387)^ que les griefs
étaient d'autre nature, et seraient exposés dans le
prochain parlement. Le roi cherchait donc à rassurer
les esprits et à prévenir les troubles; il ordonnait
aussi de les réprimer en arrêtant quiconque tenterait
la moindre chose contre les faits accomplis. De plus,
il introduisait dans sa garde des hommes de Chesler,
le pays dont il était le plus sûr, et il convoquait à
Kingston, pour l'accompagner à Westminster, tous
ceux qui portaient sa livrée et ses armes : le cerf à
la couronne (a).
Pour prévenir lu conjuration, Richard avait cm*
164 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
prunté aux conjurés leurs anciens procédés. Ce fut
aussi sur eux que, pour la frapper, il prit exemple.
Dans un grand conseil, tenu à Nottingham (5 août),
on vit se porter appelants contre Glocester et ses deux
complices, les premiers personnages de l'État, les
princes mêmes de la famille royale : Edmond, comte
de Rutland, fils du duc d'York; Jean de Beaufort,
comte de Sommerset, fils légitimé du duc de Lancastre;
Thomas de Holland, comte de Kent, neveu de Richard,
et Jean de Holland; comte de Hûntingdon, son frère ;
Thomas Mowbray, comte de Nottingham, lord ma-
réchal; le nouveau comte de Salisbury, le jeune
Thomas le Despenser et W. le Scrop, déjà cités dans
la proclamation du roi comme ayant donné leur avis
à l'arrestation des accusés. Le parlement fut convoqué
pour les juger*.
m
LE PARLEMENT DE LA XXI« ANNÉE (1397).
La disparition de Glocester, l'arrestation si brusque
de Warwick et d'Arundel avaient jeté la consterna-
tion dans leurs familles et dans le pays. Mais la du-
chesse de Glocester comptait que Lancastre et York
n'abandonneraient pas leur frère, et les habitants de
1. Wals , p. 354. L'acte d'appel est donné en tête des procès-
verbaux du procès. Rot. Pari., t. III, p. 374, $ 2.
[1397] GLOCESTER. 165
Londres eux-mêmes s'étaient rassurés en voyant l'af-
faire renvoyée au parlement Ils ne savaient où ils
fondaient leurs espérancesM
Le parlement s'étant réuni à Westminster au jour
marqué (17 septembre 1397), le chancelier, évêque
d'Exeter, prit pour texte ces paroles d'Ézéchiel : « Il
n'y aura qu'un seul roi pour tous : Rex unus erit om-
nibus y )) et son discours reposa tout entier sur les
droits du pouvoir royal. Le pays, disait-il, ne peut
être bien gouverné que par un roi. Or, pour que le
roi gouverne, il faut trois choses : l*' qu'il soit puis-
sant; 2" qu'il soit attentif à la garde et à l'exécution
des lois; 3" qu'il soit obéi, ainsi que la loi. Pour que
le roi soit puissant, il faut qu'il ait les libertés et les
prérogatives qui lui ont été données et qu'il a juré de
maintenir au temps oii ila reçu la couronne : en telle
sorte que si l'une d'elles a été aliénée sous la foi du
serment, la loi tient cette aliénation pour nulle et
délie du serment. Les droits de la couronne avaient-
ils été aliénés ou amoindris? Le parlement était con-
voqué pour s'en enquérir et y porter remède, afin
que le pouvoir royal fût rétabli et qu'il y eût_, selon
le texte de l'Écriture, un roi pour tous : Rex erit
unus omnibus. Ce premier point était déjà tout un
sermon portant sa conclusion, et aurait pu dispenser
l'orateur de développer les deux autres. C'était dire
1. Confiance de la duchesse de Glocester dans les ducs de Lancasire
et d'York. Froissait, IV, 61 ;— Parlement du lundi après l'Exoltalion
de la Sainte-Croix (17 septembre 1397). Rut. Parl.^ t. III, p. 3^*7.
166 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
assez au parlement que le roi ne laisserait pas chô-
mer les lois répressives : et l'évêque citait l'exemple
du père qui châtie son enfant; c'était dire comment
il entendait que le roi fût respecté et la loi obéie.
Mais le discours avait une conclusion plus explicite.
Le cliancelier annonçait que le roi, considérant les
autres offenses dont le peuple s'était jadis rendu cou-
pable, voulait lui rendre le calme et la sécurité par
une amnistie générale, sauf des points qui seraient
expliqués; hormis aussi cinquante personnes et ceux
qui seraient accusés dans ce parlement*.
Les communes allèrent au-devant de tout ce qu'on
voulait. Après avoir fait agréer du roi leur speaker,
J. Bussy, et réclamé, selon Tusage, pour l'Église, les
prélats et les cités la confirmation de leurs libertés,
elles en usèrent, quant à elles, en demandant d'abord
que les prélats nommassent un procureur pour les
représenter dans le cas où ils ne pourraient siéger en
raison de leur caractère, et faire ainsi que leur ab-
sence ne pût être invoquée comme invalidant les
jugements. Les prélats nommèrent Thomas Percy.
Après cela , les communes demandèrent que l'on
abolît , comme arraché par la contrainte , le statut
de l'an x de Richard (19 novembre 1386), qui avait
donné à Glocester, à Ârundel et à plusieurs, commis-
sion pour gouverner le royaume; et il fut résolu, du
consentement des lords et des communes , qu'on ne
1. liol. ParL, t. III, p. 3kl.
[1397] GLOCESTER. 167
pourrait plus ni établir ni tenter d'établir pareil pou-
voir sous la peine des traîtres. Cette interdiction
était légitime, bien que, hélas! singulièrement im-
puissante. Mais l'autre mesure ne tendait à rien
moins qu'à frapper rétrospectivement d'illégalité tous
les actes du gouvernement de Glocester(fl).
Ce ne futpoint assez : le mêmejour (mardi, 18 sep-
tembre) on révoqua le pardon que le roi avait accordé
à Glocester, à Arundel et à Warwick, et qu'il avait
sanctionné par sept années de faveur et de grâces; en
sorte que les trois complices se trouvaient, de plein
droit, rétablis dans cet état de trahison et de révolte
qui venait d'être déftni par la précédente résolution.
Mais le comte d'Arundel aurait pu alléguer une autre
charte de pardon qui, obtenue le 30 avril de la dix-
septième année (1394) pour un acte de peu d'impor-
tance, rappelait néanmoins, selon le protocole ordi-
naire, toutes les trahisons, félonies, etc., dont il
avait pu se rendre coupable, pour l'en décharger en
môme temps. Ici on ne pouvait alléguer la contrainte:
en 1394, le roi était autant que jamais en pleine
liberté d'action. On allégua son ignorance, et la
charte fut révoquée tout aussi bien que l'autre (6).
Le champ était donc libre. Avant de procéder, le
surlendemain jeudi 20 septembre, les communes dé-
clarèrent qu'elles étaient prêtes à traiter de diverses
choses, mais qu'elles avaient plusieurs accusations
à soutenir; et elles demandaient à le faire dans le temps
et aussi souvent qu'elles le voudraient, sous réserve
168 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
de tous leurs droits. Ce point accordé et enregistré dans
les rôles, elles commencèrent par rarchevêque de Gan-
terbury, Thomas Arundel. Elles Taccusaient de tra-
hison parce qu'étant chancelier, il avait traîtreusement
aidé à former le conseil de la dixième année (1386),
conseil dont il s'était fait nommer membre avec Glo-
cester, Arundel, etc.; et parce que, dans la onzième
année (1387-1388), avec les membres de ce conseil,
il avait entrepris de s'emparer de l'autorité royale,
fait arrêter et condamner à mort les loyaux sujets de
Sa Majesté, Simon Burley, J. Berners. Elles priaient
le roi d'ordonner que l'archevêque fût mis sous
bonne garde. L'archevêque, dit le moine d'Evesham,
voulait se lever pour répondre, mais le roi le retint :
« Vous répondrez demain », lui dit-il; et il déclara
au parlement que, vu la haute dignité de l'accusé, il
prendrait conseil*.
Les communes avaient pris sur elles la mise en
accusation de l'archevêque. Sans plus attendre la
décision du roi, les lords appelants qui s'étaient mis
en avant au conseil de Nottingham contre Glocester,
Arundel et Warwick, présentèrent à leur tour leur
acte d'accusation devant le parlement. Ils reprenaient
dans leurs articles toute l'histoire de la dixième et de
la onzième année de Richard II: la commission de gou-
vernement imposée au roi par menace en la dixième
1. Déclaration des communes. Rot. Parl.^ t. III, p. 351, g 14; —
Accusation de Thomas Arundel, archevêque de Canterbury , ibid.j
S 15; cf. M.Evesh., p. 133.
[1397] GLOCESTER. 169
année (19 novembre 1386), sous l'impulsion de Glo-
cester et d'Arundel, et tout spécialement :
1" Le complot formé l'année suivante par les
mêmes seigneurs pour s'emparer du pouvoir royal,
complot oii ils avaient entraîné Warwick et Thomas
Mortimer; la prise d'armes de Haringhay-Park; la
conférence de Westminster, où le roi avait été con-
traint de faire tout selon leur bon plaisir ;
2" L'arrestation et le procès des plus fidèles amis
du roi, et, entre autres, de Simon Burley; sa con-
damnation contre l'avis du roi et en l'absence d'un
grand nombre de pairs du parlement.
On les accusait encore :
3" D'avoir voulu, le 12 décembre 1387, attirer le
roi en un lieu, comme pour lui rendre hommage, dans
l'intention réelle de le déposséder : projet dont Henri
de Lancastre, comte de Derby, et Thomas Mowbray,
comte de Nottingham, associés jusque-là à leurs ac-
tes, empêchèrent seuls l'exécution. Mais c'est à peine
si l'on peut dire qu'ils aient renoncé à leur dessein;
ils avaient osé tenir la menace suspendue sur la tête
de Richard : le décret de la déposition d'Edouard II
avait été tiré des archives, lu au roi au parlement, et
ils avaient osé lui dire qu'ils avaient raison suffisante
pour le déposer de la même sorte, et que, s'ils le lais-
saient sur le trône, c'était par respect pour son père
et son aïeul, dans l'espoir qu'il gouvernerait mieux*.
\. Rot. Pari., t. III, p. 37^ {Placita ccyronœ, $ 3-7).
170 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
Ainsi nulle allusion aux griefs qui avaient poussé
le roi à ce parti désespéré contre Glocester. Les actes
de la onzième année ayant été déclarés crimes, et le
pardon révoqué, on trouvait tout simple de s'en tenir
à des faits publiquement établis, au lieu de se jeter
dans le dédale d'un procès nouveau qu'il eût fallu
instruire. Les articles lus, les lords appelants décla-
rèrent qu'ils étaient prêts à les prouver, et ils prièrent
le roi de faire comparaître les accusés devant le par-
lement pour y répondre.
Le lendemain, 21 septembre, lord Nevil, constable
de la Tour de Londres, amena le comte d'Arundel.
C'était à l'aîné de ses oncles, au duc de Lancastre,
sénéchal d'Angleterre, que le roi avait remis, en cette
qualité^ ia charge bien lourde de présider à ce pro-
cès monstrueux.
Selon le moine d'Evesham, lorsque Arundel fut
amené à la barre, revêtu de sa robe de comte et de
son chaperon d'écarlate, le duc de Lancastre dit au
sire de Nevil : « Otez-lui la ceinture et le chaperon; »
et il lui lit connaître les articles de l'appel. Le comte
nia avec force qu'il fût un traître, et il invoqua le bé-
néflce de son pardon, protestant qu'il n'avait jamais
voulu manquer à la grâce du roi; et, comme Lan-
castre lui disait que ce pardon avait été révoqué,
l'appelant traître : « Vous mentez! s'écria le comte,
jamais je ne fus traître.
— Pourquoi donc, reprit le duc, avez-vous demandé
pardon ?
[1397] GLOCESTER. 171
— C'est, répliqua le comte,- pour fermer la bouche
à mes envieux, dont vous êtes un; et certes, en fait
de trahison, vous avez plus besoin de pardon que
moi. ))
Le roi, voulant couper court à cette querelle, dit
au comte : « Répondez à l'accusation. »
Et le comte : « Je vois bien qu'ils m'accusent de
trahison; ils mentent tous : jamais je ne fus traître!
Mais je réclame le bénéfice du pardon que vous
m'avez accordé il y a moins de six ans, de votre
propre mouvement, dans la plénitude de votre âge
et de votre libre volonté.
— Je l'ai octroyé, dit le roi, sous condition que
cela ne tourne pas contre moi.
— L'octroi en est donc nul, » ajouta Lancastre.
Arundel insistait, montrant que ce pardon avait
été de la part du roi si vraiment spontané, qu'il se
trouvait alors au delà des mers. Mais s'il n'était pas
nul de soi, il avait été annulé : pour plusieurs, c'était
la même chose; et J. Bussy, l'orateur, crut fermer la
bouche à l'accusé, en lui alléguant cette dernière ré-
solution du roi, des seigneurs et des fidèles com-
munes. Le comte, se tournant vers lui : « Où sont
ces fidèles communes? Je vous connais, toi et tes
compagnons; je sais que vous avez été réunis, non
pour faire acte de fidélité, mais pour verser mon
sang. Les fidèles communes du royaume ne sont
point ici : si elles étaient ici, elles pourraient bien
combattre pour moi afin que je ne fusse pas livré
172 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
entre vos mains : car je sais qu'elles ont grand'-
peine de moi , et je sais que tu as toujours été
faux. »
Bussy et les gens des communes s écrièrent avec
force : « Voyez^ sire roi, comme ce traître cherche
à exciter sédition entre nous et les nôtres demeurés
au pays!
— Vous mentez tous! leur répondit le comte : je
ne suis point traître. »
Henri^ comte de Derby, se leva à son tour, et, d'un
ton plus bénin :' « Ne m'avez-vous pas dit, à Hun-
tingdon, où nous nous étions réunis avant de nous
insurger, qu'il serait mieux de prendre, avant tout,
le roi? ))
Le comte, furieux de cette attaque inattendue :
« Toi, s'écria-t-il, Henri, comte de Derby, tu mens
par ta tête! Jamais je n'ai rien dit de monseigneur le
roi^ ni à toi, ni à aucun autre, qui ne fût à son bien
et à son honneur. >>
Mais le roi, intervenant de sa personne : « N'avez-
vous pas dit, au temps de votre parlement, dans la
salle de bain, derrière la salle blanche, que Simon de
Burley était coupable de mort pour plusieurs causes?
et, quand je répondais que je ne savais ni ne trou-
vais en lui aucune cause de mort, quand nous vous
priions et suppliions pour lui, moi et la reine mon
épouse, vous et vos compagnons, au mépris de
nos prières, vous l'avez traîtreusement fait mou-
rir! »
[1397] GLOCESTER. 173
Le fait n'était que trop vrai. Arundel se tut, et le
duc de Lancastre prononça la sentence ^
Cette scène ne peut être regardée comme suppo-
sée : le moine d'Evesham n'aurait point inventé ni
accepté à l'aveugle un récit où le comte de Derby,
l'objet de ses prédilections, remplit un rôle de dénon-
ciateur. Mais si rien de cette lutte de l'accusé contre
ses accusateurs et ses juges n'est demeuré dans les
actes officiels, l'attitude plus calme qu'ils lui prêtent
n'a pas un caractère moins imposant. Selon le texte
du procès- verbal, Arundel, comme dans le récit du
chroniqueur, répondit à l'accusation par une fin de
non-recevoir; il allégua l'amnistie générale accordée
par le roi dans sa onzième année (1388), et la charte
particulière de pardon qu'il avait obtenue plus récem-
ment. On lui dit que le parlement avait annulé l'am-
nistie, comme obtenue par violence, et la charte de
pardon comme surprise à la religion du roi. On lui
demanda s'il n'avait rien d'autre à dire pour sa dé-
fense; et_, comme il se taisait, William Clopton, chef
du banc du roi, lui déclara, par commandement de
Richard, que la loi le tiendrait pour coupable s'il ne
s'expliquait davantage. Il persista à invoquer le bé-
néfice de Tamnislie; mais on passa outre, et les lords
appeJants prièrent le roi de le condamner, comme
suffisamment convaincu*.
1. M. Evesh., p. 136-138. On y lit plusieurs fois pro(/<7/o, où il
faut lire pardunatio.
2. liot. Par/., t. III, p. 377.
174 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
Le lord sénéchal, au nom du roi, de l'avis des lords
temporels et du procureur du clergé, prononça donc
la sentence. Le comte d'Arundel était déclaré traître,
et condamné à être traîné sur la claie, pendu, déca-
pité et mis en quartiers, et ses biens confisqués. On
reportait l'effet de la sentence au 19 novembre de
l'an X, époque du fameux statut de réforme : ce qui
annulait, non les acquisitions (le fisc y eût perdu),
mais les aliénations qu'il eût pu faire postérieure-
ment à cette époque. Le roi crut se montrer généreux
en bornant la peine à la décapitation, et en restrei-
gnant l'interprétation de l'arrêt sur les biens con-
fisqués (a).
Le comte d'Arundel entendit son jugement sans
pâlir, et montra la même fermeté quand il eut à su-
bir la sentence. On avait, dit-on, choisi pour prési-
der à l'exécution les comtes de Huntingdon et de
Kent, ce dernier, neveu du condamné! « Vraiment,
leur dit-il, vous auriez bien fait de vous soustraire à
cette besogne; mais un jour viendra où vos infor-
tunes ne causeront pas moins d'étonnement que les
miennes. » Il pardonna au bourreau, lui recommanda
de ne le point manquer, et, tâtant du doigt le tran-
chant du glaive : « Il est bien aiguisé, dit-il, fais
vite ce que tu as à faire. » Un seul coup fit tomber
sa tête (21 septembre 1 397) (a).
Cette fermeté du patient et cette iniquité du sup-
plice firent dans le peuple une profonde impression.
Le comte, sans doute, n'était pas un saint, mais on
[1397J GLOGESTER. 175
vit en lui un martyr. On divsait que, dans la tombe,
sa tête, injustement coupée, s'était réunie à son
corps. Le roi lui même, poursuivi par le remords,
fut ému de ce bruit. Il fit ouvrir le cercueil \
Le même jour qu'Arundel était jugé et mis à mort
(21 septembre) , le roi expédia l'ordre au comte ma-
réchal, gouverneur de Calais, d'envoyer Glocester
pour qu'il répondît aux articles dirigés contre lui ;
mais le comte maréchal répondit (24 septembre) que
cela n'était plus possible, que Glocester était mort.
Comment était-il mort? L'événement était assez su-
bit, et, de sa nature, assez suspect pour donner lieu
à une enquête. Nul ne s'y arrêta. Bien plus, cette
mort n'arrêta rien. Les lords appelants demandèrent
que le duc fût déclaré traître et ses biens confisqués,
et les communes les appuyèrent. Les lords temporels
et Th. Percy, le fondé de pouvoirs du clergé, leur
donnèrent toute satisfaction. Avec l'assentiment du
roi, ils déclarèrent Glocester coupable, et confisqués
tous les biens qu'il avait le 13 novembre de l'an xi
(1387) (date de la prise d'armes de Haringhay-Park),
ou qu'il avait acquis depuis. On ne touchait point à
sa dépouille mortelle; mais on le poursuivait dans ses
enfants. Défense leur était faite de porter les armes
d'Angleterre, et ils étaient déclarés inhabiles à suc-
céder à la couronne (a).
La précipitation à rendre cet arrêt fut telle, que le
1. Wals.,p. 35^.
I
176 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
lendemain seulement (25 septembre), les appelants
se demandèrent s'il n'y avait point quelque pièce
émanant de Glocester et pouvant, à défaut de sa per-
sonne, figurer au procès. Ils vinrent donc au parle-
ment, et requirent la production de tout acte de ce
genre relatif à l'appel ou à l'un des appelés, si quel-
qu'un en était consigné aux registres. Sur cette re-
quête, le roi ordonna que Ton produisît un rapport
de W. Rickhill, un des juges du banc du roi, envoyé
par commission le 17 août passé, pour interroger
Glocester, Or, on y trouvait une chose de la plus
haute importance.
C'est une déclaration de Glocester lui-même, en
date du 8 septembre, où l'accusé fait l'aveu des torts
dont il se reconnaît coupable, afin de les réduire et
de rejeter du même coup ceux qu'on lui voudrait im-
puter au delà. Il reconnaît qu'il a concouru au statut
de 1 386 et à la nomination du conseil, acte par lequel
il a restreint la liberté du roi et mis la main sur son
autorité, sans toutefois qu'il ait eu conscience d'at-
tenter par là à la royauté : il en a demandé pardon
au roi, et il l'a obtenu. S*il est venu en armes devant
le roi, c'est par crainte pour sa vie : mais il avoue
qu'il a fait mal, et demande grâce. Mêmes aveux,
même demande de pardon pour les lettres des messa-
gers du roi, ouvertes sans sa permission, et pour des
paroles irrespectueuses adressées au roi en présence
d'autres personnes. A-t-il, avec d'autres, demandé
à des gens d'église si, pour sauver leur vie, ils pou-
[1397] GLOCESTEK. 177
valent renoncer à leur hon^mage? il n'en a pas
bien nettement souvenir. Quant au projet de déposer
Richard, il reconnaît qu'il a bien donné consente-
ment à le faire pour deux ou trois jours, mais il vou-
lait ensuite lui rendre son hommage et le rétablir en
tout pouvoir : entreprise déloyale, il le confesse, et en
demande humblement pardon au roi. Mais pour
toutes les choses qu'on pourrait l'accuser d'avoir sues
ou connues, ordonnées ou agréées contre la volonté
du roi, depuis le jour où il lui prêta serment à Lan-
gley (en l'an xi, 1387-1388), il affirme, sur le corps
du Seigneur, qu'il en est innocent. Dans les cas mêmes
dont il a fait l'aveu à W. Rickhill, et où il reconnaît
qu'il a offensé le roi, il ne voulait pourtant agir que
pour le plus grand bien de son État et de sa per-
sonne. Il l'atteste, comme il en doit répondre devant
Dieu au jour du Jugement. C'est pourquoi il prie le
roi, son souverain seigneur, de le prendre à merci :
se remettant à sa volonté, vie, corps et biens, aussi
humblement que peut faire une créature à son souve-
rain maître; le priant par Celui qui a souffert sur la
croix pour tous les hommes, par la compassion qu'il
montra à sa mère, et la pitié qu'il eut de Marie-
Madeleine, d'avoir compassion et pitié de lui, et de le
prendre en miséricorde, quoique indigne.
Après la lecture de cette déclaration, qui, en bien
ou en mal, ne pouvait plus avoir d'effet, Rickhill
reçut Tordre du roi de faire connaître comment elle
avait été recueillie. Il dit qu'il était venu un malin
ir— 12
178 LIVRE NEUVIÈME [1397]
trouver Glocester au château de Calais et lui avait
présenté sa commission, l'invitant à lui donner par
écrit ce qu'il avait à dire. Il l'avait laissé alors ; et,
quand il revint le soir, le duc lui donna lecture de sa
confession et la lui remit écrite de sa propre main.
{( N'avez-vous rien à ajouter (lui avait dit le juge)
pour la satisfaction du roi et l'entière manifestation
de la vérité? — Jai, reprit Glocester, omis une
chose qui me revient en mémoire : c'est qu'autrefois
j'ai dit au roi que s'il voulait être roi, il ne devait
point prier pour sauver Simon Burley de la mort. Je
désire que vous le répétiez au roi (a). «
Il y avait un autre rapport que Ton devait attendre
avec plus d'impatience : c'est celui du comte maré-
chal sur la mort de son prisonnier. De celui-là pas un
mot; et sans doute on ne prit pas la peine de le lui
faire écrire. Mais ce silence autorisait toutes les
suppositions. Nul doute que cette mort n'ait été vio-
lente. Le roi en a-t-il donné l'ordre, ou fut-il prévenu
par le zèle de serviteurs peu scrupuleux? Le comte
maréchal était assez compromis dans les anciennes
machinations de Glocester, les seules qu'on évoquât,
pour tâcher de faire oublier son passé à force de ser-
vices. Mais si lui-même ne fut qu'un instrument, le
jeune roi n'a peut-être pas été le seul qui l'ait fait
agir. Si l'on on croit le Religieux de Saint-Denys, ce
fut le parlement qui, craignant la puissance de Glo-
cester, opina qu'il ne fallait point le faire périr d'une
mort vulgaire, et ce fut sur cet avis que le roi le fit
[1397J GLOCESTER. 179
étrangler à Calais \ Sans y faire intervenir le parle-
ment en séance et en corps, il est moins interdit de
croire que les principaux dans une délibération se-
crète purent donner au roi ce funeste conseil. On put
lui dire que le crime était constant et le châtiment
mérité; qu'en cet état de choses, devancer le juge-
ment c'était épargner à Glocester l'infamie du sup-
plice. N'y a-t-il dans l'histoire aucun exemple de ces
exécutions, suicides ou assassinats, qui, pour sauver
l'honneur d'une famille ou d'un corps , ont prévenu
le cours de la justice? La chose ainsi conduite répu-
gnerait moins à l'idée qu'on a pu se faire du carac-
tère de Richard, et ne serait pas inconciliable avec
ce que l'on sait de ce parlement. On comprendrait
alors qu'il eût eu ses raisons pour procéder sans
autre enquête, dès la nouvelle de la mort de Glo-
cester, à la condamnation de sa mémoire.
Quoi qu'il en soit, le roi seul en dut répondre de-
vant le public. Le bruit courut que, par son ordre, le
comte maréchal avait fait étouffer Glocester; etFrois-
sart en fait un récit qui, sans nommer personne, ac-
cuse suffisamment l'un et l'autre. Il dit qu'au mo-
ment où le duc se mettait à table, quatre hommes se
jetèrent sur lui tout à coup, lui enveloppèrent la tête
d'un drap et l'étranglèrent; puis lui ôtant ses vête-
1. « Nonnulli verentes auctoritatcm ducis Gloeesti'iœ, non cen-
suerunteum morte vuljj^aripuniendum. Hac de causa eum rex apud
Galesium mi^it, ubi, ut publiée ferebatur, clandestine slrangulalus
interiit. » (Uelig. de Saint-Denys, XVIII, 5.)
180 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
menls, le couchèrent dans son lit et Vinrent dire
qu'il était mort d'apoplexie. Mais il y a un docu-
ment d'une autre sorte^ qui implique bien plus di-
rectement dans le crime et le comte maréchal et le
roi lui-même.
Au début du règne suivant, on amena devant le
parlement un certain John Halle, ancien domestique
du comte maréchal devenu duc de Norfolk, et on
donna lecture d'une déclaration qu'il avait faite de-
vant le clerc de la couronne, en présence du nouveau
connétable d'Angleterre. Selon ce qu'il déposa, le
lord maréchal le venant prendre au lit, l'avait forcé
sous peine de mort à l'assister dans l'exécution du
duc de Glocester. Il l'avait conduit avec un de ses
écuyers à l'église Notre-Dame, où se trouvaient sept
autres personnes : quatre de la maison du comte,
William Série, valet du roi; François, valet du
comte de Rutland, et un autre, attaché au même sei-
gneur. On dit à John Halle qu'ils y étaient venus
s'obliger au secret, et on lui fit prêter le même ser-
ment. Puis le comte les mena à un hôtel nommé
« l'auberge du Prince; » et peu après, plusieurs
écuyers du gouverneur y amenèrent Glocester et le
remirent aux mains du valet du roi et de celui du
comte de Rutland. « Comment se porte monsei-
gneur? dit Glocester au premier. — Fort bien, et il
vous salue. » Et tous les deux, emmenant le duc
dans une chambre retirée, lui déclarèrent, par ordre
du roi, qu'il devait mourir. « Si c'est la volonté de
[1397] GLOGESTER. 181
monseigneur, dit-il , qu'elle soit la bienvenue. » On
lui offrit de faire venir un prêtre. Il se confessa;
puis les deux valets le firent coucher sur un lit et
l'étouffèrent sous un matelas, en présence du reste
de la troupe, les uns tenant les côtés, d'autres étant
à genoux, pleurant et priant^ et J. Halle, qui dé-
pose, gardant la porte. Après quoi, le comte ma-
réchal vint s'assurer qu'il était bien mort, et s'en
alla disant : « Bien habile serait qui maintenant le
ferait vivre (a). »
Rien ne manque au récit, ni la précision des
détails, ni la compétence de l'auteur: c'est un té-
moin qui s'accuse. Mais ce témoignage se produi
sit-il dans des conditions qui dissipent tous les
doutes? Sur cette déclaration, sans plus d'enquête,
sans qu'on prît la peine de confronter Taccusé avec
ceux qu'il impliquait à des titres divers dans le crime,
il fut amené devant le parlement, condamné et exé-
cuté le jour même. Eût-on agi avec tant de hâte,
si l'on n'eût craint qu'il ne rétractât on ne modifiât
ses aveux ? La pièce écrite, on ne lui demande rien
autre chose; et des sept autres personnes qu'il avait
dénoncées, nulle ne fut alors poursuivie. C'était trop
dire que, dans toute cette affaire, on avait surtout
pour objet de flétrir la mémoire de Richard. Fatal
égarement du despotisme! il s'ôte , par sa manière
d'agir, le bénéfice de la vérité quand il la pourrait
invoquer dans sa cause. Richard pouvait frapper Glo-
cester par le glaive de la loi : il donne le droit de
182 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
dire qu'il l'a fait périr par un meurtre. Henri IV
aurait pu constater judiciairement les circonstances
de ce meurtre : il éteint autant qu*il est en lui la lu-
mière par la mort précipitée du dénonciateur (a).
Le jour même oii l'on communiquait au parlement
le rapport de W. Rickhill et la déclaration de Glo-
cester (25 septembre), les communes reprirent l'af-
faire de l'archevêque de Canterbury, et demandèrent
au roi d'en faire justice. L'archevêque n'avait pas
essayé de faire tête à l'orage amassé contre lui,
ni de braver le coup qui avait frappé son frère. Le
roi dit que le prélat, devant plusieurs seigneurs, lui
avait confessé la part qu'il avait prise à la commis-
sion de l'an x, et s'en était remis à sa merci. Là-des-
sus les lords prononcèrent que les actes avoués par
Tarchevêque constituaient le crime de trahison. Ils le
déclarèrent traître et le condamnèrent au bannisse-
ment, à la saisie de son temporel et à la confiscation
de ses biens et de ses châteaux. Le roi, laissé maître
de fixer le moment de son exil, lui donna un délai
de six semaines à partir de la Saint-Michel; et le pape
(singulières représailles!) pour lui ôter son siège, fit,
à la prière du roi, ce qu'il avait fait sur la requête
du parti de Glocester^ à l'ancien archevêque d'York,
quand il s'était agi de donner ce siège à Thomas
Arundel lui-même, alors évêque d'Ély : il le nomma
archevêque de Saint- André en Ecosse, in partibus
infidelium (b) \
Restait Warwick. On l'amena le 28 septembre de-
[1397J (ILOGESTER. 183
vant le parlement. Le duc de Lancastre lui fit con-
naître sur quels chefs il était accusé de haute trahi-
son. AYarwick n'imita point la constance d'Arundel.
il ne chercha même pas dans Tamnistie qui le
couvrait, une défense que le droit lui donnait, mais
que lui avait retirée à l'avance la résolution de ses
juges. Il s'avoua coupable pour avoir partagé les en-
treprises de Glocester, et dit qu'il s'en remettait à la
merci dujroi. On le condamna à mort^ avec confisca-
tion des biens, comme les autres; mais le roi, à la
prière des lords temporels et des prélats, lui fit grâce
de la vie, et le relégua pour toujours dans l'île
de Man, sous la garde de William le Scrop, sei-
gneur de l'île, et d'Etienne le Scrop, qui en de-
vaient répondre corps pour corps. Il y mettait
cette condition, digne de toute cette procédure :
que si l'on cherchait par quelque moyen à le faire
rentrer en faveur, ou s'il tentait de s'échapper, la
grâce serait annulée de plein droit et la sentence
exécutée (a).
On avait compris dans l'accusation Thomas Mor-
timer; mais comme il était en Irlande, il s'était enfui
dans les montagnes parmi les Irlandais rebelles, où
les sergents du roi, chargés de l'arrêter, n'eussent
guère trouvé main-forte. Les communes , dès le
commencement du procès, demandaient qu'on le con-
damnât sans plus attendre; mais le roi voulut qu'on
rajournât encore par une proclamation. Roger Mor-
timer, comte de la Marche, lieutenant d'Irlande, et,
\Sk LIVRE NEUVIÈMK. [1397]
par surcroît de précaution, chacun des \icomies
d'Angleterre, reçurent l'ordre de la publier dans
toutes les villes de leur ressort. On sommait l'accusé
de se rendre en Angleterre dans les trois mois, sous
peine d'être déclaré traître et de voir ses terres et ses
biens confisqués (a).
Au milieu de ces procès, le parlement avait cru
bon de rédiger en statut ce qu'il appliquait par sen-
tence. Il y déclarait que quiconque formerait le des-
sein de tuer le roi, ou de le déposer, ou de lui retirer
son hommage, ou de soulever le peuple et de marcher
contre lui, serait jugé comme coupable de haute tra-
hison et frappé dans sa personne et dans ses biens,
la confiscation remontant au jour du crime; et il dé-
cidait que ce statut atteindrait ceux qui étaient jugés
dans ce parlement, comme ceux qui le seraient à
l'avenir. Le lendemain de la condamnation de Glo-
cester et avant celle de Warwick, on ordonna que
quiconque tenterait d'annuler ou de casser les juge-
ments ou les statuts de ce parlement, seraient réputés
traîtres. Pour plus de sûreté, on décida que les pré-
lats et les seigneurs temporels jureraient sur la fierté
(la châsse) de saint Edouard de les observer sans ma-
lice et sans fraude; que cet engagement solennel se-
rait enregistré à la chancellerie, et que désormais,
avant de recevoir son temporel, ou de faire hommage
et de prendre livraison de ses terres, tout prélat, tout
seigneur prêterait pareil serment ; enfin , pour y donner
plus de force encore, que les prélats excommunie-
[1397^ GLOC.KSTER. 185
raient et frapperaient des censures de l'Église qui-
conque irait à l'encontre de ces jugements et de ces
ordonnances ^
On avait frappé les accusés dans leur personne;
on les frappa dans leur race. Sur la requête des com-
munes, leurs héritiers mâles, de père en fils, furent à
jamais exclus du parlement et des conseils du roi.
Quant à leurs biens, la sentence en avait décidé, et
l'on a vu qu'avant comme après la décision des
communes, on avait fait remonter le statut qui les
atteignait au jour même de l'acte pour lequel ils
étaient mis en cause : ce qui annulait les aliénations
qu'ils avaient pu faire depuis ce jour-là, sans leur
oter la faculté d'acquérir; car le fisc, en reprenant
les biens aliénés, voulait garder les biens acquis. Le
parlement régla en particulier plusieurs applications
de ce principe : les redevances consenties à leur
charge depuis le jour de leur trahison furent déclarées
nulles; les bénéfices, dont ils avaient la collation et
auxquels ils avaient nommé depuis cette môme
époque, furent remis entre les mains du roi, à moins
que les bénéficiaires n'en eussent obtenu confirma-
tion du prince'.
On avait incriminé le statut de l'an x comme at-
tentant au pouvoir royal ; mais d'autres que Glocester,
Arnndel, Warwick et l'archevêque Thomas avaient
été membres de ce conseil, et pouvaient craindre
1. liot. Pari, t. III, p. 351 et 352, g 18, 20 et 21.
2. Rot. Pari, t. III, p. 352, § 22, 23, 2^».
186 LIVRE NEUVIÈME. [1397]
d'être poursuivis à ce litre^ un jour ou l'autre. Les
communes demandèrent au roi de les tenir pour
excusés, tant ceux qui vivaient encore (le duc d'York,
Tévêque de Winchester, Richard le Scrop) que ceux
qui étaient morts, mais dont les héritiers pouvaient
être compromis (W. Courtney, ancien archevêque de
Canterbury, Alexandre Nevil, ancien archevêque
d'York, l'évêque d'Exeter et l'abbé deWaltham); et
le roi les déclara quittes de toute charge, défendant
qu'on les inquiétât jamais pour cette cause, et vou-
lant que cette déclaration fût publiée et eût force de
statut. Il y avait deux autres hommes bien plus com-
promis que ceux-là : c'étaient ceux qui, avec Gloces-
ter, Arundel et Warwick, avaient été lords appelants
en la onzième année de Richard, complices du mou-
vement de Haringhay-Park et de la plupart des actes
de l'Admirable Parlement : Henri de Lancastre, comte
de Derby, et Thomas de Mowbray, comte de Nottin-
gham; mais ces deux-là figuraient alors parmi les
accusateurs, les bourreaux ou les juges! Les com-
munes invoquant la déclaration du roi en faveur des
membres, ci-dessus nommés, du conseil de Fan x, im-
plorèrent une distinction pareille à la décharge des
deux comtes. Ils alléguaient qu'ils s'étaient séparés
de leurs collègues, lorsqu'ils avaient reconnu la dé-
loyauté de leurs desseins. Le roi^ d'accord avec les
communes pour ne point trop approfondir la matière,
déclara qu'il était à sa connaissance que Derby et
Nottingham avaient fait leur devoir envers lui, qu'ils
[1397] GLOCESTER. 187
avaient rompu avec les rebelles pour se rattacher à sa
cause. En conséquence, il voulait qu'on les tînt, eux
et ceux de leur compagnie, pour sujets loyaux et
fidèles^ et que jamais à l'avenir ils ne fussent recher-
chés ou molestés à cette occasion (samedi, 22 sep-
tembre) : déclaration qui, à la demande des com-
munesy fut aussi convertie en statut, comme on le fit
de toutes les ordonnances et de tous les jugements
rendus alors (a).
Une chose eût manqué à la honte de ce parlement
s'il n'eût reçu le salaire de ses complaisances. Le sa-
medi 29^ fête de la Saint-Michel, Richard déclara que
pour fortifier son sceptre, honorer son sang et les
personnes qui avaient, par leurs exploits ou leurs
services, travaillé à la gloire du roi et du royaume,
il les voulait élever en dignité; et, siégeant en sa
majesté, la couronne sur la tête, la verge royale à la
main, il créa Henri de Lancastre (comte de Derby),
duc de Ilereford ; Edouard Plantagenet (comte de
Hutland), fils du duc d'York, duc d'Aumarle ;
Thomas de HoUand (comte de Kent), son neveu,
duc de Surrey; Jean de Holland (comte de Hunting-
don), son frère, duc d'Exeter; Thomas de Mowbray
(comte de Nottingham, comte-maréchal), duc de
Norfolk; Jean de Beaufort (comte de Sommerset), fils
naturel de Lancastre, marquis de Dorset; Thomas
le Despenser, comte de Glocesler; Raulf do Nevil,
comte de Westmoreland ; Thomas Percy, le fondé de
pouvoirs du clergé dans les dernières poursuites,
188 LIVRE NEUVIÈME. [13971
comte de Worcester; et W. le Scrop, chambellan,
comte de Wiltshire. Quant aux députés des com-
munes, ils applaudirent à ces élévations comme ils
avaient fait aux sentences. Un mot explique leur ser-
vilité : « Ils avaient été choisis, dit Otterbourne,
non par les communes, selon le droit et l'usage,
mais par les shériffs^ agents du roi (a). »
Le parlement fut ajourné à la quinzaine de la
Saint-Hilaire; mais avant de se séparer, le lendemain
dimanche , une messe fut célébrée en l'église de
Westminster, pour l'accomplissement de la céré-
monie ordonnée à la requête des communes; et les
prélats comme les seigneurs vinrent, l'un après l'au-
tre, devant la châsse de saint Edouard, prêter le ser-
ment dont la formule était dressée :
« Vous jurez que bien et loyalement tiendrez et
soutiendrez, sans fraude et mal engin, les statuts,
ordonnances et jugements faits en ce parlement, sans
jamais aller à l'encontre; et que jamais vous ne les
rappellerez , révoquerez , casserez ni annulerez , ni
jamais souffrirez qu'on les rappelle, révoque, casse
ni annule à la vie et à la mort. »
La formule jurée par les lords contenait en outre
l'obligation de poursuivre comme traître quiconque
tenterait de les enfreindre.
Ce serment prêté, les chevaUers des comtés d'An-
gleterre, présents au parlement, furent interrogés
s'ils voulaient le tenir de même, ils répondirent à
haute voix et en levant la main; et Thomas Percv,
[1397] GLOCESTEH. 189
procureur du clergé, s'engagea au nom des prélats
pour le point que la formule des évêques ne com-
portait pas. Alors le roi, les prélats et les seigneurs
s'éloignant de la châsse vinrent devant l'autel, et les
évêques prononcèrent l'excommunication des contre-
venants (a).
Tel fut le procès odieux qui marqua les débuts de
Richard dans la tyrannie. Faut-il croire que le prince
n'ait songé qu'à tirer vengeance des actes de sa on-
zième année; qu'une fois revenu au pouvoir, il n'ait
fait que ruminer sa haine, ajournant pendant huit ans
entiers les représailles? Mais si le sentiment de la
vengeance était si fort en lui, jamais il n'avait dû
parler plus haut qu'à l'heure où il brisa le joug de
Glocester, et pour le satisfaire nul moment n'était
plus propice : l'usurpation était flagrante, les esprits
mécontents de Glocester revenaient au roi avec em-
pressement; rien ne lui était si aisé que de faire
agréer du parlement, non l'amnistie, mais la con-
damnation de ces crimes. Toute la conduite de Ri-
chard, dans ces dernières années, prouve qu'en par-
donnant à son oncle, en le rappelant au conseil, en
lui donnant tant de marques de déférence et de
faveur, il était sincère : il n'eût pas élevé en honneur,
en pouvoirs, les anciens partisans de Glocester, s'il
eût nourri, au fond de son âme, la pensée de les châ-
tier un jour. Avec les droits qu'il tenait de sa nais-
sance et la légitime influence qu'il avait reconquise
dans le parlement comme dans le pays, il ne voulait
190 LIVRE NEUVIÈME. [1397J
ptus qu'une seule chose : l'union de tous les esprits
(car cette union faisait sa force), et le développement
des destinées de TAngleterre dans la carrière plus
vaste et plus heureuse que la paix lui devait ouvrir.
Mais cette tendance vers la paix avait réveillé, avec
les haines du commun de la nation contre la France^
toute l'ambition de Glocester. Employé par Richard
aux négociations de la paix, il s'était appliqué tout
entier à les faire échouer, et, le traité conclu, à en
tirer parti pour soulever contre le roi le préjugé
national, qu'il n'avait point cessé d'aigrir. Ses intri-
gues allèrent-elles, comme on Ta dit^ jusqu'à la con-
juration? Tous les antécédents de Glocester l'en
accusent, mais tout son procès l'en absout. Au lieu
de mettre ce complot en plein jour, Richard avait
trouvé plus aisé^ au sein d'un parlement prêt à lui
complaire en toutes choses, de reprendre et de re-
mettre en jugement le passé, malgré l'amnistie dont
il l'avait couvert : et par là il a donné, en quelque
sorte, le droit de dire qu'il n'avait pas d'autre grief
contre Glocester; que toutes les faveurs dont il l'avait
comblé depuis lors n'avaient été que de perfides
amorces, et que l'arrestation du prince fut un guet-
apens sans motif; par là il a transformé un acte de
justice en un acte de vengeance. Ce procès juste-
ment entrepris, peut-être, pour la défense des droits
de la couronne^ il l'avait ouvert par un parjure pour
le finir par un assassinat ! Ainsi la servilité du par-
lement a pour premier effet d'imprimer une tache de
[1397] GLOGESTER. » 191
sanor sur la figure jusque-là si belle du jeune prince.
Elle en aura d'autres encore : en l'introduisant
dans la tyrannie, elle lui ouvre le chemin de
rabîme(a).
c^
LIVRE DIXIEME.
DESPOTISME DE RICHARD.
SESSION DE SHREWSBURY.
La violence entraîne la violence. C'est la commis-
sion de la dixième année de Richard, c'est le fameux
statut de 138G qui, dix ans plus tard, au seul mot de
réforme de l'iiutel, par les souvenirs d'usurpation
que ce mot faisait naître, provoqua le procès de
Ilaxey : procès inoffensif pour la personne, mais
mortel déjà pour la constitution. Cest la prise
d'armes de Gloccsler, en 1387, qui détermina son
arrestation en 1397, par la crainte bien ou mal fondée
de semblables complots. C'est le parlement de la on-
zième année, c'est l'Admirable Parlement, qui amena
le parlement de la vingt-unième année; et les san-
11 — 13
194 LIVRE DIXIÈME. [13981
glants procès qu'on vil à la première des deux épo-
ques, eurent pour pendants à la seconde le procès et
la mort ou l'exil des hommes qui en avaient été les
promoteurs.
Dans la session dernière on n'avait mis en cause
que les personnes, et il y avait eu une sorte d'affec-
tation à ménager les actes du parlement de la onzième
année et des lords appelants. Le nouvel appel se ré-
duisait à quatre articles : la violence faite à Richard
pour le contraindre au statut de l'an x, la prise
d'armes de Haringhay-Park, la menace de déposer le
roi, et la condamnation de Simon Burley, choisie
entre toutes les autres comme rendue malgré le roi et
en l'absence d'un grand nombre de lords. On s'était
donc borné à des actes purement personnels aux
accusés; on n'avait point incriminé le parlement.
Loin de le répudier, on n'avait fait que l'imiter jusque-
là : procès arbitraires, lois de circonstances, confir-
mation des jugements rendus pour un avenir dont
on ne disposait pas ; serments^ excommunications^
pour suppléer à ce que ces actes violents avaient de
faiblesse en eux-mêmes : tout était pour ainsi dire à
l'exemple de l'Admirable Parlement. Mais on pouvait
pousser l'imitation plus loin : on pouvait se tourner
contre ce parlement même^ et après en avoir frappé
les principaux chefs, en atteindre les actes; et au
fond^ si Ton s'était borné à frapper les actes, respec-
tant les personnes, la chose eût été bien autrement
acceptable.
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 195
Ce fut l'œuvre de la session nouvelle qui s'oUvrait
à Shrewsbury le lundi 28 janvier 1398'.
A l'ouverture, le chancelier rappela les objets de
la convocation qu'il avait exposés à Westminster : le
maintien des libertés, l'unité du commandement su-
prême, l'observation et Texécution des lois, la défense
des frontières; et après la protestation d'usage de
l'orateur J. Bussy, le comte de La Marche, absent à
la dernière session, prêta le serment qu'avaient juré
les autres seigneurs. Tout aussitôt les lords appe-
lants, comme si c'était une suite naturelle de leur
appel, s'attaquèrent à l'Admirable Parlement. Ils de-
mandèrent qu'on l'annulât dans ses jugettients, ses
statuts et ses ordonnances, et que tous les biens con-
fisqués en vertu de ses sentences fussent rendus aux
condamnés ou à leurs héritiers. Les communes se
joignirent à la prière des appelants; et les seigneurs
tant spirituels que temporels dirent que c'était leur
vœu formel'.
Pour ne rien précipiter et procéder par ordre, on
lut dans l'assemblée la fameuse consultation de Nol-
tingham, les questions posées par le roi, les ré-
ponses faites par les juges; puis on demanda aux
trois États ce qu'ils en pensaient : et tous, prélats,
lords et communes, opinèrent que les juges avaient
1. Les lettres de convocation sont du 15 octobre 1397, Rymer,
t. VIII, p. 21.
2. Rot. Pari., t. III, p. 357, § ^5-^7; cf. le moine d'Evesham,
p. l'*2-U5, qui rend un compte fort détaillé de ce parlement.
196 LIVRE DIXIÈME. [1398]
répondu conformément à la loi et à leur devoir. On
ne s'en tint pas à cette première déclaration : les
principaux jurisconsultes, les chefs de la magistra-
ture furent consultés ; ils dirent que les réponses
étaient bonnes, qu'ils auraient eux-mêmes répondu
de la même manière. La consultation de Noltingbam
fut donc approuvée, et alors le roi, accédant à la
requête des lords et des communes, ordonna que le
parlement tenu en sa onzième année fût réputé nul,
comme tenu sans autorité, contre la volonté et la -
liberté du roi et le droit de sa couronne; que tous
les jugements, statuts et ordonnances faits en ce par-
lement fussent révoqués et abolis; toutes les terres,
fiefs et autres possessions dont la saisie avait eu lieu
par suite de ces jugements^ restitués aux condamnés
et à leurs héritiers ou ayants cause, avec les libertés,
franchises et privilèges qui s'y rattachaient au jour
de la condamnation. Pour rendre toutefois cette dé-
cision praticable, il fut dit que les ayants droit se
contenteraient des terres sans réclamer les meubles
ni les revenus des terres ; et à l'égard des biens ac-
quis, on devait tenir compte du prix ou des condi-
tions de l'achat, pour en traiter de bonne foi avec les
acquéreurs (a).
Avant le parlement de la onzième année, il y avait
eu déjà des violences. Le procès de xMichel de la
Pôle, comte de Suffolk, en 1386, n'avait été que le
prélude des actes de 1387-1388. Les lords appelants
voulurent aussi lui faire rendre justice. Ils reprirent la
[1398] LE DESPOTISME DE RIGHARD. 197
question posée parTrésilian aux juges deNottingham
et la réponse que les juges y avaient faite^ et deman-
dèrent que cette réponse fût approuvée. Le parlement
y adhéra. En conséquence, la sentence rendue contre
Suffolk au parlement de la dixième année fut abolie,
tout aussi bien que celle qui avait été rendue contre
lui au parlement de la onzième année; et il fut or-
donné que toutes ses terres et possessions confis-
quées alors fussent rendues à ses héritiers, sauf les
revenus de ces biens pendant le temps de la confis-
cation (même jour, lundi 28 janvier')»
Une réhabilitation qui remontait bien plus haut
fut réclamée et prononcée dans le même parlement;
et les considérants qui l'appuyèrent marquent jus-
qu'où l'assemblée était disposée à étendre les droits
de l'inviolabilité royale.
Thomas le Despenser, petit-fils et arrière-petit-fils
des deux favoris d'Edouard II, réclama la révocation
des peines d'exil et de confiscation portées contre ces
deux personnages. Le parlement fit droit à sa de-
mande pour les raisons suivantes, savoir: 1** que les
deux accusés n'avaient pas été appelés à répondre,
et que le procès était vicieux dans la forme; 2" que les
prélats qui étaient pairs du royaume n'avaient point
donné leur assentiment; S"* qu'il est contraire à la
grande charte que nul soit exilé ou mis à mort sans
le jugement de ses pairs. Et comme l'abrogation de
1. Rot. Pari, t. 111, p. 359, ^ 48.
198 LIVRE DIXIÈME. [1398J
la sentence obtenue déjà par les deux condamnés en
la quinzième année d'Edouard II avait été déclarée
nulle dans la première année d'Edouard III, le parle-
ment, à la requête du même seigneur, frappa ce der-
nier acte de nullité, non- seulement pour les raisons
susdites qui touchaient au fond du procès, mais en-
core « considérant que cette révocation avait été faite
par le roi Edouard III au temps où son père Edouard II
était encore en vie, toujours roi^ quoique en prison,
et hors d'état d'y faire résistance \ »
Une restitution de biens, et de tant de biens, au
bout de près d'un siècle, eût remis en question toutes
les grandes fortunes d'Angleterre. Il fut stipulé dans
la nouvelle sentence qu'il ne s'agissait que d'une ré-
habilitation toute morale; et Thomas le Despenser,
content de la réparation faite à la mémoire de ses
ancêtres, vint librement jurer entre les mains du roi,
sur la croix de Ganterbury, qu'il renonçait à l'héri-
tage dont il aurait pu revendiquer les débris épars
en vertu de l'annulation de leur jugement (a).
Le parlement ne se borna point à supprimer d'an-
ciens jugements. Il en rendit aussi de nouveaux^ et le
comte de Wiltshire (W. le Scrop) reçut pour cette
fois du clergé les pouvoirs dont Thomas Percy avait
été revêtu à la session de Westminster. On s'occupa
tout d'abord de Thomas Mortimer^ compris, comme
on l'a vu, par les lords appelants, dans leur pour-
1. Mercredi, 30 janvier. Rot. Pari., t. III, p. 360, g 55.
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 199
suite contre Glocester, Arundel et Warwick, et qui,
n'ayant pas comparu au dernier parlement, avait été
ajourné à trois mois, avec cette clause que s'il ne se
présentait pas dans ce délai, il serait atteint et con-
vaincu des crimes dont il était accusé, et tenu pour
traître. Gomme il ne se présentait point davantage,
il fut déclaré que le jugement rendu aurait son plein
effet : il se trouva donc définitivement condamné
à la peine des traîtres, la confiscation de ses biens
remontant au 13 novembre de l'an xi, conformé-
ment à la proclamation qui l'avait assigné (mardi
29 janvier*).
11 en était un autre que les communes avaient en
leur propre nom mis en jugement à Westminster, et
que l'on avait sous la main : c'était J. de Gobham,
chevalier. On l'accusait d'avoir pris part au statut de
Tan X, aux jugements de l'an xi, et notamment à
ceux de Simon de Burley et de James Berners, traî-
nés, pendus et décollés sans l'assentiment et contre la
volonté du roi, et quand une partie des lords avaient
refusé de siéger en pareil procès. Mandé ce même
jour devant l'assemblée, il fut amené par le duc de
Surrey; et le duc de Lancastre, par commandement
du roi, lui dit de répondre aux accusations qui pe-
saient sur lui. Pour la commission de l'an x, il dé-
clara qu'il ^''^ "vîiit point pris part, et, s'il avait
1. Le comte de Wiltshire^ fyrocureur du clergé. Rot. Parl.^ t. III,
p. 359, § 60. — L'arrêt de Th. Mortimer déclaré définitifs ibid.,
p. 380. [Placita corome, ^ 9.)
200 LIVRE DIXIÈME. [1398]
siégé dans le conseil qu'elle avait établi;, il affirma
qu'il s'y était refusé d'abord et ne l'avait fait que par
commandement du roi; et il l'en prenait à témoin.
— « J'étais soumis, dit le roi à un tel gouvernement,
que je ne pouvais parler d'autre manière; et vous
saviez bien que cette commission avait été faite
contre ma volonté. » — J. de Gobham ne le nia point;
mais le roi ne niait pas lui-même que Gobham eût
agi sur son ordre. Quant à Simon Burley et à James
Berners, « il m'avait été déclaré, dit l'accusé, par
ceux qui alors étaient maîtres, que telle était la vo-
lonté du roi. »
Sans tenir compte de cette excuse, non plus que
de l'autre, plus valable assurément, les communes
prièrent le roi de le condamner comme atteint et con-
vaincu des deux crimes; et le duc de Lancastre, par
délégation du prince et au nom de tous, prononça la
sentence. J. de Cobliam devait être traîné sur la claie,
pendu, décollé et mis en quartiers, et l'on confisquait
tous les biens qu'il avait au 19 novembre de l'an x.
Mais le roi lui fit grâce de la vie, et l'envoya à Jersey
pour y être détenu jusqu'à la fin de ses jours, avec
cette clause, ajoutée déjà à la grâce de Warwick,
comme pour efîacer toute trace d'humanité de la
grâce même, que si personne n'intercédait pour lui
ou s'il tentait de fuir, sa grâce fût tenue pour nulle et
son jugement de mort exécuté (mardi 29 janvier)*.
1. Rot. Pari , t. III, p. 381. {PlacitacoronsB^ % 10.)
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 201
Les suppressions que Ton avait prononcées, l'abo-
lition d'un parlement entier dans ses jugements, ses
statuts et ses actes, pouvaient donner des craintes à
l'assemblée présente sur ce qu'elle venait de faire :
elle avait trop bien montré par son exemple com-
ment les actes d'un parlement pouvaient être abolis.
Elle voulut chercher quelque sanction plus forte à
son œuvre; Le lendemain de la condamnation de
Cobham (mercredi 30 janvier) , J. Bussy, l'orateur
des communes, qui, dans toutes ces affaires, semble
être plutôt l'avocat du roi, remontra que bien sou-
vent les lois rendues en parlement avaient été abro-
gées par diversité d'opinions et autres raisons sub-
tiles ; et il demanda qu'il fût ordonné que quiconque
recourrait à semblable moyen pour détruire ce que
le parlement avait fait, fût déclaré traître au roi et
au royaume. Mais cela n'était pas nouveau et n'avait
jamais rien empêché. Que faire donc? Le roi invita
les trois États à chercher s'il n'y avait pas quelque
sanction plus inviolable. Les lords spirituels et tem-
porels dirent qu'ils avaient juré d'observer les actes
du parlement, et ne savaient rien qui les pût lier da-
vantage; les gens de justice et sergents du roi, qu'il
n*y avait pas de force plus grande que les décrets du
parlement. On revint au serment sous une forme
nouvelle : il devait être prêté devant le roi en parle-
ment, sur la croix de Canterbury. Il le fut en elYet
par chacun des prélats et des lords, par les procu-
reurs du clergé et les chevaliers des comtés, le reste
202 LIVRE DIXIÈME. [1398]
des communes levant la main. Mais le roi, qui obli-
geait ses sujets, ne pouvait lier ses successeurs ; et la
perpétuité qu'il rêvait pour son œuvre lui échappait.
Il se demanda s'il n'y pourrait point remédier en
s'adressant au pape pour donner une sentence qui,
survivant à son règne, frappât même après lui qui-
conque voudrait abolir ces jugements. 11 résolut d'en
délibérer en conseil, et voulut auparavant prendre
l'avis, non pas seulement du parlement, mais pour
ainsi dire de la nation. Il en fit donc proclamation
« en audience de tout le peuple; » et tous, levant la
main, haussant la voix, crièrent qu'il leur plaisait et
qu'ils y donnaient leur plein assentiment (a).
Pour consommer l'œuvre de despotisme inaugurée
par ces procédures et ces résolutions illégales, une
seule chose restait à faire au parlement : c'était de se
frapper soi-même; de supprimer les entraves salu-
taires que la constitution et la coutume avaient mises
au pouvoir royal ; de laisser le roi libre de s'affran-
chir désormais de tout contrôle, en lui donnant les
moyens de se passer de son concours.
Le jeudi, 31 janvier, le roi venait d'annoncer qu'il
commettait au duc de Surrey (Thomas, comte de
Kent) l'office de maréchal, et au marquis de Dorset
(J. de Beaufort, comte de Sommerset), l'office d'ami-
ral, ajoutant que, bien que le choix de ses officiers
ne fût point du ressort du parlement, il lui plaisait
que cela fût connu des trois États. C'était, sous les
dehors d'un acte de déférence, trancher à son avan-
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 203
tage une question qui avait été bien souvent débattue.
Le parlement, loin de réclamer, lui concéda bien
autre chose. Sous le prétexte que plusieurs pétitions
n'avaient pu être encore ni lues ni répondues, et que
divers autres points restaient à résoudre (la session
durait depuis trois jours, et ce jour même elle allait
finir !), les communes prièrent le roi de désigner un
certain nombre de lords et de personnages, qu'elles
nommaient, avec plein pouvoir pour examiner, ré-
soudre et expédier toutes ces sortes d'afiPaires. Le roi
y consentit, comme on le pense. On désigna parmi
les lords les ducs de Lancastre, d'York, d'Aumarle
(Rutland), de Surrey (Kent) et d'Exeter (J. de Holland,
comte de Huntingdon), le marquis de Dorset (J. de
Beaufort), les comtes de la Marche (Roger Mortimer),
de Salisbury (J. de Montaigu), de Northumberland
(H. Percy), de Glocester (W. le Scrop), de Wiltshire
(Th. le Despenser), de Winchester; et parmi les che-
valiers députés des communes, J. Bussy, H. Green,
.1. Russell et trois autres (Rob. Teye, H. Chelmswike
et J. Golofre). Chose digne de remarque, pas un
homme d'église n'y figura. Cette commission pouvait
exercer tous les droits qui appartenaient au parle-
ment. C'était à elle de recevoir les pétitions, à elle
de les débattre : simples requêtes, sans doute; mais
sous leur humble l'orme, ces prières ayant derrière
soi le vote de l'impôt, se faisaient recevoir comme la
loi du royaume. \jx commission en devait désormais
décider seule et sans contrainte; et il n'était pas be-
204 LIVBE DIXIÈME. [1398]
soin qu'elle lut au complet : six des premiers et trois
des autres, voilà toute la représentation nationale
dont le roi devait s'appuyer désormais pour gouver-
ner le pays (a) !
Mais ces pouvoirs, si grands qu'ils fussent, n'au-
raient été que temporaires, si les besoins du trésor
eussent forcé le roi de réunir le parlement comme
par le passé pour en obtenir de Targent. L'assem-
blée ne pouvait pas aller jusqu'à supprimer le prin-
cipe du vote de l'impôt, principe qui, plus ou moins
respecté, était au fond des coutumes, je ne dis pas
seulement de l'Angleterre, mais de tous les peuples
du moyen âge : et en Angleterre il était sacré. Le
parlement ne donna donc point au roi toute liberté
en cette matière ; il ne remit pas davantage à la com-
mission le pouvoir de voter aucune aide. Mais il pou-
vait allouer au roi, pour un temps plus ou moins long,
le subside dont le vote annuel remettait chaque année
le gouvernement en présence de la nation. Il y avait
l'impôt du dixième et du quinzième, impôt excep-
tionnel et de sa nature temporaire, que Richard n'a-
vait pas demandé au dernier parlement, et dont il
faisait espérer alors qu'il pourrait se passer. On le
lui vota pour une période qui l'étendait à deux an-
nées, un dixième et demi et un quinzième et demi à
lever en trois termes de la Saint-Michel 1398 à la
Saint -Michel 1399. Il y avait en outre le subside
des peaux et des laines, subside fondamental qui,
avec les revenus de la couronne, devait, en temps
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 205
ordinaire, suffire à tous les besoins : on le lui accorda
pour toute sa vie ! Et le roi sut trouver à ce vote une
sanction considérable. Dès le second jour de la ses-
sion, mardi 29, Bussy, pour rassurer la multitude
plus ou moins mêlée aux troubles dont on venait de
frapper les promoteurs, avait demandé un pardon
général; mais le roi avait répondu qu'auparavant il
voulait voir comment les communes se comporte-
raient envers lui. Après un vote aussi libéral, il ne
pouvait plus refuser l'amnistie. 11 la publia donc,
sauf quelques réserves et sous certaines conditions;
et la rattachant à son tour à l'octroi du subside, afin
de rendre cette résolution irrévocable, et d'y retenir
par la crainte les parlements qui pourraient encore se
réunir, il déclarait que si, par la suite^ les seigneurs
ou les communes réunis en parlement y voulaient
apporter quelque obstacle, l'amnistie accordée serait
nulle de plein droit (a).
Après cela, le chancelier congédia le parlement.
F.a session, ouverte le 28 janvier, était close le 31 ;
mais l'assemblée n'avait pas perdu son temps. En
quatre jours elle avait rainé la constitution du pays^
•Ce parlement qui, avant de se retirer, légua à la
nation le despotisme, vit, ce même jour, éclater dans
son sein une querelle où était en germe toute une
révolution.
1. 7^)/. Pari, t. III, p. 369, g 79.
206 LIVRE DIXIÈME. 11398
II
LE COMTE DE DERBY ET LE COMTE MARECHAL.
Henri de Bolingbroke, comte de Derby, fils de
Lanças tre, et Thomas de Mowbray, lord maréchal,
comte de Nottingham, avaient été, on Ta vu, avec
Glocester, Warwick et Arundel, lords appelants et
chefs de l'insurrection de la xi^ année du roi (1387-
1 388) ; et non-seulement ils n'avaient pas été com-
pris dans la ruine de leurs trois complices, mais ils
avaient aidé (Nottingham surtout) à les renverser,
et ils en avaient reçu la récompense : Derby par le
duché de Hereford, et Nottingham par le duché de
Norfolk. Gela ne s'était point passé sans quelques
moments d'inquiétude pour eux-mêmes. Les faveurs
dont ils avaient été l'objet (l'exemple des autres en
était la preuve) ne suffisaient point pour les rassurer^
et un jour, le nouveau duc de Norfolk, rencontrant
le duc de Hereford, s'était ouvert à lui de ses crain-
tes. Hereford les partageait, sans doute. Que fit-il?
Il alla trouver le roi, et lui fit connaître ce que le
comte maréchal lui avait dit. Le roi voulut avoir une
déclaration solennelle qui confondît publiquement
l'accusé, et, quoi qu'il en fût de ce dernier, mît le dé-
nonciateur à sa merci. Hereford s'était trop avancé
pour reculer. L'avant-dernier jour du parlement, tous
les États se trouvant réunis, il se présenta devant
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 207
le roi, une cédule à la main, et il exposa la chose à
sa guise. Le roi l'avait mandé à Haywood ; il lui avait
dit qu'il savait que le duc de Norfolk lui avait tenu
des propos injurieux envers sa personne, et il l'avait
sommé comme étant son homme lige de les lui révé-
ler. Pour obéir à ce commandement, et nullement
par malice ni par aucune autre cause, il avait mis
par écrit les paroles du duc de Norfolk, aussi
exactement qu'il s'en souvenait; et il déposa la cé-
dule (a).
Cet écrit portait en substance qu'au mois de dé-
cembre de la vingt-unième année du règne de Ri-
chard (1397), le duc de Hereford, allant deBrainford à
Londres, avait rencontré le duc de Norfolk suivi d'une
grande troupe^ et s'était entretenu avec lui de diverses
matières. Dans la conversation, le duc de Norfolk
lui dit : « Nous sommes à la veille d'être tous perdus.
— Pourquoi cela ? répliqua le duc. — A cause du
fait de Redecot-bridge. — Comment est-ce possible,
puisque le roi nous a témoigné sa faveur, nous dé-
clarant devant le parlement qu'il nous tenait pour
bons et loyaux envers lui ? — Malgré tout cela, reprit
le duc de Norfolk, il en sera de nous comme il en a
été auparavant des autres ; il annulera cet acte. —
Mais, dit Hereford, ce serait chose incroyable, qu'un
engagement pris devant tout le peuple fût ainsi ré-
voqué par le roi. — Le monde où nous vivons, conti-
nua Norfolk, est bien étrange et peu sûr; car je sais
bien que sans.... (nom illisible dans le registre), mi-
208 LIVRE DIXIÈME. [1398J
lord votre père et vous-même vous auriez été pris et
tués quand vous allâtes à Windsor après la session du
parlement. Les ducs d'Aumarle et d'Exeter, le comte
de Worcester (Th. Percy) et moi, nous nous sommes
engagés à ne jamais perdre aucun lord sans une juste
et raisonnable cause. Les auteurs de ce coupable pro-
jet étaient le duc de Surrey, les comtes de Wiltshire
(W. le Scrop) et de Salisbury, et le comte de Glocester
(Th. le Despenser) qu'ils ont attiré à eux. Il ont
juré de faire périr six lords, à savoir : les ducs de
Lancastre, de Hereford, d'Aumarle^ d'Exeter, le mar-
quis de Dorset et moi-même ; ils se proposent en ou-
tre d'annuler la condamnation de Thomas, comte de
Lancastre, par quoi nous et plusieurs autres serions
déshérités. — Dieu nous garde! s'écria Hereford ; ce
serait grande honte que le roi consentît à ces des-
seins; car c'est avec la meilleure contenance qu'il a
promis d'être bon seigneur pour moi et pour les au-
tres, et il Ta juré par saint Edouard. — Il m'en a fait
autant bien des fois, dit Norfolk ; il a juré par le Corps -
Dieu : et, malgré tout cela, il ne faut pas s'en fier à
lui davantage ; il cherche à faire entrer le comte de
la Marche et d'autres dans le complot des quatre lords
que j'ai dits, pour faire périr tous les autres. — S'il
en est ainsi, dit Hereford, nous ne pouvons plus nous
fiera eux. — Non, certainement, répliqua Norfolk;
car, s'il ne leur est pas possible d'accomplir leurs
desseins à présent, ils réussiront, avant qu'il soit dix
ans, à nous faire périr dans nos maisons (a). )>
[1398] LE DH3P0TISME l)K RICHARD. 209
Telle est la pièce que Derby, par un acte insigne
de perfidie, sous ombre de loyauté, lut devant le roL,
et les lords. Cette scène, convenue ou non à Tavance,
semblait achever de mettre aux mains de Richard les
deux derniers des cinq lords appelants : l'un des deux
livrait l'autre, et se liait lui-même au roi par cette
solennelle dénonciation. Le roi ne voulut rien préci-
piter : avec l'assentiment des différents or3res, il dé-
clara qu'il examinerait et terminerait cette affaire sur
l'avis des commissaires déjà désignés par le parle-
ment. C'était le premier usage qu'il comptait faire de
cet instrument mis par le parlement lui-même au
service de son autorité absolue \
Derby avait pris ses précautions avant de se lancer
dans cette affaire. A la veille de l'ouverture de la ses-
sion, il avait obtenu du roi pleine amnistie; et,
comme si cela ne suilisait pas, le jour qu'elle Unit,
quand l'examen de sa dénonciation eut été renvoyé
au nouveau conseil, il vint au parlement, et, se met-
tant humblement aux genoux de Richard, il rappela
les troubles où il s'était trouvé mêlé avec d'aulres,
sans mauvaise intention, disait-il, ni dessein d'of-
fenser le roi. Néanmoins, confessant sa faute, il lui
criait merci, et lesuppliait de lui pardonner : pardon
que Richard lui renouvela de bonne grâce, et fit en-
registrer dans les r«Mos du parlement. Quant à Nor-
1. Jeudi, 31 janvier. Hot. ParL, t. III, p. 360, g 54, et 382, § 11.
C'est ce môme jour quo le const'i! avait été composé, iUid.^ p. 378,
§74.'
II — 14
210 LIVRE DIXIÈME. [1398]
folk, il n'était pas là : c'est un absent que Derby avait
ainsi chargé! Et, tandis que le fils de Lancastre se
prémunissait contre lui des témoignages de la faveur
royale^ nul des assistants ne prenait sa défense. Cette
absence même, cette sorte de parti pris de ne point
paraître à une assemblée dont le roi s'était promis
tant de services, était un grief qui devait tourner
contre lui. Il fallait bien pourtant qu'il fût mis en
présence de son accusateur; et une lettre du roi,
adressée à tous les shériffs , l'assigna à comparaître
dans les quinze jours, à peine de forfaiture. Il compa-
rut avec son adversaire, le 23 février, à Os waldstree;
mais on les ajourna au 28 avril à Windsor, avec dé-
fense de quitter le royaume dans l'intervalle : Derby
eut permission de se retirer, donnant caution ; quant
à Norfolk, pour les derniers jours du moins, ordre
fut donné de le retenir sous bonne garde en quelque
maison du roi.
Cependant le roi réunit son conseil parlementaire
à Bristol (19 mars), et il fut décidé que si l'on ne
trouvait aucune preuve sutïisante pour résoudre judi-
ciairement ce débat, on recourrait aux lois de la che-
valerie. Au jour dit, les deux rivaux se retrouvèrent
à Windsor (dimanche 28 avril). Grand nombre de
seigneurs et de gens de loi étaient rassemblés pour
les entendre ; et, comme aucune preuve n'était pro-
duite, *le roi , ainsi qu'on l'avait arrêté, ordonna la
bataille^ et assigna les deux champions pour le 1G sep-
tembre, à Coventry (a).
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 211
Ils acceptèrent Tépreuve, et profitèrent du délai
pour se munir des meilleures armes. Hereford députa
au duc de Milan, qui mit à sa disposition et ses
armes et ses ouvriers les plus habiles. Le lord maré-
chal envoya en Allemagne, où il comptait sur l'aide
de nombreux amis. L'annonce de ce combat produisit
partout une grande émotion. En France, on en pre-
nait aisément son parti ; « Qu'on les laisse se battre,
disaient quelques-uns, ces chevaliers d'Angleterre
sont trop orgueilleux ; qu'on les laisse, ils finiront
par se détruire les uns les autres. » Mais d'autres,
considérant les liens nouveaux qui unissaient les
deux couronnes, ne voyaient pas sans inquiétude le
roi d'Angleterre, si ami de la France^ laisser éclater
de pareilles haines entre les plus grands personnages
de sa famille ou de sa cour. Il aurait dû, à leur avis,
étouffer la querelle dès l'origine, et dire aux deux
adversaires : « Vous , comte Derby, et vous , comte
maréchal, vous êtes tous deux de mon sang et de
mon lignage, et aussi fort prochains- l'un à l'autre :
je vous commande la paix, et ne veux que nulle haine
ni rancune s'engendre et nourrisse entre vous. Soyez
amis et bons cousins ; s'il vous ennuie de séjourner
('n ce pays, allez en pays étranger, au royaume de
Hongrie ou ailleurs, quérir les armes ou les aven-
tures. » Et Charles VI, plein de sollicitude envers un
prince, son gendre et son allié, qu'il aimait pour sa
lille et pour les bons rapports établis entre les deux
pays, lui dépêchait un ambassadeur, le suppliant
212 LIVRE DIXIEME. [1398]
d'apaiser la querelle, au nom de la parenté qui unis-
sait les deux rivaux à la couronne, et de l'intérêt
qu'il portait lui-même à la paix de l'Angleterre (a).
En Angleterre, le sentiment public se prononçait
de plus en plus. On ne voyait pas ce qu'il y avait
d'odieux dans l'hypocrite dénonciation dirigée contre
le lord maréchal. Norfolk étant regardé comme le
meurtrier de Glocester, c'est sur Derby que se repor-
tait toute la faveur publique; et Ton ne s'arrêtait
point à maudire son rival ! Le vieux Lancastre, vive-
ment ému d'une décision qui lui faisait craindre de
perdre son fils encore après son frère, pouvait déjà
pressentir que cette double injure ne demeurerait pas
impunie : il ne fallait que prêter l'oreille aux mur-
mures des habitants de Londres. Ils ne cachaient plus
leurs antipathies contre le roi^ et reprenant au profit
du fils de Lancastre cette question de légitimité que
Lancastre lui-même, impopulaire comme il l'était
jadis, n'avait point osé agiter à l'avènement de Ri-
chard : «Monseigneur Derby, disaient-ils, soyez tout
conforté que de cette emprise, comment que la besogne
se tourne, vous en istrez (sortirez) à votre honneur,
veuille le roi ou non et tous ses marmousets. Et nous
savons bien comment les choses se portent ; ce qui
en est fait, c'est matière pourvue et maçonnée par
envie et pour vous mettre hors de ce pays, pourtant
qu'on voit et sent que vous êtes bien aimé de tous et
de toutes. Et s'il convient que vous en istiez en
trouble, vous y entrerez en joie; car mieux y devez
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 213
être que ne fait Richard de Bordeaux (ils ne disaient
plus le roi Richard). Et qui voudroit aller jusques au
parfond, et bien sentir et connoître d'oii vous venez
et d'où il vient aussi, on vous trouveroit plus pro-
chain de l'héritage et couronne d'Angleterre qu'on
ne dût faire Richard de Bordeaux; quoique nous lui
ayons fait foi et hommage, et le tenons et avons tenu
plus de vingt ans à roi ^ »
Richard n'était pas sans trouble à l'approche de
ce jour solennel. Les révélations de Derby avaient
jeté une lueur sinistre sur une situation dont il
n'avait point soupçonné les dangers. Il avait cru
que la mort de Glocester l'affranchissait de tout
péril ; et le concours qu'il avait trouvé pour le frap-
per dans les communes et. dans les lords, semblait
lui donner un gage du plus aveugle dévouement.
Le parlement, pour le venger du passé, avait foulé
aux pieds toutes les lois; bien plus, pour lui livrer
l'avenir il s'était en quelque sorte supprimé lui-
même, lui votant l'impôt des laines pour toute sa vie,
et remettant tous les pouvoirs de rassemblée à une
commission placée sous sa main. Et voilà que cette
puissance agrandie semblait chanceler sur ses bases,
et que tout ce qu'on avait fait pour l'étendre conspirait
à l'ébranler 1 Pour mieux être sûr que Glocester et
Arundel ne seraient pas vengés, Richard retenait leurs
lu'i'ilitTs près (h^ lui: ;iii nom du ilroit de i.'ai'<I»v 'I
1. Froissait, IV, 63.
214 LIVRE DIXIÈME. [1398]
avait fait venir et faisait surveiller leurs enfants à sa
cour : mais l'héritage de Glocester lui échappait; la
popularité dont le prince avait joui de son vivant, et
qui n'avait fait que s'accroître par sa mort, passait
à celui qui, en luttant contre le lord maréchal, sem-
hlait appelé à tirer de sa mort une première ven-
geance. Ce redoutable personnage que le roi pensait
avoir supprimé de la scène se relevait devant lui
dans le fils de Lancastre.
Richard avait des appuis, sans doute. Il pouvait
compter sur le dévouement de son frère utérin (Jean
de Holland, duc d'Exeter), de son neveu (Thomas,
duc de Surrey); et parmi ceux que le sang rappro-
chait de lui, mais aussi de Glocester, il paraissait
avoir le duc d'Aumarle, fils du duc d'York, grâce
au titre de connétable, repris en sa faveur de la suc-
cession de Glocester, et peut-être à la jalousie du
nouveau dignitaire pour son cousin de Derby. Mais
Lancastre et York se tenaient à Técart. Ces deux
princes qui, du vivant de Glocester, couvraient de
leur approbation la politique du roi, irrités de la
mort de leur frère, semblaient maintenant revenir à
des idées qii'ils ne partageaient point jadis. Le vide
se faisait donc autour de Richard, et les faveurs qu'il
avait prodiguées ne suffisaient point pour le com-
l)ler. Nul dévouement n'était plus sûr, nul gage assez
fort pour commander la foi, si le comte maréchal, lié
à lui par sa complicité dans la mort de Glocester
comme par les grâces qui en avaient été la récom-
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 215
pense, songeait à prendre ses garanties contre lui-
même. Ainsi le doute avait pénétré dans l'âme du
roi, et s'y était d'autant plus étendu que sa sécurité
avait été plus complète. Par un étrange contraste,
jamais il ne s'était trouvé moins rassuré que depuis
qu'il pouvait tout. Au lendemain de son triomphe,
dans cette terreur universelle qu'il inspirait, il avait
peur. Il avait doublé sa garde; il l'avait composée
d'hommes tirés du comté le plus reculé et le plus
sauvage (Chester), comme pour les rendre moins
pénétrables à l'esprit qui régnait à Londres et aux
alentours*.
C'était donc avec une vive anxiété qu'il attendait
le dénoûment d'un combat où peut-être il devait
trouver le secret de la situation présente, et voir clai-
rement parmi ces lords, en apparence si dévoués à sa
personne, qui était ami ou ennemi. Quelle ne fut pas
sa surprise et sa déconvenue, quand des hommes
dont il ne pouvait suspecter les sentiments, le duc
d'Exeter,son frère, le comte de Salisbury^ l'archevêque
d'York, le vinrent détourner de consentir à cette
épreuve : « Le peuple, disaient-ils, et notamment les
habitants de Londres, murmuraient qu'en ordonnant
la bataille le roi avait voulu perdre Derby ; qu'après
Glocester il s'attaquait à la branche de Lancastre;
1. Aumarle, cnrinetahle. Il ic'joit un crdre (;n C(!ltc (juulité If
10 septembre 1398; Hymer, t. VIII, j). kk. — Mesures de précau
lions, etc. Froissait, IV, 61; cf Hardyng, Chron., cité par Tur
ner, t. II, p. 312.
216 LIVRE DIXIÈME. [1398]
qu'il voulait ainsi détruire toute sa famille : on se
disait résolu à ne le point souffrir. » A ces paroles,
le roi changea de couleur; il se retira à l'écart, et,
s'accoudant sur une fenêtre, il y demeura quelque
temps pensif. Quand il revint à ses conseillers ^ il
était décidé, et leur déclara qu'il tiendrait compte
de leur avis\
Le jour venu (16 septembre 1398), comme les deux
adversaires s'étaient rendus à Coventry, où les sei-
gneurs éîaient assemblés pour être témoins de cet
émouvant spectacle : au moment qu'ils allaient enga-
ger la bataille, le roi déclara qu'il la prenait en main ;
et, de l'avis du parlement, c'est-à-dire de la commis-
sion qui lui en tenait lieu, il ordonna a que pour la
paix et la tranquillité du roi et du royaume, pour pré-
venir les querelles qui pouvaient éclater soit entre les
deux ducs, soit entre leurs amis, le duc de Hereford
(Derby) serait banni du royaume pour dix ans, avec
obligation de partir avant le 13 octobre prochain,
sous peine de trahison. » Quant au duc de Norfolk,
« comme il avait confessé à Windsor, le 29 avril
dernier, devantleroi, certains points de l'accusation
qu'il avait niés le 23 février précédent , et qui pou-
vaient engendrer le trouble dans le royaume, le roi,
voulant punir, selon son devoir de justice, tous au-
teurs de troubles, quels qu'ils fussent, et en préve-
nir les occasions , ordonnait qu'il quitterait le
1. B^roissart, IV, 63.
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 217
royaume pour toute sa vie, et en partirait le 20 octo-
bre prochain pour aller habiter la Germanie, la Bo-
hême, la Hongrie, et nulle autre partie de la chrétienté,
sous peine de haute trahison. » Il lui retirait toutes les
terres qu'il lui avait données en considération de ses
derniers services, le suspendait de toutes ses char-
ges, lui ôtait toutes les garanties qu'il pouvait tenir
des rois ses ancêtres, et plaçait le reste de ses biens
en séquestre jusqu'au payement de mille livres dont
il était redevable pour son gouvernement de Calais.
L'exil pouvait éteindre les haines des deux adversaires,
et les rapprocher en un même sentiment contre l'au-
teur de leur condamnation. On avait songé à y pour-
voir. Défense leur était faite, sous peine de haute
trahison, de se rencontrer ou de communiquer par
message^ soit entre eux, soit avec Thomas Arundel.
Que si les deux ducs, ou l'un d'eux, faisaient rien de
contraire à la présente ordonnance, ils devaient en-
courir la peine de haute trahison, comme s'il eût été
contrevenu à quelque loi du parlement tenu soit à
Westminster, soit à Shrewsbury. Enlin s'ils tentaient
de quelque manière d'obtenir leur grâce et la permis-
sion de rentrer dans leur patrie, ils encourraient la
même peine de par la môme autorité (a).
Cette double sentence par manière d'arbitrage,
renversait toutes les notions de la justice. Dans le
doute, on renvoie les parties : ici, le roi les con-
damnait au contraire. 11 disait à Derby qu'il accusait
lin innocent, et au comte maréchal qu'il était coupa-
218 LIVRE DIXIÈME. [1398]
ble : les frappant l'un et l'antre, comme pour être
plus sûr de ne pas se tromper. Il y avaitpourlant dans
la peine des différences qui prouvaient que le roi,
contrairement peut-être à son penchant naturel, mais
selon les conseils qu'il avait reçus, inclinait vers l'ac-
cusation. Le comte maréchal était exilé pour toujours;
Derby pour dix années : et encore ne fut-ce point le
dernier mot de la sentence. Quand il vint prendre
congé du roi àEltham, nul ne l'eût pris pour un con-
damné; ce fut comme une réception d'apparat. Les
ducs de Lancastre et d'York se tenaient auprès du
roi; Derby était suivi des plus grands seigneurs de
la cour; le comte de Salisbury et le duc d'Exeter s'é-
taient rangés eux-mêmes dans son cortège. Le roi lui
fit bon visage, s'excusa, en quelque sorte, de la sen-
tence, disant qu'il avait été fort contristé de la que-
relle, et qu'il n'avait pas cru la pouvoir terminer
autrement pour le bien du pays , et il réduisit son
exil de dix à six ans. A son départ, il lui remit des
lettres qui devaient lui assurer partout bon accueil,
en témoignant qu'on le pouvait recevoir selon son
rang, sans offenser celui qui l'avait banni ^
Le comte maréchal partit au jour fixé, mal récom-
pensé de ses criminelles complaisances : traître en-
vers son roi, traître envers ses complices, et trahi à
son tour par le complice de ses deux trahisons, il
quittait l'Angleterre, emportant la haine de tout un
1. Froissart, IV, 65.
[I398I LE DESPOTISME DE RICHARD. 219
peuple. Il passa par Calais dont il avait été gouver-
neur, prit congé des habitants, et, après un court sé-
jour en Flandre, alla en Allemagne, puis à Venise,
où il ne tarda point à mourir. Quant à Derb}', trois
fois traître déjà, une trahison de plus liii devait mé-
nager une tout autre fortune. Son départ lui pouvait
donner comme un avant-goût d'un retour triomphal.
Lorsqu'il monta à cheval et quitta Londres, plus de
quarante mille hommes et femmes étaient dans les
rues, criant et pleurant après lui : « Ah ! gentil comte
Derby, disaient-ils, nous laisserez-vous donc? ja-
mais il n'y aura joie ni bien en ce pays tant que
vous n'y serez revenu. Mais les jours du retour sont
trop longs : c'est par envie et trahison qu'on vous met
hors; vous y devriez mieux demeurer que nul autre! »
Il y avait déjà toute une révolution en germe dans ces
démonstrations de la foule ; les amis de Derby le
voyaient bien, mais ce n'était pas l'heure. La présence
seule et le silence du vieux Lancastre eût entravé lo
mouvement; avec le temps la chose devait mûrir. Le
maire de Londres et les principaux de la ville accom-
]>agnèrent Derby jusqu'au delà deDartford, quelques-
uns même jusqu'à Douvres et jusqu'au vaisseau qui
lemmena à Calais (a).
220 LIVRE DIXIÈME. 113981
m
MORT DU DUC DE LANCASTRE.
Richard venait de faire un pas de plus dans l'arbi-
traire; mais c'est en vain qu'il espérait avoir donné
par là une garantie de plus à son pouvoir. Il se voyait
délivré des cinq personnages qui avaient joué le
premier rôle devant le Parlement impitoyable, dans
le grand drame de 1388: Glocester et Arundel étaient
morts; Warwick, relégué dans une île; le comte
maréchal et Derby, après avoir aidé à la condamna-
tion des trois premiers, frappés à leur tour et exilés
sur le continent. Mais la défense qui leur était faite
de se rencontrer et de communiquer entre eux, mar-
quait assez que le roi ne comptait point absolument
pour lestenir séparés, sur les haines dont ils venaient
de donner le spectacle; elle trahissait ce qu'il y avait
d'impolitique dans cet acte de despotisme. Ces deux
hommes en Angleterre, divisés par l'injure publique
que l'un avait reçue de l'autre, n'auraient pas manqué
de s'observer mutuellement; bannis tous les deux, et
déjà rapprochés par la communauté de leur sen-
tence, ils devenaient suspects de conspirer!
Le roi, débarrassé, comme il le croyait, de ses
ennemis, trouvait dans cette sécurité même un autre
péril ; il ne songeait plus qu'à user, selon son caprice.
[1398] LE DESPOTISME DE RICHARD. 221
des pouvoirs que le parlement lui avait abandonnés.
Son comité était près de lui, n'ayant de vertu que
pour le seconder en toutes choses. Richard voulut,
dès le principe, donner la plus haute sanction à ses
pouvoirs. Par un acte du 15 octobre 1398, de l'avis
des membres de ce comité même, il décréta que toute
personne qui contreviendrait aux statuts rendus par
lui, avec leur assentiment, encourrait la peine de
trahison, exactement comme ceux qui violeraient les
statuts rendus pendant la session du dernier parle-
ment. Pour les mieux consacrer encore, un autre acte
modifia la formule du serment que prêtait tout évê-
que ou tout seigneur, prenant possession, soit de son
temporel, soit de son fief; il y joignait cette clause,
qu'on jurait d'observer les statuts, ordonnances et
jugements du parlement de la vingt et unième année
de Richard, et aussi les statuts faits après le parle-
ment, et de ne jamais tenter, ni souffrir qu'on tentât
de les révoquer ou annuler. Les lords laïques devaient
s'engager spécialement à dénoncer et à poursuivre
toute entreprise de ce genre (a).
Ces nouveautés furent commentées, et l'on prêta
au roi bien d'autres mesures dont il n'y a point de
trace dans les actes publics. On disait qu'outre ce
serment, scellé du sceau de ses hommes liges, il
avait exigé d'eux des blanc-seings qu'il put remplir
à volonté alin de les compromettre et de les perdre
selon son caprice. On disait même, selon Otler-
bourne, qu'il voulait s'en servir pour vendre, comme
222 LIVRE DIXIÈME. [1398]
de leur aveu, au roi de France, tout ce qu'il avait
sur le continent! On dit aussi, et cela est plus vrai-
semblable, qu'il fît prêter à tous les vicomtes du
royaume ces serments nouveaux : ils s'engageaient à
obéir à tous ses ordres, tant aux lettres scellées du
grand sceau qu'aux lettres marquées de son simple
signet; et s'ils apprenaient qu'un de leurs baillis, de
quelque condition qu'il fût, avait tenu, publiquement
ou en secret, un langage injurieux pour la personne
royale, ils devaient le mettre en prison jusqu'à ce que
le roi en eût autrement décidé. « Cela fit, ajoute
Walsingham , qu'un grand nombre de seigneurs,
malicieusement accusés d'avoir mal parlé du roi,
furent pris, mis en prison, menés devant le conné-
table ou le maréchal d'Angleterre, et contraints de
se justifier par la lutte en champ clos, sans égard si
leurs accusateurs étaient jeunes et forts, et eux-mêmes
vieux, impotents et infirmes \ »
Le peuple était désormais disposé à tout prendre
du roi en mauvaise part. Dans les affaires de l'Église,
Richard avait toujours fermement soutenu devant la
cour de Rome les droits de son clergé et de sa cou-
ronne; et alors même que le parlement lui avait
donné tout pouvoir pour suspendre ou modifier l'exé-
cution des statuts en cette matière, il n'en avait ja-
1. Wals., p. 357 ; M. Evesh., p. 147 ; Otterbourne, p. 200 : « Qui-
dam tamen dicunt eum taies albas cartas machinatum, ut ostenderet
in eis consensum totius populi Angliœ régi Franciae, ad vendilionem
ecclesiae et terrarum ultramarinarum. »
[1398] LE DEbFUUbJME DL RICHARD. 223
mais ébranlé le principe. Le statnt des proviseurs
demeurait toujours loi de l'État. Le pape, croyant
sans doute les circonstances plus favorables, lui en
fit demander la révocation : le roi accueillit bien l'en-
voyé de Rome, le congédia avec des présents, mais
maintint le décret. La cour de Rome, par voie de
translation, disposait trop souvent des sièges épisco-
paux au détriment des chapitres : le roi convoqua le
clergé et lui demanda s'il approuvait ces choses; et
l'assemblée l'ayant prié de transmettre au pape sa
désapprobation, il lui jura que si TÉglise anglicane
voulait résister en cette affaire, elle trouverait tout
appui en lui. C'était, on le voit^ pousser l'esprit d'in-
dépendance presque jusqu'à la menace. Dans une
autre circonstance, il voulait même aller plus loin.
La France, lassée du schisme et ne pouvant con-
traindre l'inflexible Aragonais Benoît XIII à entrer en
arrangement avec le pape de Rome, menaçait de le
laisser là et de se déclarer neutre : elle eût voulu qu'on
en fît autant d'autre part, croyant que les deux papes,
ainsi abandonnés de toute la chrétienté, seraient bien
forcés de s'entendre, Charles VI comptait entraîner à
cette résolution les rois d'Ecosse et d'Espagne, liés
comme lui à la cour d'Avignon, et il avait écrit dans
le même sens aux adhérents de Rome : en Allemagne,
en Bohême, en Italie. Il avait écrit en Angleterre, et
Richard consulta les évêques et l'université d'Oxford.
Mais les prélats et les docteurs anglais repoussèrent
cette invitalion connue une insulte: si la France re«
224 LIVRE DIXIÈME. [1398,
nonçait à son schisme, ce n'était point une raison
pour en faire en quelque sorte un autre, en renon-
çant à l'obédience de Rome qu'on avait toujours re-
connue. La démarche de Richard ne fit que le com-
promettre vis-à-vis du clergé : « Ce roi est tout
François, murmurait-on ; il ne vise qu'à nous désho-
norer et détruire. Nous veut-il donc mettre hors de
notre croyance? Il pourra bien tant faire que mal lui
en prendra. » Et les habitants de Londres, sachant
quel avait été l'objet de cette convocation du clergé,
exhalaient leur indignation en termes non moins
amers : « Ce Richard de Bordeaux, disaient-ils, hon-
nira tout, si on le laisse faire à sa guise ; il est de
cœur si François qu'il ne le peut celer. Il est fort,
mais il sera un de ces jours payé si étrangement qu'il
n'aura pas le temps de s'en repentir, et aussi feront
ceux qui le conseillent (a). »
A l'intérieur, le peuple avait bien d'autres occa-
sions de murmurer et de se plaindre. Les revenus de
la couronne étant devenus insuffisants vu le progrès
des charges, on y suppléait par des subsides; et l'on
a vu ce que le dernier parlement, avant de se dis-
soudre, avait voté au roi. Le roi, n'ayant point la
ressource de s'adresser à son comité pour cela, recou-
rait à d'autres moyens, il empruntait, il tirait de
l'argent^ sous forme d'amende ou de rachat, pour la
part qu'on avait pu prendre aux actes de Glocester,
de Warwick ou d'Arundel ; quand il s'agissait de fixer
ces espèces de rançons, le chancelier, le trésorier
[1398] - LE DESPOTISME DE RICHARD. 225
(W. le Scrop), le garde du sceau privé et les trois
autres principaux agents du nouveau gouvernement
de Richard (J. Bussy, H. Green et W. Bagot) étaient
seuls admis au conseil. Et l'on ne se bornait pas à
frapper ainsi les particuliers : si Ton en croit Walsin-
gham et ses copistes, seize ou dix-sept comtés furent
soumis en masse à des exactions de cette sorte : « Ils
furent jugés et condamnés, » dit le moine d'Evesham.
Walsingham prétend même que le roi les voulait
exécuter en les envahissant à main armée comme des
ennemis publics, et qu'il en tira beaucoup d'argent:
« 1000m. des uns, 10001. des autres, «ajoute le moine
d'Evesham. Les exécutions en bloc sont difficiles à
croire, après l'amnistie prononcée en parlement et
confirmée indirectement plus tard par plusieurs
actes du conseil. L'amnistie était accordée à la con-
dition qu'on la demandât dans un temps déterminé,
et le délai, qui expirait à la Saint-Jean 1398, fut, par
un acte du 25 juin, prorogé à la Toussaint. La déli-
vrance des lettres de grâce donnait-elle lieu à quel-
que redevance envers le trésor? et est ce ainsi qu'il
faut entendre ces déclarations et ces aveux arrachés,
dit Walsingham, par k' roi, et qu'on se faisait ensuite
pardonner moyennant finance? Si les imputations
(le l'historien ont quelque fondement, cest là qu'il
le faut chercher. Il y avait des déclarations de cette
sorte à la chancellerie: elles furent brûlées par ordre
de Henri IV, dès son avènement, avec un éclat dont
l'objet était, on le peut croire, beaucoup moins de
II — 15
226 LIVRE DIXIÈME. [1398]
rassurer les auteurs de ces écrits, que d'accuser la
mémoire de Richard (a).
Quoi qu'il en soit de ces griefs dont Richard est
innocent peut-être, mais qu'il accréditait par sa ma-
nière de gouverner, on ne peut s'en prendre qu'à lui
si, tenant le parlement à l'écart, il se privait des
moyens d'accroître ses ressources par voie légitime,
en un moment où les circonstances en rendaient la
nécessité plus pressante. L'Angleterre était en paix
avec ses anciens ennemis, la France et l'Ecosse. Mais
l'Irlande, sa vieille conquête, remuaittoujours, mal-
gré la dernière expédition de Richard. Ses rois, que
l'honnête chevalier Crvstède s'était donné tant de
mal à façonner aux usages d'Angleterre, n'en avaient
pris que les habits, et, selon toute apparence, ne les
avaient pas gardés longtemps. Ils avaient recom-
mencé leurs attaques contre les Anglais de race ; et
Roger Mortimer, fils d'Edmond, comte de la Marche,
héritier désigné de Richard et son lieutenant en Ir-
lande, avait péri en les combattant. Richard envoya
tout d'abord à sa place le jeune duc de Surrey, et ré-
solut de l'aller venger par lui-même. Tous les vais-
seaux de vingt-cinq tonneaux et au-dessus, appar-
tenant à la côte septentrionale de l'Angleterre, de
Golchester à Newcastle, eurent ordre de se rendre
dans les ports de Milford et de Bristol, tout appa-
reillés, huit jours après Pâques. On fit de même la
presse des matelots ; et dans tout le pays, dans les
couvents surtout, on prenait les chevaux, les cha-
[1398]. LE DESPOTISME DE RICHARD. 227
riols, les objets nécessaires au voyage, sans mar-
chander et sans payer : réquisitions qui achevèrent
de surexciter les esprits en Angleterre (a).
Un acte récemment accompli par le roi, en bles-
sant vivement le sentiment de la nation comme les
droits de la justice, allait être l'écueil de ce despo-
tisme.
Le vieux duc de Lancastre était mort (février 1 399) :
son héritage revenait à Henri, son fils, comte de
Derby; et le roi, en l'exilant, lui avait reconnu le
droit de recueillir, par procureur, toutes les succes-
sions qui lui pourraient écheoir en son absence.
Mais Richard se déGait de Derby, et les marques de
bienveillance qu'il lui avait données , à contre-cœur
sans doute, au moment de son départ, n'avaient point
tardé à se démentir, quand il avait pu voir combien
le prince avait peu perdu à cet exil. A peine arrivé à
Calais, l'exilé s'était vu l'objet de toute sorte de pré-
venances. Le comte d'Ostrevant, son cousin, s'était
empressé de lui envoyer ses chevaliers pour l'inviter
à venir en Hainaut. Mais il avait été devancé par le
roi de France, par le duc d'Orléans et par les oncles
de ces deux princes. On l'alla prendre à Calais, on
l'amena à Paris : tous les seigneurs, les ducs de Berri,
de Bourgogne et de Bourbon en tête, sortirent de la
ville pour le recevoir et lui faire escorte, et ils le
conduisirent à l'hôtel Saint-Paul, où le roi lui fit
grand accueil; puis, on le ramena à son hôtel, et les
seigneurs rivalisai«'ni «Mifrc <mi\ pour lui Wûn^ Pt»» ««t
228 LIVRE DIXIÈME. [1399]
dissiper ses ennuis. Derby avait eu un instant la
pensée d'illustrer son exil, en allant en Hongrie dé-
fendre la chrétienté contre les vainqueurs de Nico-
polis. Mais son père, qu'il avait consulté, l'avait dé-
tourné de s'éloigner autant, et ceux qu'il avait
envoyés en Angleterre lui avaient rapporté, de la
santé du vieillard, des nouvelles qui le devaient bien
plus encore faire renoncer à ce lointain voyage. Il de-
meura donc en France, où le roi et les princes mon-
traient toujours la même sollicitude à lui plaire, si
bien qu'il ne pouvait se retenir de dire au roi :
w Monseigneur, vous rae faites tant d'honneur et de
courtoisie, que je ne sais comment je le pourrai jamais
desservir (reconnaître); et, moi retourné en Angle-
terre, madame la reine^ votre fille, en vaudra gran-
dement mieux ^ »
C'est alors qu'on apprit en France la mort du
duc de Lancastre\ Le roi d'Angleterre l'écrivit non
pointa soncousin Derby, héritier du défunt, mais au
roi de France. Gela déjà devait inspirer de la défiance
sur les dispositions de Richard. Jusque-là on avait
cru en Angleterre que la mort de Lancastre serait
pour le roi une occasion de faire rentrer en grâce
l'exilé : s'il l'eût rappelé, s'il lui eût rendu, avec
l'accès de la patrie, tous les honneurs de son rang,
1. Froissart, IV, 66 et 68.
2. Mort de Jean de Gand, duc de Lancastre, vers la fête de la Pu-
rification (2 février 1399). Wals., p. 375 et Hypodigma Neustriœ,
p. 553; le moine d'Rvesham (p. 147), la rapporte aux environs de
Noël 1398.
[1399] LE DESPOTISME DE RICHARD. 229
il pouvait effacer encore la fâcheuse impression de
son exil, le regagner lui-même peut-être et du moins
désarmer son parti. Il n'en fît rien. Derby lui sem-
blait trop à craindre, s'il prenait la place de son
père, quand la mort de Roger Mortimer le laissait si
près de lui sur les marches du trône : c'était l'appeler
à s'y asseoir.
On sut bientôt, en effet, les résolutions violentes
prises par le roi. Le 18 mars il réunit le conseil qui
remplaçait les communes et les lords, et au nom
du parlement, comme on disait, révoqua les lettres
patentes que ce même conseil avait accordées à
Derby au jour de son exil. Pour qu'il n'y eût pas
deux mesures, on fit de même des lettres semblables
accordées au duc de Norfolk : les unes et les autres
furent déclarées nulles, comme obtenues par surprise
et contrairement à la loi. Le sort donc en était jeté;
et le roi parut sentir la gravité de la décision qu'il
venait de prendre. Le jour oiî il fit cette déclaration
fatale, il requit les évêques et les lords de jurer pu-
bliquement, sur la croix de Ganterbury, l'observation
des statuts et ordonnances faits à Coventry ou ail-
leurs par l'autorité de ces dix ou douze hommes qu'on
appelait le parlement. Les lords, les prélats firent
devant la relique le défilé et le serment qu'on avait
déjà vus tant de fois. Puis le chancelier invita le
peuple présent à lever la main en signe d'adhésion;
et toutes les mains se levèrent ; vaine garantie, qui
faisait illusion au roi, sans rien diminuer du péril!
230 LIVRE DIXIÈME. [1399]
Il voulut même donner à cet arrêt comme une sanc-
tion de plus. Le conseil qui lui tenait lieu des trois
États, se croyait le droit de décider de la vie des
citoyens comme des lois du royaume ; et ce jour
même il avait condamné comme traître un chevalier
accusé, au dernier parlement, de complicité dans l'af-
faire de Glocester : jugement qui ne fut pas exécuté
en ce qui touchait la personne du condamné : il était
mort; mais ses biens furent confisqués. Le 23 avril,
le roi fit comparaître devant le même tribunal un
clerc (Henri Bowet)^ accusé d'avoir suggéré au
comte de Derby l'idée de sa pétition, et de l'avoir
aidé à obtenir ses lettres patentes de ce conseil même
qui jugeait, et du roi. Il fut déclaré traître, et con-
damné à être traîné sur la claie, pendu, décollé et
mis en quartiers; mais , comme il était chapelain du
roi, le roi lui fit grâce de la vie : on se borna à
l'exiler pour le reste de ses jours (a).
Cette éclatante confiscation excita en Angleterre
une émotion générale. Prendre à Derby son héritage,
c'était trop dire que le temps de son exil, loin de se
réduire, comme on en avait l'espoir, ne finirait pas.
En France aussi^ quelque aimé que fût Richard, la
nouvelle fut mal accueillie ; « Le roi d'Angleterre,
disait-on, montre trop de haine pour le comte de
Derby , son cousin germain et le plus grand en
Angleterre après lui. Il est pourtant gracieux che-
valier, doux, courtois et traitable, et il fait bon le
voir et lui parler. Ou le roi d'Angleterre sait de lui
[1399] LE DESPOTISME DE RICHARD. 231
autre chose que nous ne savons, ou il est mal con-
seillé; et c'est -merveille que le roi de France, son
frère et ses oncles n'y mettent attrempance (adoucis-
sement) : car il est tous les jours avec eux, et ils y
devraient pourvoir mieux que nul autre; nul ne
serait mieux écoulé du roi d'i\ngleterre, pour l'amour
de sa femme qui est fille du roi de France. » Le roi
de France partageait bien les mêmes sentiments à
l'égard de Derby. Il ne renonçait point à l'aider en
cette afYaire; il songeait même à se l'attacher de plus
près, comptant par là le rapprocher plus sûrement
du roi d'Angleterre : il pensait à le marier à la lille
du duc de Berri , déjà deux fois veuve, bien qu'âgée
de moins de vingt-trois ans. Mais Richard^ instruit de
ce projet, envoya le comte de Salisbury en France pour
le faire échouer. Charles VI reçut avec grand chagrin
ce message. Toutefois, ni lui, ni ses oncles ne vou-
lurent aller contre les intentions de Richard. On sup-
posa que le roi d'Angleterre avait sans doute quelque
grande raison secrète; et l'on rompit avec Derby.
Le roi lâcha d'adoucir ce qu'il y avait de blessant
dans la rupture, en lui disant que le projet n'était
qu'ajourné jusqu'au temps où il aurait pris pos-
session du duché de Lancastre. Mais quel espoir
de lui faire donner l'investiture de ce duché, après
l'acte de Richard et après la démarche qui avait
ajouté à la confiscation cette injure nouvelle? On ne
putenctTetdissinmler à Derby que l'obstacle au ma-
riage était venu d'Angleterre, et ce nouveau grief
232 LIVRE DIXIÈME. [1399]
accrut le ressentiment du iils de Lancastre_, comme
l'indignation du peuple anglaise
La disgrâce du fils de Lancastre l'avait désigné
comme chef à tous les mécontents; et d'abord il avait
paru se dérober à ce rôle au milieu des distractions
et des plaisirs de la cour de France. Mais ces plaisirs
étaient comme un voile qui dérobait ses desseins à
ses hôtes. Qui eût soupçonné un homme si bien
accueilli de Charles VI, de méditer une révolution qui
était le renversement de la fille de ce prince et la
rupture de tout lien entre la France et l'Angleterre ?
Après le coup qu'il avait reçu de l'Angleterre et le
refus qu'il avait essuyé de la France, il était tout à
la fois plus en butte aux sollicitations des siens et
plus porté à agir. Les circonstances étaient singuliè-
rement favorables. Le roi s'en allait en Irlande, au
moment où l'Angleterre se montrait plus que jamais
irritée. En dehors de son entourage le plus étroit,
Richard ne voyait plus personne qui s'intéressât à sa
cause. Les barons étaient en défiance : Texil aussi les
pouvait atteindre, au bon plaisir du prince, et en-
traîner la spoliation de leurs enfants. Le roi put
avoir un signe de ces dispositions de la noblesse
dans un tournoi qu'il donna devant la jeune reine,
à Windsor, peu de temps avant son départ : presque
personne n'y vint; et l'on ne s'en tenait point à cette
opposition muette. Quelques-uns des plus importants
1. Froissart, IV, 68 et 69.
[1399] LE DESPOTISME DE RICHARD. 233
personnages, le comte de Northumberland et son fils
Henri Percy ne se taisaient pas sur la conduite du
prince : « Notre roi, disaient-ils, se gouverne trop
follement et croit mauvais conseil. » On les dénonça;
et Ton suggéra au roi un moyen de mettre leur fidélité
à l'épreuve : c'était de les convoquer à l'expédition
d'Irlande. Les deux seigneurs, prévenus que Richard
était instruit de leurs discours, ne vinrent pas^ et
ils furent menacés de l'exil. Cette menace, que le roi
n'avait plus le temps d'exécuter par lui-même, ne
faisait que mettre en péril la frontière de l'Angleterre
du côté de l'Ecosse, et préparer dans le nord un
redoutable auxiliaire au nouveau duc de Lancastre.
Quant au peuple, il n'était pas moins irrité que les
grands, et ce mécontentement était plus difficile à
atteindre. Si l'on en croit les bruits du temps, re-
cueillis par Froissart, cette tyrannie d'un an à peine
avait déjà tourné en anarchie. On disait (disait-on
vrai? le despotisme, en voulant étouffer la vérité,
provoque au mensonge et le fait croire), on disait
que le cours de la justice était partout suspendu ; que
le pays était livré au brigandage ; que les marchands
n'osaient plus s'aventurer sur les routes; qu'on leur
prenait leur argent dans leurs ceintures; qu'on en-
trait même impunément chez les laboureurs pour
leur enlever blé, avoine, bœufs, vaches, porcs et
brebis. On se reportait au prédécesseur de Richard,
qui devenait le bon Edouard. Rien de semblable
n'avait jamais eu lieu sous son règne; nul n'eût été
234 LIVRE DIXIÈME. [1399)
si hardi que de prendre en Angleterre une poule ni
un mouton sans payer. De Richard tout était mal,
tout devenait suspect. Le roi, ne pouvant plus guère
se fier qu'en ses proches et ses amis les plus dévoués,
leur avait remis la garde des places les plus impor-
tantes. Nouveau grief : car c'était d'eux que le peuple
se défiait le plus. Il avait donné le commandement
du château de Calais à W. le Scrop : on disait qu'il
l'avait mis là pour livrer la place aux Français et leur
rendre ainsi les clefs de la France (a).
Tout marchait donc vers une révolution, et les
esprits, pour s'y enhardir, évoquaient les plus som-
bres souvenirs du passé. A Londres on rappelait
Edouard II et les Despenser, sans reculer devant le
dénoûment de cet horrible drame, a Nos pères , di-
saient-ils, ont jadis bien su remédier aux maux de
l'Angleterre, et jamais ils n'ont été plus grands
qu'aujourd'hui : car si on laisse ce méchant roi
Richard de Bordeaux faire ses volontés, il hunnira
tout. Il montre bien que le prince de Galles n'est pas
son père. Loin de suivre son exemple, il n'a cherché
que le repos, les plaisirs et la compagnie des dames,
amassant des trésors et ruinant l'Angleterre. Ce
vaillant homme, le duc de Glocester, qui y voyait
clair et disait que les affaires allaient mal, les traîtres
qui entourent le roi l'ont fait périr. Ils ont fait périr
Arundel, chassé du royaume Mgr Henri deLancastre,
comte Derby. On exile le père^, on déshérite les
enfants ; on bannit les chevaliers qui osent parler
[1399] LE DESPOTISME DE RICHARD. 235
raison, comme le comte de Northumberland et son
fils. Bientôt il n'y aura plus homme de vaillance en
Angleterre. 11 faut mander le comte Derby qui perd
son temps en France : Qu'on lui donne le gouverne-
ment de l'Angleterre, et qu'on mette Richard de
Bordeaux à la Tour. Quand on aura mis tous ses faits
par articles, et qu'on les aura examinés, on verra
qu'il n'est pas digne de porter la couronne : « car ses
w œuvres le condamneront, qui sont infâmes \ »
Tels étaient, au rapport de Froissart, les murmures
du peuple anglais; telle fut la résolution dans laquelle
ceux de Londres les traduisirent. On s'occupa, sans
plus tarder, de rappeler Henri de Lancastre, et l'an-
cien archevêque de Ganterbury, Thomas Arundel,
eut mission de l'aller chercher. Qu'il ait eu cette
mission ou qu'il n'ait pris conseil que de lui-même,
il vint de Flandre sous un habit de moine, et fut
reçu par le prince hors Paris, au château de Bicêtre.
Il ne pouvait point se cacher des Anglais : il dit qu'il
venait en pèlerinage, et, prenant Henri à part, il lui
exposa l'état des esprits en Angleterre, et le pressa de
répondre aux voix qui l'y rappelaient (a).
Henri savait dissimuler, même avec ses plus dé-
voués partisans. U écouta l'archevêque en silence, et
quand il eut lini de parler, il demeura quelque
temps encore sans lien dire, accoudé à la fenêtre et
comme plongé dans ses réilcxions. Enfin il lui dit :
1. Kroi.ssai
236 LIVRE DIXIÈME. [1399]
<( Sire, vos paroles me donnent bien à penser. J'ai
peine à les suivre et j'ai peine à m'en défendre; car
je sais que de longtemps je ne puis retourner en
Angleterre. Mais il m'en coûte de m'y rendre, car les
Français me font bon accueil, et si je pars sur les
promesses de ceux de Londres, il faudra que je me
conforme à leur volonté et que le roi Richard soit
pris et détruit : chose dont on m'accusera; et je ne
le ferais pas volontiers, s'il se pouvait faire autre-
ment.
— Sire, dit l'archevêque, assemblez votre conseil :
je m'expliquerai, et je crois qu'il ne vous donnera
point avis contraire \ «
L'archevêque ne se trompait pas, et Henri non
plus n'en doutait guère. On le pressa d'accepter; on
lui rappela ses droits, les torts de Richard; on s'en-
llammait, on s'indignait de ses hésitations. C'était
où il les voulait amener : « Je ferai donc ce que vous
me conseillez, leur dit-il; » et on ne songea plus
qu'à préparer le départ et à en dérober l'objet au
roi de France. Henri le vint trouver, lui dit qu'il '
voulait aller voir, soit sa sœur d'Espagne, soit son
oncle de Bretagne ; il distribua des présents aux
seigneurs qui lui avaient rendu le séjour de Paris si
agréable. Il avait^, sans lui rien révéler de ses des-
seins, fait une alliance secrète avec le duc d'Orléans,
Il prit congé de tous, et bientôt, changeant de route,
1. Froissart, IV, 71 ; Hall (p. 6) dit que l'entrevue eut lieu à l'hôtel
de Gluny.
[1399] LE DESPOTISME DE RICHARD. 237
il se dirigea vers Boulogne, où il s'embarqua pour
TAngleterre avec l'ancien archevêque de Canterbury,
Thomas Arundel, le comte d'Arundel, fils du comte
mis à mort, et tout au plus quinze lances (environ
100 personnes) (a).
Richard venait d'en partir (29 mai) emmenant avec
lui sa commission parlementaire, ou du moins ce qu'il
fallait de membres pour en valider les actes : entre
autres les ducs d'Aumarle (Rutland) et d'Exeter (J. de
HoUand), le comte deSalisbury, et avec eux plusieurs
évêques : ceux de Carlisle , de Saint-David et de
Lincoln (Henri de Beaufort, depuis cardinal et évêque
de Winchester), et plusieurs personnes de sa suite or-
dinaire, notamment ses deux chapelains, Maudelein
et Ferriby, qu'il avait plusieurs fois employés à des
missions de confiance. Il avait aussi avec lui les fils
de Glocester et de Henri de Lancastre, gages précieux
dont il ne voulait pas se dessaisir, et son trésor et les
joyaux de la couronne. Mais le royaume, il l'aban-
donnait au hasard; car il le confiait à la garde du duc
d'York, son oncle, prince incapable^ et d'un conseil
qui réunissait les hommes les plus compromis dans
sa cause, W. le Scrop, comte de Wiltshire, devenu
lord trésorier d'Angleterre, H. Green , J. Bagot,
J. Bussy, le speaker du dernier parlement, et John
Russell, chevalier. En partant, il pensait bien qu'il
pouvait mourir, comme il arrive quand on alïronle les
périls de la guern», et il avait fait un testament
(16 avril) où, tout en disposant d'une partie de ses
238 LIVRE DIXIÈME. [1399]
joyaux et de ses biens pour ses amis, pour son suc-
cesseur, il demandait qu'on le déposât auprès de la
reine Anne, à Westminster^ avec les insignes de sa
royauté, la robe de velours, l'anneau, le sceptre et la
couronne. Mais au fond il n'avait qu'une seule in-
quiétude; et si elle n'ôte rien de l'idée qu'on se peut
faire de son aveuglement, elle montre ce qu'il y avait
de tendresse et de pureté dans son âme : il s'inquié-
tait de la petite reine qu'il laissait derrière lui. Ses
adieux à la pauvre enfant destinée à être veuve avant
le temps d'être sa femme, font, dans le récit de ceux
qui furent les témoins de ces tragiques années, un
étrange contraste avec les scènes qui vont suivre.
Après l'avoir vivement recommandée au duc d'York;,
mis près d'elle un médecin habile, ordonné sa mai-
son, il la mena par la main à la chapelle de Saint-
Georges, oii il devait revêtir le manteau du saint patron
de l'Angleterre; et là, quand il eut reçu le manteau,
fait sa prière, et déposé ses offrandes selon l'usage,
« il prit la royne entre ses bras très-amoureusement
et la baisa plus de quarante fois, en disant piteuse-
ment : « Adieu ma damC;, jusques au revoir. Je me
« recommande à vous. » Et adonc commença la
royne à plourer, disant au roy : « Hélas! monseigneur,
« me laissez-vous donc icy? » Adonc le roy eust les
yeux chargés de larmes et estoit sur le point de
plourer, et dit : « Nennil, ma dame, mais j'iray
« devant et vous viendrez après. » Adonc le roy et
la royne prindrent vin et espèces (épices) ensemble
[t399] LE DESPOTISME DE RICHARD. 239
droit à l'uys (la porte) de l'église^ et chascun qui
en vouloit prendre. Et après, le roy se baissa et
print la royne, et la leva de terre et la tint bien lon-
guement entre ses bras et la baisa bien dix fois, disant
tous jours : « Adieu^ ma dame, jusques au revoir; »
et puis la mist à terre et la baisa encore trois fois. »
— « Et, par nostre Dame, continue le chroniqueur,
je ne vis oncques si grand seigneur faire si grant
feste, ne monstrer si grant amour à une dame, comme
fist le roy Richart à la royne, et estoit bien grant
pitié de leur départie : car oncques puis ne virent
l'ung l'autre (a). »
^
1
LIVRE ONZIÈME.
HENRI DE LANGASTRE.
RICHARD EN IRLANDE. HENRI EN ANGLETERRE.
L'expédition de Richard en Irlande et la révolution
qui la suivit ont eu pour historien un gentilhomme
français, nommé Creton, venu, avec la permission
du roi de France, en compagnie d'un chevalier de
même nation, à la cour d'Angleterre, et qui, témoin
de ces émouvantes vicissitudes, a voulu en transmet-
tre le souvenir. La fidélité au malheur est le propre
d'une âme élevée, et la foi en la bonté d'une cause
fait qu'on s'attache à la vérité comme à son plus ferme
appui. A tous ces titres, ce récit a une suprême au-
torité. On y trouve une droiture, une candeur, une
sincérité qui, sans étouffer la légitime indignation
d'un noble cœur pour la lâcheté et la perfidie, maî-
II — 16
242 LIVRE ONZIÈME. [1399J
trise sa passion et ne le laisse point aveugle sur les
torts de ceux dont il déplore l'infortune. L'auteur ra-
conte ce qu'il voit; pour le reste, ou il s'abstient, ou
personnellement il s'efface : et cette réserve donne
d'autant plus de valeur à ce qu'il dit comme l'ayant
vu lui-même. Son récit est en vers: forme plus pro-
pre à le répandre et à le faire retenir, mais qui laisse
parfois au chroniqueur plus de liberté que n'en com-
porte l'histoire, soit qu'il parle en son nom, soit qu'il
rapporte les paroles d'autrui. Il est donc permis de
ne pas prendre tout ce qu'il dit comme paroles de té-
moin, là où sa chronique est moins un récit des faits
qu'une traduction libre des sentiments inspirés par
les faits eux-mêmes aux personnages mis en scène :
et lui-même sent et avoue ce que la forme poétique
a d'imparfait à cet égard. Aussi, quand il arrive au
point de sa narration oii les paroles deviennent des
actes, il laisse le vers et reprend le langage que ré-
clame la rigueur de l'histoire. Il ne revient à l'autre
mode que pour achever sa chronique, en y joignant
les événements qu'il n'a appris que par ouï-dire, après
son retour (a).
Ce récit, mi-partie de prose et de vers, est, avec
Tautre chronique en prose dont nous avons repro-
duit tout à l'heure un tableau pris sur le vif, la plus
sûre l3ase d'une histoire qui a d'ailleurs, jusqu'à un
certain point, son contrôle comme elle a son dénoû-
ment, dans les actes publics. On a, du reste, pour
compléter le dire de nos deux témoins, la chronique
[1399] HENRI DE LAXGASTKE. 243
(Je Froissart, qui, n'ayant pas vu les choses, peut en
donner imparfaitement la suite, mais qui a conversé
avec plusieurs des personnages mêlés au drame , et
recueilli de leur bouche des renseignements précieux.
On a enfin les historiens anglais, dont les récits nous
offrent en traits beaucoup plus secs, une autre face
des événements : car ils écrivent sous la nouvelle
dynastie , et s'ils n'eussent pas servi ses intérêts,
leurs livres auraient eu le sort de ceux qui ont été si
rigoureusement recherchés et détruits par elle. Ils ne
laissent pas pourtant que de reproduire l'ensemble
des faits, et, quant à l'appréciation qu'ils en font,
leur jugement même les juge.
Nous avons dit la situation de l'Irlande, au moment
où Richard y aborda. La sauvage Irlande était en
armes; et le jeune duc de Surrey n'y pouvait faire
face avec des troupes qui, ne recevant presque rien
du roi, ne trouvaient guère plus à prendre à l'ennemi.
Son arrivée avait même été pour l'un des principaux
chefs irlandais un grief de plus. On lui avait donné
unebaronnie que Mac-Morogh , roi de Leinster, pré-
tendait être sienne. Mac-Morogh, refusant tout ar-
rangement, ravageait le Sud, tandis quO'Neil et
O'Brien pillaient, chacun pour sa part, les autres
possessions des colons anglais. Richard, débarqué
à Waterford (31 mai), se porta vers Kilkenny, où il
perdit deux semaines , attendant en vain le duc
d'Aumarle (Rutland) son connétable, qu'il avait
laissé derrière lui au départ. Mais la plus grande
244 LIVRE ONZIÈME. [1399]
difficulté n'était pas de rallier ses forces; c'était de
joindre l'ennemi. Lorsque le roi prit le parti d'entrer
en campagne (23 juin), il ne rencontra pas de résis-
tance. On s'avançait par des forêts qu'il fallait
éclaircir, et des plaines dont le sol se dérobait sous
les pas; quant à l'ennemi, il ne se montrait qu'à
l'avant-garde pour l'accabler de flèches, ou aux four-
rageurs pour les exterminer. Mac-Morogh se faisait
un jeu d'attirer ainsi Richard en avant, pour l'amener
à consommer ses provisions dans un pays où il
n'avait pas le moyen de les refaire. Il lui envoya son
oncle, qui se présenta la corde au cou, implora la
grâce du roi et laissa croire que Mac-Morogh traiterait
volontiers lui-même: déclaration que ce dernier con-
firma par un message. On convint d'une entrevue où
le comte de Glocester (Despenser) devait représenter
le roi. Mais l'Irlandais n'accepta point les conditions;
et Richard , à qui Rutland venait enfin d'amener des
renforts, jurait (Je ne point quitter l'Irlande, qu'il ne
l'eût, mort ou vif, quand de bien autres nouvelles
vinrent rompre ce serment (a).
11 y avait déjà plusieurs semaines que Henri de
Lancastre était débarqué en Angleterre.
Bien qu'il fût appelé dans le pays, le prétendant
n'avait rien voulu mettre à l'aventure. Il se dirigea
d'abord vers le Nord, où étaient les principaux do-
maines de sa maison, et où il avait dans les deux
Percy, le comte de Northumberland et Henri Hotspur^
son fils, deux alliés assurés. L'exil dont on les avait
[1399| HENRI DE LANCASTRE. 245
naguère menacés, les rangeait nécessairement du
parti de celui qui venait lui-même rompre son ban.
Tout en côtoyant le rivage, il s'en rapprocha sur
plusieurs points, afin de s'assurer qu'il n'était pas
gardé, et choisit pour prendre terre un lieu où nul
n'avait débarqué avant lui^ Ravenspur, entre Hull
et Brindlington, dans le comté d'York (vers la Saint-
Martin d'été, 4 juillet 1399). Si l'on en croit la
chronique française anonyme (ms. 3884), avant de
descendre lui-même sur cette plage, il y envoya
quelques hommes en bateau pour y planter sa ban-
nière. Un pêcheur accourut, ne sachant ce que
voulait dire ce signal, et le duc lui ordonna d'al-
ler annoncer à la ville voisine qu'il venait réclamer
l'héritage de son père. Les gens des environs accou-
rurent aussitôt, au nombre de huit mille, et^ tout
d'une voix, ils le pressèrent de venir à terre hardiment,
promettant de le recevoir comme leur seigneur.
Qu'il réclamât son héritage, c'était son droit; mais
ce n'était point assez pour soulever tout le pays.
Il fallait, pour réussir, en remuer les passions, les
préjugés, se montrer non pas seulement comme un
proscrit qui invite les peuples à venger sa cause,
mais comme un chef que la cause populaire trouve à
point nommé pour la mener à la victoire. C'est bien
à ce titre aussi qu'il voulut se faire accueillir. Ce-
pendant un exilé si bien fêté en France aurait pu
perdre vis-à-vis des Anglais tout le prestige de son
exil. Henri avdit trouvé moyen d'écarter de lui tout
246 LIVRE ONZIÈME. [1399]
soupçon : c'était de faire appel^ lui, l'hôte des Fran-
çais, à toute la haine de TAngleterre pour la France.
De son château de Pomfret, où il se rendit tout
d'abord^ il envoya des lettres aux principales com-
munes et aux lords d'Angleterre. Il y évoquait tout à
la fois et les terreurs inspirées par le despotisme de
Richard, et les défiances qu'avaient répandues les
bons rapports du roi avec son beau-père, Charles VI.
Le bon accueil qu'il en avait lui-même reçu, loin de
lui nuire, servait à ses desseins. II en prenait occasion
de dénoncer plus hautement ces prétendus complots,
comme si l'intimité où il avait vécu à la cour de
France donnait à sa parole plus d'autorité. Il disait
donc aux communes que Richard allait faire venir
des seigneurs de France, de Bretagne et d'Allemagne,
pour se rendre plus maître et tenir les vilains en plus
grande sujétion; que tous les shériffs qui, depuis
son avènement, lui avaient été contraires, seraient
arrêtés et mis à mort; qu'à son retour d'Irlande, il
se proposait de donner une grande fête où il invite-
rait les principaux habitants et magistrats des villes,
pour les saisir et leur faire voter autant de subsides
qu'il voudrait : à cette nouvelle, lui-même était re-
venu de France, bravant tout pour leur offrir ses
services. Aux seigneurs, il disait que Richard avait
traité avec la France; qu'il lui devait rendre toutes
les villes appartenant encore à l'Angleterre soit en
Picardie, soit en Guyenne, moyennant une somme
payable par année en dix ans. Et les seigneurs, dit
[1399] HENRI DE LANGASTRE. 247
la clironique, se rappelant la restitution de Brest et
de Cherbourg, donnèrent toute foi à ces paroles'.
Brest et Cherbourg avaient été jadis reçus en gage,
et il était de toute justice qu'on les rendît contre l'ar-
gent prêté. Mais on ne s'arrêtait pas à ces considéra-
tions. Brest et Cherbourg convenaient à l'Angleterre :
qui les avait rendus paraissait capable de livrer tout
le royaume.
Ces lettres produisirent partout la plus vive émo-
tion. Les seigneurs accouraient vers Henri; le peuple
se soulevait; les shériffs, convoquant les bourgeois,
leur avaient lu le message de Lancastre; et la foule,
devançant les prétentions secrètes de Henri, ou sui-
vant le mot d'ordre, criait : « Vive Henri! à bas
Richard! » Les gens et les officiers de Richard étaient
tués partout où on les pouvait rencontrer. L'ancien
archevêque de Canterbury (Thomas Arundelj tirant
de son propre arsenal les armes dont il pouvait user,
et s'en forgeant au besoin, faisait prêcher dans les
églises que le pape avait reconnu le bon droit de
Henri, et promis des indulgences à ceux qui se ras-
sembleraient pour sa cause \
Henri, du reste, en liant sa cause à celle de la na-
tion et provoquant un mouvement populaire, n'avait
1. Mss 388^, l'ol. 126-U8.
2. Lettres lues aux bourgeois^ ibid.^ fol. 127. Le manuscrit publié
par Biichon ne reproduit ni les lettres ni rien de cette scène, mais
l'éditeur les a données en variantes, t. XV, p. 66. — Uarchevéqae
de Canttrbury Creton, ap. Huchoii, t. XIV, p. 3^*0.
248 LIVRE ONZIÈME. [1399]
eu i];ar(lo de dire tout haut jusqu'où il le voulait
pousser. Autant les seigneurs et le peuple en général
étaient hostiles au gouvernement de Richard, autant
la personne du roi leur était sacrée. S'attaquer de
prime-abord à la couronne, c'était risquer de mettre
contre soi le sentiment traditionnel de loyauté dont
le peuple anglais était fier. Henri déclara bien haut
qu'il n'en voulait qu'aux ministres de Richard. 11
s'agissait, non de déposséder le roi, mais de lui don-
ner d'autres conseillers; de faire une de ces révolu-
tions que le règne de Richard avait déjà vues, de
renouveler les actes de sa dixième et de sa onzième
année, par exemple. Henri le jura sur PÉvangile,
devant les seigneurs réunis autour de lui à Don-
castre, devant le comte de Northumberland et son
fils Henri Hotspur, venus à lui parmi les premiers,
et qui plus tard lui rappelèrent sa foi jurée et par-
jurée. Dans ces termes^ le soulèvement demeurait
populaire et ne provoquait aucun scrupule. Aussi,
en peu de jours^ Henri eut-il une armée de soixante
mille hommes, avec laquelle il put s'avancer vers les
comtés du sud. Tous les châteaux du roi se rendaient
à lui (a).
Le duc d'York était loin de se douter de l'entre-
prise. Il venait de charger William le Scrop, comte
deWiltshire, trésorier, d'une missionpour la France.
Le comte, en arrivant à Douvres, trouva, dit-on, tous
les vaisseaux partis pour se joindre à Lancastre, et il
vint en apporter la nouvelle au malencontreux lieu-
[1399] HENRI DE LANGASTRE. 249
tenant du roi. Le prince convoqua aussitôt les grands
officiers et les membres de son conseil. Il fit publier
dans Londres qu'on s'armât le lendemain pour le
suivre, réunit trois mille chevaux et sortit comme
pour combattre Lancastre. Henri était au nord; le
duc d'York s'en alla vers l'ouest et rentra dans Lon-
dres au bout de trois jours. Ce n'était point avec
trois mille hommes, après tout, qu'il pouvait rien
tenter de sérieux. On fit un nouvel appel : on pro-
mettait vingt-quatre deniers par jour à ceux qui
viendraient se mettre aux ordres du lieutenant du
roi à Saint-Alban. On réunit ainsi mille lances et
soixante mille archers ; mais ces hommes déclarèrent
qu'ils ne voulaient faire aucun mal au duc de Lan-
castre, un si bon duc, si injustement traité par le
roi. Marcher avec de telles troupes contre lui, c'était
les lui conduire. York se dirigea vers le pays de
Galles, pays plus sûr et oii l'on était plus à portée de
rejoindre Richard. Il s'arrêta à Berkley, tandis que le
trésorier et les chevaliers du conseil, W. le Scrop,
Green, Bussy, J. Russel^ se rendaient à Bristol. Y al-
laient-ils d'eux-mêmes ou envoyés par lui? et, s'il
les y envoyait, voulait-il s'assurer de ce port, ou se
débarrasser d'hommes trop compromis pour n'être
pas déterminés à risquer plus qu'il ne convenait à sa
politique? Il est difficile de le dire. Il est des cas oii
la faiblesse est une trahison et peut bien passer pour
(elle. Il resta donc à la tête de l'armée, tandis que
ses conseillers allaient mettre Bristol en défense et
250 LIVRE ONZIÈME. [1399]
qu'on les accusait d'y fuir : il resta, mais pour jouer
ce personnage que Shakespeare a immortalisé comme
un type dont les exemplaires n'ont jamais fait défaut
aux révolutions politiques. A peine ses conseillers
partis, moins rassuré, ou plus libre d'agir dans le
sens de la peur, il envoya un message à Henri pour
lui demander s'il était venu avec des sentiments hos-
tiles au roi et au royaume. Henri protesta de son dé-
vouement au roi : « Je ne veux, disait-il, que le dé-
barrasser des ministres qui l'égarent; » et il vint à la
tête de ses soixante mille hommes pour donner à son
oncle d'autres explications, s'il le voulait. Une décla-
ration si nette, et si bien appuyée, ne pouvait man-
quer d'être agréée du duc d'York. 11 eut avec son
neveu une entrevue dans une église aux portes de
la ville. Lancastre lui renouvela des assurances qu'on
ne lui demandait sans doute plus; et York se rangea
de son parti (a).
Le duc d'York était sans nulle valeur, de sa per-
sonne; mais il était l'oncle et le lieutenant du roi.
Ceux qui ne voulaient qu'un prétexte pour passer à
Henri, purent se dire qu'il avait avec lui le pouvoir
institué par le roi lui-même pour gouverner le pays
en son absence. Henri en usa comme si dès lors
c'était à lui qu'il fallût obéir. Chaque jour avait vu
de nouveaux adhérents lui arriver. Ceux qui ne ve-
naient pas furent, sans plus attendre, traités de re-
belles et punis par la confiscation de leurs biens.
Quoi qu'on pût dire du droit, il avait la force, et,
[1399] HENRI DE LANGASTRE. 251
SOUS l'empire de cette menace, un plus grand nombre
accouraient auprès de lui (a).
Dès le lendemain de son accord avec York, il se
porta vers Bristol : il avait déjà cent mille hommes
sous la main. Que pouvaient faire contre une pareille
force les conseillers retranchés dans ce château? Le
capitaine cependant refusait de se rendre aux som-
mations de Henri ; mais il ouvrit ses portes sur Tordre
du régent. Les conseillers de Richard furent donc li-
vrés à Lancastre. On leur fit sommairement leur pro-
cès. William le Scrop fut déclaré coupable d'avoir
vendu Calais au roi de France; Green etBussy, d'avoir
conseillé au roi des taxes trop lourdes et prêté leur
concours à ses exactions. On les décapita; et Henri
envoya leurs têtes aux habitants de Londres avec ses
plus humbles compliments (se eis humiHter commen-
dans), J. Russel échappa pour un temps en con-
trefaisant le fou furieux. Bagot, qui était allé non
à Bristol mais dans le comté de Ghester, passa en
Irlande. Ge fut lui, dit-on, qui vint y porter la nou-
velle que l'Angleterre était aux mains du préten-
dant (a).
L'entreprise de Lancastre était connue de l'armée,
(jue Richard n'en savait rien encore : triste condition
d'un roi entouré de flatteurs; nul n'osait le lui dire.
On vit que la fortune l'abandonnait, t't plusieurs
firent comme elle. « Ils s'en allaient, dit l'roissart,
sans prendre congé ni dire: « Je m'en vais; » les
uns regagnant leur logis, les autres au [)liis droil
252 LIVRE ONZIÈME. [1399]
qu'ils pouvaient, venant auprès du comte Derby et se
mettant en sa compagnie \ »
Le roi apprit enfin le retour menaçant de l'exilé :
« Ah ! s'écria-t-il, bel oncle de Lancastre, Dieu vous
fasse merci à l'âme ; car, si je vous eusse cru^ cet
homme-ci ne me courroucerait pas maintenant. Vous
me disiez bien que je faisais mal de lui tant pardon-
ner. Je lui ai pardonné trois fois, et le voilà qui re-
commence! M II avait emmené avec lui en Irlande les
fils de Henri et de Glocester, et il avait tout récemment
armé lui-même chevalier le fils de Henri, qui était
son filleul. « Mon fils Henri, dit-il au jeune prince
qui sera le vainqueur d'Azincourt, vois ce que fait
ton père! Il a envahi mon royaume en ennemi et y
porte la captivité et la mort, sans pitié et sans misé-
ricorde. J'en gémis pour toi, car cette malheureuse
entreprise te fera peut-être perdre ton patrimoine.
— Mon gracieux seigneur, dit le jeune prince, ces
nouvelles m'affligent, mais vous voyez bien que je
suis innocent du fait de mon père.
— Je le sais, ditRichard, et je t'en tiens pour excusé.»
Tout en écartant la pensée d'user de représailles sur
des innocents, le roi trouvait dans les deux princes
des gages qui lui pouvaient servir par la suite. Il
ordonna qu'on les gardât soigneusement au château
de Trym, et, de l'aveu de son conseil, il résolut de
partir le surlendemain, sans plus de retard (a).
1. Froissart, IV, 73.
[1399] HENRI DE LANXASTRE. 253
Mais il n'y avait pas à Dublin assez de vaisseaux
pour transporter toute l'armée. Le roi devait-il partir
avec les premiers ou attendre? Le conseil voulait
qu'il partît; Rutland fut d'avis qu'il restât. Il con-
seillait d'envoyer Salisbury, avec tous ceux qu'on
pourrait transporter, dans le pays de Galles, pour y
rallier les Gallois et tenir la campagne ; le roi l'y de-
vait rejoindre après être allé avec le reste de l'armée
prendre la flotte à Waterford. Ce fut le plan qu'on
adopta. Résolution fatale ! Pour Tavoir fait prévaloir,
Rutland est accusé par notre chroniqueur d'avoir dès
ce moment travaillé au succès de la cause embrassée
déjà par son père, et bientôt par lui-même*.
Salisbury partit, emmenant le chroniqueur-poëte
et son compagnon
Avecques lui, pour rire et pour chanter.
Il devait avoir bien autre chose à faire ! Il aborda
à Conway, où il apprit les effrayants progrès de Lan-
castre. On disait qu'il avait conquis presque toute
l'Angleterre, pris ou plutôt reçu en obéissance les
villes et les châteaux, destitué les officiers du roi,
établi d'autres juges, et qu'il faisait mourir sans pitié,
comme seigneur, tous ceux qui avaient encouru son
indignation. Henri, en effet, avait mis le temps à
profit. Dès le lendemain de la prise de Bristol, il
1. Grêlon (Buchon, t. XV, p. 342).
±'^k LIVRE ONZIÈME. [139yJ
avait confié la place au duc d'York, et regagnant
Berkley^ il s'était dirigé par Glocester et Shrewsbury
vers les pays où il savait que Richard avait mis ses
dernières espérances. Maître des bouches de la Sa-
verne et des passages du South-Wales, il voulait aussi
prendre position au nord de la principauté et préve-
nir les mouvements du Cheshire. On sait l'appui que
Richard, dans les derniers temps, avait trouvé dans
ce pays. Il en avait tiré sa garde; il avait chargé les
ducs d'York et de Lancastre et le comte de Derby lui-
même (son rival actuel), d'y lever des troupes à cette
fin. Il traitait ces hommes familièrement, souffrant
qu'ils lui parlassent en leur propre langue, dit la
chronique de Kenilsvs^orth; et au parlement de 1397,
pour reconnaître l'attachement de ce comté et se
l'assurer encore davantage, il en avait accru les pri-
vilèges et l'avait érigé en principauté, voulant qu'il
fût l'apanage de son fils aîné, s'il avait des enfants.
Mais Henri y devançait Richard, grâce aux délais que
Rutland, de connivence avec lui, on le peut croire,
avait fait mettre au retour du roi ; et les forces qu'il
amenait ne laissaient aux gens les mieux disposés
aucun espoir d'arrêter une marche jusque-là triom-
phale. Dès son arrivée à Shrewsbury, il avait donc
reçu les députations de Chester qui venaient faire
acte de soumission. Il s'était porté bientôt lui-même
devant la ville avec toute son armée, et il avait vu
tout le clergé venir en procession dans son camp :
Chester était à lui comme tout le reste.
[1399] HENRI DE LANCASTRE. 255
V^oilà un en étaient les choses quand arriva Salis-
bury. Le noble comte ne se découragea point. Il fit
appel à tous les hommes du pays de Galles et même
de Ghester ; et ils accoururent, croyant trouver Ri-
chard à Conway. En moins de quatre jours il s'y
rassembla quarante mille hommes prêts à tout ris-
quer pour le roi. Mais leur étonnement fut extrême,
quand ils surent que Richard n'était pas là ; et l'éton-
nement fit bientôt place à la crainte. Le bruit se
répandait dans l'armée que le roi était mort : on se
trouvait dès lors comme en état de révolte contre
Lancastre, dont on avait appris les succès et qu'on
savait au voisinage. Salisbury en pleurait de dou-
leur. Il se multipliait parmi les troupes, les conjurant
de rester, de combattre avec lui; il affirmait que
Richard allait venir, qu'il lui avait promis de le
suivre avant qu'il fût une semaine. Il réussit à les
retenir quatorze jours ainsi, toujours confiant en
public, et se désolant, à l'intérieur, de ces inexplica-
bles retards. Mais il ne put les garder davantage :
ils se dispersèrent; ce fut à peine s'il en retint une
centaine avec lui à Conway, où il se renferma
Plain de douleur, de tristesse et d'esmay (d'émoi) (a).
Richard ne se mit en mer que dix-huit jours après
Salisbury. En deux jours il abordait ù Milford (du
25 juillet au 13 août), car le temps était favorable.
Mais les circonstances ne l'étaient plus, et ces retards,
256 LIVRE ONZIEME. [1399]
qui avaient perdu l'armée de Salisbury, n'avaient
guère produit moins de ravage parmi ses troupes.
Ce qu'on avait oui dire en Irlande, ce que Ton sup-
posait par conjectures, était déjà singulièrement dé-
passé par les nouvelles que l'on trouvait au retour.
La plupart, une fois débarqués, n'en usèrent que
pour s'en aller au plus vite^, quittant le roi et même
courant au duc. Un matin Richard s'étant levé et
s'approchant de la fenêtre, fut étonné de ne voir
presque plus personne dans le camp : sur trente-deux
mille hommes qu'il avait ramenés, six mille à peine
lui étaient restés, et c'étaient, pour la plupart, de ces
étrangers qui n'avaient de refuge qu'auprès de sa
personne. Alors les yeux lui furent ouverts, et il put
mesurer dans toute sa profondeur l'abîme creusé
sous ses pas. Ce n'était plus comme au temps où la
plus formidable insurrection ayant éclaté par toute
l'Angleterre et envahi la capitale, il avait, lui, enfant
de quatorze ans, abordé la masse des révoltés, mis la
main sur leur chef, contenu par l'ascendant de son
courage ceux qui le voulaient venger, et sauvé par là,
au péril de sa vie même, sa couronne et son pays.
Il sentait tout son peuple derrière lui, quand alors il
affrontait seul les menaces de l'émeute; et maintenant
il était seul devant une révolution.
Il en fut atterré : et, si l'on en croit les chroni-
queurs anglais, pour se déclarer vaincu, il n'attendit
point que la lutte s'engageât. Selon leur version, il
aurait pu encore combattre : car il avait avec lui
[1399] HENRI DE LANCASTRE. 257
non-seulement les seigneurs qu'il avait associés à
son pouvoir et compromis par ses faveurs mêmes,
mais une troupe que le moine d'Evesham porte
encore à vingt mille hommes : vingt mille hommes
liés à sa cause, par les sympathies qui s'attachent
aux grands malheurs jusqu'à couvrir même les
grandes fautes, surtout quand ces fautes ont pour
excuse la jeunesse, et qu'elles ont trouvé dans ces
premiers coups de la fortune un commencement
d'expiation. Mais Richard, dit le chroniqueur, ne
voulut point tenter ces chances qui lui restaient.
Vainement l'armée insista^ jurant de le suivre jusqu'à
la mort pour repousser l'invasion de Lancastre. Il
refusa de se jeter sous de pareilles auspices dans la
guerre civile. Il pria les soldats, par son sénéchal
Thomas Percy, de se réserver pour des temps meil-
leurs; et, afin de se dérober à de nouvelles instances,
il partit pendant la nuit avec une suite peu nom-
breuse (a).
Selon les chroniqueurs français , les choses se
passèrent autrement. Au rapport de Froissart, quand
les seigneurs vinrent apprendre à Richard les pro-
grès de Henri, il en fut d'abord stupéfait, et tous ses
esprits en frémirent; mais aussitôt il se remit de ce
trouble, et s'écria : « Or tôt! faites appareiller nos
gens, archers et gens d'armes, car je ne veux pas
fuir devant mes sujets. — Par Dieu ! dirent les che-
valiers, sire, la besogne va mal, car vos gens vous
laissent et fuient, et vous en avez déjà bien perdu la
11 — 17
258 LIVRE ONZIÈME. [1899]
moitié; et encore voyons -nous le demeurant tout
ébahi et perdre contenance. — Que voulez-vous donc
que je fasse? « dit le roi. Et ils lui conseillèrent de
se renfermer dans quelque château, en attendant que
de nouvelles forces fussent rassemblées. La chronique
anonyme présente la délibération sous une forme
différente. Richard, devant cet abandon d'un si
grand nombre de ses troupes, tint conseil, et l'un
des seigneurs (elle dit que c'était Salisbury) proposa
de se retirer à Bordeaux. Jean de Holland , duc
d'Kxeter, frère de Richard, fut d'avis contraire, et
opina pour que le roi s'en allât à Conway. « Il y sera
sûrement, dit-il; il y sera en son royaume et en son
droit héritage. — Mais Bordeaux aussi est de mon
royaume, dit le roi. — Oui, reprit le duc, mais si
vous allez à Bordeaux, tout le monde dira que vous
avez fui sans y être forcé, et que par là vous vous
avouez coupable ; si vous êtes au château de Conway,
vous y serez soutenu contre tout le monde; et, à la
face de Henri de Lancastre et de tous ses amis, vous
pourrez, quand il vous plaira, reprendre la mer et
aller en quelque part que vous voudrez, et, par
aventure, pendant que vous serez là vous pourrez
faire quelque bon accord avec votre ennemi*. »
Mais l'auteur n'était point à cette conférence, ni
probablement sur les lieux. Il y donne à Salisbury^
un rôle que tout repousse : Salisbury était à Conway.
1. Froissart, IV, 74; •— Ms. 3884, fol. 131.
[1399] HENRI DE LANCASTRE. 259
Et c'était là que tout appelait Richard ; car c'était là
qu'il comptait trouver l'armée ralliée par ce seigneur.
Or, il n'est pas probable qu'il ait été question de
Bordeaux, avant qu'on sût ce qu'il en était de cette
armée.
Quoi qu'il en soit de ce conseil, dont le chroni-
queur le mieux instruit des faits^ n'y étant pas,
s'abstient de parler^, il fallait que le roi rejoignît au
plus vite l'armée de Salisbury : on ne pressentait que
trop combien sa présence y était nécessaire. Se
mettre en marche avec le reste des troupes, c'était
s'exposer à de nouveaux retards ; c'était de plus
donner l'éveil à Henri, avant qu'on fût en nombre
pour le combattre. Le roi résolut donc de partir
secrètement pendant la nuit, emmenant avec lui ses
principaux compagnons : les ducs d'Exeter et de
Surrey, le comte de Glocester (Despenser), les évê-
ques de Carlisie, de Saint -David et de Lincoln,
Etienne le Scrop, ses chapelains Maudelein etFerriby,
un écuyer gascon nommé Jénico, en tout quatorze
personnes. Il n'entendait pas abandonner son armée; "
_et loin de la vouloir licencier, comme le disent les
chroniques anglaises, il comptait sur Rutland, son
connétable, et sur Thomas Percy, son sénéchal, pour
la retenir sous les armes, en attendant qu'elle pût se
joindre à celle qu'il allait chercher. Mais Rutland
trouvait là une trop bonne occasion de partir pour
n'en point user au plus vite. Le matin , le bruit
s'étant répandu que le roi avait quitté l'armée, il
260 LIVRE ONZIÈME. [1399]
donna lui-même le signal du départ; et les soldats
se dispersèrent, pillant le trésor et les objets précieux
que le roi leur avait laissés en garde : ce qui ne leur
servit guère, car les Gallois, témoins de cette défec-
tion, se mirent à la poursuite des fuyards et leur
prirent, avec ce qu'ils avaient volé, tout ce qu'ils
possédaient par eux-mêmes. Rutland et Thomas Percy
vinrent^ sans plus attendre, rejoindre Henri de Lan-
castre qui parut les vouloir punir d'avoir tant différé ;
mais on crut généralement qu'il ne voulait que voiler
leur défection par cette apparence de disgrâce : il ne
tarda point à leur rendre toute sa faveur, et dès ce
moment les retint auprès de sa personne (a).
II
CONWAY, FLINT ET CHESTER.
Ce fut en arrivant à Gonway que Richard connut
enfin toute l'étendue de son malheur. Salisbury l'ac-
cueillit avec larmes; il lui dit ses premiers succès,
l'empressement des gens du pays à prendre les armes
pour le défendre^ et ses inutiles efforts pour les re-
tenir. Le roi éclata en plaintes. Il s'adressait au ciel,
il invoquait son droit, oubliant trop de quelle ma-
nière il en avait usé : comme si la bonne intention
lui tenait lieu de tout le reste, et qu'on puisse se
;i399] HENRI DE LANCASTRE. 261
rendre témoignage d'avoir fait justice à chacun, quand
on a violé le droit de tout un peuple (a) !
Jl fallait prendre un parti : attaquer était impos-
sible; résister, difficile. Henri, d'ailleurs, avait bien
réclamé son droit et celui de la nation; mais, au
milieu même de ce soulèvement populaire et des cla-
meurs qui insultaient à Richard ou Texaltaient lui-
même, il n'avait rien dit qui fût comme une déclara-
tion de guerre à son souverain. Jean de HoUand
(Exeter) fut d'avis de députer vers lui pour savoir ce
qu'il voulait. On lui devait remontrer que son père
avait consenti à son exil; et de quelle honte ne serait-il
point couvert si l'on pouvait dire qu'il avait voulu
renverser son roi! L'avis fut goûté, et lui-même,
-«vec Surrey, son neveu, fut chargé du message \
Chaque jour qui s'écoulait frappait le roi d'un
nouveau coup. En quittant les débris de son armée à
Milford, il avait cru en trouver une autre à Gonway ;
et l'on vient de voir quelle fut sa déception. Aban-
donné presque seul à Conway, il se proposait d'y
appeler ses troupes de Milford, lorsqu'il apprit qu'à
leur tour elles s'étaient dispersées. « Hélas! s'écria-
t-il, ils n'ont pas bien fait leur devoir envers nous,
qui leur avons toujours fait du bien : Dieu sera leur
juge! » Parole qui, rapportée par un témoin, met
hors de doute la vraie conduite de Richard à Milford,
et détruit les allégations des chroniques anglaises
1. Cieton, p. 361-36^.
262 LIVRE ONZIÈME. [1399]
sur le prétendu licenciement de l'armée par lui-
même. A si peu de monde, il était difficile de garder
Conway. En attendant le retour d'Excter, le roi alla
visiter, sur la côte de l'île d'Anglesey, Beaumaris,
fort château qui, bien pourvu de vivres, aurait pu
soutenir un long siège. 11 alla voir ensuite Caer-
narvon, excellente place, baignée aussi par la mer
et touchant à de vastes bois; mais le lieu ne lui
convint pas davantage. Nulle part il ne se pouvait
trouver bien, dans l'angoisse où était son âme; il
revint à Conway, maudissant l'heure où il était parti
pour l'Irlande, implorant le ciel, et comptant aussi
sur les rois de la terre pour venger la dignité royale
outragée dans sa personne. Ses plaintes étaient si
vives, sa douleur si amère, qu'il arrachait des larmes
à ceux qui l'entouraient (a).
Cependant les ducs d'Exeter et de Surrey étaient
arrivés à Chester, où était Henri de Lancastre. Ce
fut grande joie autour de Henri : on croyait qu'ils
venaient faire leur soumission, comme tant d'autres;
et qui aurait tenu encore pour Richard, quand son
frère et son neveu l'auraient abandonné? Henri aussi
leur fit grand accueil, particulièrement au duc
d Exeter, dont il était beau -frère, et il les pria de lui
exposer leur message Us le firent avec fermeté, et
pressèrent Henri d'y répondre, afin qu'ils pussent
Rejoindre Richard au plus vite. Mais Henri leur dit
qu'ils ne partiraient point de sitôt, déclarant que si
Richard aventurait de tels messagers, il ne voulait
[1399] HENRI DE LANGASTRE. 263
pas, quant à lui^ se priver de tels gages. Vainement
Exeter insista, disant que ce séjour, dont on ne saurait
^es motifs, serait pris pour trahison. Cette raison
n'était pas de nature à toucher Lancastre, ni ceux qui
étaient là. Henri, qui souhaitait fort que le mari de
sa sœur fût de son côté, ou du moins parût Têtre, lit
ôter à Exeter les insignes de Richard et lui donna les
_siens : ce que le duc n'osa refuser, de peur d'enve-
nimer les choses. Et comme il pleurait et gardait le
silence : « Beau cousin, lui dit Rutland, dont la paix,
comme on sait, était faite, ne vous courroucez pas;
car, s'il plaît à Dieu, les choses iront bien. » Surrey
avait échappé à ces honneurs et à ces ignominies :
JHenri» l'avait envoyé prisonnier dans le château de
Chester (a).
C'était peu que de tenir les deux plus chers parents
du roi : on voulait le roi lui-même; et, pour l'avoir,
on le devine aux procédés naguère mis en usage, tout
moyen devait être bon. Henri avait cent mille hommes
sous ses ordres, et Richard était presque seul; mais
il n'était pas si facile de le prendre de vive force :
car le château de Conway touchait à la mer, *et la mer
était ouverte à sa fuite. C'est ce que représenta dans
-4e conseil l'ancien archevêque de Canterbury. Il opi-
nait donc que l'on promît au prince une bonne paix,
qu'on lui offrît une entrevue, et qu'on en profilât
-pour s'emparer de sa personne. Cet avis plut à tout
le monde, et, pour le mener à bonne fin, on fit choix
d'un seigneur qui, par son âge et sa gravité, inspirât
264 LIVRE ONZIÈME. [1399]
au jeune roi toute confiance : le vieux comte deNor-
thumberland. On lui donna ses instructions, et il
partit avec quatre cents lances et mille archers, pro-
mettant de ramener celui à qui on l'envoyait. Sur la
route, il se fit remettre, au nom de Henri, le château de
Flint; il reçut aussi, par capitulation, celui de llliud-
dlan : c'étaient autant de stations qui lui semblaient
nécessaires à l'accomplissement de son dessein \
Il ne pouvait prendre le château de Gonway de la
même sorte; ceux qui s'y tenaient renfermés avec
Richard lui étaient trop fidèles, et toute tentative
pour l'y forcer n'eût abouti qu'à l'en faire évader.
Northumberland le savait bien : on le lui avait assez
dit au départ. Il recourut donc à la ruse; iliaissa
tout son monde caché derrière les roches d'un défilé,
et s*en alla, suivi de cinq compagnons, vers le roi.
Avant de passer la rivière qui baignait le château, il
fit demander à Richard un sauf-conduit, et, l'ayant
obtenu, il entra dans la place. Il avait, dit la chro-
nique en prose, des lettres (vraies ou fausses) de-
Jean de Holland, qui l'accréditaient auprès du roi.
Il trouva Richard ayant à ses côtés le comte de Salis-
bury et l'évêque de Carlisle. « Sire, lui dit-il, le
duc Henri m'a envoyé vers vous, afin qu'il y ait
accord entre vous deux et que vous soyez désormais
bons amis. Il demande que vous lui rendiez le titre
de grand juge (sénéchal), comme l'avait son père et
1. Greton, p. 381-386.
[1399] HENRI DE LANGASTRE. 265
—toute sa parenté depuis cent ans, et que vous convo-
quiez le parlement, pour y faire comparaître plusieurs
de votre conseil. » Et il nomma le frère et le neveu
du roi (Exeter et Surrey), Salisbury, Tévêque de Gar-
lisle et le chapelain Maudelein, signalés comme cou-
pables d'avoir conseillé le meurtre de Glocester. Il
disait que, dans ce parlement réuni pour les juger,
) le roi serait couronné de nouveau, et que Henri sié-
gerait comme grand juge. De plus, il priait Richard
de prendre jour pour se rencontrer avec Henri.
« C'était la chose que le duc Henri désirait le plus au
monde. ^) Le duc venait réclamer sa terre, sans rien
vouloir de ce qui était au roi; car il le reconnaissait
pour son souverain seigneur, et avait une peine ex-
trême de tous les maux qui étaient arrivés sous son
règne par la funeste inspiration de Tennemi du
genre humain. « Je vous prie donc, ajoutait-il, par
celui qui est mort pour nous sur la croix, soyez bon
pour mon seigneur, qui est si affligé, et lui remettez
encore tout votre courroux; et il viendra humblement
se mettre à genoux à vos pieds et vous demander
merci. Vous irez ensuite à Londres, soit ensemble^
soit par des chemins divers, et vous y convoquerez
le parlement. Je jurerai sur le corps de Jésus-Christ,
sacré de main de prêtre, que le duc Henri tiendra
_tout ce que j'ai dit : car il me Ta juré, à mon départ,
sur le corps de mon Dieu (a). »
C'était un piège, et d'autant plus habile que, sous
les dehors du respect et de la déférence, le duc faisait
266 LIVRE ONZIÈME. [1399]
au roi d'assez dures conditions pour qu'on pût, sans
défiance, les croire sincères. Northumberlaud ayant
fini^ Richard l'invita à se retirer, pour être libre
d'en délibérer en conseil; et, quand il fut seul avec
ses conseillers, il ne put maîtriser son emportement.
Ce que Henri lui offrait en ces termes humblement
impérieux, c'était le rétablissement de l'ancien gou-
vernement de Glocester, sans même lui faire grâce
du procès et de la mort de ses derniers amis. Y con-
sentir, il ne le voulait pas. Mais que faire? Résister
n'était plus possible; fuir à Bordeaux, c'était perdre
son royaume : c'était, à ce prix, sauver sa personne,
sans doute, et ses amis menacés; mais c'était aban-
donner à Lancastre son neveu et son frère, re-
tenus par lui malgré leur caractère d'ambassadeurs.
Dans cette extrémité, il ne vit plus qu'un seul
parti à prendre : ce fut de répondre à la trahison
par la ruse ; d'accepter : « Mais, je vous le jure,
dit-il à ses amis pour qui ce consentement sem-
blait être un arrêt de mort, je vous le jure, il
en mourra ! Ne redoutez rien du parlement qu'il
voudrait réunir à Westminster. Je ne vous laisse-
rai point traduire par lui devant ces juges; car je
sais ce qu'il vous ferait souffrir : vos jours seraient
trop en péril. En dépit d'eux vous serez toujours mes
bons amis. » Et, avisant aux moyens d'échapper qui
lui pouvaient rester encore, avec l'ardeur fébrile
d'une âme longtemps accablée qui se réveille à l'es-
pérance ; « J'assemblerai secrètement, dit-il, des
[1399] HENRI DE LANGASTRE. 267
hommes dans le pays de Galles : nous trouverons un
prétexte pour prendre par là notre chemin. Henri n'y
fera point opposition; le comte nous l'a juré. Et
quand nous rencontrerons nos gens, nous déploierons
nos bannières, et nous nous porterons hâtivement
contre lui. A la vue de nos armes, la moitié des
siens le quitteront; ils accourront à nous : car ils
ont le cœur honnête; ils savent que, moi vivant, ils
n'ont point d'autre seigneur. Le droit est pour nous :
croyons en Dieu , et il nous aidera. Fussions-nous
moins nombreux, ils ne laisseront pas que d'avoir
bataille. S'ils sont vaincus, nous les mettrons à mort :
il y en a tels que je ferai écorcher vifs; tout l'or du
monde ne les rachètera pas M »
Les conseillers n'essayèrent pas de lutter contre
ces transports, et, s'en remettant de leur sort à
Richard, ils ne demandaient qu'une chose, c'est que
Northumberland prêtât le serment qu'il avait offert.
Le vieux comte fut rappelé. Le roi lui dit qu'il accep-
, tait l'accord; qu'il le savait prud'homme et incapable
de se parjurer pour rien au monde : en se parjurant
il se damnait de sa propre bouche ! Northumberland
renouvela ses assurances. La messe fut dite, et, à la
^consécration, il monta à l'autel et jura la main sur
riiostie. Ainsi, dit le chroniqueur :
Ainsi firent entre eux leur compromis :
L'un pensoit mal et l'aultre encore pisT"
1. Crt'ton, p. 39l>-'^^'. '^'hronique anonyme, ms. 388^, fol. 135.
268 LIVRE ONZIÈME. [1399]
Mais quant au roy,
Il ne fist pas si grand mal ne desroy ;
Car on dit bien souvent : force vHa loy. /
Et si ne fist serement ne ottroy
Gomme le comte.
A la parole que le comte lui avait donnée, il répon-
dait en se donnant lui-même, risquant sa tête pour
sa couronne et pour la vie de ses plus fidèles servi-
teurs (a).
Le comte avait hâte de partir et d'entraîner Ri-
chard après lui. Il le suppliait de répondre à l'impa-
tience de Lancastre : « le duc mourait d'envie de
savoir si la paix était faite. » Il prit les devants, sous
le prétexte d'aller à Rhuddlan commander le repas :
il voulait s'assurer si ses gens, en ce moment décisif,
étaient à l'embuscade. Il partit donc, et, quittant le
roi, il le pressait encore de le suivre : w Hâtez-vous,
lui disait-il, car il est près de deux heures. » Et il
vint porter aux siens la bonne nouvelle que leur
proie venait se jeter dans leurs mains.
Richard sortit de Conway, suivi des hommes les
plus attachés à sa personne^ au nombre de vingt au
plus, et dans ce nombre était l'auteur que nous
prenons pour guide. Il passa l'eau, et il avait che-
vauché quatre milles environ lorsque, à la descente
d'une montagne, il aperçut les gens du comte. « Je
suis trahi! » s'écria-t-il; mais il n'y avait point de
retraite. Reculer, c'était donner à cette troupe le
signal de l'attaque : elle eut infailliblement rejoint le
[1399] HENRI DE LANCASTRE. 269
roi avant qu'il pût repasser l'eau ; et Richard eût
—rougi de fuir ainsi. II marcha en avant. Dès qu'il
approcha, le comte vint au-devant de lui, et se mit à
ses genoux, disant : « Je vous allais quérir, mon
_droit seigneur; n'ayez nul déplaisir : le pays, vous
le savez, est en révolte; J'ai voulu vous mettre en
sûreté.
— Je fusse bien venu^ répondit le roi, sans tant de
gens que vous m'avez amenés. Ce n'est pas là ce que
vous m'avez promis. Vous me disiez que vous étiez
venu avec cinq compagnons. Vous avez faussé votre
foi! Je retournerai à Conway aujourd'hui même.
— Non, dit le comte, saisissant la bride de son
cheval. Par le corps de Jésus, je vous tiens et je
vous mènerai au duc Henri; car je le lui ai promis. »
Déjà les hommes du comte l'entouraient, faisant
grand bruit de trompettes. I.e roi ne tenta point de
résistance; mais, se tournant vers Northumberland :
« Le Dieu sur qui tu as mis la main, dit-il, te le veuille
rendre au jour du Jugement, à toi et à tes complices !»
Puis il regarda ses compagnons qui pleuraient, et
leur dit en soupirant : « Ah ! mes bons et loyaux
amis, nous sommes trahis et mis entre les mains de
I nos ennemis sans juste cause. Pour Dieu^ sachez
soulîrir, et qu'il vous souvienne de Notre Seigneur,
qui fut vendu et mis aux mains de ses ennemis sans
l'avoir mérité.
— Très-cher seigneur, dit Salisbury, nous souf-
frirons avec vous, s'il plaît à Dieu (a). »
270 LIVRE ONZIÈME. [1399]
On s'arrêta à Rhuddlan pour prendre quelque
nourriture, et, à peine le repas fini, le comte^ sans
perdre un instant, mena le roi et ses compagnons à
Flint ; car il avait hâte de les y mettre en sûreté, afin
d'aller raconter à Lancastre le succès de sa per-
fidie \
Richard et ses compagnons avaient été renfermés
dans le château. Toute illusion était perdue pour
eux : après un tel outrage, le roi ne doutait plus
qu'on ne le voulût faire mourir. Dans les angoisses
de cette nuit, qui pouvait être pour lui la dernière,
sa pensée se reportait sur ceux qu'il n'espérait plus
revoir; sur cette fille de France, qu'il élevait avec la
sollicitude d'un père et chérissait déjà avec la ten-
dresse d'un époux. Rien de plus touchant que les
plaintes que lui prête notre chroniqueur ;
Mon très doux cœur, ma sœur, adieu vous di :
Pour votre amour suy démené ainsi :
Car a mes gens oncques ne deservy
De me destruire
Si laidement; maiz s'il plait que je muire,
Ah ! Jesus-Grist m'âme veuille conduire
En paradis, car eschapper ne fuire
Je ne puis maiz.
Hélas I beau père de France, jamaiz
Ne vous verray ; votre fille vous laiz
Entre ces gens qui sont faulx et mauvaiz
Et sans fiance;
Par quoy je suis près de désespérance ;
Car elle estoit ma joyeuse plaisance.
l. Creton, p. Wl, 402; Ghron. anon., ms. 3884, fol. 137.
[1399] HENRI DE LANCASTRE. 271
Et i! léguait à Charles VI le soin de les venger tous
les deux'.
Cependant, dès le soir même, Northumberland
avait envoyé à Henri un courrier qui, au point du
jour, lui apporta la nouvelle. Ce fut pour lui grande
joie; car il n'avait rien plus à cœur. Toute son armée
était campée autour de Chester. Il ordonna que cha-
cun se tînt prêt à le suivre, et les trompettes donnè-
rent le signal du départ. Mais notre trouvère ne
s'arrête point à faire une de ces descriptions où se
complaît la poésie. Au moment de retracer cette so-
lennelle entrevue, il renonce même aux formes poéti-
ques, et il en dit la cause : il veut émonder son récit
des superfluités de la rime; il veut redire les paroles
qu'il a ouïes, exactement comme il les a gardées dans
sa mémoire (a).
Ce fut le 19 août 1399 que Henri partit de Chester,
emmenant avec lui plus de cent mille hommes,
rangés comme s'il allait livrer une grande bataille.
Ce jour même, le roi s'était levé dès l'aurore, en
proie à la plus vive douleur. Il entendit la messe avec
ses bons amis , Salisbury , l'évêque de Carlisle ,
Etienne le Scrop, Ferriby, ces cœurs fidèles, à l'épreuve
de l'adversité : ajoutez, parmi plusieurs autres, l'é-
cuyer gascon Jénico, qui ne le céda à personne en
loyauté et en dévouement. Après la messe, il monta
sur les murs du château, et il vit l'armée de Lan-
1. Creton, p. ^03; cf. Chron. anon., ms. 3884, fol 137-138.
272 LTVRE ONZIÈME. [1399]
castre qui s'avançait le long de la grève à grand
bruit d'instruments de musique et de trompettes.
Cette vue raviva toute sa douleur : « Hélas ! s'écria-
t-il, je vois bien que la fin de mes jours approche,
puisqu'il faut que je sois livré aux mains de mes
ennemis, qui me haïssent à mort sans que je l'aie (
mérité. Certes, comte de Northumberland, vous devez
avoir grand peur au fond de 1 ame, que notre sire
Dieu ne prenne vengeance du péché que vous fîtes^
quand vous le parjurâtes aussi vilainement pour
nous tirer hors de Conway, où nous étions en sûreté.
Dieu vous en rende la récompense ! » Et il mêlait ses
larmes à celles de Salisbury et de Tévêque de Car
lisle. En ce moment, ils virent se détacher de l'armée
de Henri nombre de gens, chevauchant à force
d'éperons pour arriver plus vite au château. En tête
se trouvait l'ancien archevêque de Canterbury, et
avec lui les deux chefs de l'armée royale à Milford,
Thomas Percy et le comte de Rutland, ralliés main-
tenant à la cause de Lancastre : ils venaient, portant
les insignes de leur nouveau maître. L'archevêque
entra le premier, et monta, suivi des autres, au donjon
du château. Le roi venait de descendre des murs; il
releva le prélat, qui s'était agenouillé devant lui, le
prit à part, et ils parlèrent longuement ensemble.
« Ce qu'ils dirent, je ne sais, dit notre historien ;
mais le comte de Salisbury me dit après , qu'il
l'avoit reconforté moult doucement, disant qu'il ne
fût ébahi et qu'il n'auroit nul mal de son corps. Le
[1399] HENRI DE LANCASTRE. 273
comte de Rutland, continue-t-il, ne parla point au roi
à cette heure; il s'éloignoit de lui le plus qu'il pou-
Yoit, comme s'il eût été honteux de se voir devant
lui. » Ils remontèrent à cheval, et s'en retournèrent
vers Henri^ qui s'avançait toujours à la tête de ses
troupes. « Et sachez, ajoute notre chroniqueur^ à
qui la vue de cette belle armée fait oublier en quelque
sorte pourquoi elle vient, sachez qu'il les faisoit bel
voir venir; car ils étoient très-bien ordonnés, et en si
grande quantité, que, quant à moi, je ne vis oncques
tant de gens ensemble (a). »
Richard était remonté aux murailles. Quand il vit
que l'armée de Henri ne se trouvait plus qu'à deux
traits d'arc, il laissa de nouveau éclater toute sa
douleur. Il prononçait encore le nom de la pauvre
petite reine, et, plus résigné toutefois, il louait notre
Seigneur Jésus-Christ, disant : « Beau sire Dieu, je
me recommande en ta sainte garde, et te crie merci
que tu me veuilles pardonner tous mes péchés, puis-
qu'il te plaît que je sois livré aux mains de mes
ennemis ; et, s'il me faut mourir, je prendrai la mort
en patience, comme tu le fis pour nous\ »
L'armée était déjà près du château, et Tenvironnait
de toutes parts jusqu'à la mer. Northumberland avait
rejoint Henri, qui se tenait avec ses gens au pied de la
montagne, et il conversa longuement avec lui. Le roi
avait jeûnécejour-là; on voulaitattendre qu'il eûtdîné.
1. Crelon, p. 409.
ir— 18
274 LIVRK 0>;ZIÎ':ME. 1^399^
Depuis que Richard avait accepté son sort, il avait
banni de son âme ces sentiments violents que la vue
de la révolte et les propositions respectueusement
menaçantes de Henri lui avaient d'abord inspirés ; et
il y a dans ses paroles et dans ses actes comme un
reflet de la douceur et de la résignation de Celui à la
passion duquel il désirait conformer ses souffrances.
S'étant mis à table, il voulut que ses principaux
conseillers prissent place à ses côtés, comme si le
malheur et leur fidélité dans le malheur eussent effacé
dès lors toute distinction de rang de lui à eux.
« Mes bons, vrais et loyaux amis, leur dit-il, vous
vous êtes mis en péril de mort pour me garder votre
toi : asseyez- vous avec moi. » Ils n'étaient plus
pour lui des sujets, mais des compagnons d'infor-
tune (a).
Cependant les troupes qui entouraient le château
célébraient leur triomphe par le bruyant retentisse-
ment des trompettes; et plusieurs, chevaliers, écuyers,
archers même, entraient insolemment jusque dans la
salle oià le roi était à table avec ses compagnons, l'ou-
trageant de leur curiosité, de leurs menaces et de
leur joie féroce: « Mangez, mangez, disaient-ils;
demain on vous coupera la tête. » Et, se répandant
dans le château, ils disaient en présence des amis
consternés de Richard, qu'on ne savait pas si
le roi échapperait. « Quant à moi, dit notre histo-
rien, je ne pense pas que jamais j'aie si grand'peur
comme j'eus pour lors, considéré la grande déri-
[1399; HENRI DE LANC ASTRE. 275
sion d'eux, et le lion vouloir entetidre droit, raison
ni loyauté'. »
Le roi prolongeait ce triste repas, non qu'il man-
geât, mais il savait qu'en se levant de table il devait
tomber aux mains de Henri. L'heure en vint pourtant.
Henri entra au château suivi de douze seigneurs. Il
était armé de toutes pièces^ excepté le bassinet, et te-
nait un bâton blanc en sa main. On fit descendre le roi.
fln'avaitplusaucun des insignes de son rang, pasmême
l'habit de chevalier : on l'eût pris pour uù clefc! mais
ÉtienneleScropmarchaitencore devant, portantTépée.
Le duc ne l'eut pas plutôt aperçu qu'il s'incHna assez
bas, et faisant quelques pas vers lui, il s'inclina une
seconde fois, le chapeau à la main. Le roi ôta son cha-
peron, et prenant le premier la parole : « Beau coii^
sin de Lancastre, dit-il, soyez le bienvenu.
— Monseigneur, répondit le duc s'inclinanl de
nouveau, je suis venu plus tôt que vous ne m'avez
mandé, et je vous dirai pourquoi. La commune re-
nommée de votre peuple est que vous l'avez, par l'es-
pace de vingt ou vingt^deux ans, très mauvaiseriient
et très -rigoureusement gouverné, dételle sortel qu*oti
n'en est pas bien content; mais s'il plaît à Notre Sei-
gneur, je vous aiderai à le mieux gouverner qu'il ne
l'a été le temps passé.
— Beau cousin de Lancastre, dit Richard, puis-
qu'il vous plaît, il nous plaît bien (a). «
1. Ciclon. p. 410; (Jhron ••■!-" • ' ' .^ vfrso, et Huchon, !'</-
riantes, p. 76.
276 LIVRE ONZIÈME. [1399]
Après cela, Henri adressa la parole à Tévêque de
Carlisle, à Etienne le Scrop et au chapelain Ferriby ;
mais il ne dit pas un mot au comte de Salisbury, et
il eut soin qu'il en sût la cause. Il lui fit dire par un
de ses chevaliers : « Comme vous n'avez point dai-
gné parler à monseigneur le duc deLancastre, quand
vous étiez avec lui à Paris au Noël dernièrement
passé, de même il ne vous parlera pas; » déclara-
tion qui remplit de terreur le comte : il voyait bien
que le duc le haïssait mortellement. Alors Henri dit
très-haut d'une voix fière et dure: « Amenez les che-
vaux du roi ! » Et on lui amena deux petits chevaux
de chétive apparence. Le roi monta sur l'un, le comte
de Salisbury sur l'autre; les autres suivirent, « et
jious partîmes, dit le chroniqueur, environ deux
heures après midi (a). »
Le cortège se mit en marche pour Ghester, avec
tant de bruit de cors et de trompettes, qu'à grand'-
peine, dit le naïf historien de ce voyage, on eût en-
tendu Dieu tonner. Les compagnons de Richard
étaient saisis de terreur; et ceux de Henri ne les ras-
suraient guère quand ils leur montraient dans ce qui
arrivait l'accomplissement des prophéties, un peu
^arrangées sans doute, de Merlin (on en avait pour
toutes les circonstances) annonçant la fin du règne
de Richard. Le duc entra dans la ville aux acclama-
lions du menu peuple, qui mêlait à ses applaudisse-
ments pour le vainqueur des insultes pour le vaincu :
le roi, en entrant, avait pu voir exposée sur le haut
[1399] HENRI DE LANGASTRE. 277
de la porte, la tête de Perkin a Legh, un de ses plus
fidèles serviteurs. Le duc mena son prisonnier au
château et choisit pour l'y garder le fils du duc de
•Glocester, rappelé d'Irlande, et le fils du comte
d'Arundel, revenu de France avec lui-même, comme
les deux hommes qui le haïssaient le plus au monde,
pour la mort de leurs pères. Richard y vit Jean de
Ilolland, duc d'Exeter, son frère, mais il n'osa ni ne
put lui adresser la parole. Jean de Holland, à la suite
de cette courte entrevue, allait (contraint sans doute)
prendre place à la table de Henri avec Th. Percy et
Rutlandfa)!
Richard fut enfermé dans le donjon du château
avec ses bons amis le comte de Salisbury^ l'évêque de
Carlisle, Etienne le Scrop ^„Fêrribj. Les autres en
étaient dès lors séparés pour toujours : « Et de là en
jivanl, dit notre chroniqueur, nous ne le pouvions
voir, si ce n'était aux champs en chevauchant, et
nous fit-on défendre que nous ne parlissions plus à
lui ni à nuls des autres. » Si l'on en croit l'autre
chronique française , la rigueur fut même poussée
plus loin à l'égard de Richard. Conduit au château
avec les quatre amis fidèles qui recevaient tous les
épanchements de sa douleur, il espérait jouir au
moins detleur présence; mais le jeune duc de Gloces-'"
ter s'y opposa : « Par saint Georges, s'écria-t-il, il
n'y aura nul de vos compagnons avec vous, ne vous
en déplaise, fors que nous et nos gens, car monsei-
gneur ne le veut pas. »
278 LIVRE ONZIÈME. [1399]
l.es adieux de Richard et des siensfurent déchirants.
L'évêqpe de Carlisle s'était jeté à ses genoux, le comte
de S^lisbury le serrait dans ses bras, et les autres se
lamentaient, disant : w Adieu, très-cher seigneur,
nous voyons bien que le temps est venu qu'il nous
faut départir, » Richard était tellement accablé de
tristesse, qu'il demeura une demi-heure sans ouvrir
la bouche. On le fit lever enfin, et ceux qui en avaient
la garde l'emmenèrent au donjon du château. Quant
aux autres, les seigneurs du parti de Lancastre, inté-
ressés à ne pas laisser trop de portée au contre-coup
des révolutions, demandèrent grâce pour eux, disant
qu'ils avaient fait comme bonnes gens devaient faire.
Le duc leur pardonna, excepté toutefois à l'écuyer
gascon Jénico, qui, ni pour prières, ni pour menaces,
ne consentit à déposer les insignes, du roi Richard.
Le duc le fit jeter en prison, en attendant qu'on lui
coupât la tête; on l'épargna pourtant, ou, pour
le moment, on l'oublia. « Mais je sais bien, » dit
notre historien, témoin des faits, qu'il fut le dernier
portant l'ordre du roi Richard en Angleterre; et
il montra bien par là, ajoute-t il avec une fierté toute
nationale, qu'il n'étoit pas de leur race : car, pour
eux, ils sont de nature trop enclins à la faveur, s'at-
tachant toujours au plus fort et à qui a meilleur sem-
blant, sans garder droit, loi, raison ni justice; et ce
n'est pas de maintenant, car plusieurs fois ils ont dé-
fait et détruit leur roi et seigneur, comme on le peut
savoir par les chroniques (a). »
[1399] HENRI DE LANCASTRE. 279
Notre chroniqueur lui-même et son compagnon,
moins attachés à la personne du prince, purent
échapper, sans rien faire, d'ailleurs, qui contredît
leurs généreux sentiments. Le jour que Henri vint à
Fiint prendre Richard, ils avaient été présentés au
vainqueur comme venus de France avec la permis-
sion de leur roi, et comme ayant suivi Richard en
Irlande « pour ébattre et pour voir le pays. « Henri
les rassura et leur dit en français : « Mes enfants,
n'ayez peur ni frayeur des choses que vous voyez, et
vous tenez près de moi, et je vous garantirai la vie. »
Ils le suivirent ; et notre gentilhomme, sans commu-
niquer davantage avec Richard, put au moins ache-
ver avec lui et décrire jusqu*au bout ce douloureux
chemin de la croix \
Richard demeura donc enfermé au château sans
compagnie. « De ses complaintes et gémissements
nul n'en sait rien , dit le chroniqueur anonyme,
fors ceulx qui le gardoient; » et il s'en tait, don-
nant ainsi plus de valeur aux paroles qu'il a recueil-
lies en tant d'autres lieux de cette triste histoire.
Quant à Henri, ayant le roi sous la main, il n'avait
plus qu'à prendre son nom pour tout faire légale-
ment dans le royaume. Dès le 19 août, le jour qu'il
vint à Flint, il expédia, au nom de Richard, des lettres
de convocation au parlement qui le devait déposer.
Le 20, il publiait un ordre où Richard s'adressant
I Crctr.n
280 LIVRE ONZIÈME. [1399]
aux vicomtes leur rappelle les rassemblements faits à
Tentour de son très-cher cousin Henri, duc de Lan-
caslre^ venu dans le royaume pour réformer le gou-
vernement, et porter remède à divers abus; et de l'avis
du vénérable père Thomas, archevêque de Canterbury,
de son susdit cousin, de Henri, comte de Northumber-
land^ de Raulf, comte de Westmoreland (en un mot
de tous les chefs de la rébellion), leur commande
de mettre fin aux hostilités. — Henri avait vaincu (a).
Après trois jours passés à Chester, Henri congédia
la moitié de ses gens, estimant que trente ou qua-
rante mille hommes suffisaient bien pour mener le
roi à Londres. Il partit le 22 août, et arriva le lende-__
main à Nev^castle, où le comte de Warwick, naguère
exilé dans l'île de Man, vint tout joyeux se joindre à
son cortège. Il continua par Stafîord, par Lichfield,
s'éloignant au plus tôt du pays de Galles, dont il con-
naissait l'attachement pour Richard; et ce n'était pas
sans raison : tant qu'il avait été dans les montagnes
du voisinage, les Gallois rôdaient autour de son
armée, n'épargnant aucun de ceux qu'ils pouvaient
prendre, et venant même parfois mettre le feu jusque
dans ses logis. « Et certes, dit notre Français, que la
grâce de Henri n'a point détaché de la cause de Ri-
chard, j'en avois très-grand'joie. » Rarement les An-
glais pouvaient user, à leur égard, de représailles ;
mais, quand il leur arrivait d'en saisir, ils les liaient
de cordes à la queue de leurs chevaux, et les traî-
naient parmi les pierres des chemins, jusqu'à la
[1399] HENRI DE LANGASTRE. 281
mort. On s'arrêta tout un jour à Lichfield pour y cé-
lébrer le dimanche (24 août). C'était un lieu oii Ri-
chard naguère, se rendant au parlement de Shrews-
bury, avait séjourné avec toute sa cour pour y fêter
la Noël par des joules magnifiques. Cette fois il était
seul, enfermé dans une tour; et si son nom y est pro-
duit encore avec le titre de roi, c'est au bas d'un acte
publié par Lancastre, « pour rétablir le règne de la
loi, et raffermir le cours de la justice, » c'est-à-dire
pour réprimer et pour punir ceux qui avaient encore
les armes à la main dans Tespoir de le délivrer. 11
tenta lui-même d'échapper à ses geôliers, et déjà il
s'était glissé par la fenêtre jusque dans un jardin,
quand il fut aperçu et ramené brutalement dans sa
prison. Cette tentative manquée aggrava son état :
dorénavant, à toutes les heures de la nuit, il eut avec
lui dix ou douze hommes armés qui le gardaient sans
fermer l'œil, a II fut gardé, dit Tautre chroniqueur,
aussi étroitement qu'un larron et un meurtrier (a). »
Dès qu'on sut à Londres l'arrestation du roi, on fit
partir en toute hâte cinq ou six des principaux bour-
geois, qui eurent bientôt rejoint Henri. La ville, si
empressée qu'elle fût d'avoir le roi et les amis du roi
entre ses mains, se serait contentée, cette fois encore,
de ne recevoir que leurs têtes. Les envoyés, disait-
_gn, venaient prier Lancastre de mettre à mort Ri-
chard, sans le mener plus avant. Mais lienri trouvait
trop de bonne volonté partout^ pour ne pas mettre de
- son côté les formes de la justice. « Beaux seigneurs,
282 LIVRE ONZIÈME. [1399]
leur dit-il, ce seroit trop grand blâme à jamais pour
nous, si nous le faisions ainsi mourir. Nous le mè-
nerons à Londres, et il sera jugé par le parlement. »
Il continua donc sa route par Coventry, Daventry,
Northampton, Dunstable et Saint-Alban. Le malheu-
reux roi suivait son vainqueur dans le plus triste
équipage, monté sur son mauvais cheval, et vêtu de
l'humble costume qu'il avait quand il parut devant
lui ; car^ pendant tout le voyage, dit le moine d'Eves-
ham, on ne lui permit pas de changer une seule fois
de vêtement (a).
Lorsque Henri fut à cinq ou six milles de Londres,
les gens de la ville vinrent au-devant, à grand bruit
d'instruments et de trompettes , rangés par métiers
avec le costume de leur confrérie, ayant en tête le
maire, devant lequel on portait Tépée comme devant
le roi. Ils saluèrent le duc; ils le reçurent comme roi
ne l'avait jamais été, criant « d'une voix haute et
épouvantable : Vive le bon duc de Lancastre! »
C'était Dieu qui Favait envoyé; c'est par sa grâce
qu'en m.oins d'un mois il avait conquis tout le
royaume; quel bon roi devait être qui ainsi savait
conquérir! Et ils rendaient grâces à Dieu, adorant
dans le succès la marque irrécusable de sa volonté
même. Après cette prétendue conquête de l'Angle-
terre, les Anglais s'estimaient trop pour douter qu'il
ne conquît le monde : déjà on le comparait à Alexan-
dre le Grand.
Quand on se fut arrêté, le duc fit signe au comte
[1399; HENRI DE LANGASTRE. 283
d'Arundel et à ceux qui avaient Richard en garde de
l'amener devant lui ; et ils amenèrent le roi, « comme
si ce fût un larron. » Le duc descendit de son cheval,
s'approcha de Richard, et ôta son chapeau en disant:
« iMonseigneur, descendez ; voici vos bons amis de
Londres qui vous viennent voir. » Richard obéit; et
il avait le visage si couvert de larmes, qu'à peine le
pouvait-on reconnaître. Henri alors, le montrant à la
foule, dit : w Beaux seigneurs, voici votre roi ; regar-
dez ce que vous en voulez faire. » Ils répondirent:
« Nous voulons qu'il soit mené à Westminster! »
(c'était là que le parlement devait se réunir); et le
duc le leur livra. « A cette heure, dit notre historien,
il me souvint de Piiate, lequel fit battre Notre Sei-
gneur Jésus-Christ à l'estache (colonne), et après le
fit mener devant la turbe des Juifs, disant ; « Beaux
« seigneurs, voici votre roi ! . . . » Assez semblablemon t
fit le duc Henri quand il livra son droit seigneur à la
turbe de Londres, à fin telle que, s'ils le faisoient
mourir, il pût dire: « J'en suis innocent*. »
Pendant qu'on menait Richard à Westminster,
Henri se dirigeait vers la principale porte de la ville
(Ald-(iate), pour faire son entrée par la grande rue de
Londres, qu'on appelait Gheap-Street (Cheapside); et
il marcha, au bruit des cloches et des trompettes,
vers l'église Saint-Paul, à travers les flots de la mul-
1. Greton, p. 416, 417; Chron. anon., ms. 38H4, toi. u;-i, ou Bu-
chon, Variantes, p. 78; cf. le moine d'Evesh., p. 156; Wals., p. 358;
Gontin. Croyl., 1. 1, p. 494.
284 LIVRE ONZIÈME. [1399]
titude qui criait: « Vive le bon duc de Lancaslrel )>
et le couvrait de bénédictions, montrant une telle
joie, que si Notre Seigneur fût descendu parmi eux,
ils ne l'eussent pas mieux accueilli. Il descendit à la
porte de Téglise, et alla tout armé devant le maître-
autel faire ses oraisons; puis il vint au tombeau de
son père, riche monument élevé dans le sanctuaire^
et on le vit verser des larmes (a).
Le lendemain, le peuple de Londres eut un autre
spectacle. Richard, après avoir entendu la messe à
Westminster, fut conduit à la Tour par les deux jeunes
seigneurs qui le gardaient avec toute la soUicitude de
leur haine. On le fit monter sur son pauvre petit che-
val, et on le menait par les rues de la ville, en mé-
nageant une grande place autour de lui afin que cha-
cun le pût voir. Quelques-uns en avaient pitié, mais
la plupart témoignaient cruellement leur joie, mêlant
l'insulte à leurs malédictions, et prenant plaisir à le
dégrader jusque dans sa race: « Or, disaient-ils^
nous sommes bien vengés du petit bâtard qui nous
a si mauvaisement gouvernés : » — comme s'ils ne
pouvaient lui ôter sa couronne sans lui ravir le noble
sang de son père!
C/est sous de tels auspices qu'il traversa la capi-
tale et fut introduit dans la Tour.
c^
LIVRE DOUZIEME.
LA DÉPOSITION DE RICHARD.
Henri, dès son arrivée à Londres, avait invité les
seigneurs à congédier leurs troupes. Richard était
en lieu sûr; et pour ce qui allait suivre, le vain-
queur ne se souciait pas d'en traiter avec les lords
si bien accompagnés : il les aimait mieux seuls au
parlement qu'il allait réunir. Ce parlement, il l'avait
convoqué dès le 19 août au nom de Richard, et ses
agents avaient reçu en même temps l'ordre de bien
choisir les députés des communes. Il l'avait convoqué
à Westminster pour le 30 septembre. Mais ce n'é-
taient point, comme il avait été dit, les conseillers
du roi (ils avaient retrouvé grâce, ou du moins re-
pris rang auprès du vainqueur parmi les autres),
c'était le roi lui-même qu'on y voulait produire. Tou-
tefois il sembla plus §ûr encore de ne l'y point ame-
ner. Richard avait montré comme il savait soutenir
286 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
les droits de sa couronne : on ne pouvait pas dire ce
qui arriverait, s'il paraissait devant une assemblée
accoutumée à sa domination, et qui peut-être ne
s'attendait pas à sa chute. On pouvait craindre quel-
que coup de théâtre, comme celui qui, au sein de
son propre conseil, avait fait rentrer dans l'ombre
le tout-puissant Glocester. Henri, en réunissant le
parlement, résolut donc de le mettre en présence non
d'un roi sur le trône, mais d'un trône vide; de pré-
luder aux actes qu'il attendait de sa complaisance
par une mesure qui ne laissât pas d'autre issue à ses
résolutions : l'abdication de Richard.
Si Ton ne savait par l'expérience des révolutions,
tout ce qu'il y a d'audace et d'impunité, en pareil cas,
dans le mensonge, on s'expliquerait à peine les té-
moignages consignés dans les documents contempo-
rains. On a vu comme Richard avait été tiré de
Conway. On sait comme il avait frémi à la seule
pensée d'accepter le duc de Lancastre pour protec-
teur sous le nom de sénéchal, et de livrer ses con-
seillers au jugement du parlement. L'explosion de sa
colère, quand il fut seul avec ses amis, et la candeur
avec laquelle le témoin de ces faits avoue la pensée
coupable qui traversa trn moment l'esprit du roi,
montrent assez combien l'idée d'une abdication lui
était étrangère; et ce n'est pas Henri qui eût risqué
de la lui proposer alors : c'eût été mettre sur ses
gardes celui qu'il voulait tenir, et, pour le moins,
lui donner le signal de la fuite. C'est cependant cette
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 287
prétendue abdication qui devient la base de tout ce
qui va suivre. Les historiens anglais n'en doutent
pas. Walsingham la met à sa place dans la suite des
faits qu'il raconte : et comment en aurait-il douté?
Il en lisait l'attestation dans un acte public, dans un
procès-verbal inscrit aux rôles du parlement*.
Mais cela même nous révèle dans quel esprit et
sous quelle influence cette pièce fut rédigée. Richard
abdiqua : le fait n'est pas niable. L'acte est là, signé
de son nom. Mais comment celte abdication a-t-elle
été amenée? fut-elle libre, spontanée, ou du moins
complètement volontaire? C'est un fait que Henri
avait besoin d'établir^ et qu'il a perdu le droit do
faire croire après le mensonge historique dont il l'a
voulu étayer.
On ne saura jamais bien ce qui s'est passé dans la
Tour, depuis que le roi y fut mené sous la garde des
plus assurés de ses ennemis. On n'a plus auprès de
lui ces fidèles témoins qui l'ont suivi pas à pas jus-
qu'à Londres, et qui réduisent à néant, par leurs
déclarations formelles, les assertions contraires, fus-
sent-elles consignées dans un procès-verbal. Si quel-
que chose leur en est revenu, on ne peut dire par
quel intermédiaire; et dès lors ils sont suspects d'avoir
mêlé eux-mêmes aux paroles qu'ils prêtent à Richard
l'expression de leurs propres sentiments. Au rapport
de la chronique anonyme (ms. 3884), le lendemain
1. Scène de Conway. Voy. ci-dessus, p. 2^». — l'rocés-verbal de
Vabdicatiun. llut. Parl.^ t. III, p. ^16.
288 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
de son arrivée, le duc de Lancastre se rendit avec
le duc d'York et Rutland à la Tour, et ordonna au
comte d'Arundel de faire venir Richard. Richard se
révolta de cet ordre : « Si Henri de Lancastre veut
me parler, qu'il vienne, » dit-il. Henri vint avec les
autres. Ceux-ci à la vue du roi ne lui firent aucune
révérence; Henri seul se découvrit, et saluant hum-
blement Richard :
a Monseigneur, dit-il, voici le duc d'Armale (Au-
marle), votre cousin et le mien, et son père, votre
oncle, qui veulent vous parler. Vous plaît-il de les
ouïr? »
A la vue de ces princes, qui le devaient défendre,
et qui, l'ayant trahi, venaient comme pour le braver
dans sa prison et l'insulter de leur contenance, Ri-
chard ne put maîtriser sa colère :
ce Que me veux-tu dire, vilain? dit-il à York, et
toi, traître de Rutland, comment oserais-tu me par-
ler? Tu n'es pas digne de porter le nom de duc, de
comte, ni de chevalier, toi et le vilain qui est ton père,
car vous m'avez mauvaisement trahi, vous deux. Mau-
dite l'heure où vous êtes nés! C'est par toi et par ton
faux conseil que mon oncle Glocester a été mis à mort.
Ah! je puis bien dire, hélas! que jamais il n'y eut
si faux traître : car par toi sera le noble royaume
d'Angleterre détruit, j'en suis certain.
— Vous mentez! » s'écria Rutland.
Et il Jeta son chaperon aux pieds du roi en signe
de défi.
a 399] LA DÉPOSITION hK RICHARD. 289
ce Je suis roi et ton seigneur, répondit Richard se
redressant devant l'outrage, et encore demeurerai-je
roi et serai-je plus grand seigneur que ne fus oncques,
en dépit de tous mes ennemis. C'est pourquoi tu n'es
pas digne de me parler. »
Lancastre effrayé de cette scène, qui allait contre
tous ses projets, enjoignit à Rutland de ne plus être
si hardi que de parler au roi, le menaçant de le faire
arrêter par le connétable et le maréchal. Mais le roi,
se tournant vers lui à son tour et l'interpellant avec
hauteur :
« Cousin de Lancastre, dit-il, pourquoi me tenez-
vous de si près et me faites-vous garder de gens d'ar-
mes? Je veux savoir de vous si vous me tenez pour
votre serviteur ou pour votre roi, et quelle chose vous
me voulez faire?
— Je vous tiens pour roi et pour seigneur, dit
Lancastre; mais il est ordonné par tout le conseil du
royaume de vous retenir et garder jusqu'au jugement
en parlement. »
11 demanda qu'on lui fît venir la reine; le duc ré-
pondit :
« Pardonnez, monseigneur, il est défendu par le
conseil. »
Lapauvre petite princesse, une enfant de dix ans,
était gardée elle-même comme un ennemi public!
Le roi fut si ému de cette réponse qu'il en resta
muet. Il parcourut la salle de long en large, par trois
fois, en silence. Quand il reprit la parole, ce fut pour
II— 19
290 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
donner un libre cours à ses plaintes. 11 accusait ses
geôliers d'être des traîtres; il offrait de le soutenir en
champ clos contre quatre des meilleurs de leur
troupe, et il jetait son gage de bataille. Lancastre,
voulant le calmer, se mit à ses genoux, le priant de
demeurer en paix jusqu'à la réunion du parlement :
là chacun exposerait son droit.
a Eh bien! dit Richard, au moins, beaux sei-
gneurs, que je paraisse devant le parlement, et que je
sois ouï en mes raisons et puisse répondre à tout ce
que l'on voudra dire contre moi.
— N'ayez pas peur, dit Lancastre, on ne vous fera
que raison. »
Et il prit congé du roi. Nul des seigneurs n'osait
plus souffler mot devant lui (a).
Cette scène aurait suffi pour indiquer à Henri sa
ligne de conduite : Richard devait être jugé sans être
entendu. Que se passa- t-il dans l'intervalle? La pre-
mière pièce qui prétende en faire officiellement l'his-
toire, c'est le procès-verbal de l'abdication de Richard
cité plus haut.
C'était le jour de la Saint-Michel (29 septembre
1399); le parlement se réunissait le lendemain. Plu-
sieurs lords spirituels et temporels ou personnes no-
tables, l'archevêque d'York, l'évêque de Hereford, les
comtes de Northumberland et de Westmoreland, le
prieur de Canterbury, l'abbé de Westminster, deux
juges, deux docteurs, deux chevaliers, deux notaires
publics se présentent à la Tour devant Richard, au
[1399] LA DÉPOSmON DE RICHARD. 291
nom du conseil du royaume; et le comte de Nor-
thumberland lui lit un acte qui rappelle comment à
Conway, en sa pleine liberté, il a promise Tarcheve-
que de Canterbury et à lui-même, de renoncer à la
couronne d'Angleterre dans les meilleures formes
qu'on pourra trouver, confessant toute son inhabileté
et son insuffisance. Le roi répond avec bonté (béni-
gne) qu'il veut bien faire ce qu'il a promis. Mais il té-
moigne le désir de voir auparavant le duc de Lancastre
et l'archevêque de Canterbury, et demande copie de
l'acte d'abdication (qui est tout rédigé), pour y réflé-
chir dans l'intervalle. On y consent. Dans l'après-
midi le duc de Lancastre arrive avec Tarchevêque et
les commissaires déjà nommés. Le roi prend le duc
et le primat à part, cause avec eux d'un air gai (viilih
hilari), puis il revient aux autres et leur dit qu'il est
fout prêt à faire sa renonciation. On lui donne l'acte
écrit sur parchemin. On lui dit toutefois que rien
n'empêche qu'il ne se serve de l'organe d'un autre,
pour s'épargner la fatigue de la lecture. Mais le roi
remercie avec grâce (gratanter)^ et tenant la cédule à
la main d'un air gai {hilari vultu, toujours), il dit qu'il
veut lire lui-même et lit en effet distinctement. Il dé-
charge ses sujets de leurs obligations, abdique, jure
et signe de sa propre main (a).
Voici ce qu'il a lu et signé :
In nomine Dei. Amen.
(f Je, Richard, par la grâce de Dieu roi d'Angleterre
et de France, etc., délie de leur serment tous les ar-
292 LIVRE DOUZIÈME. [1399J
chevêques, ducs, etc., ecclésiastiques ou séculiers,...
eux et leurs héritiers, je les libère de toute obliga-
tion;... je renonce à tous les droits.... et au gouver-
nement desdits royaumes, ... au nom, à l'honneur et à
la dignité royale, purement et simplement, spontané-
ment et absolument, en la manière, voie ou forme
qui peuvent être les meilleures (pure, sponte^ simpli-
citer et absolute, melïoribus modo^ via^ et forma quibus
poterit) : réservant tous les droits de mes succes-
seurs rois d'Angleterre. Je me reconnais véritable-
ment et de science certaine absolument incapable du
gouvernement et digne d'être déposé pour mes démé-
rites notoires ; et je j ure par les saints Évangiles que je
touche, que je n'attaquerai ni ne ferai attaquer jamais
par personne, publiquement ou secrètement, cette
abdication , mais la tiendrai pour irrévocable, comme
Dieu me soit en aide et ces saints Évangiles de Dieu.
Ego Richardus rex antedicius propria mea manu h ic
subscribo\
La fausseté de l'abdication de Richard à Conv^ay
est prouvée, non pas seulement par l'ensemble de tous
les faits contraires que l'on sait d'ailleurs, et qui la
repoussent, mais par les faits mêmes allégués ici
pour l'établir. L'archevêque de Ganterbury, l'un des
prétendus médiateurs de son abdication volontaire,
n'alla point àConway. C'est à Fiint qu'il vit Richard.
Mais à Flint, Richard n'était déjà plus libre ; le faire
1. Rot. Pari, t. III, p. 416, § 13, et Knighton, p. 2744.
[1399J LA DÉPOSITION DK UU ;hARD. 293
abdiquer là, autant valait dire qu'il ne le fit que dans
la Tour. Le procès-Yerbal avait donc ses raisons pour
placer la scène à Conway : mais en le faisant, il se
convainc lui-même de mensonge. Et que dire du ton
qui règne dans cette scène d'abdication? Peut-on
croire, quand on a lu l'acte où elle se résume, que
Richard ait montré tant de gaieté en lisant lui-
même pareille chose? Ou de quelles tortures morales
n'aura-t-on point usé, pour contraindre cette âme
fière, qui se montrait naguère à nous dans tout l'em-
portement de sa nature, à s'assouplir au rôle de com-
plaisant aimable qu'on lui fait jouer ici^?
Ces tortures ne lui furent pas épargnées sans
doute, puisque enfin il abdiqua. Et il courut à ce
propos des bruits de diverses sortes.
Froissart raconte que Lancastre, ne voulant d'a-
bord autre chose que la dégradation de Richard,
fit rédiger contre lui un acte d'accusation en vingt-
huit articles, et puis se rendit à la Tour avec plu-
sieurs de son conseil. Ils entrent dans la chambre
du roi sans lui donner nul signe de révérence, et
lisent les articles. Richard ne conteste point, mais il
déclare qu'il n'a rien fait que de l'avis de ses con-
seillers, et il en nomme quatre. Le maire assemble
le peuple à Guildhall, lit les articles comme avoués
du roi, nomme les conseillers : ce sont eux qui ont
supprimé toute justice en Anirleterre et formé le
1. Voyez les observations judici<juse.s de la note de rArch<eol ,
t. XX, p. 138.
294 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
dessein de livrer Calais à la France. On crie ven-
geance : séance tenante, un tribunal est dressé et le
jugement rendu. Les quatre conseillers, tirés de
la Tour et attachés sur la claie aux yeux de Richard
et de ses autres officiers, sont traînés par les rues de
Londres, jusqu'à une place où on leur coupe la tête
sur un étal de poissonnier. C'est alors que les autres
amis de Richard, enfermés avec lui et craignant un
sort pareil, le supplient de sauver sa vie et la leur,
en désarmant Lancastre par l'abdication ^
Il est facile de relever les inexactitudes de ce récit.
Richard n'a sacrifié aucun de ses conseillers, et il n'y
en avait pas non plus que son refus d'abdiquer pût
compromettre. Dans la Tour, il n'avait personne au-
près de lui. De ses conseillers les plus intimes, les
uns avaient été décapités à Bristol, les autres, sauf
un seul, étaient déjà dans le cortège de Henri de
Lancastre. Il faut donc laisser là cet appareil d'une
exécution populaire, dont on ne trouve point trace
ailleurs : c'est la scène de Bristol transportée à Lon-
dres. Mais on a pu, par d'autres moyens, faire com-
prendre à Richard que s'il ne cédait pas sa couronne
de bon gré, on pourrait bien la lui prendre avec sa
tête; et le comte de Northumberland, qui le premier
s'était rallié à Henri de Lancastre, qui lui avait mis
Richard entre les mains, et qui, entraîné par le mou-
vement, suivit Henri plus loin peut-être que d'abord
1. Froissart, IV, 76.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 295
il ne l'eût voulu, a constaté le fait de violence quand
plus tard, prenant les armes contre le nouveau roi,
il s'écriait dans sa proclamation : « Vous nous aviez
juré sur l'Évangile de ne réclamer que votre héritage
et de laisser Richard, notre seigneur et roi, régner
jusqu'à la fm de ses jours avec le bon conseil des
seigneurs spirituels et temporels; et vous l'avez em-
prisonné dans la Tour de Londres, jusqu'à ce que,
cédant à la peur de la mort, il ait abdiqué les cou-
ronnes d'Angleterre et de France (a)î »
Outre la violence qui résulte déjà du fait de la cap-
tivité, il ne serait point impossible qu'on eût recouru
à d'autres moyens auprès de Richard; de telle sorte
qu'au lieu de lui être imposée de haute lutte (ce qui
eût pu révolter sa fierté), l'abdication lui ait été sug-
gérée comme devant venir de lui-même, ce qui sau-
vait sa dignité du moins. La suite du récit de Frois-
sart peint Henri sous des traits si frappants, qu'on
est tenté de le croire ici mieux informé,
Richard mande le duc de Lancastre à la Tour, et
cette fois, l'accueillant avec douceur: k Cousin, lui
dit-il, je vois que mon état est en petit point, et tant
qu'à gouverner le peuple et porter la couronne, je
n'ai que faire d'y penser. Je voudrais être mort et
que le roi de France eût sa fille, car nous n'avons
pas pris ni eu trop grand'joie ensemble. Cousin, tout
considéré, je reconnais que je me suis mépris envers
vous et envers plusieurs nobles de mon sang, et je
sens bien que je ne viendrai jamais à paix et à par-
296 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
don. C'est pourquoi, de bonne et libérale volonté, je
vous veux résigner l'héritage et la couronne d'An-
gleterre, et vous prie que vous l'acceptiez. »
Ce langage fut-il celui de Richard? On admettrait
beaucoup plus facilement celui que l'auteur prête à
Henri : car c'est bien son âme qui se peint dans ses
paroles. Il reste froid devant ces épanchements et cet
abandon. Il ne se croit pas le pouvoir d'accepter;
mais il trouve que Richard a toute raison d'offrir :
« Il convient, dit-il^ que cette parole soit soumise
aux trois États d'Angleterre. J'ai écrit aux prélats et
aux nobles de ce pays et aux conseillers des bonnes
villes. Dans trois jours il y en aura assez pour rece-
voir dûment la résignation que vous voulez faire.
Par là, vous apaiserez grandement et adoucirez l'ire
de plusieurs hommes d'Angleterre : car pour obvier
aux maléfices qui s'étaient trop fort accrus en Angle-
terre par défaut de justice, j'ai été mandé d'au delà
la mer et le peuple me veut couronner. » Et s'élevant
par l'insulte au-dessus du don que Richard croit lui
faire : « Il court voix et renommée par toute TAn-
gleterre, que j'ai eu toujours à la couronne d'Angle-
terre plus de droit que vous n'avez eu. Quand notre
aïeul, le roi Edouard, de bonne mémoire, vous éleva
et couronna, il lui fut bien dit et remontré : mais il
avoit tant aimé le prince de Galles, son fils^ que nul
ne lui put briser son propos. Encore, ajoute-t-il, en-
fonçant plus avant la pointe envenimée de son injure,
encore si vous eussiez pris exemple sur les œuvres
[1399] LA DÉPOSITION DK RICHARD. 297
du prince, comme un fils doit faire à l'égard de son
père, vous fussiez demeuré roi et en votre État!
Mais vous avez toujours fait du contraire, et tant que
commune renommée court par toute l'Angleterre et
ailleurs que vous n'êtes pas le fils du prince de
Galles, mais d'un clerc ou d'un chanoine, jj Le prince
de Galles, continuait-il, avait des scrupules de son
mariage ; sa femme était cousine du roi Edouard,
et il avait tenu deux fois sur les fonts de baptême
les enfants qu'elle avait eues de Thomas de HoUand
( — autre argument : si Richard n'est bâtard adultérin,
il est au moins illégitime). Le prince, qui n'en avait
pas encore d'enfants, songeait donc à rompre cette
union, quand la princesse « fit tant qu'elle fut grosse
et vous eut et encore un autre devant vous. Du pre-
mier on ne sut que dire : mais de vous, après qu'on
a vu vos dispositions et vos actes si contraires aux
vaillances et prouesses du prince, on dit que vous
fûtes fils d'un clerc ou d'un chanoine : car pour le
temps que vous fûtes engendré à Bordeaux il y en
avoit moult déjeunes et de beaux en l'hôtel du prince.
C'est la renommée de ceux de ce pays; et vous l'avez
bien confirmée par vos œuvres. Vous avez toujours
incliné au bon plaisir des François et à vouloir faire
paix avec eux, au déshonneur du royaume d'Angle-
terre. Mon oncle de Glocestre et le comte d'Arundel
qui vous remontroient sagement et vouloient garder
l'honneur et imiter les œuvres de leurs pères, vous
les avez traîtreusement fait mourir. Tant qu'à moi,
298 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
ajouta- t-il, prenant un air de protection qui aggravait
l'outrage, je vous ai pris sus, et vous défendrai et
allongerai votre vie, par pitié, tant que je pourrai, et
prierai pour vous les Londriens et les héritiers de
ceux que vous avez fait mourir. — Grand merci, dit
le roi, je me confie plus en vous qu'en tout le de-
meurant de l'Angleterre. — Vous avez bien raison^
reprit Lancastre : car si je n'allois devant la volonté
du peuple, vous seriez pris du peuple, dégradé à
grand'confusion et mis à mort pour vos maies œuvres
qui vous font avoir cette peine et ce danger \ w
« Le roi Richard, dit l'historien, entendoit bien
toutes ces paroles et ne savoit que dire et répondre à
rencontre ; car bien voyoit que force et argument ne
lui valoient rien, fors que douceur, amour et sim-
plesse » Mais si le jeune roi se tut vraiment
devant ces outrages, il faut qu'on ait brisé tous les
ressorts de son âme. Il se survivait à lui-même :
c*était Tombre de Richard que l'on allait découronner.
C'est bien aussi de cette sorte que Froissart s'est
figuré et qu'il présente l'abdication de Richard II.
Les seigneurs, prélats et barons, les chevaliers et les
notables de Londres se sont réunis à la Tour. Ri-
chard est amené avec tous les insiones du pouvoir
»•
poi
ro;yal, le manteau, le sceptre et la couronne; et quand
ses gardes, ou plutôt ses gardiens se sont rangés
à l'écart : « J'ai été, dit-il, roi d'Angleterre, duc
1. Froissart, IV, 77.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 299
d'Aquitaine et sire d'Irlande environ vingt -deux
ans : royauté, seigneurie, je résigne tout mon hé-
ritage à mon cousin Henri de Lancastre, et le prie
devant tous qu'il prenne le sceptre en cause de pos-
session. » Il lui tend le sceptre, ôte de sa tête la
couronne qu'il dépose devant lui; et, tandis que
Henri en demande acte au notaire, Richard, dépouillé
de tout par lui-même, regagne en silence la prison
d'où il est sorti. Cette scène est imposante dans sa
simplicité : elle a été mise en action par Shakespeare,
et elle convient à la façon dont le grand tragique a
conçu le personnage de Richard H : mais elle est
l'ausse. Le vrai drame s'est passé dans l'ombre. Pour
ce qui s'est joue en public, c'est le génie d'un autre
théâtre qui l'eût pu seul évoquer et flétrir : mais
alors le héros de la pièce n'eût pas été Richard ; il se
lût nommé Henri : j'allais l'appeler d'un autre nom\
On a vu comment le procès-verbal raconte l'abdi-
cation dans la prison. Ce n'est pas tout. Le trône
vacant, on pouvait se demander à qui il revenait.
Richard, n'ayant pas d'enfant, avait fait reconnaître
du parlement pour son futur successeur, Roger Mor-
timer, petit-fils de Lionel, frère aîné de Jean de Gand,
duc de Lancastre : et Roger, récemment tué en Ir-
lande, laissait un lils héritier de ses droits. Richard,
au rapport du procès-verbal, ayant lu et signé l'acte
de son abdication, dit aux commissaires que, s'il
1. Froibsart, IV, 77. — Shakespeare, Hicliard //, acte IV, scène 3.
300 LIVRK DOUZIEME [1399!
était en sa puissance, le duc de Lancastre lui succé-
derait au trône ; mais que, n'ayant point ce pouvoir,
il priait les deux évêques, en même temps qu'ils
annonceraient en son nom son abdication aux trois
États du royaume, de faire connaître son vœu au
peuple; et, en témoignage de cette intention, il
détacha de sa main l'anneau qui portait son signet et
le mit au doigt du duc de Lancastre, demandant que
cet acte même fût rapporté aux États ^
Rien ne retenait plus ni Lancastre ni les commis-
saires à la Tour. Ils prirent congé de Richard.
Le lendemain mardi, 30 septembre, était le jour
où le parlement devait se réunir, selon les lettres de
convocation. La grande salle de Westminster était
pompeusement parée, le trône recouvert de drap
d'or. Tous les lords spirituels et temporels vinrent se
ranger à droite et à gauche selon leur titre : d'un
côté les prélats^ de l'autre les seigneurs, Lancastre
en tête ; puis York, et Aumarle (Rutland), fils d'York ;
Surrey et Exeter, le neveu et le frère de Richard par sa
mère; le marquis de Dorset (J. de Reaufort) ; et après
lui les comtes dans- leur ordre : Arundel, Norfolk,
Pembroke, Salisbury (le fidèle ami de Richard!) et
Devonshire. Les comtes de Norlhumberland et de
Westmoreland, récemment nommés au nom de Ri-
chard, en récompense de leurs services envers Henri,
Tun connétable, et l'autre maréchal, allaient çà et la
1. Hot. Pari, i. m, p. ^17, § 1^, elKnighton, p. 2745.
;i399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 301
selon les besoins. Les députés des communes, et
même quelques hommes du peuple» remplissaient le
reste de la salle. Un seul siège était vide : le trône
(absque présidente quocunque). (a)
La session fut ouverte comme à Tavénement de
Richard, par un discours « en forme de sermon. »
L'archevêque de Canterbury prêcha sur ce texte :
Habuit Jacob henedicHonem a paire suo :
Gomment Jacob avoit eu
Benison en lieu d'Ésaii.
Ésati, c'était Richard : tout le monde savait qui
était Jacob.
Hélas ! reprend le chroniqueur :
Hélas ! quel texte de sermon !
Pour montrer en conclusion
Le faisoit, que le roi Richart
Ne devoit avoir nulle part
A la couronne d'Engleterre.
Après quoi, en vertu des pouvoirs spéciaux qu*il
avait reçus de Richard, le primat déclara, et l'évêque
deHereford avec lui, que Richard avait abdiqué, signé
Tacte de sa main, et remis son anneau à Lancastre :
et la pièce fut lue en latin, puis en anglais. L'arche-
vêque de Canterbury, reprenant la parole, demanda
aux États assemblés s'ils acceptaient cette abdication.
La réponse fut unanime. Mais une abdication volon-
taire rompt-elle irrévocablement tout lien entre le roi
302 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
et le peuple? et que serait-ce, si l'on prouvait un
jour qu'elle avait été forcée? C'est un doute que plu-
sieurs avaient eu; et si Ton amena Richard à signer
son abdication par l'espoir d'échapper ainsi à une
déposition dégradante, c'est un mensonge de plus
dans la série de ces mensonges : car la difficulté avait
été prévue d'avance, et le remède était tout préparé.
« Pour lever tous les scrupules, » comme dit le procès -
verbal, on avait rédigé contre Richard un acte d'ac-
cusation en trente articles^ dont on donna immédia-
tement lecture au peuple. Comme Richard, dans
son abdication, reconnaissait qu'il avait mérité de
perdre la couronne, ce dernier acte servait de fonde-
ment à l'autrey et les faits contenus dans ces trente
articles devenaient autant de crimes avoués par le
roi (a) !
Nous ne relèverons point dans le détail tous les
griefs imputés à Richard, griefs pour la plupart exa-
gérés par la haine, privés de leurs excuses, ou pour
le moins dénués de toute preuve : qu'il a dissipé
en dons les biens de l'État (art. 1); mangé en fêtes
ses revenus, et endetté le pays malgré les trêves pro-
longées (art. 15); emprunté sans remboursement
(art. 14) ; emporté le trésor en Irlande, au risque de
le perdre (art. 24), et, à l'occasion de cette guerre,
fait aux diverses abbayes des réquisitions de chevaux,
voitures ou autre chose : ce qui est contraire aux
libertés de l'Égiise anglicane {in derogationem liber-
tatis ecclesiasticce manifestam, art. 22). Nous nous
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. ?03
arrêterons moins encore sur les faits de la résistance
du roi à l'usurpation de Glocester : la consultation
de Nottingham opposée à la commission de l'an x
(art. 2) ; les troupes levées dans le Cheshire pour at-
taquer Glocester dans son triomphe (art. 3). — Mais
après que Richard eut triomphé, il fut loin d'être
sans reproche; et ici l'accusation n'a qu'un tort, c'est
d'amoindrir par l'entassement des petites choses im-
putées au roi les faits plus graves dont il était cou-
pable : le procès de Glocester, conduit contre toutes
les formes de la justice, et ne se fondant, malgré les
proclamations contraires, sur aucun fait nouveau
(art. 6); l'amnistie supprimée, et en conséquence
Glocester mis à mort sans jugement, Arundel déca-
pité, Warwick exilé dans une île, et tous ceux qui,
de près ou de loin, avaient eu part à leur entreprise,
forcés de se racheter à prix d'argent (art. 4, 6, 7,
32). On insistait davantage et avec plus de raison
encore, sur la période de despotisme inaugurée par
le procès de Glocester : les pouvoirs obtenus du par-
lement à Shrewsbury pour créer un comité qui tînt
lieu de parlement; la bulle demandée au pape pour
sanctionner ces nouveaux statuts, au risque de sa-
crifier l'indépendance de la couronne à une puissance
étrangère; l'intervention illégale du roi dans la no-
mination ou le maintien des vicomtes et dans les
libres élections au parlement (art. 19), et divers
autres abus de pouvoir plutôt affirmés d'ailleurs
qu'établis (a).
304 LIVRE DOUZIEME. [1399]
Tels furenl les griefs allégués contre le roi. Vrais
ou faux, ils ne (levaient être tenus pour constants
qu'après avoir été débattus et prouvés devant lui. On
lui avait promis qu'il paraîtrait devant ses juges, et
c'est le droit de tout accusé, fût-il souverain ; mais
on ne tint compte ni de ce droit ni de cette pro-
messe. Les crimes de Richard furent censés établis
par ses prétendus aveux, sans que personne fût admis
à représenter l'accusé ni à exposer sa défense \
On dit pourtant que l'évêque de Carlisle , indigné
de cette iniquité, ne put se contenir davantage, et,
se levant de son siège, réclama la parole. Il osa sou-
tenir qu'aucun des membres présents n'avait le droit
de juger le roi; que, dût-il être jugé^ il y avait des
formes à suivre; qu'il n'était si mauvais meurtrier
ni si faux traître qu'on n'amenât du moins devant le
juge pour ouïr son jugement : qu'on ne pouvait donc
condamner le roi Richard sans avoir sa réponse et
sans qu'il fût présent. Et, s'enhardissant à mesure
qu'il parlait, il soutint que le duc de Lancastre avait
plus failli contre le roi Richard que n'avait fait le
roi contre lui : « Car, dit-il^ on peut bien savoir que
Mgr le duc fut banni pour dix ans par le conseil du
royaume et par le jugement de son propre père, et il
est revenu au pays sans la volonté du roi ; il a fait
pis : il est assis en la chaise de justice, où nul sei-
gneur ne doit être assis sinon le droit roi couronné
1. Rot. Pari, t. III, p. 422, § 51; Knighton, p. 2756.
l?^99] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 305
d'Angleterre. Pour ce, je dis que vous devez faire
venir le droit roi couronné, le roi Richard, en pré-
sence du plein parlement, pour lui laisser montrer
sa raison et son droit, et pour ouïr s'il voudroit
donner sa couronne au duc ou non (a). »
Le duc répondit en ordonnant au maréchal de
mettre la main sur l'évêque et de le conduire prison-
nier à Saint-Alban. Nul autre n'essaya de relever une
cause si périlleuse pour le défenseur. On désigna des
commissaires qui, séance tenante, rédigèrent et pro-
noncèrent la sentence de déposition; ce furent eux
aussi que l'on chargea de l'aller signifier à Richard,
et de lui retirer l'hommage de la nation (6).
Aussitôt Henri de Lancastre se leva de sa place, et
se tenant droit pour être vu de tout le peuple, il fit
le signe de la croix sur son front et sur sa poitrine,
invoqua le nom de Jésus, et réclama la couronne
d'Angleterre en ces termes, dont le procès-verbal a
donné le texte même en anglais :
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit Je,
Henri de Lancastre, réclame ce royaume d'Angleterre
et la couronne, avec toutes ses dépendances et appar-
tenances, au nom du sang royal que je tiens direc-
tement du roi Henri, et par le droit que Dieu, de sa
grâce, m'a donné avec l'aide de mes parents et de
mes amis pour le recouvrer, quand le royaume était
au point de se perdre par défaut de gouvernement et
violation des lois (c). »
Les seigneurs spirituels et temporels et le peuple
11 — 20
306 LIVRE DOUZIÈME. [1399J
tout entier répondirent unanimement qu'ils l'accep-
taient pour roi; et alors Henri leur montra l'anneau
de Richard, comme un signe que le dernier roi y
avait adhéré lui-même. Puis l'archevêque de Canter-
bury, le prenant par la main, le mena au trône.
Henri s'agenouilla sur les degrés, fit une courte
prière; après quoi, les deux archevêques (de Ganter-
bury et d'York) le firent asseoir sur le siège royal,
aux applaudissements de tout le peuple (a).
Quand le silence se fut rétabli, l'archevêque de
Canterbury prêcha sur ce texte : « Un homme com-
mandera au peuple, Vir dominabitar populo. » Ces
paroles dites par le Roi des rois à Samuel, il montrait
qu'elles pouvaient s'appliquer au nouveau roi, et
que, bien méditées, elles devaient remplir de conso-
lation. « Dieu, disait-il, ne nous menace plus, comme
il menaçait les Juifs par Isaïe, disant : « Je leur don-
ce nerai des enfants pour princes. » Ce n'est plus
un enfant qui nous gouverne, mais un homme, Vir
dominabitur populo. On pouvait dire autrefois des
chefs de ce royaume ces paroles de l'Apôtre : « Lorsque
« j'étais enfant, je parlais en enfant, je sentais en
« enfant, je jugeais en enfant, Cum essem parvulus,
« loquebar ut parvulus, sapiebam ut parvulus, cogi-
« tabam ut parvulus. » Et l'orateur commentait cha-
cune de ces propositions pour rabaisser le dernier
roi et relever Tautre : « Ce ne sera plus un enfant
qui régnera, mais un homme, un homme de qui on
pourra dire : « Heureux l'homme qui n'a point failli
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 307
c( dans son langage, Beatus vir qui non est lapsus in
a lingua; heureux l'homme qui demeurera dans la
« sagesse, Beatus vir qui in sapientia morabitur-, » un
homme qui n'agira pas, comme un enfant, selon son
caprice, mais qui fera la volonté de Dieu : Non veni
facere volimtatem meam^ sed ejus qui misit me; un
homme enfin dont on dira ; « Le roi régnera, et il
« fera régner 1 e droit et la justice sur la terre, Regnabit
« reœ, et sapiens erity et faciet judicium et justitiam in
i< terra\ »
Après ce discours, Henri se leva, et pour confirmer
les heureux présages de l'archevêque, il dit (le
procès-verbal garde encore les paroles en anglais) :
« Messieurs, je remercie Dieu, et vous tous, lords
spirituels et temporels, et tous les États du pays, et
je vous fais savoir que ce n'est pas ma volonté que
personne puisse penser que par voie de conquête je
veuille priver personne de son héritage, franchise
ou autre droit qu'il peut avoir, ni le mettre hors de
ce qu'il a ou a gagné selon les bonnes lois et cou-
tumes du royaume : excepté les personnes qui ont
agi contre le bon propos et le commun profit du
royaume". »
Richard déposé, tous les pouvoirs émanés de lui
devenaient caducs : plus de parlement, plus de jus-
tice. Pour ne point laisser chômer la justice, Henri
renouvela Tinslitution de tous les officiers et reçut le
1. Rot. Pari. A. III, p. 423, S 55.
2. Ibid., ^ 56.
308 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
serment des grands dignitaires et des juges; quant
au parlement, il annonça qu'il le convoquerait pour
le lundi suivant, et que le lundi d'après, jour de la
Saint-Edouard, il serait couronné lui-même à West-
minster. Convoquer le parlement à si court terme,
c'était supprimer le droit d'élire à l'égard de tous
ceux qui n'y venaient que par élection. Les mêmes,
en effet, y étaient appelés, et ils s'étaient trop bien
montrés pour que Henri se souciât d'en appeler d'au-
tres : on ne fit que renouveler au nom du nouveau
roi les lettres qui avaient été expédiées au nom de
Tancien. Mais Henri déclara qu'il n'entendait point
par là porter préjudice aux États du royaume, ni en
tirer exemple pour la suite; que parce bref délai, il
ne recherchait qu'une chose, l'utilité commune, en
épargnant à ses sujets un surcroît de peine et de dé-
pense^ et en portant remède le plus vite possible aux
maux dont le peuple souffrait \
Henri alors se leva de son trône, salua le peuple
d'un air gracieux au milieu des acclamations de la
foule, et passa dans la salle blanche, où un grand
festin réunit tous les principaux seigneurs du
royaume (a).
Le lendemain s'accomplissait une autre cérémonie :
les commissaires désignés par le parlement vinrent
à la Tour signifier à Richard l'arrêt de sa déchéance,
et lui retirer l'hommage et le serment de fidélité qu'il
1. Bot. Pari, t. III, p. 423, § 57.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 309
avait reçu. L'acte est encore donné en anglais, et il
termine l'extrait du procès-verbal de ce parlement
qui avait fait tant de choses en une journée. Devant
cette sorte de défi ajouté à sa déposition, Richard,
dit-on, se borna à répondre qu'il ne prétendait plus
à ces honneurs, et qu'il espérait que son cousin vou-
drait être bon seigneur envers lui (a).
II
LE SACRE DE HENRI IV. — LA CONDAMNATION DE RICHARD II.
Le parlement se réunit, comme il était convoqué,
le lundi G octobre. Le nouveau roi siégeait sur son
trône; et l'archevêque de Ganterbury, après avoir rap-
pelé l'objet de la convocation, fit un nouveau dis-
cours dont il prenait le texte au livre des Machabées :
« C'est à nous d'ordonner le royaume^ Incumbit nobis
ordinare pro regno. » Il annonça que Henri serait
couronné le lundi suivant, et invita le parlement à
s'ajourner jusqu'au lendemain de la cérémonie. Ce
premier jour n'était point d'ailleurs perdu : la nou-
velle assemblée s'était constituée ; on y lui le procès-
verbal de la déposition de Richard, et, en l'adoptant,
les trois Étals consacraient comme parlement de la
première année de Henri IV, ce qu'ils avaient lait
comme parlement de la dernière année deRichard II (a).
Le couronnement de Henri se fit avec une solennité
310 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
extraordinaire. Dès la veille, il avait fait quarante ou
cinquante nouveaux chevaliers. Ils figuraient dans son
cortège avec les ducs, les comtes et les barons d'Angle-
terre, lorsque de la Tour où il avait pris sa demeure,
il alla en grand appareil, la devise de roi de France au
col_, le a bleu gertier » à la jambe gauche, tout vêtu d'or
et monté sur un cheval blanc, s'établir à Westminster
pour se préparer à la cérémonie du lendemain. Ce
jour donc, fête de Saint-Edouard, le roi s'étant con-
fessé (car il en avait bien métier (besoin) dit l'ancien
manuscrit de Froissart) ouït trois messes selon sa
coutume, puis il vint prendre sa place dans le cor-
tège qui l'attendait. C'était d'abord le clergé venu en
procession de l'église au palais pour le prendre : il
marchait devant le roi, les évêques, mitres en tête, et
l'évêque de Londres portant le Saint-Sacrement. Le
roi, vêtu de l'habit royal, mais sans couronne, s'avan-
çait sous uu dais de drap de soie soutenu par quatre
bâtons d'argent à clochettes d'or que tenaient quatre
bourgeois de Douvres. Près de lui étaient portées les
deux épées: à droite, l'épée de Saint-Edouard, l'épée
émoussée (curtana), signe de la clémence; à gauche,
l'épée de justice : la première dans les mains de son
fils aîné^ Henri; la seconde dans celles du comte
de Northumberland, connétable; le comte de West-
moreland, maréchal, portait le sceptre. Derrière ve-
naient les ducs, comtes et barons, vêtus de longues
houppelandes d'écarlate avec de longs manteaux et de
grands chaperons fourrés de menu vair.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 311
Quand on fut dans l'église, le roi alla occuper le
trône couvert de drap d'or qu'on avait élevé sur une
estrade, et l'évêque de Londres officia. Au temps
marqué par le cérémonial, Tarchevêque de Ganter-
bury s'adressant au peuple , dit que Dieu leur avait
donné un roi, et demanda s'ils voulaient qu'il fût
sacré et couronné.
« Oui! » répondirent-ils en tendant les mains.
Sur cette acclamation, on procéda au sacre. Après
le sacre et la vêture, on apporta la couronne, la cou-
ronne de saint Edouard. Quatre ducs, les premiers
du royaume, la soutenaient pendant la bénédiction
sur la tête du roi. Puis, l'évêque de Londres ayant
dit la messe, le cortège royal sortit de l'église et ra-
mena le roi au palais, le connétable et le maréchal
d'Angleterre faisant faire place devant lui. Au ban-
quet solennel qui suivit, le roi siégeait, ayant à sa
droite son fils aîné, Henri, et à sa gauche le conné-
nétable, avec les deux épées que l'on a vues et deux
sceptres, un de chaque coté. A la seconde table
étaient d'un côté, les représentants des cinq ports;
de Tautre, le maire et les aldermen de Londres; et
les grands officiers remplissaient auprès du roi les
devoirs de leur charge : le comte de Warwick comme
panetier, Arundel comme grand bouteillier, le mar-
quis de Dorsct comme grand écuyer tranchant, le
duc d'Aumarle comme échanson. Au milieu du repas,
le chevalier Dymock , armé de pied en cap, l'épée
nue et la dague au côté, entra dans la salle sur son
312 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
cheval de bataille, défiant à outrance quiconque sou-
tiendrait que Henri n'était pas roi légitime, — exacte-
ment comme son père, au sacre de Richard : c'était
la charge de sa maison I II fit trois fois le tour de la
salle , et personne ne relevant son défi , il sortit
comme il était venu (a).
Cette question de légitimité ne laissait pas que de
toucher Henri ; et il n'avait garde de se résigner à la
tenir pour contraire à sa cause. Dans sa réclamation
devant le parlement , faisant valoir son droit au
trône, il avait remonté à Henri III, sans tenir compte
des Edouard! comme s'il eût craint que le nom du
dernier ne rappelât qu'après Richard II il y avait un
prince plus proche héritier de son sang : Tenfant du
comte de la Marche, petit-fils d'une fille de Lionel,
duc de Glarence, frère puîné du prince de Galles.
C'était, de plus, évoquer tacitement cette fable du
prétendu droit d'aînesse d'Edmond Crouchback, dont
il descendait par sa mère, sur Edouard P*" chef
de sa ligne paternelle : droit qu'il avait soin de ne
pas exposer au grand jour; mais lequel de ces lords
songeait à dissiper ces ombres, et à lui demander la
production des chroniques où le vieux Jean de Gand
avait, dit-on, enfoui ce mensonge, dans l'espoir
qu'avec le temps il germerait pour sa postérité? C'eût
été pourtant chose difficile, que de faire rejeter avec
Richard tous ses ancêtres jusqu'à Henri III, à com-
mencer par le prince de Galles et par le vainqueur
de Crécy. Le droit de succession était donc bien dou-
[1399J LA DÉPOSITION DE RICHARD. 313
teux, et le droit populaire est incertain de sa nature :
il peut détruire ce qu'il édifie. Porté au trône par
une révolution, Henri aurait voulu élever sa dynastie
au-dessus dépareilles vicissitudes; et sentant bien ce
qui manquait à la légitimité de sa branche, il entre-
prit d'y suppléer par une autre sorte de droit divin.
On se rappelle avec quelle dévotion il avait pro-
cédé en toute cette affaire. C'était en se signant au
front et à la poitrine, c'était au nom de la sainte
Trinité qu'il avait demandé la couronne de Richard.
Acclamé par le peuple, il s'était agenouillé aux
marches du trône, et ne s'y était assis qu'après avoir
fait une prière. Il avait choisi pour son couronne-
ment le jour de la Saint-Edouard, comme pour se
placer sous le patronage du saint anglais si cher à la
nation. Il s'était confessé ce jour-là, il avait ouï trois
messes avant la messe du sacre : jamais on ne vit
plus saint homme d'usurpateur! C'est à la Religion
qu'il demanda d'imprimer à sa race un caractère qui
la consacrât à jamais; et pour cela il imagina de se
faire oindre d'une huile miraculeuse : une huile que
la sainte Vierge elle-même avait donnée à saint Tho-
mas de Canterbury pendant son exil, en promettant
les plus grandes choses des rois qui en seraient
sacrés'.
Mais d'où lui venait celte huile, et comment n'en
avait-on pas usé plus tôt? il y a\ait sur ce point
1. Walb., \K 360 et 361.
3U LIVRE DOUZIÈME. [1399]
toute une histoire. Cette huile, contenue dans une
ampoule de pierre renfermée elle-même dans un
aigle d'or, Henri, premier duc de Lancastre, l'avait
reçue jadis^ pendant ses guerres de France, d'un saint
homme qui l'avait découverte par révélation. Le duc
la remit loyalement au Prince Noir, et celui-ci la dé-
posa à la Tour, dans un coffre scellé, comptant bien
s'en servir à scn sacre; mais le Prince Noir mourut
avant son père, et Richard fut sacré sans que le
précieux dépôt fût connu de personne. Ce fut seu-
lement en 1399 qu'il retrouva et l'aigle et l'huile
sainte, avec une lettre écrite de la propre main de
Thomas Becket (aucune garantie n'y manque). Ri-
chard, connaissant alors la vertu de cette huile,
demanda à l'archevêque de Canterbury de l'en sa-
crer de nouveau; mais l'archevêque refusa, disant
qu'on ne pouvait être oint plus d'une fois. Le roi la
garda donc, et il l'avait emportée avec lui en Irlande.
Revenu en Angleterre^ et tombé entre les mains de
Henri, il l'avait rendue à l'archevêque, disant qu'il
voyait bien que la Providence divine l'avait réservée
pour un autre ^
Voilà ce qu'on répandait dans le peuple, le jour du
sacre, et, pour que nul n'en doutât, on publiait la
lettre de saint Thomas de Canterbury. Le Religieux
de Saint-Denis, que ses affections ne portent guère à
y croire, se fait pourtant scrupule de la rejeter, et
1. Wals., p. 361.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 315
renregislre dans sa chronique pour que la postérité
juge si le poi sacré de cette huile tiendra tout ce qui
en est promis. Ce n'est point saint Thomas seule-
ment, c'est la sainte Vierge qui parle dans la lettre.
« Une nuit, fait-on dire au saint, que j'étais en
prière dans Téglise de Sainte-Colombe, je demandai
à la Reine des vierges d'inspirer au roi d'Angleterre
et à ses héritiers le désir et le ferme propos de s'a-
mender, et je la priai d'obtenir de la miséricorde
de Jésus-Christ que ce prince traitât l'Église avec
plus de respect et d'amour. Aussitôt la sainte Vierge
m'apparut, ayant en son sein cet aigle d'or et tenant
à la main une petite ampoule de lapis. Elle tira
l'aigle de son sein, y enferma l'ampoule, et, me met-
tant ces deux objets dans la main, m'adressa les pa-
roles suivantes : « Voici l'onction dont doivent être
« sacrés les rois d'Angleterre , non pas ceux qui
« régnent maintenant, mais ceux qui régneront;
V car ceux qui régnent sont et seront méchants, ils
« ont perdu et perdront beaucoup à cause de leurs
« péchés. Mais les rois d'Angleterre à qui cette onc-
« tion est réservée seront débonnaires et se feront
« les champions de l'Église. Ils ne recouvreront
w pacifiquement le pays perdu par leurs prédéces-
« seurs, que lorsqu'ils auront en leur pouvoir celte
« ampoule et cet aigle. Celui d'entre eux qui le pre-
u mier recevra cette onction recouvrera paciCifue-
« ment et sans rfforl lo pays perdu par ses prédéces-
« seurs, <•''•-• Vfliro l-i Normandie ot l'Aquifaino. Cv?
316 LIVRE DOUZU^ME. [1399]
H roi sera le plus grand des rois; il bâtira des églises
« enterre sainte, il chassera tous les païens de Babylone
c( et construira des temples dans cette ville. Toutes les
« fois que le roi portera cet aigle sur son sein, il ob-
« tiendra la victoire sur ses ennemis ; son royaume ira
« toujours s'agrandissant. Pourtoi, tu seras martyr*. »
Thomas fut martyr : comment douter que Henri
ne dût être ce conquérant prédit (a)?
Le parlement, qui s'était ajourné au lendemain
du sacre, ayant donné la couronne à Henri, ne lui
marchanda point le reste. Il lui vota tout d'abord le
subside des laines, non plus à vie, sans doute, mais
pour trois ans; puis il reprit les questions qui
avaient, en sens divers, tant agité le règne de Ri-
chard. On annula le dernier parlement, le parle-
ment de la vingt et unième année : c'était supprimer
ce qu'il avait établi et rétablir ce qu'il avait sup-
primé. Mais de plus on confirma expressément le
parlement révolutionnaire de Tan xi, aboli par l'as-
semblée de l'an xxi. On réhabilita ceux qu'il avait
condamnés, on leur rendit, à eux ou à leurs héri-
tiers, tout ce qu'ils avaient perdu par l'effet de la
condamnation; et comme pour engager plus expressé-
ment le roi dans ces décisions, prises d'ailleurs avec
son concours, on l'interrogea en assemblée générale
sur les deux parlements, on le pria d'en dire son
avis : et il répondit dans le sens que l'on pouvait
1. Reli,y:ieux de Saint-Denys, XX, 13, t. H, p. 729, delà traduction
de M. Bellaf^uet.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 317
attendre. Il déclara en outre (ce qui avait plus d'im-
portance) que les pouvoirs donnés à un comité pour
résoudre, en l'absence et par l'autorité du parlement,
les questions pendantes^ lui semblaient contraires
aux statuts du royaume. Il ajouta que sa volonté était
que rien de pareil ne se fît à l'avenir, et que nul ne
fut jugé comme traître, si ce n'est conformément au
slatut d'Edouard III : déclaration accueillie avec en-
thousiasme comme une sauvegarde contre l'arbitraire,
mais qui jamais n'avait su ni ne pouvait sauver per-
sonne de la violence des passions politiques (a).
Henri se fit donner ce jour même un nouveau
gage du dévouement du parlement, et comme une
sanction nouvelle de la révolution qui transférait la
couronne à sa race. Depuis le temps d'Edouard P'",
l'héritier du trône était prince de Galles. Le roi fit
demander au parlement par l'archevêque de Canter-
bury, s'il approuvait qu'il conférât à son fils les titres
ordinairement donnés au fils aîné du roi (prince de
Galles, duc de Cornouailles et comte de Chester) et
s'il le voulait reconnaître pour héritier de la cou-
ronne ; ce que l'assemblée vota par acclamation.
Alors Henri, siégeant sur son trune, posa une cou-
ronne ouverte sur la tête de son fils ; il lui mit au doigt
un anneau, une verge d'or, dans la main le baisa et
le fit asseoir selon le cérémonial de l'investiture'.
1. Rot. Pari, t. III, p. 426, § 17 (15 octobre); cf. Rymer, t. VIII,
p. 94 (14 octobre) pour la principauté de Galles. Le duché de Cor-
nouailles et le comté do Chester lui sont donnés par un acte du
lendemain. {Ibid., p. 91, 92.)
318 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
La nomination sur laquelle il consultait le parlement
était signée de lui dès la veille :
Il ly donna la terre,
dit Creton;
Mais je cuide bien que conquerre
Ly fauldra, s'il la veult avoir,
Car les Gallois pour nul avoir
Ne le tenroient à seigneur \
Ces mesures prises, les communes voulurent re-
venir en particulier sur plusieurs des actes du mau-
vais parlement, comme on appelait le parlement de la
vingt et unième année de Richard ; et elles insistaient
sur les cinq articles suivants : T Henri banni sans
motif, lorsqu'il était prêt à répondre à l'appel du duc
de Norfolk; 2^^ l'archevêque de Canterbury jugé sans
être entendu ; 3" le duc de Glocester mis à mort sans
être jugé; 4" le comte d'Arundel condamné^ bien
qu'il invoquât les chartes de pardon ; Ô"" tous les pou-
voirs du parlement remis aux mains de quelques
personnes. Et comme les choses dont on se plaignait
n'avaient pu se faire sans l'avis de ceux qui étaient
du conseil, elles demandaient qu'on les mît en ar-
restation, ou qu'on exigeât d'eux caution jusqu'à plus
ample informé {a).
La mort de Glocester était de ces cinq articles
celui qui devait le plus émouvoir l'assemblée et pro-
voquer ses vengeances.
1. Creton, p. 435. Le pays de Galles, en effet, fut bientôt en ré-
volte. Voyez ci-après.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 319
ïl y avait alors dans les prisons de Londres un
homme dont les révélations pouvaient éclairer sur
cette tragique affaire : c'était William Bagot, l'un
des quatre principaux conseillers de Richard, qui,
n'ayant pas été avec les trois autres à Bristol, avait
échappé aux premières exécutions. Mais depuis il
avait été pris, et il semblait qu'il ne dût point tarder
à rejoindre ses collègues, s'il est vrai que Henri ait
dit de lui, parlant de tous les quatre : « Desquels
j'envoyai trois têtes à Londres, et la quarte nous
avons en nos prisons. » La quatrième! Le prisonnier
n'était plus qu'une tête comme les trois autres, aux
yeux du roi : il en parlait comme si elle était déjà
au bout d'une pique, ou sur le pont de Londres.
Comme elle n'était encore qu'à la Tour, on voulut
l'entendre en ce débat sur la mort de Glocester, et
le prisonnier fut amené devant le parlement \
Bagot n'avait à ménager personne, et moins que
personne ceux qui, comme le duc d'Aumarle (Rut-
land), avaient si tôt abandonné Ricliard pour le pré-
tendant. Il remit une déposition écrite dont on donna
lecture au parlement, et où le duc était singulièrement
compromis sur les questions les plus graves. Il té-
moignait de la grande affection que Richard portait
au dûc d'Aumarle; il lui avait entendu dire que s'il
devait renoncer au gouvernement du royaume, c'est
à Aumarle qu'il le voudrait laisser comme au plus
l. Chron. anon. uf). LJuchon, t. XV, p. 31.
320 LTVRE DOUZIÈME. [1399]
capable; car bien qu'il préférât le duc deHerefbrd, il
craignait que ce dernier, s'il était roi, ne fût un tyran
pour l'Église. Bagot arrivait ensuite à l'affaire de
Glocester. Il disait qu'ayant un jour rencontré le duc
de Norfolk (Thomas Mowbray, comte maréchal) dans
une rue de Londres, le duc lui demanda ce qu'il sa-
vait de la manière dont Glocester était mort. « Je n'en
sais rien, avait répondu Bagot^ mais on vous accuse
de l'avoir fait mourir. » Le duc jura ses plus grands
serments que cela n'était "pas vrai; qu'il avait gardé
Glocester en vie pendant trois semaines et plus, contre
la volonté du roi et de certains lords ; et que jamais il
n'avait tant craint pour ses jours, que quand, reve-
nant de Calais, il reparut en présence du roi sans lui
avoir obéi. Bagot ajoutait que le roi l'avait alors en-
voyé lui-même à Calais, donnant mission à l'un de
ses serviteurs et à des serviteurs d'autres lords, d'al-
ler avec lui pour être témoins de la mort de Glocester;
pour sa part, il jurait, comme il en pouvait répondre
devant Dieu, que jamais il n'avait donné son assen-
timent à ce que le duc mourût de la sorte; qu'il y
était allé uniquement par crainte du roi et pour sau-
ver sa propre vie. Il affirmait qu'il n'y avait personne
dans tout le royaume à qui Richard fût plus redevable
qu'au duc d'Aumarle ; car c'était celui qui, pour lui
complaire, avait amené tout ce qui avait été fait contre
Glocester et les autres lords ^
1. Jeudi 16 octobre. Ghron. Ms. Bodl., 2376, f 207'^ et suiv.
Archaol^ t. XX, p. 278.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 321
Dans ce bill, qui contenait plus d'un aveu compro-
mettant pour lui, Bagot avait eu soin de se ménager
des excuses, non sans incriminer Richard (mais cha-
cun se déchargeait sur lui sans scrupule). Il parlait
des intrigues secrètes du dernier roi contre le nou-
veau^ quand celui-ci était encore en exil, intrigues
dont il se vantait d'avoir instruit le prince en France
par un intermédiaire qu'il nommait. Il finissait par
un dernier trait contre le duc d'Aumarle ; celui-ci
avait dit qu'il voudrait pour 20 000 l. que le duc de
Hereford fût mort, non qu'il le craignît, mais pour
épargner au pays le trouble où le duc le devait
jeter (a).
Après la lecture de ce bill accusateur, le duc d'Au-
marle se leva, dit que tout ce qu'on venait d'entendre
était faux, et s'engagea à le prouver corps pour corps
ou de toute autre manière. Le duc d'Exeter (Jean de
llolland) se leva ensuite et somma Bagot, s'il avait
quelque chose à dire contre lui, de le faire publi-
quement. Bagot répondit qu'il n'avait rien à dire :
« Mais il y a, dit-il, à Newgate un certain John Halle
qui pourra parler.
— Eh bien! dit le duc, j'ai, moi, quelque chose à
dire sur vous. »
Et il raconta qu'un jour que le roi était à Wood-
stock, il fut mandé près de lui dans la chapelle où il
le trouva avec Norfolk et Bagot; et là, les portes étant
fermées, on le requit de jurer sur Tautel qu'il garde-
rait secret ce qui lui serait comnmniqué. Le roi (mais
II — 21
322 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
est-ce bien Jean de Holland son frère qui a parlé
ainsi?) le roi donc lui dit qu'ils n'arriveraient jamais
à leurs fins tant que vivrait le duc de Lancastre. 11
proposait de tenir un conseil à Lichfield, d'y arrêter
le prince, et, sous prétexte de résistance, de se dé-
barrasser de sa personne, « C'est ainsi, s'écria le duc
d'Exeter, que vous avez machiné sa mort. » Quant à
lui-même, dans cette conjoncture, il s'était borné à
trouver bon que le roi réunît le conseil, disant que
si le projet était agréé, il ne s'y opposerait pas, et
il était parti.
Bagot, ainsi interpellé, ne fit pas de réponse*.
Mais c'est l'affaire de Glocester qu'on voulait éclair-
cir avant tout. Bagot avait nommé J. Halle. Le roi
ordonna aux lords Berkeley et Lowel d'aller ce
jour même l'interroger dans sa prison. J. Halle fit
une déclaration qui fut recueillie par le clerc de la
couronne (elle porte la date du lendemain, vendredi
47 octobre); et le jour suivant (samedi 18), il fut,
ainsi que Bagot, amené à la barre du parlement. On
fit quelques questions nouvelles à Bagot, et on donna
lecture de la confession de J. Halle. Il y disait que le roi
et le duc d'Aumarle^, alors comte de Rutland, avaient
envoyé leurs valets pour assister à l'exécution; et c'é-
taient ces derniers^ on l'a vu, qui avaient le principal
rôle dans le récit qu'il faisait du crime. Gomme le duc
d'Aumarle niait encore, lord Fitz-Walter se leva et
1. Holinshed, t. II, p. 511, et la Chronique du Ms. BodI., qui re-
prend au dernier trait. ^
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 32;i
affirma qu'il était coupable, l'accusaat pour cela de
trahison :
t< Je le prouverai, dit-il, corps pour corps, et voici
mon gage ! »
Il jeta son gant, et vingt autres lords ou barons
donnèrent aussi gage contre Aumarle.
« Vous mentez faussement, s'écria le duc, et voici
mon gage! »
Et il jeta son chaperon par manière de défi.
Le duc de Surrey s'était levé seul comme défenseur
d'Aumarle : c'était aussi au fond sa propre cause.
« Vous soutenez, dit-il^ que les appelants ont été les
auteurs de la mort de Glocester. J'affirme que nous
avons été forcés de poursuivre cet appel, de la même
manière que vous avez été forcés de prononcer le
jugement : cette poursuite n'a donc pas été libre. Si
vous dites le contraire, vous mentez! »
Et il jeta son gage. Fitz-Walter répliqua qu'il n'a-
vait point donné jugement, qu'il n'était point à ce
parlement; et il en appela au témoignage des autres
lords : mais ceux-là y étaient, et l'argument de Sur-
rey les atteignait sans qu'ils s'en pussent défendre.
Aumarle, reprenant la parole sur un des points de la
confession de J. Halle, dit que si le duc de Norfolk
(on ne connaissait probablement pas encore sa mort)
Taccusait d'avoir envoyé deux valets à Calais pour
faire périr le duc de Glocester, il mentait faussement :
H Je le prouverai, ajontn-t-iK rorps pour corps, et
voici mon gage ! |^
324 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
El il jeta en manière de défi un autre chaperon qu'il
s'était fait donner à l'heure même. Le gage fut ra-
massé comme les autres et remis au connétable et au
maréchal; et le roi déclara qu'il autoriserait le duc de
Norfolk à rentrer dans le royaume pour répondre au
défi, permission dont le duc, eût-il été vivant, n'eût
guère usé, sans aucun doute. Mais Henri ne voulait
point perdre Aumarle. Le duc d'York, son oncle, père
du prince accusé, l'avait accueilli, dès son arrivée,
loin de le combattre. Aumarle lui-même n'avait pas
attendu la chute de Richard pour venir à lui : il avait
hâté la ruine du malheureux roi en le quittant pour
rejoindre son rival. Henri ne se souciait donc point
que personne relevât ce défi, et il laissa tomber les
autres. Il n'avait garde de remettre une cause déjà
gagnée pour lui au hasard de ces batailles (a).
Bagot fut ramené à la Tour. Le parlement lui sa-
vait gré d'avoir chargé le duc d'Aumarle, Henri
d'avoir chargé Richard : c'était motif d'indulgence,
quand bien même l'ancien ministre du roi déposé
n'eût pas racheté ses fautes auprès du nouveau roi
par des révélations, faites à temps, sur les intrigues
dont ce prince avait été l'objet jusque dans son exil.
Le prisonnier ne tarda pas longtemps à être mis en
liberté, et le parlement suivant demanda qu'il fût
rétabli dans ses biens. Quant à J. Halle, il paya pour
tous les autres. Vraie ou fausse, sa confession ne lui
servit guère, et on ne lui laissa pas le temps de se
raviser. Les seigneurs, consultés sur la peine qu'il
{
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 325
méritait, déclarèrent qu'il n'y en avait point de trop
grave pour son crime. Il fut condamné au supplice
des traîtres, et, le jour même, traîné de la Tour jus-
qu'aux fourches de Tibourne : on l'éventra, on prit
de ses entrailles que Ton brûla devant lui; après
quoi il fut pendu, décapité et mis en quartiers. Sa
tête fut envoyée à Calais, lieu du crime, et les quar-
tiers où il plut au roi (a).
Les communes ne se tenaient point pour satisfaites
d'une telle victime. Aumarle leur avait échappé sur
la question du meurtre de Glocester; mais il y avait
d'autres moyens de le reprendre^ lui et d'autres en-
core. Elles prièrent le roi de faire arrêter tous les
seigneurs spirituels ou temporels qui avaient été du
conseil de Richard : « Car il y avait, disaient-elles,
certains prélats ou seigneurs qui avaient prédit à
Richard, par nécromancie, qu'il périrait si d'autres
n'étaient mis à mort; » ils étaient donc coupables de
l'avoir poussé à les faire mourir. Le roi se refusa à
donner un ordre qui, conçu en termes généraux, pou-
vait mettre trop de monde en péril. Il dit qu'il ne le
ferait que si les noms étaient produits. Elles deman-
dèrent alors que les registres du « mauvais parle-
ment » fussent apportés : on y devait voir les noms
des coupables (samedi 18 octobre)'.
En conséquence, le mercredi 22 octobre, les re-
1. Chron. Ms. Bodl. Archxol., t. XX, p. 279. Le lundi était l'oc-
tave de la Saint-Edouard; le mardi, le roi fut retenu avec les am-
bassadeurs de France. Le mercredi fut le premitr jour libre.
326 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
gistres demandés turent produits. On y lut les ap-
pels (ou accusations) portés contre Glocester et ses
amis, la commission donnée aux Douze pour tenir
lieu du parlement en son absence. Divers noms
étaient compromis dans ces actes, voire celui de
Henri lui-même, qui maintenant présidait à ces re-
présailles. Mais il en était un qui dominait tous les
autres et se trouvait partout : celui de Richard. L'an-
cien roi n'était-il pas couvert par son tUre ? et le
parlement n'avait-il pas épuisé son droit sur lui en
le déposant? La question était simple, et, pour la
résoudre, il n'était pas besoin des deux juriscon-
sultes que les communes s'étaient fait adjoindre;
mais, quel qu'ait été l'avis de ces derniers, elles déci-
dèrent que le roi, après son abdication et sa déposi-
tion, étant ramené au niveau commun, il pouvait
répondre de ses actes comme tout autre homme , et
elles entendaient parler des actes qui avaient précédé
sa déchéance ! Elles insistèrent donc pour qu'on le
jugeât et qu'on publiât la sentence, afin que le
royaume ne fût pas mis en trouble. Henri devait être
touché de cette dernière raison. Il voyait la cou-
ronne décernée à lui et à sa race; mais Richard était
là, et pouvait provoquer la sympathie maintenant
qu'il était tombé : car plusieurs avaient été entraînés
plus loin qu'ils ne l'eussent voulu, et cette sorte d'en-
traînement laisse après soi plus d'un regret. La de-
mande des communes allait donc au-devant de ses
vœux, et peut-être ne faisait que les suivre. H l'agréa,
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 327
et ce fut le lendemain jeudi, 23 octobre, que le sort
de Richard fut soumis au jugement des seigneurs*.
La délibération s'entoura d'un mystère qui peut
donner matière à plus d'une conjecture.
Selon le texte même des procès-verbaux, l'arche-
vêque de Canterbury^ ouvrant la séance, somma, au
nom du roi, les lords spirituels et temporels de s'en-
gager sur leur foi d'hommes liges à ne révéler à nul
être vivant ce qui leur serait communiqué. Puis le
comte de Northumberland leur demanda de quelle
manière ils entendaient que l'on gardât Richard pour
la sûreté du roi et du royaume, sans toucher à sa
vie, « car le roi, dit-il, voulait en toutes manières
qu'elle fût sauvée. » Chacun des prélats et des lords
fut interrogé séparément; et tous souscrivirent à cette
résolution : « que Richard fût tenu en garde dans un
lieu solitaire, sous la surveillance de gens sûrs; que
nul de ceux qui lui avaient été familiers n'approchât
de sa personne, et que cela se fît le plus secrètement
possible. »
La décision étant prise, les prélats et les lords la
signèrent. On est heureux de ne trouver dans la liste
des signataires, enregistrée aux rôles, ni l'évêque de
Carlisle, ni le frère, ni le neveu du roi (Jean de Rol-
land et Thomas, comte de Kent), ni Salisbury, ni
1. La chronique citée est d'accord, pour cette date et pour celle
de la sentence , avec les registres du parlement. Le conseil des
Douze, comme elle l'appelle ici (p. 280), comptait, on Ta vu, plus
de douze membres. (Voyez ci-dessus, p. 203.)
328 I.IVRE DOUZIÈME. [1399]
même aucun de ceux qui avaient été fidèles à la cause
de Richard jusqu'à sa chute. On n'y trouve même pas
Rutland. Mais on a le regret d'y lire, parmi d'anciens
serviteurs de Richard, le nom de Richard le Scrop*.
Cette résolution secrète tenait lieu de jugement :
ii ne s'agissait plus que de lui donner forme de sen-
tence. Le lundi 27 octobre, le roi vint en la grande
salle de Westminster, et là, du consentement des
prélats et des lords, Richard, naguère roi d'Angle-
terre, fut condamné à la prison perpétuelle ^
La délibération et le jugement sont consignés dans
les procès-verbaux, et la sentence fut rendue dans
la grande salle de Westminster, en plein parlement.
Quel était donc Tobjet de ce secret absolu exigé
préalablement de chacun des seigneurs sur leur foi
d'hommes liges? et à quoi servait-il de les y obliger,
si la matière de la délibération devait être inscrite
dans les registres, et le jugement qui la résume, pu-
blié dans le pays? Aussi a4-on supposé que tout n'a
pas été mis par écrit, et que la résolution prise alors
allait plus loin que ne le portait la sentence. Le pro-
cès-verbal dit que le roi voulait que la vie de Richard
fût sauvée en toutes manières. La chronique française
anonyme reconnaît que la sentence réduisait la peine
à la prison ; mais elle prétend qu'il fut convenu que,
1. Délibération sur le sort du roi (jeudi 23 octobre). Rot. Pari.,
t. III, p. 424, § 73. — Liste des lords qui ont signé. Ibid., $ 74. Cf.
Ghron. Ms. Bodl. ArchœoL, t. XX, p. 280.
2. Rot. Pari., t. lil, p. 427, § 76, et Ghron. Ms. Bodl. Ârchxol.,
t. XX, p. 280.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 329
si quelque mouvement éclatait en faveur du prison-
nier, il serait le premier mis à mort. La chose fut-
elle dite, en effet? est-elle de celles qui se disent? et
Henri avait-il besoin qu'on la dît? Dans tous les cas,
on comprend fort bien qu'on ne l'ait pas écrite; et le
secret commandé au conseil autorise le soupçon,
quoique peut-être il ne le justifie pas\
m
SATISFACTIONS ET REPRÉSAILLES.
Le roi condamné, les communes demandèrent que
les seigneurs compromis dans les actes du « mauvais
parlement » fussent appelés à se justifier. C'étaient
les principaux amis de Richard, tous ralliés à Henri,
ou du moins reçus en grâce : mais on n'en était que
plus ardent aies poursuivre. Le parlement se réunit le
mercredi 29 octobre, et on commença à donner lec-
ture des procès. Parmi les condamnés était le comte
deWarwick, accusé de même queGlocester et Arun-
del , et condamné comme traître, mais qui, s'étant
reconnu coupable et ayant demandé merci, avait vu
sa peine commuée en exil. Il était revenu de Texil;
il avait assisté à la déposition de Richard, à lavéne-
ment de Henri : il siégeait là parmi les lords. War-
1. Hésolution secrète sur la vie de Hichard, selon la Chronique ano-
nyme. Buchon, t. XV, p. 33.
330 LIVRE DOUZIÈME. [1.399]
wick , à la lecture des actes de son jugement, pro-
testa qu'ils étaient faux; qu'il n'avait ni avoué le
crime , ni demandé grâce. Comment donc avait-il
échappé au sort du comte d'Arundel ? C'est une ques-
tion que personne ne hasarda. Warwick niait, jetait
le défi à quiconque soutiendrait le contraire ; et son
gage ne fut point relevé \
Mais ce n'était point Warwick que l'on voulait re-
mettre en cause : on n'évoquait sa condamnation que
pour en demander compte à ses accusateurs. Les
ducs d'Aumarle, de Surrey, d'Exeter, le marquis de
Dorset, les comtes de Salisbury et de Glocester furent
successivement invités à répondre ^
Aumarle parla le premier. Il n'était plus indirec-
tement pris à partie comme dans l'enquête sur la mort
de Glocester. Il avait à s'expliquer sur des faits précis,
sur un acte signé de son nom. Il reprit néanmoins en-
core l'autre affaire, qui, dans la pensée de ses juges,
n'en était pas séparée. Il protesta qu'il était entière-
ment étrangère la mort du duc, son oncle; qu'il ne
l'avait pas conseillée, qu'il n'y avait pas consenti. Il
soutint même qu'il n'était pas davantage l'auteur de
l'accusation portée contre le prince et les autres, et que
•
1. Les lords appelants de la 2P année de Richard invités à se jus-
tifier. Chron. Ms. Bodl. Ârchœol.^ t. XX, p. 280. — Protestation de
Warwick. Ibid.
2. Qu'on n'oublie pas qu'Aumarle est Edmond d'York, comte de
Rutland; Surrey, Thomas de Holland, comte de Kent; Exeter, Jean
de Holland, comte de Huntingdon ; Dorset, Henri de Beaufort, comte
de Sommerset; Salisbury, Jean de Montaigu; et Glocester, Thomas
le Despenser.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 331
ce qu'il avait fait, c'était par le commandement du
roi, à qui il ne pouvait désobéir. Quant à l'exil du
Henri et à Tacte qui l'avait voulu priver de son héri-
tage, cela avait été entièrement contre sa volonté. Il
défiait qu'on soutînt le contraire, et en appelait au
témoignage de divers lords. — Le duc de Surrey pria le
roi d'avoir égard au jeune âge qu'il avait au temps de
cette accusation; il avait cédé à la crainte en y don-
nant son nom, mais n'avait trempé en rien dans la
mort de Glocester. Pour ce qui touchait Henri, il di-
sait n'avoir connu sa condamnation à Texil que quand
déjà le prince était entré dans la lice pour combattre
le duc de Norfolk; enfin, au temps de la révocation
des lettres patentes qui garantissaient les droits de
l'exilé, il était en Irlande. — Leduc d'Exeter s'excusa
comme le duc d'Aumarle. Il ajouta seulement qu'il
avait entendu dire au roi Richard que le duc de Glo-
cester devait être mis à mort. — Le marquis de Dorset
donna les mêmes assurances, sauf l'assertion relative
à la mort de Glocester, dont il n'avait rien su de son
vivant. — Le comte de Salisbury dit qu'il avait pris
part à Taccusation, de même que les autres seigneurs
(ceux qui maintenant étaient ses juges) avaient con-
senti au jugement, c'est-à-dire sous l'empire de la
crainte. Quant à l'imputation d'avoir voulu tuer le
duc de Lancaslre, imputation rapportée à Norfolk
dans le bill déposé par Henri lui-même devant Ri-
chard au parlement de Shrewsbury, le comte la re-
poussait énergi(iuemenl, disant que si Norfolk était
332 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
là, ou quelqu'un en son nom, il saurait bien s'en défen-
dre en gentilhomme, de telle façon que voudrait Henri .
Mais pour ce qu'il avait fait par crainte de la mort, il
en demandait merci à Dieu et au roi. — C'était aussi
par contrainte, et quand déjà Faccusation était signée
de tous les autres, que le comte de Glocester (Despen-
ser) disait y avoir donné son nom. Il était étranger à
tout le reste, et il se mettait en la grâce du roi.
Le roi avait dit qu'après les explications données,
si quelqu'un y voulait contredire, il serait entendu :
et le procès-verbal ne constate aucun débat de cette
sorte. Mais le texte du jugement prononcé en anglais
par le président du banc commun, W. Thirnyng, rap-
pelle pourtant, dans le résumé qu'il fait de la procé-
dure, que deux lords s'élevèrent, l'un, Morley, contre
Salisbury, et l'autre, Fitz-Walter, contre Aumarle:
soit que Fitz-Walter ait repris la parole, soit que le
juge fasse allusion au débat que la chronique ma-
nuscrite a placé avec plus de précision, quant aux
dates, lorsque l'occasion s'en présenta pour la pre-
mière fois dans l'enquête ouverte sur la mort du
duc de Glocester.
La chronique est d'accord avec l'exposé du juge
Thirnyng, pour placer ici l'accusation de lord Mor-
ley contre Salisbury. Morley lui reprochait d'avoir été
tout à la fois dans les conseils de Glocester et dans
ceux de Richard, et d'avoir dénoncé le duc au roi :
c'est pourquoi il l'accusait de trahison envers son
maître, offrant de le prouver en champ clos ; et les
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 333
gages (le bataille, jetés de part et d'autre, furent
remis au connétable et au maréchal jusqu'au jour du
combat. Dans la présente affaire, c'était Salisbury que
l'on soupçonnait d'être le promoteur de l'acte incri-
miné; et le roi, qui ne l'aimait pas, n'eût pas été fâché
de l'en convaincre, afin d'attirer sur sa tête toutes les
rigueurs des juges. La chose étant renvoyée à l'exa-
men des lords, ils se réunirent le lendemain matin,
et, appelant, l'un après l'autre, les accusés, moins
Salisbury, ils leur demandèrent qui leur avait parlé
pour la première fois de cet acte^ où ils n'avaient, di-
saient-ils, pris part qu'à Tinstigation d'autrui et par
contrainte. Mais on ne put tirer d'eux que la promesse
de le dire si la mémoire leur en revenait. On prit donc
le parti d'en finir par une sorte de compromis, où,
tout en alléguant les rigueurs du droit strict, on fe-
rait, pour l'honneur du roi, une grande part à la
grâce. C'est pourquoi le lendemain vendredi (31 oc-
tobre), sur l'avis conforme des lords spirituels, il fut
déclaré que, si l'on observait les statuts de l'an xi de
Richard touchant la trahison, trop de monde y serait
impliqué avec les appelants. Le roi y renonçait, ai-
mant mieux faire miséricorde : mais, comme il fallait
une satisfaction, la sentence condamnait les lords ap-
pelants, devenus accusés à leur tour, à perdre les ti-
tres et les biens qu'ils avaient reçus à l'occasion de
cet appel, ou depuis. Tout en gardant ce qu'ils
avaient auparavant, ils redevenaient ce qu'ils étaient
alors : le duc d'Aumarlc, comte de Kutland , le duc
334 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
de Surrey, comte de Kent; le duc d'Exeter, comte
de Huntingdon ; le marquis de Dorset, comte de
Sommerset; le comte de Glocester, sir le Despenser;
Salisbury gardait son titre^ qui lui était venu par
héritage. Défense leur était faite de donner leur livrée
à personne, et de retenir dans leur compagnie plus
d'hommes que ne l'exigeait le service de leur hôtel.
Que si l'un d'eux tentait jamais de prendre en main
la cause de Richard, soit par conseil, soit par quel-
que entreprise contre les actes qui l'avaient déposé
et condamné, il devait être réputé traître. Pour offrir
une autre satisfaction au public, comme on les accu-
sait d'avoir abusé de la faveur du roi au détriment
du peuple, on devait publier que si quelqu'un avait
à se plaindre d'eux, il le fît, et qu'il obtiendrait
justice (a).
En provoquant ces jugements, les communes, in-
struites par l'expérience de tant de décisions prises
et cassées, de tant d'accusateurs devenus accusés à
leur tour, et de juges condamnés , semblent avoir
voulu se mettre en garde contre les suites possibles
d'une révolution en sens contraire.
Le jour qu'elles rentrèrent en séance après les fêtes
de novembre (3 novembre), elles renouvelèrent leur
protestation et insistèrent sur ce point : que les ju-
gements en parlement sont l'affaire du roi et des
seigneurs, et non des communes^ si ce n'est en tant
que le roi veut bien les leur communiquer. Elles de-
mandaient donc qu'il fût bien constaté dans les re-
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 335
gistres qu'elles étaient étrangères aux jugements
rendus ou à rendre; et l'archevêque de Canterbury
déclara, au nom du roi, qu'en effet le droit de péti-
tion était le propre des communes, et le droit de ju-
gement, du roi et des lords*.
Telle fut la suite des actes judiciaires qui occupè-
rent le premier parlement de Henri IV. On avait
commencé par le fait qui s'était accompli en dehors
du parlement : la mort du duc de Glocester. W. Ba-
got et J. Halle y avaient impliqué le comte de Rut-
land ; mais le roi avait fait tomber la chose en ce qui
touchait un prince dont la défection l'avait tant servi.
Quant aux deux dénonciateurs^ ils avaient eu un
sort fort divers. L'un, soupçonné d'être du conseil,
avait été remis en prison, d'où l'on finit par le tirer;
et l'autre, simple témoin de l'exécution, puni du
supplice des traîtres. Puis on avait repris les actes
du parlement de l'an xxi de Richard (1397). Mais,
dans cette revue du passé, le premier coupable, celui
qui se trouvait au premier rang sur tous les points
incriminés, c'était le roi ; et maintenant qu'il était
déposé, les communes avaient trouvé tout simple de
le remettre en cause : c'était donner un nouveau
gage à la main qui les avait choisies. Henri n'avait
eu garde d'y résister; et, dans ce second jugement
de faits déjà jugés, il paraissait encore user de grâce.
Il avait demandé que Richard eût la vie sauve : c'est
1. Rot. Pari., t. III, p. ^27, § 79, et Chron. Ms. Bodl. ArchœoL,
t. XX, p. 231. Le jour en nst donni'î dans los deux toxfps.
336 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
par mesure de salut public et pour le bien du
royaume, qu'on le reléguait en prison pour toujours.
— Après Richard, ses conseillers; et Henri n'eût pas
été fâché de trouver parmi eux une victime : Salis-
bury, par exemple^ celui qui avait été envoyé à la
cour de France pour combattre la faveur dont il y
jouissait dans son exil. Mais aucun d'eux n'ayant
aidé à ce dessein, il s'était vu dans l'alternative de
l'épargner comme les autres, ou de frapper égale-
ment des seigneurs, les plus grands du royaume, et
plusieurs même, ses parents, ralliés à lui. Il avait
mieux aimé le premier parti; et on s'était contenté de
les ramener à leur ancien état, en leur retirant des
titres et des biens reçus pour prix de leur complai-
sance criminelle.
Henri^ dans toutes ces affaires, avait donc pris le
rôle le plus habile : ne refusant point toute satisfac-
tion aux sentiments qu'il avait provoqués pour ren-
verser Richard, et se faisant donner;, par la condam-
tion du roi déchu à la prison, une nouvelle garantie;
mais bornant là toutes représailles, et, en ce qui
touchait les amis de l'ancien roi , prenant à tâche de
contenir plutôt que d'exciter le zèle de ses partisans.
Il s'était montré, du reste, aussi libéral envers ces
derniers, qu'ils l'avaient été eux-mêmes pour lui et
pour sa propre famille. Henri, fils aîné du roi, avait
déjà été nommé prince de Galles, duc de Gornouailles,
comte de Chester. Le jour même oii l'on convenait de
reléguer Richard en prison, il fut nommé duc de
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 337
Guyenne; et, un peu après, le roi lui conférait en-
core le duché de Lancastre, voulant maintenir à
l'héritier du trône le titre de sa maison. L'archevêque
de Canterbury, le principal agent de la révolution, et
l'intermédiaire du roi auprès des communes ou des
communes auprès du roi pour les honneurs conférés
au jeune prince, eut à son tour sa récompense. Dès
sa rentrée en Angleterre, il avait comme par un droit
de retour {jus postliminn) qui se relevait du droit de
la victoire, repris possession de son siège, aux dé-
pens de Roger de Walden que Richard lui avait sub-
stitué. Mais Tintrus lui avait fait tort pendant son
court passage. A la demande du duc d'York, du
comte de Northumberland et de plusieurs autres sei-
gneurs, le roi l'autorisa à en poursuivre toute satis-
faction, ajoutant qu'il n'y avait personne à qui il
se crût plus obligé de faire justice, et de se montrer
favorable. Le comte de Northumberland et le comte
de Westmoreland, outre les titres de connétable et
de maréchal, obtinrent encore, le premier l'île de
Man qu'avait possédée W. le Scrop; le second, le
comté de Richmond que le duc de Bretagne perdait
encore, après l'avoir si longtemps réclamé \
1. Le prince de Galles, duc de Guyenne, Hot. Pari, t. III, p. 427,
J^ 75 ; — duc de Lancastre^ Ibid.y p. 428, S 81. — Demande de plu-
sieurs lords en faveur de l'archevêque de Canterburtj (30 octobre).
rbid., p. 427, S 78, et p. 434, ,S 109. — Ufle de Man au comte de
Northumberland; — le comté de Richmond au comte de Westmore-
land. Wals., p. 361; Otterbourne, p. 223. Cf. liot. Pari, t. III,
p. 427, S 77.
Il — 22
338 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
Dans cette réciprocité de bons sentiments, s'il
fallait à l'autorité du nouveau roi quelque sanction
de plus, le parlement ne pouvait que s'y prêter de
bonne grâce. Il en était une que devait désirer sur-
tout celui qui avait paru attacher tant d'importance
à la sainte ampoule de Thomas Becket : c'était celle
du saint-siége. Afin de lui rendre les négociations de
ce côté plus faciles, le parlement mit à sa discrétion
le fameux statut des proviseurs : non point, comme
dans les dernières années de Richard, pour l'inter-
valle de deux parlements, et avec l'obligation de
rendre compte des modifications qu'il y aurait fait
subir ; mais avec le droit de le suspendre, de le sup-
primer même, et sans réserve. Les communes lui don-
nèrent une autre preuve de leur entier abandon.
Comme au temps de Richard , elles exprimèrent le
vœu qu'il fût aussi libre qu'aucun de ses prédéces-
seurs : vœu dangereux après l'abus que Richard
venait d'en faire; aussi avaient-elles soin de rappeler
que c'était à tort qu'il s'était cru par là autorisé à
changer les lois. Henri^ content de cet acte de défé-
rence, s'empressa de les rassurer, protestant qu'il
n'en voulait faire usage que pour maintenir les sta-
tuts et les coutumes du pays (a).
Le roi en devait user surtout pour donner satis-
faction aux demandes diverses des communes.
Le rôle des pétitions était naturellement fort chargé,
à la suite de la révolution qui venait de s'accomplir.
Il y avait beaucoup à réparer dans le passé; et pour
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 339
l'avenir, des garanties à prendre. Dans la double
liste de pétitions qui fut soumise au roi, les com-
munes demandent la suppression des actes de despo-
tisme, la révocation des dons abusifs, la réparation
des dommages soufferts par les comtés ou même par
les personnes : indemnités aux condamnés ou à leurs
héritiers, indemnités plus spécialement à l'arche-
vêque de Ganterbury; elles intercèdent même en fa-
veur des juges qui avaient signé jadis la fameuse
consultation de Nottingham, en faveur de la duchesse
d'Irlande, répudiée par Robert de Vère, et du jeune
comte d'Oxford, neveu de Robert : c'était, il est vrai,
faire leur cour à Henri, dont la duchesse d'Irlande et
la comtesse d'Oxford étaient parentes. Elles deman-
dent l'amnistie pour tout ce qui a été fait dans la
dernière révolution; et^ d'autre part, que l'on con-
firme, nonobstant les décrets postérieurs, les ventes
ou donations de biens confisqués par suite des juge-
ments de l'an xi. Quant au présent et à l'avenir, elles
veulent des mesures qui garantissent la paix publique
à l'intérieur, et la défense du pays; des grands offi-
ciers à qui il soit interdit d'accepter des présents;
des juges qui ne laissent point violer la loi sous pré-
texte que leur vie serait compromise à la défendre ;
des juges de paix choisis dans chaque comté parmi
les plus vaillants et les meilleurs; une enquête sé-
vère en tout ce qui regarde les finances ; la suppres-
sion des pénalités qui pouvaient compromettre le»
franchises de Londres, mais aussi la suppression de
340 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
l'inique tribut exigé par la ville au marché de Smith-
field (a).
Le roi répondit généralement à ces demandes selon
que les communes le désiraient. Il promit de bons
juges, des officiers incorruptibles, le redressement
des torts, la répression des désordres. Tout en réta-
blissant le parlement de l'an xi, il abolit, à la de-
mande des communes elles-mêmes, comme un anté-
cédent périlleux , l'article qui tenait pour traître
quiconque tenterait la moindre chose contre les actes
de ce parlement. Il avait déjà déclaré que le crime de
trahison ne pourrait être recherché en dehors des
définitions du statut d'Edouard III : sur la demande
des communes que les accusations en cette matière
ne fussent plus portées au parlement, mais aux cours
du royaume, il promit de les renvoyer à la juridiction
en usage chez ses prédécesseurs. Il prononça en par-
lement la suppression des livrées qui se liaient aux
abus de la maintenance, reconnut aux vicomtes de
Londres le droit de tenir leurs assises, même en l'ab-
sence du coroner, si, dûment convoqué, il négligeait
de s'y rendre ; régla la question de l'étaple, gardant
à Calais son privilège pour les grosses marchandises
(laines, plomb et étain), et laissant au chancelier le
soin de régler ce qui concernait les autres (beurre,
fromage, miel, etc.), ce qui promettait, sur ce second
point, la liberté. Il abolit les blancs seing exigés des
comtés par Richard, et ordonna qu'ils fussent brûlés
sur les places publiques des cités et des bourgs; il
:1399^ LA DÉPOSITION DE RICHARD. 341
confirma toutes les anciennes chartes de pardon :
mais quant à l'amnistie qu'on le priait de rendre gé-
nérale (à l'exception des meurtriers de Glocester) sans
qu'on eût besoin de la demander, il ne l'accorda que
dans les anciennes formes, fixant un délai, pour la
demande de pardon, afin de tenir par ces déclarations
les amnistiés sous le contrôle de sa police; et les dif-
férences pétitions qui intéressaient le Trésor^ motivè-
rent aussi des distinctions dans ses réponses. Les
communes demandent-elles qu'on paye au nouveau
roi ce qui était dû à Richard? le roi le veut; s'agit-il
de payer au contraire les sommes que Richard a em-
pruntées, les réquisitions qu'il a faites, les vivres
qu'on lui a fournis? le roi s avisera. Faut-il réparer
les torts de Richard à l'égard des partisans de Henri ?
le roi le veut^ mais s'agit-il d'indemniser les comtés
qui, tout en adhérant à la cause du nouveau roi,
ont souffert du passage de ses troupes? le roi s'avisera;
et ce n'est qu'avec des réserves analogues qu'il ré-
pond aux réclamations des communes contre les
dons excessifs de son prédécesseur ou de lui-même (a).
Avant de se séparer, le parlement eut à revenir
encore, par un incident, sur les débats judiciaires
qui avaient marqué les premiers jours de sa session.
Il fil paraître devant lui W. Rickhill, ce juge envoyé
à Calais pour interroger Glocester, et qui en avait
rapporté sa confession, que l'on a vue (mardi, 1S no-
vembre). Mais Rickhill avait si bien su mettre toutes
les formes de la loi de son côté dans cette mission
342 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
délicate, que les esprits les plus mal disposés n'y
virent rien à reprendre : il n'avait agi que selon un
mandat exprès, n'avait rien fait que devant témoin,
ni rien rapporté que Glocester n'eût écrit. De l'aveu
de tout le monde^ le président du banc du roi le dé-
clara sans reproche \
Une scène pénible marqua le dernier jour de ce
parlement.
W. le Scrop, H. Green et J. Bussy avaient été dé-
capités à Bristol : mais cette exécution sommaire pou-
vait n'avoir aucun effet légal en ce qui touchait leur
état civil et leur succession. Les communes deman-
dèrent que cette sentence fût sanctionnée par le parle-
ment, afin qu'elle eût son plein effet. Là-dessus, le vieux
Richard le Scrop se leva et demanda que ce que l'on
ferait ne tournât point à l'exhérédation de ses enfants.
a Reconnaissez-vous que ce jugement et ce qui
s'ensuivit fut bon, oui ou non?
— Oui, dit-il, et que mon fils soit un des con-
damnés, c'est là ce qui me fait peine. »
De tels procédés relevaient pourtant bien plus de la
violence de la guerre, que du règne de la justice. Henri
craignit que les conséquences n'en fussent exagérées^
et que, parce qu'il avait pris possession du royaume
les armes à la main^ on ne pensât qu'il voulût par la
suite en user selon le droit de la conquête. Il protesta
qu'il entendait laisser à tous ce qu'ils tenaient selon
1. Mardi 18 novembre. Rot Pari, t. III, p. 430-432, S 92.
[1399] LA DÉPOSITION DE RICHARD. 343
la loi, sans excepter personne que ceux qui avaient
combattu le bien du royaume; et il bornait l'exception
aux trois suppliciés. Sur quoi, les lords temporels
interrogés déclarèrent que le jugement était bon.
Mais le roi rassura ceux qui tenaient des fiefs de
ces seigneurs; et il voulut particulièrement consoler
R. le Scrop. Il lui dit qu'il ne revendiquait aucune
des terres appartenant à lui ou à ses enfants vivants,
qu'il le tenait et avait toujours tenu pour loyal cheva-
lier; et pour finir par une déclaration plus générale,
il dit que le statut « que nul ne forfasse (perde ses
biens par confiscation) après sa mort, » gardait toute
sa force. Et les communes le remercièrent, rendant
grâces à Dieu « qui leur avait envoyé tel roi et gou-
verneur (a) I »
Ce sentiment n'était pourtant pas général; et les
anciens amis de Richard, au moins, avaient plus
d'une raison d'y faire leurs réserves. Le procès qu'on
ieur avait suscité, la violence du débat, et, quelle qu'ait
été la modération de la sentence, cette dégradation
partielle qu'ils avaient subie de la part de celui même
qu'ils avaient proclamé, tout leur disait en quel rang
ils devaient être à la cour nouvelle parmi les sei-
gneurs : et le peuple de Londres ne leur montrait
pas plus de sympathie. Il avait éclaté en murmures
contre le roi lui-même et contre les lords, en appre-
nant que l'enquête provoquée par les communes
sur les accusateurs de Glocester avait eu, pour toute
conclusion, une sim[)le dimiiintion de titres, qui ne
344 LIVRE DOUZIÈME. [1399]
les faisait guère déchoir, les ramenant à leur ancien
état. Les amis de Richard n'avaient donc plus de
soutien que Henri lui-même : et dans cette dispo-
sition des esprits^ ils pouvaient craindre que le nou-
veau roi ne finît par être entraîné. Ainsi ils étaient
amenés à reporter leurs espérances sur celui qui
était toujours l'objet de leurs regrets. Si quelques-
uns, en effet, comme Rutland et Thomas Percy,
avaient couru au-devant de la fortune de Henri de
Lancastre, les autres n'avaient fait que la subir et la
suivre. C'est en vaincus qu'ils étaient entrés dans
Londres derrière lui; c'est la douleur dans l'âme
qu'ils avaient assisté aux scènes de la déposition de
Richard et du couronnement de son rival. Or la si-
tuation de ce dernier était loin d'être telle qu'on dût
rejeter comme une folie toute pensée de rien entre-
prendre contre sa fortune \
Ils résolurent de le tenter.
1. Murmures du peuple contre la modération de la sentence des lord$
appelants. Wals., p. 362.
CC^
LIVRE TREIZIEME
LA MORT DE RICHARD.
CONJURATION CONTRE HENRI IV.
Richard, dans les deux dernières années, avait eu
bien des lorts : mais ces torts étaient déjà en quelque
sorte couverts par les perfidies et les violences dont
il venait d'être victime. Londres était contre lui :
Londres était déjà, en partie du moins, contre lui
lorsqu'il vainquit, en Wat-Tyler, une insurrection
menaçante pour la société tout entière. Quant au
pays, s'il s'était soulevé avec Henri de Lancastre,
ce n'était point, on le peut croire, pour détrôner le
roi; la plupart n'avaient voulu que chasser son
conseil et s'emparer du gouvernement, en ap-
puyant un droit qui se trouva tout à coup changer
d'objet et de nature, quand Henri eut Richard dans
346 LIVRE TREIZIÈME. [1399]
les mains, et, pour disposer de son sort, un parlement
lié à lui par la complicité de plusieurs seigneurs et
par le choix des députés des communes. La révolu-
tion avait donc dépassé le but qu'on lui avait mar-
qué. Henri n'avait pas seulement renversé les mi-
nistres de Richard^ il avait déposé le roi et pris sa
place. En pareil cas, il était obligé par son élévation
même, à prendre le contre-pied de la politique qu'il
avait si vivement attaquée ; et il est un point sur le-
quel le sentiment public avait été principalement
ému : je veux parler des relations de l'Angleterre
avec la France, de cet abaissement où l'on accusait
Richard d'avoir laissé tomber le royaume, et de ce
nouvel âge de conquêtes et de gloire que son vainqueur
Henri avait promis de rouvrir. Or, sur ce point,
qu'y avait-il de changé, et que pouvait-on attendre?
A l'égard de la France, le ressentiment populaire
n'avait eu qu'une satisfaction : on avait maltraité la
petite reine, on avait chassé d'Angleterre les sei-
gneurs et les dames de sa suite, réduit sa maison à
quelques serviteurs anglais; on l'avait reléguée dans
une entière solitude, sans lui permettre de recevoir,
ni en public, ni en secret, personne de sa nation :
« Exemple, dit naïvement le Religieux de Saint-De-
nys, qui montre combien les nobles dames de France
doivent craindre d'épouser les Anglais! » Henri, sans
doute, n'avait pas commandé ces actes de brutalité;
on peut même croire que, tout en refusant de laisser
l'enfant royale rejoindre le roi^ il rendit moins dure
[1399] LA MORT DE RICHARD. 347
sa condition; car, à peine roi, il avait senti qu'il
avait besoin de ménager les Français. Au festin du
sacre, quand le héraut fit le cri que tout étranger
sortît de la cour et de la salle du roi, on excepta,
par ordre du prince, les gens du duc de Berri et du
duc d'Orléans, « et commanda le roi qu'on leur fît
très-bonne chère et qu'ils fussent servis après le roi et
après ceux de Londres, et avant que les autres (a). »
L'attitude de Henri n'était donc pas celle de ce
conquérant du monde que son sacre avait promis.
Dès son avènement au trône, il s'était empressé d'en-
voyer des explications à toutes les puissances de
l'Europe; et la révolution, loin de rendre à l'Angle-
terre ce qu'elle avait déjà perdu en France, faillit lui
faire perdre le reste. En efliet, la nouvelle du renver-
sement de Richard avait produit partout, et en France
plus que partout ailleurs, la plus vive émotion. Le
duc de Bourgogne proposa de faire entrer le conné-
table de France en Guyenne, et de marcher sur Bor-
deaux; et il n'était même pas besoin de soldats : car
Bordeaux aimait Richard, qui était de la ville, et qui
toujours s'en était bien souvenu, la traitant avec une
faveur extrême. Les Bordelais ressentirent une vive
peine de sa chute, et ils se montraient disposés à
rompre avec l'homme qui l'avait renversé. Ce qui les
en empêcha, ce ne fut point Henri ni les troupes
qu'il s'empressa d'envoyer à Bordeaux, ce fut le mau-
vais gouvernement de la France. Les Bordelais avaient
député au duc de Bour^o^i^ne, qui s'était transporté
348 LIVRE TREIZIÈME. [1399]
à Agen pour traiter avec eux ; i!s en avaient reçu
de grandes promesses : mais, toute réflexion faite,
ils ne donnèrent pas suite à leur projet. Ils se repré-
sentèrent les tailles, fouages et exactions de toutes
sortes, familières à la France : « Si les François,
disaient-ils, dominoient sur nous, ils nous tiendroient
en ces usages. Encore nous vaut-il mieux être aux
Anglois, quand nous sommes ainsi nés, qui nous
tiennent francs et libéraux, qu'en la subjection des
François. » Et puis leur ville était marchande, et ils
professaient la morale de la fable : Pourvu qu'ils
eussent un roi! Richard ou Henri, c'était tout un
pour le commerce. Or le commerce les rattachait plus
étroitement à l'Angleterre : « Nous avons, disaient-ils,
plus de marchandises, de vins, de laines et de draps
aux Anglois, que nous n'avons aux François; et si
(de plus) nous y inclinons par nature mieux. Gar-
dons que nous fassions traité nul dont nous nous
puissions repentir (a). »
Ainsi la haine du despotisme qui régnait en
France (car nous voulons croire que Froissart a forcé
l'autre trait) avait été jusqu'à étouffer dans Bordeaux
les sympathies que l'on y portait à Richard. On
n'était pas en mesure d'enlever la ville aux Anglais
malgré elle; et Charles YI d'ailleurs, à la nouvelle de
ces événements imprévus, avait été tellement frappé,
qu'il était retombé dans sa folie. On renonça donc
en France à toute idée de rupture immédiate; mais
on n'avait guère plus à craindre que l'Angleterre en
[1399] LA MORT DE RICHARD. 349
prît rinitiative : et les ambassadeurs qu'on y envoya
pour examiner au préalable la situation, purent bien-
tôt s'en convaincre.
Henri, dont les proclamations avaient été si bruyam-
ment hostiles, s'était empressé de leur expédier un
sauf-conduit; et il leur députa des seigneurs de la
cour pour les recevoir à l'arrivée et les amener à
Londres. Il leur fit lui-même le plus gracieux accueil,
s'enquérant avec sollicitude de la santé du roi, de la
reine, et de chacun des ducs de France; et pendant
quatre jours il leur donna de somptueux festins. Le
jour de la Toussaint, il les mena dans les apparte-
ments secrets de son palais, leur fit voir, avec un em-
pressement affable, ses trésors, ses joyaux, et enfin
lé fameux aigle d'or qu'il leur vantait comme un pré-
sent du ciel. Pour cet aigle, il ne le montra qu'à
genoux , et il leur raconta comment il avait été
trouvé, selon le récit de saint Thomas. « Les ambas-
sadeurs, continue le Religieux de Saint-Denys, racon-
tèrent que le roi, qui était superstitieux comme le
sont les Anglais, avait une merveilleuse confiance
dans cet aigle, et il avait résolu de le porter toujours
sur lui pour remporter la victoire sur ses ennemis, m
Ils revinrent en France comblés de présents, mais ne
rapportant guère autre chose. On leur avait permis
de visiter la petite reine, à la condition de ne lui rien
dire de Richard. Quant aux dispositions de Henri
envers Richard et envers la fille de France détrônée
avec lui, il< n'.ivnîpnf ri<Mi h ou din», sinon que
350 LIVRE TREIZIÈME. [1399]
Henri allait faire partir une ambassade pour répon-
dre à tous les points dont il avait été parlé. Mais si
l'union fondée sur le mariage de la fille de Charles VI
avec Richard pouvait paraître ébranlée, Henri, pour
la raffermir, se montrait tout prêt à former d'autres
liens de même sorte. Il ne tarda point, en effet, à en-
voyer à la cour de France des ambassadeurs. Il leur
avait donné des pouvoirs pour traiter du mariage de
Henri, son fils aîné, ou de ses autres enfants, avec
les enfants de son très-cher cousin de France; et les
considérants des instructions qu'il leur donna, expri-
maient avec emphase combien, en vue de Talliance
des nations, il souhaitait de former ces nœuds d'un
indissoluble amour (a).
Telle était la situation de l'Angleterre : le calme qui
régnait n'était guère qu'à la surface. Les amis de
Richard, reçus en grâce par le vainqueur^ voyaient
les haines des partisans de ce dernier faire violence
même à sa politique : ils craignaient pour eux; et ils
voyaient Henri, assez peu affermi lui-même, forcé de
ménager la France de peur qu'elle n'intervînt, et
risquant de s'aliéner le peuple par une conduite aussi
contraire aux engagements qu'il semblait avoir pris.
Un acte où se manifestaient les défiances du nou-
veau roi, précipita la marche des événements.
Pendant que Henri recevait avec tant de cordiahté
et de bonne grâce les ambassadeurs français, Richard,
le principal objet de cette ambassade, était enlevé de
la Tour de Londres. Trois jours après l'arrêt du parle-
[1399] LA MORT DE RICHARD. 351
ment, la veille de la Toussaint, Henri, dit-on, lui fit
porter un vêtement noir qu'il devait prendre pour
aller au lieu de sa détention. Richard le refusa^ disant
qu'il ne monterait pas à cheval s'il ne portait habit de
chevalier; et on dut se rendre à sa demande. C'étaient
des hommes de Kent, les plus hostiles à sa personne,
qu'on avait chargés de l'escorter. Ils le menèrent à
Leeds, d*t)ù il fut ensuite transféré de château en
château, comme si l'on eût voulu faire perdre sa
trace, jusqu'au château de Pomfret, un des domaines
de la maison de Lancastre, où Henri était venu tout
d'abord en arrivant de France. Il avait vu le com-
mencement du drame, il en devait voir la fin (a).
Ces précautions prises pour cacher sa retraite,
montrent que Richard n'était peut-être pas si géné-
ralement impopulaire; et l'excès même où l'on avait
poussé le mouvement pouvait lui ramener les esprits.
On faisait courir des prédictions qui, tout en dési-
gnant Richard sous le nom insultant d'Asinus qu'on
lui donnait dans les prédictions de sa chute, disaient
que la taupe (Henri) ne garderait pas longtemps la
terre, et que la terre retournerait à son premier
maître *. Ses amis s'entendirent pour y prêter la
main. Ce fut, dit-on, dans Tabbaye de Westminster,
1 . .1 véniel talpa,
iledicta.
« iiiwiLia cddet super eam.
Terra revertetur ad asinum.
Voy. sur les prédictions de Merlin, Archœol., t. XX, p. 259
app., n» IV.
352 LIVRE TREIZIÈME. [1399]
et dans la chambre de l'abbé, que le complot se forma.
Jean de Holland, comte de Huntingdon, et Thomas
comte de Kent, le comte de Salisbury et le sire Despen-
ser, l'évêque de Carlisle et le chapelain Maudelein,
qui avait une ressemblance frappante avec Richard,
le médecin Pol et Thomas Blount en furent les prin-
cipaux complices. Au premier rang, il faut encore
nommer le fils du duc d'York, le comte de Rutland,
qui, malgré l'éclat de sa défection, marqué par le
sang de Glocester à toutes les haines du parti vain-
queur, se trouvait par là rejeté vers ceux dont il s'é-
tait séparé un des premiers. C'était pour les perdre
encore, et cette fois sans remède (a).
La fête de Noël était proche. Le roi la devait célé-
brer au château de Windsor. Les conjurés convinrent
de donner des joutes au voisinage, à Kingston, dans
la quinzaine de la solennité, à la fête de l'Epiphanie.
Sahsbury et Kent publiaient qu'ils soutiendraient la
lutte contre tout venant. Un si brillant tournoi atti-
rait naturellement un grand concours d'hommes
d'armes. Les amis de Richard devaient y venir en
nombre, profiter de la sécurité générale pour se
porter rapidement sur Windsor, occuper le palais,
faire main-basse sur le roi et sur ses enfants, puis
proclamer Richard ; et, pour mieux dissimuler leur
dessein, ils vinrent à Windsor faire leur cour au roi
avec les autres au renouvellement de l'année (1400).
A cette occasion la chronique anonyme rapporte
une chose qui, si l'on y pouvait croire, aurait dû
[1399] LA MORT DE RICHARD. 353
singulièrement aiguillonner leur ardeur, elles dégager
de leurs derniers scrupules. Elle dit qu'après le dîner
où le roi les avait réunis, l'archevêque de Canterbury,
le duc d'York, les comtes de Norlhumberland, de
Westmoreland, de Warwick et d'Arundel supplièrent
le roi de mettre Richard à mort, alléguant qu'ils en
avaient sa parole. Henri s'y refusa; mais son refus
était gros de menaces : il promettait que si quelque
armée se levait pour le roi captif, Richard mourrait
le premier. La scène est peu probable, il le faut dire.
Ni le duc d'York, ni le comte de Northumberland
lui-même (la suite le fera voir) n'ont pu jouer le rôle
qu'on leur y prête; et le fait qu'elle présuppose est
lui-même fort douteux : Henri à cet égard n'avait,
selon toute apparence, donné aucune parole. Mais
quel était le fond de ses pensées? Le mystère de
Tenlèvement de Richard, le secret oij on le gardait,
tout excitait les craintes ; et la complaisance avec
laquelle les lords et les communes avaient souscrit à
tous les actes du nouveau roi, n'était pas propre à
les dissiper. Les conjurés n'avaient donc pas besoin
du stimulant que lefîr suppose le chroniqueur, pour
croire que, s'ils ne se hâtaient, la vie de Richard était
en péril. Ils furent d'autant plus résolus à commencer
leur mouvement par Henri lui-même. Ils prirent
congé de lui comme pour se préparer à la fête, et
s'en allèrent, chacun dans son pays, pour revenir en
force comme ils s'y étaient engagés'.
1. La Noël à Windsor. Ghron. anon., f« 152, et Buchon, p. 38.
II — 23
354 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
Lorsque Jean de Holland, comte de Huntingdon;
quitta sa femme, sœur du roi Henri, à la vue de tant
de gens armés elle eut un sinistre pressentiment et
ne put retenir ses larmes. « Madame, lui dit-il,
pleurez-vous? et pourquoi? Vous faisiez si grand'
chère quand le roi mon très-cher seigneur et moi
vînmes en déplaisance de votre frère! Quand votre
frère fut couronné, et que monsieur mon frère fut
déposé de la couronne, laquelle il avoit portée vail-
lamment par vingt-deux ans, il eut grand deuil alors,
et vous, madame, faisiez grande fête. Pourquoi pleu-
rez-vous maintenant ? » La dame était si émue qu'elle
ne savait parler. Mais ce départ, en si nombreuse
compagnie, ne semblait point mener à une fête; elle
craignait pour son frère, elle craignait pour son
mari. Le duc eut peur de lui avoir fait de la peine.
Il la baisa elle et ses deux filles, disant : « Je me
recommande à vous, priez Dieu pour moi \ »
J. de Holland, Kent etSalisbury amenaient environ
huit mille archers et trois cents lances. Hs voulaient
être sûrs que Rutland ne serait pas moins exact au jour
dit : car un pareil armement n'aurait pu bien long-
temps cacher son objet. Ils lui écrivirent. Rutland
craignait-il déjà d'être allé trop avant, et voulait-il
racheter ce commencement de trahison envers le roi
en lui livrant ses complices ? Plusieurs le disent : un
autre récit enlève au moins à sa perfidie la circon-
1. Ghron. anon., f» 152.
[1400] LA MORT DE RICHARD. 355
stance acçgravante de la préméditation. Rutland, dit
la chronique française anonyme, (et c'est la tradition
suivie presque de point en point par Shakspeare),
Rutland, ce jour-là, dînait avec son père, le duc
d'York. Le duc vit la lettre et voulut savoir ce que
c'était. Il la prit, ou se la fit donner, et y trouva le
secret de la conjuration : « Ah ! s'écria-t-il, saisi de
colère et de p^eur ; ah I faux traître, tu as été faux au
roi Richard, tu dois être faux et traître à ton cousin
le roi Henri. Tu sais bien que je suis piège (caution)
pour toi, et que j'ai engagé mon corps et mon héri-
tage pour toi devant le parlement. Je vois bien que tu
me veux faire mourir; mais, par saint Jean! j'aime
mieux que tu sois pendu que moi. » Et le duc monta
à cheval 'pour aller à Windsor en porter la nouvelle
au roi et lui montrer la lettre. Rutland menacé résolut
de prévenir le coup. Il devança son père à la rési-
dence royale, fit fermer les portes du château, et, alla
se jeter aux genoux du roi, criant merci. — « Mais,
beau cousin, dit Henri, vous ne m'avez rien fait de
mal. )) — Rutland lui fit connaître alors tous les sei-
gneurs qui étaient du complot, le plan de la conju-
ration, comment Henri devait être pris avec ses en-
fants et Richard rétabli avec la reine. Il avoua qu'il
était de leur conseil et en demandait pardon au roi.
— « Si ce que vous dites est vrai, je vous le par-
donne, dit Henri; mais si je le trouve autrement, par
ma foi vous vous en repentirez! » En ce moment, le
duc d'York arrive, apportant la lettre qu'il avait
356 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
enlevée à son fils. Le roi vit bien qu'il n'avait point
de temps à perdre : il fit seller huit chevaux et courut
à Londres. Il rencontra en chemin le maire, qui
venait en toute hâte lui annoncer qu'on avait vu les
seigneurs en campagne avec six mille combattants;
et le roi n'était pas dans la cité, que les principaux
conjurés, devançant l'heure marquée pour l'attaque,
avaient déjà envahi le château de Windsor. Qu'on
juge de leur consternation, quand ils virent que leur
proie leur avait échappé (5 janvier 1 400) (a) !
Tandis que Henri , arrivé à Londres , expédiait
Tordre d'arrêter les comtes de Kent, de Huntingdon
et leurs complices, et faisait crier par la ville qu'on
s'enrôlât pour le servir pendant quinze jours, les
conjurés revenaient de Windsor au lieu où leurs
troupes étaient réunies. N'ayant pu prendre Henri, il
leur fallait de toute nécessité Richard, pour opposer
roi à roi dans la lutte qu'ils avaient engagée. Ils
répandirent le bruit qu'il était sorti de prison. Le
comte de Kent, passant à Sunning, le dit à la petite
reine, qui en fut bien joyeuse, et sa joie devait accré-
diter la nouvelle parmi ceux qui l'entouraient. Pour
elle^ le roi était à Pomfret, où déjà il avait cent mille
hommes sous ses ordres; pour les autres, les conjurés
firent plus : ils dirent qu'ils l'avaient avec eux et ils
le montraient; le chapelain Maudelein, si fameux par
sa ressemblance avec Richard, avait été revêtu de
l'habit royal, et jouait le rôle du roi prisonnier (b).
Le 6 janvier, dès le matin, Henri ayant rallié cin-
[1400] LA MORT DE RICHARD. 357
quante lances et six mille archers, sortit de Londres
pour se mettre en bataille, en attendant que la milice
de la cité le vînt rejoindre. Seize mille s'étaient
fait inscrire, mais à trois heures aucun n'était encore
arrivé. Henri craignait déjà une défection de la ville,
quand il aperçut la bannière de Londres, suivie de
huit mille cavaliers. 11 reprit dès lors confiance en
sa fortune. Pour mettre à l'épreuve la sincérité de
Rutland^ et, sans doute, pour tirer parti de son art
consommé dans la trahison, il l'envoya comme en
éclaireur vers les conjurés. Deux fortes avant-gardes
le devgiient suivre, sous la conduite du comte de Som-
merset(J. de Beau fort), et d'un autre baron, pour agir
selon le besoin \
Rutland vint trouver les seigneurs qui le tenaient
toujours pour leur complice; il leur annonça que
Henri était sorti de Londres pour les combattre, mais
il leur disait qu'il n'avait pas plus de deux mille
archers. Ce n'était pas de quoi les inquiéter beau-
coup. Néanmoins ils prirent la résolution d'aller vers
le pays de Galles et le comté de Chester pour se
faire une armée plus capable de tenir la campagne;
et Rutland s'en vint avec eux, comme voulant par-
tager en tout leur fortune. Ils marchaient donc sans
défiance, quand, après le passage de la Tamise, ils
virent paraître sur leurs derrières la tète des avant-
gardes dont Henri s'était fait précéder. Dès qu'elles
1. Ghron. anon., f" 105, et Huchoii, p. ^7.
358 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
lurent proches, Rutland se retourna, et, courant
comme pour les attaquer : « Ils fuient, ils fuient ! »
s'écria-t-il, et il entra et se perdit bientôt dans leurs
rangs. Le comte de Kent vit bien qu'ils étaient trahis.
Il rallia quelques hommes, courut à la tête du pont,
et le défendit vigoureusement jusqu'à ce que tous
ceux dont il avait le commandement eussent passé en
sûreté avec armes et bagages; puis, rejoignant le gros
de sa troupe, il se dirigea vers Girencester. Jean de
Ilolland, à ce qu'il paraît, était allé propager le mou-
vement ailleurs, ou avait pris un autre chemin. Les
comtes de Kent et de Sahsbury, Despenser, Blount
et Maudelein, qu'on faisait toujours passer pour
Richard, se logèrent dans la ville, avec une trentaine
de chevaliers de leur suite, laissant leurs troupes dans
la campagne (a).
C'est ce qui fit leur perte. Le chroniqueur ano-
nyme raconte qu'un archer de Henri étant venu dans
la ville, le comte de Kent l'arrêta comme espion, et
le livra au constable du lieu pour être pendu. Mais
cet homme fit connaître au magistrat que le roi arri-
vait en forces; et le constable réunissant les gens
de la ville , prit avec lui soixante archers , vint à
l'hôtel où étaient les seigneurs, et prétendit les y re-
tenir jusqu'à ce qu'il sût s'ils étaient amis ou ennemis
du roi. Le comte de Kent indigné le frappa au visage.
Le constable appela les habitants à son aide, et la
lutte commença. Séparés de leurs troupes, les sei-
gneurs, quelle que fût leur bravoure, ne pouvaient
[1400] LA MORT DE RICHARD. 359
que succomber sous le nombre. Kent, Salisbury pé-
rirent en combattant; Thomas Despenser, Maudelein,
réussirent à s'échapper par une fenêtre, et mirent le
feu en deux ou trois points de la ville pour faire di-
version à l'attaque pendant qu'ils allaient rallier leurs
gens; mais les troupes, voyant les flammes s'élever
de la ville, avaient cru que Henri y était entré en
forces, et elles s'étaient dispersées. Il n'y avait plus
rien à faire. Thomas Despenser s'enfuit dans le pays
de Galles, sa patrie; Maudelein, vers l'Ecosse; quant
à ceux qui étaient restés dans la ville, ils se défen*
dirent vaillamment encore jusqu'au lendemain matin,
et finirent par se rendre. Les habitants coupèrent les
têtes des comtes de Kent et de Salisbury, les mirent
au bout de longues perches et les portèrent au roi
Henri à Oxford, amenant à la suite sir Thomas Blount,
sir Benoît Sely (ou Shelly) et trente autres chevaliers
ou écuyers faits prisonniers avec eux (a),
Henri ordonna qu'on les mît à mort. Thomas
Blount et Benoît Sely furent traînés^ selon l'usage, au
lieu de l'exécution, pour être punis du suppHce des
traîtres. On les pendit, puis aussitôt on coupa la
corde, de peur qu'ils n'échappassent au supplice par
la mort, et on les fit asseoir devant un grand feu ; on
leur fendit le ventre, on leur coupa les intestins, que
Ton ce noua d'une lanière afin que le vent du cœur ne
partît hors, » et on leur donna le spectacle de leurs
entrailles jetées au feu. Le sir d'Erpingham, qui pré-
sidait à ces horreurs, insultait encore aux victimes :
360 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
« Or, allez, leur disait-il, allez quérir un maître qui
vous puisse guérir! M
Thomas Blountjoignit les mains, disant: « TeDcum
laudanius, et bénie soit 1 heure où je suis né; béni
soit ce jour, car je mourrai au service de mon sou-
verain seigneur le noble roi Richard.
— Quels sont, lui dit Erpingham, les seigneurs
qui sont de votre accord et de votre trahison? w
Adonc répondit le bon chevalier au ventre ou-
vert ; « Toi, traître Erpingham, tu es plus faux et plus
traître que je ne fus oncques; et par la mort qu'il me
convient souffrir, je ne parlerai jamais de nul sei-
gneur ni de nulle créature au monde. Par toi et par
le faux traître le comte de Rutland, est détruite la
noble chevalerie d'Angleterre. Maudite soit Theure où
vous êtes nés! Je crie merci à Dieu de mes péchés;
et toi, traître de Rutland, et toi^ faux Erpingham,
entre vous deux je vous appelle devant la face de
Jésus-Christ, pour la grande trahison qu'entre vous
deux a\ez faite contre notre souverain seigneur le
noble roi Richard. » Le bourreau lui demanda s'il
voulait boire: « Non, dit -il amèrement; tu m'as
ôté le lieu où je le devais mettre; » et il demanda
qu'on le délivrât de ce monde, disant : « Il me fait
grand mal de voir les traîtres qui sont présents. » Le
bourreau se mit à genoux devant lui, le baisa très-
humblement, et lui coupa la tête; puis on l'écartela, et
on jeta les quartiers dans la chaudière. Ainsi fit-on de
sir Benoît. Les autres seigneurs furent décapités (a).
[1400] LA MORT DE RICHARD. 361
Le 16 janvier, Londres fut en grande fête. On y
.recevait le don que Henri faisait à sa capitale ,
c'est à savoir les huit têtes et les quartiers des sei-
gneurs ci-dessus nommés, et de plus douze gentils-
hommes vivants réservés à pareil supplice. La tête du
comte de Kent venait la première, sur le plus haut
bâton, et c'était devant elle qu'il y avait le plus de
ménétriers et de trompettes. L'archevêque de Canter-
bury, dix-huit évêques, trente-deux abbés à mitres,
sans compter les autres prélats, allèrent en proces-
sion, avec leurs mitres et leurs crosses, et revêtus de
leurs ornements pontificaux, à la rencontre de ce
présent du roi Henri à sa bonne ville de Londres, ils
chantaient le Te Deum, et la multitude criait d'une
seule voix : « Dieu garde et bénisse le noble roi
Henri, notre souverain seigneur ! » L'archevêque ra-
mena son cortège à Saint-Paul, où il entonna un
nouveau Te Deum, et prêcha devant tout le peuple.
Henri, si bien précédé, fit son entrée le lendemain,
et fut reçu comme l'avaient été les sanglants trophées
de la veille. Si l'on en croit le même chroniqueur,
à l'entrée de Saint-Paul, quand l'archevêque lui eut
donné de l'eau bénite, le prince, droit sur son che-
val, dit d'une voix forte aux prélats assemblés: « Par
saint Georges, c'est belle chose de nous voir tous en-
semble, au cas que nous serons bons l'un envers
l'autre; maisjesai» certainement qu'il y a des traîtres
entre nous , et pour ce, je promets à Dieu et à vous
aussi, qii' *'" "'ciM.ilIriMi les mauvaises lierlM'< <'i l«'s
362 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
tirerai hors de mon jardin, et les détruirai tellement
que plusieurs de vous s'en repentiront; et les bonnes,
herbes, je garderai et ferai garder tellement, que mon
jardin sera bel et net. » (a)
Ceux qui n'avaient point péri dans le désastre de
Cirencester ne purent longtemps échapper au vain-
queur. Jean de Holland qui, selon toute apparence,
n'était point en ce lieu fatal, surpris par la nouvelle
de cette déroute et voyant son parti perdu, ne son-
geait plus qu'à fuir du royaume. Il avait gagné la
mer ; mais le vent contraire le repoussant au rivage,
il traversait le comté d'Essex et s'était arrêté près du
lieu où demeurait la sœur du feu comte d'Arundel,
la comtesse de Hereford, dont les deux filles avaient
épousé, l'une Glocester, et l'autre Henri lui-même.
La comtesse le sut; elle ameuta le peuple, fit arrêter
le fugitif et le tint au château du Plessis, d'oii Glo-
cester avait été jadis tiré par trahison. Henri demanda
qu'elle le lui remît au plus tôt, et déjà il avait signé
l'ordre de le recevoir à la Tour; mais, selon le récit
de la chronique anonyme, la comtesse répondit qu'elle
en voulait sa part, et elle lui laissa le choix : ou le
corps ou la tête. Elle priait le roi de lui envoyer le
jeune comte d'Arundel : elle voulait que le jeune sei-
gneur tirât lui-même vengeance de la mort de son père.
La suite de ce récit est tellement atroce, qu'on est
tenté d'y voir l'écho d'une légende populaire plutôt
que l'expression de la vérité. Le jeune comte , dit le
chroniqueur, arriva et n'épargna à son prisonnier
[1400] LA MORT DE RICHARD. 363
aucune insulte. Il lui demandait s'il ne se repentait
point en ce jour d'avoir fait périr son père, envahi ses
biens, réduit à la pauvreté et sa sœur et lui-même :
« Or maintenant, dit-il, j'en aurai vengeance; » et il
le fit conduire, les mains liées, devant la troupe des
paysans, pour l'abandonner à leur fureur. Mais ceux-
ci ne témoignèrent que de la pitié pour cette grande
infortune. La comtesse s'en irrita : « Maudits soyez-
vous entre vous tous, vilains, dit-elle, qui n'osez met-
tre un homme à mort! » et elle fit venir un écuyer
armé d'une hache : mais il fut ému lui-même des
plaintes touchantes du prisonnier, et il revint dire à
la comtesse que pour tout For du monde il ne met-
trait le duc à mort. « Tu feras ce que tu as promis,
s'écria-elle, ou je te ferai couper la tête! » Il revint
tremblant au prisonnier: « Monsieur, je vous crie
merci, pardonnez-moi votre mort! » Le frère du roi
Richard se mit à genoux, disant : « Hélas ! n'y a-t-il
point de remède? Me convient-il mourir? » Il de-
manda pardon à Dieu de ses péchés, et pria l'écuyer
de le délivrer de ce monde; mais celui-ci était si
tremblant que, levant sa hache, il le frappa à l'épaule :
« Hélas! dit le duc, se relevant, hélas ! homme, com-
ment fais-tu ce que tu me fais? Pour Dieu, délivre-
moi légèrement. » Ce ne fut qu'au huitième coup que
le malheureux l'acheva. La tête fut mise au bout d'une
[)erche; et, le 29 janvier, le comte d'Arundel l'ap-
{)orta à Londres, précédé de ménétriers et de trom-
pettes (a).
364 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
Presque en même temps entrait à Londres le comte
de Rutland, faisant porter devant lui la tête de Tho-
mas Despenser, mis à mort sans plus de jugement.
Le jeune seigneur, fuyant de Circenster, s'était retiré,
on l'a vu, dans le pays de Galles, où les conjurés
avaient compté se rallier de nombreux partisans.
Mais il ne pouvait plus songer à soulever le pays
quand il y venait en fugitif ; et, ne s'y trouvant
point en sûreté, il avait songé à gagner le continent.
Le maître du bateau à qui il se confia était un traître,
résolu à le perdre. Quand on eut mis à la voile :
« Où voulez-vous aller, monseigneur? lui dit-il.
— Au delà de la mer.
— Non, lui répondit l'autre, c'est à Bristol qu'il
faut aller.
— Garde-t'en bien ! s'écria Thomas ; tu périrais
plutôt de cette épée. »
Mais le marinier: « N'insistez pas davantage; bon
gré, mal gré,, c'est là que vous irez. »
Et en même temps il fit sortir de leur cachette
vingt hommes qu'il avait emmenés et qui finirent
par s'emparer de lui, malgré sa résistance. Il fut
mené à Bristol et remis au maire de la ville. Le
peuple Payant su, se prit à crier: « Faites sortir ce
traître au roi et au royaume; qu'il soit mis à mort! »
Ils s'emparèrent de lui, malgré les efforts du maire, et
l'entraînèrent jusqu'à la croix du marché, où ils lui
coupèrent la tête (a).
C'est le présent que le comte de Rutland, au rap-
[1400] LA MORT DE RICHARD. 365
port de notre chroniqueur, venait offrir aux habi-
tants de Londres, le même jour que le comte d'Arun-
del apportait la tête du comte de lluntingdon.
Rutland se faisait précéder des ménétriers et trom-
pettes d'usage, et traînait après lui deux charrettes
de prisonniers. Le peuple de Londres accueillit les
deux cortèges avec ses acclamations accoutumées :
« Dieu bénisse notre seigneur le roi Henri! » Il sem-
blait qu'après tant de succès, rien ne devait résistera
ses armes. « Nous voulons, criaient-ils, faire la gucirre
à tous ceux du monde, fors (excepté) aux Flamands*. »
On avait tiré de l'abbaye de Westminster, malgré
les franchises du lieu, Tancien primat Walden^ qui
avait passagèrement pris la place de Thomas Arun-
del à Canterbury, l'évêque de Carlisle et Tabbé de
Westminster lui-même, et on les avait enfermés à
la Tour. On y détenait aussi le chapelain Maudelein,
qui avait fait le personnage de Richard dans la der-
nière insurrection : il avait été arrêté par un pâtre,
et mené à Londres ainsi que cet autre chapelain de
Richard qui l'avait également suivi dans sa mauvaise
fortune, W. Ferriby. Le mercredi après la Chande-
leur^ les trois prélats, Maudelein, probablement aussi
Ferriby, et deux ou trois autres^, furent traduits par
le comte d'Arundel au banc du roi. Si l'on en pou-
vait croire notre chroniqueur, les juges déclarèrent
qu'ils ne voyaient en eux aucune cause de mort; et
1. Ghroi) ;n.nn Ms ■\><^U. r» 167, et Buchon, p. 61.
366 LIVRE TREIZIÈME. Ll^OO]
le comte d'Arundel, irrité, en appela au peuple, qui
s'écria : « Faites-les tous mourir I » Le comte, ajoute
le chroniqueur, fit grâce à l'ancien archevêque de
Canterbury (Walden), envoya l'évêque de Carlisle et
l'abbé de Westminster en prison, et réserva les autres
pour le supplice. Tel fut sans doute l'arrêt des juges.
On dit même que Tévêque de Carlisle fut condamné
à la peine des traîtres, et ne garda la vie que par
grâce. Pour les autres, leur jugement s'exécuta. Il
était tard ; néanmoins on voulut accomplir ce jour
même la sentence. On les traîna au lieu du supplice,
à la lueur des torches ; on les pendit, puis aussitôt
on coupa les cordes, et, dans ce répit de la mort, on
leur demanda de nommer leurs complices; ils gar-
dèrent le silence, excepté Maudeléin, qui dit au
maire: « Hélas! serai-je écartelé? — Non, dit le
maire, on vous coupera la tête. » Il joignit les
mains, et remercia Dieu de ce qu'il mourait au ser-
vice de son maître. Et tous furent décapités (a).
Il était tempB néanmoins de mettre lin à ces exécu-
tions. Le peuple, qu'on y avait convié, commençait à
s'y mêler plus qu'on ne l'eût voulu. C'était la guerre
aux suspects : le voisin dénonçait son voisin; la
multitude se faisait juge, et le plus souvent se passait
de procédure. Le sang versé l'avait mis en goût d'en
versQT encore, et la répression de la révolte n'y était
plus peur rien. Dans cette effervescence populaire, les
amis du roi n'étaient pas plus en sûreté que les au-
tres ; aussi le conseil en prit l'alarme. Pour ôter à ces
[1400] LA MORT DE RICHARD. 367
massacres tout prétexte, il sollicita l'aninistie, sauf
des exceptions qui mettaient le roi fort à l'aise. Bien
plus, pour réprimer le mouvement avant qu'il fût
trop tard, il demanda qu'on se tournât contre les
massacreurs, et qu'on mît les juges en mesure de tenir
tête a à la fierté des communes^ qui ne sont de bon
vouloir d'être sous étroite gouvernance ; » et ce fut
l'objet d'une ordonnance publiée par le roi le 24 fé-
vrier (a).
Vers ce même temps expirait une dernière victime,
celle pour laquelle avaient péri toutes les autres : le
roi Richard.
Il
MORT DE RICHARD.
Selon un témoignage que Ton a vu plus haut, les
lords, en condamnant Richard à la prison perpétuelle,
avaient décidé que si quelque tentative était faite en
sa faveur il serait le premier mis à mort. Que cela ait
été décidé, la chose est contestable; mais ce qui est
certain, c'est que la prise d'armes des amis de Richard
fut son arrêt de mort.
La chronique française anonyme dit que le jour
des Rois, quand Henri sortit de Londres pour aller
combattre les seigneurs, il donna ordre à son écuyer,
Pierre d'Exton, d'aller sur l'heure au château où Ri-
368 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
cbard était enfermé, et de le (( faire délivrer de ce
monde. >» Pierre d'Exton entra dans la chambre du
prince avec sept compagnons, tous armés de haches,
au moment oià il s'apprêtait à manger. Richard re-
poussant la table, se jeta au milieu des huit, en dé-
sarma un et en tua quatre; mais comme les autres le
serraient de près, Pierre d'Exton se glissa dans le coin
où il allait être acculé , le frappa par derrière et lui
brisa la tête*.
Tel est le bruit recueilli par notre chroniqueur et
reproduit par le Religieux de Saint-Denys. C'est celui
-qui eut le plus de cours en France, et qui, revenu do
"^à peut-être en Angleterre, a été popularisé par
Shakspeare. Ce qui en fait douter, c'est qu'on n'en
trouve nulle trace dans ceux des actes du temps oià,
si le fait eût été, je ne dis pas constant, mais seule-
ment répandu dans le public, il n'eût pas manqué
d'être allégué : je veux dire la lettre de défi des Percy,
devenus ennemis de Henri IV, avant la bataille où se
décida leur querelle, et le manifeste de l'archevêque
d'York, R. le Scrop, et des insurgés de l'Yorkshire
deux ans après; actes qui, en accusant Henri du
meurtre de Richard, le présentent d'une tout autre
manière. L'exposition du corps de Richard après sa
mort, l'examen récent de ses restes quand son cercueil
fut ouvert à Westminster, sont une preuve, à certains
égards contestable, mais dans tous les cas surabon-
1. Ghron. anon.,Ms. 3884, f»» 162, 163, et Buchon, p. 53-55. Re-
ligieux de Saint-Denys, XX, 17.
[1400] LA MORT DE RICHARD. 369
dante, à l'appui de celte première induction. Le bruit
qui courut tout d'abord en Angleterre et qui passa
ensuite en France (car on le retrouve de même dans
le Religieux de Saint-Denys), c'est que Richard mou-
rut de faim. Mais comment est-il mort de faim? C'est
ici que les contradictions se produisent (a).
Walsingham raconte que « Richard, en apprenant
les infortunes des siens, en fut tellement consterné
qu'il se laissa volontairement, dit-on (lU fertur)^
mourir de faim. » C'est ce que répètent le moine
d'Evesham (mais nous verrons ce qu'il y ajoute),
Otterbourne et le continuateur de la chronique de
Croyland. C'est le bruit officiel : et Walsingham, si
passionné qu'il se montre partout contre Richard, si
dévoué qu'il soit à la dynastie sous laquelle il écrit,
n'ose même pas l'affirmer en son nom; il le laisse
sur le compte de ceux qui le rapportent, iit fertur, La
chose, en effet, est exposée tout autrement dans des
écrits qui datent presque du lendemain delà mort du
roi. Quand les Percy ont rompu avec celui qu'ils ont
tant aidé à détrôner Richard, dans la lettre de défi
qu'ils lui adressent, ils l'accusent « d'avoir fait périî
Richard de faim, de soif et de froid, après quinze jours
et quinze nuits de souffrances inouïes parmi les chré-
tiens; » et c'est ce que répète deux ans après, en allé-
guantle bruit public, ui vulgariter dicilur, l'archevêque
R. le Scrop, dans la révolte de TYorkshire. Ce sont des
manifestes et des actes d'ennemis ; et l'on ne peut pas,
sans doute, ranger dans un autre camp le chroni-
II — 24
370 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
queur Hardyng qui combattait avec les Percy à
Shrewsbury, ni le Religieux deSaint-Denys qui^ dans
toute cette histoire, montre où étaient les sympathies
de la France. Mais Hardyng en parle sans aucun des
détails où se révélerait l'hostilité : « On dit qu'il périt
par la faim : Meîi sayde forhungered he was; » et l'hos-
tilité du Religieux de Saint-Denys se montre, non
quand il reproduit sommairement le même bruit (( que
Richard était mort à la Tour de Londres après avoir
longtemps souffert de la faim, » mais quand il raconte
au long le récit du meurtre accompli, disait-on, par
Pierre d'Exton et par sa bande. Ces témoignages ont
donc ici tout le caractère de l'impartialité, et ils sont
corroborés par un auteur fort partial, je le confesse,
mais qui ne l'a jamais été que contre Richard (a).
Je veux parler du moine d'Evesham, dont on ne
cite pas la déclaration tout entière, lorsqu'on le range
parmi ceux qui rapportent la mort de Richard à un
acte de sa volonté : « Le roi Richard, dit-il, étant dé-
posé et détenu au château de Pomfret, un bruit dou-
loureux parvint à ses oreilles, le bruit de la mort des-
dits seigneurs; car il avait placé en eux tout son es-
poir, confiant que par eux et par leur secours il se-
rait ramené à son ancien état. Mais quand il se vit
trompé dans son espérance, il en vint à ce point de
tristesse, de langueur et d'abattement, que, ne comp-
tant plus s'échapper, il tomba sur son lit, et refusant
de prendre nourriture, boisson, ni quoi que ce soit, il
expi ra dans sa prison , le jour de Saint-Valentin , xvii des
[1400] LA MORT DE RICHARD. 371
kalendes de mars (14 février), l'an de grâce 1399, et
de son règne 23. » Voilà bien la mort de faim volon-
taire. Mais Pauteur continuant : « On raconte pour-
tant autrement et d'une manière plus vraie, dit-il,
qu'il y périt misérablement par la faim : Aliter
tamen dicitur et verius, quod ibidem famé miserabiliter
interiit, » Si cette manière est autre, il s'agit donc
d'une mort violente : et Fauteur déclare que c'est la
tradition la plus vraie (a).
Le témoignage du moine d'Evesham n'est pas sus-
pect : c'est un ennemi de Richard; et il confirme
avec éclat Popinion de Hardyng et la tradition re-
cueillie par le Religieux de Saint-Denys. Ajoutons que
cette tradition a tous les caractères de la vraisem-
blance. Ce n'est point après les péripéties nombreuses
et si brusques du court règne de Richard, au lende-
main d'un mouvement que l'on propageait en faisant
croire à sa délivrance et qui échoua surtout parce
que la fraude fut reconnue; ce n'est pas quand cette
épreuve même, comme le souvenir du passé, mon-
trait tout ce qu'il y avait de ressources encore, lui
vivant, et de bonnes chances pour sa cause, qu'un
roi de trente-trois ans, qu'un prince qui, dans les
^moments les plus périlleux avait montré tant d'é-
nergie, pouvait se laisser aller au désespoir. Quant
à Henri, on a vu ce qu'il faut croire de sa droiture
et de sa modération, et si cette prétendue longanimité
s'est soutenue à l'égard des amis de Richard en ce
moment mrme. Si Richard ost mort de faim, c'est
372 LIVRE TREIZIÈME. [1400]
qu'on l'a fait mourir ainsi. Henri en a-t-il donné
l'ordre? Je croirais volontiers qu'il ne la pas fait;
car il avait pour s'épargner, aux yeux des hommes
du moins, l'odieux d'un assassinat, des traditions
( dans sa race. Froissart, dont nul ne soupçonne
I la haute impartialité dans le récit des derniers
temps de cette histoire, rapporte que, comme on
redoutait en Angleterre l'intervention de la France,
et qu'on prenait ombrage de ses armements, Henri
était assailli de ces conseils dont la liberté sert si
bien de masque à la plus basse flatterie : « Sire, lui
disait-on, tant que Richard de Bordeaux vivra, ni
vous ni le pays ne serez en sûreté. — Je crois que
vous dites vérité, répondait Henri ; mais tant qu'à
moi, je ne le ferai point mourir : car je l'ai pris sous
ma garde, et je lui tiendrai parole, tant qu'il ne me
sera pas démontré qu'il m'a trahi. — Il vous vaudroit
mieux mort que vif, répliquaient ces chevaliers ; car
tant que les François le sauront en vie, ils s'efforce-
ront toujours de vous guerroyer, et auront espoir de
le rétablir en son état, parce qu'il a la fille du roi de
France. » Le roi d'Angleterre ne répondit point à ce
propos, et les laissant parler ensemble il vint à ses
fauconniers, mit un faucon sur son poing, et « s'ou-
blia à le paître. ?> — « Depuis, continue Froissart,
ne demeura longs jours que renommée véritable cou-
roit parmi Londres que Richard de Bordeaux étoit
mort. La cause comme ce fut, ni par quelle incidence,
point ne le savois au jour que j'écrivis ces chroni-
[1400] LA MORT DE RICHARD. 373
ques. » Et il passe à la cérémonie des funérailles.
Mais on voit assez jusque dans sa réserve, ce qu'il
pense de l'événement; et quelques lignes plus bas il
marque bien qu'il n'était imprévu pour personne :
« Nouvelles s'épartirent partout que le roi Richard
-étoit mort. On n'en atlendoit autre chose : car bien
pouvoient savoir et concevoir toutes gens que jamais
-du chastel de Londres ne sortiroit en vie ^ «
Henri n'a donc point ordonné la mort de Richard,
mais il s'est laissé dire et il est convenu lui-même
que ce serait une bonne chose pour le pays, se défen-
dant, quant à lui ^ de l'ordonner, à cause de sa
parole, souffrant d'ailleurs qu'on insistât, sans y
contredire davantage, et s'en allant à ses faucons,
tandis que ses courtisans continuaient le propos
commencé. Richard dès lors fut-il privé de toute
nourriture, de telle sorte, comme on le dit plus tard,
qu'il en mourut après quatre ou cinq jours ? C'eût
été une véritable exécution et chose trop violente :
on sut s'y prendre autrement; et l'accusation des
Percy, dans ce qu'elle a semblé avoir d'impossible
par son exagération même, paraît se rapprocher le
plus de la vérité. On ne refusa point à Richard toute
nourriture, mais on la lui mesura de telle sorte que
ses jours étaient comptés; et quand, après quinze
jours et quinze nuits de ce supplice prudemment
tempéré, il rendit l'âme, on put dire qu'il était mort
1. Froissant, IV, 81 et 82. Henri II n'avait pas non plus donné
Tordre df '•'""" >■'•'•!'' 'riiom:!^ l'icrl-.t
374 LIVRE TREIZIÈME. [1377-1400]
de mort naturelle : on Tavait fait mourir naturelle-
ment (14 février 1400) (a).
m
CONCLUSION.
Ainsi périt ce jeune roi qui, appelé par la mort
prématurée de son père, à recueillir, âgé de onze ans,
la succession de son aïeul, avait éveillé dès son
avènement toutes les espérances de la nation : comme
si son règne devait faire renaître les beaux jours
depuis longtemps passés du Prince Noir et d'E-
douard 111. Il ne s'était pas montré indigne du sang
qui coulait dans ses veines : c'était bien le fils et le
petit-fils des vainqueurs de Poitiers et de Grécy qu'on
avait retrouvé en cet enfant le jour où, faisant tête à
l'émeute, il reprenait, par un coup d'audace, sa capi-
tale à une insurrection triomphante. Mais il était
difficile de répondre à tout ce qu'on attendait de lui :
comment rendre à l'Angleterre ce qu'elle avait con-
quis et perdu en France, quand ces conquêtes elle
les devait surtout aux fautes des rois de France, et
que la royauté française, instruite enfin par ses fautes
mêmes, avait reçu de Charles V une direction qui se
soutenait encore pendant la minorité de Charles VI,
et promettait de réparer ses revers?
A ces difficultés du dehors s'étaient jointes celles
[1377-1400] LA MORT DE RICHARD. 375
du dedans. Les appuis naturels de Richard, c'étaient
ses trois oncles : or les deux premiers détournaient
l'Angleterre vers des entreprises particulières qui
Taffaiblissaient vis-à-vis de la France; et le troisième
profitait de ces échecs et des tentatives d'accommode-
ment qui les devaient suivre, pour soulever l'esprit
public contre le roi. Richard, si mal servi par ses
oncles, et tenu dans une dépendance de plus en plus
étroite par le parlement^ avait été amené à mettre sa
confiance en des hommes que sa faveur combla trop^
peut-être, et qu'en élevant elle rendit odieux. C'est
dans ses ministres, et dans le plus digne de tous, le
comte de Suffolk, Michel de la Pôle, qu'il fut d'abord
attaqué ; et l'on sait avec quelle insulte pour la
dignité royale, privée de ses attributs et mise en
tutelle. On se rappelle comment, fort de son droit, il
entreprit de s'en faire une arme pour rétablir sa
prérogative, et ne réussit qu'à perdre ses amis les
'plus dévoués, et à retomber absolument sous le joug
de Glocester. 11 s'en affranchit pourtant, sans autre
appui que lui-même, par un acte de décision qui
faisait retrouver dans l'adulte tout ce (|ue l'enfant
avait promis. Et alors avait commencé cette période^
de sage administration et de force, que l'on supprime,
que l'on abrège au moins dans les histoires, pour se
dispenser d'y rendre hommage, pendant laquelle le
roi, sans refuser à son règne l'éclat des fêtes, sut
travailler à guérir les maux de son pays. Nul remède
n'était Bérieusement praticable, s'il ne le tirait de
376 LIVRE TREIZIÈME. [1377-1400]
cette guerre de France, où l'Angleterre s'était vue
engagée à sa gloire, sans doute, mais aussi au prix
de bien des misères, et qui, comme toute occupation
contre nature, devait un jour ou l'autre finir par des
revers. Mais c'était toucher à ce qu'il y avait de plus
aveugle et de plus vivace dans l'amour-propre natio-
nal : nulle paix n'était possible sans concession, et
toute concession était tenue pour trahison. Ne pou-
vant faire ces sacrifices, Richard n'avait pas fait la
paix; il s'en était tenu aux trêves, les continuant de
traité en traité, et les prolongeant jusqu'à un terme
que la paix même n'atteint pas d'ordinaire (la trêve
de vingt-huit ans). Par là il avait affranchi son pays
des maux de la guerre, sans abdiquer aucune de ses
prétentions; il avait, en ajournant des débats sans
solution possible, ramené les deux peuples à se rap-
procher et à s'unir dans l'intérêt de leur suprématie
en Europe, et pour le bien de la chrétienté tout
entière : et, afin de donner plus de garantie à ces
bons rapports, il les avait consacrés par une union
de famille. C'en fut assez pour qu'il se vît en butte à
toutes les calomnies, à toutes les intrigues, et peut-
être à de nouveaux complots. Il les voulut prévenir
et étouffer à jamais par uii coup d'éclat, l'arrestation
et le jugement de Glocester et de ses amis : mais il y
procéda avec un emportement qui ne trouvait qu'ex
citation autour de lui, sans rencontrer nulle part de
résistance, pas même dans cette assemblée des trois
États, aussi docile maintenant à le servir qu'elle
[1377-1400] LA MORT DE RICHARD. 377
s'était montrée jadis audacieuse à le dominer. C'est
ainsi qu'il entra, par l'adhésion même, et l'on pour-
rait presque dire par l'abdication du parlement, dans
cette voie du despotisme où il devait trouver sa
perte. Dès ce moment , Glocester avait beau être '
mort, il devait renaître vTngt autres Glocester : Ri- j
chard en trouva un dans sa propre famille, et parmi |
ceux qui avaient donné les mains à la chute de son
oncle : le comte de Derby, devenu duc de Hereford,
fils du duc de Lancastre. La disgrâce qui le frappa
à son tour ne fit que le donner pour chef aux mé- !
contents.
On vient d'en voir le résultat. Richard n'avait pas
seulement froissé le préjugé populaire, il avait touché
aux libertés publiques; il n'avait pas seulement
donné prise aux ambitieux, il avait irrité les honnêtes
gens; et la nation, déjà fatiguée après un an de des-
potisme , s'était ralliée à Henri de Lancastre pour y
mettre un terme. ^Mais était-ce dans la pensée de ren-
verser le roi? C'est ici que le doute commence; car
vainement alléguerait-on la décision du parlement :
autant vaudrait dire que le pays voulait un an plus
tôt le despotisme, pour la raison que le parlement
l'avait établi, soit par ses actes dans le procès de
Glocester, soit par l'abandon de ses droits aux com-
missaires donnés pour conseil à Richard.
Ce sont les fautes de Richard qui ont préparé, mais
c'est surtout l'ambition de Henri qui a consommé hi
révolution; et la preuve que la nation ne le poussait
378 LIVRE TREIZIÈME. [1400-1413]
point à cela, n'est pas seulerïient dans les assurances
qu'il donna à ses premiers adhérents, ou dans la ré-
serve qu'il parut garder jusqu'à la veille de la réunion
du parlement à Westminster : elle est dans les faits
qui suivirent. A peine Richard est-il tombé, que ses
amis se relèvent et provoquent une révolte en faisant
croire qu'il est délivré, en produisant, pour entraîner
le peuple, un faux Richard! A peine est-il mortpayr<
qu'un semblable mouvement se manifeste dans l'opi-
nion publique. Les uns, et ils sont dans le vrai, crient
à l'assassinat; les autres refusent d'y croire, mais ils
prétendent que Richard vit toujours : et il faut que,
pour combattre les imputations des premiers comme
les suppositions des seconds, Henri rende à sa victime
des honneurs pubUcs. Le corps enterré d'abord sans
appareil à Pomfret, fut exhumé pour être amené
à Londres et y recevoir les obsèques les plus magni-
Cques. Le cortège prit son chemin par les principales
villes; il s'arrêtait dans les lieux les plus fréquentés.
Il s'arrêta plus de deux heures dans la grande rue de
Cheapside, à Londres, où plus de vingt mille per-
sonnes, hommes et femmes, vinrent voir le roi dé-
funt qui gisait là, la tête sur un oreiller noir, le
visage découvert; et il demeura pendant deux jours
ainsi exposé dans l'église de Saint-Paul, avant la cé-
rémonie des funérailles. Gomment ne pas croire,
après cela, sinon qu'il était mort sans violence (on
avait aussi exposé jadis le corps d'Edouard II), au
moins qu'il était mort (a) ?
[1400-1413] LA MORT DE RICHARD. 379
Cette démonstration pourtant ne suffit pas. On con-
tinua de croire Richard en vie. On prétendit que
Henri avait produit un faux Richard, et qu'il n'avait
recouru à cette exhibition du mort que parce que le
vivant lui avait échappé. On disait que, sorti de Pom-
fret par la connivence de ses gardiens, Richard avait
gagné les îles occidentales d'Ecosse. Il y avait été dé-
couvert, ou par une dame, belle-sœur de Donald,
lord des Iles, sous Thabit de pauvre qu'il avait pris,
ou par un fou de ce seigneur parmi les serviteurs de
sa cuisine. Il avait été reconnu, présenté à Donald,
qui chargea lord Montgommery de le conduire au roi
Robert. Il est vrai que le prétendu réfugié niait qu'il
fût Richard : mais il ne s'en fit croire de personne.
On supposa que le malheur l'avait frappé de démence,
ou qu'il se cachait par crainte de trahison. Quoi qu'il
pût dire, il fut mené à la cour, logé au château de
Stirling, entretenu, servi, et, quand il mourut, dix-
neuf ans plus tard, enterré avec tous les honneurs dus
à un roi d'Angleterre. Et aujourd'hui encore, un des
meilleurs historiens de l'Ecosse adopte cette opinion,
qu'il prétend justifier par les chroniques du temps,
les monuments et les actes olliciels : il trouve, en ef-
fet, dans les registres publics la mention, plusieurs
fois répétée, de ce que coûtait au trésor le séjour de
Richard (a) !
La nouvelle, comme on le peut croire, ne se
renferma point en Ecosse, et de l'Ecosse elle arriva
lii.ri viU'.'ii ri:Mir<» Km F» Micc, Ic bruit Uc la uiort
380 LIVRE TREIZIÈME. [1400-1413]
de Richard avait suivi de près, devancé même peut-
être l'événement. Dans un acte du 29 janvier relatif
à la trêve, Charles VI rappelait qu'elle avait été con-
clue « vivant lors feu notre très-chier et très-amé fils
Richard, naguère roi d'Angleterre (que Dieu assoille)
(absolve). » Si Richard n'était pas mort encore, il se
mourait (on a vu comment)^ et lïenri laissait volon-
tiers courir le bruit que la chose était faite. Pendant
les premiers mois de cette année, les dépêches de
Charles VI portent toutes la trace de la même croyance.
On n'en fut pas moins prompt à accueillir la nouvelle
qu'il était vivant. Creton, qui avait déjà soupçonné
quelque supercherie dans la cérémonie de Londres,
pousse un cri de triomphe. Il adresse une longue épî-
tre à Richard, et il lui cherche des vengeurs, recou-
rant encore au rythme poétique pour entraîner à Fac-
tion les princes du sang royal de France. Mais, tout
en se livrant à l'espoir, il fallait savoir s'il était fondé;
et le roi de France avait un intérêt tout particulier à
s'en enquérir : il avait dans Richard non-seulement
un allié, mais un gendre. Il envoya donc en Ecosse;
et il y envoya l'homme le plus désigné pour une sem-
blable mission, Creton, devenu son valet de chambre,
le témoin et l'historien de la chute de Richard. Disons
tout de suite que notre gentilhomme ne le retrouva
pas comme il l'espérait. On n'a point son rapport ;
mais on en a pour témoignage l'appel qu'il adressa
vers ce temps-là au duc de Bourgogne pour ven-
ger le sang de Richard, et, ce qui n'est pas moins
à
[1400-1413] LA MORT DE RICHARD. 381
significatif, le mariage d'Isabelle, veuve du jeune
roi, avec le fils du duc d'Orléans : mariage conclu
le 6 juin 1404, peu de temps après le retour de Ten-
voyé (a).
La France fut donc désabusée, mais non l'Ecosse;
et l'Angleterre pas davantage. Dès 1402, le bruit y
court que Richard est vivant, qu'il est en Ecosse _,
qu'il va revenir en force ; et ce bruit prend tant de
consistance, que Henri IV, au risque de le propager
Ini-même, envoie dans tous les comtés une procla-
mation où il accuse les Écossais « de ne pas se borner
à porter le ravage en Angleterre , mais d'y répandre
de fausses nouvelles, comme, par exemple, que Ri-
chard vit encore, qu'il va rentrer dans le royaume,
enseignes déployées, avec une armée d'Écossais auxi-
liaires : quand tout le monde, dit la pièce officielle,
sait qu'il est mort et mis au tombeau. Le roi donc,
considérant qu'ils pourraient bien produire un faux
Richard, et, par là, jeter la division dans le pays et
amener peut-être la destruction du royaume (quel
aveu !), donne ordre anx vicomtes de faire en sorte
que personne n'y croie, et d'arrêter les propa-
gateurs de ces mensonges (5 juin 1402). » Plusieurs
avaient déjà été pris et mis à mort; entre autres Ro-
ger Clarendon, fils naturel du Prince Noir, et neuf
frères franciscains; et tant de gens étaient compro-
mis, que le roi, pour éviter que la crainte des pour-
suites ne les poussât à la révolte, fit publier partout
qu'on '■'' 1" • ''-chercherait pas (8 juin). Mais cette
382 LIVRE TREIZIÈME. [1400-1413]
indulgence forcée ne réussit pas mieux que les ri-
gueurs. On disait toujours que Richard allait venir:
on ajoutait que Henri, se sentant perdu^ ramassait ar-
gent et joyaux, et se disposait à passer en Bretagne
pour épouser la duchesse douairière (mariage qui al-
lait se faire en effet), et y vivre avec elle; et ces bruits
trouvaient des gens pour les accueillir, les propager^
payant d'ailleurs de leur personne : on s'armait, on
se recrutait les uns les autres, on s'en allait en des
lieux de rassemblement pour attendre Richard I L'an-
née suivante (1403) le mouvement qu'on pouvait
pressentir éclate. Les Percy prennent les armes ; et,
sans se soucier de démentir le défi où ils accusent
Henri de la mort de Richard, ils répandent parmi les
populations le bruit que Richard est revenu, qu'il est
dans le Chester. La victoire de Henri n'y fait rien.
En 1404, nouvelle rumeur que Richard va venir :
W. Série, son chambellan, l'a vu et en rapporte des
lettres; le jeune roi a même paru, dit-on (un certain
Th. Wardo se faisait passer pour lui) ; et la vieille
comtesse d'Oxford met un zèle extrême à lui faire
des partisans jusque dans les monastères où l'on
avait tant crié contre son despotisme. Série est
arrêté, et, avant de subir sa sentence, promené de
ville en ville jusqu'à Londres pour démentir ce qu'il
avait annoncé. Mais le bruit survit à ses désaveux
et à sa mort; et, en 1406, l'orateur des communes
demande un statut contre ceux qui disent que Ri-
chard est en vie, et que « ce fol qui est en Ecosse est
[1400-1413] LA MORT DE RICHARD. 383
le roi Richard. •> Vain expédient! En 1407, on ré-
pond au statut par des placards affichés dans Lon-
dres même, annonçant que Richard va reprendre pos-
session de son royaume. C'est au nom de Richard
que le vieux Northumberland avait repris les armes
en 1405, et qu'il revenait d'Ecosse, en 1408, pour li-
vrer un dernier combat. Mais quoi ! Richard survit à
Henri lui-même. Son nom est prononcé, et paraît
avoir été le vrai signe de ralliement dans la révolte
du comte de Cambridge contre Henri V, en 1415; et,
en 1 41 7, l'héritier du nom de Cobham, John Oldcastle,
chef des loUards, au moment où on le va condamner
au feu comme hérétique , récuse l'autorité des lords
du parlement, en déclarant qu'il ne les peut recon-
naître pour juges, tant que vit en Ecosse son seigneur
lige le roi Richard !
Ainsi l'ombre de Richard se redressait devant son
meurtrier, non pas seulement telle queleremords peut
révoquer dans l'âme du coupable ; elle reprenait vie
dans l'opinion publique et remuait le pays contre le
nouveau roi. Mais, quand il serait parvenu à chasser
ce fantôme, les armes dont il avait usé pour arriver
à ses fins eussent toujours pu se tourner contre lui.
n avait marché contre Richard pour lui demander
compte des violences de son gouvernement et de ses
relations d'amitié avec la France; dès les commence-
ments de son règne, après la sanglante répression
de la révolte, devant les têtes des amis de Richard
exposées sur le pont de Londres, il avait promis d'ef
384 LIVRE TREIZIÈME. [1400-1413]
facer les exploits du prince de Galles, et de mourir
ou de faire des conquêtes dont il serait parlé dans
tout l'univers. Il s'engageait donc à rompre avec la
France : or, dès ses premières démarches, on l'avait
vu solliciter l'amitié de Charles VI; chercher à se
rattacher à lui par de nouveaux liens de famille, en
lui demandant pour son fils aîné quelqu'une des
princesses de France; répondre aux refus par des
lettres pleines de rparques de sollicitude et de témoi-
gnages d'affection, et ne se résigner à renvoyer la
jeune reine Isahelle, que quand il eut perdu l'espoir
de reformer par elle l'union qu'elle étabhssait entre
les deux couronnes avant la déposition de Richard II.
Il avait accusé le gouvernement intérieur de Richard :
et voici qu'au bout de trois ou quatre ans, les deux
hommes qui l'ont accueilli les premiers et assuré
par tous moyens, bons ou mauvais, son triomphe, le
vieux comte de Northumberland , le parjure de
Conway, Henri Hotspur, le héros populaire, lui re-
prochent, dans un défi public, non seulement les vio-
lences et les fraudes de son usurpation, savoir : le ser-
ment de ne réclamer que son héritage; la couronne
arrachée à Richard par la crainte de la mort, et posée
sur sa tête aux cris, aux vociférations de la multitude
ramassée par ses complices (n'en étaient-ils pas eux-
mêmes?); enfin, le jeune roi traîtreusement relégué
à Pomfret, mis à mort par le supplice le plus cruel :
— ils lui reprochent d'avoir violé lui-même toutes les
promesses de son couronnement : maintenant les
I
m
[1400-1413] LA MORT DE RICHARD. 385
dixièmes et les quinzièmes qu'il s'était engagé à sup-
primer; dissipant les ressources de l'État en prodiga-
lités nouvelles au profit d'autres favoris^ et se faisant,
par le choix des vicomtes substitué au libre choix
des comtés, des cités et des bourgs, un parlement à
sa convenance. » Il faut donc que le nouveau roi com -
batte ses propres partisans. Il lutte contre Henri Hots-
j)ur, qui succombe victime de sa bravoure, laissant
son oncle, Thomas Percy, aux mains du vainqueur,
cest-à-dire aux mains du bourreau (Shrewsbury,
21 juillet 1403). Il lutte contre le vieux Northum-
berland, qui, éloigné du premier combat par la ma-
ladie, épargné pour cette cause et dépouillé en
partie de ses charges, nourrit la pensée de la ven-
geance, et trouve pour l'assouvir des auxiliaires dans
les familles des anciens amis de Richard : car la dé-
faite ne les décourage pas. Thomas Mowbray, fils du
duc de Norfolk, se jette avec ardeur dans cette guerre
déclarée à l'ennemi de son père; Richard le Scrop,
archevêque d'York, lils de l'ancien chancelier, y ap-
porte l'autorité de son caractère avec la popularité
de son nom; et il reprend dans son manifeste tous les
points du déû des Percy, depuis l'intronisation de
Henri par surprise, jusqu'à la mort de Richard par
le plus lâche des assassinats. Ainsi le procès recom-
mence : la cause gagnée est remise en question; et
ce sont de nouvelles perfidies pour triompher et de
nouveaux supplices, i.e jeune iMowbray et l'arche-
vêque d'York sont arrêtés par trahison et mis à
II -— 25
386 LIVRE TREIZIÈME. [1400-1413J
mort (1405) : mais le peuple tiendra l'archevêque
pour un martyr. Le vieux Northumberland échappe,
et pendant deux ans encore, errant le long des Mar-
ches dont il était le gardien autrefois, il tient l'An-
gleterre sous la menace d'une invasion à laquelle il
convie FÉcosse et la France, n'épargnant rien qu'il
n'ait expié de son propre sang le parjure qu'il a
fait (a).
Henri triomphe à la fin; mais s'il garde le pouvoir,
ce n'est qu'à la condition d'en céder chaque jour
quelque chose aux réclamations des communes :
non qu'il ait prétendu renouveler le despotisme des
deux dernières années de Richard; mais il s'était
engagé à des réformes, et, sur tous les points où l'on
avait le plus attaqué Richard, les dépenses de l'hôtel,
les emprunts, même sur la sincérité des élections,
seule garantie d'un gouvernement libre, le parlement
trouvait toujours beaucoup à redire, et finit par faire
éclat. Au milieu de ces tiraillements et de ces luttes,
ses embarras sont tels, que les circonstances les plus
favorables à lui rouvrir la voie des conquêtes, la ri-
valité d'Orléans et de Bourgogne rendue plus âpre
par l'avènement de Jean-Sans-peur, l'assassinat du
duc d'Orléans, la réaction des Armagnacs, la guerre
civile, et dans cette guerre dénaturée les deux partis
lui tendant les mains tour à tour^ ne provoquent de
sa part que des tentatives avortées ou des interven-
tions stériles; et au moment où le désordre est le
plus grand en France, où il paraît être plus libre
[1400-1413, i.\ MORT DE RICHARD. 3S7
(l'agir, épuisé par ses luttes iatérieures, rongé par les
inquiétudes et les soucis, frappé pour ainsi dire coup
sur coup par le plus terrible mal , il meurt à l'âge
de quarante-six ans , sans avoir rien tenu des pro-
messes qui avaient rendu son avènement populaire.
On raconte que dans l'une de ses crises, comme
on le croyait mort, et que déjà on lui avait voilé la
face, son fils Henri prit la couronne qui était placée
sur un coussin auprès de son lit, et l'emporta. Le
roi revenant à lui et ne la trouvant plus, voulut savoir
qui l'avait enlevée; il fit appeler son fils et lui de-
manda pourquoi il l'avait prise : « Monseigneur, dit
le prince, voici en présence ceux qui m'avaient donné
à entendre et affirmé que vous étiez trépassé; et
pour ce que je suis votre fils aîné et qu'après vous
votre couronne me doit appartenir, je l'avais prise. »
Le roi soupira et dit ; « Beau fils, quel droit y avez-
V0U8 quand vous savez que je n'y eus jamais droit?
— Vous l'avez acquise et gardée par l'épée, dit le
jeune Henri, et je la garderai par l'épée. » Le roi de-
meura quelque temps en silence, puis il reprit : « Or,
faites-en comme bon vous semblera, je m'en rapporte
à Dieu du surplus, et je le prie qu'il ait merci de moi. »
Et peu après, sans ;iioiit,ei' un mot. il rcndil l'âne (a).
Henri V tint parole, et par lui l'Angleterre vit s'ac-
complir les plus audacieuses promesses de Henri IV.
La France lui fut livrée, et à la couronne qu'il tenait
de son père s** joignit sur la tète de son (ils celle (ju'il
388 LIVRE TREIZIÈME. [1400-1413]
venait de conquérir. Mais l'éclat de la journée d'Azin-
court ne défendra pas mieux le roi doublement cou-
ronné, que la gloire de Crécy et de Poitiers n'avait
protégé le fils du prince de Galles. Henri VI succombera
comme Richard à de si grands souvenirs; comme
Richard il sera condamné lorsque, renonçant à des
conquêtes dont le temps était passé pour toujours, il
voudra par des trêves et par un mariage se rap-
procher de la France. Dès ce jour-là, la race d'York
qui maintenant rampe aux pieds du vainqueur, sera
prête à donner un vengeur à ce roi qu'elle a trahi! —
Quant au peuple qui n'est jamais désintéressé en de
pareils débats, jeté par ces révolutions dans la plus
acharnée des guerres de dynasties, il y laissera, avec
le meilleur de son sang, l'esprit de ses institutions,
n'en gardant que les formes vides, et il subira deux
siècles de despotisme avant de revenir à la liberté.
^
NOTES
NOTES,
LIVRE SEPTIÈME.
Page 4, note a.
Parlement de Cambiidge, 9 septembre 1388 (xir année). Le
procès-verbal n'en est pas dans les rôles; et Gotton, dans son
Abrégé, p. 3i7, se borne à donner les noms des pairs convo-
qués. Mais indépendamment du statut iSlat. of Healm, t. Il,
p. 55, et Kuijihton, p. 2729-2734), il y en a plusieurs traces
dans les actes des parlements postérieurs, notamment du sui-
vant. Walsingham en a aussi parlé avec plus de détails et de
précision que de o (p. 335; cf. M. Evesh., p. 105.)
Proclamation s. Stat. of Realm, t. II, p. bh. — Mer-
sures pour r nreurs. IbicL^ c. m. Quiconque était
trouvé hors < us lettres scellées du roi, était arrêté
et mis à la ge(51e, jusqu'à ce qu'il eût donné caution de retour-
ner au lieu d'où il venait. Un acte du roi, du 8 mars 1391, or-
donne de fabri(jutr des sceaux, conformément au statut de Cam-
bridge (ÏÏo^ Pari., i. III, p. 405. Append.,c. xxxiv.) — Loi de
maximum Stut. of Healm, l. II, p. 56, c. iv. — Loi sur les
enfants formes aux travaux de la campagne. Ibid.^ c. v. —
fxs vag^i^'Of^'''^ "' /''"> ini'tuliiiMtv ff>id,, p. 58, r v ^>\ vn?; —
392 LIVRE SEPTIÈME.
V exécution confiée aux baillis , etc. Ihid.y c. ix. — Les juges de
paix. La loi voulait qu'ils ne fussent pas plus de six par com-
mission. Ils devaient tenir leurs sessions quatre fois par an.
{Ibid., c. X.) -
Page 6, note a.
Les livrées des seigneurs. La mesure n'est pas écrite dans le
statut. Mais elle avait été réclamée par les communes, et con-
sentie par le roi, comme on le voit par la pétition des commu-
nes au parlement suivant. (Rot. Pari., t. III, p. 265, § 27.)
— Défense des armes et des jeux. (Stat. of Realm, t. II, p. 57,
c. VI.) Les armes devaient être saisies et transportées au chef-
lieu de canton. — Défense de mal parler des grands officiers^
etc. Ibid., p. 59, c. xi; — Choix des officiers inférieurs, ibid.,
p. 55, c. ii; — Statut des proviseurs, ibid., p. 60, c. xv.
Nomination de Vévèque d'Ely à l'archevêché d'York, en rem-
placement de l'ancien archevêque, nommé au èié^e de Saint-
André : a Urbanus Ep., servus servorum Dei, Carissimo filio
« Ricardo, régi Angliœ illustri, salut, et apost. benedict. —
« Gratiœ divinae prsemium et humanœ laudis praeconium acqui-
« ritur, si per seculares principes prœlatis, praesertim eccle-
« siarum cathedralium regimini prgesidentibus , opporluni
a favoris pree^idium et honor debitus impendatur. Ecclesia
« Eboracensi ex eo pastoris regimioe destituta, quod nos hodie
ff venerabilem fratrem nostrum Alexandrum, Episcopum Sancti
« Andreae, tune archiepiscopum Eboracensem, licet absentem,
« a vinculo, quo dictce Eboracensi ecclesiœ, cui praîerat, teneba-
<r tur, de fratrum noslrorum consilio et apostoliiu potestatis
a plenitudine, absolventes, ipsum ad exinde ecclesiam Sancti An-
« dreœ tune vacantem duximus transferendum : Nos, etc. 3 non.
« april., Pontif. an. xi (3 avril 1388). »(Rymer, t. YII, p. 573.)
Promotion des autres évêques, même date, ibid., p. 574-577;
cf. Knighlon, p. 2728. Les autres prélats étaient : l'évêque de
Durham transféré à Ely ; Tévêque de Bath, à Durham ; l'évê-
que de Salisbury à Bath; et Richard le Scrop, fils de l'ancien
chancelier, nommé à Ghester. Ils reçurent leur temporel, le
13 septembre. (Rymer, t. YII, p. 605.) L'évêché de Salisbury
fut donné à J. de Waltham, garde du sceau privé (voy. Godwin,
de Prsesulibus Angliœ, p. 348).
Le statut de Cambridge ordonnait en outre, conformément
à une demande déjà faite au précédent parlement, que l'étaple
NOTES. 39:3
(les laines fût reportée le f décembre de Middelbourg à Ca-
lais (Stat. of Realm, t. II, p. 60, c. xvi), et donnait de nouvelles
garanties k l'indemnité des députés, en voulant que les terres
sur lesquelles pesait cette contribution, continuassent d'en êtie
f^revées, même après avoir été achetées par des seigneurs ou
des prélats (ibid., p. 59, c. xii). Les communes avaient aussi
renouvelé leur réclamation touchant les fermes des vicomtes,
surchargées aux dépens des communes par les divers retranche-
ments faits au ressortdes comiés. {Rot. Parl.,X. III, p. 266, n°3I .)
Loi somptuaire. Knii:hton, p. 2729. — Inexécution des lois.
Wals., p. 335.
Page 7 , note a.
Subside. Knighton (p. 2729) dit un demi-dixième et un demi-
quinzième; Walsingham (p. 335) et le moine d'Evesham (p.
105), un dixième et un quinzième. L'archevêque de Ganter-
bury avait été invité à réunir le clergé de sa province pour
voter le subside, dans le temps même que siégeait le parlement
14 septembre) : la convocation est du 28 juillet. (Ry mer, t. YII,
p. 593.)
Page 8, note a.
Affaires de Bretagne. Froissart, III, 64-66, 71, 1U3, 105,
108, 110; Relig. de Saint-Denys, VIII, 4-7; IX, 1 ; — Jean
de Blois racheté par Clisson. (Voy Dom Morice, Histoire de
hretayne, Preuves, t. II, p. 529; cf. Dom Lobineau, t. II, p.
683.) On a des reçus du duc d'Irlande postérieurement à sa
fuite d'Angleterre (6 novembre 1388). « Et me fut dit que les
60 000 fr. qu'il avoit reçus pour la rédemption des enfants de
Bretagne et spécialement de Jean de Bretagne [de Blois], car
(»uy étoit mort, il les trouva tout appareillés deçà la mer. Et
encore lui en devoit le connétable do France à payer en trois
ans soixante mille. » (Froissart, III, 80.) — Jugement du roi
qui termine le différend du duc de Bretagne et de Clisson
(20 juillet 1388). D. Morice, Preuves, t. II, p. 552-555.
Le comte d'Arundel. Il avait été fait amiral après le parle-
ment de 1386, et avait remporté divers avantages. (Voy. Knigh-
ton, p. 2692 et 2693; Wals., p. 326. Cf. Rymer, t. VII, p.
554, et ci-de8sus, t. I, p. 321.) — Ckdleaude Brest à Arundel,
9 avril 1388. Ryraer, t. VII, p, 579. — Expédition du comte
d'Aruiuiel. Froissart, III, 105, 112, 113, 129, 134, Wals.,
p. 334; M. Evesh., p. 103. Walsingham et le moine d'E-
394 LIVRE SEPTIÈME.
vesham disent qu'il partit après la Pentecôte, qui fut le 1 7 mai ;
Froissart, le 20 mai.
Page 10, note a.
Affaires d'Espagne. Lancastre à Brest, Wals., p. 321;
M. Evesh, p. 71; Knighton, p. 2677, 2678; Froissart, III,
23; Relig. de Saint-Denys, VII, 4 et 5. — Lancastre en Espa-
gne. Knighton, 1. 1.; Wals., p. 342; M. Evesh., p. 71 et 118;
Froissart, III, 33-35; 38, 40-44; 50, 55-61; 68-70; 82-89,
109, 130, 134, 136. — Traité de Lancastre et du roi de Cas-
tille. (Voyez les auteurs cités.) La principale difficulté du traité
conclu était l'argent promis à Lancastre. Le roi Jean P"" réunit,
à cet effet , les États à Briviesca au commencement de 1 388.
Le roi de Gastille ne croyait point acheter cette paix trop
cher : il terminait sa querelle avec l'Angleterre, et se mettait en
garde contre un autre péril du côté de la France : car le duc de
Berri sollicitait pour lui-même la main de la jeune princesse,
qui allait épouser Henri de Gastille ; et le roi de ce pays n'eût
pas été en sûreté, si le prince français, gouverneur du Langue-
doc, s'associait, par ce mariage, aux prétentions de Lancastre.
La France, de son côté, pouvait craindre que la dynastie éta-
blie par elle en Espagne ne se liât aux intérêts de l'Angleterre ;
et Charles VI députa k ce propos Jean de Vienne auprès du roi
de Gastille. Mais ce dernier, satisfait d'en finir avec les préten-
tions des Anglais, n'avait garde de se tourner contre la France.
Il donna sur ce point toute assurance à l'envoyé français.
(Voy. Froissart, II, 130 et 134.) Les conventions eurent donc
leur effet. Au printemps de 1388, la duchesse de Lancastre
amena sa fille en Espagne; et les fiançailles de la jeune prin-
cesse avec le fils du roi, qui n'avait pas dix ans, furent célé-
brées à Palencia. — Le jeune Henri fut à cette occasion créé
a prince des Asturies, » titre qui dès lors fut affecté à l'héri-
tier du trône de Gastille. Après les fiançailles, la duchesse de
Lancastre alla à Montiel, où Pierre le Gruel avait péri : elle y
recueillit les restes de son père qu'elle ensevelit à Séville avec
de magnifiques funérailles; puis elle vint à Médina del Gampo
qui lui avait été donnée par le traité (Froissart, III, 136.).
Le duc de Lancastre était resté en Guyenne. Un acte du 26
mai le fait lieutenant du roi dans cette contrée ; et le l*"" juin, il
reçut des pouvoirs pour traiter avec l'Espagne, non plus seu-
lement en son nom, mais au nom du roi d'Angleterre : né-
NOTES. 395
gociation qui n'aboutit point pour le moment. (Rymer, t. VII,
p. 584 et 587.) Lancastre y est encore qualifié de roi de Castille
et de Léon, et de même dans un acte relatif aux otages reçus à
propos de la convention faite entre lui et Jean détenteur de la
Castille, 26 août 1388. (Rymer, t. VII, p. 603.) Ce n'est qu'en
1389 qu'on cesse de lui donner ce titre, auquel lui-même
avait renoncé depuis plus d'un an. (Voy. Rymer, t. VII,
p. 641.) Quant au roi de Castille, appelé V intrus ^ VinjuMc
occupeur et détenteur schismatique du royaume de Castille,
dans la publication, faite par le roi d'Angleterre, des bulles du
pape en faveur de Lancastre (11 avril 1386), et simplement
détenteur de Castille dans l'acte cité plus haut, il n'est plus que
V adversaire de Castille dans les actes suivants.
Page 12, note a.
Le duc de Gueldre. Pouvoirs pour traiter avec luif 13 mai 1837;
pension de 1000 L, 13 juin; traité^ 10 juillet (Rymer, t. VII,
p. 535-538 et 556). — Défi au roi de France, 12 juillet 1387.
Froissart, III, 103, et Relig. de Saint-Denys, IX, 106. L'original
est aux archives (Trésor des Chartes, J, 522, n"* 16). — Campagne
de Gueldre (1388). Froissart, III, 116-118, 126-128; Relig. de
Saint-Denys, IX, 6-9; Wals., p. 334. N. Roulland, qui s'était
chargé des approvisionnements de l'expédition d'Angleterre, fit
de même pour la campagne de Gueldre. Il envoya des agents
avec 100 000 écus d'or sur les bords du Rhin pour amasser des
vivres (Relig.. de Saint Denys, IX, 7).
IJ Ecosse. Wals., p. 335; M. Evesh., p. 105; Knightou,
p. 2734; Froissart, III, 119-125. Walsingham avoue que les
pertes des Anglais furent considérables, tout en disant que les
Écossais éprouvèrent un dommnge irréparable par la mort des
plus puissants d'entre eux. Froissart, qu'il y eut, des Anglais,
mille -quarante pris, dix-huit cent soixante tués, et plus de
mille blessés; et des Kcossais, cent morts, et deux cents pris.
C'est, il le faut dire, la version des Écossais qu'il nous rap-
porte : « Il me fut dit par la partie des Escots qui furent à la
bataille, » etc. (III, 124, vers la fin); et plus haut {ibid.y 121,
vers la fin) : « Je chevauchai tout partout le royaume d'Kscosse,
et fus bien quinze jours en l'hôtel du comte de Douglas, père
de ce comte James dont je parle présentement. » Mais Frois-
sart n'avait pas négligé de consulter aussi les Anglais :
396 LIVRE SEPTIKMK.
« Si fus informé des deux parties, et tout en la saison que la
bataille avoit été : et bien se concordoient les uns et les autres.
Mais ils me dirent que ce fut une aussi dure besogne et aussi
bien combattue que nulle bataille ne put oncques être; et je
le crois bien, car Anglois d'un côté et Escots d'autre côté sont
très-bonnes gens d'armes; et quand ils se trouvent ou en-
contrent en parti d'armes, c'est sans s'épargner. »
Et il continue en relevant des traits qui montrent comme la
chevalerie savait tempérer, au plus fort des batailles, les ri-
gueurs de la guerre :
« Tant que lances, haches, épées ou dagues, et haleine peu-
vent durer, ils fièrent et frappent l'un sur l'autre ; et quand ils
se sont bien battus et assez combattus, et que l'une partie ob-
tient, ils se glorifient si en leurs armes et sont si réjouis, que
sus les champs, ceux qui sont pris et fiancés ils sont rançonnés ;
et savez-vous comment? Si très tôt et si courtoisement, que
chacun se contente de son compagnon, et que au département
ils disent grand merci . Mais en combattant et en faisant armes
l'un sur l'autre, il n'y a point de jeu ni d'épargne, ainçois est
tout acertes; et bien le montrèrent là, ainsi que je vous dirai
avant que je me départe de la besogne; car ce rencontre fut
aussi bien démené au droit d'armes que nulle chose pût
oncques être. » (III, 121.)
Il reproduit les mêmes observations avec plus de vivacité
dans le beau récit qu'il fait de cette bataille :
« Et sachez que cette bataille fut durement bien combattue
et vaillamment maintenue; et fut pour les Anglois moult in-
fortunée, car ils étoient trois fois plus de gens que les Escots;
mais ce que d'Escots il y avoit, c'étoit toute la fleur de leur
royaume; et bien le montrèrent, car ils avoient plus cher à
mourir que reculer, par défaut de courage, un arpent de terre ;
et sachez que Anglois et Escots, quand ils se trouvent en ba-
taille ensemble, sont dures gens et de longue haleine, et point
ne s'épargnent; mais s'entendent de eux mettre à outrance. Ils
ne ressemblent pas les Allemands qui font une empeinte, et
quand ils voient qu'ils ne peuvent vaincre et entrer en leurs
ennemis ils s'en retournent tout à un fait; nennil Anglois et
Escots, mais ils sont d'une autre opinion : car en combattant ils
s'arrêtent sur le pas, et là fièrent et frappent de haches ou
d'autres armures sans eux ébahir, tant que haleine leur dure.
Et quand par armes ils se rendent l'un à l'autre, ils font bonne
NOTES. 397
compagnie sans eux trop travailler de leur finance, mais sont
très courtois l'un à l'autre. » {Ibîd., 123.)
Il y a, sur la bataille d'Olterbourne, une ancienne ballade
d*un poëte anglais, et par conséquent en l'honneur de l'Angle-
terre, dans les Reliques of ancient english poetry, publ. par
Thomas Percy, évêque de Dromore. (Lond., 1844, t. I, p. 22
et suiv.)
Page 13, note a.
Négociations avec la France. Le duc de Lancastre, nommé
lieutenant du roi en Guyenne, comme on l'a vu (26 mai 1388),
conclut une trêve séparée pour sa province (27 août 1388.
Rymer, t. VII, p. 595). Un acte du 13 août le charge de lever
les hommes de son duché contre les Ecossais : mais la lettre
est adressée à lui ou à son chancelier (Rymer, t. YII, p. 594),
et ne doit point faire croire qu'il fût alors en Angleterre. Les
négociations pour une trêve générale recommencent après que
Charles YI es! revenu de son expédition de Gueldre : Sauf-con-
duit aux envoyés de France, 16 novembre 1388; pouvoirs pour
traiter avec la France soit d'une trêve, soit de la paix finale,
26 novembre. L'évêque de Durham, W. de Beauchamp, capi-
taine de Calais, et J . Devereux, sénéchal de l'hôtel, sont les
négociateurs désignés. Des pouvoirs leur sont donnés séparé-
ment pour traiter avec le comte et les prudhommes de Flandre
(même jour). — Garantie aux ambassadeurs français qui doivent
venir en Picardie, 5 février 1389; sauf-conduit valable jus-
qu'au 1" mai (4 mars). (Rymer, t. YII, p. 608, 610, 611, 613
et 614.)
Le roi de France et ses oncles. Le roi, dès son arrivée à
Reims, annonça l'intention de gouverner par lui-même. Il prit
pour ses principaux conseillers, dès son retour h Paris, Bureau
de la Rivière, J. de Noviant et J. de Montaigu. (Relig. de
Saint-Denys, IX, 10, li, 14. — Dlf/icullés pour les trêves;
nouvelle invasion des Écossais. Wals., p. 336; M. Evesh.,
p. 107. Le comte de Norlhumberland (H. Percy), Raulf de
Nevil, J. de Roos, et Roger de Gliflbrd étaient chargés spéciale-
ment de la garde des marches. (Rotuli Scotiie^ t. II, p. 94,
96, etc.) Le 8 mars 1388, la marche orientale fut confiée au
comte maréchal U partir du I'"'' juin suivant, en même temps
que J. de Roos et R. de Nevil ('tainnl r.onuiiis ;i 1m marche oc-
cidentale. {Ihid.y p. 96 )
398 LIVRE SEPTIEME.
Page 14, note a.
Déclaration de Richard. Wals., p. 337; M. Evesh., p. 108;
Knighton, p. 2735; Otterbourne, p. 177. Walsingham dit que
le roi ayant repris les sceaux à l'archevêque d'York, les mit
dans son sein, pais sortit, et rentrant peu après, les donna à
W. de Wickham, évêque de Winchester. Le Mémorandum de
la remise des sceaux prouve que le roi les reprit le 3, et les
donna le lendemain seulement à l'évêque de Winchester : l'ar-
chevêque de Ganterbury, le duc d'York, le comte de Derby, fils
de Lancastre, et le comte de Nortlmmberland figurent parmi les
témoins de la cérémonie. (Rymer, t. VII, p. 617.) J. de Hol-
land reçut le gouvernement de Brest pour trois ans, le P*" juin
1389. (Ihid.,^. 622.)
Assentiment général. « Et non erat quis qui régis voluntatem
« infringere conaretur, sed omnes Deum glorificaverunt qui sibi
a talem regem sapientem futurum providere curavit. » (Knigh-
ton, p. 2735.)
L'évêque d'Exeter (Jean de Brentingham), jmis Vévêque de
Saint-David (J. Gilbert), trésorier. G-odwin, de Prxsulihus An-
gliœ, p. 411, note, et p. 489. L'évêque de Saint-David figure
comme trésorier dans une séance du conseil du 10 décembre.
{Proceedings, 1. 1, p. 17.)
Page 15, note a.
W. de Wickham. Voyez, sur ce personnage important, An-
glia Sacra (t. II, p. 318); Fr. G-odwin, de Prœsulihus Angliœ
(p. 226-230), et W. Godwin, Life of Chaucer (t. III, p. 128).
Proclamation du roi. <t De avisamento, assensu et consilio
a prœlatorum, procerum et inagnatum ejusdem regai nostri,
« integrum regimen ac plenam gubernationem regni nostri
« prœdicti super personam nostram propriam sumpsimus et
« suscepimus. » Il confirme les pardons de l'an xi, et veut
qu'aucun ne soit recherché : « Volentes semper quod omnes et
« singulae gratise, pardonationes et remissiones in parliamento
« nostro apud Westmonasterium, anno regni nostri xr, per nos
« factse et concessae, in omnibus suis articulis inviolatae et in-
« concussœ permaneant et existant.... Et quod nullus eorum,
« cui hujusmodi gratiœ et pardonationes et remissiones factœ
« fuerunt,... per nos vel per haeredes nostros futuris temporibus
NOTES. 39y
« impetalur, molesletur in aliquo, vel gravetur. » II ordonne
en même temps d'empêcher les rassemblements illicites. (West-
minster, 8 mai 1389. Rymer, t. YII, p. 618).
Page 17, note a.
Accusation contre Glocester repoussée. Wals., p. 337.
Démarche du comte de Northumberland au nom de Glocester ^
de Warivick et d'Arundel. « Item fut r[eprésenté par] le counte
de Northumberland de par le duc de Gloucester et le counte
Darundel comment ils désirent grandement que bon amour
unitee et agrée puissent estre establiez parentre le Roy et les
seigneurs de son counseil d'une part et les dits duc de Gloucester
le counte Darundel et le counte de Warwyk d'autre part. Et
que nulle partie eit l'autre en suspicion ou agait. Et aussi comme
desirount estre certifie de la volentee du roi et de son counseil. «>
(13 septembre 1389. Proceedinys , t. I, p. 12.) Il n'y eut pas
de réponse formelle sur l'heure ; mais Glocester et Arundel
figurent au conseil le 10 décembre suivant. {Ibid, p. 17.)
Warwi'-k n'y est pas nommé. Derby s'y retrouvait déjà le
13 septembre. {Ibid.^ip. 11.)
Le comte maréchal. Sur son commandement de Berwick, voyez
ci-après, p. 21 et 401. Un ordre en conseil veut qu'on lui paie
« 1000 1. de regard (récompense) pour ses coustages pour le
temps qu'il avoit la marche d'Escosse, « 13 septembre 1389
(cf. 22 novembre), et il était ordonné en même temps que l'on
traiterait avec lui « sur l'office du capitaine de la ville de Ca-
lais. » (ProceedingSj t. I, p. 12 et 14*=). — Mort de Michel de la
Pôle. Walsingham prend cette occasion pour épancher sur sa
mémoire tout le fiel de sa haine : « Hac œstate (1389) perfidia*
a promptuarium, sentina avaritiœ, auriga proditionis, area ma-
« litiœ, odii seminator, mendacii fabricator, susurro nequissi-
» mus, dolo prœstantissimus, artificiosus detractor, patriaeque
« delator, Michael Atte Pôle, quondam comes Southfolchiae, re-
« gnique cancellarius, sed nequam consiliarius, coucessit in
« fata Parisius, merito perfidum evomens spiritum in terra
« peregriua. » (Wals.,p. 339.) Le moine d'Evesham n'a garde
de retrancher un seul mot de cette étrange oraison funèbre.
(P. 113.)
Alexandre Nevil, ancien archevêque d'York. Voyez Godwin,
De Prœsulibus Anglix, p. 688. — Hobert de Vère. 11 s'était
400 LIVRE SEPTIÈME.
d'abord retiré en Hollande. Invité à quitter Dordrecht, il alla
à Utrecht, ville franche : c'est de là qu'il vint en France où
l'appelait Charles VI. (Froissart IV, 4.) — Sa mort. Wals.,
p. '352. — Remise de la deuxième moitié du dixième et du
quinzième votés au dernier parlement, 16 mai 1389. Rymer,
t. VII, p. 620.
Page 20, note a.
Négociations avec la France. Richard y employa les hommes
déjà mis en avant par Glocester : l'évêque de Durham , W. de
Beauchamp , capitaine de Calais ; Jean Devereux , sénéchal de
l'hôtel, etc. Du côté de la France figurent l'évêque de Bayeux,
Waleran, comte de Ligny et de Saint-Pol, Raoul de Rayneval,
chambellan du roi, etc. — Sauf-conduit aux envoyés de France
prorogé jusqu'au 15 juillet (5 mai 1389. Rymer, t. VII, p. 666).
— Pleins pouvoirs aux ambassadeurs, 4 mai. (ibid. p. 638.)
L'Espagne : voyez ci-dessus, p. 394.
VÈcosse. Froissart, III, 138; Wals., p. 337; M. Evesh.,
p. MO-111. — « Et se sont là tenus (les négociateurs de Leu-
linghem) plus d'un mois, les uns à Boulogne, les autres à Calais,
attendant ambassadeurs du royaume d'Escosse. Et a le roi de
France envoyé devers le roi d'Escosse et son conseil pourquoi
il prît trêves; car les Anglois ne veulent donner nulles trêves si
les Escots ne sont enclos dedans. -» (Froissart, IV, 1 .)
Trêve de Leulinghem, 18 juin 1389; Rymer, t. VII, p. 623
et suiy. (L'original est aux Archives de TEmpire, J, 642, n° 23.)
Pour la Guyenne et les pays en deçà de la Loire, la trêve courait
du V août 1389 au l*'' août 1392. Aucune ville ou forteresse
ne devait être bâtie ou réparée à la distance de sept lieues
d'une ville de l'autre partie, sans congé de l'adversaire. {Ibid.,
p. 627.)
Actes divers relatifs à la trêve : Commissaires nommés pour
recevoir le serment du roi d'Éeosse, 3 juillet. (Rymer, t. VII,
p. 630.) — Sauf-conduit pour les envoyés écossais, même date.
{Ibid., p. 631») — Envoyés français allant en Ecosse, même
date. {Ibid.,^. 631, et Rot. Scot., 1. 11,^. 98.) — On cherchait à
attirer les Ecossais aux écoles d'Angleterre : on trouve, à la date
du 5 octobre 1389, un sauf-conduit à des Écossais qui viennent
y étudier. {Rot. Scot., t. II, p. 100). — Ordre pour la procla-
mation de la trêve, 8 juillet. (Rymer, t. VJI, p. 634.) — Sauf-
conduit aux envoyés français venant en Angleterre pour recevoir
NOTES. 401
le serment de la trêve, 22 juillet. {Ibid.y p. 635.) — Ratifica-
tion de la trêve, 10 août. (Ibid., p. 637.) — Commissaires
nommés pour la conservation des trêves, Il août. (/6if/., p. 639.)
— Serment de Richard pour la trêve devant les envoyés d'Ecosse
27 septembre. (Ibid.y p. 639.) — Commissaires pour remédier
aux infractions de la trêve (avec l'Ecosse), 18 décembre 1389.
(Ibid., p. 650.) — Le roi de Castille confirme la trêve, 3 sep-
tembre. {Ibid.,ip. 644.)
Page 22 , note a.
Mesures de réforme arrêtées en conseil. « Qu'aucun coutumier
(receveur) ni contrôleur de coutume ne soit nommé que par
le trésorier ; que ceux qui sollicitent des dons mentionnent dans
leurs requêtes les faveurs qu'ils ont déjà reçues , sous peine
d'en être privés, » etc., 20 août 1389. (Proceedings, t. I,
p. 9-11.
Affaires de Rome. A la mort d'Urbain VI, le comte de Nor-
thuraberland fit en conseil la motion que le roi ne reconnût pas
le nouvel élu, avant d'avoir pu prendre l'avis des seigneurs et
des communes ; et ce vœu, appuyé du conseil, fut agréé du roi,
20 novembre 1389. {Froceedings, t. I, p. 14'^.) — Négocia-
tions. Le duc de Bretagne offrait d'aider le roi à recouvrer ses
châteaux en Guyenne , réclamant de son côté le comté de
Richmond. Le roi répondit qu'il ne pouvait songer à recouvrer
ces châteaux à cause des trêves; mais que, dès qu'il le pourrait
faire sans violer les trêves, il serait prêt à accomphr le désir
exprimé par le duc. (Ibid., p. 6.) Au conseil de Reading, 10 dé-
cembre 1389, il fut résolu « par cause que la besogne est bien
chargeante, » d'attendre, avant de lui donner d'autre suite, la
réunion du parlement. (Ibid., p. 17.) De même, à l'égard de la
France on ajourna le départ des messagers qui devaient traiter
de la paix, afin d'attendre qu'il y eût un plus grand nombre do
seigneurs pour en débattre les articles, et que Lancaslre fût re-
venu en Angleterre (13 septembre, ibid., p. 11).
Le roi et le conseil à propos du comte maréchal. Procec-
dingSy t. I, p. 12.
Page 22, note b.
La chambre des lords en 1388 et en 1390. Go sont les mêmes
noms, sauf celui de Derby, et celui de Guy de Rrian, pour le-
11 — 26
402 LIVRE SEPTIEME.
quel on ne voit pas plus de motif d'exclusion; et quelques noms
déplus en 1390. Voy. Gotton's Abridgm., p. 320 et 328.
Le duc de Lancastre. Ordre de retenir des vaisseaux pour le
ramener de Guyenne en Angleterre, 11 août 1389. Rymer,
t. YII, p, 641. — Invité à revenir. On trouve dans les actes
du conseil le rapport du message envoyé à Lancastre, la réponse
de Lancastre, et la résolution du conseil pour hâter son retour
(28 novembre 1389. Proceedings, t. I, p. 14<=). — Lettre du
roi. « Quia multum peroptamus prœsentiam vestram in Regno
a nostro obtinere, tum ad consulendum nos super bono régi-
a mine status ejusdem.... » (30 octobre 1389, Rymer, t. VII,
p. 648.) Knighton (p. 2677), Walsingham (p. 342) et le moine
d'Evesham (p. 118), disent qu'il revint en novembre. Ils le
font intervenir comme pacificateur entre le roi et les lords dans
le conseil tenu à Reading (décembre). Les actes du conseil
constatent la présence de Lancastre, mais ne renferment rien
qui justifie le dire de Walsingham et de son copiste. {Pro-
ceedings, t. I, p. 18.)
Page 27 , note a.
Lettres de protection. Rot. Pari, t. III, p. 265, § 25. Grand
nombre de lettres de ce genre avaient été données à des cheva-
liers qui suivaient ou allaient rejoindre Lancastre en Espagne.
(Voy. Rymer, t. VII, p. 490, 499 et 508). La fin de son expé-
dition leur avait permis de rentrer en Angleterre, et peut-être
continuaient-ils d'user et d'abuser des lettres qu'ils avaient re-
çues. Plusieurs aussi, qui recevaient ces lettres pour aller à la
guerre, restaient chez eux. Les communes demandaient qu'elles
ne fussent valables que pour ceux qui étaient à la solde du roi
ou de ses capitaines, à la frontière et dans les pays où se fai-
sait la guerre ; qu'ils n'eussent qu'un mois pour s'y rendre, et
que, ce mois expiré, les lettres fussent annulées. — Insignes et
livrées. Rot. Pari., t. III, p. 265, § 27, et 3« Statut de la
xiir année (12 mai 1390), Stat. of Realm, t. II, p. 74. — Loi
des laboureurs, Rot. Pari., t. III, p. 268, § 38; — paysans
et artisans à la chasse, ibid., p. 273, § 58. Des plaintes non
moins souvent renouvelées avaient rapport aux incursions des
gens du pays de Galles dans les comtés voisins. Le roi dit qu'il
avait chargé son conseil de se concerter avec les seigneurs de
la frontière pour y apporter remède. {Ibid., p. 272, § 57.)
NOTES. ^03
Page 28, note a.
Ordonnances du chancelier ou du conseil. Bot. Pari., t. III,
p. 266, § 30. — Évocation au conseil, ibid., p. 267, §33. — Ju-
ridiction du sénéchal et du maréchal de rhôtel, ibid., § 34. Le
statut de cette année marqua les limites de leur ressort : il s'é-
tendait à 12 milles autour de la résidence du roi (Stat. 13
Richard II, c. ii. Stat of Realm, t. II, p. &2.) — Juridiction
du clerc du marché : il avait le droit de briser les fausses mesu-
res et de mettre les déliquants en prison : les communes se
plaignaient qu'il se bornât à les mettre à l'amende sans détruire
les fausses mesures [Rot. Pari., t. III, p. 267, § 35). — Les
sergents d'armes, ibid., p. 265, § 28. — Les juges de paix,
ibid.,ip. 269, §40.
Les chartes de pardon, ibid., p. 268, § 36. Gf. Wals., p. 343.
— Tarif des amendes selon les personnes. Les archevêques ou
ducs, 1000liv.;les évêques ou comtes, 1000 marcs; les abbés,
prieurs, barons ou bannerets, 500 marcs ; les clercs, bacheliers
ou autres de moindre état, 200 marcs et un an de prison.
L'amende atteignait en outre ceux des officiers du palais qui
auraient laissé la requête venir jusqu'au roi: le chambellan,
1 000 marcs ; le sous-chambellan, 500 m., et la charte accordée
devait être nulle. {Ibid.) Ces chartes servaient trop souvent à
sanctionner des conventions qui transformaient la peine du
meurtre en compensation pécuniaire, et faisaient revivre l'usage
du weregeld. Il parait même que les intercesseurs y trouvaient
leur profit. Pour les mieux atteindre, les communes deman-
daient que nulle charte ne fût reçue par le gardien du sceau
privé, sans porter le nom du requérant; que nulle ne vînt au
chancelier, sans avoir passé par le gardien du sceau privé.
Page 29, note a.
Réponses du roi. Les voir après chacune des pétitions citées
dans la note précédente. Cf. le l" statut de la xiir année de
Richard II (16 mai 1390), c. i-viii. Stat of Realm, t. II, p. 61-
65; et 2* statut, c. i, ibid.^ p. 68.
Page 30, note a.
Peines nouvelles réclamées contre les proviseurs. Rot. Pari.,
404 LIVRE SEPTIEME.
t. III, p. 266, § 32 ; et aussi contre les porteurs ou exécuteurs
des sentences du pape, Ibid., p. 270, § 44. Pour les antécédents
de la question, voyez ci-dessus, t. I, p. 413, et aussi Lingard,
Hist. d'Angleterre y t. IV, p. 358 et suiv. (de la traduction.)
Le collecteur du pape, ibid., § 43.
Page 31 , note a.
Protestation des deux archevêques. Rot. Pari. y t. III, p. 264,
§.21. — Lettre du roi à V archevêque de Canterbury contre les
taxes nouvelles perçues au profit de Rome, 10 octobre 1389.
Rymer, t. VII, p. 644 :
oc Licet vos non lateat qualiter ad conservationem jurium et
« consuetudinum regni nostri.... vinculo juramenti sumus
a astricti, ac de jure et consuetudine prœdictis impositio aliqua
« eidem populo nostro, absque communi consilio et assensu
« ejusdem regni, fieri seu levari non debeat ab eodem quovis
« modo : supplicante insuper nobis in parliamento nostro, apud
« Westm. nuper tento, communitate ejusdem regni contra impo-
a sitiones clero regni nostri prsedicti per summum Pontificem eo
« tempore publicatas et exactas, remedium imponere, etc. »
Un assez grand nombre de pétitions particulières furent ac-
cueillies et reçurent réponse en ce parlement. Voy. Rot. Pari,
t. III, p. 259-262, § 10-17, et p. 274-276, n°^ 1 et suiv.
Page 31, note h.
Réponses du roi touchant les proviseurs . Voir aux lieux cités
dans la note précédente, et le 2^ statut de la xiir année, c. ii,
Stat. ofRealm, t. II, p. 69-74. — Lettre du roi au pape. Après
un tableau de Tétat déplorable de l'Église d'Angleterre, il rap-
pelle le droit qu'ont le roi de présenter, et les chapitres d'élire :
« Modicum omnino aut nullum sortiuntur eifectum ; immo
« quod a seculis inauditum est, humanœ artis industria tantum
« didicit avaritiœ famulari, ut si forte unicam ecclesiam cathe-
« dralem vacare contigerit, sex aut quinque translationes se-
o: dium episcopalium continue celebrantur, non ut de virtute
a sit transitus in virtutem, sed potius ut solvat uberius qui salit
a allius, et imago Gœsaris in domum Domini multipliciter sed
« tamen abominabiliter transferatur. » Il signale l'abus des
provisions et des réserves, la simonie qui pénètre dans l'Eglise.
NOTES. 405
Il prie le pape d'arrêter ces scandales. La lettre est signée du
roi, de ses trois oncles et des principaux barons d'Angleterre.
(26 mai 1390, Rymer, t. VII, p. 672-675.)
Page 32, note a.
Prieurés étrangers. Rot. Pari, t. III, p. 262, § 19, et p. 276,
n° 12. On voit dans les actesdu conseil, à la date du 20 août 1389,
un prieuré donné à Ed. Dalingrugge, conseiller du roi, pour
lui tenir lieu d'une pension de 100 m. (Proceedings^ t.I, p. 9.)
Page 33 , note a.
Vétaple des laines. Les communes demandaient qu'elle ne
restât plus à Calais que juqu'àla Saint-Michel (29 septembre) :
le roi la prorogea jusqu'à la Saint-André (30 novembre). {Rot.
Pari, t. III, p, 268, § 37.) Par des lettres patentes du 17 dé-
cembre, il déclara que toute marchandise étrangère, arrivant
à Calais, serait sous la direction du maire de l'é tapie de la
ville. {Francise Rot. 13 R. II, m. 10, dans la collection
Bréquigny, t. LXXVIII, ï°. 208.) — Vunitè des poids et me-
sures. On excepte, d'un commun accord, le comté deLancastre,
qui avait des mesures plus grandes. (Rot. Pari., t. III, p. 270,
§42.) — Les draps, etc., ibid., p. 271, §47, 49, 53. — Retirer
aux cordonniers la faculté de cumuler le métier de tanneur, et
réciproquement. Ibid., § 48, et le V statut de la xiii* année,
c. ix-xiii. Stat. of Realm, t. II, p. 64, 65. — Le subside des
laines. Au parlement de la xi" année (1388), le subside était,
par chaque sac de laine ou par 240 toisons (outre le demi-marc
d'ancienne coutume) : 43' 4** pour les indigènes, et 46' 8*^ pour
les étrangers ; et par last de cuir, outre le marc d'ancienne cou-
tume, 6"' 6* 8*^ pour les premiers, et 8*" pour les autres. Au
parlement de la xiir année (1390): 33' 4*^, et 36' 8** pour la
laine et les toisons; 5'" et 5™ 1/2 pour les cuirs, outre l'an-
cienne coutume, comme dans le premier cas. {YoyezRot. Pari.,
t. III, p. 245, § 16, et p. 262, § 20.) Walsingham dit que les
communes votèrent 40' par sac de laine, dont 10 h l'usage du
roi, et 30 à garder pour les besoins de la guerre (p. 343). Le
procès-verbal du parlement le contredit; l'impôt l'ut moindre,
et tout entier réservé à la guerre. Le moine d'Evesham(p. 122)
exagère plus encore le chiffre du subside (50 et 60' par sac de
laine ; 12'' par livre sur les marchandises).
406 LIVRE SEPTIÈME.
Page 35, note a.
Lancastre investi du duché de Guyenne, 2 mars 1390. Rot.
Pari., t. III, p. 263, § 21 et 22, et Rymer, t. YII, p. 659.
Ordre à tous les feudataires d'Aquitaine de lui faire hommage,
et aux officiers de lui rendre compte en ce qui regarde l'Aqui-
taine, même date {Ibid., p. 661). Par des lettres patentes du
23 novembre, le roi déclarait d'ailleurs qu'en donnant à vie le
duché de Guyenne à son oncle, il n'avait point entendu porter
préjudice à l'union de ce duché avec la couronne (Suppl. Ry-
mer, Richard II, t. IV, n° 12, dans la collection Bréquigny,
t. LXXVIII, f° 277.)
Le fils aîné du duc d'York créé comte de Rutland, le même
jour que Lancastre recevait le duché de Guyenne, 2 mars.
(Rot. Pari., t. III, p. 264, § 23.) Il eut, en outre, la charge
d'amiral, de la xvir à la xxi" année de Richard (1393-1397)
(ArchœoL, t. XX, p. 24, note.)
Domaine au duc de Glocester. Ce don est rappelé et confirmé
au parlement suivant. (Rot. Pari., t. III, p. 274, n^ 1.)
Les amis de l'ancien évcque de Chichester. Ibid.y n'* 2. Cf.
p. 244, n° 6, et ci-dessus, t. I, p. 369 et 515.
Garanties contre les libéralités du roi. « Item que nul doun
ou graunt que purra tournîr à desencrees du profit du Roi
passe saunz avys du consail et Tassent des Ducs de Guyenne et
d'Everwyk (York), de Gloucestre et du chancelier ou deux de
eux. » (Proceedings, t. I, p. 18 c.) Cette ordonnance, entre
autres mesures utiles, défendait qu'aucun sénéchal ou juge fût
nommé à vie, pouvoir dont les titulaires abusaient : les com-
munes n'avaient pas cessé de s'en plaindre.
P?ge 36, note a.
Trêves. Elles motivèrent de nouvelles négociations avec
l'Ecosse : Sauf-conduit à W. Douglas (20 avril. Rymer, t. YII,
p. 678); commissaires pour la réparation des infractions faites
à la trêve (28 juin. Ibid., p. 679); confirmation des trêves,
(16 juillet. Ibid.,Yi. 683.) — Pouvoirs pour traiter avec la France:
proroger les trêves, ou « venir à bonne, final et vraie paix et
accord. » (7 avril 1390. Rymer, t. VII, p. 667 et 669.) Les
commissaires sont : l'évêque de Durham, le comte de Norlhum-
berland, J. Devereux, sénéchal de l'hôtel, etc. Des pouvoirs
NOTES. 407
leur sont donnés en même temps pour traiter avec la Flandre.
(Ibid., p. 670.)
Expédition du comte de Derby en Prusse. Wals., p. 343.
Le duc de Bourbon à Tunis. Froissart, IV, 13, 15 et 17 ;
Relig. de Saint-Denys, XI, 2 et 3. Le Religieux de Saint-Denys
dit que Derby était à la croisade de Tunis. Mais, selon Wal-
singham et Otterbourne, il devait faire alors la croisade de
Prusse. Le religieux paraît confondre Derby, fils aîné de Lan-
castre, avec Jean de Beaufort, fils naturel du même prince, que
Froissart nomme, et nomme seul dans cette expédition.
Les Turcs en Hongrie. En 1389, Amurath mourait vainqueur
à la bataille de Gassova, laissant le trône à Bajazet.
Page 38, note a.
Joutes de Saint-Inglevert. « A l'entrée du joli mois de mai. »
(Froissart, IV, 6 et 12.) « Donc s'en vinrent le comte de Hos-
tidonne (J. de Holland, comte de Huntingdon), le comte maré-
chal.... et tous les chevaliers, qui jouté avaient les quatre jours,
en une compagnie devers les chevaliers françois, et les remer-
cièient grandement de leurs ébattements et leur dirent : « Tous
« chevaliers et écuyers de notre compagnie qui jouter vouloient
a ont fait armes. Si prenons congé à vous, car nous retourne-
« rons à Calais, et de là en Angleterre. Nous savons assez que
« qui voudra jouter à vous et faire armes, il vous trouvera ici
oc les trente jours durans, selon la teneur de votre cri. Nous
« revenus en Angleterre, nous vous certifions que à tous che-
« valiers et écuyers que nous verrons et qui à nous de ces armes
« parleront, nous leur dirons et prierons que ils vous viennent
« voir. — Grands mercis, répondirent les trois chevaliers, et
« ils seront recueillis de bonne volonté et délivrés au droit
tt d'armes, ainsi comme vous avez été. Avec tout ce nous vous
a remercions grandement de la courtoisie que vous nous avez
a faite. » {Ibid.j vers la fin.) Les sauf-conduits donnés par le
roi d'Angleterre à cette occasion, sont du 9 et du 13 mars 1389.
(Rymer, t. VII, p. 663 et ô65.)
En 1390, des joutes brillanles eurent lieu en Angleterre. Un
acte du 25 septembre accorde un sauf-conduit au comle do
Saint-Pol pour venir avec deux cents chevaux assister h ces
tournois. (Suppl. Rymer, Richard II, t. IV, n" 6. Gollect. Bré-
quigny, t. LXI, fM4.)
408 LIVRE SEPTIÈME.
Le chevalier de Varmèe anglaise devant Noyon. « Là eut un
chevalier d'Escosse qui fit une grande appertise d'armes ; car il
se partit de son conroy, son glaive en son poing, monté sur
son coursier, son page derrière lui, et brocha des éperons tout
contreval la montagne. Si fut tantôt devant la barrière; et
appeloit-on le dit chevalier messire Jean Asneton, hardi
homme et courageux malement, et aussi avisé et arrêté en
toutes ses appertises, là et ailleurs. Quand il fut devant les bar-
rières de Noyon, il mit pied à terre jus de son coursier, et dit
à son page : « Ne te pars point de ci ; » et prit son glaive en
ses poings, et s'en vint jusques aux barrières, et se écueillit, et
saillit outre par dedans les barrières. Là avoit de bons cheva-
liers du pays, messire Jean de Roye, messire Lancelot de Lor-
ris, et bien dix ou douze autres, qui furent tous émerveillés
qu'il vouloit faire; néanmoins ils le recueillirent moult faiti-
cement. Là dit le chevalier Escot : « Seigneurs, je vous viens
« voir: vous ne daignez issir hors de vos barrières, et je y dai-
a gne bien entrer; je veuil éprouver ma chevalerie à la vôtre,
« et me conquérez si vous pouvez. » Après ces mots, il jeta et
lança grands coups à eux de son glaive, et eux à lui des leurs;
et fut en cel état, lui tout seul sur eux, escarmouchant et fai-
sant grands appertises d'armes plus d'une heure, et navra un
ou deux des leurs ; et prenoit si grand plaisir à lui là combattre,
que il s'entr'oublioit; et le regardoient les gens de la ville et de
a porte, et des guérites, à grand'merveille, et lui eussent porté
grand dommage du trait si ils eussent voulu: mais nennil, car
les chevaliers françois leur avoient défendu. Tant fut en cel
état, que son page vint sur son coursier, moult près des bar-
rières, et lui dit tout en haut en son langage : « Monseigneur,
« partez-vous, il est heure; car nos gens se partent. » Le che-
valier, qui bien l'entendit, s'appareilla sur ce, et lança depuis
deux ou trois coups, et quand il eut fait, il prit son glaive et se
relança à l'autre lez sans nul dommage ; et tout armé qu'il étoit,
il se jeta sur son coursier derrière son page. Quand il fut sus, il
dit aux François : « Adieu, adieu, seigneurs, grands mercis. »
Si brocha des éperons et fut tantôt à ses compagnons. Laquelle
appertise d'armes de monseigneur Jean Asneton fut durement
prisée de toutes gens. » (Froissart, I, part, ii, c. 309.)
Page 39, note a.
Renconlre des Français et des Anglais pendant les marches.
NOTES. 409
«t Et chevauchoient telle fois si près l'iin de l'autre que ils se
lussent bien trouvés et rencontrés s'ils voulsissent, et parloienl
à la fois l'un à l'autre. Donc il advint que messire Henry de
Persy, un des gentils barons d'Angleterre , chevauchoit les
champs avec sa route, et messire Guillaume des Bordes et mes-
sire Jean de Bueil faisoient une autre, et tenoit chacun son
chemin sans point issir du frais. Là dit messire Henry de
Persy, qui chevauchoit un blanc coursier, en regardant sur
senestre, à monseigneur Aimery de Namur, fils au comte : « H
« fait beau voler maintenant ; que ne volez-vous quand vous
« avez ailes ? — Sire de Persy, sire de Persy, dit messire Ai-
a mery, qui un petit issit de son conroy en frétillant son cour-
« sier, vous dites voir, le vol est beau à nous, et si j'en élois
a cru, nous volerions jusques à vous. — Par Dieu, Aimery, je
« t'en crois bien. Or, émeus tes compagnons à voler; si y aura
« bon gibier. » Ainsi, en bourdant, chevaucha le sire de Persy
une espace de temps, cotianl les François; et le plus prochain
de lui à qui il parloit, c'étoit Aimery, le bâtard de Namur, un
moult frique et gentil chevalier et bon homme d'armes. »
(Froissart, I, part, n, c. 368.)
Contraste des Français et des Anglais avec les Espagnols et les
Allemands. Ibid.y c. 343. — Sur les Allemands, voir encore ce
qu'il en dit, après avoir montré combien les Anglais et les Écossais
eux-mêmes sont courtois l'un à l'autre, « ce que les Allemands
ne sont pas; car mieux vaudroit un gentil homme être pris des
mécréans, tous payens ou Sarrasins, que des Allemands; car
Allemands contraignent les gentils hommes en double prison
de ceps de fer, de bois, de grésillons et de toutes autres prisons
hors de mesure et raison, dont ils meshaignent et atibiblissent
les membres d'un homme pour estordre plus grand'finance Au
voire dire en moult choses. Allemands sont gens hors de rieulle
de raison, et c'est merveille pourquoi nuls conversent avec
eux ni qu'on les souflre à armer avec eux, comme François
et Anglois, qui font courtoisie, ainsi qu'ils ont toujours fait;
ni les autres ne le feroient ni le voudroient faire. » Ibîd.,
m, 123.
Les Français et les Anglais en Espagne. Wals. p. 342 :
<r Nempe mos est utrique genti, AngliiL' scilicet atque (lallia',
a licet sibimet in propriis sint infesli regionibus, in remotis
«« partibus tanquam fratres sibimet subvenire, et'fidem adin-
« vicem inviolabilem observare. »
410 LIVRE SEPTIÈME.
Page 42, note a.
Parlement de la xiv année (12 novembre 1390). Exposé du
chancelier. Rot. Pari., t. III, p. 277, § J . On trouve les in-
structions secrètes qui avaient été données aux négociateurs
(l'évêque de Durham, le comte de Northumberland, J. Deve-
reux, Ed. Dalingrugge, Richard Stury, maître Raymond Guyl-
lam, et maître Richard Rouhal) dans les actes du conseil.
(ProceedingSj 1. 1. p. 19-22.) Ils doivent réclamer d'abord l'exé-
cution du traité de Calais (traité de Brétigny du 8 mai, ratifié
à Calais après quelques modifications, le 24 octobre 1360;
Rymer, t. VI, p. 229). Si les Français s'y refusent, faire por-
ter le débat sur la question de souveraineté et de ressort des
pays en litige: point de confiscation de territoire, si ce n'est en
cas d'attentat du roi d'Angleterre, duc de Guyenne, contre la
personne da roi de France. Si les Français n'abandonnent pas
la souveraineté au roi d'Angleterre, mettre au droit qu'ils re-
tiennent les plus grandes restrictions; réclamer « Tentièreté »
de la Guyenne; demander que l'hommage prêté pour la
Guyenne redevienne ce qu'il était autrefois, sans tenir compte
de celui que prêta le roi Edouard, encore mineur et sans l'as-
sentiment du conseil. Le roi d'Angleterre n'a pas l'intention de
faire hommage en personne ; aucun service ne sera exigé que
des personnes qui tiendront pour ce temps le duché et autres
terres. Si le duché est tenu directement par le roi ou par un
de ses fils, l'hommage ne se fera que par procureur. Si les
Français veulent proroger les trêves de Leulinghem, le roi y
consent. Sa volonté formelle est que Calais et les forteresses de
Picardie restent sous sa main. Les Français ne seront pas
admis à traiter pour l'Ecosse (avril 1390).
Dans les instructions nouvelles données, le 28 avril, aux mêmes
ambassadeurs, on leur prescrit en outre de réclamer le Ponthieu
et ses dépendances, et l'arriéré de la rançon du roi Jean. On y
insiste sur la question de l'hommage. On veut bien, si les Fran-
çais l'exigent, que ceux d'Ecosse et d'Espagne soient compris
avec eux dans la paix; mais à la condition que l'Angleterre assure
à ses alliés le même droit; et on désigne particulièrement,
comme devant figurer au traité, le roi des Romains, le roi de
Portugal, le duc de Gueldre et les Génois.
Vers le même temps, des instructions avaient été données
pour réclamer l'exécution de la trêve avec l'Ecosse. {Procee-
NOTES. 411
dings^ t. I, p. 27-33.) Les pouvoirs des commissaires sont du
28 juin. (Rymer, t. VII, p. 679, et Rot. Scot., t. II, p. 107.)
Le T"" décembre, la France, sans rompre pour cela avec l'An-
gleterre, renouvelait son alliance avec l'Ecosse (Rymer, t. YII,
p. 689); et dans le même mois, le conseil d'Angleterre envoyait
en Ecosse deux nouveaux commissaires pour assurer l'obser-
vation des trêves. (Proceedings, t. I, p. 33; cf. Rot. Scot., t. II,
p. 108.)
Page 43, note a.
Déclaration du parlement en faveur de la prérogative royale.
Rot. Pari., t. III, p. 279, $\b. — Subsides : 50 s, (pour les in-
digènes) et 4 m. (pour les étrangers) par sac de laine, et par
lot de 240 toisons; 7 m. 1/2 (pour les indigènes) et 8 m. (pour
les étrangers) par last de cuir, y compris l'ancienne coutume
de 1/2 m. et de 1 m.; 3 s. par tonne de vin, et 12 d. par
livre sur les marchandises. (Rot. Pari., t. III, ibid., §. 16.)
Page 44, note a.
Règlements divers. On revint sur l'étaple, qui aurait dii êlre
ramenée de Calais en Angleterre le 30 novembre : on en fixa
l'époque au lundi après l'Epiphanie pour tout délai. (Rot.
Pari , t. III, p. 278, § 6.) Les maires, constables et tous oiii-
ciers ou ministres de l'étaple, dans le lieu où on l'établirait,
devaient prêter serment au roi et à l'étaple. {Ibid.,§ 8.) En
outre les communes demandèrent que, dans tout port où il y
aurait étaple, on nommât deux coutumiers ou receveurs, étran-
gers à la ville; et le roi l'accorda, ajoutant que receveur, con-
trôleur ni peseur ne pourraient avoir la charge à vie, conformé-
ment au vœu que les communes avaient déjà exprimé. (Ibid.,
p. 28 1 , § 27). — Des mesures furent prises pour soutenir le prix
des laines (p. 278, g 9), et prévenir les fraudes (p. 281 , g 26).
Pour donner plus d'activité au commerce, on promit aux mar-
chandsétraugers même protection qu'aux indigènes, (/^i//. , §25.)
Cuu/irmatiun des statuts relatifs à l'usure {ibid,, § 24); — à
l'unité des mesures (§ 28).
Autres rèylcnicnls. Déleuses renouvelées contre les moulins
et bâtardeaux interceptant le cours de la navigation ou nuisant
au frai du poisson (p. 282, § 34). — Obligation aux marchands
qui font des échanges pour la cour de Rome, d'acheter dans
412 LIVRE SEPTIEME.
les trois mois des marchandises de l'étaple (laine, plomb,
beurre, draps) (p. 278, § 7). — Ordre aux marchands du
royaume de ne fréter que des vaisseaux du royaume, pourvu
pourtant que les possesseurs de vaisseaux n'exigent qu'un prix
raisonnable (p. 278, § 11) : le roi chargea les amiraux de
veiller aux coalitions de mariniers, signalées comme tendant à
faire hausser leur salaire (p. 283, § 37). La juridiction de ces
amiraux était dénoncée elle-même pour ses empiétements : le
roi en renvoya l'examen à son conseil (p. 282, § 33). Il con-
firma les statuts sur les juges de paix (p. 279, § 17), et, tout en
maintenant les privilèges du comté de Ghester, promit de faire
droit aux plaintes portées contre les brigandages de ses habitants.
Remise d'impôts aux co7ntés du Nord y Rot. Parl.,X. III, p. 280,
§22; — exemption pour douze ans à Guernesey, Jersey^ Auri-
gnyy ibid., p. 281, §..30. — Vente des biens confisqués, ibid.,
§ 21. — /. de Northampton (Cf. Wals., p. 288, 308 et 310).
Rot. Pari., t. III, p. 282, § 36. — Garantie fut donnée aux ducs
d'York et de Glocester, pour la rente de leur duché et le paye-
ment des arrérages (p. 278, § 12).
Le comté de Richmond, domaine du duc de Bretagne, avait
été. confisqué par jugement, au parlement de la huitième année
de Richard (1384), pour le punir d'être revenu à l'alliance de
la France ; mais « pour certaines causes au roi et seigneurs
bien connues, » on en avait différé l'enregistrement jusqu'à ce
jour (on comptait toujours le regagner). La confiscation fut
inscrite aux rôles (t. III, p. 279, § 14).
Page 45, note a.
C/iarnbellan de Charles VI envoyé à Richard. Relig. de
Saint "Denys, XII, 2 ; — message du roi d'Angleterre. Froissart,
IV, 18. Froissart dit que cette députation vint en France vers
la Chandeleur (février 1391). C'est un peu trop tôt. Le Religieux
de Saint-Denys ne parle du message de Charles VI qu'après
Pâques de cette année. Froissart, il est vrai, attribue la pre-
mière démarche à Richard ; mais le Religieux de Saint-Denys
est d'accord avec Walsingham et Otterbourne pour la rapporter
à Charles VI : et elle honore celui qui ne craignit pas de la
faire. Walsingham met dans la bouche des Français des raisons
qui montrent que l'on sentait (et probablement de part et
d'autre) combien il était inutile et dommageable pour les deux
NOTES. 413
pays de continuer la guerre : a Asserebant siquidem Gallici se
'< peroptime nosse fore insufficientes ad reguum Angli.e devin-
« cendura, et Anglicos nullatenus fore tam fortes ut Franciam
a subjugarent, et in lalibus inutilibus expeditionibus utrumque
« regnum fore mullipliciter onerandum. » (p. 344).
Sauf-conduit pour négocier avec la France et V Ecosse (1 1 dé-
cembre 1390; Rymer, t. YII,p. 691.) — Invitation personnelle
au roi d'Angleterre^ acceptée : « Rex autem Angliœ, licet mul-
« tis suspectus foret omnis tractatus Francorum, illuc proficisci
« decrevit. » (Wals., p. 344.)
Page 46, note a.
Le duc de Bretagne (voyez ci-dessus, t. I, p. 321). a Le duc
dessus nommé à bon gré ou à mal gré, du conseil du roi n'ac-
comptoit que un trop petit, et faisoit toujours pourvoir ses
villes, ses cités et chasteaux grandement et grossement, et
montroit qu'il avoit aussi cher la guerre que la paix. Tout ce
que il faisoit étoit bien sçu en France et au conseil du roi; et
le tenoient ceux qui prochains étoient du roi pour orgueilleux
et présomptueux, et le menaçoient fort. Celui duc de leurs me-
naces ne faisoit compte, et disoit et promettoit ; et les appa-
rences on en véoit, que il feroit au comte de Penthièvre guerre
et à tous ses aidans, et sur forme de juste querelle, et disoit :
a Celui comte de Penthièvre, notre cousin, s'écrit et nomme
« Jean de Bretagne, aussi bien comme s'il en fût héritier. Nous
« voulons bien que il se nomme Jean, car c'est son nom, et
« comte de Penthièvre: mais nous voulons que il mette jus les
a hermines, et s'escrive Jean de Blois, ou de Chastillon, et nul-
« les autres. Et si il ne le fait, nous lui ferons faire, et lui toul-
« drons (ôterons) sa terre, car il la tient en foi et hommage de
« nous; et aussi k l'héiitage de liretagne il n'a que faire jamais
« de penser que il lui retourne, car nous avons fils et fille qui
« seront nos héritiers; si se voise pourchasser ailleurs, car à
« notre héritage a-t-il failli. » (Froissart, IV, 21; Cf. I). Mo-
« rice, Hist. de Bretagne^ t. I, p. 406 etsuiv.)
Sauf-conduit à Lebègue de Vilaine envoyé par Charles VI en
Angleterre. Suppl. Uymer, Richard II y t. IV, n" 41 ; Gollect.
Bréquigny, t. LXXIX, f" 7. — Divers pouvoirs pour Imiter
avec la France. Suppl. Bymer, ibid.y n" 61 ; Coll. Bréquiguy,
ibid., f" 15.
414 LIVRE SEPTIÈME.
Page 48, note a.
Affaires de Rome et d'Italie. Wais., p. 344, 345. Ce que dit
Walsingliam des vues de la France sur les domaines du saint-
siège en Italie était fondé. Voyez le curieux message de Char-
les YI à Clément VU, à la date du 24 janvier 1393. (Douet
D'Arcq, Pièces inédites du règne de Charles VI ^ t. I, p. 112.)
Contra impétrantes huilas in curia romana : œ Quod omnes et
a singulœ personee, ligei nostri, in curia romana existentes, sub
a forisfactura vitœ et membrorum, ac omnium aliorum quse nobis
a forisfacere poteruut, versus idem regnum nostrum se trahant
« et festinent, ita quod sint infra regnum nostrum prœdictum
a citra festum sancti Martini in hyeme proximo f uturum , ad
« ultimum. » (3 mai 1391. Rymer, t. VU, p. 698.)
Page 51 3 noie a.
Subside. Rot. ParL, t. III, p. 285, § 10. Le demi-dixième
et le demi-quinzième étaient spécialement destinés aux frais du
roi, s'il allait en France pour faire paix ou trêve ; et s'il n'y allait
pas, et que la guerre suivît, on devait le réserver avec le quin-
zième et le dixième entier pour les dépenses de la guerre. Si le
roi y allait de sa personne, le subside entier devait servir, tant
aux frais de son expédition, qu'à la défense du royaume. S'il
n'y allait pas et qu'il y eût paix ou trêve, le quinzième et le
dixième ne devaient point être levés. Le clergé avait été con-
voqué pour le 1 2 novembre afin de voter sa part dans le sub-
side. (7 octobre 1391. Rymer, t. YII, p. 707.) — Déclaration
en faveur de la prérogative royale. Rot. Pari., t. III, p. 28, § 1 3 .
Page 51, note h.
Message de Richard à Charles VI . Froissart, IV, 24. Richard
avait envoyé un sauf-conduit pour le comte de Saint-Pol, qui
devait venir en Angleterre au nom du roi de France. (12 no-
vembre 1391. Rymer, t. VII, p. 708.) — Le duc de Bretagne
à Tours. Froissart, IV, 24; Relig. de Saint-Denys, XII, 5 -,
D. Morice, Hist. de Bretagne, 1. 1, p. 409. Le duc de Bretagne,
tout en négociant de si mauvaise grâce avec la France, avait
renoué des négociations avec l'Angleterre qui persistait à rete-
nir confisqué son comté de Richmond. Dans les instructions
NOTES. 415
données aux deux commissaires chargés de répondre k ses
avances (22 décembre 1391), le roi ne refuse pas de lui rendre
le comté de Richmond, et s'engage à ne pas marier, sans sou
aveu, ses enfants qu'il propose d'envoyer en Angleterre comme
otages. Il y avait un article où Ton promettait de soutenir le
duc, en argent et en soldats, contre ses sujets qui pourraient se
révolter et lui faire la guerre : mais il fut barré, et une note
marginale dit que le roi ne veut pas pour le moment s'engager
sur ce point. {ProceedingSy t. I, p. 36-40.)
Page 52 , note a.
Conférences de Tours. Proissart, IV, 24. — Traité de Tours
entre le roi et le duc de Bretagne, 26 janvier 1392. D. Morice,
Preuves de V Histoire de Bretagne, t. II, p. 585. Le traité de
mariage de Jeanne de France, seconde fille de Charles YI, et
de Jean de Montfort, fils et héritier du duc de Bretagne, est du
même jour {Ibid., p. 590.) Ce mariage fut célébré le 19 sep-
tembre 1396. (Voyez ci-après.) — Accord du duc et du comte de
Penthièvre, fils de l'ancien prétendant, Charles de Blois : le duc
lui cède plusieurs terres; le comte ratifie le traité de Cuérande
et fait hommage lige au duc. (Même jour, i6it/., p. 586.) —
Traité entre le duc et Ctisson. (Môme jour, ibid.) — Richard à
Douvres. Froissart, IV, 27 . Quoique investi du duché de Cuyenne,
le duc de Lancastre avait encore reçu de Richard le titre de
lieutenant du roi, pour veiller à la Picardie (22 février 1392,
Rymer, t. VU, p. 711). Richard l'étabhssait ainsi, avec tousses
pouvoirs, sur le théâtre des négociations. Walsingham (p. 347)
et Knighton (p. 2739) ne font pas figurer le duc d'York dans
la députation. Le dernier nomme seulement son fils, le comte
de Rutland.
p. 53, note a«
Entrevue d'Amiois. Froissart, IV, 27; Relig. de Saint-
Denys, XII, 7; Wals., p. 347. (Cf. Otterbourne, p. 181.)
L'historien anglais confirme ce que dil Froissart de l'éclat de
cette réception et de la munificence qu'y montra Charles VI.
« Le duc de Lancastre, dit-il, fut reçu comme le plus grand
empereur. Depuis son arrivée jusqu'à Amiens, on fournit à ses
frais et à l'entretien des mille chevaux de sou escorte, sans que
personne de sa suite eut besoin de rien demander, les servi-
416 LIVRE SEPTIÈME.
leurs du roi leur apportant tout ce qui sembloit leur être né*
cessaire. »
P. 56, note a.
Paroles de Charles VI au duc de Lancastre. «Beau neveu, lui
disait-il, si paix pouvoit être entre nous et le roi d'Angleterre,
nous pourrions ouvrir un passage en Turquie en confortant le
roi d'Honguerie et l'empereur de Gonstantinople, auxquels
l'Amorat-Baquin (Bajazetj donne assez à faire, et recouvre-
rions le royaume d'Arménie que les Turcs tiennent. On nous
a bien dit que l'Amorat-Baquin est un vaillant homme et
de grand emprise ; et sur tels gens qui sout contraires à
notre créance et la guerroyent tous les jours, nous devrions
incliner au vouloir défendre. Si vous prions, beau neveu, tout
acertes , que vous y veuilliez entendre , et promouvoir ce
voyage au royaume d'Angleterre, quand vous y viendrez. »
(Froissart, IV, 27.)
P. 57, noie a.
Grand conseil de Stanford. « Tandem finito tractatu, dux re-
a diit Angliam,treugas unius anni reportans, ut per idem tem-
Œ pus deliberaret regni Angliœ collecta potestas, utrum expedi-
« ret paci finali manus dare, potius quam négocia dubia belli
« tractare. Idcirco Stanfordiam accessere vocati non solum
ce regni domini , sed et de qualibet civitate quidam , prout ad
(c parliamenta soient accedere, deliberaturi de tanlo negolio
« qiiod agendum. » (Wals., p. 347; et Otterbourne, p. 181.)
Sentiment de Glocester, Froissart, IV, 20.
Sédition de Londres et châtiment de la ville. Walsingham,
p. 347, et Knighton, p. 2740. Ed. Dalingrugge figure parmi
les membres du conseil dans les premières années de Richard.
(Voy. Proreedings, t. I, p. 6 et suiv.) Knighton ne parle pas
du meurtre. Walsingham prend cette occasion pour faire des
habitants de Londres un portrait qui n'est guère plus flatteur
que celui dont on se souvient : « Erant quippe tune inter omnes
« fere nationes gentium elatissimi, arrogantissimi et avaris-
a simi,... lollardorum sustentatores, religiosorum detractores,
« decimarum detentores, et communis vulgi depauperatores. »
NOTES. 417
(Wals., p. 348). Rymer rapporte à cette année un acte du
1 3 mars, qui transfère la cour du banc commun et celle de
l'Échiquier de Londres à York (Rymer, t. YII, p. 713). Wal-
singham (p. 349) rejette la mesure à l'année suivante, et dit
qu'elle lut prise, soit en haine de Londres, soit parce que le
chancelier, archevêque d'York, voulait établir les hautes cours
de justice au siège de son archevêché. Mais cela ne dura point.
L'acte qui suspend les libertés de Londres est du 22 juillet.
(Rymer, t. VII, p. 730.) Le 23, le nouveau magistrat, les deux
vicomtes et les vingt-quatre aldermen désignés par le roi prê-
tèrent serment en présence de ses trois oncles. {Ibid. p. 731-
733.) Knighton rapporte la citation du maire de Londres devant
le roi, et ce qui s'ensuivit à un grand conseil tenu à Nottingham
vers la Saint-Jean. Il ne faut pas prendre cette date à la lettre,
si on veut demeurer d'accord avec les actes.
P. 62, note a.
Rentrée du roi à Londres. Wals., p. 349 ; Knighton, p. 2740.
— Pardon à la ville. (Les mêmes, ibid.) Richard de Waidstone
a célébré par un poëme en distiques latins cette réconciliation
du roi et de son peuple. Il y décrit longuement l'appareil de
la réception populaire , assez semblable aux entrées royales
que l'on vit à Paris au temps de Charles YI, et que Froissart
se complaît à raconter : les surprises, les dons faits au roi, les
grâces qu'il faisait sur la route, et le pardon qui couronna la
fête. (Polit, poems andsongs, t. I, p. 282-300.)
L'acte qui confirme l'amnistie est du 19 septembre 1392.
(Rymer, t. YII, p. 735). La quittance des 1000^ payées par la
ville au roi est du 28 février suivant {ibid., p. 739).
Des changements importants eurent lieu en cette année dans
la situation de quelques-uns des principaux personnages de la
cour de Richard. Aubry de Yère, héritier de Robert de Yère,
fut mis en possession du comté d'Oxford. Jean Devereux,
connétable de la Tour et sénéchal de l'hôtel, étant mort subite-
ment, Thomas Percy, de vice-chambellan, devint sénéchal de
l'hôtel; \V. de Beaumont, connétable de la Tour, et William
le Scrop, vice-chambellan. Ce seigneur, que les généalogistes
rattachent à la branche des Scrop de Masham , mais qui est
désigné, ainsi que nous le verrons plus tard, comme fils de Ri-
chard le Scrop, ancien chancelier, dans les Rôles du parlement,
11— 27
418 LIVRE SEPTIÈME.
ne tardera point à se produire en première ligne. Il avait été
sénéchal d'Aquitaine en 1383 {Rot. Vascon., an 6 Rich. II,
m. 8. Gollect. Bréquigny, t. XXI, f° 113); en 1386, capi-
taine de Cherbourg pour trois ans : (Franc. Rot., an 9
Rich. II, m. 5. Gollect. Bréquigny, t. XLI , f" 123); il l'était
encore en 1389 (Rymer, t. VII. p. 634), sans qu'il paraisse
avoir perdu le titre de sénéchal d'Aquitaine (col! . Bréquigny,
t. XXXVIII, f** 49). Il sera plus tard (1398) capitaine du châ-
teau de Calais et trésorier d'Angleterre (1399). En l'année où
nous sommes (1392), il acquit de William de Montaigu, comte
de Salisbury, l'île de Man qui faisait une petite souveraineté
donnant le titre de roi et le droit de porter couronne royale.
« Nempe dominus hujus insulae rex vocatur, cui etiam fas est
« corona aurea coronari. » (Wals.,p. 350. Voyez Stow, Ann.,
p. 308; et sur William leScrop,Dugdale,t.I,p 661 et Archxol.,
t. XX, p. 46.
Page 62, note a {Us).
Leduc de Gueldre en Angleterre. Walsingham, p. 347. —
Richard toujours favorable à la paix. Froissart, IV, 31. —
Suite des négociations avec la France : Pouvoirs pour traiter
donnés à l'évêque de Saint-David, à W. de Montaigu, comte de
Salisbury, à Thomas Percy, etc., 20 juin 1392 (Rymer, t. VII,
p. 721); sauf-conduit aux commissaires de France, 22 juin.
{Ihid., p. 723); prorogation delà trêve jusqu'à la Saint-Michel
de l'année suivante (1393), 15 mai 1392. (Rymer, t. VII,
p. 714); confirmation, 20 juillet. {Ibid., p. 729.) Le 22 mai le
roi avait donné à W. le Scrop, alors sénéchal d'Aquitaine, et à
deux autres des pouvoirs pour traiter avec les comtes d'Arma-
gnac et de Foix. (Ibid., p. 712.)
Par une lettre du 20 août 1392, dont on a une copie aux ar-
chives {Trésor des Chartes, J, 644, n° 35^^), Richard fit savoir à
Charles VI que Lancastre irait à Leulinghem aux octaves de
la Chandeleur pour reprendre les négociations de la paix. Les
instructions données par Charles VI pour répondre à ces avances,
témoignent de la cordialité qui commençait à s'établir entre les
deux rois. (Creil, 13 septembre 1392. Ibid., J, 643, n** 2.)
Page 64, note a.
Parlement de Van xvi (20 janvier 1393). La question de la
paix et celle des proviseurs sont encore posées par l'archevêque
NOTES. 419
d'York, chancelier, parmi les motifs de la convocation, dans son
discours d'ouverture. (Rot. Pari., l. III, p. 300, § 1.) — Droit
(le modifier temporairement le statut des proviseurs. Ibid.,
§ 8. — Protestation de V archevêque de Canterbury. Ibid.,
p. 304, § 20. — Subside. Un demi-quinzième et un demi-
dixième à lever à la Saint-Jean, s'il y avait paix ou trêve avec
la France et que le roi voulût aller en Irlande ou en Ecosse;
un autre demi-quinzième et un demi-dixième à la Toussaint,
et un nouveau demi-dixième et demi-quinzième à lever à la
Purification de l'année suivante, avec cette clause, qu'on ne le
lèverait pas si le roi n'allait pas à la guerre. {Rot. Pari., t. III,
p. 301, § 11.) Le parlement avait de plus accordé au roi, pour
lui et pour ses héritiers, rois d'Angleterre, le droit de tester
librement. {Ibid:, p. 300, § 10.) Il proposa ou adopta encore
plusieurs autres mesures que l'on verra plus loin. Il finit le
10 février. {Ibid., p. 308, § 35,)
Page 67, note a.
Lancastre. Opposition de l'Aquitaine à l'acte qui lui con-
férait le duché et le gouvernement du pays. (Froissart,IV, 41.)
Richard le confirme, 7 juillet 1392. (Rymer, t. YII, p. 728.)
Selon Otterbourne (p. 182), Henri Percy ayant été envoyé à
Bordeaux, les habitants ne le voulurent recevoir que sur son
affirmation qu*il venait comme lieutenant, non de Lancastre,
mais du roi. — Lancastre, lieutenant du roi en Picardie, 22 fé-
vrier 13U2 {ibid., p^ 711); 22 février 1393 {ibid., p. 737). Ces
pouvoirs lui furent encore continués l'année suivante, 10 mars
1394. [Ibid., p. 766).
Opposition de Glocester à la paix. Froissart, IV, 31 ; — Sa
popularité. Cf. Wals., p. 345, 346. En 1391, Glocester ayant
voulu faire une campagne en Prusse, ce fut grand deuil dans
le peuple : on craignait, dit Walsingham, qu'eu son absence il
n'arrivât quelque malheur. Mais la tempête l'ayant ramené en
Angleterre, la joie fut vive dans le royaume, et Walsingham
n'est pas éloigné d'y rapporter le salut de Londres. Les
troubles de Londres ayant éclaté peu après, c'est h lui, on se
le rappelle, que l'historien renvoie tout le int'rito de la grâce
accordée k la cité par Richard.
42U LIVRE SEPTIÈME.
Page 68, note a.
Nouvelles conférences de Leulinghem. Religieux de Saint-
Denys, XIV, 2; Froissart, IV, 35; Wals., p. 350.
En se rapprochant de la France, Richard n'avait garde de
délaisser la Rretagne. Ses instructions prescrivaient à Lancastre
de faire comprendre le duc de Bretagne dans les trêves, al-
léguant les raisons de famille et les relations de vasselage (au
titre du comté de Richmond) qui ne lui permettaient pas de
l'abandonner. Il veut l'y faire admettre, de la même sorte que
le roi de France a fait comprendre TEcosse dans les traités an-
térieurs (février, 1393. Proceedlngs, t. I, p. 45). Le duc de
Bretagne, à coup sûr, méritait bien cette protection; et il ne
laissait pas que d'avoir des griefs contre les Anglais. Ce comté
de Richmond, au titre duquel le roi d'Angleterre se déclarait
son seigneur, était toujours confisqué depuis neuf ans et at-
tribué à la reine. Le duc se plaignait encore du tort que lui
avait fait la mise en liberté de Jean deBlois (en 1387). De plus,
le château de Brest, donné en gage à Richard moyennant une
rente de 700 m. st., devait être gardé aux frais du roi; et il
rétait : mais les Anglais établis là avaient levé plus de 30 000 fr.
de contribution sur le pays d'alentour. La plainte du duc (de
la fin de mars au mois de juin, à ce que l'on croit), est rap-
portée parmi les actes du conseil. {Proceedings, t. I, p. 47-50.)
Sauf- conduit aux ducs de Berri et de Bourgogne et à
600 hommes de leur suite, 22 février et 16 mars 1393; pro-
rogé, 24 mai. (Rymer, t. VII, p. 738, 741.) Des pouvoirs
particuliers furent donnés à W. Blount et à deux autres pour
négocier avec l'Espagne, 17 avril 1393. (/^irf., p. 743.)
Rôle de Glocester dans les conférences, a Le duc de Lancastre
avoit répondu à ce (aux paroles pacifiques de Charles VI) (Voyez
ci-dessus, p. 416, noie de lap.56), et dit que tout son pouvoir il
en feroit ; et si fit-il vraiment, car par lui et ses remontrances au
roi d'Angleterre, son cousin, à son frère, à tous les consaux du
pays et du royaume d'Angleterre, ce second parlement fut
remis ensemble à Lolinghen, l'honneur d'Angleterre gardée.
Son frère le duc de Grlocestre y étoit assez plus froid que lui,
et ressoignoit les cavillacions et déceptions des paroles colorées
des François; et disoitque les François vouloient toujours lutter
les deux bras dessus, et tant que les parties s'en perçurent. Et
vint, ce me semble, un écuyer d'honneur françois, nommé
NOTES. 421
Robert l'Ermite, et étoit du conseil et de la chambre du roi de
France, devers le duc de Glocestre ; je ne sais s'il y fut envoyé
ou s'il vint de lui-même : mais il dit ainsi au duc de Glocestre,
car le dit duc me conta depuis toutes ces paroles en son hôtel
à Plausti (Plashey ou Plessis) : « Monseigneur, pour l'amour
« de Dieu, ne veuillez point briser les articles de la paix, car
a vous véez comme nos seigneurs de France y mettent grand'
« diligence; et vous ferez aumône, car la guerre a trop duré;
« et quand temps est, et que les deux rois le veulent, tous leurs
« sujets et prochains y doivent bien obéir. » — « Robert, Ro-
« bert, répondit le duc de Glocestre, je veuil bien à tout ce
« adresser; et point n'y suis contraire ni rebelle; mais entre
« vous de France avez tant de paroles colorées, lesquelles nous
« sont obscures à notre entendement, que, quand vous voulez,
<c il est guerre, et quand vous voulez il est paix ; et ainsi nous
« avez-vous menés jusques à présent; et ainsi vous détermi-
« nerez-vous toujours, tant que vous soyez venus à votre en-
« tente. Et si Monseigneur m'en eût cru, et la greigneur partie
« de ceux de son royaume qui taillés sont de le servir et aider,
« jamais paix n'eût été entre France et Angleterre, sans que
« tout nous eût été restitué ce que tollu on nous a, et sans
a cause, par caulelles subtiles, ainsi que Dieu sait, et tous
« autres qui veulent raison connoître et entendre. Et puisque
« Monseigneur s'incline à la paix, de ce avez-vous cause de
« parler, c'est raison que nous le veuillions aussi ; et si paix
« est, ainsi que les deux rois le désirent, et pourquoi nous
« sommes ci assemblés, elle soit bien connue de votre côté, et
a elle sera bien tenue du nôtre! » Sur ces paroles se départit
le duc de Glocestre de Robert l'Ermite, et prit congé, et vint
entre ses gens, et entra en autres paroles. » (Froissart, IV, 35.)
Les rois consultés. Froissart, ibid.j et Religieux de Saint-
Denys, XIV, 2. Richard paraît avoir eu l'intention de venir
lui-même à Calais. Une lettre du 26 juin 1393 ordonne d'y
faire prendre des herbages et couper les foins pour le service
du roi qui doit s'y rendre. (Suppl. Rymer, Richard II, t. IV,
n« 104. Gollect. Jiréquigny, t. LVII, 1« 226.)
Page 70, note a.
La tempête. Relig. de Saint-Denys, XIV, 2.
Pierre de Luna à Uulinfjhem. Froissart, IV, 35; Relig. de
I
422 LIVRE SEPTIÈME.
Saint-Denys, XIV, 3. Ge n'est pas que les Anglais eussent un
grand zèle pour le pape de Rome. Malgré toutes les plaintes
da parlement, et sans doute à cause de cela même, le papeBo-
niface, dit le Religieux de Saint-Denys, n'avait point chez eux
grand profit ou honneur dans la collation des bénéfices ou la
levée de ses subsides. Ils n'étaient guère ses fidèles que de
nom a (Quamvis regno Anglise in beneficiis conferendis vel
« subsidiis colligendis Bonifacius nil commoditatis perciperet
a vel honoris, sed sibi obediretur solo verbo). » Mais ils étaient
de nom et de fait les adversaires de Clément YII.
P. 71, note a.
Nouveau sauf-conduit aux ducs de Beiri et de Bourgogne,
5 août 1393; Pouvoirs aux ducs de Lancastre et de Glocesîer,
12 septembre, Rymer, t. YII, p. 752, 753.
Brest et Cherbourg. Froissart, IV, 35. — Approvisionnements
de Brest, 7 août 1394. Rymer, t. VII, p. 785. C'est toujours
J. de Holland, comte de Huntingdon, frère utérin du roi, qui
en est gouverneur. — Consentement à la restitution de Cher-
bourg pour la Saint-Michel^ \" mars 1393. Suppl. Rymer,
Richard II, t. IV, n" 93. Collect. Bréquigny t. XXXI, f" 186.
— Ordre de restitution de Cherbourg au roi de Navarre, 24 oc-
tobre 1393. Rymer, L VII, p. 756 et 759. Cf. Wals., p. 350.
Les traités avec l'Ecosse suivaient toujours, à distance, les
traités conclus avec la France. Dans l'été de 1393, Richard en
est encore aux négociations pour le prolongement de la trêve
jusqu'à la Saint-Michel de l'année suivante (2 7 juin et 22 août).
La trêve était finie avant que la prolongation en fut jurée,
26 octobre 1393. (Rymer, t. YII, p. 749, 754, 758.)
P. 72, note a.
Quittance de la somme de 25 000 fr. remboursée par le roi
de Navarre, 21 janvier 1394. Rymer, t. VII, p. 764.
Parlement de la xvii" année, 27 janvier 1394. Rot. Pari.,
t. III, p. 309. — Accusation du comte d'Arundel contre le duc
de Lancastre, Ibid., p. 313, § 11. Walsingham (p. 350), pré-
sente autrement la dispute. C'est le duc de Lancastre qui
accuse Arundel d'avoir armé contre lui dans le comté de
Chester.
NOTES. 423
P. 74, note a.
Double motif de la convocation du parlement. Rot. Pari. y
t. III, p. 309, § 1. — Question des libertés de Londres. Ibid.^
p. 324, n" 2. La ville de Londres avait dû payer une amende
pour rentrer en grâce auprès du roi et obtenir le rétablissement
à Westminster des cours qu'il en avait éloignées. Le clergé,
les veuves de Londres se plaignaient qu'on les eût fait contri-
buer. {Ibid., p. 325, n<* 3 et 4.) Le maire et les aldermen priè-
rent le roi, par une autre pétition, de confirmer cette mesure
{ibid.y n° 5). — Suppression de r élection annuelle des aldermen^
ibid., p. 317, § 25; — responsabilité du maire et des vicom-
tes et aldermen limitée, ibid., § 26.
p. 76, note a.
Mesures diverses : La libre exportation du blé (Rot. Pari.,
t. III, p. 320, § 39) ; exportation de l'étain par les ports d'Angle-
terre (p. 319, § 34). Nous reviendrons, au chapitre suivant,
sur d'autres détails de l'administration intérieure de Richard.
Question de la paix. Assentiment des lords ^ Rot. Pari., t. III,
p. 315, § 16. — /. Bussy, speaker, ibid., p. 310, § 6. —
Assentiment des communes, ibid., p. 315, § 17. Sur la ques-
tion de l'hommage, Richard avait été au-devant du vœu des
communes. Une députation, composée des évêques de Durliam
et de plusieurs clercs ou docteurs en droit, avait reçu des pou-
voirs pour négocier avec les envoyés de France les modifica-
tions à introduire dans les termes où il serait rendu, 16 août
1393. (Suppl. Rymer, Richard II, t. IV, n" i08. Gollect. Bré-
quigny, t. LXXIX, 1° 37.)
Page 76) note a (bù).
Subside. Rot. Pari., t. III, p. 314, § 12. Durant ce parle-
ment, dit le moine d'Evesham (p. 125), le roi donna un grand
banquet dans l'hôtel de l'évêque de Durham, où il réunit les
ducs ses oncles, les prélats, les comtes, les barons, et avec la
reine beaucoup de nobles dames. Tous les seigneurs invités,
qu'ils vinssent ou ne vinssent pas, devaient payer 20 s. par
tête. Nous voilà loin de la prodigalité de Richard !
424 LIVRE SEPTIÈME.
P. 78, note a.
Trêve de LeuUnghem. Froissart, IV, 44. Relig. de Saint-De-
nys,XV, 1; Wals.,p. 350; Knighton, p. 2741. Froissart donne
dans ces négociations un rôle qui semble exagéré à Robert l'Er-
mite. — Voyez les actes dans Rymer : Pouvoirs pour traiter
aux ducs de Lancastre et d'York, 10 mars 1394. Suppl. Ry-
mer, Richard II, t. IV, n° 125. Coll. Bréquigny, t. LXXIX,
f* 31. — Sauf-conduit aux ducs de Berri et de Bourgogne,
8 avril 1394, Rymer, t, VII, p. 766. — Traité signé le 27 mai
1394; confirmé par Richard, le 5 juin, ibid., p. 769. Les ori-
ginaux, et du traité et de la ratification, scellés l'un du sceau de
Lancastre, l'autre du sceau de Richard, sont aux Archives, {Tré-
sor des Chartes, carton J, 643, n°* 4 et 5). — Sauf-conduit au
vicomte de Melun, envoyé de France (qui doit recevoir le ser-
ment de Richard), 23 juin, Rymer, t. VII, p. 779. — Ordre
de proclamer les trêves au dehors (on y lit les noms des Etats
divers pour lesquels chacun des deux rois entend stipuler) ,
28 juin,i5irf., p. 780.
Voici dans son entier la pièce d'Eustache Deschamps, qui ex-
prime si vivement le sentiment national sur Calais :
Antre Beau Raym et le parc de Hedin,
Ou moys d'Aoust, qu'om soye les fromens,
M'en aloye jouer par un matin;
Si vi bergiers et bergieres aux champs,
Qui tenoient là leurs parliers moult grans,
Tant que Bochiers dist à Margot la broingne ,
Que l'en aloit au traittié à Bouloigne,
Et que François et Anglois feront paix.
Elle respont : « Foy que doy Magueloingne,
« Paix n'arez jà s'ilz ne rendent Calays. »
Lors vint avant Berthelot du Jardin,
Qui respondit : « La paix suis desirans;
a Car je n'ose descouchier le matin,
a Pour les Anglois qui nous sont d'?struisans;
« Mais dire oy, il a passé dix ans,
« Qu'à leur dessoubz quierent toudis aloigne
ce Pour mettre sus leur fait et leur besoigne,
« Et puis courent le règne à grans eslays;
a Maint l'ont veu, et pour ce je tesmoigne,
H Paix n'arez jà s'ilz ne rendent Calays. »
NOTES. 425
Après parla par grant courroux Robin
A Berthelot, et lui dist : « Tu te mens,
« Car les François et les Anglois enfin
« Veulent la paix, il en est dèsor temps;
« Trop a duré la guerre et li contens,
a Ne je ne voy nul qui ne la ressoigne. »
« Certes tout ce ne vault une escaloingne, »
Ce lu; respont Henris li contrefais :
«Encorfaulra chascun [prengnej sabroingne;
« Paix n'arez jà s'ilz ne rendent Galays.
« Car l'autre jour oy maistre Martin,
« Qui racontoit le Roy est mendre d'ans,
a Et qu'il estoit une loi en latin
« Qui deffendoit rien vendre des enfans.
tt En Guyenne sont deux mille et cinq cens
a Villes, chasteauls, qu'Anglois veulent qu'on doigne,
a Et grant tas d'or, et que le roi esloingne
a De roy en duc Tommaige qui est fais. »
a Qui fera ce? respon, sote Caroingne!
a Paix n'arez jà s'ilz ne rendent Calays. 53
Guichars li bruns, qui fu nez à Seclin,
Dist que cilz faiz est doubleux et pesans;
Voire, et qu'Englèsy pensent mal engin
De retenir ce port qui est constans.
<t Se ce ne fust, bien le fussent rendans;
« Mais ils pensent barat, guerre, et alloingne
a Faire au derrain. Ne le duc de Bourgoigne
a Et de Berry ne feroient jamais
tt Tel paix à eux. Qui voulra? si me perdoingne;
a Paix n'arez jà s'ilz ne rendent Calays. »
Envoy.
Princes, là fu Bertrisons, et Hersans,
Et Alizons, qui moult orent de sens;
Et jugierent, quand li parlers fu fait,
Que telle paix seroit orde et meschans;
Et concluirent aux bergiers eulx disans :
« Paix n'arez jà s'ilz ne rendent Calays. »
{Poésies morales et historiques (TEustache Deschamps j publiées
par Grapelet (Paris, 1832) p. 71. La pièce est reproduite clans
les Political poems and songs, t. I, p. 300).
p. 80, note a.
Négociations avec l'Ecosse, Pouvoirs pour traiter avec les
426 LIVRE SEPTIÈME.
Ecossais, 27 août 1394, Rymer, t. VII, p. 786. — Sauf-con-
duit à leurs envoyés, même date, ibid., p. 787. — Promesse
de mariage, même jour, ibid. Les trêves ne furent jurées par
le roi d'Ecosse que l'année suivante : Pouvoirs pour recevoir
son serment, 13 février et 6 mai 1395, Rymer, t. YII, p. 793
et 800. — Humeur des Écossois. Froissart, IV, 39.
L'Irlande : « Et vous dis pour vous mieux informer de la
vérité, que Irlande est un des malaisés pays du monde à
guerroyer et à soumettre : car il est formé étrangement et sau-
vagement de hautes forêts, de grosses yauves (eaux, marais), de
crolières (tourbières) et de lieux inhabitables. Et se recueil-
lent Irlandois es bois et forêts; et demeurent en tranchées
faites dessous arbres, en haies et en buissons, ainsi comme
bêtes sauvages.... Et ne peut nul homme d'armes monté ache-
vai si fort courir, tant soit bien monté, qu'ils ne le atteignent :
et saillent de terre sur un cheval et embrassent un homme par
derrière, et le tirent jus (à bas) ; car ce sont trop fortes gens de
bras ; ou tout en tenant, sur le cheval, ils le lient si fort de
bras, que cil qui est tenu d'eux ne se peut défendre. Et ont
Irlandois couteaux aigus devant, à large allumelle à deux tail-
lans, à la manière de fer de darde, dont ils occient leur en-
nemi, et ne tiennent point un homme pour mort jusques à
tant qu'ils lui ont coupé la gorge comme à un mouton ; et lui
ouvrent le ventre et en prennent le cœur et l'emportent; et di-
sent les aucuns, qui connoissent leur nature, qu'ils le mangent
par grand délit. » (Froissart, IV, 42.)
p. 81, note a.
État de VIrlande. Voyez Archœologia, t. XX, p. 16, note b,
p. 19, note d; et p. 243 (append., n"' 1), Nous reviendrons sur
la chronique française, publiée dans le recueil anglais et à la-
quelle ces notes se rapportent. — La sauvage Irlande, Froissart,
IV, 42. — Mot de J. Davies .-Discoverie ofthe true causes, why
Ireland was never subdued, 1747, cité dans la note de YAr-
chseologia.
En 1389 (20 août), J. Stanley avait été nommé gardien
d'Irlande pour trois ans {Proceedings, t. I, p. 7). Après lui, le
gouvernement fut confié au comte d'Ormond, qui déploya de
l'énergie et battit à Kilkenny les Irlandais rebelles; mais il
réclamait des subsides, et le parlement anglais murmurait.
NOTES. 427
Glocester offrit ses services; et il allait partir, quand le roi
déclara qu'il prenait l'Irlande sous son gouvernement immé-
diat. {Liber^ muncrum puhlicorum Hibernisey 1152-1827, pré-
face, t. I, p. 25.)
P. 82, note a.
Subside du parlement. Yoirci-dessvLS, p. 62 et 419. La France,
l'Ecosse et l'Irlande sont les trois pays où l'on suppose que le
roi peut aller de sa personne. — Préparatifs de Richard. Wals.,
p. 350. — Mort de la reine, Froissart, IV, 39. Wals., p. 350.
Knighton, p. 2744. L'ordre pour sa sépulture est du 10 juin
1394, Rymer, t. YIl, p. 776. — Deuil public : « Haec enim re-
« gina, quamvis sine liberis decessit, tamen graciosa et regno
a Angliœ, in quantum potuit, proficua tenebatur, unde proceres
a et plebei in ejus mortem valde condolebant. » (M. Evesh., p.
126.) — Douleur du roi, ibid. Walsingham (p. 350) dit à pro-
pos de la reine : « Gujus exequise quanto celebriores fuerunt
« in expensis, tanto notabiliores infamiis : quia rex ipse pol-
« luit locum sanguine comitis Arundeliœ in principio officii fu-
« neralis. » On ne devine pointée qu'il veut dire par là : on
verra que le comte d'Arundel périt d'une manière tragique un
peu plus tard. Dans VHypodigma Neustrix, il ajoute à ces pa-
roles une explication : le roi se serait laissé emporter à cet
excès de colère , parce que le comte n'avait point assisté à la
levée du corps, et à la marche du cortège de Saint-Paul à West-
minster, et parce que, venu le dernier, il avait le premier de-
mandé au roi la permission de s'en aller pour affaires urgen-
tes. Ce texte, loin de l'expliquer, contredit l'autre, et n'est
justifié par rien. On voit dans les actes que le comte d'Arundel
fut envoyé à la Tour et en sortit au bout d'une semaine. (3 et
10 août 1394. Rymer, t. YII, p. 784 et 785.) Gela se rapporte-
t-il à ce que Walsingham raconte des funérailles de la reine ?
On ne le peut dire.
A son retour d'Irlande, Richard fit élever pour la reine Anne
et pour lui-môme le tombeau où ils figurent couchés l'un près
de l'autre sur le lit funèbre, k Westminster. Le contrat pour
l'exécution du monument est du 1" avril an xviii (1 395) : il de-
vait être achevé dans les deux ans, à partir de la Saint-Michel
suivante. (Rymer, t. VII, p. 795.) Le 24 avril un autre contrat a
pour objet l'exécution des deux statues (ibid., p. 797. Voyez le
428 LIVRE SEPTIÈME.
monument et sa description dans Gough, Mon, of Great Britain,
part. II, p. 163-170.)
Proclamation pour le voyage d'Irlande, 1" juillet 1394 : le
roi ordonne d'être prêt le 3 août. — Pouvoirs pour tout préparer
en Irlande^ 5 juillet. — Ordre à J. Beauchamp, comme conné-
table de Douvres et gardien des cinq ports, pour les services dus
au roi en pareille circonstance, 2 août, Rymer, t. YII, p. 782
et 784. — Le duc d'York lieutenant du roi d'Angleterre pendant
V expédition d'Irlande, 29 septembre 1394, ibid.^-p. 789.
Le duc de Lancastre en Aquitaine. Knighton, p. 2741, Otter-
bourne, p. 183, et Froissart, IV, 38. C'est à tort qu'il lui fait
donner à cette date l'investiture du duché. Lancastre était duc
de Gruyenne depuis 1389. Mais comme il n'avait pas encore
pris possession, et que les mauvaises dispositions de la pro-
vince étaient connues, le roi, rappelant l'acte de donation et
d'investiture, enjoignit par un acte nouveau du 10 septembre
1394 à tous ses sujets d'Aquitaine de le reconnaître pour duc.
(Suppl. Rymer, Richard II, t. IV, n" 144. Gollect. Bréqui-
gny, t. LXXIX, f° 63.)
Armes de saint Edouard prises par Richard : « Qui sont à
une croix potencée d'or et de gueules, k quatre blancs colombs
au champ de Técu ou de la bannière. » (Froissart, IV, 42.)
p. 83, note a.
Richard en Irlande. Froissart, IV, 39 et suiv. Le chroni-
queur tient les détails qu'il rapporte, de ceux qui furent de l'ex-
pédition : il arriva en Angleterre comme le roi revenait d'Ir-
lande (ibid., 40).
Soumission des principaux chefs irlandais : O'Neal, roi de
Meath ou plutôt de l'Ulster; Arthur Mac Morogh, roi de
Leinster, qu'on retrouvera dans la seconde campagne de Ri-
chard; O'Gonnor, roi de Gonnaught, et un quatrième que
Froissart appelle roi d'Arse. (Voy. Froissart, IV, 42, et les
notes de Buchon. Cf. Wals., p. 350 et 351, Otlerbourne,
p. 184.) Il est parlé nommément de Mac Morogh, d'O'Neal,
et des autres en général, dans les lettres de félicitation du
conseil au roi (février 1395). « Goment vos rebeaux Mac Mo-
rogh et le grand Onel et autres grantz capitaines illoeques le
plus fortz de la terre, pur doute de vostre roiale puissance sont
venus humblement a vostre obéissance et soy ont sousmys lour
NOTES. 429
gentz et lour terres en vostre noble disposition en haut et en
bas, et jurez destre vos foiaux hges desore en avant. » {Procee-
dings, 1. 1, p. 57-59.)
P. 88, note a.
Parlement de la xviir année (27 janvier 1395). Rot. Pari,
t. III, p. 329. — Discours du chancelier^ ibid. § 1. — Vote
du subside, ibid., p. 330, § 6. C'est à tort que l'auteur de
V Histoire parlementaire (t. I, p. 221), suivant à la lettre Wal-
singham (p. 351), applique la réserve des communes au vote
de l'impôt en général : il ne s'agit que de l'impôt appliqué aux
guerres d'Irlande : « Issint que mesmes ses dits communes....
et le dit royalme d'Angleterre, touchant les guerres d'Irlande,
soient auxi franks comme ils furent avant cest présent granl
(octroi), forspris la levée d'icelle. » Le clergé avait été spéciale-
ment convoqué à la même fin, par un acte du 26 novembre
(Rymer, t. YII, p. 792). Le duc d'York obtint en outre, par
voie d'emprunt, diverses sommes d'argent de plusieurs prélats
(Proceedings, t. I, p. 60).
P. 89, note a.
Projet d'amnistie en Irlande. Le roi lui-même, dans sa
lettre au duc d'York et au conseil , fait le tableau de l'état de
l'Irlande : «Pour ce ensement quen nostre terre Dirland sont
trois maners de gens, cestassavoir Irrois savages, nos ennemis.
Irrois rebelx, et Engloizobeissantz(l" février I39b. Proceedings^
t. I, p. 56.)» Il reconnaît avec une remarquable bonne foi les
torts de l'administration envers ce malheureux pays : « Semble
a nous et a nostre counseil esteant entour de nous que considé-
rez que les ditz Irrois rebelx, se sount par cas rebellez pour
griefs et torts a eulx faits d'une part et par defaute que remédie
ne lour ad estez fet d'autre part, et que ensement s'ils ne feus-
sent sagement traitez et mis en bon espoir de grâce ils se ver-
roient verisemblablement joindre à nos ennemis. » Il songe
donc au pardon : « Mes par taunt que nous ne pensoums fere
nulle tiele ne si chargeaunte chose saunz voz counseil et assent,
nous avoms pris generalment toutz les ditz Irrois rebelx en
nostre proteccioun especiale, a durer tanqa quinzeine de Pas-
ques prochein avenir, aufin qenlreci et adunque ils purront
venir ceux de eulx qui vorront monstrer les causes de leur
430 LIVRE SEPTIÈME.
rebellioun, et par especial qen le mesme temps nous pourrons
avoir vos plein conseil et avis, si ladite pardoun soit a estre
graiintez ou non. » (Lettre du roi au duc d'York et au conseil,
1" février 1395, Proceedings, 1. 1, p. 56.) — Réponse du Conseil:
a II nous souvient bien cornent au temps de vostre darrein par-
lement tenuz a vostre paleys de Westminster, nous donasmes
response a les articles a nous baillées de par vostre roiale ma-
gestee par vostre uncle de Glocester: alors toutes choses consi-
dérées estoit notre avys qil feusse expédient que procès se fer-
roit encontre les ditz rebelx, selon ce que nous respondismes
a la quinzisme article des articles susditz. Mais desicome il
semble a la sage discrecion de vous et de vostre dit conseil esteant
entour vostre noble persone, que pour les causes desus expres-
sees tiele grâce seroit à granler par manner come avant est dit,
nous, considerantz la variance de temps et confiantz grande-
ment en le sage avys et haute discrecion de vous et de vostre dit
conseil qui avez plus de connoissance en celle partie que nous
navons, et pur eschuire les périls qui en cas de le contraire
purroient avenir a vostre terre susdite, nosons ne ne devions dé-
partir de vostre dit avys, einz condescendons à ycelle. Purveu
toutes voies que, selonc le sage et haut avys de vous et de vostre
dit consail esteant entour vous, tieux et si hautes fins et ranceons
soient faites par ceux qui enjoieront la pardon susdite, selon la
quantitee de leur forfaiture et trespas, comme ils purront faire
sanz outrageouse destruccion de eux, sique des profitz prove-
nantz de mesmes les fins et ranceons et des fées du seal, les
grandes charges queux vous y covendra avoir a cause de la sauf
garde et governance de vostre dite terre, après vostre départir
hors dycele, pourront bonnement estre supportez sanz charger
le poeple de votre roialme par celle cause, et que du remenant
de mesmes les profitz vous puissiez en partie estre relevez en
maintenance de votre roial estât, si bien a lonur et profit de
vous come au plaisir et aiese de vostre poeple susdit. Et que con-
venable temps soit limitez par votre sage discrecion deinz quel
les ditz rebelx devient (doivent) pursuire pur leur chartes, sur
peine de perdre le benefite dy celle. Escrit à Londres le xix^ jour
de marz. » {Proceedings, t. I, p. 62, 63.)
NOTES. 4:^1
LIVRE HUITIÈME
p. 93, note a.
Administration de Richard. — Prise de possession de terres à
main armée. Rot. Pari., t. IIÏ, p. 290, § 27 (1391), et le stat.
de la xv*^ année de Richard II, c. ii, Stat. of Realm, t. II, p. 78.
Cf. le statut de la v^ année, c. vu, ibid., p. 20 ; — Livrée des
seigneurs. Rot. Pari., t. III, p. 307, § 31 (1393) ; — Brigan-
dage de ceux de Chester ou de Galles (1391), ibid., p. 295,
§47; p. 308, § 34 (1393.) — Malfaiteurs intimidant leurs
dénonciateurs, ibid., p. 306, § 26 (1393), et p. 318, § 29
(1394); — garantie contre la délivrance arbitraire des cou-
pables, p. 317, §24 (1394).
Jimdiction des amiraux, ibid., p. 282, § 33 (1390), p. 291,
§ 30 (1391); de même pour le constable de Douvres, p. 290,
§ 28 (1391); tribunaux des seigneurs, p. 285, § 9 (1391) ; —
agents forestiers, p. 295, § 36 (139IJ, p. 319, § 35 (1394); —
clercs dit banc du roi, du commun banc, ou des assises, se
faisant procureurs des parties, p. 306, §28 (1393). — Réponses
confirmatives du roi. (Voir ces mêmes dispositions dans les
statuts de ces années, Stat. of Realm, t. II, p. 76-90).
Liberté individuelle garantie, a Le roy voet que si ascun soit
arestuz ou emprisonez encontre la fourme du dite (Grant) Gharlre,
qu'il viegne à son respons et que droit luy soit fait. » Rot.
Pari., t. III, p. 319, § 37 {I39k); — les juges de paix, p. 290,
§ 27 (1391); — abus administratif réprimés : marché deSinith-
field, 1^.321,$ 45 (1394).
Dégrèvement aux vicomtes. Rot. Pari., t. III, p. 290, § 29
(1391); p. 305, p. 21 (1393); p. 321, § 47 (1394); p. 330,
§7 (1395); — flwa; comtés du Nord, p. 281, §22 (1390);
p. 295, § 45 (1391); — rnarine : ne fréter que des vaisseaux
anglais, à des conditions raisonnables, p. 278, § 11 (1390);
p. 296, § 50 (1391); Cf., p. 283, § 37 (1390), et p. 305, § 24
(1393); — libre circulation des rivières, p. 282, § 34 (1390) ;
— unité des poids et mesures, p. 281, § 28 (1390); p. 291, § 31
432 LIVRE HUITIÈME.
(1391); p. 306, § 25 (1393); — prise de vin remplacée par uîi
droit de 2 5. par tonneau, p. 306, § 29 (1393). — Mesures pour
soutenir le prix du blé : on en permet l'exportation jusqu'à
nouvel ordre, p. 320 § 39 (1394); — pour soutenir le prix des
laines, ibid., p. 278, § 9 (1390). — Industrie : draps, etc.,
p. 29^, § 40 et 43. — Restriction aux libertés des marchands
étrangers, sur la demande des communes^ p. 308, § 33 (1391),
et Stat. 16 Rich. II (1393), c. i, Stat. of Realm, t. II, p. 81.
Comparez sur tous ces points les statuts de la xv% de la
xvr et de la xvii* année de Richard II, Stat. of Realm, t. II,
p. 78-90.
Page 96, note a.
Demande du parlement que Vétaple soit transférée de Middel-
bourg à Calais (1388). Rot. Pari., t. III, p. 250, § 41. — Sta-
tut de Cambridge pour la translation de Vétaple à Calais, an
V décembre suivant (1388). Stat. of Realm, t. II, p. 60.
Parlement du 17 janvier 1390. Demande que l'étaple reste
à Calais jusqu'à la Saint-Michel, et soit alors ramenée en Angle-
terre. Accordé, en reportant le terme de la Saint-Michel (29 sep-
tembre) à la Saint-André (30 novembre). {Rot. Pari., t. III,
p. 268, § 37.) La trêve conclue diminuait d'ailleurs les périls
de cette relégalion du grand marché national au delà de la mer,
en donnant toute sécurité aux marchands qui s'y rendaient. Les
communes demandaient en outre que l'étaple, ramenée en An-
gleterre, n'en pût être éloignée désormais sans l'assentiment du
parlement, et que nul Anglais ne pût exporter ses laines après
l'époque fixée, sous peine de confiscation de la marchandise
(ibid.). — Exception prononcée en faveur des worsteds (ibid.,
Parlement du 12 novembre 1390. Il est accordé que l'étaple
soit rétablie pour l'Epiphanie (6 janvier 1391) aux lieux mar-
qués par le statut de l'an xxvii d'Edouard III {ibid., p. 278,
§ 6). L'arrêté figure dans le statut qui suivit le parlement.
(Stat. 14 Rich. II, c. t. Stat. of Realm, t. II, p. 76.) Par
contre-coup, selon la demande des communes au dernier parle-
ment, il fut défendu aux Anglais de se livrer dès lors à l'expor-
tation des laines, sous peine de la confiscation de la marchan-
dise. {Ibid., c. V, p. 77.) C'est ce qu'à deux reprises avait fait
Edouard III, en ramenant l'étaple en Angleterre. Pour y faire
venir les étrangers, on croyait nécessaire de ne leur point lais-
NOTES. 433
ser h. craindre la concurrence des Anglais. L'étaple avait d'ail-
leurs, dans ceux qui amenaient en Angleterre les marchandises
de leur pays, une clientèle nécessaire. Pour maintenir quelque
équilibre dans les échanges, il était ordonné que tout étranger
qui appoitait des marchandises en Angleterre, emportât, pour
la moitié au moins du prix de sa vente, quelqu'une des ma-
tières de l'étaple. — Le port de Darmouth fut désigné pour le
passage de l'étain. (IbicL, c. vu.) Le c. ix assure toute protec-
tion aux marchands étrangers. Le c. x interdit aux receveurs et
contrôleurs des ports, d'avoir des vaisseaux et d'en louer : ils
eussent fait une trop redoutable concurrence au commerce, et
l'on craignait quelque connivence entre eux et les marchands
aux dépens du trésor. (Gf. Rot. Pari, t. III, p. 281, § 27.)
Parlement du 3 novembre 1391. Rot. Pari., t. III, p. 285.
Au parlement de novembre 1390, on avait réglé l'administra-
tion de l'étaple. Chaque lieu d'étaple devait avoir son maire,
ses constables, etc. {Rot. Pari., X. III, p. 278, § 10.) En 1391,
il fut ordonné que les obligations des marchands fussent passées
devant le maire et les constables, conformément au statut
d'Edouard III, et l'on régla qu'il y aurait à cette fin, dans
chaque étaple, un sceau particulier à la garde du maire. (Stat. 1 5
Rich. II, c. IX, Stat. ofRealm, t. II, p. 81.)
Réclamations contre le privilège de Calais. Au parlement
de 1394, il y en eut de très-vives. Le marché de l'étain suivait,
d'après les anciens règlements, le marché des laines. (Gf.
Stat. 15 Rich. II (1391), c. viii, Stat. of Realm, t. II, p. 81.)
Les communes du comté de Gornouailles ayant demandé que
ce produit de leurs mines fût vendu dans leurs ports, et non
point à Galais, le roi maintint le droit de Galais, voulant d'ail-
leurs que le conseil accordât des autorisations particulières
moyennant le payement du subside. {Rot. Pari., t. III, p. 319,
§ 34.) Les communes des comtés de Hamp, Wilts, Sommerset,
Dorset et Berk, réclamaient une dispense pareille pour leurs
laines. Elles représentaient que la qualité inférieure de ces
laines soutiendrait difficilement la concurrence, s'il fallait
ajouter à leur prix les frais de leur transport à Galais, et elles
demandaient que les marchands de Normandie, aussi bien que
ceux de Gênes et de Venise, pussent les venir prendre sur la
côte méridionale de l'Angleterre, au lieu d'aller à Galais.
Mais le roi maintint aussi le droit de Calais. {Ibid., p. 322,
§51.)
11 — 28
434 LIVRE HUITIÈME.
P. 99, note a.
Le duc de Lancastre et Wicleff. Voyez ci-dessus, t. I, p. 49
et 130. — Le duc prit à la fin pour confesseur le carme Jean
de Kyningham, un des principaux adversaires de Wicleff. Kynin-
gham figure comme docteur en théologie au concile de Lon-
dres (17 mai 1382), et avec le titre de confesseur du duc de Lan-
castre au concile de Stanford (28 mai 1392), où Grump fut
accusé d'hérésie. (Vo}^ez Fasciculi zizaniorum, p. 286 et 357.)
Les lollards dans lÉglise. Voyez ci-dessus (t. I, p. 130 et 459)
le rôle de plusieurs dignitaires de l'Université d'Oxford. —
Chapelain du pape prêchant la doctrine de Wicleff. Wals.,
p. 329. — Prêtres lollards : « Lolardi tantam prœsumpserunt
« audaciam, ut eorum presbiteri, more pontificum, novos
« crearent presbiteros, asserentes, ut fréquenter supra retuli-
« mus, quemlibet sacerdotem tantam consecutum potestatem
« ligandi atque solvendi , et cetera ecclesiastica ministrandi,
« quantam ipse papa dat vel dare potest Et qui taliter ordi-
« nati sunt ab hereticis, sibi cuncta licere pu tantes, missas
a celebrare , divina tractare et sacramenta conferre minime
timuerunt. « (Wals., p. 339, 340.)
Uévêque de Norwich,ibid. On ne signale du reste aucune exé-
cution qu'il ait ordonnée. Walsingham dit que personne ne se
pressait d'aller au martyre .
P. 99, note b.
Nouvelles propositions des lollards (1387). Knighton, p. 2707;
Otterbourne, p. 185. Le parlement s'en émut lui-même ; et le
roi, dit l'historien, invita l'archevêque de Ganterbury et les di-
vers prélats à faire soigneusement leur devoir, chacun dans son
diocèse (Ibid., p. 2708.) Suit une commission royale, adressée
à plusieurs docteurs, pour l'examen de livres de la secte, en
date du 23 mai an xi (1388). {Ibid., p. 2709.)En 1392, W. Gourt-
ney, archevêque de Ganterbury, parcourut plusieurs diocèses
et prononça diverses excommunications contre les lollards; plu-
sieurs firent leur soumission.
Conclusions des lollards envoyées au parlement (1394-1395).
Fasciculi zizaniorum j p. 360,
A ce mouvement des lollards dans la dernière partie du rè-
gne de Richard II, se rapporte un petit poëme, intitulé Com-
NOTES. 435
plainte du laboureur. {The complaint of Uie Ploughman). Un
grand débat est ouvert : d'un côté le pape, les cardinaux, pré-
lats, curés, moines et frères de tout ordre ; de l'autre, des gens
pauvres, pâles, les lollards. Où est le mensonge et qui a droit?
Un grifton et un pélican plaident la cause de chaque parti. Le
pélican parle pour les lollards, et il fait le tableau le plus chargé
des excès qu'on reproche aux gens d'église : c'est merveille ,
s'écrie-t-il, que le parlement et les lords de la terre ne songent
pas à tirer le pauvre peuple de leurs mains (p. 324). Quoique
le griffon soit là pour défendre l'Église, on comprend que,
dans le plan de l'auteur, il n'abuse pas de la parole. Il se fâche :
il demande ce qu'on a à dire des chanoines, des moines; il
n'ouvre la bouche que pour donner aussitôt la réplique au pé-
lican et fournir un texte à ses déclamations. A la fin, il s'envole,
menaçant de revenir pour le mettre en pièces. Mais le pélican
s'en va aussi et ramène le phénix, qui chasse et détruit tous les
oiseaux de la suite du griffon. Le laboureur a recueilli la dispute ;
il raconte la fin du débat, et quant à lui se soumet à l'Église,
To holy church I will me how :
Ech maa to amend him Christ send space !
And for my writing me allow
He that is almighty for his grâce.
(Polit, poems and songs, 1. 1, p. 304-346.) On trouve aussi cette
pièce à la suite des œuvres de Ghaucer, comme lui ayant été
rapportée. {Eîigl. Poet., 1. 1, p. 623-634.)
Mouvements à Londres en 1382. Wals., p. 288. — Démon-
strations publiques à Londres pendant V absence du roi (1395).
Wals., p. 35 1 . — Appuis des lollards parm i les nobles, ibid. Les
mêmes personnages sont déjà signalés au même titre en 1387
par Walsingham (p. 328) et par le moine d'Evesham (p. 82,
83). L'historien et son copiste racontent de Jean de Montaigu,
qu'il poussa la haine contre les images, jusqu 'à détruire tous
les tableaux d'un domaine dont il avait hérité. — Sous la date
du 8 juillet 1395, on trouve dans Rymer deux lettres du roi au
chancelier de l'Université d'Oxford, l'une pour écarter les lol-
lards de l'Université, l'autre pour examiner le Trialogus de
Wicleff. (Rymer, t. VII, p. 806.)
P. 102, note a.
Pleins pouvoirs h IHrhard pour déroger au statut des provi-
436 LIVRE HUITIÈME.
seurs : Parlement de 1391. Rot. Pari., t. III, p. 285, §8;
parlement de 1393, îMrf., p. 301, § 8. — Statut deVanxvi
(1393), c. V. Stal. ofRealm, t. II, p. 84. — Permission à Vabbé
de Beaulieu d'accepter Vèvèchè de Landaff dont il a provision
du pape: « Pourvu toutefois que cet accord et assent ne soient
traits en exemple ne en consequencie en temps à venir. s> {Rot.
Pari., t. III, p. 317, § 22. — Bénéficiaires non résidents (1391),
ibid., p. 293, § 38. — Prieurs étrangers (1390), ibid., p. 262,
§ 19; (1393), ibid,, p, 301, §7. Les communes s'étaient plain-
tes de l'extension que la propriété ecclésiastique avait prise
par diverses voies, et entre autres par le mariage de femmes
libres, ayant des terres, avec des serfs de l'Eglise : le roi ren-
voya à l'application des statuts existants sur ces matières (1394),
ibid., p. 319, § 32. Il renvoya aussi à l'usage pour des diffi-
cultés touchant la dîme (1393), ibid., p. 307, § 30; (1394),
ibld., p. 318, § 30.
Page 104, note a.
Richard et le parlement. Voir ci-dessus, p. 22 et suiv. —
Respect pour le principe du vote des impôts. Hallam , L'Eu-
rope au moyen dge, t. III, p. 229. — Perception de Vimpôt
suspendue dans /e6Zoi/ie. Voyez ci-dessus, p. 76. — L'Angleterre
aux débuts du règne et sous le gouvernement de Richard. Voir
les actes que nous avons cités. Cf. Hallam, t. III, p. 193. —
Déclarations du parlement. Voyez ci-dessus, p. 42, 44 et 50;
Rot. Pari., t. III, p. 283 (13f^0); et les votes relatifs au main-
tien de la prérogative, p. 279, § 15, et p. 286, § 13 (1390, 1391).
Page 104, note h.
Sharon Turner : « The government and the nation conti-
nued for eight vyears in a state of mutual dissatisfaction. » {Hist.
of Engl., t. II, p. 305.) Voilà tout ce qu'il dit pour l'histoire de
l'Angleterre de 1389 à 1397! Pas un mot de plus ni de Tinté-
rieur, ni de l'extérieur : le mariage du roi, cet événement si
considérable dans la politique et dans la suite des destinées de
Richard, est rappelé en note à la fin de son règne. — Citation
de la Chronique de Hardy ng : Turner, t. II, p. 276. God-
win, dans la vie de Ghaucer (t. II, p. 371), cite et entend de
même Hardyng ! — On trouve dans l'yintiquarian repertorij
(Lond., 1807, 4 vol., in-4''), t. I, p. 78, une note des appro-
NOTES. 437
visionnements faits pour Richard et pour le duc de Lancastre
au palais de l'évêque de Durham k Londres, le 23 septembre
an XI, avec le menu d'un repas fort modeste, après tout, si on
le compare aux fameux banquets annuels des lords maires :
mais le 23 septembre de l'an xi ou 1387, Lancastre était en
Espagne. La pièce est fausse, si la date ne l'est pas.
Citation de Gower: Confessio amantis (en anglais), et Vox cla-
mantis (en latin). Turner, t. II, p. 274, 275 et 344. On a d'au-
tres déclamations du même poêle sur la corruption du temps, sur
les vices des différents ordres de la société, vers 1396-1397.
{Polit, poems and songs, t. I, p. 346 et 356.)
Richard et l'archevêque de Canterhury . (Wals., p. 315, et ci-
dessus, t. I, p. 274; — Richard et Lancastre^ voyez ci-dessus,
1. 1, p. 245.)
P. 107 , note a.
Libéralités du roi envers ses anciens ennemis. C'est toute
l'histoire de ces dernières années.
Chaucer; voyez ci-dessus, t. I, p, 485. Richard,' en 1389,
avait h peine repris possession du pouvoir, qu'il lui donna en-
core la place lucrative de clerc des travaux (intendant des bâti-
monts, etc.) (Godwin, t. II, p. 486.) Par des lettres patentes
du 13 octobre de saxxir année (1398), il lui alloua un tonneau
de vin par an. Henri IV confirma la donation l'année suivante,
18 octobre 1399. (Rymer, t. VIII, p. 94). Chaucer n'imita point
Grower; il sut s'abstenir de louer le vainqueur comme d'insulter
au vaincu.
Gower. Ce que nous en disons est pris de lui-même. Con-
fessio amantis^ ap. English poets (Lond. 1810), t. II, p. 3.
Froissart: « Et avois, de pourvéance, fait escripre, grosser et
enluminer et recueilhr tous les traités amoureux et de moralité,
que au terme de trente-quatre ans je avois, par la grâce de Dieu
et d'amour, faits et compilés; laquelle chose réveilloit grande-
ment mon désir pour aller en Angleterre et voir le roi Richard
d'Angleterre, qui fils avoit été au noble et puissant prince de
Galles et d'Aquitaine ; car vu ne l'avois depuis qu'il fut tenu
sur les fonts en l'église cathédrale de la cité de Bordeaux, car
pources jours je y étois.... Lequel roi me reçut joyeusement et
doucement; et prit toutes les lettres que je lui baillai, et les
ouvrit et légit à grand loisir; et me dit, quand il les eut
lues, que je fusse le bien venu, et si j'avois été de l'hôtel du
438 LIVRE HUITIÈME.
roi son ayeul et de madame son ayeule, encore étois-je de l'hô-
tel du roi d'Angleterre.... Pour ce jour je ne lui montrai pas le
livre que apporté lui avois, car messire Thomas de Percy me dit
que point n'étoit heure, car il étoit trop occupé de grandes heso-
gnes..
« Or avint le dimanche en suivant que tous ces consaux fu-
rent départis et retraits à Londres ou ailleurs en leurs lieux,
réservés le duc d'Yorch qui demeura de lez le roi et messire
Richard Stury, ces deux avec messire Thomas de Percy, remi-
rent mes besognes au roi, et voulut voir le roi le livre que je fui
avois apporté. Si le vit en sa chambre, ca/ tout pourvu je l'a-
vois ; et lui mis sus son lit. Il l'ouvrit et regarda dedans et lui
plut très-grandement ; et plaire bien lui devoit, car il étoit
enluminé, escript et historié, et couvert de vermeil velours à
dix clous d'argent dorés d'or, et roses d'or au milieu, et à deux
grands fremaulx dorés et richement ouvrés au milieu de rosiers
d'or. Donc me demanda le roi de quoi il traitoit, et je lui dis :
« D'amours. » De cette réponse fut-il tout réjoui; et regarda
dedans le livre en plusieurs lieux, et y legy, car moult bien
parloit et lisoit françois ; et puis le fit prendre par un sien che-
valier, qui se nommoit messire Richard Gredon, et porter eu
ba chambre de retrait, et me fit de plus en plus bonne chère. »
(Froissart, IV, 40 et 41.)
La grande salie de Westminster. « That most noble monu-
ment of him and indeed of his whole race, the Great Hall al
Westminster. » (Gough ISlichols, ap . Archâeol. , X. XXIX , ]). 40.
Cf. Antiq. Repert., 1. 1, p. 377). Stow {Ann. p. 318, an. 1397;
dit que Richard en ht surtout les frais en faisant acheter aux
étrangers bannis de leur pays la permission de rester en An-
gleterre. Il y a dans Rymer divers actes relatifs à cette con-
struction : dès 1378, passe-ports pour les navires qui doivent
apporter des pierres de Gaen. (Suppl. Rymer, Richard II, t. V,
n° 116. Coll. Rréquigny, t. LXXYIII, f° 89) ; marché passé avec
les maçons pour l'entablement des murailles (18 mars 1395,
Rymer, t. VU, p. 794.)
Respect du vote de V impôt. Nous avons cité Hallam, t. 111,
p. 239. Il ajoute que si Richard n'eût été renversé, ce droit eût
été foulé aux pieds comme tout le reste. Qu'attendre des autres
quand le sage Hallam parle ainsi! — Douceur de Richard rap ■
portée à sa tacheté. « Allhoughthe was of no cruel disposition,
^s wanting of courage, » (Hay\yard^ thf nisinry nf Henry the IV,
NOTES. 439
p. 23.) On reproche aussi à Richard sa roideur vis-à-vis du
clergé. {ArchseoL, t. XX, p. 84 et 86.) Qu'aurait-on dit s'il lui
avait montré de la complaisance?
Page 112, note a.
Lettre de Charles VI à Richard. Elle est tirée de la Bibl.
Gottonienne, D, 111, p. 202 et 203, et a été reproduite dans la
collection Bréquigny (t. LXXVIII, P* 271 et 279), et publiée
par M. GhampoUion-Figeac. {Lettres deroiSy reines, etc., t. II,
p. 255,) sous la date 1390, sans observation. La mention de
l'expédition d'Irlande, du retour triomphant de Richard et de
la soumission du pays sans combat, s'oppose invinciblement à
ce qu'on la laisse rapporter à l'année 1390, date qui d'ailleurs
est mal écrite dans le manuscrit primitif, comme on en peut
juger par le soin du copiste français à la reproduire telle qu'il
la trouve : « l'an de grâce terce [barré] et c'' nonantyme. » Au
contraire tout s'accorde avec la date de 1395, et j'en trouve
dans l'indication du 15 mai une preuve de plus. Charles dit
à Richard qu'il ^^ attend et désire sa venue d'Hibernie à vic-
toire. 3> La pacification de l'Irlande est accomplie : Richard re-
vient, il n'est pas encore revenu. Or cela se rapporte exacte-
ment à ce qu'on en pouvait savoir en France au 15 mai. Le
retour de Richard à Londres se doit placer en effet entre le 6 et
le 20 de ce mois. Le 6 mai, le duc d'York appose encore son
nom, comme lieutenant du royaume, au bas d'une institution
de commissaires pour l'Ecosse ; le 20 mai, Richard rend lui-
même une ordonnance datée de Westminster (Rymer, t. VII,
p. 800, 801). La lettre ne saurait être rapportée à une année
plus reculée ; car alors il aurait été question du mariage de Ri-
chard, dont les négociations datent de juillet 1395 : un faussaire
n'aurait pas manqué d'y faire allusion. Quant à la lettre de Ri-
chard que l'on trouve à la suite dans le même manuscrit et de
la même écriture, une écriture du temps (Bibl. Golton., ibid.y
p. 203. Goll. Bréquigny, ibid.y {"" 279), nous ne saurions la
croire authentique. On ne voit pas pourquoi Richard eût ré-
pondu en latin; ce n'est d'ailleurs, comme nous l'avons dit,
qu'une paraphrase emphatique et incolore de la lettre de
Gharles VI. On peut la voir dans le recueil de M. Gham-
poUion-Figeac, qui la reproduit sans observation (t. II, p. 258).
440 LIVRE HUITIÈME.
Page 113, note a (omise).
La Guyenne et le duc de Lancastre, Froissart, IV, 41, et ci-
dessus, p. 66, 82, 419 et 428). — Proposition du mariage de
Richard avec Isabelle, fdle aînée de Charles F/, au conseil(Ibid).
Froissart dit qu'elle était fiancée au fils du duc de Bretagne. Il
se trompe : c'est Jeanne, seconde fille de Charles YI, née le
24 janvier 1390, qui avait été promise en mariage au fils aîné
du duc de Bretagne, à l'époque du traité de Tours. (Voyez
ci-dessus, p. 51 et 415.) Isabelle, la fille aînée (nous ne comp-
tons pas une première Jeanne, née en 1388 et morte en 1390),
Isabelle, dont il est question ici, avait été fiancée au fils aîné
du duc d'Alençon, le 15 décembre 1391. (Voyez le traité de
mariage dans les Mss. de Dupuy, t. DGLVII, 1° 252, et dans
ceux de Harlay, n° xi, t. III, f** 7.) Elle était née le 9 no-
vembre 1389. (Anselme, Hist. gènéalog. de France ^ t. I,
p. 114.)
Page 118, note a.
Actes relatifs au mariage de Richard. Premiers commissaires
désignés : l'archevêque de Dublin, l'évêque de Saint-David, les
comtes de Rutland et de Nottingham, J. de Beaumont, W. le
Scrop. (Leeds, 8 juillet 1395, Bymer, t. VII, p. 802. — In-
structions aux commissaires (même date, ibid., p. 804) ; —
pouvoirs donnés par Charles VI aux quatre princes français
(Orléans, Berri, Bourgogne et Bourbon) pour traiter du mariage
(29 octobre 1395, Rymer. t. VII, p. 814) ; — pouvoirs donnés
par Richard II au comte de Rutland, au comte maréchal et à
W. le Scrop (30 décembre 1395, ibid., p. 816). — Déclaration
de la volonté du roi sur son mariage (1" et 6 janvier 1396,
ibid.,^. 811 et 812).
Trcm de 28 ans, 9 mars 1396. Rymer, t VII, p. 820-
830. Il reproduit la ratification de Charles VI (11 mars), qui
est en Angleterre. L'acte scellé du sceau des trois ambassa-
deurs anglais (9 mars) et la ratification sous le sceau de Ri-
chard (9 mai), sont aux Archives de l'Empire [Trésor des
Chartes, cart. J., 643, n"* 15 et 15 6?5.) — « S'il avenoit (que
Dieux ne veuille) que par mort ou autrement ledit mariage
feust dissolu ou empesché en quelque manière que ce feust
néantmoins ces présentes trièves demeureront en leur force et
NOTES. 441
vertue, ne pour aucun méfait, attemptat, ou entreprise. ... ne se-
ront ces dites trêves, ne pourront estre tenues ou réputées....
pour enfreintes, ne guerre pour ce estre faite d'un*^. partie ou
d'autre.... Mais seront réparés ou remis au premier et dû état
les dits méfaits.... par les conservateurs et commissaires que
Moasire le roi et ses dits alliés feront ordonner. » (Rymer,
t. VII, p. 828.)
Le roi de France stipule pour les rois de Castille et Léon ;
des Bomains; d'Ecosse; d'Aragon; de Navarre; la duchesse de
Brabant; la commune de Gènes; le comte de la Marche d'E-
cosse, et pour l'île de Man. — Le roi d*Angleterre, pour le roi
des Romains; le roi de Portugal; le duc de Gueldre; Jean des
Isles; le duc et la coînmime de Gênes; et W. le Scrop au titre
de la seigneurie de Man.
Convention de mariage. (On y relate les pouvoirs indiqués ci-
dessus.) 9 mars 1396; ibid., p. 817. L'original scellé des sceaux
du comte de Rutland, du comte maréchal et de William le Scrop,
est aux Archives {Trésor des Chartes, cart. J, 643, n° 6); et aussi
la ratification de Richard, en date du 9 mai 1396 {ibid., n° 7).
Ratification du traité de mariage par Charles VI, à Paris,
11 mars 1396. (Rymer, t. VII, p. 817.) Les deux actes sont
donnés par le Religieux de Saint-Denys, XVI, 15 et 16. —
Fiançailles de la petite reine. Relig. de Saint-Denys, XVI, 22 :
le dimanche de LœtarCy dit-il (quatrième dimanche de carême,
12 mars 1396).
Page 119, note a.
L'adversaire de France (voir tous les actes antérieurs aux
négociations); le parent de France (8 juillet 1395); et le cher
père de France(yo\r les actes postérieurs, et aussi le 28 avril 1 396,
Rymer, t. VII, p. 802 et 831). Le titre de « parent de France -o
est déjà donné à Charles VI dans un sauf-conduit pour ses en-
voyés, pendant que le roi est encore en Irlande (22 mars 1395;
ibid., p. 794). On peut croire que cette ambassade a déjà trait
aux affaires qui vont sceller le rapprochement des deux cours.
Le roi de France, même après le mariage de Richard II, est
encore appelé quelquefois Vadversaire de France, par exemple
dans une mission relative à la trêve (3 octobre 1398, Rymer,
t. VIII, p. 46) ; mais c'est toujours le cher père de France
quand il s'agit de toucher la dot. (Commission donnée à l'évê-
qiie de Carlisle et au comte de Salisbury pour recevoir un terme
442 LIVRE HUITIEME.
de 100000 francs, et en donner quittance, 19 octobre 1398. Ry-
mer, t. YIII, p. 52.)
Page 120, note a.
Lancastre revente de Guyenne. Froissart, VI, 41; Wals.,
p. 352; Otterbourne, p. 186. Il se présenta devant le roi, à
LaDgley, où Richard célébrait la Noël (1395). — Son mariage
avec Catherine de Sivinford. Wals., ibid., Froissart, IV, 50.
— Le duc d'York et le duc de Glocester. Froissart, ibid. — In-
quiétudes de Richard communiquées au comte de Saint- Pol.
Froissart, ibid.
Page 121, note a.
Mesures préliminaires. Message du vicomte de Melun. Sauf-
conduit qui lui est envoyé, 3 avril 1396. (Rymer, t. VII, p. 831.)
— Engagement des princes anglais, Windsor, l*^"" mai 1396.
(Dumont, Corps diplomat., t. II, p. 245.) L'original, scellé de
leurs sceaux, est aux Archives, Trésor des Chartes y J., 643,
n° 11. Avec les ducs de Lancastre, d'York et de Glocester,
oncles du roi; les comtes de Derby et de Rutland, fils, le pre-
mier de Lancastre, et le second d'York ; les comtes de Kent et
de Huntingdon, frères utérins du roi, il ne faut pas s'étonner
de voir le comte de Nottingham (lord maréchal), qui était aussi
du sang royal, descendant par sa grand'mère d'Edouard I''^
(voy.t. I, p. 404).
Instructions à W. le Scrop, charï\bellany pour le mariage.
Le roi recommande que la reine vienne bientôt ; et que, si la
dot n'est pas prête, elle ait au moins la moitié de l'argent et
des joyaux, avec sûre obligation pour le payement du reste à la
Saint-Michel (15 juin 1396, Rymer, t. VII, p. 834). Ordre est
donné à J. de Reaumont, connétable de Douvres et gardien des
cinq ports, de rassembler les vaisseaux que le roi a le droit de
requérir de ces ports privilégiés, pour son voyage. Ils doivent
être à Douvres pour le l'^'" août (18 juin 1396, Rymer, ibid.,
p. 834) : cela vient en confirmation du premier voyage dont
parlent Froissart (IV, 10) et le Religieux de Saint-Denys
(XVII, 10). Froissart suppose à tort que les conventions de la
trêve furent débattues alors seulement. Il s'agissait des der-
nières mesures relatives au mariage, comme le montre le Reli-
gieux de Saint-Denys. Ce qui fait croire que le voyage du roi,
dont il est difficile de douter après le témoignage de Froissart et
du Religieux de Saint-Denys, fut de peu de durée, c'est qu'on
NOTES. 443
ne trouve aucune mesure prise pour le gouvernement du
royaume en son absence.
Le duc de Bretagne. Nous avons signalé au traité de Tours
(26 janvier 1392) le contrat de mariage de son fils aîné avec la
seconde fille du roi (voy. ci-dessus, p. 51 et 415). Le projet
de mariage entre sa fille Marie et Henri, fils de Derby, est de
1394. (D. Morice, Hist. de Bret., Preuves, t. II, p. 644.)
Bulle du pape, pour les dispenses relatives au mariage.
(27 juillet 1396, Rymer, t. VII, p. 836.) — Nouvel ordre de
retenir des vaisseaux pour le voyage du roi (30 août); de pré-
parer des vivres pour le voyage (23 septembre), ibid., p. 839
et 840.
Page 122, note a.
Le duc d'York nommé lieutenant du roi en son absence :
pouvoirs qui lui sont conférés , honneurs qui lui doivent
être rendus (27 septembre, Rymer, t. VU, p. 841.) Le moine
d'Evesham (p. 128) se trompe donc quand il fait rester Richard
en France depuis le 7 août jusqu'à la célébration du mariage.
Richard à Calais : Glocester à Saint-Omer* Froissart, IV, 51.
L'historien dit qu'on abrégea le temps du parlement, qui
se tient d'ordinaire à la Saint-Michel, et que le roi partit au
bout de cinq jours. Il n'y eut point de parlement à la Saint-
Michel en cette année : les trois derniers s'étaient tenus en
janvier. Le Religieux de Saint-Denys dit que Charles VI ne
partit qu'après avoir célébré dans cette abbaye la fête du saint
(9 octobre); mais déjà Richard était à Calais. (Relig. de Saint-
Denys, XVII, 12.) Le conseil fut appelé à délibérer sur la dé-
putation du duc de Rourgogne à Richard, et la réception que
l'on devait faire au roi d'Angleterre. Il fut décidé qu'il serait
reçu comme le roi Jean l'avait été en Angleterre : « Quant à
la réception du roy d'Engleterre c'est assavoir comment il sera
reçu à l'entrée des villes, il semble qu'on le devra recevoir es
villes ou il vendra (viendra) honorablement selon l'ordonnance
du roy et de Mons. de Rourgogne, et appartient bien que
ainsi soit fait, et sait bien Mons. de Rourgogne comment il se
doit faire, et queles honneurs furent faites en Engleterre au
roy Jean quand il y fut; et semble aussi que les gens des
bonnes villes deveront aler au devant de lui hors des villes, et
les processions de l'Eglise jusques a l'entrée des églises. »
{Trésor des Charles, cari. J, 644, n" 36. Sur papier.)
444 LIVRE HUITIÈME.
Règlement pour l'entrevue. Yoy. la pièce dans la collect. de
Brienne, t. XXXVI, f" 35 ; et au f° 37, l'Ordonnance de Richard
sur la même matière, Calais, 24 octobre 1396 (an xx), et non
1397 comme le dit par erreur M. Douet D'Arcq en la publiant
d'après l'original. {Pièces inédites du règne de Charles VI, t. I,
p. 136.) Cf. Wals., p. 353; et Relig. de Saint-Denys, XVII,
12 et 13.
Page 125, note a.
Entrevue. Religieux de Saint-Denys, XVII, 14. Cf. Frois-
sart, IV, 52; Wals., p. 353. — Question du schisme. Il est
fait allusion aux conventions prises alors par les deux rois,
dans les instructions de Richard à ses ambassadeurs en France.
(27 février 1397, Rymer, t. VII, p. 86.)
On a aux Archives l'original de l'acte par lequel Richard
s'engage non-seulement à maintenir et à faire observer la trêve
par les siens, mais à aider Charles VI contre tous, à régler
d'un commun accord les atteintes que la trêve pourrait essuyer,
et à tout faire pour arriver à une bonne paix définitive :
tt Richard, par la grâce de Dieu roy d'Angleterre et de France
et seigneur d'Irlande, a tous ceux qui ces lettres verront salut.
a Savoir faisons que a l'onneur et révérence de Dieu et de sa
benoist miere (mère) et de sainte Eglise, et pour le bien univer-
sel de toute la chrestianitc, et pour l'alliance amour et affection
quele nous avons et portons au treshaut et très puisant prince
nostre très chier et très ame plere (père) de France, et que
semblablement tenons de certain qu'il nous porte et auxi aufin
que nos subgiz empuissent le mieux et le plus paisiblement et
sûrement vivre et servir Dieu desous nostre obéissance : Nous
pour les causes susdites et autres innumerables, jurons et pro-
mettons par la foi de nostre corps et en parole du roi et par la
vraie croix et saints évangiles par nous corporelment touchés,
que nous serrons en aide a nostre dit piere counlre tous autres
gens da monde, et que nous ne ferrons durans les trieves pro-
mises par entre lui et nous nulment armes contre lui ; et avons
commandé et voulons que durant le dit terme nul de nos oncles,
cest assavoir les ducs de Guyenne et de Lencastre, York, ne
Gloucester, ne nul des autres de nostre sanc portant nos armes,
ne soient nulment ne en nul lieu armez countre nostre dit f iere,
ne countre le dauphin, nostre très chier frère, ne ses autres en-
faunts presens et avenir, ne countre ses oncles et les nostres, ne
NOTES. 445
soun frère, uostre oncle, ne coimtre les autres de son sanc et
de ses armes. Et voulons outre et promettons que se aucun at-
temptat ou autre chose avenist durans les dites trieves, parquoi
guerre, débat, courons ou haine pourroit aucunement sourdre,
que Dieu deffende : nous ferrons par les nostres de nostre dit
sanc duement les amender et redresser par nous et counsail des
susdits du sanc de nostre dit piere, aufm que tous soient d'un
counsail et d'un avis. Toutefois nous jurons et promettons
comme dessus, et semblablement voulons et commandons que
les dessus dits de nostre sanc et armes le facent, que nous fer-
rons nostre loial devoir et entier povoir nonobstans les liens et
jeurements susditz, aufm que bonne paix finale ce (se) puisse
faire parentre lui et nous, et ce le plus tost que faire le povons
bonnement, tous cavalacions, fraudes et excusations faites
cessans : les trieves promises parentre nous et les alliances
faites avecques les allies d'un coste et d'autre demourans en leur
force et vertu, en la fourme et manière que les trieves le portent.
Toutes lesquelles choses susdites et chescune par soi de tenir et
guarder et faire tenir et guarder nous jurons et promettons
CQuime dessus. En tesmoigne de ce nous avons fait mettre nostre
privé seal à ces présentes. Donne en nos tentes esteaunts en
champ près du molin dAndre (d'Ardre) le xxviii" jour de octo-
bre l'an de nostre règne vinglisme. »
'< Par le roi en son consail enquel les ducs de Guyenne et de
Lencastre et de Glocester, et les comtes de Derby, de Rulland,
de Huntyndon, mareschall, et de Northumber, feurent pre-
sens. » {Trésor des Chartes, carton, J, 644, n° 19.) — La pièce
est munie du petit sceau en cire rouge, sur double queue, por-
tant l'exergue : Sigîllum Ricardi régis Francise et Angliœ.
Page 127, note a.
La jeune reine présentée à Richard. Froissart, IV, 52; selon
Walsingham (p. 359), elle lui fui amenée le jour que Richard
reçut chez lui Charles YI, et le repas commença après son dé-
part. Le Religieux de Saint-Denys (XVII, 14) parle seulement
d'une seconde rencontre au pieu central, et d'une autre encore
dans la tente du roi de France.
Le duc de Ravière, dont on sait la parenté avec Charles VI,
avait offert, en cette année, sa médiation, pour amener h une
paix définitive l'Angleterre et la France. Richard accepta ses
446 LIVRE HUITIÈME.
offres. (Suppi. Rymer, Richard II, t. II, n" 9. Coll. Bréauigny,
t. LXXIX, f° 87.)
Mariage du roi. Froissart, IV, 52. On y lit : le mardi, jour
de la Toussaint; c'est mercredi qu'il faut lire : la Saint-Jude,
28 octobre, étant, comme Froissart l'a dit justement, un samedi,
la' Toussaint est le mercredi. Le moine d'Evesham (p. 129)
dit que le mariage à Calais eut lieu le 10 novembre, et l'entrée
de la reine à Londres le 23. C'est une'erreur, au moins quant au
mariage : le 1" terme de la dot (300000 fr.) ne devait être
payé qu'après la cérémonie; Richard constate qu'elle a eu lieu,
dans le reçu qu'il donne de l'argent dès le 4 novembre 1396.
(Rymer, t. VII, p. 846.) L'original est aux archives. Trésor des
Chartes, J, 643, n» 12. On y trouve aussi une déclaration et un
reçu des joyaux et autres objets précieux pour l'ornement de
l'hôtel et de la chapelle de la princesse, remis avec elle à Ri-
chard, 7 novembre 1386 {ibid., n° 13). Walsingham (p. 353),
est peu touché de cette dot; il se plaint que Richard ait dé-
pensé pour ce mariage plus de 300000 marcs.
Fête de Londres. Froissart, IV, 51. — Tempête. Wals., 1. 1.,
Otterbourne, p. 187. On trouve dans Rymer, à la date du 4 dé-
cembre 1396, une proclamation pour assister au couronnement
de la reine, t. VII, p. 848. La cérémonie fut célébrée à West-
minster par l'archevêque de Ganterbury, la veille de l'Epipha-
nie (5 janvier 1397). (M. Evesh., p. 129.) Un peu après, « à la
demande de sa très-chère épouse Isabelle, » et comme pour la
bienvenue de cette enfant, il rendit à Londres toutes ses fran-
chises, 12juin 1397. (Rymer, t. VII, p. 857.)
LIVRE NEUVIEME.
Page 135, note a.
Glocester. Départ pour la Prusse en 1391. Wals., p. 345, et
Otterbourne, p. 180. — Mission dans le comté de Chester,
6 mai 1393, Rymer, t. VII, p. 746. — Mission auprès du 'par-
NOTES. 447
lementy Rot. Pari., t. III, p. 329, § 1 ; — dans les conférences
pour la paix, voyez ci-dessus, p. 67 et 77.
Page 136, note a.
Le comte maréchal, voyez ci-dessus, et Froissart, IV, 42 et 43 ;
Rymer, t. YII, p. 844; cf. Dugdale, Baronage, t. I, p. 128.
En 1392, à la requête du comte maréchal, capitaine de Calais,
le roi accorde au maire de la ville l'honneur de faire porter
devant lui l'épée, la pointe droite (22 mars. Rymer, t. VII,
p. 713). Un acte du 6 novembre de la même année, nomme le
comte maréchal lieutenant du roi en Picardie (Gollect. Bréqui-
gny, t. LVII, f"* 216), titre que l'on trouve aussi donné k la
date du 22 février 1392, du 22 février 1393 et du 10 mars 1394
au duc de Lancastre. (Voyez ci-dessus, p. 66 et 419.)
Les comtes d'Arundelet de Warwich, voyez ci-dessus, et Dug-
dale, Baronage, t. I, p. 319, et p. 236, 237.
V archevêque d'York, chancelier, voyez ci-dessus, p. 48; —
primat de Canterbury. Il fut promu au siège de Ganterbury,
le 25 septembre 1396, et rendit les sceaux le surlendemain
(Douvres, 27 septembre), au moment où le roi allait passer la
mer pour son mariage. (Dugdale, Monasticon anglicanum, t. VI,
p. 1172, Éd. 1817. Rymer, t. VII, p. 840; cf. Wals.. p. 353.)
Page 136, note h.
Mariage de Lancastre et de Catherine de Swinford, Wals.,
p. 352, et Froissart, IV, 50. — Indignation des duchesses con-
tre la nouvelle duchesse de Lancastre : « Et puis disoient outre :
a Nous lui lairrons (à la reine) toute seule faire les honneurs.
«< Nous ne irons et viendrons en nulle place où elle soit, car ce
(c nous tourneroit à trop grand blâme, que une telle duchesse,
« qui vient de basse lignée et qui a été concubine du duc un
« moult long temps, en ses mariages et hors ses mariages, al-
« loit ni passoit devant nous. Les cœurs nous crèveroient de
« deuil et à bonne cause. » Et cil et celle qui le plus en par-
loient c'étoit le duc de Glocestre et la duchesse sa femme ; et te-
noient le duc de Lancastre à fol et outre-cuidé , quand il avoit
pris par mariage sa concubine ; et disoient que jà ne lui feroient
honneur de mariage ni de nommer dame ni serour. Le duc
d'York s'en passoit assez brièvement, car il étoit le plus rési-
448 LIVRP^ NEUVIÈME.
dent de lez le roi et son frère de Lancastre. Le duc de Glocestre
étoit d'une autre matière et ordonnance, car il ne faisoit compte
de nully, quoique ce fût le mains-né de tous les frères ; mais il
étoit orgueilleux et présomptueux de manière, et en ce s'incli-
noit sa nature, et mal concordant à tous les consaux du roi, si
ils ne tournoient à son gré. (Froissart, IV, 50.) »
Légitimation des enfants de Lancastre. La bulle du pape, ren-
due en considération du roi et du duc de Lancastre, fut produite
par le chancelier au parlement, et le roi prononça la légitima-
tion. (Rot. Pari, t. III, p. 343, § 28.) — /. de Beau fort, l'aîné
des enfants, créé comte de Sommer set, ihid., § 30. Le duc de
Glocester fort hostile, on l'a vu, et au mariage de Lancastre et
à la légitimation de ses enfants, ne figure point parmi les té-
moins de cet acte. — Pouvoirs et honneurs nouveaux au comte
maréchal, 10 février 1397, ibid.y p. 343, § 33. On y rapporte
le texte de la charte. — Dons et faveurs à Glocester. Voyez ci-
dessus, p. 34, etc.
Pcige 138, note a.
Grâce et réhabilitation de Northampton. Bot. Pari., t. III,
p. 282, § 36 (parlement de 1390), et p. 292, §34 (1391); de
Norhury et de More, ibid., §§ 35 et 36 (1391). — Biens des
condamnés vendus. Bot. Pari. t. III, p. 280, § 21 (1390).
Michel de la Pôle mort à Paris (1389). On a vu l'oraison fu-
nèbre que lui font Walsingham (p. 339), le moine d'Evesham
(p. 113) et Otterbourne (p. 177). — Alexandre Aevil. Voyez
ci-dessus, t. I, p. 350, et t. II, p. 16.
Bobert de Yere. On lit dans Walsingham qu'il mourut à Lon-
dres (1392) : a In Londonia.... in mentis angustia rerumque
« penuria » (p. 349). Mais si l'on se reporte au passage cor-
respondant de son autre histoire (HypodigmaNeustriœ,ip. 546),
on trouve la vraie leçon, qui est Louvain : « In Lovania diem
« duxit extremum. » Otterbourne copie la grande histoire avec
tant de servihté, qu'il dit Londres (p. 181), bien qu'à la page
suivante, rappelant la promotion d'Albert de Vère au titre de
comte d'Oxford, il l'appelle héritier de Robert de Vère, mort à
Louvain (p. 182). Otterbourne ajoute pourtant ce trait à Wal-
singham, qu'il périt à la chasse, blessé par un sanglier. C'est
ce qu'on voit aussi, avec la mention exacte de Louvain, dans la
chronique pubhée par Leland. {Coll., t. I, p. 186.) — Ses fu-
nérailles. Wals.,p. 352. « Openly shewing, » dit Stow, tradui-
NOTES. 449
sautWalsingham, « his love tothedead carcasse, which he bare
him when he was alive » (p. 312). Au parlement de 1393, Ri-
chard transmit le comté d'Oxford à son oncle et héritier Aubry
de Vère. (Rot. Pari., t. III, p. 303, § 15.) H ht aussi accorder
grâce à Jean de Lancastre, chevalier, qui était resté avec Ro-
bert de Vère au delà de la mer, tant qu'il vécut. {Ibid., § 16.)
Les juges relégués en IrUXnde : leur grâce demandée {I39k).
Bot, Pari., t. III, p. 316, § 18: « Les communes.... disoient
qu'ils furent bien contents,... sauvant l'Estatut eut fait, et lour
consciences pur le serement, et qu'ils n'encourgent la peine
dudit estatut en temps a venir. » — Leur grâce accordée (1397),
ibid., p. 346, §41, et le statut de l'an xx, c.Yi. Stat. of Realm,
t. II, p. 94. Cf. Walsing., p. 353, et Stow, p. 315.
Page 139, note a.
Parlement de la xx" année (22 janvier 1397). — Uévêque
d'Ëxeter, chancelier. Les sceaux, rendus par Thomas Arundel,
le 27 septembre, au départ du roi pour la France, ne furent
donnés à l'évêque d'Exeter qu'après le mariage du roi et son
retour, le 29 novembre (Rymer, t. VII, p. 840). — Discours
du chancelier. Rot, Pari., t. III, p. 337, § 1. — /. Bussy,
speaker (23 janvier), ibid., p. 338, § 7. — Conférence des
grands officiers avec les communes (24 janvier), ibld., §.8.
— Excuses et déclaration des communes vis-à-vis du roi (25 jan-
vier), ibid., § 9.
Page 140, note a.
Exposé du roi. Ce morceau exprime d'une manière trop
nette sur un point capital toute la politique de Richard, pour
que nous résistions à l'envie de le reproduire textuellement :
« A quoy le Roy respondi mesmes par son bouche propre en
plein Parlement, et dist as Communes, Qu'ils ne se deussentes-
mervailler de le dit promesse ; et leur exposa benignement cer-
teins causes qui lui moerent (murent) à la promesse del ditViage.
Primeremenl, le Roy considérant coment devant cesheures ont
este très grandes meschiefs et destructions de guerres intolé-
rables entre les deux Roialmes d'Engleterre et de France, et
pensant sur ce, que le greindre bienfait que ascun homme
purra faire a autre pur luy obliger et eslre pluis tenuz a lui, si
en est pur luy eider et relever en son meschief et nécessite. Par
II — 29
450 LIVRE NEUVIÈME.
quoy al bone entention pur peisêr (apaiser) et cesser les guerres
du Roialme, et sauver les meschiefs qui vindrent par la guerre à
êon Roialme et à son Poeple, et aussi afyn que tiel grau t bienfait
et promesse durront (donneront) de reson moult occasion de pees,
quiète et salvation a son Roialme et ses liges d'Engle terre,
et pur exciter son dit piere (père) de France a la greindre af-
fection de luy et de son Roialme et ses gentz en temps a venir,
il fist la dite promesse. La secundo cause est, pur ce que son dit
piere est cosin à nostre Sr le Roy, et ore son piere par ceste
alliance, il est le pluis tenuz de luy faire plesance et relèvement
en sa nécessite. La tierce cause est, partant que son dit piere
de France et luy mesmes, qui sont tenuz deux les plus suffi-
santz et vaillantz Princes Gristiens ; et partant s'ils puissent
avoir conissance de quelconque Roy, Prince, ou autre per-
sone qui que soit, qui par tiranye vorra surmontier et des-
truire le Poeple Gristien en quelconques parties, ils sont de
droit tenuz, a la révérence de Dieu, a destruire tiel tirant et
destruour, et de restorer et recoverer tielx oppressez et deso-
latz a leur estât. » (25 janvier 1397.) Rot. Pari., t. III, p. 338,
§10.
Page 146, note a.
Vote du subside. Rot. Pari., t. III, p. 340, § 18. Pour remé-
dier à la diminution du numéraire, il fut ordonné aux mar-
chands d'apporter une once pesant d'or de marque étrangère à
la Tour de Londres, par chaque sac de laine, demi-last de cuir
ou par lot de 240 toisons (ce sont les quantités équivalentes
devant l'impôt), sinon de payer un supplément de taxe de 13 s.
4 d. (l marc) par chacune de ces quantités. {Ibld.j$ 19.)
Autorisation de modifier le statut des proviseurs. Ibid., § 21.
Les deux archevêques de Ganterbury et d'York firent suivre ce
vote d'une protestation que, si le statut était modifié contraire-
ment aux droits de la cour de Rome ou en dérogation à la
liberté de l'Église, ils y refusaient leur assentiment. {Ibid.,
§ 22.) Défense fut faite, à la requête des religieux mendiants,
qu'aucun d'eux allât sans autorisation prendre sur le continent
ses grades en théologie. {Ibid., § 25.)
Ordonnances renouvelées contre les chevauchées armées. Rot.
Pari., t. III, p. 345, § 37. — Abus des livrées. Ibid., § 38.
— Présence des seigneurs dans les assises. Ibid., § 39. —
Réquisition de chevaux. Ibid., § 40. Gf. Stat. of Realm, t. II,
NOTES. 451
p. 92. Le même statut renouvelait la loi d'Edouard III , pour
assurer toutes libertés aux marchands étrangers que la tempête
aurait forcés de relâcher dans tel ou tel port d'Angleterre.
{Ibid., § 5, et Rot. Pari., t. III, p. 345, § 40.) Les communes
se plaignirent aussi de l'abus des asiles : mais le roi se refusa à
faire aucune loi spéciale, et dit que l'on jugerait les cas parti-
culiers. {Rot. Pari., t. III, p. 345, § 36.)
Page 151, note a.
Démarche de Glocester auprès de Roger M or limer, Froissart,
IV, 56. Turner (t. II, p. 307) rapprochant de ce récit la décla-
ration de Glocester sur son projet de suspendre le roi en 1387,
pense que la conférence avec Mortimer doit se rapporter à
cette époque : le jeune comte, né en 1374, n'aurait eu
alors que 13 ans. — Intrigues de Glocester auprès des habi-
tants de Londres. Froissart, ibid.
Page 153, note a.
Dèputaîion de Londres vers le roi. Froissart, IV, 56. — Réta-
blissement des coutumes de Londres, 12 janvier 1397. Rymer,
t. VII, p. 857. Quatre jours auparavant, le maire étant mort,
Richard en nommait un autre, mais en témoignant que ce n'é-
tait que jusqu'au jour de la prochaine élection. {Ibid., p. 856.)
Page 164, note a.
Instructions aux ambassadeurs envoyés en France (comte
maréchal, Rutland et W. le Scrop), 27 février 1397. (Rymer,
t. VII, p. 850.) — Restitution de Brest, le 6 mars 1397. Le
conseil était réuni pour trois choses : le comté de Richmond,
l'île de Ré et le château de Rrest. Pour l'île de Ré, on devait
écrire au roi de France ; pour le comté de Richmond, le con-
seil crut qu'il devait en référer au parlement. Quant au château
de Brest, l'engagement était si précis, qu'il se borna à pres-
crire des précautions pour la restitution de l'argent avant la
remise de la place. La place devait être rendue trois semaines
après l'argent reçu. {Proceedings, t. I, p. 64 et 66.) — In-
structions à J. Drax, chargé de reprendre de J. de HoUand et
de livrer le château (7 avril, ibid., p. 67). L'ordre à l'un et à
452 LIVRE NEUVIÈME.
l'autre est du 28 mars. (Rymer, t. YII, p. 852 et 853.) La
remise de la place eut lieu le 12 juin. (D. Morice, Histoire de
Bretagne^ t. I, p. 425; et Preuves, t. II, p. 678.) La restitu-
tion du comté de Rictimond au duc de Bretagne, restitution
promise à l'époque du mariage, selon le religieux de Saint-
Denys, se fit attendre (D. Morice, t. I, p. 425) : elle ne paraît
pas avoir eu lieu avant le P"" mai 1398, époque où le roi lui
donna quittance générale. (Rymer, t. VIII, p. 38.) Elle est
rappelée ainsi que la quittance dans un autre acte du 24 dé-
cembre suivant. {Ibid.j p. 64.)
Page 155, note a.
Chron. manuscrite, B. imp., fonds fr., 3884 {olim 8448),
f" 110. Nous reviendrons plus tard sur cette chronique, dont
l'auteur paraît être un témoin des derniers événements du
règne de Richard. Il en existe à la Bibliothèque impériale plu-
sieurs manuscrits qui offrent des variantes. M. Buchon à la
suite de Froissart (t. XV, 2" supplément) , en a publié un qui
ne paraît pas le meilleur.
Page 161, note a.
Conjuration de Glocester, d'Arundel et de l'archevêque de
Canterbury. Relig. de Saint-Denys, XVII, 20. La chronique
du ms. 3884 renchérit sur ce récit. L'abbé de Saint-Alban a
une vision; il mande le prieur de Westminster : ils ont fait le
même rêve : Richard perdra l'Angleterre. Ils s'adressent au duc
de Glocester, filleul du premier, et Glocester leur dit « qu'on y
mettra bien brief bon remède. » Il invite l'abbé et le prieur h se
rendre dans quinze jours à Arundel, et y invite aussi le comte
de Derby, le comte maréchal et l'archevêque de Canterbury.
Warwick survient pendant le dîner. Ils se jurent le secret. Le
lendemain, l'archevêque de Canterbury chante la messe et y
donne la communion aux conjurés, Glocester, Derby, Arun-
del, W^arwick et comte maréchal. Après la messe , ils con-
viennent d'emprisonner Richard, Lancastre et York, et de
pendre les ministres; et, quand chacun s'est retiré, le comte
maréchal va tout dire au roi. (Buchon, p. 7-8.) L'invraisem-
blance est choquante dans les détails comme dans la date de la
scène, qui est placée vers le mois d'août 1396, c'est-à-dire
avant le mariage de Richard et la restitution de Brest.
NOTES. , 453
Page 162, note a.
Arrestation de Glocester. Froissart, IV, 57; Hist. Groyl. con-
tin., ap. Rer. Angl. Script, veteres, 1. 1, p. 493; Wals., p. 354.
La chronique éditée par Leland (t, I, p. 384) dit que le roi
arrêta Glocester de sa propre main, et que le duc, lui deman-
dant grâce de la vie, le roi lui répondit : « Je vous ferai la
grâce que vous avez faite à Simon Burley, quand la reine s'est
agenouillée pour lui devant vous. » Cette chronique a peu de
valeur. — On trouve dans les actes du conseil {Proceedings,
t. I, p. 93) une réponse présumée de Glocester à certaines
questions qu'on lui aurait envoyées par écrit, un peu avant son
arrestation, en juillet 1397, Les questions ont peu d'impor-
tance. Il dit qu'il est prêt à se rendre au lieu et jour que le roi
lui voudra assigner, pourvu que ce ne soit pas à Londres. Il
dit de ceux de Londres qu'il les a « oy souvent bel parler et
petit faire. » Ce ne sont pas les sentiments ordinaires de Glo-
cester envers eux.
Page 163, note a.
Arrestation de Warwick et d'Arundel. Froissart, IV, 61 ;
Wals., p. 354; Otterbourne, p. 190; M. Evesh., p. 130. Ot-
terbourne dit que, le 10 juillet, le roi avait invité à un grand
festin Glocester, Arundel et Warwick. Glocester s'excuse sur
sa santé, Arundel s'abstient par défiance; Warwick vient et est
arrêté. La même nuit, pourtant, Arundel se rend au château,
sur la parole donnée à son frère le primat, qu'il ne lui serait
point fait de mal. Il est arrêté, et c'est le matin seulement que
le roi va se saisir de Glocester. Le moine d'Evesham fait aussi
l'arrestation de Warwick et d'Arundel antérieure à celle de
Glocester. Le récit de Froissart offre pourtant plus de vraisem-
blance, et il est confirmé, en ce qui touche Glocester, par celui
de Gower dans sa Chronique tripartite. Le roi arrête le Cygne
(Glocester), puis le Cheval (Arundel), puis l'Ours (Warwick).
{Polit, poems^ t. I, p. 427.) Le moine d'Evesham a plusieurs
erreurs chronologiques assez graves pour cette année. Il place,
par exemple, l'élévation de Thomas Arundel au siège de Can-
terbury après l'arrestation de Glocester.
Proclamation sur l'arrestation de Glocester : « Sunt quam-
« plures credentes nos arestationem praedictam pro eo quod
« praedicti dux et comités Arundellae et Warw. nuper quasdam
kbk LIVRE NEUVIEME.
« congrégation es et eqnitationes infra regnnm nostrum Angliœ
« fecerunt fecisse, metuentesque sibi ex hac causa impetitionem
a et dampnum posse evenire. » Il ordonne de faire proclamer
que l'arrestation a eu lieu, tant de l'assentiment des susdits que
de ses oncles de Lancastre et d'York et de son cousin de Derby.
Ils ont été arrêtés : « Pro hujusmodi extorsionibus et oppres-
« sionibus,... quœ in proximo parliamento nostro plenius erunt
« declaratœ, et non pro congregationibus et equitationibus hu-
« jusmodi; et quod intentio nostra non fuit, nec est,quod aliquis
« de familia prsedictorum ducis Gloucestriae ac comitum Arun-
«« deilœ et Warw., seu illorum qui in comitiva sua, tempore
« congregationis et equitationis prœdictarum fu[erunt], ea occa-
M sione molestetur aliqualiter seu gravetur. » (15 juillet 1397,
Rymer, t. YIII, p. 7.)
Adhérents du roi dans V arrestation de Glocester. Jean de
Montaigu était devenu héritier du comté de Salisbury par la
mort de son oncle, le 3 juin 1397. Il avait figuré déjà dans les
guerres de France. Il était, en 1370, de l'expédition qui enleva
dans son château la mère du duc de Bourbon. (Froissart, I, ii,
299.) — Thomas le Despenser, avait été sous la tutelle du duc
d'York, qui lui donna sa fille en mariage. (Dugdale, t. I,
p. 397.) — J. de Beaufort, comte de Sommerset, fils naturel
de Lancastre, venait d'épouser la fille de J. de Holland, comte
de Huntiiigdon.
Ordre d'arrêter ceux qui tenteraient quelque chose en faveur
de Glocester, 28 juillet 1397, Rymer, t. YIII, p. 7 ; — Hommes
de Chester dans la garde du roi. Wals., p. 354. — Convocation
des gens de sa livrée, 20 août. Rymer, t. VIII, p. 13. (Sur les
insignes de Richard et le grand nombre de personnes à qui il
les faisait porter, voyez Gough Nichols dans YArchœol.,t. XXIX,
p. 39.) Le roi permet au duc de Lancastre de réunir trois
cents hommes d'armes pour venir, de son côté, à Westminster
(28 août, Rymer, t. YIII, p. 14).
Page 167 , note a.
J. Bussy, orateur (i8 septembre). Rot. Pari,, t. III, p. 348,
§ 8. « Yir eruditissimus et ambitiosissimus. >> (Otterbourne,
p. 191.) Walsingham lui associe Grreen et Bagot dans la con-
duite du procès. — Th. Percy, nommé procureur du clergé
(même jour, Ibid.., § 9).
NOTES. 455
Le moine d'Evesham (p. 133) place k tort cette nomination
après la mise en accusation d^Arundel. Il fait entrer dans son
récit plusieurs traits que les procès -verbaux contredisent. Il
avait été décidé, dit-il, que les lords spirituels ratifieraient les
procès par leur consentement. Ils se retirent fort tristes. Déjà
le peuple s'était ému de leur retraite. Les archers de Ghester,
accourant et croyant qu'il y avait querelle dans le palais, ban-
daient leurs arcs et tiraient leurs flèches pour effrayer ceux qui
s'y trouvaient, quand le roi les apaisa par sa présence. Le len-
demain, on révoque le statut relatif aux prélats ; mais on leur
enjoint, sous peine de perdre leur temporel, de nommer un
procureur, ce qu'ils font.
Révocation du statut de la dixième année (le texte en est rap-
pelé en cet endroit) ; Rot. Pari., t. III, p. 349, § II.
Page 167, note h.
Rappel de la prise d'armes de Haringhay, et révocation du
pardon que s'étaient fait accorder Glocester et ses complices.
Rot. Pari., t. III, p. 350, § 12. — Révocation de la charte de
pardon spécialement accordée au comte d'Arundel, le 30 avril
1394, Ihi'L, § 13. C'est peut-être le pardon qui lui avait été
accordé pour l'accusation portée par lui contre Lancastre au
parlement du 27 janvier 1394, acte dont le roi l'avait contraint
a faire immédiatement ses excuses. {Rot. Pari., t. III, p. 313,
SU.)
Page 174, note a.
Condamnation du comte d'Arundel. Rot. Pari., t. III,
p. 377. Il fut déclaré que les biens donnés en fief au comte
d'Arundel, à Vusage d' autrui, ne seraient pas compris dans la
confiscation. — A la session de Shrewsbury, on ordonna que
ceux qui auraient la charte de pardon accordée au comte d'A-
rundel et révoquée en parlement, la rapportassent avant la mi-
carême, sous peine de confiscation de tous leurs biens (31 janvier
1398. Rot. Pari., t. III, p. 368, § 70.)
Page 174, note h.
Exécution du cmnte d'Arundel, le jour de la seritence (21
septembre). Rot. Pari., l. III, p. 377. Pour les détails, voyez
456 LIVRE NEUVIÈME.
Walsingham, p. 354. WalsiDgham et Froissart (IV, 61) font
intervenir dans l'exécution le comte maréchal, gendre du comte
d'Arundel ; mais le comte était alors à Calais, comme le prou-
vent les actes officiels produits dans ce parlement même. Cette
erreur, constatée en ce qui le touche, pourrait même faire dou-
ter de ce que dit Walsingham des comtes de Huntingdon et de
Kent. L'acte officiel ne parle que du lieutenant du maréchal
d'Angleterre, le sire de Morley. (Rot. Parl.^ t. III, p. 377.)
Page 175, note a.
Ordre au comte maréchal cV envoyer Glocester. Rot Pari.,
t. III, p. 377, et Rymer, t. YIII, p. 15. — Réponse du comte
maréchal. Rot. Pari., p. 378. Ces pièces sont données textuel-
lement. On pourrait se demander si la réponse du comte maré-
chal a été envoyée le 24 ou reçue le 24 : « Le lundi le xxiV
jour de novembre, le dit capitaine retourna son brief en le dit
parlement en la manière qu'ensuit. » On doit croire que la
lettre a été reçue et produite au parlement le 24. Le procès-
verbal date les faits du jour où ils se passent au parlement. On
ne dut perdre de temps en cette affaire ni k Londres ni à Ca-
lais. Rien n'empêche que le messager du roi, parti de Londres
le 21, n'ait rapporté la réponse assez tôt pour qu'elle ait été pro-
duite au parlement dès le 24. On a même eu le temps de faire
périr Glocester dans l'intervalle, si Ton suppose comme tout
semble le faire croire, que l'ordre de le mettre à mort accom-
pagnait l'ordre menteur de l'envoyer devant le parlement.
Walsingham, en parlant de l'arrêt d'exil du comte maréchal
l'année suivante (16 septembre 1398), dit qu'il eut lieu, jour
pour jour, douze mois après la mort de Glocester (p. 356). Il
ne serait peut-être pas bien sûr de prendre cette indication à la
lettre, pour un fait qui demeura entouré de mystère. Ainsi il y
en a qui en fixent l'époque au samedi après la Saint-Barthé-
lémy (Dugdale, t. II, p. 172), qui fut le 25 août: mais on a la
déclaration écrite par Glocester en date du 8 septembre.
Condamnation posthume de Glocester. Rot. Pari., t. III,
p. 378.
Page 178, note a.
Commission de W. Rickhill (17 août 1397). Rymer, t. VIII,
p. 13. — déclaration de Glocester, du 8 septembre ^ produite
NOTES. 457
le 25 (en anglais). Rot. Pari., t. III, p. 378. C'est en l'an xi
de Richard (1387-1388) que le roi, selon l'accusation qui fut
plus tard portée contre lui, avait, en présence des ducs de Lan-
castre et d'York, juré, dans la chapelle du château de Langley,
de pardonner à son oncle. (Voyez l'acte d'accusation contre Ri-
chard, art. 49. Rot. Pari., t. III, p. 421.) Richard, il ne faut
pas l'oublier, était alors en la puissance de Glocester. Notons
encore que Glocester, dans sa déclaration, parle d'un serment
qu'il aurait prêté à Richard ; et l'acte d'accusation de Richard,
d'un serment prêté par le roi en faveur de Glocester. — Voici un
trait qui prouve ce qu'il faut penser d'Otterbourne à son tour :
à l'en croire, Rickhill aurait rapporté la déclaration de Glo-
cester dans un tout autre sens que ne le voulait le duc : « Fac-
tumque post quod ipse renunciaret verba ducis, sed in alia sen-
tentia quam dux intenderet, nec esset conveniens testificalio
ejus. » Or nous avons la déclaration textuelle du prince : et
Rickhill se conduisit avec tant de droiture dans cette affaire,
qu'au jour des représailles il fut impossible de le faire con-
damner.
Page 181, note a.
Mort de Glocester. Témoignage de Froissart : « Ainsi que je
fus informé, sur le point du dîner et que les tables étoient
mises au chastel de Calais, ainsi qu'il devoit laver ses mains,
quatre hommes à ce ordonnés issirent d'une chambre, et lui
jetèrent une touaille au col, et l'estraignirent tellement, les
uns d'un lez et les autres deux d'autre, qu'ils l'abattirent à
terre; et là l'étranglèrent d'une touaille, et lui cloirrent les
yeux, et tout mort, ils l'apportèrent sur un lit et le dévê-
tirent et déchaussèrent tout mort; et le couchèrent entre
deux linceuils, et mirent son chef sur un oreiller, et le couvri-
rent de manteaux fourrés ; et puis issirent en la chambre, et
vinrent en la salle tous pourvus de ce qu'ils dévoient dire et
faire, en disant tels paroles : que une défaute de maladie de
popolésie étoit prise au duc de Glocester, en lavant ses mains,
et que à grand peine on l'avoit porté coucher. On tint ces pa-
roles en public au chastel et en la ville ; et bien le crurent les
aucuns, et les autres non. » (Froissart, IV, 61.)
Témoignage de Walsingham : « Interea (quia non videbatur
tutum Régi, ut dux Glouverniœ responsis astaret) propter favo-
rera populi qui ei nimis afficiebatur, rex jussit comiti mare-
458 LIVRE NEUVIÈME.
scallo ut eum occulte occideret : qui, missis iniquitatis mini-
stris, fecit eum sufFocari superjectis culcitris et lectis pluma
refertis super os ejus. » (P. 355. Cf. M. Evesh., p. 161 .)
Le continuateur de la chronique de Groyland, qui rapporte
aussi cette mort à l'ordre du roi et au conseil du comte maré-
chal, alors gouverneur de Calais, ajoute : a Custodes prsedicti
Ducis improvisi cameram ejus dormientis nocte intraverunt,
et vincientes eum manus ac pedes, inter duo pulvinaria magna
suppressum eorumque pedibus diutius conculcatum miserrime
suffocabant. » (Hist. Croyl. contin., t. I, p. 493). Otterbourne
(p. 193) dit que le comte maréchal différait, et que, pressé par
les menaces du roi, il le fit venir au milieu de la nuit, comme
pour le rembarquer pour l'Angleterre; puis on le mena dans
une hôtellerie où il fut étouffé par des valets. Cela a quelque
rapport avec le témoignage qui va suivre.
Déposition de J. Halle (parlement de la première année de
Henri IV, 1399). Rot. Pari., t. III, p. 452.
Page 182, note a.
Procès sommaire de J. Halle, Rot. Pari., t. III, p. 452. On
verra dans quelles circonstances on le fit, quand nous parlerons
du parlement de la première année de Henri IV, où Richard
fut jugé. De tous ceux que J. Halle nomma comme acteurs ou
témoins dans le drame de Calais, un seul, W. Série, fut arrêté
quelques années après, comme il revenait d'Ecosse, cherchant
à propager le bruit que Richard était vivant. Il se reconnut,
dit-on, coupable de la mort de Clocester : mais sa tentative en
faveur de Richard le désignait déjà au supplice. On s'occupa
moins d'avoir des aveux sur le meurtre de Clocester que des
déclarations contre la prétendue existence de Richard. C'est
pour cela qu'on le promena de ville en ville avant de le livrer
au bourreau. (Voy. Walsingham, p. 371; Leland, Coll., t. I,
p. 390, et dans le présent volume, p. 322.)
Page 182 , note b.
Condamnation de Thomas Arundel, archevêque de Canter-
hury. Rot. Pari., t. III, p. 351, § 16. La condamnation est
prononcée, selon l'usage, au nom du roi, des lords et des pro-
cureurs du clergé. Le moine d'Evesham (p. 134) prétend que
NOTES. 459
l'archevêque voulait se présenter devant les lords au jour fixé,
mais que le roi l'en fit détourner par Tévêque de Garlisle.
Walsingham (p. 354) dit que l'archevêque de Ganterbury s'étant
éloigné du parlement par le conseil du roi qu'on lui croyait tout
dévoué, et sur la promesse qu'on ne ferait rien à son préjudice
en son absence, fut condamné, quoique absent, à l'exil. Cette
imputation ne s'accorde pas avec les actes officiels.
Translation de Th. Arundel au siège de Saint-André. Elle
est rappelée dans l'acte qui institue Roger de Walden à sa
place (Il janvier 1398. Rymer, t. VIII, p. 31.) Le pape ne se
montrait pas disposé à destituer l'archevêque, qui avait eu re-
cours à lui ; ou du moins, en lui retirant son siège, il lui eût
voulu trouver des compensations dans le royaume. Le roi lui
écrit de la manière la plus pressante et presque sur le ton de
la menace : l'archevêque est un traître; le rétablir dans le
royaume c'est se déclarer pour les ennemis du roi, c'est rom-
pre avec lui : « Thomas, proditionis non expers, nostrae regiœ
majestati insidias fabricavit.... Quum jam intelleximus eum-
dem Thomam ad vestrse sanctitatis praesentiam evocatum, et
talibus consolatoriis sermonibus ipsum, ut dicitur, animastis,
quod ad eadem bénéficia vel majora, infra nostrum regnum,
vel saltem in partibus nostrse ditioni subditis, se crédit verisi-
militer promoveri,.. vita comité nullatenus tolerabimus, etsi to-
tus mundus ad hoc quomodolibet consentiret. Novimus etiam
hune hominem ad medullas. Novimus ejus animum impa-
tientem pacis cujuslibet.... Prsevideat igitur sancli apostolatus
vestri discretio ne hac in parte taie praejudicium.... inferatur,
per quod inter sacerdolium et regnum scandalorum materia
valeat exoriri.... Ut cnim piano, non ficto sermone loquamur,
amicus autem benevolus esse non poterit, qui notoriis inimi-
cis dextras exhibet sive confert. Alibi namque, si vobis placue-
rit, satis sibi providere poteris, dum tamen nostro manum non
intinxerit in catino (Hœc ex contin. Polychron., circa ann. D.
1397). Wilkins, Conc. M. Britanniœ, t. III, p. 232
Page 183, note a.
Condamnation de Warwick, et grâce de la vie. Bot. Pari, y
t. III, p. 379, § 8. Cf. Wals., p. 355, et le Ms. 3884, f° 115.
La confiscation, pour lui comme pour Glocester, remonte au
13 novembre an xi (1387), date de la prise d'armes de Harin-
460 LIVRE NEUVIEME.
ghay-Park. Pour le comte d'Arundel, on l'avait fait remonter
au 19 novembre an x (1386), date de la commission pour la
réforme du gouvernement.
Page 184, note a.
Thomas Mortimer. Il n'est point de la famille des Mortimer,
comtes de la Marche. (Voyez Dugdale, Baronage, t. I, p. 138
et suiv.) — Nouvelle assignation; elle doit être du 23 sep-
tembre, puisque le délai de trois mois part « du 24 septembre
prochain en suivant. » {Rot. Pari., t. III, p. 380, § 9; cf. ibid.,
p. 351, § 19); l'ordre adressé à Roger Mortimer est du 24 sep-
tembre. (Rymer, t. YIII, p. 16.)
Page 187, note a.
déclaration en faveur de plusieurs membres du conseil
de 1386. Rot. Pari., t. III, p. 353, § 26. Voir l'amnistie pu-
bliée, suivant cette décision, en faveur du vénérable R.leScrop
(29 novembre 1397, Rymer, t. VIII, p. 26-29): c'est toute
l'histoire en résumé des événements dont il s'agit. — Déclara-
tion en faveur de Derby et du comte maréchal. Rot. Pari.,
t. III, p. 363, § 27. Hallam n'hésite pas à regarder Henri de
Lancastre comme un des complices du procès de Glocester
(t. III, p. 221). — Force de statut aux ordonnances et aux juge-
ments rendus. Rot. Pari, t. III, p. 354, § 32.
Page 188, note a.
Promotion des lords en dignité. Rot. Pari., t. III, p. 355,
§ 35. Marguerite, fille et héritière de Thomas Brotherton,
et dont la fille porta l'office de maréchal aux Mowbray, Mar-
guerite Maréchal, comme on l'appelait, comtesse de Norfolk,
gi'and'mère de Thomas de Mowbray, comte de Nottingham
et maintenant duc de Norfolk, fut élevée, dans la même promo-
tion, au rang de duchesse de Norfolk.
Les députés des communes. « Non electi per communitatem,
« ut mos exigit, sed per regiam voluntatem. » (Otterb., p. 191.)
Page 189, note a.
Ajournement du parlement. Rot. Pari, t. III, p. 355, § 36.
— Serment, etc. Ibid., § 37-43. Le roi écrivit à l'archevêque
NOTES. 461
d'York pour l'inviter à publier les excommunications pronon-
cées par les prélats en parlement. Il lui demande, eu même
temps, de prier pour l'âme de Thomas, duc de Glocester, profi-
tant de cette occasion pour lui parler des crimes qu'il a, dit-il,
avoués, avant sa mort. (6 octobre 1397. Rymer, t. YIII, p. 19.)
L'envoi de ces lettres aux deux archevêques avait été décidé en
conseil. (ProceedingSj t. I, p. 76.) Le 14 octobre, le roi donna
ordre au duc de Norfolk ( comte maréchal ) de remettre le
corps de Glocester à son clerc R. Maudelein, chargé de le
rendre à Alianor , veuve du défunt. Le 18, ordre à Maudelein
de remettre le corps à la duchesse de Glocester, afin qu'elle
l'ensevelisse à Westminster (Rymer. t. YIII, p. 21); le 31,
dans une lettre à la duchesse, il lui ordonne de le transporter,
non à Westminster, mais au prieuré de Bermondesey. (Ibid.,
p. 24.) Bien qu'il eût été ordonné de saisir tous les domaines
de Glocester, une réserve fut faite en faveur de la duchesse :
elle s'élevait à 198 Hv. (23 décembre 1397, Ibid., p. 30.) La
duchesse avait d'ailleurs ses biens personnels.
Page 191, noie a.
Si Richard n'a fait qu ajourner sa propre vengeance? Hallam
le croit, et y voit une preuve de sa dissimulation. « Richard,
dit-il, ne pouvait pardonner à ceux qui avaient pris part aux
événements de 1388. Il n'avait fait que dissimuler sa haine. »
(t. III, p. 214.) La dissimulation serait grande, en effet. Mais
comment la concilier avec ce qu'il dit de l'emportement de
Richard? A cette incroyable conclusion de Hallam, opposons
ce raisonnement de Lingard, qui paraît bien plus sensé :
« Le concours des princes du sang fournit de fortes pré-
somptions pour croire qu'il avait existé quelque chose de bien
criminel et de bien dangereux dans la conduite de Glocester.
Ses neveux, les comtes de Sommerset et de Rutland, étaient
deux de ses accusateurs; ses frères, les ducs de Lancastre et
d'York, se réunirent pour le condamner; et le premier même
prononça contre lui la sentence de trahison. Peut-on supposer
qu'ils se fussent unis ainsi pour déshonorer et punir leur propre
sang, s'ils n'eussent été entraînés par d'autres motifs que le
ressentiment du roi relatif à une offense commise et pardonnée
dix ans auparavant? {Hist. d'Angleterre, t. IV, p. 393.)
462 LIVRE DIXIEME.
^
LIVRE DIXIÈME.
Page 196, note a.
La consultation de Nottingham soumise au parlement et aux
juges, Rot. Pari., t. III, p. 357, § 47; approuvée, ibid.,\). 358.
— Annulation des actes de V Admirable Parlement. Ibid. Pour
mieux abolir la mémoire de ces procès, une proclamation du
roi ordonna que toutes les pièces qui les concernaient, en quel-
ques mains qu'elles se trouvassent, fussent rapportées à la
chancellerie. (25 mars 1399, Rymer, t. VIII, p. 71.)
•^ Page 198, note a.
Réserve relativement aux biens, faite par le roi dans le juge-
ment de réhabilitation des Despenser. Rot. Pari., t. III, p. 367,
§ 66. — Renonciation du comte de Glocester (Th. le Despenser),
jeudi, 31 janvier. Ibid., p. 368, § 71. On voit par le para-
graphe suivant (72) que tous les princes et plusieurs grands
seigneurs y étaient intéressés.
Alice Perers, la fameuse maîtresse d'Edouard III dans ses
dernières années, vint aussi, en ces jours de réhabilitation gé-
nérale, réclamer la restitution des biens qui lui avaient été
pris par confiscation l'an r*" de Richardll (1377). Le parlement
accueillit sa requête et la renvoya à la décision du roi. {Ibid.,
p. 367, § 68.)
Page 202, note a.
Confirmation des jugements; — proposition de J. Bussy ;
avis des gens de loi; — serment prêté. Rot. Pari., t. III, p. 359,
§51. Hallam a signalé la présence des procureurs du clergé
(les prélats siégeant d'ailleurs individuellement) comme un
fait rare dont il ne voit nul autre exemple qu'à l'avènement de
Henri IV (t. III, p. 3U5). Dans ces deux circonstances toutes
révolutionnaires, on voulait que le clergé fût lié, non-seulement
par ses lords, mais par ses propres représentants.
NOTES. 463
Frojet du roi d'obtenir sentence du pape. Ibid., $ 52. —
Consultation et assentiment du peuple. « Et puis après procla-
mation feust fait en audience de tout le peuple pour savoir s'ils
vorroient consentir a ceste manere de seuretee. A quel ils
reponderent, adresceants en haut leurs maines dextres et
criants ove hautes voices qu'il lour plest bien et qu'ils sont a
ceo pleinement assentuz. » {Rot. Parl.^ t. III, p. 360, § 51.)
Walsinghamdit que le projet fut exécuté, et les lettres du pape
publiées dans Londres à la croix de Saint-Paul, et en d'autres
lieux principaux du royaume (p. 356). Ge fut un des griefs im-
putés plus tard au roi. (Voyez Rot. Pari., t. III, p. 419, § 27.)
Page 204, note a.
Surrey chargé des fonctions de maréchal; Dorset, amiral
(jeudi, 31 janvier). « Item, l'office de mareschal est commys a
duc de Surrey. Item, l'office de Tadmirall est commys a mar-
kys de Dorset. Mes nostre seignour le roy fist déclaration que
combien que cest fait n'appartient au parlement mes a lui
mesme pour faire ses officers quant il plerra, y pleust a luy
qu'il soit conus a toutz l'Estates de parlement.» {Rot. Pari.,
t. III, p. 368, § 73.) Gomment le duc de Surrey obtient-il le
titre de maréchal, qui appartenait à la famille de Th.Mowbray,
comte de Nottingham, duc de Norfolk, et qui venait tout ré-
cemment de lui être confirmé, pour lui et pour sa race ? La
délégation n'en est que provisoire, et doit avoir pour cause un
fait qui s'était passé la veille, et dont il sera parlé tout à l'heure.
(Voyez ci-après p. 206 et 464.)
Commission pour remplacer le parlement en son absence.
31 janvier, Rot. Pari, t. III, p. 368, § 74.
Page 205, note a.
Vote du subside des laines, pour la vie du roi. On y ajoutait
une surtaxe de 6' 8*^ par sac pour les étrangers. En votant ce
subside pour la vie du roi, le parlement stipulait que cela ne
devait pas faire exemple pour ses successeurs! {Rot. Pari., t, III,
p. 368, § 75.) La surtaxe levée sur les étrangers devait, jusqu'à
trois ou quatre mille marcs, servira indemniser ceux qui avaient
été pillés à l'affaire de Redecot-bridge (le combat où les lords
défirent le duc d'Irlande en 1387). Elle devait servir aussi à
464 LIVRE DIXIÈME.
indemniser les nouveaux lords appelants , à l'exemple des an-
ciens. Ces exemples ne se perdent pas. {Ibid., p. 369, § 76.)
Amnistie demandée et ajournée (mardi, 29 janvier) Rot. Pari.,
t.III,p.359-,§49:— ^ccorrfé?'e(jeudi, 31). Ibid., p. 369, §§ 77
et 78. Le roi en exceptait les meurtriers, larrons et ravisseurs
de femmes, et ceux qui avaient conspiré contre sa vie, et ne
rétendait à ceux qui avaient pris part à l'aôaire de Haringhay,
Fan XI de son règne, qu'à la condition qu'ils vinssent, avant la
Saint- Jean-Baptiste, demander une charte de pardon. Otter-
bourne dit qu'il exceptait de l'amnistie cinquante personnes
dont il refusait de dire les noms, afin d'y pouvoir comprendre
qui il voulait (p. 195.) Il n'est plus question ici de cette ré-
serve dans les rôles.
Page 207 , note a.
Derby et Nottingham. Hallam (t. III, p. 221) n'hésite pas à
ranger le premier aussi bien que le second parmi les complices
de la chute de Glocester. — Déclaration de Derby au roi à
Haywood. Voyez Rot. Pari., t. III, p. 360, § 53, et p. 382
{Placita coronœ, § 11.) Les deux procès-verbaux sont à peu
près identiques. Une chronique donnée par Leland, chronique
souvent mal renseignée d'ailleurs, dit que Norfolk fit sa confi-
dence à Derby sous le sceau de la confession ; que Derby le dit
à son père, et Lancastre au roi. (Leland. Collect., 1. 1, p. 384.)
D'après la déclaration de Derby lui-même, le roi n'avait tout
au plus qu'une connaissance vague de propos injurieux non dé-
finis. Derby reste donc responsable des détails précis qu'il
donne dans son accusation. Froissart (IV, 63) intervertit les
rôles et fait de Norfolk le dénonciateur. Il est contredit par les
actes officiels.
Page 208, note a.
Cédule de Derby. Rot. Pari., t. III, p. 360, § 53. Turner
trouve cette dénonciation fort naturelle : « Car, dit-il, ou la
révélation du comte maréchal était vraie, et les projets du roi
ainsi découverts devenaient impossibles ; ou elle était fausse, et
la perfidie de cette confidence méritait qu'on la dénonçât (t. II,
p. 314). Mais si le fait révélé était vrai, Derby commençait
par perdre celui qui, en le lui révélant, l'avait sauvé, lui et son
père. — Thomas, comte de Lancastre, dont il est parlé dans
cette pièce, est ce petit-fils de Henri III qui prit part aux trou-
NOTES. 465
j)les du règne d'Edouard II, et fut mis à mort l'an xv de ce
roi (1322). (Voy. Wals., p. 116).
Page 210, note a.
Amnistie accordée au duc de Hereford, 25 janvier 1398.
Rymer, t. VIII, p. 32. — Pardon Im'plorè et accordé en parle-
7nent, 31 janvier, Rot. Pari., t. III, p. 367, § 67. — Absence
de Norfolk. On lui reproche dans la sentence qui le frappa
d'exil, qu'ayant figuré parmi les lords appelants contre Gloces-
ter, et reçu des terres eu récompense, néanmoins « il failla de
venir au jour de la attermination de dit appel, sans mander
juste et leisible (loisible, licite) excusation. » (Rot. Pari., t. III,
p. 383, col. 2.) Dans la première session, au procès de Glo-
cester, il était à Calais ; et ce n'était que trop pour le service
du roi qu'il ne put se trouver à Westminster; mais il ne vint
pas davantage à la session de Shrewsbury.
Proclamation qui assigne Norfolk, 4 février 1398. Rymer,
t. YIII, p, 32. Comparution à Oswaldstree (23 février). —
Conseil de Bristol (19 mars). — Débats à Windsor (28 et 29 avril).
— Ajournement pour la bataille au 1 6 septembre à Coventry.
{Rot. Pari., t. III, p. 383.) La version du ms. 3884 sur tous
ces points laisse beaucoup à désirer. (Voy. f° 116-1 19).
Ou trouve dans Rymer, à la date du 6 février 1398, une lettre
du roi aU gouverneur du château de Windsor, qui lui ordonne
de recevoir les ducs de Hereford et^ de Norfolk, ou l'un d'eux,
de celui qui les amènera (t. VIII, p. 35). — Ordre de tenir
sous bonne garde Thomas, duc de Norfolk, dans la maison
nommée Garderobe, 23 avril 1398 {ibid. p. 36).
Page 212, note a.
Dispositions diverses des seigneurs de France. Froissart,
IV, 63. — Message de Charles YI pour empêcher le combat. Il
nous est connu par les instructions que Charles VI donna à son
envoyé Nicolas Paynel, instructions dont une copie du temps
est aux Archives, {Trésor des Chartes. J, 644, n° 3).
Page 217, note a.
Journée du 16 septembre. Ms 3884, f" 121. Hall, Chron.,
Il — 30
466 LIVRE DIXIEME.
p. 4, cité par Turner, t. II, p. 315; Froissart, IV, 64, Wals.,
p. 356. Il est très-bref sur ces derniers événements, et de même
lemoined'Evesham(p. 146)etOtterbourne(p. 195). Sur la forme
de ces combats judiciaires, voyez un traité du temps, Modus fa-
ciendi duellum coram rege, BibL, imp., ms. 6049, f°' 21-24.
Sentence contre les deux rivaux. Rot. Pari. t. III. p. 383, cf.
Froissart, IV, 64. Les fonctions de maréchal avaient été, on l'a
vu, conférées au duc de Surrey, dès le lendemain du jour où
Norfolk avait été dénoncé devant le parlement de Shrewsbury.
Cet office lui fut donné pour toute la durée de la vie de Norfolk,
par une ordonnance rendue le lendemain de ce jugement,
17 septembre 1398, (Rymer, t. VIII., p. 44).
Page 219, note a.
Départ de Norfolk, Froissart, IV, 65. On lui permet de partir
du port qu'il voudra, entre le port d'Orwell et Scarborough;
s'il est repoussé par la tempête, on pourra l'accueillir (3 oc-
tobre 1398,Rymer, t. VIII, p. 47). — Permission d'emmener
les gens de sa suite avec 1000 livres pour ses dépenses, ses
meubles, de l'argenterie, etc., même date {ibid. p. 47, 48);
étoffes à emporter à l'usage du duc de Norfolk, 14 octobre,
{ibid., p. 51). — Lettres de procuration [attornamentum] kses
fondés de pouvoir, 15 octobre. (Jbid., p. 51.) Les habitants de
Lewestoft annoncent au roi et au conseil que le samedi après la
Saint-Edouard (19 octobre), le duc de Norfolk s'est présenté
pour s'embarquer avec une suite de trente personnes, et qu'il
est parti. {Rot. Pari., t. III, p. 384, § 12). — Départ du duc
de Hereford. Froissart, IV, 65. — Permission d'entrer dans
Calais avec douze personnes et d'y demeurer un mois (3 oc-
tobre 1398. Rymer, t. VIII, p. 48). — Lettres de procuration
à ses fondés de pouvoir, (8 octobre ibid., p. 49, 50).
Page 221 , note a.
Décision du comité sur la valeur de ses actes. Rot. Pari. t. III,
p. 371, § 8. — Formule de serment. Ibid., p. 372, § 86. —Le
même jour, le comité avait eu à délibérer sur une réclamation
faite au dernier parlement par des marchands, contre l'ordon-
nance qui les forçait d'apporter à Calais une once d'or de mar-
que étrangère par sac de laine. Le duc de Bourgogne défendait
NOTES., 467
qu'on exportât la monnaie de Flandre : le roi dit qu'il écrirait
au duc de Bourgogne. {Ibid., p. 369, § 80.) Une autre pétitioii
des communes représentait que la permission d'acheter les
marchandises partout ailleurs ruinait l'étapJe de Calais. Le roi
maintint le privilège de Calais pour les grosses marchandises,
c'est-à-dire la laine, l'étain, le plomb, révoquant les dispenses
qui avaient été accordées. (Ibid., p. 370, § 82.)
Page 224, note a.
Députation du pape. Wals., p. 356. Le roi se bornait à per-
mettre, par des autorisations particulières, d'accepter des béné-
fices du pape. (Voir un acte de ce genre, 6 février 1398, Ry-
mer, t. VIII, p. 34.) Quant au fond du débat, « on finit, dit
Lingard, par abolir entièrement les provisions en faveur des
étrangers, à l'exception des cardinaux ; et pour les indigènes,
elles ne furent généralement accordées qu'à des personnes qui
avaient obtenu préalablement la licence royale. » (Histoire
d'Angleterre, t. IV, p. 367.) C'était à peu près déjà comme
nos concordats.
Parmi ces nominations directes d'évêques en remplacement
d'évêques transférés ailleurs, il en était une qui devait plaire
au duc de Lancastre : celle de son fils Henri de Beaufort au
siège de Lincoln. Il devint plus tard évêque de Winchester
et cardinal : c'est celui qui a joué un si grand rôle sous
Henri V, et surtout sous Henri VI.
Question du schisme. Froissart, III, 67. — Lettre de Richard
au chancelier et aux membres de V Université d'Oxford pour leur
communiquer les propositions du roi de France et de VUniver-
site de Paris et en prewlre leur avis, 20 novembre 1398. Ry-
mer, t. VIII, p. 62.
Page 226, note a.
Emprunts de Richard. Le roi avait déjà recouru à ces moyens
avant le parlement de 1397. On trouve une longue liste de re-
connaissances de cette sorte, le 10 août 1397. (Rymer, t. VIII,
p. 9-12.)
Ces nouveaux emprunts, selon Walsingham, ne furent pas
remboursés. Faut-il s'en prendre au roi, ou à sa chute et à la
pohtique de son successeur? Walsingham, comme on le pense
bien, ne l'impute qu'à Richard. Cette sorte d'exaction n'avait
468 LIVRE DIXIEME.
été du resle que trop fréquente déjà, au temps où le conseil,
sorti du parlement, gouvernait au nom du roi mineur. On l'a
vu par les plaintes inscrites aux pétitions des communes en
]379. (Voyez ci-dessus, t. I, p. 32.)
Exactions. Wals., p. 357; et Hypodigma Neustriœ, p. 553;
]M. Evesh., p. 147, et Otterbourne, p. 195 et 199. Aucun acte
autre que l'acte d'accusation, si plein lui-même de calomnies,
ne justifie l'assertion de Walsingham et de ses copistes : car il
faut^ selon toute vraisemblance, voir des déclarations faites en
vue de l'amnistie, dans ces pièces (Raggemale) par lesquelles
diverses personnes se reconnaissaient coupables de divers crimes
de trahison envers Richard (ou bien s'obligeaient à observer
les actes de Westminster et les ordonnances ou jugements de
Goventry), pièces que le condamné de Goventry, devenu roi, fit
brûler dès le commencement de son règne, 30 novembre 1399.
iRymer, t. YIII, p. 109.)
Taxation des amendes : « Que nuUui soit présent en counsail
a la taxation des fins affaire par les personnes exemptz, fors-
pris les chancelier, trésorier, gardien du prive seel, Mons. Je-
han Bussy, Mons. Henri Grene, et Mons.Will. Bagot. » Cette
décision du conseil suivit de près la mort de Glocester (sep-
tembre ou octobre 1397). {Proceedings, t. I, p. 76.)
Page 227, note a.
Ecosse. Des actes nombreux sont consacrés aux négociations
avec l'Ecosse dans les années 1398 et 1399, et aboutissent à la
confirmation des trêves. — Trêve, 16 mars 1398 (en français).
Rymer, t. YIII, p. 35. — Sauf- conduit pour les envoyés
cVÉcosse, 29 mai. Ibid., p. 39. — Conventions pour la trêvBj
26 octobre. Ibid,^ p. 54. — Règlements relatifs à la trêve,
6 novembre. Ibid., p. 58. — Commission pour traiter de la
paix, 22 mars 1399. Ibid., p. 69. — Pouvoirs des commis-
saires, 23 mars. Ibid, — Instructions aux ambassadeurs,
4 avril. Ibid., p. 72.
France. Les bons rapports continuent : les termes de la dot
sont régubèrement payés, 6 novembre 1397, 19 octobre 1398.
(Rymer, t. VIII, p. 25 et 53.) — Commissaires noynmès pour
régler les difficultés ou transiger sur les infractions, 13 octobre
1398 et 5 avril 1399. Ibid., p. 46 et 73.— En 1398 (25 avril),
NOTES. 469
Rupert de Bavière vient faire hommage à Richard {Ibid.,
p. 37).
Irlande. Mort de Roger, comte de la Marche» Wals., p. 356.
Otterhourne, p. 197. La liste des domaines qu'il laissait à sa
mort remplit vingt-deux colonnes dans le Calendar. Inquis.
post mortem, (t. III, p. 321-342.) — Expédition d'Irlande :
armement maritime. Ordre du 7 février 1399. (Rymer, Donat,
Ms. V, 107 et 108, cité dans VArchœoL, t. XX, p. 21.) Plu-
sieurs actes relatifs à l'expédition •d'Irlande marquent les pre-
miers mois de cette année : Ordre du roi à tous les hommes de sa
livrée et de sa solde de venir le joindre à Londres le mercredi de
la semaine de Pâques (2 avril), 23 mars 1399; Lettres de pro-
tection aux chevaliers qui doivent V accompagner (30 avril).
Rymer, t. VIII, p. 70 et 78.
Réquisitions et exactions. Wals., p. 356, et Hjjpodigma
Neustrise, p. 553; Otterhourne, p. 197 et 199, et Tardcle 22
de l'accusation de Richard : c'est aux couvents que Richard
avait demandé des chevaux; d'où on l'accusa d'avoir attenté
aux libertés de l'Éghse anglicane. {Rot. Pari., t. III, p. 420,
§39.)
Page 230, note a.
Les lettres patentes délivrées à Derby après son jugement, dé^
clarèes contraires à la loi et annulées, 22 mars 1399. Rot.
Pari., t. III, p. 372, § 87. — Révocation semblable des lettres
accordées au duc de Norfolk. Ibid., § 88. — Serment des
prélats et des lords : les noms de chacun sont inscrits au procès-
verhal. Les prélats sont les archevêques de Ganterhury (Roger
de Walden) et d'York (Richard le Scrop); les évêques de
Londres (Rob. Braybrook), de Winchester (W. de Wickham),
d'Ély (J. Fordham), de Norwich (H. Spenser) ; l'évêque d'Exe-
ter (Edm. Stafford), chancelier; les évêques de Rochester(W. de
Boltlesham), de Hereford (J. Trevenant), de Salisbury (R. Mel-
ford), de Lincoln (Henri de Beaufort, fils de Jean de Gand,
duc de Lancastre); de Saint-Asaph (J. Trevaur), de Saint-
David (Guide Mohun), de Ghester (J. Burghill), de Winchester
(Rob. Reade), de Landaif (Th. Peverel), les abbés de West-
minster et de Saint-Edmond. Les seigneurs sont : les diK-.s
d'York, d'Aumarle (comte de Rullaud), d'Exeter (J. de Rol-
land); le marquis de Dorset (J. de Beaufort); les comtes de
Stafford, de Salisbury (J. de Montaigu), de Northumberland
470 LIVRE DIXIÈME.
(Henri Percy, le père), de Glocester (Despenser), de Westmo-
reland (Nevil), de Worcester (Th. Percy), le comte de Wiltshire
(W. le Scrop) alors trésorier, le comte de Suffolk (Michel de la
Po!e, fils de l'ancien chancelier); les sires de Grrey, de Ru-
thyn, de Ferrers de Groby, de Lovell, de Gamoys; M*". J.
Bussy, M^ H. Green, M'. J. Riissel, Robert Teye. {Rot. Pari.,
t. III, p. 373, § 89.) — Serment du peuple présent par main
levée : « Quele chose feust faite et assentuz par tout le poeple
esteantz en présence du Roy. {IbicL, § 90.)
Condamnation de Robert Plesington, mort. Ibid., p. 384,
§ 13; — rfe Henri Bowet. Ibid., p. 384, § 14.
Page 234, note a.
Refroidissement à Végard de Richard. Tournoi donné devant
la reine. Froissart, IV, 69. Le moine d'Evesham (p. 148) parle
pourtant d'un tournoi très-nombreux à la Noël de 1398.
Opposition ouverte des Percy, ibid. Froissart dit qu'ils furent
condamnés, ibid.^ 70; mais les actes n'en gardent aucun ves-
tige. On trouve encore à la date du 26 novembre 1398, des
lettres du roi qui nomment Henri Percy, fils du comte de Nor-
thumberland, gardien de la marche orientale d'Ecosse, nomi-
nation confirmée le 16 janvier de l'année suivante. (Rot. Scot.,
t. II, p. 145 et 146.) Condamnés ou menacés, les deux sei-
gneurs, au dire de Froissart (ibid.) y écrivirent au roi d'Ecosse
pour se ménager un asile auprès de lui.
Bruits répandus en Angleterre. Froissart, ibid. Le chroniqueur
dit que le roi avait envoyé à Calais le comte de Huntingdon (J.
de Holland, duc d'Exeter) : c'est W. le Scrop qui, par un acte
du 24 février 1398, reçut pour quinze ans la garde du château
de Calais. (Suppl. Rymer, Richard II, t. V, n" 76. Coll. Bré-
quigny, t. LXXIX, f** 244.) On ne trouve aucun acte qui ait
donné au comte de Huntingdon autorité dans Calais, et il y en
a un à la dalo du 26 novembre, qui lui donne la garde de la
marche occidendaie d'Ecosse. {Rot. Scot., 1. il, p. 145.) Dans
le cours des deux années précédentes, en même temps que la
garde de la marche orientale est maintenue à Henri Percy, tils
de iSorthumberland, on voit la marche occidentale confiée al-
ternativement au duc d'Exeter et au duc d'Aumarie; au pre-
mier, le 15 septembre 1396, le 16 lévrier lc97 et le 26 n<3-
vembre 1398; au second, le 10 février 1398 elle 16 mars 1399,
NOTES. 471
Page 235, note a.
L'archevêque de Canterbury près de Derby. Froissart, IV, 71.
Froissart croit que larchevêque de Canterbury tint sa mission
des mécontents ; et il le fait partir de Londres, ce qui est ma-
nifestement une erreur.
Page 237, note a.
Henri de Lancastre. Froissart, IV, 72. L'historien dit que
Henri de Lancastre alla par la Bretagne, et raconte même sa con-
férence avec le duc; le récit du Religieux de Saint-Denys (XX,
8) qui le fait passer par Boulogne, quoique moins circonstancié
est plus vraisemblable; et il est d'accord avec Otterbourne,
(p. 202.) Ni W^alsingham (p. 358 et 554), ni le moine d'Eves-
ham (p. 149) ne marquent le chemin qu'il prit.
Traité de Henri de Lancastre avec le duc d^Orléans. Paris,
17 juin 1399. Dumont. Corps diplom.y t. II, p. 271, et Douet
d'Arcq, Pièces inédites, t. I, p. 157.
Page 239, note a.
Départ du roi pour f Irlande. Voyez ci-après, livre XI, p. 239.
— Walsingham (p. 358) nomme l'évêque de Londres au lieu de
l'évêque de Saint-David, parmi ceux qui accompagnèrent le roi.
L'évêque de Carlisle, un des prélats qui l'accompagnent, était,
en la 18^ année de Richard, docteur à Oxford. 11 fut nommé
à l'évêché de Carlisle, malgré le chapitre, lors de la translation
de l'évêque de ce siège au siège de Chichester (1397.) On ne
voit point, quoi qu'en dise Stow {Annal., p. 316), qu'il ait pris
aucune part au procès de Glocester et d'Arundel. Il ne figure
dans aucune des listes de ceux qui jurèrent le maintien de ces
actes. Il n'en fut pas moins attaché au roi, comme on le verra
par la suite. Plusieurs missions lui furent confiées en 1397 et
en 1398. (Rymer, t. VII, p. 858, et t. VIII, p. 52.)
Les chapelains Maudelein et Ferriby dans la suite du roi,
Rymer, t. VIII, p. 78, 79. (On y trouve aussi un certain
nombre de ménestrels : on nomme du reste des ménestrels avec
des trompettes parmi les troupes en campagne). — Maudelein
avait reçu par la faveur du roi une prébende dans l'église de
Derby, diocèse de Lichiield (1390). (Rymer, t. VII, p. 684.)
472 LIVRE DIXIÈME.
C'est h lui que fut confié la triste mission de ramener le corps
de Glocester à sa veuve. {IblcL, t. YIII, p. 21 et 24. Voyez ci-
dessus, p. 461.)Ferrihy avait été employé avecBussy et Green,
comme commissaires de la trêve avec l'Ecosse. {Rot. Scot, t. II,
p. 143 etsuiv. ; cité dans VArchœoL, t. XX, p. 91, note.) On
le voit, à la date du 27 mai 1398, chargé par le roi de faire un
rapport au conseil. {Proceedings^ t. I, p. 80.)
Testament de Richard i\^d.sn\ 1398). Rymer, t. YIII, p. 75-
78. Son inquiétude sur le maintien des actes de sa xxi^ et de
sa xxii^ année, perce dans les dispositions de son testament. Il
léguait ses joyaux à son successeur, à la condilion qu'il les con-
firmât : sinon, il voulait qu'ils appartinssent aux ducs de Surrey,
d'Aumarle et d'Exeter, et à W. le Scrop, comte de Wiltshire.
On lui en fait un crime dans l'article 31 de l'accusation dirigée
contre lui.
Adieux de Richard à la petite reine, Ms. 3884 (Ambassades),
f"' 123-125.
LIVRE ONZIÈME.
Page 242, noie a.
Chronique de Creton. Voyez ce que nous en avons dit en trai-
tant des sources de l'histoire de Richard II, t. I, p. 390. L'au-
teur témoigne lui-même de l'attention qu'il a])portaità ce qui
se passait autour de lui dans la pensée d'en faire l'histoire :
En cel estât avec eulx clievauchoie,
Et tous leurs faiz assez je rogardoie
A la fin tele
Qu'en aucun temps j'en sceusse nouvelle
Dire, et comment la traison mortelle
Bien tost après sensuy moult cruelle,
Com vous orrez.
(ArchœoL, t. XX, p. 300, et Buclion, p. 329.) Son récit a dû
être fait avant la bataille de Shi-ewsbury (21 juillet 1403 1: car
NOTES. 473
on n'y trouve aucune allusion à la mort de Thomas Percy, qui
n'eût pas manqué d'y être relevée. L'éditeur anglais constate
que, sans cette chronique et celle du ms. des Ambassades que
nous avons déjà citée, l'histoire des derniers temps de Ri-
chard II serait mal connue, vu les erreurs de Froissart et la
sécheresse des chroniqueurs nationaux. On pourrait excepter
Hardyng. Mais Hardyng (très-bref d'ailleurs), attaché aux Percy,
n'a souvent raconté que d'après le dire de cette famille, et n'é-
chappe point au soupçon de partialité qui pèse sur les autres.
(Voyez ArchœoL, t. XX, p. 239-241.) Quant à la Chronique tri-
partite de Gower qui se rapporte à ces événements, dans sa
Z" partie, les faits ont de la peine à trouver place parmi les dé-
clamations et les injures dont elle abonde. En fait d'histoire,
tout ce qu'on y recueille, c'est que le roi alla en Irlande, qu'il
revint dans le pays de Galles et qu'il fut pris ; et, si l'on veut
savoir que penser des jugements de l'auteur, voici un trait qui
en donne la mesure. Il dit que c'est en prévoyant le retour de
Henri de Lancastre, et par peur, que Richard s'en alla en
Irlande :
Tune rex Ricardus lepus est et non leopardus.
Ouem timorastrinxit, alibi sua robora finxit;
Hic ducis adventum prœscivit ab ore scientum,
Quo celer exivit et Hibernica régna petivit.
(Gower, Chron. trip., part. m. Polit, poems, t. I, p. 443.)
Il y a dans le recueil des Political poems and songs, un
poëme anglais sur la Déposition de Richard, écrit au moment
même de sa chute et avant sa mort, à ce qu'il semble. On y voit
l'arrivée de Henri, le grand mouvement qui se déclare en sa
faveur; et, sous forme allégorique, ou plutôt par manière de
jeux de mots, la mort des trois ministres, Bussy, Green et le
Scrop. Les fds de l'Aigle (Henri) ont battu les buissons {bushes,
Bussy), ramassé du gibier sur le gazon {green^ Green), dispersé
les lambeaux (?) {aile the schroff and shroup, W. le Scrop.)
L'Aigle venu par l'Est trouve le nid de la perdrix abandonné :
les petits lui disent comme ils ont souffert depuis vingt-deux
ans, et s'attachent à lui. Les partisans du Cygne (Glocester),
gémissant de l'avoir perdu, suivent le Faucon (Henri est tout k
la fois le faucon et l'aigle); ils déplorent encore le coup qui a
frappé le Cheval (Arundel). L'Ours (Warwick) est rendu k la
liberté. Ils se réunissent dans une prairie et maudissent le ma-
474 LIVRE ONZIEME,
i
réchal (Thomas Mowbray). Puis Fauteur, laissant l'allégorie,
revient à Richard ; et la fin comme le commencement est une
diatribe contre son mauvais gouvernement, ses exactions, ses
injustices, etc. (Polit, poems and songs, t. I, p. 368-417.) L'é-
diteur a fait précéder ce petit poëme d'une pièce en vers latins,
rimes à l'hémistiche, et où les règles de la quantité ne sont guère
mieux observées que celles de la grammaire. C'est une invoca-
tion contre les ministres de Richard et un appel au duc de
Lancastre. Si les ministres du roi n'ont pas encore été livrés
au supplice, ils n'en sont pas loin :
Et fac tractari falsos.et decapitari.
Scrope, Bagge, Ver, Dumus tormentorum parât humus.
Dumus estBussy {bush^ buisson). Ver doit tenir lieu de Grreen.
Nous ne prétendons pas que Tauteur ait cherché son jeu de
mots dans le français {green, vert); mais on ne voit pas trop
par quelle réminiscence il se reporterait à l'ancien favori, Ro-
bert de Vère, mort depuis longtemps. Il fait aussi allusion
aux rapports si détestés du roi avec la France :
Gallica per artes nostras vult perdere gentes.
Il est si confiant dans le succès, qu'on peut croire l'affaire déjà
bien engagée quand il écrit :
Aquila duxaustro salvabit nos alabastro:
* lUius csetum praestet Christus fore lœtum.
{Politicat. poems, t. I, p. 366-^68.)
Page 244, note a.
État de VIrlande. Voyez ci-dessus, p. 79, elArcficeoL, t. XX,
p. 16-19, note. — Forces du roi. Froissart dit qu'il avait
2000 lances et 10 000 archers. La Chronique anonyme
(Ms. des Ambassades) lui donne à son retour d'Irlande
32 000 hommes.
Arrivée du roi en Irlande. Les divers chroniqueurs s'accor-
dent assez bien. Le roi est parti (de Londres sans doute) vers la
Pentecôte, selon Walsiugham (p. 357) ; immédiatement après la
Pentecôte, selon le moine d'Evesham (p. 148) : (la Pentecôte
fut le 18 mai); et Greton dit qu'on resta dix jours à Milford.
NOTES. 4 75
attendant le vent favorable. On voit, en effet, par divers actes,
qu'à partir du 15 mai, le roi est aux environs du lieu d'embar-
quement : à Haverford, à Milford même, ou à Pembroke ; il y a
desactesdatésde Milford du 27 et du 28.11 dut partir le jeudi, 29.
{Rotuli liUer. claus. Introd. gén., t. I, p. 15. Cf. Ryraer,
t. VIII, p. 82.) Avant deux jours on aperçoit les tours de Wa-
terford. On y débarque le samedi, comme le dit Holinshed,
(Hîstory of Ireland, p. 65), le 31 mai, et non le V^ juin,
comme il le porte par une erreur ou de date ou de jour. (Voyez
Creton, dans les SuppL de Froissart, t. XIV, p. 325, 326.) On
y reste six jours, et quatorze à Kilkenny. La veille de la Saint-
Jean , le roi entre en campagne {ibid., p. 332-339). Il est
moins facile d'accepter la chronologie de Greton pour le reste.
L'armée, s'étant avancée dans le pays, reste onze jours sans
trouver à renouveler ses provisions. Le roi retournait à Du-
blin, quand Mac-Morogh lui fait des propositions de paix. On
lui envoie le comte de Glocester : mais l'accord ne peut se con-
clure. Le roi reprend donc la route de Dublin, où le duc d'Au-
marle (Rutland) arrive au bout de quinze jours ; ce qui mène
vers la fin de juillet. Greton dit ensuite qu'on fut environ six
semaines sans recevoir nouvelles certaines d'Angleterre. Ge
n'est pas Rutland qui apporte la nouvelle du débarquement de
Henri de Lancastre ; et d'autre part on ne peut compter ces six
semaines à partir de son arrivée, car cela rejetterait au moins à
la fin d'août. Or, Richard dès le 20, comme on le verra plus
loin, était déjà aux mains de son rival.
Page 245, note a {omise).
Débarquement de Henri de Lancastre. Ms. 3884, f*» 125, verso.
Wals.,p. 358, et M. Evesh.,p. 151, 152; Otterbourne, p. 203;
Gontin. Groyland, p. 494. G'esl Walsingham (p. 358) qui en
marque la date à la Saint-Martin d'été (juillet). Le moine d'E-
vesham la fixe à la Saint-Jean (p. 151). Un peu auparavant
(p. 149), il avait dit que vers la Saint- Jean Richard apprit
l'arrivée de Henri de Lancastre. Il faut évidemment rapporter
cette date à l'arrivée du prince en Angleterre, et non à la nou-
velle qu'on en reçut en Irlande. Froissari n'indique pas mieux
l'itméraire de Henri en Angleterre, que sa rouie à travers la
France. De Bretagne il le fait aller à Plymouth; de Plymoulh
à Londres, et de Londres à Bristol (IV, 73).
476 LIVRE ONZIEME.
Page 248, note a.
But avoué de l'entreprise de Henri. « Ad petendum hœredi-
9 tatem suam.... Qui omnes uno voto statuerunt in primis
« persequiRegis malos consiliarios antedictos. » (Wals.,p. 358.]
— Ténwignage des Percy dans leur manifeste: « Quando tu posi
« exilium tuum Angliam intrasti, apud Doncastre tu jurastil
« nobis supra sacra Evaugelia corporaliter per te tacta et oscu--
« lata juxta clamare regnum, seu regium statum, nisi solum-
« modo hœredilatem tuam propriam et hsereditatem uxoris
« tuœ in Anglia, et quod Ricardus dominus nosler rex ad tune
« regnaret ad terminum vitœ suœ, gubernatusper honum consi-
« lium dominorum spiritualium et teinporalium. » (Extrait d'un
Ms. de la chronique de Hardyng, publié dans VArchœol., t. XYI,
p. 140.) C'est sans doute de ce témoignage que s'appuie Har-
dyng, lorsqu'il dit, en son propre nom, dans sa chronique :
a There swore the duke upon the sacrament
So claime no more, but his mothers héritage,
His fathers landes and his wifes in good entent;
And to laye downe bothe taxe and tallage,
Whiles he might live, but if the baronage
And ail the states, somonned in parliament,
Thought it nedefull and therto whole assent.
He swore also, the Kyng in gouvernaunce
To be put by good and hole provision,
And Chesshyre men, for theyr mi>governance,
To voye out of his house of evvill condicion,
And officers of good disposicion
To rule his house, Hke his estate royall.
Thus was his othe there made in spécial. »
(Hardyng, Chron., ch. 195, f" 196.) Mais quelle que soii la par-
tialité de ces documents, on peut dire que, sur ce point spécial,
il sont conformes au témoignage précédemment cité de Wal-
singham.
Progrès de Henri. Wals., p. 358; M. Evesh., p. 151-152.
Sur la marche de Henri, de Pomfret à Rerkley, par les comtés
de Derby, Nottingham, Warwick et Glocester, voyez ArchœoL,
t. XX, p. 54 et 62, notes. Il ne nous paraît pas probable, qnoi
qu'en dise l'auteur, revenant à Froissart, qu'il soit allé dès Jorn
à Londres,
NOTES. 477
Page 250, note a.
\V. le Scrop à Douvres. Relig. de Saint-Denys, XX, 8. —
Préparatifs du duc d'York, Ms. 3884, f° 128, 129. Le ms. pu-
blié par Buchon (p. 23) porte 40 000 archers au lieu de 60 000.
Nul assurément ne les compta. — Mouvements du duc d'York^
cf. Wals., p. 358. M. Evesh., p. 152 ; Oiterbourne, p. 203.—
Accord du duc d'York et de Henri de Lancastre. Ms. 3884,
f° 128, 129; Wals., p. 358; M. Evesh., p. 152; Otterbourne,
p. 204. Greton s'abstient de parler de cet événement, dont il
n'a pas été le témoin.
Le chic d'York dans Shakespeare. Shakespeare dans une scène
précédente (II, 2), a peint le trouble du duc d'York en apprenant
le débarquement et la marche de Henri. Le prétendant arrive :
Mon noble oncle !... (il met un genou en terre).
York. C'est ton cœur, et non ton genou qui doit fléchir. Je ne vois là
qu'un respect hypocrite et trompeur.
BoLiNGBROKB (Henri). Mon gracieux oncle!...
York. Bah! bahl il n'y a pas de grâce ni d'oncle qui tienne. Je ne suis
pas l'oncle d'un traître; et le mot grâce dans une bouche sacrilège est un
mot profané. Comment, malgré l'arrêt qui te bannit, ton pied a-t-il osé
toucher la poussière du sol d'Angleterre? Comment, foulant le sein pai--
sible de la patrie, as-tu osé venir si loin, effrayant nos villages consternés
par l'appareil de la guerre et des démonstrations hostiles que je méprise?
Est-ce l'absence du souverain légitime qui t'a enhardi à venir? Jeune in-
sensé, le roi est présent, et dans mon cœur loyal son autorité réside. Si
j'avais en ce moment la vigueur de la jeunesse, comme le jour où le brave
de Gand, ton père, et moi, nous dégageâmes le prince Noir, ce jeune
Mars terrestre, des rangs de plusieurs milliers de Français, oh! comme
ce bras, aujourd'hui paralysé par l'âge, aurait bientôt puni ton audace et
châtié ton offense !
BoLiNGBROKE. Mou gracieux oncle, faites-moi connaître ma faute. Quelle
est sa nature et en quoi consiste-t-elle?
York. Elle est de la nature la plus grave : c'est une rébellion au premier
chef, une trahison détestable. Tu es banni, et voilà que tu viens, avant
que le temps de ton exil soit expiré, porter les armes contre ton sou-
verain!
Bolingbroke. Ce fut Hereford qui fut banni en ma personne; c'est Lan-
castre qui revient maintenant. Mon noble oncle, je supplie Votre Altesse
d'examiner mes torts d'un œil impartial. Vous êtes mon père; car il me
semble voir revivre en vous le vénérable de Gand. Eh bien donc, ô mon
père! souffrirez-vous qu'injustement condamné, je ne sois qu'un malheu-
reux errant et vagabond? qu'on m'arrache violemment mes droits et mes
titres souverains pour les donner à des parvenus indigents? Pourquoi
suis-je né? Si mon cousin est roi d'Angleterre, eu vertu du même titre je
suis duc de Lancastre. Vous ave/ un fils, Auraale, mon noble parent. Si
478 LIVRE ONZIÈME.
vous étiez mort le premier , et qu'il eût été opprimé comme moi, dans soi
oncle de Gand il eût trouvé un père qui eût épousé sa querelle et l'eût
soutenu jusqu'au bout. On me défend de revendiquer ici mon patrimoine;]
et pourtant j'y suis autorisé par mes lettres patentes. Les biens de moril
père ont été saisis et vendus, et le prix en est employé en dépenses sans!
utilité. Que vouliez-vous que je fisse? Je suis un sujet, et je réclame le
bénéfice de la loi. On me refuse des procureurs; je suis donc obligé de
venir en personne décliner mes titres à l'héritage de mes pères.
NoRTHUMBERLAND. Le noble duc a été trop indignement traité.
Ross. Il est de l'intérêt de Votre Altesse que justice lui soit rendue.
WiLLOiiGHBY. Des hommes de rien sont enrichis de ses dépouilles.
York. Lords d'Angleterre, écoutez-moi : J'ai ressenti les injures de mon
neveu, et j'ai employé tous mes efforts pour lui faire rendre justice; mais
venir ainsi, les armes à la main, se faire à lui-même justice, et poursuivre
un but légitime par des moyens coupables, cela ne se doit pas; et vous
qui le soutenez en ceci, vous faites de la révolte, et vous êtes tous des
rebelles.
NoKTHUMBERLAND. Le noble duc a juré qu'il vient seulement réclamer
ce qui lui appartient : c'est son droit, et ce droit, nous avons solennelle-
ment juré de l'appuyer; et qu'il dise à jamais adieu au bonheur, celui qui
enfreindra ce serment!
York. Allons, je vois quelle sera l'issue de cette prise d'armes. Je ne
puis y remédier, je l'avoue : car les moyens qui m'ont été laissés sont trop
faibles; mais si j'en avais le pouvoir, j'en jure par celui qui m'a donné la
vie, je vous ferais tous arrêter et vous obligerais d'implorer la clémence
du roi. Mais puisque je n'en ai pas la force, sachez que mon intention
est de rester neutre. Sur ce, adieu,... à moins pourtant qu'il ne vous
plaise d'entrer dans le château et de vous y reposer cette nuit.
BoLiNGBROKE. Mou oncle, nous acceptons votre offre; mais il faut que
Votre Altesse consente à nous accompagner au château de Bristol, occupé,
dit-on, par Bushy, Bagot et leurs complices, ces chenilles de l'État, dont
je veux purger le pays, et que j'ai juré de détruire.
York. Il est possible que j'aille avec vous.... Toutefois, je veux y réflé-
chir; car j'hésite à enfreindre les lois de mon pays. Vous n'êtes pour moi
ni des amis, ni des ennemis. Toutefois, soyez les bienvenus. Le mal est
sans remède ; je n'y veux plus songer. (Ils s'éloignent.)
Avant cet accord, le marquis de Dorset (J. de Beaufort), frère
légitimé de Henri, était venu se joindre à sa cause. Northum-
berland et Henri Percy voulaient, dit- on, le tuer : mais H. de
Lancastre intervint, disant qu'il avait toujours été son ami; et
il montra les lettres qu'il en avait reçues en France. (Ms. 3884,
f°129.)
Page 251, note a.
H, de Lancastre agissant comme drjà maître. M. Evesh.,
p. 152. A Berkley, il fît arrêter l'évêque de Norwich, sir W.
Elmham et Burleigh, chevaliers, Laurent Drew et J. Golofre,
NOTES. 479
écuyers, attachés à la maison du roi. (Jbid., p. 153, et Archwol.^
t. XX. p. 65, note.)
Parg 251, note a (bù).
Affaire de Bristol. Ms. 3884, f" 129; Religieux de Saint-
Denys, xx, 8; Wals., p. 358, M. Evesh., p. 153; Otterbourne,
p. 205; Gontin. Groyl., p. 494; Hardyng, p. 195; Gower,
Chron. trlparî. (Polit. Poems, t. I, p. 444) :
Ense repercussi pereunt Scrop, Greueque, Bussy, etc.
Nous avons cité la pièce de vers latins sur l'arrivée de Henri ;
une autre, en vers anglais, épuise toutes les manières de jouer
sur les noms, et (on le peut dire) avec les têtes des conseillers
de Richard, Bussy, Green, le Scrop et même Bagot, qui du
reste échappa. (Voy. Polit, poems and Songs, 1. 1. p. 363-366.)
Il y a beaucoup d'obscurité sur les premiers actes de cette
lutte. Les chroniqueurs français qui ont raconté cette histoire
sont en Irlande. Le Religieux de Saint-Denys plus loin encore,
et les chroniqueurs anglais ne paraissent pas plus sûrement
informés. Walsingham dit que les conseillers de Richard fuirent
à Bristol; le Religieux de Saint-Denys, qu'ils y furent envoyés;
et le Ms. 3884, qu'ils n'occupèrent que la ville : le capitaine
du château ayant déclaré qu'il le tenait pour Henri. Le Religieux
de Saint-Denys ajoute que Bristol était déjà pris, et les mi-
nistres aux mains de Henri, quand York fit son accord; les
autres, que l'accord d'York précéda, et que la ville se rendit à
la sommation de ce prince.
Page 252, note a.
Le vieux duc de Lancastre invoqué contre son fils. Il avait,
comme sénéchal d'Angleterre, pris part à sa condamnation,
autant qu'on en peut juger par le manifeste que l'archevêque
d'York lança plus tard en se révoltant contre le même Henri :
« Per sententiam domini régis Ricardi , domini Johannis, ducis
« Lancastriœ, patris sui, populorumque (sic) dominorum tem-
« poralium et regni procerum voluntatem, et consensum suum,
« saltem verbo-tenus ab eisdem dominis expressatum, juratus
c< denonredeundo vel remeando in regnum Anglise, priusquam
« gratiam regiam obtinuisset ethabuisset. » (Angl. sacra, P. II,
« p. 363.) — Le jeune Henri fait chevalier par Richard. Gre-
^80 LIVRE ONZIEME.
ton, p. 328. — Conversation du roi el du prince. OUerboiirne,
p. 205, 206, cité dans VArchœoL,i. XX, p. 31.)
Page 2.Ô4, note a {omise).
Départ de Salisbury, emmenant le poète Creton (p. 345). Il
était poëte lui-même. Christine de Pisan l'appelle « gracieux
chevalier aimant dictiez et lui-même gracieux dicteur. » Il éle-
vait avec ses propres enfants le fils de celte femme célèbre.
Henri, après la mort de Salisbury, voulait retenir le jeune
homme près de lui, et invita sa mère à venir elle-même. Elle
déclina cette offre. {Archœol.,i. XX, p. 72, note.)
Marche de Lancastre. M. Evesh., p. 154, et ArchœoL, t. XX,
p. 63, note. — Les hommes de Chester. Voyez ci-dessus,
p. 215, et Rymer, t. VIII, p. 14; M. Evesh., p. 133; Wals.,
p. 354. — Familiarité de Richard avec eux. « In tantam fami-
« liaritatem domino régi annectebantur, ut eidem in materna
•« lingua confabularentur. » (Suit un trait dans ce dialecte.)
(Ghron. de Kenilsworth, citée dans VArchœoLj t. XX, p. 63,
note.) — Le comté de Chester érigé en principauté, et réservé ex-
clusivement, comme la principauté de Galles, aufds aîné du roi.
(25 septembre 1397) Rot. Pari., t. III, p. 354, et stat. 21
Richard II, c. ix; Stat. of the Realm, t. II, p. 100. — Dépula-
tion des gens de Chester à Shrewsbury ; entrée de Henri à Ches-
ter.U. Èvesh., p. 154.
Page 255, note a.
Salisbury à Comvay. Creton, p. 345-350. Le poëte saisit
cette occasion pour rendre hommage à tous les mérites de Sa-
lisbury :
Grand mal m'en fist certes.... Car je l'aimay
Parfaitement, pource que de cuer vray
Amoit François;
Et si estoit humble, doux et courtois,
En tous ses fais, et de chacun la vois
A voit d'estre loyal en tous endrois,
Et bien preudoms;
Moult largement donnoit, et de preulx dons;
Hardi estoit, et fier comme lions;
Et si faisoit balades et chançons.
Rondeaux et lais,
NOTES. 481
Très-bien et bel; si n'estoit-i] qu"boras lais.
Non obstant ce, estoïent tous ses fais
Si gracieux que je croy que jamais
De son pays
N'istra homme où Dieux ait tant de biens mis
Comme en celui : son ame en paradis
Puist estre mise avec les sains tous dis,
Car laidement
L'ont fait mourir depuis à grant tourment
Comme martyr....
(Buchon, t. XIV, p. 350, 351.)
Page 257, note a.
Retour de Richard. Ms, 3884, f" 133, et Relig. de Saint-
Denys, XX, 9. Le moine d'Evesham (p. 149) dit qu'il débarqua
près du château de Herstool vers la Saint-Jacques (25 juillet),
qui est le temps où il fixe aussi l'accord de Henri et d'York
(p. 152); la Chronique anonyme (Ms. 3884, f° 133 recto), le
-13 août. C'est entre ces deux dates que le jour doit être cher-
ché. Creton, sans fixer d'époque précise, marque des inter-
valles dans la suite des événements ; mais, dans cette seconde
partie comme dans la première, on est forcé de les réduire
pour renfermer l'histoire dans la période dont les deux termes
nous sont fixés par les actes : 29 mai, jour où Richard est en-
core à Milford, prêt à partir pour l'Irlande; 20 août, jour où
il est entre les mains de Henri.
Il y a un acte qui semble témoigner de la présence du roi à
Wallingford à la date du 3 août : c'est la nomination de Pierre
de Gourtenai aux fonctions de capitaine de Calais (Rymer,
t. YIII, p. 83). Il n'est pas possible d'admettre que Richard fût
en ce lieu à cette date. Faut-il lire « Milford? » ou faut-il sup-
poser que Henri, ayant déjà rallié à lui le duc d'York, lieute-
nant du roi en son absence, ait nommé le capitaine de Calais
au nom de Richard, comme si Richard lui-même était présent :
teste rege et per ipsum regem? Tout ce que l'on peut dire,
c'est que Pierre de Courtenai ne lui était point désagréable :
car il le nomma, en son propre nom, capitaine de Calais pour
six ans dès son avènement au trône le 2 novembre 1399. (Ry-
mer, suppl. Henri /K, t. I, n° 31 ; Coll. Rréquigny, t. LXXIX,
f" 260.)
On peut être étonné des difficultés que Richard trouva pour
11 — 31
482 LIVRE ONZIEME.
son retour. Comment la flotte qui l'avait amené en Irlande
n'a-t-elle pas suffi à le ramener en Angleterre? Elle avait ét('
laissée à Waterford, et probablement, selon l'usage, la plupart
des vaisseaux, pris par réquisition, avaient été renvoyés après
le débarquement. Il fallut donc en recruter d'autres. (Voy.
ArchseoL, t. XX, p. 56, note.) — Bichard renonce à la lutte.
Wals., p. 358, et M. Evesh., p. 150. Le moine d'Evesham est
-fort peu touché de cette scène qu'il raconte. Il en prend occa-
sion d'injurier Richard : a Sed tu, Domine rex, quid jam factu-
« ruses?... Ubi suntjam consiliarii, imo falsi deceptores tui?...
« Ubi sunt nunc divitiee illse pro quibus congregandis tuum po-
cc pulum per regnum Angliae ultra modum vexasti? » (P. 151.)
A en croire cette version, le sénéchal Thomas Percy n'eut pas
même le secret de sa retraite. L'ayant apprise le matin, il ras-
sembla les troupes, brisa devant elles le bâton de commande-
ment, et les renvoya chacun chez soi. On verra plus loin si le
départ de Richard était vraiment un abandon de son armée.
—Le même auteur dit à tort que le duc de Surrey s'en alla avec
Rutland et Th. Percy rejoindre Henri de Lancastre. Otter-
bourne, contrairement à Walsingham, qu'il copie d'ordinaire,
et au moine d'Evesham, dit que Richard se proposait de com-
battre; mais c'est pour ajouter que, craintif comme il était, il
ne l'osa, et en remit le soin à Thomas Percy pour fuir lui-
même : « Sed quia meticulosus erat et timidus, etc.» (P. 206.)-
Page 260, note o.
Richard part pour Conway. Greton, p. 352. Le moine d'E-
vesham dit qu'il vint à Flint, d'où il fut mené à Conway (p. 154);
^-Walsingham, qu'il vint à Convvay, d'où il fut mené à Flint. Le
Religieux de Saint-Denys suit le même ordre que Walsingham.
_Le continuateur de Croyland et Froissart font aller tout d'abord
Richard à Flint; mais c'est là qu'ils placent son entrevue avec
Lancastre, et c'est de là qu'ils le font partir avec lui : en sorte
que l'on peut dire qu'ils confirment la tradition de Walsin-'
__gham. On peut donc croire qu'il y a une transposition dans le
texte du moine d'Evesham. — Si l'évêque de Lincoln, Henri de
Beaufort, partit de Milford avec Richard, il ne paraît point être
allé avec lui jusqu'à Conway, ou du moins il n'y resta guère.
On cesse de le voir. Il reparaîtra à la cour de Henri son frère,
et plus encore à celle du fils et du petit-fils de Henri, comme
NOTES. 483
évêque de Winchester, et cardinal d'Angleterre. L'éveque de
Saint -David, le comte de Glocester, ne se retrouvent pas davan-
tage à Gonway. Parmi ceux qui accompagnèrent Richard, ou
compte encore les Gallois Owen Glendowr et Gwillin ap Tii-
dor. (Voy. ArchœoL, t. XX, p. 147, note.)
L armée dispersée. Selon le Ms. 3884, f° 133, d'accord avec
le moine d'Evesham et Otterbourne, ce fut non Rutland, mais
Th. Percy qui licencia l'armée. — Pillage du trésor par les
soldats, et spoliation des soldats par les Gallois, Greton, p. 358;
Wals., p. 358; M. Evesh., p. 150. Une partie fut recouvrée
par Henri de Lancastre (4 nov. 1400, et 4 nov. 1402. Rymer,
t. VIII, p. 162 et 281). —Rutland et Th. Percy auprès de
Henri de Lancastre. Greton, p. 361,
Page 261 , note a.
Richard à Conway. Greton, p. 361.
Mon compagnon et moi fûmes droit là,
Car vrayement
Nous ne fûmes que seize seulement ,
A compter tout, nobles et autre gent.
(P. 366.)
— Plaintes de Richard, p. 355, 356.
Page 262, note a.
Le roi apprend la dispersion de l'armée de Milford. Greton,
p. 368. — Le roi à Beaumaris. Ibid., p. 370; — à Caernar-
von. Ihid.; — retour à Conway, p. 371; — ses plaintes ^
p. 371-373:
Ainsi disoit le roy Richart souvent,
En soupirant de cuer piteusement,
Tant que par m'ame,
Plus de cent fois en getay mainte larme.
Dans ces jours d'angoisse, sa pensée se reportait sur la pe-
tite reine :
« Las I Ysabel, droite fille de France,
Vous soûliez estre ma joye et m'esperance,
Et mon confort.
Or Yoy-je bien que par le grant effort
484 LIVRE ONZIEME.
De fortune, qui a maint homme mort,
M'estuet de vous eslongier a grant tort;
Parquoy j'endure
Au cuer souvent une douleur si dure....
Et si voy bien qu'il n'est nul qui se faigne
De me faire desplaisir et engaigne.
Elas! chacun me mort ou me dehaigne :
Or en soit Dieux
Loué qui est là sus en ses saints cieulx. »
(P. 37.3.)
Page 263, note a.
Exeter et Surrey auprès de Henri, Greton, p. 374-378. Selon
la Chronique anonyme, Henri, après avoir conversé h part avec
le duc d'Exeter, lui dit en le quittant : « Vous ne retournerez
point devers monsieur le Roy jusques à temps que j'aurois nou-
velles du comte de Northombelland, lequel j'envoie par devers
lui pour nous mettre à accord. — Je ne l'ai pas rencontré. » Le
comte allait partir, et on verra à quelle fin (Ms. 3884, f" 132
verso, et f"" 133). L'auteur parle comme Creton des insignes
de Henri imposées à Jean de Holland. Les insignes des Lan-
castres étaient l'Antilope et la Rose rouge, la Queue de Renard^ f^-^?^»
le Cygne d'argent, au col et à la chaîne d'or. Henri portait
l'Antilope et le Cygne, brodés sur velours vert et bleu, dans son
harnais, quand il entra en lice contre le duc de Norfolk à Co-
ventry. {ArcIicToL, t. XX, p. 106, note.)
Page 265, note a.
Embûches dressées par Northumherland . Greton, p. 386. —
Norîhumberland devant Richard. Ibid., p. 388-392. Cf. Ms.
3884, et Relig. de Saint-Denys, XX, 9 : il dit que Henri avait
employé la force pour contraindre le duc d'Exeter à signer ces
lettres. — On a vu comment le titre de sénéchal d'Angleterre
était venu héréditairement à Jean de Gand. (Voy. ci-dessus,
t. I, p. 403.) Henri pour le reprendre n'avait pas attendu que
Richard le lui rendit : on le voit par un acte de lui, du 10 août,
23 R. II (1399), cité dans Madox, Formul. anglic, p. 327.
Devenu roi, il conféra cet office à Thomas, son second fils, et
lit Thomas Percy lieutenant-sénéchal pendant la minorité du
jeune prince. (Voy. Archœol.j t. XX, p. 133, note.)
NOTES. 485
Page 268, note a.
Serment de Northumherland, Greton, p. 395, 396, et Ms.
3884, 1° 135; cf. Relig. de Saint-Denys, XX, 9. Hardyng par-
lant de l'entrevue (ch. cxcv, f" 196), supprime, comme on pou-
vait s'y attendre, tout ce qui pourrait paraître trahison. On a
tenté d'effacer ou de diminuer au moins l'odieux de ce parjure,
en disant que Northumberland ne croyait pas travailler à la
déposition de Richard. Henri, en effet, comme on l'a vu, n'a-
vait pas encore dévoilé ses desseins ; et on pouvait croire qu'il
ne voulait pas autre chose que ce qu'avait fait Glocester en la
XP année du roi : prendre le gouvernement avec l'appui du
parlement, sacrifier les ministres (il n'avait pas attendu le par-
lement pour le faire à l'égard des plus compromis), mais res-
pecter le roi; et plus tard les Percy protestèrent qu'ils n'avaient
jamais voulu autre chose (voy. Hardyng, ch. cxcv, f" 195, et les
observations consignées dans la note de VArchœoL, qui le cite,
t. XX, p. 183-187). Mais le vieux comte savait bien que Henri
voulait s'emparer de la personne de Richard, pour le traiter
désormais en prisonnier plutôt qu'en roi; et l'embuscade que
lui-même avait dressée suffit pour prouver son parjure.
Page 269, note a.
Invitation à partir :
Car je sçay bien que le duc grant envie
A de savoir si la paix est bastie.
(Creton, p. 397.)
Guet-apens où tombe le roi. Greton, p. 398, 399 :
Là furent tous en amère doubtance.
J'eusse voulu bien alors estre en France,
dit naïvement notre poëte. La Ghronique anonyme (Ms. 3884,
f"* 136 et 137) nous a donné les derniers traits de cette scène.
Gf. Relig. de Saint-Denys, XX, 9.
Page 271, note a.
La nouvelle portée à Cliesler. Greton, p. 404. Selon le Ms.
3884, Northumberland la porta lui-même, et ce même soir. —
486 LIVRE ONZIÈME,
Départ de Henri de Lancastre pour Flint, Greton, p. 404. —
Pourquoi Creton laisse les vers pour la prose (ibid.) :
Or vous vueil dire, sans plus rime quérir,
Du roy la prinse, et pour mieulx accomplir
Les paroles qu'ilz dirent au venir
Eulx deux ensemble;
Car retenues les ay bien, ce me semble;
Si les diray en prose; car il semble
Aucunes fois quon adjouste ou assemble
Trop de langaige
A la matière de quoy on fait ouvrage.
Or vueille Dieux, qui nous fait à s'image,
Pugnir tous ceulx qui firent tel oultrage.
En adoptant, pour raconter ces faits, le style de Thistoire, il
ne renonce pas au droit de les flétrir.
Page 273, note a.
Henri à Flint, 19 août. Greton (p. 405), la Chronique ano-
nyme (f° 1 40) et le Religieux de Saint-Denys (XX, 9) disent
le mardi, 22 août; mais le mardi était le 19. Le Religieux de
Saint-Denys (XX, 19) dit simplement le 22 août; Otlerbourne
(p. 208), le 20; et le moine d'Evesham (p. 155), le mardi après
VAssomption. G'est à ce jour du mardi, et par suite à la date du
19 août, qu'il convient de s'arrêter ; car l'acte publié par Henri
le 20, au nom du roi, prouve, comme nous l'avons dit, que Ri-
chard était alors dans ses mains. Walsingham (p. 358) dit le
20 août, quarante-sept jours après le débarquement de Lan-
castre, qu'il a placé le jour de la Saint-Martin d'été (4 juillet).
— Le roi sur les murs du château de Flint. Greton, p. 406,
407. — Entrevue avec V archevêque de Canterbury, ibid., p. 408;
Ms. 3884, 1° 140. Gf. Religieux de Saint-Denys, XX, 9.
Page 274, note a.
Northurnberland va rejoindre Henri. Greton, p. 409. La Chro-
nique anonyme, après avoir dit que le comte avait rejoint Henri
dès la veille, parle ici de l'archevêque de Canterbury, f" 140
verso. — Richard et ses compagnons de captivité, ibid.
Page 275, note a.
Entrevue de Henri et de Richard. Greton, p. 411; Ghron-
anon., Ms. 3884, f" 141 : « Le roy resta en fjuise d'un pr(''-
NOTES. 487
tre. » Cf. Relig. de Saint-Denys, XX, 9. Il convient, pour celte
entrevue, de s'attacher, préférablement à tout autre, au récit
de Greton. Il donne les paroles des deux princes comme tex-
tuelles : « Et sachiez de certain que ce sont les propres paroles
qu'ilz dirent eulx deux ensemble, sans y rien prendre ne ad-
-^jouster. Car je les oy et entendi assez biçn; et si les me re-
corda le conte de Salsebery (Salisbury) en françois et un autre
ancien chevalier qui estoit des conseilliers du duc Henry »
(p. 412). Comparez d'ailleurs la Chronique anonyme, Ms. 3884,
f° 141, et le Rehgieux de Saint-Denys (XX, 9): « Ego cilius
a quam sperabatis adveni ut juvem vos ad regendum nobile
ce regnum Angliae, quod diu maie rexistis. » Ad hœc verba rex
adhuc animum retinens regium, cum dixisset: a Dilectissime co-
« gnate, Deus det vobis gratiam ut de cetero melius regnum
a regatis quam fecerim ! )^
Le moine d'Evesham qui, pour ces derniers événements,
\_supplée avantageusement aux lacunes ou aux réticences de
•^Valsingham, après l'avoir si longtemps copié, rend compte de
l'entrevue à peu près de la même sorte : seulement il modère
le langage de Henri, Le duc dit au roi dans ce récit : « Reve-
« rende Domine, mi Rex, causa adventus mei est ad praesens,
« salva reverentia vestra, corpus meum, terras meas et htXTe-
oc ditatem meam, licencia vestra regia, rehabere. » Et le roi lui
répond : « In hoc enim, care mi cognate, paratus sum ut omnia
« vestra, sine contradictione aliqua, in pace rehabere valeatis »
(p. 155) C'est une réfutation suffisante de ce que dit Walsing-
ham. (p. 358), d'après les actes dont nous aurons plus tard à-
estimer la valeur, que le roi exprima à l'archevêque de Canter-
bury, à Northumberland et à Arundel, l'intention d'abdiquer,
si on lui garantissait un traitement honorable, et toute sûreté
pour huit personnes qu'il nommerait. (Cf. Otterbourne, p. 208).
On a là une preuve de plus que Henri, tout en agissant en
maître, ne se portait pas ouvertement comme prétendant à la
couronne, et que ce que le peuple en général avait appuyé, c'é-
.^'tait un changement de gouvernement et non de dynastie ; une
réforme, violente sans doute, comme celle de 1386 et 1387,
mais non une révolution.
Page 276, note a.
Attitude de Henri vis-à-vis des amis deBic/iard; départ pour
488 LIVRE ONZIÈME.
Chester. Greton, p. 413, Ms. 3884, i« 141, et Buchon, Va-
riantes, p. 77. Ou il y a une faute dans le Ms., ou Greton, di-
sant de deux chevaux qu'ils ne valaient pas 40 fr., parle d'autre
chose que de francs d'or, car 40 fr. d'or sont une somme impor-
tante. La seconde chronique estime les six chevaux de l'escorte,
30 fr. — Gette manière de mettre un homme sur un mauvais
cheval, était une sorte de dégradation que l'on infligeait aux
condamnés, quand on ne les traînait point sur la claie. Il est dit
de l'archevêque d'York (Richard le Scrop), quand on le mena
au supplice après la révolte de 1405 : « Adductus est super
a equum valoris 40 denariorum sine sella ; et gratias agens dixit,
« quod nunquam placuit mihi melius equus quam iste pla-
ce cet. » (Angl. Sacr.yV. II, p. 370. Voy. ArchœoL, t. XX,
p. 172.)
Le récit que Froissart fait de l'entrevue, bien qu'il doive cé-
der la place au tableau retracé par un témoin , méritera néan-
moins toujours d'être lu pour la vérité des caractères. Richard
k Flint, selon la version du chroniqueur , n'est pas encore
dans les mains de Henri. Il s'agit de l'enlever, « car il faut
que Richard de Bordeaux soit pris mort ou vif, et tous les traî-
tres qui l'ont conseillé, et amené à Londres et mis à la Tour; »
et c'est Henri lui-même qui s'en charge. Nous renvoyons à ces
belles pages (IV, 75).
L'auteur a mis dans son tableau un trait qui convient h l'es-
prit de ce temps-là.
a Entretant, dit-il, qu'on selloit et appareilloit les chevaux,
le roi Richard et le comte (Henri de Lancastre) devisoient l'un
à l'autre de paroles, et étoient moult fort regardés d'aucuns
Lcndriens qui là étoient; et avint une chose dont je fus in-
formé que je vous dirai. Le roi Richard avoit un lévrier, lequel
on nommoit Math, très-beau lévrier outre mesure; et ne vouloit
ce chien connoître nul homme fors le roi; et quand le roi de-
voit chevaucher, cil qui l'avoit en garde le laissoit aller, et ce
lévrier venoit tantôt devers le roi festoyer et lui mettoit ses
deux pieds sur les épaules. Et adonc advint que le roi et le
comte Derby parlant ensemble en-mi la place de la cour du dit
chastel et leurs chevaux tous sellés, car tantôt ils dévoient mon-
ter, ce lévrier nommé Math, qui contumier étoit de faire au roi
ce qui dit est, laissa le roi et s'en vint au duc de Lancastre, et
lui fit toutes les contenances telles que endevant il faisoit au roi,
et lui assist les deux pieds sur le col, et le commença grande-
NOTES. 489
ment à conjouir. Le duc de Lancastre, qui point ne connoissoit
le lévrier, demanda au roi : « Et que veut ce lévrier faire? —
« Cousin, ce dit le roi, ce vous est grand' signifiance et à moi
a petite. — Gomment, dit le duc, l'entendez-vous? — Je l'en-
a tends, dit le roi, le lévrier vous festoie et recueille aujour-
a d'hui comme roi d'Angleterre que vous serez, et j'en serai
« déposé; et le lévrier en a connoissance naturelle; si le tenez
« de-lez vous, car il vous suivra et il m'éloignera. » Le duc de
Lancastre entendit bien celle parole et conjouit le lévrier, le-
quel oncques depuis ne voult suivre Richard de Bordeaux, mais
le duc de Lancastre ; et ce virent et sçurent plus de trente
mille. »
Au lien du lévrier, c'est le cheval de Richard qui fournit à
Shakespeare un trait de même sorte. C'est au jour du cou-
ronnement de Henri. Un valet décrit la scène au roi prisonnier :
oh! combien j'avais le cœur gros quand j'ai vu passer dans les rues de
Londres le cortège du couronnement ; quand j'ai vu Bolingbroke monté
sur voire beau cheval barbe, celui-là même que vous aviez tant de fois
monté, celui que j'avais dressé avec tant de soinl
Richard. Il montait mon cheval barbe! Dis-moi, mon ami, comment se
gouvernait-il sous lui?
Le groom. Avec tant de fierté, qu'on eût dit qu'il dédaignait la terre.
Richard. Il était donc bien fier de porter Bolingbroke ! Ce cheval a
mangé du pain dans ma main royale. Il était tout orgueilleux de se sentir
caresser par elle. IN'aurait-il pas dû broncher? n'aurait-il pas dû s'abattre,
puisque tôt ou tard doit venir la chute de l'orgueil, et rompre le cou à
l'orgueilleux qui avait usurpé sur lui la place de son maître?... Je te demande
pardon,, mon cheval! Pourquoi te blàmerais-je? N'as-tu pas été créé pour
obéir à l'homme et le porter? Moi, je n'étais pas né cheval; et cependant
je porte mon fardeau comme une bête de somme, pressé par le fouet et
l'aiguillon de l'impatient Bolingbroke.
{Richard //, act. V, se. iv.)
Page 277, note a.
Richard mené à Chester. Greton, p. 413; Chron. anon.,
Ms. 3884, f** 141 verso, et Ruchon, Variantes^ p. 7 7. — P?'o-'
phètie de Merlin. « Un ancien chevalier qui estoit des conseil-
lers du duc Henri me dist en chevauchant à Cestre, que la
prise du roy et la destruccion avoient Merlin et Rède prophé-
tisée dès leur vivant; et que se j'estoie en son chastel il le me
monstreroit en la forme et manière comme je l'avoie vue
advenir, disant ainsi : Il ara un roy en Albie, lequel régnera
490 LIVRE ONZIÈME.
n
l'espace de xx à xxu ans eu grant hcnneur et en granl puis-
sance, et sera allé et adjoint avecques ceiilx de Gaule, lequel
roy sera deffait es parties du nort en une place triangle. »
[La Chronique anonyme (Ms. 3884, f** 143, ou Buchon, Va-
riantes, p. 78) donne ainsi cette prédiction : « En l'an mille
quatre cent moins ung, ou chastel triangle sera trahi ung roy
après ce qu'il aura régné puissamment vingt-deux ans. »] « Ainsi
me dist le chevalier qu'il estoit escript en un sien livre : la place
triangle, il approprioit à la ville de Cornuay; et de ce avoit-il
très-bonne raison; car je vous say bien à dire qu'elle est en
triangle, comme si elle eût esté ainsi compassée par une vraie
et juste mesure. En la dicte ville de Cornuay fut le roy assez
deffait, car le comte de Northumberland le tira hors, comme
vous avez oy devant, par le traictié qu'il list à lui ; et depuis
n'ot nulle puissance. Ainsi tenoit le dit chevalier ceste pro-
phétie vraie, et y adjoustoitgrant foi et créance; car ils sont de
telle nature en leur pays, que en prophécies, en fantosmes et
sorceries croient très parfaitement, et en usent très volontiers :
maiz il mest advis que ce n'est pas bien fait; ains est grant
fault de créance. ^ (Creton, p. 412.) Sur ces prophéties de Merlin,
et notamment sur celles qu'on appliquait à Richard II et aux
révolutions suivantes, \oyezYArcliœol.j t. XX, p. 250 et suiv.,
append. n° 4.
La tête de Perkin a Legh sur la porte de Ckester. M. Evesh.,
p. 154. — Richard au château de Chester, etc. Creton, p. 414,
et Ms. 3884, f° 142 recto, ou Buchon, Variantes, p. 77.
Le (ils de Glocester. Creton, ibid. Richard avait laissé le
jeune duc avec le fils de Henri dans le château de Trim. Il faut
que Henri n'ait point perdu de temps à se faire renvoyer son
hls et le fils de son oncle. Le moine d'Evesham, qui en parle
(p. 154), dit que le jeune duc de Glocester périt en mer; d'au-
tres, à Beaumaris, dans l'île d'Anglesey, à son retour : Creton
prouve qu'il n'en fut rien ; mais il n'y survécut guère: sa mort,
causée par une maladie pestilentielle, entraîna, dit-on, celle de
sa mère, qui mourut le 3 octobre suivant. (Dugdale, Baron. y
t. II, p. 172, et Archœol., t. XX, p. 174.)
Page 278, note a.
Richard enfermé dans la tour de Chester. Creton, p. 414;
Ghron. anon., Ms. 3884, f" 142, et Buchon, Variantes, p. 77.
NOTES. 491
— Jénico, Creton, p. 406; Chron. anon., Ms. 3884, [° 142
recto, ou Buchon, Variantes, p. 77. Henri se le rappela
pourtant, non pour le punir, mais pour s'attacher un ser-
viteur aussi dévoué. Dès le mois de décembre 1399, il figure
comme un des commissaires chargés de traiter avec les Écos-
sais (Rymer, t. YIII, p. 113): éloignement qui peut-être l'em-,
pécha de prendre part à la grande conjuration en faveur de
Richard; et il fut investi de plusieurs commandements en Ir-
lande, tant sous Henri IV que sous Henri Y. (Voyez Archxol.,
t. XX, p. 92, note.)
Page 280, note a.
Richard seul au château. Chron. anon., Ms. 3884, f° 142,
recto, ou Buchon, Variantes^ p. 77. — Convocation du parle-
ment pour le 30 septembre à Westminster. Gotton, Abridgmenty
p. 382. Elle porte la date du 29 août, mais comme il s'y joint
la mention : teste rege apud Cestriam, il est clair que c'est une
faute d'impression, et qu'il faut lire xix au lieu de xxix.
Ordre aux vicomtes au nom du roi. « Rex vicecomiti.... Gum,
« ut accepimus, diversi ligei nostri regni nostri Angliœ se in
« diversis conventiculis congregaverint et pênes prœsentiam ca-
« rissimi consanguinei nostri Henrici, ducis Lancastriœ, qui jam
a idem regnum nostrum pro regimine et gubernatione ejus-
« dem ac diversis defectibus, in eodem regno existentibus,
« emendandis aliisque de causis est ingressus, venerint, ac
M eidem ligei nostri, colore ejusdem congregationis, et contra
a intentionem praefati consanguinei nostri, quosdam hgeorum
a nostrorum vi et armis verberaverint , etc. Tibi, de avisa-
oc mento venerabilis Patris Thom. Arch. Gantuarensis, ac prae-
« fati consanguinei, nec non Henrici, comitis Northumbriae, et
« Kadulphi, comitis Westmerlandiœ , cœterorumque magna-
« tum, etc., prœcipimus, etc. Teste rege apud Gestriam, 20aug. »
(Rymer, t. VIII, p. 84.)
Page 281 , note a.
Départ de Chester. Nous adoptons pour le séjour à Ghester
le temps marqué par nos chroniques françaises : « Le duc Henri
demoura trois jours à Gestre.... et partit de la ville de Gestre
le quatrième jour après la prise (Greton, p. 414, 415), » tout
en corrigeant le chiffre de la Chronique anonyme, qui, ayant
492 LIVRE ONZIÈME.
n
marqué au 22 août la prise du roi, fixe au 25 le départ
(Ms. 3884, f° 143 recto, ou Buchon, Variantes, p. 77). Le
moine d'Evesham (p. 156), qui donne exactement l'itinéraire,
et dit vrai en marquant au 24 août le séjour du cortège à Licht-
fîeld, abrège à tort le séjour de Ghester pour compter un jour
par chaque ville qu'il énumère, y compris Ghester et Leicester,
qui sont ici le même lieu. (Yoy. Archœol., t. XX, p. 177.)
Incursions des Gallois. Greton, p. 416; Ghron. anon.,
Ms. 3884, f° 143 recto, ouBuchon, VarianteSy p. 78. — Ordre
publié au nom du roi : « De intendendo circa custodiam pacis.
« Teste rege apud Lychfeld, 24 aug. 1399. >5 (Rymer, t. YIII,
p. 85.) — Tentative d'évasion. Greton, p. 415, et la Ghron.
anon., 1. 1.
Page 282, note a.
Députation de Londres à Henri. Greton, p. 415; Ghron.
anon., Ms. 3884, f° 143 recto, ou Buchon, Variantes, p. 78.
— Le peuple de Londres : a Gonsidérez que c'est de peuple,
quand il s'émeut et élève, et a puissance contre son seigneur, et
par espécial en Angleterre; là n'y a nul remède, car c'est le
plus périlleux peuple commun qui soit au monde et le plus ou-
trageux et le plus orgueilleux. Et de tous ceux d'Angleterre
les Londriens sont chefs. Et à voire dire, ils sont moult puis-
sans de mise et de gens; car ils se trouvent bien du clos de Lon-
dres vingt-quatre mille hommes armés de pied en cap de toutes
pièces, et bien trente mille archers. G'est grand'force, car ils
sont durs, forts, hardis et hauts. Et tant plus voient de sang
épandu, tant plus sont-ils crueux et moins ébahis. » (Froissart,
IV, 76.)
Suite du voyage. M. Evesh., p. 156 : « Nec in his diebus
« permittebatur rex mutare vestes suas, sed semper in uno
« eodemque indumento per omnes villas praedictas simpliciter
« equitabat. » G'est pour le moine, non pas une occasion de
s'attendrir sur tant d'infortunes , mais de rappeler les robes
somptueuses dont Richard se couvrait jadis : une robe, entre
autres, brodée de perles et de pierres précieuses', qui avait coûté
30 000 m.; et il s'écrie dévotement : « 0 bon Jésus, votre tu-
nique sans coulure dont il est parlé dans l'Évangile, avait-elle
cette valeur! » (Ibid.) Otterbourne ose dire que Lancastre lui
fit rendre les honneurs royaux sur toute la route : « Dux ipse
«» Lancastriœ qui regem conducebat a Gestria usque London
NOTES. 493
« fecit processiones solemnes régi occurrere , in cunctis locis
« ubi religiosi erant, impendens illi honores regios, prout sole-
ce bant sibi in dignitate regia exhibere » (p. 209). Il est difficile
de mentir plus impudemment à l'histoire.
Page 284, note a.
Entrée triomphale de Henri à Londres. Greton, p. 417 ; Chron.
anon., 1. 1.; M. Evesh., p. 156. C'est le dernier trait que
notre gentilhomme rapporte comme témoin. Il avait hâte de se
soustraire à la vue de ces choses, « lesquelles, dit-il, me fai-
« soient moult de mal et de douleur au cœur. » Il lui tardait de
quitter ce pays. Il alla donc avec son compagnon trouver le
duc; ils en obtinrent un sauf-conduit, et, sans plus différer, ils
gagnèrent Douvres, Calais et la France, (Creton, p. 418.)
Richard mené à la Tour. Chron. anon., Ms. 3884, f° 144, et
Buchon, Variantes, p. 79. — Qu'on nous permette de citer
encore sur l'entrée de Richard à Londres cette belle scène de
Shakespeare :
La duchesse d'York. Milord, vous m'avez promis d'achever le récit de
l'entrée de vos deux cousins dans Londres, ce récit que vous aviez com-
mencé, et que vos pleurs vous ont forcé d'interrompre.
York. Où eu élais-je?
La duchesse. A ce douloureux moment, milord, où du haut des fenê-
tres des mains insolentes jetaient de la poussière et des immondices sur la
tête du roi Richard.
York. Comme je vous le disais, le duc, le superbe Bolingbroke, monté
sur un coursier ardent et fougueux qui semblait savoir quel maître ambi-
tieux il portait, s'avançait à pas lents et majestueux pendant que toutes
les voix criaient : a Dieu te garde, Bolingbroke! » On eût dit que les fe-
nêtres parlaient, tant était pressée la foule des visages jeunes et vieux
qui dardaient leurs avides et ardents regards sur le visage de Boling-
broke; on eût dit que toutes les murailles, chargées de personnages
comme une tapisserie, criaient à la fois : « Dieu te conserve! sois le
bienvenu, Bolingbroke! » Et lui, saluant à droite et à gauche, la têie
découverte qu'il inclinait plus bas que le cou de son orgueilleux coursier,
il leur répétait : « Je vous remercie, mes compatriotes, » et ce disant, il
continuait sa marche.
La duchesse. Hélas! et le malheureux Richard, quelle était alors son
attitude?
York. De même qu'au théâtre lorsqu'un acteur favori vient de quitter la
scène, les spectateurs ne portent sur celui qui lui succède que des regards
distraits et trouvent son babil insipide; de môme, et avec plus de mépris
encore, les yeux du peuple s'arrêtaient sur Richard. Nul ne lui criait :
tt Dieu vous garde! » Nulle bouche joyeuse n'accueillait son retour; mais
la poussière tombait sur sa tête sacrée, et lui la secouait avec une dou-
494 LIVRE ONZIÈME.
leur si résignée! Sur son visage luttaient les pleurs el le sourire, témoi-
gnages de sa douleur et de sa patience. Ah! si Dieu, pour quelque grand
dessein, n'avait endurci le cœur des hommes, ils n'eussent pu rester
insensibles, et les cœurs les plus barbares se fussent ouverts à la pitié....
Mais dans ces événements, la main du ciel est visible; soumettons-nous
avec calme à sa volonté suprême. Nous sommes maintenant les sujets de
Bolingbroke; il a reçu nos serments, et je me dévoue pour jamais à son
autorité et à sa gloire.
Le duc d'York tient bien tout ce qu'il avait promis !
à
LIVRE DOUZIÈME.
Page 290, note a.
Troupes licenciées. Les Percy, le comte de Northumberland
et son fils Henri Hotspur déclarèrent plus tard qu'après l'entrée
triomphale de Henri à Londres, ils avaient renvoyé leurs trou-
pes, ne doutant pas que le prince ne fût fidèle à son serment de
ne point toucher h la couronne. (Hardyng, ch. cxcvi, f° 196
verso.) — Chevalières des comtés choisis pa?' les agents de Henri:
a Tu subdole et contra legem Angliœ tuis fautoribus scripsisti
« quamplures in quolibet comitatu Angliœ ad eligendum taies
« mihtes pro quolibet parliamento qui tibi placuerint. » (Ma-
nifeste des Percy. Archseol., t. XVI, p. 142.) Le grief s'applique
à tous les parlements de ce règne.
Scène de la Tour de Londres. (Ghrou. anon., Ms. 3884,
fo« 144 verso, 145 et 146, etBuchon, Suppl. de Froissart, t. XV,
p. 27.) — La petite reine. A l'arrivée de Henri, le duc d'York,
pour la mettre en sûreté, l'avait envoyée à Wallingford, sous la
garde des principaux conseillers de Richard : W. le Scrop, Bussy,
Green et Bagot, qui bientôt furent appelés à d'autres soins.
(12 juillet 1399, Rymer, t. VHI, p. 83.) Henri la tira de là pour
la garder à Sunning. (Wals., p. 362, et Otterbourne, p. 225.)
Page 291 , note a.
Procès-verbal de rabdication de Richard:
« Mémorandum. Le lundi, fête de la Saint-Michel, Tan xxiii
NOTES. 495
de Richard, des lords spirituels et temporels et autres notables,
savoir : Richard le Scrop, archevêque d'York, l'évèque de He-
reford, les comtes de Northumberland et de Westmoreland, le
prieur de Ganterbury, l'abbé de Westminster, etc., se sont
rendus auprès du roi Richard dans la Tour de Londres, vers
neuf heures, où lecture fut faite au roi, par le comte de Nor
thumberland, comment le roi, étant autrefois dans sa pleine
liberté, à Gonw^ay, avait déclaré à Thomas, archevêque de Gan-
terbury, et au comte de Northumberland qu'il voulait renoncer
à la couronne d'Angleterre et de France à cause de son insuffi-
sance qu'il avouait.... Le roi répondit devant ces seigneurs ci-
dessus nommés qu'il voulait accomplir ce qu'il avait promis ; il
exprima cependant le désir d'avoir un entretien avec Henri, duc
de Lan castre, et le dit à l'archevêque avant de remplir sa pro-
messe, et il demanda une copie de l'abdication qu'il devait
faire pour en délibérer. Gette copie lui ayant été remise, les-
dits seigneurs revinrent k leurs hôtels.
« Le même jour, après diner, le roi, insistant beaucoup pour
voir le duc de Lancastre, le duc vint avec lesdits seigneurs et
l'archevêque de Ganterbury le trouver à la Tour.... Après que le
roi eut conféré quelque temps à part avec le duc de Lancastre
et l'archevêque, vultu hilari hic incle inter eos exhibilo prout
circumstantibus videbatur, le roi s'approchant des autres, leur
dit pubhquement qu'il était prêt à faire son abdication comme
il l'avait promis; et aussitôt, bien qu'il eût pu faire lire l'acte
par un autre, comme on le lui disait, pour éviter la fatigue, le
roi, tenant la cédule à la main, de bonne grâce à ce qu'il parut,
et d'un air gai, gratanter, ut apparuit, ac hilari vuUu, dit qu'il
voulait lire lui-même, et la lut distinctement; puis il délia ses
hommes liges de leur serment, abdiqua, jura et signa l'acte de
sa propre main. » {Rot, ParL, t. III, p. 416, §§ 10, II et 12.)
Les actes de l'abdication et de la déposition de Richard II sont
aussi donnés à la suite deKuightou, p. 2743 et suiv.
Page 295, note a.
Moyens d'intimidation employés pour obtenir rabdication de
Richard. Froissart ne parle pas de la scène de Bristol, mais ce
ne sont pas les mêmes personnages qu'il fait mourir à Lon-
dres : il les nomme « sire Bernard Rrokas, sire Maggelais (Mar-
-clois?),J. Derby, receveur de Lincoln, et lord Stelle, maître de
496 LIVRE DOUZIÈME.
l'hôtel. Aucune de ces personnes ne figure dans l'histoire avec
l'importance que cette scène leur supposerait. — Déclaration du
comte de Nort/mmberland. a Tu ipsum dominum tuum et re-
« gem nostrum imprisonasti infra turrim London., quousque
« resignaverat metu mortis régna Anglise et Franciae. » {Mani-
feste des Percy, tiré d'un Ms. de Hardyng, Arcfiœol., t. XVI,
p. 141.)
Page 301, note a.
Première séance du parlement convoqué au nom de Ri-
chard IL Rot. Pari, t. III, p. 417, § 14. Cf. Greton, p. 424
et suiv.; Stow, Chron, p. 323. Le fragment du Ms. Bodl., 2376,
donné dans VArchxol., t. XX, p. 276, rapporte que Henri
nomma en même temps le comte de Northumberland, conné-
table, le comte de Westmoreland, maréchal, J. Série, chance-
lier, J. Norbery, trésorier, et H. Clifford, garde du sceau
privé. Ces nominations y paraissent être rapportées au jour de
la déposition de Richard. On sait par les actes que Henri Percy,
comte de Northumberland, avait été nommé connétable , et
Raulf de Nevil, comte de Westmoreland, maréchal, en récom-
pense de leurs services, le 13 septembre, au nom du roi, qui
était alors Richard, mais en fait par Henri. (Rymer, t. YIII,
p. 89.) Par ses premiers actes, Henri nomma Henri Percy, fils
du comte de Northumberland, gardien de la marche orientale
d'Kcosse et de Berwick, et le comte lui-même, gardien de la
marche occidentale et de Garlisle. (Rot. Scotise, t. II, p. 151
et 152.)
Page 302, note a.
Le parlement du 30 octobre, qui ne dura que le temps de
jouer cette scène , n'a pas son procès-verbal officiel dans la
suite des actes. On se borna à insérer dans le procès-verbal du
parlement suivant, composé d'ailleurs des mêmes personnes, et
réuni, au nom de Henri, quelques jours aj rès (lundi, 6 octobre),
ce qui touchait la déposition de Richard et l'élection de son
successeur. {Rot. Pari., t. III, p. 416 et suiv.) Mais ce parle-
ment d'un jour, le dernier de Richard, le parlement de sa
xxiir année, n'en est pas moins un parlement régulier ; et, si
court qu'il dût être, il s'était pourtant rassemblé en la forme
ordinaire. Il avait dû s'ouvrir par un discours du chancelier ou
d'un haut prélat, et l'on peut regarder comme historique celui
NOTES. 497
dont Creton fait mention, quoique, pour cette dernière partie, il
ne parle plus en témoin. C'est à ce titre que nous l'avons remis
en sa place dans le compte rendu de la séance. Le Religieux de
Saiut-Denys, qui le cite également, le rapporte de même à la
séance où Henri fut élu (XX, 1 1). C'est aussi ce qu'a fait l'an-
naliste Stow (Chron., p. 323;.
V abdication présentée et acceptée. Rot. Pari., t. III, p. 417,
§§ 15 et 16. Le silence du procès-verbal prouve surabondam-
ment ici que Richard ne fut point amené en public, comme le
dit Froissart et comme le montre Shakespeare. Cf. Creton,
p. 428 ; Wals., p. 359 ; M. Evesh., p. 157 : « Dicto rege Ricardo
« absente et inturrim.... existente. »
Hallam approuve cette révolution. II en prend même occasion
de répéter contre le jeune roi ces injures qu'il aurait mieux fait
de laisser aux écrivains du parti vainqueur. (T. III, p. 223.)
Page 303, note a.
Acte d'accusation contre Richard. Rot. Pari., t. III, p. 417-
422, §§ 18-50; et Knighton, p. 274o-2756. Nous prenons à
ce dernier texte les numéros des articles. Avec ceux que nous
avons cités dans le récit, l'acte en comprenait plusieurs en-
core :
« Il a méprisé toute loi; dit que la loi c'était ce qui sortait de
sa bouche ; obtenu du parlement une déclaration qu'il était
aussi libre qu'aucun de ses prédécesseurs, afin d'en tirer le
droit de faire tout à sa guise ; contraint les vicomtes d'obéir à
ses ordres, à ses lettres même, ne fussent-elles scellées que de
son petit cachet , et de dénoncer les baillis qui se permettraient
de mal parler de lui (29) ; forcé les juges à répondre selon sa
volonté (23); opéré des confiscations arbitraires, des arresta-
tions suivies de renvoi, non devant les juges, mais à la cour du
comte maréchal, où l'accusé n'avait d'autre moyen de soutenir
son innocence que de donner un gage de bataille, fût-il vieux et
infirme en présence d'adversaires jeunes et robustes (27). On
lui reprochait encore des empiétements sur la juridiction de
l'Église et, par là, la violation de ses libertés, contrairement à
ce qu'il avait juré en recevant la couronne; une variabilité de
caractère, une habitude de contradiction qui était un scandale
pour le pays et au dehors; enfin, pour clore dignement cette
liste, la perfidie dont il usa dans l'affaire de l'archevêque de
11—32
498 LIVRE DOUZIÈME.
Ganterbury, l'éloignant du parlement pour qu'on le pût con-
damner sans l'entendre ; captant sa confiance pour se taire
livrer des joyaux qu'il s'appropria; et promettant de le rappe-
ler immédiatement de son exil, quand au contraire, dès son dé-
part, il écrivit à Rome pour faire donner son évêché à un
autre (33). »
Page 305, note a.
Discours de Vévèque de Garlisle. Ghron. anon., Ms. 3884,
fo» 147 verso et 148, et Buchon, p. 32. Il y a des doutes très-
sérieux sur la réalité de ce discours dont les Rôles ne parlent
pas; mais c'est à tort que Kennet, dans sa troisième lettre à
î'évêque de Garlisle sur le prélat dont il est ici question , le
- — suppose inventé par Hall. Il est dans un document contempo-
rain, car tel est évidemment le caractère de la Chronique ano-
nyme; c'est à ce titre, et sous toute réserve, que nous l'avons
cité au seul lieu, à ce qu'il nous semble, où il puisse trouver
—sa place : car il doit précéder l'élection de Henri. Néanmoins,
si la date n'en est fausse, il résulte des registres de Richard le
Scrop, archevêque d'York de 1397 à 1403, que le 19 octobre
__révêque de Garlisle prêta serment de fidélité à l'archevêque
d'York son métropolitain, dans la chapelle de l'hôtel de l'ar-
chevêque. Il n'était donc pas prisonnier alors, et il le fut depuis :
__un ordre du 30 octobre enjoint à l'abbé de Saint- Alban délivrer
I'évêque de Garlisle pour qu'il comparaisse devant le roi. (Voyez
les fragments de ce registre cités dans la troisième lettre de
Kennet, et reproduits par Buchon, Supplém. à Froissarty
. t. XV, p. XI de la préface à la Chronique anonyme sur Ri-
chard II. Voyez la discussion de cette difficulté, Arcliœol.,
t. XX, p. 199.)
Page 305, note h.
Déposition de Richard. Rot. Pari., t. III, p. 422, §§ 51-53,
etKnighton, p. 2757. Gf. VV^als.,p. 360, et M.Evesh.,p, 159.
Voici un peu en abrégé la sentence :
a InDeinomine, Amen. Nous, Jean, évêquede Saint-Asaph,
Thomas, etc., désignés parles pairs et les lords spirituels et tem-
porels d'Angleterre et les communes du royaume, comme com-
missaires spéciaux, siégeant en tribunal, attendu les parjures,
actes de cruauté et crimes dudit Richard, commis pendant son
règne, et publiquement articulés, faits qui sont notoires; vu aussi
la confession dudit Richard, qui se reconnaît insuffisant, etc.,
I
NOTES. 499
ayant délibéré au nom et par l'autorité qui nous est déléguée,
nous déclarons Richard inhabile, insuffisant et tout à fait in-
digne, et nous prononçons qu'il soit dépouillé de toute dignité
et honneur royal, faisant défense expresse à tout arche-
vêque, etc., et homme lige quelconque, d'obéir désormais h
Richard comme à leur roi et seigneur. {Rot. Pari., t. III,
p. 422, §52, etKnighton, p. 2757.)
Page 305, note c.
Revendication de la couronne par Henri. « In the name of
Fadir, Son, and Holy G-ost, I, Henry of Lancastr' chalenge yis
Rewme of Yngland, and the Gorone with ail y* membres and
appurtenances, als I y* am disendit be right lyne of the Blod
comyng fro the gude lorde Kyng Henry therde, and thorghe
yat ryght yat God of his grâce hath sent me, with helpe of my
Kyn and of my Frondes to recever it : the whiche Rewme was
in poynt to be undone for défaut of Grovernance and uudoyng
of the gode Lawes. » {Rot. Pari., t. III, p. 422, § 53.)
Page 306, note a.
Élection de Henri. Rot. Pari., t. III, p. 422, § 54.
Les deux arche vasques le pas
Revindrent par devers le roy,
Qui estoit en très bel arroy ;
Et l'ont droit par les bras mené
Au siège royal, qui paré
Estoit richement près de là.
Le roy devant s'agenouilla.
Et fist dedans ses croisons.
Puis il s'adressa aux prélats et aux seigneurs en latin et en
anglais; et nul n'y contredisant, il s'assit sur le trône :
Las! le roy Richart desaisiz
En fu là pour toute sa vie :
Tant avoient sur ly envie !
Maiz se Dieu plaist , ainsi feront
De cellui qu'imposé y ont.
Il demeura, dit le chroniqueur, longtemps assis en silence :
car pendant ce temps chacun était
En oroyson ,
Priant par grant devocion
500 LIVRE DOUZIÈME.
Pour la bonne prospérité
Gouvernement, paix et santé
Du roy nouvel qu'ils orent fait.
(Biichon, l.XIV, p. 433, 434.)
Page 308, note a.
Banquet à Westminster. Le texte des Rôles porte : « Et in
« alba aula prœdicta Commun' regni, proceribus ac generosis
« illuc in multitudine maxima congregatis eodem die cele-
« bravil. » (T. III, p. 423, § 57.) Celui de Knighton : « Et in
« alba aula praedicta convivium regni proceribus.... congregatis
a eodem die celebravit. » (P. 2760.) Cette seconde leçon nous
paraît préférable. Dans l'autre les communes sont, il est vrai,
de la fête : mais on ne dit pas de quelle fête : et il faut un
régime à celebravit, un objet à la réunion. C'est d'ailleurs ce
que dit Walsingham, qui ici copie les actes : « Recessit ad al-
« bam aulara, ubi eo die convivium solemne celebravit. »
(P. 360.)
Page 309, note a.
Signification faite à Richard. Retrait d* hommage. Le texte
est en anglais, précédé de ce titre, en français, dans le Mémo ~
randum qui est en latin : « Les paroles que W. Thirnyng
parla à monsire Richard, nadgairs Roy d'Engleterre , a la
Toure de Loundres en sa chambre, le mesquerdy prochein
après la fest de Seint-Michell TArchaungell, s'ensuent. «Après
lui avoir rendu compte des événements accomplis depuis son
abdication, savoir : la réunion du parlement, la lecture et l'ac-
ceptation de son abdication, les articles déposés contre lui sur
des faits notoires (ot dont, à ce titre-là, sans doute, on se dis-
pense de lui donner connaissance) ; enfin, le jugement des trois
États du royaume, qui le déclare indigne et incapable de régner,
il ajoute : « And we, procuratours to ail thés states and poeple
forsayd, os we be charged by hem, and by hir autorité gyf-
fen us, and in lier name, zeld zowe uppe for ail the states and
poeple forsayd, homage liège and feaute and ail ligeance and
ail other bondes, charges and services that longe ther to. And
that non of ail thés states and poeple fro this tyme forward ne
bere zowe feyth, ne do zowe obeisance os to thar Kyng. » La
réponse de Richard est reproduite dans la même langue :« And
NOTES. 501
he ansvvered and seyd, That he loked not ther after; Bot he
sayde that after ail this, he hoped that is Gosyn wolde be goode
Lord to hym. » (Rot. ParL.t. III, p. 424, §§ 59 et 60.) Les pa-
roles de Richard dans l'abrégé de Gotton fp. 390j sonc suivies
de cette réflexion : « Who throughly marketh this tragedy,
shall not read the same without tears, and who well noteth the
sequell, shall see new Lords, new Laws and for new bloud-shed
fresh revenge to ensue (Éd. de 1657.)
Page 309 , note a {his) .
Ouverture du parlement de la 1" année de Henri IV, 6 oc-
tobre 1399. Rot. Pari., t. III, p. 416. Ge sont absolument les
mêmes membres qu'à l'assemblée tenue la semaine précédente.
(Voyez les deux listes des pairs. Gotton's Abridgnient, p. 382 et
383.) — Discours du chancelier. Ibid., §§ 3-5.
Page 312, note a.
Chevaliers nommés par Henri. Proissart, lY, 78; Ghron.
anon., Ms. 3884, f" 119, etBuchon,p. 34; Otterbourne, p. 221.
Il fit chevalier son fils Henri, au mépris de l'investiture que
le jeune prince avait déjà reçue de Richard. Toutefois on
fait une distinction : Richard l'ayant fait chevalier banneret,
Henri le fit chevalier du bain. (Voy. Archœol.^ t. XX, p. 206,
note.)
Henri se rend à Westminster : « Et se départit le duc de
Lancastre celui dimanche après dîner du chastel de Londres
pour venir à Westmoustier; et étoit en pur le chef; et avoit en
son col la devise du roi de France ; et étoit accompagné du
Prince son fils, de six ducs, six comtes, dix- huit barons, et la
somme toute de huit à neuf cents chevaliers en sa compagnie.
Et avoit adonc vêtu le roi un court jacque d'un drap d'or à la
façon d'Allemagne; et étoit monté sur un blanc coursier; et
avoit le bleu gertier en la seneslre jambe. Et vint ledit duc
tout parmi la ville de Londres et grand nombre de seigneurs,
vêtus leurs gens chacune de sa livrée et devise,... en convoyant
ledit duc jusques à Westmoustier. Et furent le nombre de six
raille chevaux. Et furent les rues, ledit jour, là où ledit dur
passa, couvertes et parées en plusieurs manières de paremens ;
et eut celui jour, et autre après, neuf brocherons de fontaine
502 LIVRE DOUZIÈME.
en Cep (Cheapside) à Londres, courans par plusieurs conduits,
blanc vin et vermeil. » (Froissart, IV, 78.)
Cérémonie du sacre. Voir le Mémorandum dans Rymer,
t. VIII, p. 90; Greton, p. 438; Chron. anon., Ms. 3884, f° 149
verso, et Buclion, p. 35; Froissart, IV, 78; et Extrait du Ms.
Bodl. 2376, î°' ccYub et suiv., publié dans VArchœoL, t. XX,
p. 275.
Henri avait nommé son jeune fils Thomas sénéchal. C'est
Thomas Percy, vu l'âge du prince, qui en devait remplir les
fonctions. {Memor. ap. Rymer, t. VIII, p. 90.)
Couronnement. Les ducs qui soutenaient la couronne, étaient,
selon Greton, les ducs d'York, de Surrey,
« Oui ne le fit pas de cœur vrai , »
d'Aumarle et de Glocester. Il doit y avoir erreur sur ce dernier.
Ce jeune duc de Glocester était mort, non dans la traversée
d'Irlande, comme le disent plusieurs chroniqueurs (et, nous
l'avons dit plus haut, p. 490, on peut encore admettre, selon
la Chronique anonyme, qu'il ait été chargé avec Arundel de
veiller sur Richard, au retour de Ghester); il était mort d'une
maladie pestilentielle , fort peu de temps après son retour à
Londres : sa mère mourut le 3 octobre, et l'on dit qu'elle mou-
rut de la douleur que sa pei'te lui causa :
Interea transit moriens, nec in orbe remansit
Humfredus dictus, redit iile Deo benediclus;
Defuncto nato, cito post de fine beato
Mater transivit nati dum funera scivit.
(Gower, Chron. Trip., p. 447.)
Voyez aussi Wals., Hypod. Neuslriae, p. 555; Otterbourne,
p. 224; Dugdale, t. II, p. 1 72 : il cite l'inscription du tombeau
de la duchesse. Le monument est donné, avec son inscription,
dans Gough, Monum. of Greal Brltain., t. II, p. 159.
Festin du sacre. Greton, p. 439; Chron. anon.. Aïs. 3884,
f*» 150, etBuchon, p. 35; Extrait du Ms. Bodl. 2376 dans VAr-
chœol , t. XX, p. 376. — Le chevalier Di/mock. Greton, p. 441 ;
Froissai'l, IV, 78. (Voir sur cette famille et sur cette charge hi
note de YArchœoL, l. XX, p. 209, et le procès- verbal du cou-
ronneiuent de Richard II, Bibl. irap., Ms. 6049, f*» 5.)
NOTES. 503
Page 316, note a.
Les prophéties de Merlin ne manquèrent pas de suppléments
en pareille circonstance. L'une de ces prédictions, qui ne laissa
point d'avoir de l'influence sur l'esprit de Henri, portait : « Su-
er perveniet filius Aquilse (Lancastre).... et Asinum (Richard)
« cum pedibus plumbeis accipiet in Occidentali.... Ipsum prœ-
« datorem in regem exaltabunt et conqueret Jheru (Jérusa-
« lem). » On ne doutait pas qu'un si pieux roi ne reconquît la
Terre Sainte. (Voy. ArchœoL, t. XX, p. 257.) Un ermite éleva
une chapelle à Ravenspur, où Henri avait débarqué. Cet ermite
devait avoir plus d'une chose sur la conscience : Henri lui ac-
corda grâce entière de ses fautes, dans la charte qui lui concéda
l'emplacement de la chapelle pour lui et pour les ermites, ses
successeurs. (1" octobre 1399. Rymer, t. VIII, p. 89.)
Page 317, note a.
Réunion du parlement après le sacre, mardi, 14 octobre
1399. Rot. Pari. y t. III, p. 62. Les communes élurent pour
orateur J. Cheyne qui fit la protestation ordinaire, mais qui le
lendemain s'excusa sur son â^e et ses infirmités, et fut rem-
placé par J. Doreward (ibid., §§ 62-64). — Subside des laines:
50 s. par sac pour les indigènes, 60 s. pour les étrangers.
Quant au dixième et au quinzième votés k Richard pour l'année
précédente, on les maintint au nouveau roi pour ce qui était à
percevoir encore, comme pour ce qui était perçu. Mais on sup-
prima le demi-dixième et le demi-quinzième dont le payement
avait dû commencer à la dernière fête de saint Michel. (îbid.,
p. 425, § 65.)
Abolition du parlement de la xxr année. Les communes se
réservèrent de reprendre, par voie de pétition, les actes utiles
qui auraient pu être faits par cette assemblée {ibid., § 66). —
Confirmation du parlement de Van xi, sauf à remettre en déli-
bération les mesures qui ne paraîtraient point profitables, ibid.,
§ 67 ; — réhabilitation de condamnés, ibid., § 68. — Avis du
roi sur les deux parlements de Van xi et de Van xxi, et sa décla-
ration, ibid., p. 426, §70. Cf. sur tous ces actes, Wals.,p. 361.
— Abolition du jugement rendu en Van xx de Richard contre
Thomas Haxey, ibid., p. 430, § 70. Richard, on s'en souvient,
lui avait déjà fait grâce entière. L'abolition des actes du parle-
504 LIVRE DOUZIÈME.
ment de la xxr année faisait revivre les jugements qu'il avait
abolis. Henri en répara les effets à l'égard de Michel de la
Pôle, fils de l'ancien chancelier, comte de Suffolk, et lui rendit
tons les honneurs de son rang, 15 novembre 1399. (Rot. Pari. y
t. III, p. 668, n° 2, append.)
Page 318, note a.
Il y a sur la suite des actes de ce parlement d'assez grandes
difficultés. Le procès-verbal, selon Tusage, comprend deux
parties : les actes communs (placita parliamenti) et les actes
judiciaires (p^aci7a coronx). Les premiers ont leur date; elle
manque aux autres : de manière qu'il est assez difficile de dire
comment ils doivent se rapporter à la série des jours. Ajoutez
que cette dernière partie est fort incomplète et que plusieurs
points importants de la procédure ou du débat ne sont rappelés
qu'incidemment dans la sentence. Heureusement une chronique
sur le couronnement de Henri IV et sur les actes qui suivirent
(Ms. Bodl. 2376), chronique publiée en appendice au tome XX
de Y Archœologia à la suite du poëme de Greton (p. 275-281,
n° vi), nous fournit plusieurs des dates qui manquent au rap-
port officiel. La concordance exacte qu'elle présente avec ce
dernier texte pour celles qui y sont données, permei d'accep-
ter les autres en toute sécurité. Quelques points restent pour-
tant douteux : nous les signalerons dans les notes qui vont
suivre.
Cette chronique elle-même offre dans le manuscrit des la-
cunes qu'il nous paraît possible de combler avec Holinshed : car
cet auteur la reproduit presque littéralement sur tous les poiuis
qui nous restent d'elle, et Ton est en droit de conclure qu'il
continue de la suivre dans les passages intermédiaires qui ont
péri. Ainsi la Chronique s'arrête aux cinq articles relevés par
les communes : c'est Holinshed qui en garde h délail, comme
c'est lui qui reproduit la première scène où fi[>,ure Bagot. La
Chronique ne reprend qu'à la fin pour dire, comme Holinshed,
que Bagot n'eut rien à répondre au fait qui lui était allégu;'.
Quel fait? Celui évidemment dont parle en cet endroit Holin-
shed. Nous y reviendrons ci -après.
Page 3"21 , note a.
Témoignage de Bagot. Getle partie du récit, (|ue nous dérobe
NOTES. 505
la lacune du manuscrit cité, nous est rendue par Holinshed
(t. II, p. 511). Le procès-verbal ne dit pas un mot de la décla-
ration de Bagot, mais son silence ne la doit point faire révo-
quer en doute : car les actes du parlement de la seconde année
de Henri IV (1400-1401) constatent qu'il avait comparu devant
l'assemblée précédente, sous le poids des accusations les plus
graves, et qu'il aVait fait agréer en sa faveur un acte d'amnistie.
(Rot. Pari. y t. m, p. 458, § 24.)
Page 324, note a.
Mission de deux lords pour interroger J. Halle. Ghron. Ms.
BodL, ibid. La Chronique (ainsi que Holinshed) dit que les
deux lords eurent ordre de l'interroger après diner (16 octobre) ;
la confession de J. Halle dans les actes du parlement est datée
du 17. {Rot. Pari., t. III, p. 452, § 11.) — Comparution de Ba-
got et deJ. Halle, Ghron. Ms. BodL, ibid.
Lecture de la déposition deJ. Halle. Ghron. Ms. BodL, ibid.
CL Rot. Pari., t. III, p. 452, $ II. — Défi de Fitz-Walter.
Ghron. Ms. BodL, ibid.
Réplique du duc de Surrey , etc. Ghron. Ms. BodL, ibid.
Toute cette querelle a été mise en scène par Shakespeare.
(Rich. II, act IV, se. I.) Fitz-Walter, qui se défend d'avoir voté
dans le procès de Glocester, figure au moins parmi les lords
convoqués à ce parlement. (Gotlon's Abridgni., p. 366.) — Dé/i
d'Aumarle au duc de Norfolk absent. Ghron. Ms. BodL {Ardueol.,
t. XX, p. 279). Thomas Mowbray, comte maréchal, duc de
Norfolk, était mort le lundi avant la Saint-Michel (22 septeni-
brej. La liste des domaines qu'il laissait en mourant occupe
dix colonnes dans le Calend. Inquis. post mortem , t. III,
p. 266-270.
Page 325, note a.
Bagot ramené enprison. Ghron. Ms. BodL {Archseol., t. XX,
p. 279). — Sa mise en liberté, Rot. Pari, t. III, p. 458, § 24.
Selon la Chronique de Kenilsworth, il se retira à Packington,
où il mourut sept ans plus tard (voy. Archdeol., t. XX, p. 278,
note). Le comte de Rutland et le lord Fitz-Walter firent leur
paix devant le roi à ce même parlement de 1401 (15 mars).
Rot. Pari., t. III, p. 459, § 32.
Condamnation et exécution de J. Halle. Rot. Pari., t. III,
506 LIVRE DOUZIÈME.
p. 452, §§ 11-16, etChron. Ms. BodL, p. 279; Otterbourne,
p. 222. La Chronique donne la date du jugement le samedi
(18 octobre), et le procès-verbal constate qu'il fut exécuté le
même jour. On ne voit pas sur quel fondement Gotton, dans son
abrégé (p. 401), fixe ce jour au mardi, 28 novembre (le 28 no-
vembre 1399 est un vendredi: il faudrait au moins lire le mardi,
18 novembre).
Page 334, note a.
Accusation et défense des seigneurs. Placita coronse : Rot.
Pari., t. III, p. 449. La Chronique manuscrite de la bibl. Bo-
dleienne ne donne les excuses qu'en résumé et en bloc. (Ar-
chœoLy t. XX, p. 281.) Voir aussi le résumé de la procédure
dans le jugement prononcé en anglais par W. Thirnyng, prési-
dent du commun banc {Rot. Pari., t. III, p. 451, § 9). — Le
duc d'Aumarle, ibid., p. 449, §§ 2 et 3; — le duc de Surrey ,
ibid.j p. 450, § 4; — le duc d'Exeter, ibid., § 5; — le mar-
quis de Dorset, ibid., § 6; — le comte de Salisbury, ibid.,
§ 7 ; — le comte de Glocester, ibid., § 8.
Morley et Salisbury. Ms. Bodl. dans VArchœoL, t. XX,
p. 281. Le chroniqueur anonyme (Ms. 3884, f" 149 recto, et
Buchon, p. 33) prend lord Morley dont il est question dans
l'exposé de W. Thirnyng (Roi. Pari., t. III, p. 451, § 9), pour
Thomas Mowbray, duc de Norfolk, comte maréchal. — Sentence.
Rot, Pari., t. III, p. 451, § 9. C'est l'exposé de W. Thirnyng
qui nous marque ici, quoique d'une manière un peu vague, la
succession des jours en disant qu'après les débats (ils eurent
lieu, selon la chronique citée, le 29 octobre) la délibération
des lords eut lieu un matin « on the morning, » et la consulta-
tion des prélats un autre matin et un vendredi « on the morne
that is to wyten on the friday. » Ce vendredi doit répondre au
31 octobre. Notons néanmoins que la Chronique dont le ma-
nuscrit finit au 3 novembre, ne mentionne pas le prononcé du
jugement, et que Holinshed qui la suit, mais qui résume ici
très-rapidement les faits, parle des pétitions des communes
avant de rien dire de là décision prise touchant les accusateurs
de Glocesler.
Page 338, note a.
Statut des proviseurs. « Que nostre dit Seignor le Roy par
assent et advys de tieux sages et dignes personnes queux lui
NOTES. 507
plerra appeller pur conseiller en la matire, purra faire tiele
soeffrance, ordonnance et modération touchant ledit Estatut....
et mesme l'Estatut casser, repeller, irriter et de tout annuller
selonc sa haute discrétion et selon ceo que luy semblera a l'ho-
nor de Dieu et mieulx expédient pur l'onor et profit de son
Roïal Estât, de son dit roialme et de son people. » {Rot. Pari. y
t. III, p. 428, § 85.) — « Que le roi soit en aussi grande liberté
royale comme ses prédécesseurs. » {RoL Parl.y t. III, p. 434,
S 108.)
Page 340, note a.
Pétitions des communes. Suppression des actes de despo-
tisme, etc. Rot. Pari , t. III, p. 433-437, §§ 101, 104, 109-
113. — Juges de Nottingham, p. 442, § 145; — la duchesse
d'Irlande, ibid., p. 432, § 95; — le comte d'Oxford, p. 441,
§ 140 La duchesse d'Irlande, petite-fille d'Edouard III (Wals.,
p. 328), était cousine de Henri; la comtesse d'Oxford était sa
nièce. Voyez Dugdale, Baron., t. I, p. 195. — Confirmation
des amnisties, Rot. Pari., t. III, p. 441, § 139; — confirma-
tion des aliénations de biens confisqués, ibid., p. 445, g 156;
— défense aux grands officiers d'accepter des présents, ibid.,
p. 433, § 99; — juges faisant observer la loi, ibid., § 97; —
juges de la paix, ibid., p. 444, § 151. — Enquête sur les
finances, ibid., p. 439, §§ 127-129. — Privilèges de Londres,
ibid., p. 443, § 146. — Marché de Smith field, ibid., p. 439,
§ 123. Il s'agit du prélèvement d'une bête sur trois, déjà in-
terdit par une ordonnance de la vingt et unième année de
Richard.
Page 341, note a.
Réponses du roi. Voir à la suite des demandes indiquées
dans la note précédente. — Abolition de la clause touchant les
actes du parlement de Van xi Rot. Pari., t. III, p. 442, § 143;
— les crimes de trahison renvoyés à la justice ordinaire, ibid,,
§ \kk. — Suppression des livrées, ibid., p. 428, .^ 84; — assises
en Vabsence du coroner, ibid., p. 429, § 89. — UEtaple, ibid.,
p. 429, § 87 ; — blancs seings, ibid., p. 432, § 93; — confir-
mation des pardons, ibid, § 94.
Conditions de V amnistie. « Le roi le voet : issint que ceux
qui voillent avoir bénéfice de ce^ste pardon, pursuent lour Char-
tres en especial par entre cy et la feste de Tous-Seintz pro-
508 LIVRE DOUZIÈME.
chein a venir. » (Ibid.^ p. 445, § 157.) — Sommes dues à Ri-
chard, ibid.,]). 439, § 124. — Sommes dues par Richard, ibid.,
p. 437, § 116, p. 438, § 117. Pour les maîtres delà garde de
Ghester, le roi dit qu'il se fera rembourser en services, ibid.^
J5 127. — Dommages causés par Richard : réparations à l'ar-
chevêque de Canlerbury; au comte d'Arundel, ibid., p. 434-
436, §§ 109-112; — dommages causés par Varmie du roi,
ibid., p. 433, § 101. — Bons excessifs a réduire, ibid., § 98.
Le décret qui abolit le jugement rendu en la vingt et unième
année de Richard contre l'archevêque de Ganterbury et lui
restitue son temporel, est du 2 1 octobre 1399. (Rymer, t. YIII,
p. 96.)
Page 343, note a.
Confirmation en parlement du jugement sommaire de Bristol.
Rot. Pari., t. III, p. 453, § 17; cf. Wals., p. 362. Dugdale
distingue deux familles du nom de Scrop : Scrop of Bolton
et Scrop of Masham, et il leur donne pour représentants au
temps de Richard II : à la preuiière, Richard le Scrop, chan-
celier en 1372, en 1378 et en 1382, qui eut pour fils Roger,
Etienne et Richard (archevêque d'York); à la deuxième, Henri
le Scrop, qui mourut Tan xv de Richard II, laissant deux fils :
Etienne, lieutenant d'Irlande sous Henri IV, et William, comte
de Wiltshire. {Baronage, t. I, p. 654, 655, et p. 657-659.) Ge
William n'aurait donc aucune parenté, du moins bien pro-
chaine, avec Richard le Scrop. Dans les actes du parlement,
Richard paraît pourtant comme son père. Il s'agit de la con-
firmation du jugement sommaire de William le Scrop, de
Henri Green et de J. Bussy, mis à mort à Bristol : le procès-
verbal ajoute : « A quel temps monsieur Richard le Scrop soy
leva et ove graunte humilité et chière plorant pria au Roy que
rien que serroit fait en le dit Parlement ne tourneroit en dishe-
rilison de dit Bichart ne de ses enfaunlz. Dequel Richard y
fuist demandé, si les ditz pursuite, arreste et juggementz avaunt
dit, et quaunt que fuist fait come desuis est dit, furent bones
ou noun? Et le dit Richard disoit, qu'il ne vorroit ne ne saveroit
dire mes que le pursuite, areste et juggements avaunt ditz, et
quaunt que fuist fait, come desuis est dit, furent bones et pro-
fitables pur le Roy et le Roialme; et que son fitz fuist un de
eux et de ceo il fuist trop dolent, etc. {Rot. Pari., t. III, p. 453,
§ 17.) Je signale cette difficulté aux généalogistes, et fais remar-
I
xuTi-:s.
50'.i
qiier en même temps que dans le Catal. and success. ofKings de
Brooke, catalogue sommaire d'ailleurs et qui n'indique point
ses sources, W. le Scrop est dit fils de Richard le Scrop, con-
trairement h Dugdale. (Catal., p. 353.)
LIVRE TREIZIEME.
Page 347, note a.
Si r Angleterre était pour un changement de dynastie. Voyez
ci-dessus, p. 248, et h l'appui, p. 476, les protestations contenues
dans le défi desPercyen 1403: Extrait d'un ms.de la Chronique
de Hardyng, ap. ArchœoL, t. XVI, p. 140, 141. — La petite
reine. Voir ci-dessus, p. 494. — Mauvais traitements qu'elle
subit. Relig. de Saint-Denys, XX, 7. Le Religieux de Saint-
Denys les rapporte aux conseillers de Richard dès le départ du
roi pour l'Irlande : ce qui est contre toute vraisemblance. —
Honneurs aux gens du duc de Berri et du duc d'Orléans au
repas du sacre. Chron. anon. Ms. 3884, f° 150, et Buchon,
p. 35.
Page 348, note a.
Messages de Henri au pape, au roi de France ^ aux princes
d'Espagne, d'Allemagne. Wals., p. 362. — Dispositions de Bor-
deaux envers Richard et envers la France. Froissart, IV, 79.
Henri nomma Gruallard de Durfort sénéchal d'Aquitaine (23 dé-
cembre 1399), et fit diverses autres nominations pour s'assurer
du pays (24 décembre). (Rymer, t. VIII, p. 118.) Il accorda
aussi diverses faveurs : exemption du droit de P 1/2 sur les vins
que les bourgeois de Libourne chargeront au port de la ville,
26 mars 1400. {Rot. Vascon., an. 1 Henri IV, m. 6. Coll. Bré-
quigny, t. XXXI, f" 222); 100 1. st. sur la dîme des vins, ac-
cordées pour la réparation des murs de la ville {ihid., m. 12.
Coll. Bréquigny, t. XXX, f° 236) ; confirmation des privilèges
des marchands d'Aquitaine, 8 mai 1400. {Rot. Vascon.,^Ti. 2
510 I.IVRE TREIZIEME.
{sic) Henri IV, m. 16 et 17. Coll. Bréquigny, t. LXXIX,
f" 120.) A la date du 2 novembre 1399, le nouveau roi vidime
et confirme la jouissance de deux échoppes, situées sous les
murs du château de Bordeaux, avec un revenu de 20 1., et une
pension viagère de 10 m., accordées par Richard II à une
femme qui Favait soigné dans son enfance. (Rymer, Suppl.
Henri IV, t. I, n° 40. Coll. Bréquigny, t. LXXIX, f° 110.)
Impression que la chute de Richard fait en France. Greton,
reprenant en vers et sur un mode nouveau le fil de son récit,
le fait précéder d'une ballade où il épanche toute son indi-
gnation :
0 tu, Henry, qui as en gouvernance
Pour le présent la terre et le païs
Du roy Richart, qui tant ot de puissance,
Le quel lu as hors bouté et demis,
Et tous ses biens appropriez et mis
A toy, qui es mirouer de traïsons;
Or scet chacun c'onques mais trahis homs
Si faulcement ne fu, comme tu as
Trahi ton roy. Celer ne le peus pas.
Jugier l'as fait par jugement infâme.
Tu en perdras en la fin corps et ame.
Car faulcement, sans mander deffiance,
En larrecin , toy estant fourbanis ,
Luy as emblé sa terre : grant vaillance
N'est pas à toy , certes ce m'est advis;
Veu qu'il estoit hors sur ses ennemis
En Yrelande, où maints durs horions
Receut d'Yrlois, qui sont fiers comme lions.
Ton fils ains né y fist chevalier : las!
Le gueredon à lui rendre oublias :
C'est grand péché : tout le monde t'en blasme.
Tu en perdras en la fin corps et ame.
Car à ly n'as tenu foy n'aliance ,
Comme juré l'avoïes et promis,
Quand faintement, et en nom d'asseurance,
Northomberlant par toy lui fu tramis ,
En promettant sur le corps Dieu, qu'amis
Tu lui seroies, et que c'estoit raisons.
Ainsi le roy, ains qu'il en feust saisons,
De ses chasteaulx vuida, et hault et bas,
Vers toy s'en vint très humblement, hélas!
Honteusement l'emmenas à diffame.
Tu en perdras en la fin corps et ame.
Princes et roys, chevaliers et barons,
Françoiz, Flamens, Alemans et Bretons
I
NOTES. 5 1 1
Deveroient courre sur toy plus que le pas;
Car tu as fait le plus orrible cas
Conques fist homs : c'est pour toy laide famé.
Tu en perdras en la fin corps et ame.
(Buchon, t. XIV, p. 419.)
Page 350, note a.
Les députés de France en Angleterre. Religieux de Saint-
Denys, XX, 14. On trouve dans Rymer, t. YIII, p. 98, le
sauf-conduit accordé à Tévêque de Meaux, à Jean de Hanghest,
sire de Heugueville, et à un huissier d'armes, « envoyés par
nostre très cher cousin de France » (la parenté, on le voit, n'est
pas répudiée) à la date du 31 octobre 1399.
Présentation des envoyés français à la petite reine, Froissart,
IV, 80. — Instructions aux envoyés de Henri. ^< Inter gloriosas
« Reipublicae curas et Regalium solicitudinum fructus uberes,
a œstimamus prœcipuum aliorum principum et regum subli-
me mium sibi copulare prœsidia, ac cum talibus ligarum, afii-
« nitatum et amicitiarum specialium inire fœdera, per quos
o: principatus hinc inde, amoris indissolubilis nexu conjuncti,
œ insurgentibus ex adverso resistere, et ab omni oppressionis
ce clade, coadunatis viribus, poterunt mutuo se tueri. Quod
« dum infra mentis nostrœ prœcordia diligentius tractaremus,
« cum carissimo consanguineo nostro Franciae, nedum hujus-
« modi amoris fœdera stringere, sed affinitatem et parentelam
a contrahere, ligasque firmas spéciales et perpétuas prœ ceteris,
« optabamus inire.... » En conséquence, il donne pouvoirs à
l'évêque de Durham et à Thomas (Percy), comte de Worcester,
pour traiter de mariage : a Inter Henricum primogenitum
« filium nostrum, principem Walliœ, et fratres et sorores suos,
« et libères ipsius consanguinei nostri Franciae aut patruorum
« et avunculorum suorum prsedictorum. » (29 novembre 1399,
Rymer, t. YIII, p. 108.) Dans les instructions relatives aux
trêves, le roi de France est encore le cousin de France {con^
sanguineus)y même date; le roid'Écosse, Vadversaire d'Ecosse,
10 décembre 1399. (Rymer, t. VIII, p. 113.)
Page 361, note a.
Richard enlevé de la Tour. Chron. anon., Ms. 3884, f° 150
verso, et Buchon, p. 36. Otterbourne en fixe le jour au 29 oc-
512 LIVRE TREIZIÈME.
tobre (p. 223). Le Religieux de Saint-Denys dit à tort que Ki-
chard demeura dans la Tour jusqu'en janvier (XX, 11). —
Translation de châieau en château. Le continuateur de la chro-
nique de Groyland nomme Leeds et Pomfret (t. I, p. 494);
Hardyng mentione Leeds, Pykering, Knavesbourg et Pomfret
(ch. cxcix, f° 198). Voy. Archseol.^ t. XX, p. 305, note.
Page 352, note a.
Complot. Greton, p. 442; Ghron. anon., Ms. 3884, f" 151,
et Buchon, p. 37. Widmore (flist. of Westm. abb. ad an. 1399)
proteste que le complot n'eut pas lieu chez l'abbé. Voyez God-
win, Life of Chaucer, c. lut, t. II, p. 551. L'acte de rémission
de l'évêque de Carlisle parle de complots qui se tramèrent à
Londres, en l'église de Saint-Paul, dans la paroisse de Tous-les-
Saints et autres lieux, depuis la Saint-Nicolas (6 décembre) jus-
qu'à la Girconcision. (Rymer, t. YIII, p. 165.)
Page 356 , note a.
La conspiration découverte. Ghron. anon., Ms. 3884, f** 153
verso, et Buchon, p. 42; Religieux de Saint-Denys, XX,
16. Greton (p. 445) est de ceux qui donnent à Rutland l'ini-
tiative de la trahison. Une chronique de médiocre valeur, re-
cueillie par Leland {Colkct., t. I, p. 385), dit que le complot
fut révélé à un soldat de Henri, par une courtisane qui le te-
nait d'un soldat des conjurés. — Teniative sur Windsor, le
lundi b janvier. Les mêmes historiens, et l'acte de rémission de
l'évêque de Garlisle, 28 novembre 1400, Rymer, t. YIII,
p. 165. — Le roi à Londres. Ghron. anon., ibid. ; Wals.,
p. 362; M. Evesh., p. 165; Otterbourne, p. 225. Shakespeare
n'a pas manqué de reproduire une scène qui achève de peindre
Je duc d'York :
Entre Aumale,
La duchesse. Voici mon fils Aumale.
York. Il était Aumale autrefois; mais son attachement à Richard lai a
fait perdre ce titre. Il faut désormais, madame, que vous l'appeliez Rut-
land. Je me suis, devant le parlement, rendu caution de sa fidélité et de
son féal et inaltérable dévouement au nouveau roi.
La duchesse. Soyez le bienvenu, mon fils. Où sont maintenant les
violettes qui émaillent le verdoyant giron du printemps qui vient d'é-
clore ?
I
NOTES. 513
AuMALE. Madame, je l'ignore, et je ne m'en inquiète guère. Dieu sait
que je n'ambitionne pas le moins du monde l'honneur d'en faire partie.
York. Conduis-toi avec prudence dans cette saison nouvelle, si tu ne
veux être moissonné avant d'avoir mûri. Quelles nouvelles d'Oxford? Les
joutes et les fêtes continuent-elles?
AuMALE. Oui, milord, autant que je sache.
York. Tu y seras sans doute ?
AuMALE. A moins que Dieu ne s'y oppose, c'est mon intention.
York. Quel est ce papier caché dans ton sein? Eh quoi! tu pâlis?
Laisse-moi voir cet écrit.
AuMALE. Milord, ce n'est rien.
York. Dès lors, il n'y a pas d'inconvénient à ce que je le voie. Laisse-
moi voir cet écrit.
AuMALE. Je supplie Votre Altesse de m'excuser; c'est une affaire de peu
d'importance; j'ai des motifs pour la tenir secrète.
York. Et moi, monsieur, j'ai des motifs pour désirer la connaître. Je
crains, je crains!
La duchesse. Que craignez-vous? C'est un billet qu'il aura souscrit,
pour paraître dans les joutes en costume élégant.
York. Un billet souscrit par lui-même à son profit, n'est-ce pas? Gom-
ment aurait-il sur lui un billet souscrit au profil d'un autre? Ma femme,
vous êtes une sotte. — Mon fils, je veux voir cet écrit.
AuMALE. Excusez-moi, je vous prie; je ne puis vous le montrer.
York. Je le veux; laisse-moi le voir, te dis-je. {Il lui arrache le papier
et en lit le contenu.) Trahison! abominable trahison! — Scélérat! traître!
misérable 1
La duchesse. Qu'ya-t-il, milord?
York. Holà! quelqu'un! {Entre un domestique.)
York, continuant. Qu'on selle mon cheval! Miséricorde divine! quelle
trahison est-ce là?
La duchesse. De quoi s'agit-ii, milord?
York. Qu'on me donne mes bottes! qu'on selle mon cheval ! — Sur mon
honneur, sur ma vie, sur ma parole, je veux dénoncer le scélérat. {Le
domestique sort.)
La duchesse. Qu'y a-t-il?
York. Taisez-vous, femme insensée.
La duchesse. Je ne veux pas me taire. — De quoi s'agit-il, mon fils?
AuMALE. Soyez tranquille, ma bonne mère; il n'y va que de ma vie.
La duchesse. Il y va de ta vie! {Rentre le domestique, apportant les
bottes d'York.)
York. Donne-moi mes bottes; je vais trouver le roi.
La duchesse, montrant le domestique. Frappe-le, A.umale. Mon pauvro
enfant, tu es tout interdit. — (Au domestique.) Sors d'ici, scélérat; ne
reparais plus devant moi.
York. Donne-moi mes bottes, te dis-je.
La duchesse. York, que veux-tu faire? Pourquoi ne pas tenir cachée la
faute de ton enfant! Avons-nous d'autres fils que celui-là? pouvons-nous
espérer d'en avoir d'autres? L'âge n'a-t-il pas tari ma fécondité? Veux-tu
enlever à ma vieillesse mon fils unique et me dépouiller de l'heureux titie
de mère? Ne te ressemble-t-il pas? n'est-il pas à toi?
York. Femme extravagante, veux-tu tenir secrète cette conspiration
II ~ 33
514 LIVRE TREIZIÈME.
ténébreuse? Ils sont douze qui se «oni muli ellement engagés au pied des
autels, et par leur signature , à tuer le roi à Oxford.
La duchesse. I! n'en fera rien; nous le garderons ici; dès lors, il n'est
pour rien dans ce complot.
York. Arrière! fename insensée! fùt-il vingt fois mon fils, je le dé-
noncerais.
La duchesse. S'il t'avait coûté les mêmes douleurs qu'à moi, tu serais
moins inflexible. Mais maintenant je lis dans ta pensée. Tu as des doutes
sur ma fidélité conjugale; tu le soupçonnes d'être un bâtard, et non ton
fils. Mon cher York, mon époux bien-aimé, bannis de telles pensées. Jamais
fils ne ressemblera plus à son père; il n'a rien de moi ni de ma famille,
et cependant je l'aime.
York. Laissez-moi partir, femme entêtée. (Il sort.)
La duchesse. Aumale, suis-le; monte son cheval; pars à franc étrier;
arrive avant lai auprès du roi; implore ton pardon avant qu'il t'accuse;
je te suivrai de près. Toute vieille que je suis, j'ai la certitude d'égaler
York en célérité. Je me jetterai à genoux, et ne me relèverai pas que
Bolingbroke ne t'ait pardonné. Allons, pars. {Ils sortent.)
Aumale devance son père à Windsor, et entre à pas précipités. Où. est
le roi?
Bolingbroke (Henri). Mon cousin, que signifient ce désordre et ces
yeux égarés?
Aumale. Dieu garde Votre Majesté! je la supplie de m'accorder un mo-
ment d'entretien particulier.
Bolingbroke. Retirez-vous, et laissez-nous seuls. (Percy et les Lords
sortent.)
Bolingbroke, continuant. Que me veut maintenant mon cousin?
Aumale, mettant un genou en terre. Je veux que mes genoux prennent
racine en terre, que ma langue soit clouée à mon palais, si je me relève
ou parie avant que vous m'ayez pardonné.
Bolingbroke. La faute est-elle commise, ou n'est-elle qu'en projet?
Dans ce dernier cas, quelque odieuse qu'elle puisse être, pour obtenir
ton affection dans l'avenir, je te pardonne.
Aumale. Permettez alors que je ferme la porte à clef, afin que nul ne
vienne nous interrompre jusqu'à ce que je vous aie tout révélé.
Bolingbroke. Comme tu voudras. {Aumale ferme la porte à clef.)
York, de l'extérieur. Sire, soyez sur vos gardes; veillez sur vous, vous
avez un traître avec vous.
Bolingbroke, mettant Vépée à la main. Scélérat, je vais m'assurer
de toi.
Aumale. Retenez votre main vengeresse, vous n'avez rien à craindre.
York, de Vextérieur. Ouvrez la porte, roi insensé et trop confiant!
Faut-il que, par dévouement, je vous fas^e entendre en face un langage
coupable? Ouvrez la porte, ou je la brise. {Bolingbroke ouvre la porte.)
Entre York.
Boungbroke. Qu'y a-t il mon oncle? Parlez; reprenez haleine; dites-
moi où est le péril, afin que je me prépare à le repousser.
York. Lisez cet écrit, et vous connaîtrez la trahison que la précipitation
que j'ai mise à venir m'empêche de vous expliquer.
NOTES. 515
AuMALE. Rappele/-vûus, en lisant, la i'roiues.se que vous m'avez faite.
Je me repens; ne lisez point mon nom sur ce papier; mon cœur n'est
point complice de ma main.
York. Il l'était, scélérat, avant qu'elle eût apposé ta signature. Roi,
j'ai surpris ce papier dans le sein du traître, et Ten ai arraché. Le re-
pentir est fils de la crainte et non de l'affection. Oubliez toute pitié pour
lui, de peur que la piiié ne soit un serpent qui vous percera le cœur.
(Shakesp., Richard II, act. V, se. m, traduction de M. Benjamin La-
roche.)
Page 356, note h.
Ordre d'arrestation et appel aux armes, 5 janvier 1400.
Rymer, t. VIII, p. 120. — Armement à Londres. Ghron.
anon., f° 154, verso, et Buchon, p. 42 — Les conjurés à Sun-
ning. Wals., p. 363; Otterbourne, p. 225. Une lettre datée
du lendemain, 6 janvier, ordonne au gouverneur de Calais
d'arrêter les comtes de Kent et de Huntingdon, s'ils viennent
en Picardie. (Ibid.)
Page 358, note a.
Trahison de Rutland. Ghron. anon. Ms. 3884, f"^ 155, et
Buchon, p. 47. Selon le Religieux de Saint -Denys (XX,
16), Rutland ne parla point du nombre des soldats de Henri,
et c'est lui qui donna aux conjurés le conseil d'aller recruter
des troupes dans le pays de Galles : mais à peine avait-on fait
quatre lieues, qu'on tomba dans l'avant-garde de Henri. Rut-
land s'y précipte. — Défense du passage de la Tamise, Reli-
gieux de Sâint-Denys, ibid.\ cf. Ghron. anon.; ap. Buchon,
p. 45. Les deux auteurs ont, pour tout le récit de cette conju-
ration, d'étroits rapports. Dans le Ms. 3884, f° 156, il est dit
que le comte de Kent défendit trois jours cette position. Le
texte de Buchon supprime ces trois jours, et avec toute raison.
Les deux textes et le Religieux de Saint-Denys font aller les
conjurés à Oxford avant de gagner Girencester. Ils font figurer
Jean de Holland (ancien duc d'Exeter) dans cette campagne.
Walsingham (p. 363) le fait rester à Londres, attendant l'issue
de Tentreprise. Jean de Holland n'était pas le moins ardent des
conjurés. Quand on admettrait qu'il ne soit point allé avec les
autres à Windsor, il n'est pas probable que, le coup manqué,
il se soit retiré à Londres. S'il était resté à Londres, on s'ex-
pliquerait moins comment son arrestation, ordonnée le 5,
n'aurait point été opérée avant le 10. (Rymer, t. VIII, p. 120
et 121). Mais il est possible, contrairement à l'assertion
516 LIVRE TREIZIEME.
de nos deux chroniqueurs et du Religieux de Saint-Denys,
qu'il ne soit pas allé à Girencester. Henri, qui le nomme
parmi les chefs de la révolte dans une ordonnance relative aux
suites de cette rébellion (24 février 1400, Rymer, t. VIII,
p. 125), ne mentionne que les comtes de Kent et de Salisbury,
dans deux autres décrets où il s'agit particulièrement de l'affaire
de Girencester (ibid,, p. 130 et 150). Il se peut donc qu'il ait
été ailleurs pour propager la révolte. L'ordonnance même de
Henri, en date du 24 février, prouve que le mouvement s'était
étendu k divers comtés et jusques au comté de Ghester.
Marche des conjurés vers Cirencesîer. Walsingham et Otter-
bourne après lui, disent que passant par Sunning ils s'y ren-
dirent par Wallingford et Adingdon. Dans la lettre de rémissiou
de l'évêque de Garlisle, on nomme, comme lieux marqués par
la révolte, Brampton, Wantage etFavingdon. (Rymer, t. VIII,
p. 165.) Froissart mentionne Golnbrook, Brentford, Saint-
Alban et Berkhamsted. Nos deux chroniqueurs disent qu'après
le passage de la Tamise, ils se rallièrent à Oxford. (Voy, Ar-
chœol.y t. XX, p. 214, note.)
Page 359, note a.
Affaire de Girencester. Ghron. anon., f° 156 verso, et 157,
et Buchon, p. 46; Greton, p. 447; V^als., p. 363. Gontin.
GroyL, t. I, p. 495. Hardyng, ch. cxcix, f" 198, b.) Les femmes
se signalèrent comme les hommes dans ce soulèvement contre
les conjurés. Le roi, en récompense, abandonna aux habitants
tout le bagage qu'ils avaient laissé dans leur ville, et y joignit
diverses gratifications. (28 février et 15 juillet 1400. Rymer,
t. VIII, p. 130, 150 et 151. Gf. ArchœoL, t. XX, p. 215.)
Mort des comtes de Kent et de Salisbury. Ghron. anon.,
ibid. Rehgieux de Saint -Denys, XX, 16. Selon Walsingham
(p. 363), les deux comtes s'étaient rendus, et ne furent mis à
mort que quand les habitants virent leurs maisons livrées aux
flammes. Le continuateur de la chronique de Groyland est
heureux de noter que le comte de Kent fut décapité l'anniver-
saire du jour où il avait envahi son abbaye. (T. I, p. 495.)
Greton se trompe en faisant périr alors Jean de Holland, an-
cien duc d'Exeter; Walsingham ayant supposé (à tort, selon
nous) qu'il n'avait pas quitté Londres, dit qu'il s'enfuit dans le
comté d'Essex. G'est aussi là que le fait aller la chronique ano-
NOTES. 517
nyme (Buchon, p. 49). A quelques pages plus loin (Ms. 3884,
f° 155, et Buchon, p. 56), on lit qu'arrivé en Ecosse, il fut
arrêté. Il n'est pas douteux que c'est Essex encore qu'il faut
lire; c'est un lapsus de l'auteur, et non pas une simple faute
de copiste : on lit Ecosse dans tous les manuscrits et même dans
le Religieux de Saint-Denys (XX, 16).
Page 360, note a.
Supplice de Th. Blount et de Benoit Sely. Ghron. anon.,
f° 160, et Buchon, p. 50-52. Religieux de Saint-Denys, XX,
16. Cf. l'acte de rémission de l'évêque de Garlisle, Rymer,
t. VIII, p. 165.
Page 362, note a.
Les têtes des suppliciés portées à Londres. Ghron. anon.
Ms. 3884, f" 160, et Buchon, p. 52. Religieux de Saint-Denys,
XX, 16. Dans le manuscrit 3884, on lit le mercredi 16 janvier:
le 16 janvier était un vendredi. D'autres textes et le Religieux
de Saint-Denys disent le 16 janvier, sans donner le jour de la
semaine.
Entrée de Henri IV. Ms. 3884, fM61. La tête du comte de
Kent demeura exposée sur le pont de Londres jusqu'au 2 mars.
Sa veuve obtint alors un ordre aux shériffs de la lui remettre.
(Dugdale, Baronage, t. II, p. 77.) — Henri craignait la main de
la France dans ce complot. A la date du 14 janvier 1400, il en-
joint aux gardes du port de Londres de ne laisser passer aucun
sujet du roi de France. (Suppl. Rymer, Henri IV, t. I, n*» 96.
Goll. Bréquigny, t. LXXIX, f'' 119.)
Page 363, note a.
Arrestation et supplice de Jean de Holland comte de Hun-
tingdon. (Ghron. anon., Ms. 3884, f° 165-166, et Buchon,
p. 56-60.) Le château du Plessis est indiqué par Walsingham
(p. 363). Selon cet historien, après avoir tenté de nouveau de
fuir par mer, repoussé par les vents, il s'était réfugié dans la
maison d'un ami où il fut arrêté ; on le mena dans la ville de
Ghelmesford, puis au Plessis comme en un lieu plus sûr, et
on l'exécuta à la place même où Glocester avait été arrêté,
le jour de Saint -Maur (15 janvier). La chronique donnée
518 LIVRE TREIZIÈME.
par Leland {Coll., t. I, p. 697) dit aussi qu'il fut pris en Es-
sex et décapité au Plessis : « J. Holand dux Exoniae captus in
« veste simplicis apud Putwel in Essex et apud Pleshery de-
collatus. » Le moine d'Evesham y joint cette particularité re-
marquable, que ce fut par ordre de la comtesse de Hereford :
circonstance qui relie le récit de notre chroniqueur anonyme à
celui des deux autres, et le confirme singulièrement : « Et non
« multo post dominus Johannes Holont (HoUand), comesHun-
a tingdon, frater régis Ricardiex parte matris, apud Plaschet in
« Estsexia per comitissam Herefordiœ captus et decollatus est. "
Il est à regretter qu'il ait renoncé à en raconter les circon-
stances, de peur, dit-il, d'ennuyer le lecteur. « Gujus captionis
a modumadprœsensocculto, proptert8ediumlectorum(p.l68). »
Hardyng enfin est d'accord avec le moine d'Evesham sur le lieu
de la mort de J. de Holland et sur le rôle de la comtesse :
a Therle also of Huntingdon ded flee
And brought unto the countess of estate
Of Hereforde then; who had hyru forlh algate
To Plashye, where she made men hym hede
Without counseyll of any lorde or rede. «
(Hardyng's Ghron., ch. cxcix, f" 198, a.) Selon Otterbourne
(p. 227), la comtesse dut livrer le prisonnier aux paysans, qui
voulurent le faire périr au lieu même où Glocester avait été
arrêté.
Il y a pourtant une pièce qui semble invalider ces traditions.
C'est une lettre du roi en date du 10 janvier, qui ordonne au
gouverneur de la Tour de Londres d'y recevoir le comte de
Huntingdon des mains de celui qui le lui amènera. (Rymer,
t. VIII, p. 121.) Cet ordre fut-il exécuté, ou bien a-t-il été
donné par le roi quand il sut que le comte était au pouvoir
de la comtesse de Hereford, et ne doutait pas qu'il ne lui lût
livré? Devant l'accord d'historiens si divers qui font mourir le
comte de Huntington au Plessis, nous avons incliné vers cette
dernière conjecture. M. Webb croit que le comte fut réellement
détenu à la Tour, que ce fut là qu'il fut décapité, et que si sa
tête, après avoir été exposée sur le pont de Londres, fut ensuite
portée au Plessis, oîi on l'inhuma, ce fut pour l'exemple. (Ar-
ch^oL,t.XXf p. Sl,note. Cî. Litt. claus.,Sin. 1 Henri IV, p. i,
m. 16, et Dugdale, Baron., t. II, p. 80.) — Sur cette comtesse
Jeanne, sœur du comte d'Arundel, femme d'Humphrey de
NOTES. 519
Bohun, comte de Hereford, et belle-mère tout à la fois du duc
de Glocester et du roi Henri IV, qui avaient épousé ses filles
Alienor et Marie, voyez Dugdale, t. I. p. 187 et 318.
Page 364 , note a.
Th. le Despenser. M. Evesh., p. 166, 167. Cf. Wals.,
p 363. Ces condamnations sommaires furent ratifiées au par-
lement suivant, et en une seule fois. Les comtes de Kent, de
Huntingdon et de Salisbury, Despenser et Lumley, y furent
déclarés traîtres, et leurs biens confisqués. (15 mars 1401, Rot.
Pari., t. III, p. 459, § 30.) Rutland et Sommerset y furent,
au contraire, le même jour, pleinement réhabilités en récom-
pense de leurs services. (IbicL, p. 460, § 33.) Rutland fut
même, vers ce temps-là, désigné dans le conseil pour aller en
{Guyenne. Proceed., t. I, p. 119.)
Page 366, note a.
Arrestation de R. de Walden, etc. Ghron. anon., ibid., et
Buchon, p. 62. L'ordre de recevoir k la Tour Thomas, évèque
de Garlisle, et Roger Walden, clerc (c'est ainsi qu'on désigne
l'ancien primat), est du 10 janvier 1400. (Rymer, t. YIII,
p. 121.) — Condamnation de V évèque de Carlisle. Wals.,
p. 363; Otterbourne, p. 228. — Exécution de la sentence pour
les autres. Ghron. anon., ibid. Ferriby est joint à Maudelein
dans cette exécution par le moine d'Eveham (p. 168), Otter-
bourne (p. 228),Hardyng, ch. cxcix, f 198 6, et une chronique
de Leland (t. I, p. 697). On trouve de plus, parmi les actes
encore inédits, un ordre du shérifl" de Kent pour le recouvre-
ment des effets des conspirateurs nommés R. Maudelein, clerc,
et W. Ferriby, clerc, décédés. (Rymer, Donat. mss. Brit.
Mus. I, 14 596, p. i50, cité dans ÏArchœoL, t. XX, p. 9L) Cet
accord de témoignages paraît concluant. Il faut donc renoncer
à voir le même personnage dans un maître W. Ferriby, qui
accompagne, comme chanceUer, le prince de Galles dans son
expédition contre les Gallois rebelles. (Lettre de Henri IV au
conseil, 10 juillet 1403 Proceedings, t. I, p. 206.)
Waldeu devint un peu après évèque de Londres. (Godwin,
de Prœsulibus Aiigliss, p. 186.) L'évêque de Garlisle, dépouillé
de son siège pour être transféré à celui de Samos, in partibus
520 LIVRE TREIZIÈME.
infideliurn (le nouvel évêque de Carlisle, son successeur, prit
possession dès le 15 novembre 1399, Rymer, t. YIII, p. 106
fut confiné d'abord dans l'abbaye de Westminster (23 juin
1400, ibid., p. 150), et amnistié le 28 novembre suivant (ibid.,
p. 165). Il se retira ensuite à Oxford, obtint une prébende
dans l'église d'York, et, par la faveur du roi, un vicariat dans
le diocèse de Salisbury. On voit du reste que cette faveur ne lui
rendit pas l'équivalent de ce qu'il avait sacrifié, et rien n'auto-
rise à croire qu'il ait jamais répudié le souvenir de celui dont
il avait si noblement soutenu la cause. (Voyez la troisième
lettre du docteur Kennet, citée dans YArchœoL, t. XX, p. 86-
88, note c.) Selon une note ajoutée à sa vie dans Godwin, il
aurait reçu, le 3 août, la cure de Todenham, dans le comté de
Glocester, où il mourut, et fut remplacé le 13 janvier 1409,
par Robert Ely. (Godwin, de Prœsid.j p. 767, n. p).
Extension des massacres populaires. — Répression : « Pour
cause que commissions sont faites parmy le roialme d'enquere
entre autres de tous ceux qui furent., a celle treson.., chescun
veisin par malice purra accuser son veisin come ils font de jour
en autre dont grande trouble pourra sourder par tout le
roialme a très grand péril dicellui : il semble chose expédient..
que, certeines personnes principaulx a excepter, selonc la boue
et graciouse discrecion du Roy, pardon gênerai soit grantez et
ottroiez a tout le peuple du roialme....
« Item, considère coment les comunes du roiaume a cause
de la destruccion des contes de Kent, de Sarum et de Huntyn-
don et du sire le Despenser et autres traitours a ce Roy, sont
devenux si fiers qu'ils n'eschuent de destruire volentrivement
pluseurs des liges du Roy sans aucun processe de la loy en ma-
naceant de faire semblablement en temps avenir.... En caz
qu'ils pourront estre asteintz, qu'ils soient puniz par la loy en
essample des autres. Qar l'en suppose que les justices en lour
sessions ne pourront faire aucun redresse en celle partie pour
destourbance et fiertee des communes queux ne sont de bone
voloir d'estre desouz estroit governance » (février 1400; Pro-
ceed., t. I, p. 107, 108). — Le conseil demandait en outre que
les juges de paix et les vicomtes eussent commission pour ré-
primer les soulèvements; qu'on mît à leur disposition des gens
qui fussent à la solde du roi, et que, pour en faire les frais, le
roi retînt tous les biens confisqués. (Ibid., p. 109.) On excep-
tait de l'amnistie le comté de Ghester et ceux que le roi
rit B
m ^H
NOTES. 521
désignerait avant le l" mars (Ibid.) Pour la garde du roi,
on leva des écuyers et des archers qui devaient, à tour de rôle,
faire le guet auprès de sa personne. Ordre était donné de
veiller à ce que les vivres qui leur étaient fournis fussent régu-
lièrement payés. (Ibid., p. 110.)
Ordonnance du roi contre les exécutions popidaires : « Gum
« diversae congregationes et insurrectiones contra nos et coro-
« nam nostram tam per Thomam nuper comitem Kantiae, quam
« Johannem nuper comitem Huntyngdoniae, Johannem nuper
a comitem Sarum, et Thomam Despenser, chivaler, ac alios
« proditores et rebelles nostros, quam per subditos nostros in
ce comitatu Gestriœet aliis de regno nostro Aiiglice.. factœ fue-
« runt; ac pro eo quod quidam de communitate dicti Regni
« nostri quamplura pericula... multipliciter formidantes, quos-
« dam proditorum.... absque auctorilate.... et absque processu
a legis..., decollarifecerunt.. » — Défense, sous peine de trahi-
son, de continuer ces exécutions sommaires. (24 février 1400.
Rymer, t. VIII, p. 125.)
Page 3(59, note a.
Mort de Richard. Lettre des Percy; manifeste de l* archevêque
d'York; voir la note suivante. — Ouverture du cercueil de Richard
à Westmi72ster. Voyez Archœol.,t. VI, p. 315 ; et, sur cet impor-
tant débat, l'opinion de M. Webb, qui croit que Richard mou-
rut de mort violente (Archœol.j t. XX, app. vu, p. 282), cslle
de M. Th. Amyot, qui la combat dans deux lettres i\ M. Ellis
{ibid., p. 424 et suiv.), et celle de M. Tytler, qui prétend les
départager, en soutenant que Richard n'était pas mort. {Hist.
ofScotland, t. III, p. 325-386.) Nous y reviendrons ci-après.
Page/^Ô, note a.
Témoignage de Walsingham. « Richardus (quondam rex An-
« gliœ) cum audissethaec infortunia, mente consternatus, semet-
« ipsum exstinxit inedia voluntaria (ut fertur) clausitque diem
<t extremum apud castriim de Pontefracto, die sancti Valentini »
(p. 363). — Autres témoignages. M. Evesham, p. 169; Otter-
bourne, p. 228, 229; Gont. Groyl, t. I, p. 495.
Lettre de défi des Percy : « Tu ipsum dominum nostrum re-
« gem et tuum proditorie in Castro tuo de Pountefreite, sine
522 LIVRE TREIZIEME.
« coiisensu suo seu judicio dominorum legni, per quindeciin
~i dies et tôt nocles, quod horrendum est inler Ghristianos au-
« diri, famé, scitu [sili ?] et frigore inlerfici fecisti et murdro
« periri.» {Archœol., t. XVI, p. 141.)
Manifeste de V Archevêque d'York : « Ad castrum de Pomfret
« eumdeduxerunt...ubibreviter,utvulgariterdicitur,qiiindecim^
a dies et totidem noctes in famé, siti et frigore vexaverunt et
« cmcifixerunt et tandem morte turpissima, adhuc regno nostro
a Angliœ penitus inaudita, sed gralia divina diutius non celauda,
M interemerunt et occiderunt. » {Anglia Sacra, t. II, p. 365.)
_Opinion de Hardijîig, ch. ce, f" 199 a. L'auteur, dit M. Amyot,
ne dit pas si sa mort fut volontaire ou forcée. {Archœol. j t. XX,
p. 432.) L'expression forhungered he ivas me parait assez forte
pour que le sens n'en soit pas douteux.
Page 371, note a.
Témoignage du moine d'Evesham. M. Evesham, p. 169.
L'éditeur ne signale aucune trace d'interpolation dans ses ma-
~ nuscrits. C'est évidemment dans le même sens que Gaxton
(en 1480), avant de recueillir la tradition du meurtre à main
armée, avait entendu que Richard était mort de faim quand il
dit : a And than anondyed king Richard in the castle of Pounl-
fred, in the North Contre. In ther he was enfamyned unto the
dethe by his kepar, for he was kept ther four or five dayes
from mêle or drynke. And so he made his ende in this worlde,
yet moche peple in Englo'd and in other landes sayd that he
was alive, many yere after his death. » (Caxton, cité dans la
première lettre de M. Amyot. Archœol. , t. XX, p. 426.) Nous
sommes étonné que M. Amyot n'ait pas relevé le sens de ce
passage qu'il cite, non plus que celui du texte du moine
d'Evesham, qu'à la vérité il ne cite pas.
Page 374, note a.
Richard mort de faim au bout de quatre ou cinq jours. Gon-
tin. Groyl., t. I, p. 495 (l'auteur est pour la mort volon-
taire) et Chron. de Godstow, citée par Hearne, Ropefs Life of
Jflore : « Tandem a cibo etpotu per quatuor vel quinque dits
« restr ictus j famis inedia exspiravit, » (p. ^37, et Archœol.,
t. XX, p. 432, n. u). On lit la même chose dans une autre
NOTES. 523
; chronique (Harlei. ms. 4323, p. 68), citée par M. Webb,
ArchœoL, t. XX, p. 282, n. e. Ces textes ne peuvent guère se
ranger du côté de ceux qui croient à la mort volontaire.
Richard mort de faim en quinze jours et quinze nuits. —
Manifeste de V archevêque d'York, cité ci-dessus. M. Webb
rapporte l'exemple de David, prince d'Ecosse, mis à mort vers
le même temps (Pâques 1401), à peu près de la même façon.
(Scoticronicon. L. XV, ex. Archxol., t. XX, p. 285, n.k.)
Aux arguments de ceux qui veulent protéger la mémoire de
Henri IV, M. Webb oppose une observation très-forte. Henri
fut, dans un temps fort rapproché de la mort de Richard, ac-
cusé de l'avoir fait mourir. Les deux Percy, l'archevêque d'York,
dans leurs proclamations , le duc d'Orléans, dans une lettre
' ^de défi (Monstrelet, I, 9), lui jetèrent successivement cette
accusation à la face. Il avait un moyen de défense non sans
réplique, mais naturel : c'était, comme pour la mort de Glo-
^__cester, de faire une enquête; si on n'en fit pas, c'est qu'on n'es-
pérait guère qu'elle pût tourner à son honneur. (V oyez Archœol. y
t. XX, app. n° VII, p. 382.) Le vieil historien Hayward, se de-
mandant si Henri a ordonné la mort de Richard, ne regarde^
pas comme douteux qu'il l'ait désirée et qu'il y ait consenti.
(Life of Henri IV, p. 282.)
Date de la monde Richard. Elle est donnée par Walsingham,
p. 363, et par le moined'Evesham, p. 169. Il y a une pièce qui
pourrait faire croire qu'elle arriva plus tôt, et montre au moins
qu'on y crut plus tôt en France : c'est un acte de Charles VI re-
latif à la trêve avec l'Angleterre, et daté de Paris, 29 janvier 1 399
(1400). Il commence ainsi: « Gomme l'an de grâce MGGGXGVI,
vivant lors feu nostre très chier et très amé fils Richard, na-
guères roy d'Angleterre.» (Rymer, t. VHI, p. 124), Le
29 janvier, Richard était donc mort ou réputé mort en France.
S. Harris Nicolas, dans la préface de son importante édition
des Actes du conseil privé, exprime au contraire l'opinion que
Richard n'était pas mort le 14 février, parce que, dans un
conseil tenu en ce mois, on fut d'avis, « qu'en cas que Richard,
naguère roi, soit encore vivant, il soit mis en sûreté agréable
aux seigneurs du royaume; et, s'il soit allé de vie à trépasse -
ment, qu'adonc soit-il montré ouvertement au peuple, afin
qu'ils en puissent avoir connaissance. » {Proceed., t. I, p. m).
Il me semble qu'on n'eût pas émis ce doute dans le conseil :
Richard est-il mort? si l'on n'avait eu des raisons de croire
524 LIVRE TREIZIÈME.
^qu'il n'était plus en vie. Du. reste, le jour de ce conseil n
pas donné ; tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il fut postérieur au
2 février et antérieur au 1" mars, ou même au 24 février,
date d'une ordonnance rendue sur sa demande. L'avis du con-
seil prépare ici encore la mesure que Henri exécuta en faisant
-exhumer le corps de Richard pour le faire porter à Saint-
Paul.
Page 378, noie a.
Funérailles de Richard , sans honneur à Pomfret. Ghron.
anon. Ms. 3884, f° 164, et Buchon, p. 55 : « Et la fut-il eu-
sevely comme un povre homme. » — Le corps exhumé et pro-
mené par les villes d'Angleterre jusqu'à Londres (12 mars),
ibid.j f° 368, et Buchon, p. 64; Froissart, IV, 82. « Corpus
« ostensum fuit, ea pars saltem corporis per quod cognosci po-
« tarât, faciès scilicet ab ima parte frontis usque ad guttur. »
(Otterbourne, p. 229.) Le roi Henri assista aux 'funérailles, et
après la cérémonie il fit porter le corps au château de Langley,
d'où plus tard Henri V le fit ramener à Westminster. A Lan-
gley toute démonstration était finie ; le corps fut enterré/ sans
assistance, et Walsingham se plaint qu'on n'ait pas même servi
le repas d'usage aux officiants : « Perfeceruntque supremum
« officium Episcopus Gestrensis, abbas sancti Albani, et abbas
« de Waltham, sine magnalum prœsentia, sine populaii turba^
« nec erat qui eos invitaret ad prandium. » (Wals., p. 363.^
Cf. Hardyng, ch. ce, fM99 :
But then the Kyng hym faste to Langley sent
There in the frères to be buryed secrètement.
A propos de cette exposition même de Richard, Greton, re-
venant sur sa chute, signale avec beaucoup de sens l'amitié du
jeune roi pour la France parmi les causes qui Font perdu. « Si
c'était lui, dit-il :
Prié-je de vray cuer à Dieu,
Qui est miséricors et pieu,
Qu'il vueille es sains cieulx avoir l'âme
De ly, car il haioit tout blasme
Et tout vice, par mon advis,
NoQcques en ly riens je ne vis
Fors foy catholique et justice :
Si ly fi-je sept mois serviça ~
l'est H
' an I
NOTES. 525
De ce que je le povoy servir,
Pour aucunement deservir
Les biens que il m'avoit promis.
Et je crois qu'il ne fu demis
Ne trahy, fors tant seulement
Pour ce qu'il aimoit loyaument
Le roy de France, son beau père,
De vray amour et singulière,
Autant qu'omme qui fut en vie.
Ce fu la racine et Penvie;
Nonobstant qu'ilz l'y miret sus
Qu'il avoit fait mourir les ducs
Ses oncles, par son fol oultrage,
Et qu'il n'estoit prudent ne sage
Pour le royaume gouverner.
D'autres choses assez conter
""Vous pourroie que chascun dit;
Mais, certes, je vous cuide avoir dit
Le vray, comme je puis entendre :
Et si je dévoie l'ame rendre
Si demouroy-je en ceste colle;
Car comme gent mauvaise et folle,
Héent Françoiz mortellement.
S'ils osoïent monslrer comment.
(Buchon, t. XIV, p. 452-453.)
Page 479, note a.
Richard en Ecosse. Voyez Tytler, Hist. of Scotlmid (1829),
t. III, p. 94, et l'appendice, p. 326-386. Nous y empruntons
les textes curieux qui suivent. — Comment il fut découvert :
par la belle-sœur du lord des îles. Winton^s Chron.y t. II,
p. 387-389; — par un fou : Fordun a Groodal (continué par
Bower), t. II, p. 427 : ^ Isto modo rex Ricardus fuit regno
Œ privatus, et perpetuis carceribus, cito deficiendus, deputalus ;
a sed subtiliter abinde ereptus, et ad insulas Scotiœ trans-
<< vectus, et in coquina Dovenaldi, domini Insularum, a quo-
« dam fatuo qui in curia régis Ricardi, dum floreret, educatiis
« fuerat, cognitus et repertus, et a dicto domino Insularum ad
« Regem Scotiae Robertum Tertium per Dominum de Monte-
« Gomorry transmissus, cum quo, dum rex Scotiœ vixerat, re-
« verenter, ut decuit, procuratus, et post mortem régis Duci
^c Albauiae, gubernatori Scotiœ, praesentatus ; cum quo regifice
« quoad statum honoratus, tandem in Castro de Strivelyn mor-
« tuus, et in ecclesia fratrum ejusdem ad aquilonare al taris
« cornu tumulatus. » — « Hic Ricardus fuit filius Edwardi,
526 LIVRE TREIZIEME.
« principis Wallise, filii Eduardi Windesor, qui rexit annis
« viginli duobus; mortuiis sine liberis. d
Une chronique d'Ecosse écrite, à ce que suppose M. Tytler,
"après Fordun et avant la continuation de Bower, rapporte que
lorsque le vieux comte de Northumberland se réfugia en Ecosse,
Richard refusa de le voir (p. 337). Elle dit aussi qu'il mourut à
Sterling, à la fête de sainte Lucie [1419] , et fut enterré au nord
du grand autel des Frères-Prêcheurs : et elle donne cette épi-
taphe en vers fort incorrects :
« Angliae Ricardus jacet hic rex ipse sepultus.
Loncaste quem dux dejecit arte mota [mala?J.
Prodicione potens, sceptro potitur iniquo.
Supplicium luit hune ipsius omne genus.
Ricardum inferis hune Scotia sustulit annis
Qui eaustro [castro] Striveling vite [vitae] peregit iler.
Anno milleno quatereeno quoque deno
Et nono Christi régis finis fuit iste. »
(Exlr. ex Chronicis Scotiœ, f" 263, verso.)
Documents officiels. En 1408 : « Et mémorandum quod
« dictus dominus gubernator regni non peciit neque recepit ad
a presens aliquam allocationem pro expensis suis factis super
« Ricardum regem Angliœ ; et Nuncios {sic) Francise vel Wallise
« diversis vicibus infra regnum veulent : circa quos multa expo-
« suit, ut est notum. » {Rotuli Compotorum, vol. iii, p. 18.) —
En 1414 : a Et mémorandum quod dominus dux gubernator
M regni non recepit allocationem aliquam pro expensis régis
« Ricardi, a tempore obitus bone memorie Domini régis fra-
« tris sui uUimo defuncti. » {Ihid., p. 69.) Même formule en
1415. Enfin, en 1417 : « Et mémorandum quod dominus gu-
et bernator non recepit allocationem pro expensis et oneribus
« quas sustinuit pro custodia régis Ricardi Anglie, a tempore
« obitus bone memorie quondam domini régis fratris sui, jam
a per undecim annos. Quas expensas annuatim domini audi-
« tores compolorum estimant ad minus fuisse in quolibet anno
j< centum marcas. Quse summa se exlendit pro annis prseteritis
« ad vii*" xxiii lib., vi sh., viii d., quse summa debetur domino
« duci. » (Ibid.) Voyez Tytler, Hist. of Scotland, t. III,
p. 327-339.
M. Tytler demande s'il ne serait pas extravagant de supposer
que la cour d'Ecosse eût fait pendant plus de onze ans de pa-
reilles dépenses pour un pauvre fou (p. 340)? La cour d'Ecosse
NOTES. 527
était capable de bien des choses pour tenir en échec la cour
d'Angleterre. M. Tytler consacre le reste de sa dissertation à
combattre les raisons qui ont fait croire que Richard était mort
,à Pomfret; et Walter Scott les a accueillies dans son histoire
(t. I, p. 249, 250, du Cabinet Cyclopœdla de Lardner) . Mais
ces raisons ne peuvent lutter contre les témoignages que l'on
a vus plus haut et que M. Amyot a repris, pour combattre l'o-
pinion de Tytler, dans une dissertation spéciale {Archœol.^
t. XXIII, p. 277-293); et elles cèdent aux arguments décisifs
que Ton trouvera rapportés dans la note suivante.
Page 381, note a.
Croyance à la mort de Richard en France. Nous avons cité
la pièce où Charles VI en parle comme déjà mort le 29 jan-
vier 1400. (Voyez ci-dessus, p. 523; l'original est aux Archives,
carton J, 644, n° 24.) On retrouve les mêmes expressions ou de
semblables dans d'autres lettres des mois suivants, qui sont au
même dépôt, 4 mars 1399 (1400), (J, 644, n« 24'), et 26 mars
{ibid., n° 25) : « Gome l'en nous a rapporté nostre très cher
et très amé filz le roy Richart d'Engleterre est allé de vie à
trespassement, » etc. Richard est encore tenu pour mort dans
les pouvoirs donnés aux commissaires français pour réclamer
la restitution de la reine Isabelle (26 mai et août); dans l'avis
du conseil sur les propositions des Anglais à ce sujet (22 juillet) ;
dans les instructions des ambassadeurs envoyés au roi d'E-
cosse pour lui rendre compte des négociations engagées avec
l'Angleterre, et lui donner l'assurance que les dispositions de
la France à l'égard de l'Ecosse sont toujours les mômes, et
qu'on ne conclura rien sans elle (août 1400). {Trésor des
Chartes^ J, 645, n°« 6, 12 et J, 922). Ces dernières pièces ont
_été publiées par M. Douet d'Arcq, Pièces inédites^ t. I, p. 171,
'182 et 185-193).
Dès ce temps-là néanmoins, et à la suite même des honneurs
funèbres rendus à Richard pour prouver qu'il était mort, le
bruit avait couru en France qu'on avait exposé un faux Ri-
chard; et Greton s'en fait l'interprète. Il commence par rap-
porter ce qu'on voulait accréditer en Angleterre, que Richard
s'était laissé mourir de faim : et cela le préparait à l'incrédulité :
Après, le roy de ces nouvelles
Qui ne furent bonnes ne belles,
528 LIVRE TREIZIEME.
En son cuer print de courroux tant
Que depuis celle heure en avant
Oncques ne menga ne ne but,
Ains convint que la mort receut,
Comme ils dient ; maiz vrayement
Je ne le croy pas ensement;
Car aucuns dient pour certain
Qu'il est encore vif et sain,
Enfermé dedans leur prison :
C'est pour eulx grant mesprison.
Non obstant, que tout en apert,
Firent eulx porter descouvert
Un homme mort parmi la ville
De Londres, ce ne fu pas gui lie,
A telle honneur et à tel feste
Que pour roy mort doit estre faite,
En disant que c'estoit le corps
Du roy Richart qui estoit mors.
Là faisoit due'l le duc Henry
Par semblance
Mais certainement, pas ne croy
Que ce fust le roy ancien ;
Ains croy que c'estoit Madelien,
Son chappellain, qui de visage,
De grandeur, de long, de corsage
Le resembloit si justement,
Que chascun cuidoit fermement
Que ce fust le bon roy Richard.
(Buchon, t. XIV, p. 450-452.)
Ces vers sont postérieurs au retour d'Isabelle (3 août 1401),
et ils sont antérieurs à un voyage que Creton fit en Ecosse, par
ordre de Charles VI, pour s'enquérir si vraiment Richard y était,
comme on en faisait courir le bruit. Ce voyage décisif sur celte
étrange question nous est connu par un texte que M. Dillon a
publié dans une lettre à M. Amyot à propos de ce débat. C'est
un ordre de Charles VI « à Pierre des Essarts, prévôt de Paris et
souverain gouverneur des finances, etc., » qu'il fasse payer
« a nostre amé varlet de chambre Jehan Creton, la somme de
200 fr.... pour et en recompensation d'un voyaige que par
nostre commandement et ordonnance il fit pieça au pays d'Es-
coce, pour savoir et enquérir la vérité de nostre très cher et
très amé fils le roy Richart d'Angleterre, que Ion disoit estre
en vie audit pays d'Escoce.... » Paris, 29 juillet 1410; lettre
suivie du reçu de Creton, en date du 7 août suivant.
Ce voyage se fit-il seulement alors ? M. Dillon montre
très-bien par le texte même et de la lettre et du reçu, qu'il
1
NOTES,
.29
avait eu lieu depuis longtemps (pièça), et que Grêlon n\n
avait pas obtenu alors la récompense : « Pour lequel voyaige
faire nous ne feismes aucune chose pour lors ni depuis audit
Greton bailler. » Il trouve dans les documents nouveaux pro-
venant de Greton lui-même, des indices qui en marquent plus
précisément la date. Je veux parler d'une épître de Greton à
Richard dont l'existence vient de lui être affirmée, d'une bal-
lade à l'adresse des seigneurs du sang de France pour les
appeler au secours de ce prince , et enfin d'une autre épître
adressée au duc de Bourgogne, qu'il appelle à venger son sang
répandu. Ces pièces que M. Dillon donne dans sa seconde
lettre (Archœol.j t. XXVIII, p. 87 et suiv.), comme tirées d'un
manuscrit de la Bibl. Imp., qu'il ne cite pas, sont dans le
ms. 275, fonds Saint-Victor, comme nous l'apprenons par une
citation partielle du même recueil (t. XX, p. 189) : mais ce
manuscrit ne se retrouve plus.
Dans son épître à Richard, Greton lui exprime sa joie de la
nouvelle qu'il vient d'apprendre : il maudit l'usurpateur et il
revient sur plusieurs des traits qu'il a donnés dans son récit,
faisant allusion à son livre même. Il prie Richard de se ma-
nifester par des ordres; il Tinvite à revenir en France, où il
trouvera la jeune reine que le lierre (larron) de Lancastre a
retenue, « par l'espace de 22 mois sans la vouloir rendre..» Tu
la retrouveras, ajoute-t-il, aussi chaste et aussi entière qu'elle
étoit partie, et tu partis d'elle, à Windesore pour aller en ton
voyage d'Irlande.... Et si tu ne peux venir par deçà et qu'aul-
cun empesche ton passage, au moins, sire, qu'il te plaise man-
der l'éteusion de ton courage et tu trouveras la plus grant partie
des nobles du sang de France, tes vrays amis, el qui ne te
fauldront jusques à la mort. Et certes, continue-t il, si tu ne
viens bien brief par deçà, j'iray a toi en quelque lieu que tu
soyes. »
La ballade est un appel chaleureux à la guerre en faveur
de Richard :
0 vous, seigneurs de sang royal de France,
Mettez la main aux armes vistement,
Et vous avez certaine cognoissance
Du roy qui tant a souffert de tourment
Par faulx Anglois qui traîtreusement
Lui ont tollu la domination,
Et puis de mort fait condampnation.
II
^'i
530 LIVRE TREIZIÈME.
Mais Dieu qui est le vray juge es sains cieulx
Lui a sauvé la vie. Main et tart
Chascun le dit par tout, jeunes et vieulx,
C'est d'Albion le noble Roy Richart.
Il y a trois autres stances pareilles avec la finale en six vers,
et toutes se terminant par ces mots :
C'est d'Albion le noble roy Richart.
L'épître au duc de Bourgogne, qui paraît suivre la ballade,
dans le manuscrit, sans aucune adresse, exalte la puissance de
ce duc, désigné par son frère comme garde du royaume, re-
cherché des princes chrétiens « mesmement des Bretons les-
quels singulièrement et seulement a toy veulent bailler toute
leur seignorie et garde et governement. » Il l'engage à mettre
fin au schisme, et ensuite à venger Richard : « Après mon
très redoubté seigneur, veuillez que vengeance ou punicion soit
iaitte du noble sang du bon catholique le roy Richart, lequel a
esté espandu tant villainment, tant traictreusement, que certes
c'est molt miséricordieuse et piteuse chose à oyr la fin de ces
jours, lesquels par la vray et loyal amour quil avoit par deçà
ont esté finis avant que son aage cleust estre accomplie. Hélas,
si tu sauries bien les tristes complainctes et les piteux regrets
qu'il faisoit à tous les seigneurs du sang de France.... et espé-
cialement à toy et à M^'" de Saint-Pol quand il étoit fuitif es
Gales.... certes tu ferois assembler.... de batailles pour passer
en leur isle. » Les Anglais ne pourraient lui résister : « car
depuis le temps de leur rébellion ils n'ont eu gaires que for-
tunes de desconfitures, » etc.
L'épître à Richard est, comme M. Dillon l'a montré, et
comme cela ressort des passages que nous en avons reproduits,
postérieure au retour d'Isabelle (3 août 1401), et antérieure à
son second mariage avec Charles, comte d'Angoulême, fils du
~~duc de Berri (29 juin 1406), on peut même dire antérieure
aux conventions qui en furent arrêtées dès le 6 juin 1404.
(Coll. Brienne, t. XXXVI, f°^ 103, 104.) L'épître au duc de
Bourgogne est environ du temps où les Bretons, de l'agrément
de leur ancienne duchesse (veuve de Jean IV), qui épousait
Henri IV, roi d'Angleterre, décernèrent le gouvernement de
leur pays, pendant la minorité de Jean V, au duc de Bourgogne.
(19 octobre 1402. Voyez D. Morice, t. I, p. 432.) C'est donc
NOTES. 531
avec toute raison que M. Dillon place le voyage de Greton en
Ecosse, et les deux épîtres, l'une qui précède, et l'autre qui
suit nécessairement ce voyage, en 1402, ou au plus tard
en 1403. Vers la fin de 1401, il semble qu'on soit au moins
dans le doute sur la mort de Richard à la cour de France.
Dans les instructions des ambassadeurs qui doivent conférer
avec les Anglais à Leulinghem sur la trêve et les points en
litige, à la date du 29 novembre 1401, on ne dit plus, comme
_en 1400, « feu le roi Richard; » c'est simplement « le roi Ri-
chard. » (Douet D'Arcq, Pièces inédites, t. I, p. 215.)
Page 383, note a (omise).
Proclamation de Henri contre les inventeurs de fausses nou-
velles : « Unde regni nostri destructio versimiliter evenire pote-
rit. » (5 juin 1402. Rymer, t. YIIl, p. 261). — Proclamation
pour rassurer ceux qui ont pu les propager, 8 juin, ibid.,
p. 262. — Supplice de Roger Clarendon et de neuf Franciscains ,
(vers la Pentecôte, 14 mai 1402), Otterbourne, p. 234. — En-
rôlements en faveur de Richard. L'histoire nous en est racon-
tée jusqu'aux moindres détails par le roi lui-même dans les
lettres de pardon qu'il accorde à Jean Bernard, de OiTely, cou-
pable de cette équipée, qui a mérité sa grâce pour avoir dé-
noncé et vaincu en champ clos celui qui l'y avait entraîné.
(21 juin 1402, Rymer, t. VIII, p. 262, 263.)
Révolte des Percy. Voyez la note suivante, et sur le bruit que
-Richard est vivant, Otterbourne, -p. 241, et d'autres textes
cités dans XArchxoL, t. XX, p. 220, note q. Henri lui-même
dénonce la manœuvre au conseil en lui faisant connaître la
révolte de Hotspur : <c Henri Percy qui s'est levé contre nous et
nostre regalie, nous n'appelle fors Henri de Lancastre, et fait
aussi diverses proclamations parmy le comté de Gestre, que le
roy Richard est encore en vie, à l'entente d'exciter nostre peuple
de lever avec luy en afforcement de son faux propos. » (Lettre
du roi au conseil, 17 juillet 1403. Proceed.^X. I, p. 208.) —
—W. Série, Th. Warde et la comtesse d'Oxford. (20 mars 1404,
Rymer, t. VIII, p. 353; Wals., p. 370; cf. Archœol., t. Xx'
p. 426, note c. — Statut demandé par les communes. Elles
veulent envelopper dans la même proscription et les lollards
et quiconque «prêche, publie ou mainteyne notoirement que
Richard nadgaires roy, qui mort est, seroit en pleine vie, ou
532 LIVRE TREIZIÈME.
_(|ue celui fool qu'est en Escoce et qui ascuns de vos enemys
d'Escoce, desirantz division estre en vostre roiaume, fauxe-
ment prétendent d'estre le roy Richard qui mort est. » {Rot.
Pari., t. in, p. 584, § 62.) — Le statut de la vu* année de
Henri IV (1406), c. ii, confirma le droit héréditaire à la cou-
ronne dans sa famille, droit sans cesse mis en question par ces
révoltes. {Stat, of Realm^ t. II, p. 151.)
Placards et affiches dans Londres. Wals., p. 371. — Le
comte de Northumberland, Wals., p. 377. Dans une lettre
datée de juin 1405, il invitait le duc d'Orléans à lui venir
en aide, en disant : « J'ai intention et ferme propos de suste-
ner le droit querelle de mon soverein seigneur le roi Richard
s*il est vif, et si mort est de venger sa mort. » (Lettre produite
en son procès au parlement du 19 juin 1406. Rot. Pari., t. III,
p. 605, § 9, cf. ArchseoL, t. XX, p. 220, note q.) La dernière
tentative, où il périt, est de 1408. (Wals., p. 377.)
Conspiration du comte de Cambridge, en 1415. Le nom de
Richard y est mêlé à celui d'Edmond Mortimer, l'héritier légi-
time. Voyez la confession du comte dans Rymer, t. IX, p. 300,
et le procès dans les Rot. Pari., t. IV, p. 65 : « Quod Ricar-
« dus comes Gantebrigg et Thomas Gray de Heton.... se invi-
<r cem confederaverunt quod ipsi, aggregatis sibi quampluri-
« busaliis,... Edmundum comitem Marchiœ, sine licencia dicti
« domini régis, ad partes Walliœ ducerent, et ipsum superiori-
« tatem regni Anglise, in casu quod dominus Ricardus nuper
« rex Anglise secundus post conquestum defunctus exstitisset,
fl Ruscipere procurarent;... et quod iidem comes Gantebrigg et
« Thomas Gray sciverunt certos ligeos dicti Domini Régis
« nunc, qui quemdam Thomam de Trumpyngton de Scotia
« ideotam in simiUtudinem praedicti nuper Régis Ricardi, et
* H. Percy et plures aliôs de Scotia, in magna multitudine,
« ad ipsum dominum regem nunc in campis debellandum ad-
« ducerent. » {Rot. Pari., X. IV, p. 65.) Le comte de Gambridge
était frère de Rutland, devenu duc d'York, qui périt en cette
année même à la bataille d'Azincourt.
Le parlement récusé par J. Oldcastle (Gobham) : « Se non
« habere judicem in ter eos, vivente ligeo domino suo in regno
« Scotise rege Ricardo. « (Wals., p. 400.) Le procès-verbal
du parlement garde le silence sur ce point. (14 décembre 1417,
Rot., Par/., t. IV, p. 107, 108.) Tytler, dans l'appendice joint
au t. III de son Histoire d'Ecosse, a très-habilement tiré parti
NOTES. 533
de tous ces textes, et il montre fort bien, sinon que Richard
vivait en Ecosse, comme il veut l'établir, au moins que durant
tout le règne de Henri IV et une partie du règne de Henri V,
il y avait en Angleterre des gens pour le dire, et beaucoup
d'autres pour le croire. C'est bien un signe des dispositions du
pays; et un historien, fort peu favorable à Richard H, le re-
connaît : a Le peuple, dit Hayward, mobile comme il est, se
déclara pour la restauration de Richard. {Life of Henri IV,
p. 270.)
Page 386, note a.
Engagements de Henri vis-à-vis du peuple. Ghron. an on.
Ms. 3884, f°.162, — Relations avec la France. Le roi veut se
mettre en garde contre les armements de la France, 26 jan-
vier 1400 (Rymer, t. VIII, p. 123) : car les lettres des ambas-
sadeurs envoyés en France, présagent plus la guerre que la
paix. Ils n'ont pu obtenir de sauf-conduit; le héraut a été re-
tenu : de plus, les Écossais ont rompu la trêve. Il se fait donc
accorder par les seigneurs spirituels et temporels une aide qui
le dispense de rappeler si tôt le parlement (9 février 1400.
Proceedings, t. I, p. 102-106, et Rymer, t. VIIl, p. 125).
Mais en même temps il renouvelle les pouvoirs de ses ambas-
sadeurs pour traiter et de mariage et de trêve (19 février,
Rymer, t. VIII, p. 128) ; il nomme des commissaires pour rece-
voir le serment du roi de France , au sujet de la trêve con-
venue, (10 mars, ibid., p. 132); pour lever toutes les ambigui-
tés qu'il peut y avoir dans la trêve de vingt-huit ans, (même
date.) Il s'engage à observer la trêve conclue par « son très-cher
cousin le roi Richard. » (18 mai, ibid., p. 142.) La confirma-
tion des trêves fut notifiée à l'Ecosse, qui n'attendait qu'un si-
gnal pour recommencer la guerre (24 mai IkOO, ibid.j p. 144).
Henri s'était fait donner par le parlement l'autorisation de
porter la guerre lui-même dans ce pays. (10 novembre 1399,
Rot. Parl.ji, III, p. 427, § 80); et dans le cours de l'année, il
prit plusieurs autres mesures défensives. (Voy. Proceedings,
t. I, p. 114, 123 et 124.)
Lettres de Henri IV à Charles VI . « Henri,... à nostre très cher
et très amé cousin de France par mesme la grâce salut et di-
leccion. Pur ce que nous desirons bien assavoir sovent certenes
novelles de vostre bon estât et parfaite santé, prions à Messire
tendrement de cuer fju'il vous vuillQ loudi/: ottroyer, etc, t
534 LIVRE TREIZIÈME.
(Nottingham, 24 juin 1400. Lettre originale aux Archives,
Trésor des chartes j cart. J, 644, n*> 35; voyez encore deux
autres lettres du 22 août et du 30 septembre, ibid., n" 35*
et 35^)
Les négociations au sujet de la jeune reine sont nombreuses
et compliquées. On a vu la pensée de Henri de renouer l'al-
liance par un mariage (novembre 1399), et les premières
négociations entamées à ce sujet (voyez la note précédente). Le
roi de France s'y refusant, il fallut songer à rendre la prin-
cesse. Mais comment? Le conseil, saisi de la question, avait
tout d'abord été d'avis, P que le roi est tenu « de la faire rendre
et restituer avec ses joyaux et bons meubles après que l'obli-
gation soit montrée et notifiée au roi en cas que on n'en puisse,
faire mitigalion par voie de mariage ou autrement ; 2° que le
douaire n'est pas dû par cause qu'elle n'est de l'âge de douze
ans.» (mars l kOO, Proceed., t. I, p. 118.) En conséquence,
commission est donnée à l'évêque de Durham et au comte de
Worcester (Th. Percy) pour s'entendre sur la remise « de nostre
très chère parente Isabelle, reine d'Angleterre, » et la restitu-
tion de ses joyaux, (18 mai 1400, Rymer, t. YIII, p. 143.)
Autre acte pour la remise de la reine (19 juillet, ibid.j p. 152);
pour son passage en France (14 octobre, ibid., p. 162.) Ce
retour n'était pas encore si prochain : on trouve, à la date du
12 novembre, des questions posées à l'université d'Oxford sur
la restitution d'Isabelle, sur la compensation des sommes reçues
par l'Angleterre pour sa dot et de celles qui étaient dues au
roi {ibid.^ p. 164); puis de nouvelles commissions aux mêmes
ambassadeurs pour la trêve, la remise d'Isabelle et la récla-
mation des sommes dues par Jean, roi de France, (l*"" avril
1401, ibid., p. 187.)
La vraie cause de ces retards, c'était la question de la dot. La
jeune princesse avait eu pour dot-800 000 francs, dont 300 000,
payables au jour du mariage, et le reste, par 100 000 francs,
d'année en année, jusqu'à l'entier acquittement de la somme ;
et les termes en avaient été régulièrement payés tant que
Richard fut sur le trône, comme on le peut voir par ses
quittances aux Archives (carton J, 643, n° 12; 644, n" 22).
Quant au douaire, on l'avait fixé k 20 000 nobles d'AngL -
terre de revenu; il était acquis à la jeune reine dès la solem-
nisation du mariage, et elle en devait jouir, même en France,
même en temps de guerre, tant qu'elle ne serait pas remariée,
NOTES. 535
si Richard la laissait veuve après l'âge de douze ans. Le douaire
n'était donc pas en question , Isabelle n'ayant que dix ans à la
mort de Richard; mais il y avait des stipulations particulières
touchant la dot. Il était dit que si Richard mourait sans enfant,
les derniers 500 000 francs de la dot ou ce qui en aurait été
payé à cette époque, seraient rendus à la jeune reine. De plus,
on prévoyait le cas où le mariage conclu serait refusé par elle
ou rompu par le roi , quand elle aurait atteint l'âge de douze
ans. Dans le premier cas, les 800 000 francs restaient acquis
au roi d'Angleterre ; dans le second, ils devaient être rendus
à la princesse française (Rymer, t. YII, p. 818-819). La res-
titution stipulée soit en cas de rupture, soit au moins en cas de
mort sans enfant, ne pouvait donc être contestée. Mais Henri
prolongeait le débat , tâchant de gagner la douzième année de
la jeune reine (elle était née le 9 novembre 1389), dans l'espoir
peut-être qu'elle accepterait alors la combinaison dont il s'é-
tait flatté et qu'en épousant le nouveau prince de Galles, elle
laisserait la dot à l'Angleterre. Aussi les inquiétudes de
Charles YI étaient-elles très-vives : il craignait qu'on n'abusât
de la simplicité de la pauvre enfant. Les ambassadeurs qu'il
envoie en Angleterre ont ordre de la voir, et de lui faire dire
au moins, s'ils ne la peuvent voir eux-mêmes, par des gens
sûrs a que le Roy et la Roy ne lui mandent et le requièrent,
sur tant comme elle les aime et les double à courroucier, et
sur toute l'obéissance en quoy elle leur est tenue comme à père
et mère, que elle ne die, ne face aucune chose par quoy elle
soit obhgée par parole ne par fait, par mariage, ne autrement
à quelque personne que ce soit, par quoy elle ne puist et doie
retourner devers eûlx, franche et desliée de tous liens et obli-
gacions de mariage et autres quelconques (6 septembre 1400,
Trésor des Chartes, Jj 645, n° 11, et Douet D'Arcq, Pièces
inédites y t. I, p. 194.
La convention fut enfin signée à Leulinghem le 27 mai
1401, (Rymer, t. VIII, p. 194). Pour ne pas subordonner le
retour de la jeune princesse à la solution des dernières diffi-
cultés sur sa dot et ses joyaux, Charles VI donnait quittance
et promettait que sa fille en ferait autant quand elle aurait
douze ans, sous la réserve d'une réclamation de 200 000 fr. (les
deux termes de 100 000 fr. payés en 1397 et en 1398). Il s'en-
gageait à ce même titre pour sa fille, quoique mineure de
douze ans, et promettait qu'elle renouvellerait sa renoncia-
536 LIVRE TREIZIEME.
tion quand elle aurait atteint cet âge. (3 juin, ibid., p. 198.)
Henri alors donna un sauf-conduit pour cinq cents personnes
(21 juin 1401, ibid., p. 196), et, de son côté, régla en conseil
le cortège qu'on voulait faire à la jeune reine : cortège nom-
breux, et composé des plus grandes dames et des plus grands
seigneurs. On ne voulait épargner aucune pompe, dans l'espoir
de regagner par là le roi de France. {Proceedings, t. I, p. 132,
136-142, 145, et ibid., préf., p. xxxvi et xxxviii; cf. Rymer,
21 et 22 juin, t. VIII, p. 203 et 204.)
Ce ne fut pourtant que dans les derniers jours de juillet que
l'événement s'accomplit. Le l**" août, Isabelle, revenue sur la
terre de France, fit le serment de renonciation convenu (ibid.y
p. 217 et 218), et le 3 août fut signé à Leulinghem l'acte double
de sa restitution {ibid., p. 219, et Archives, Trésor des Chartes,
cart. J, 645, n*> 24). Quant aux 200 000 fr. d'or réservés, lors-
que la question fut reprise, l'Angleterre répondit par ses ré-
clamations sur ce qu'on lui devait encore de la rançon du roi
Jean (21 juillet 1403, Rymer, t. YIII, p. 315. Cf. 23 avril,
même année. Rymer, Suppl. Henri IV, t. II, n*» 48, Gollect.
Bréquigny, t. LXXIX, f" 141). On retrouve les originaux de
presque tous les actes donnés en France ou reçus des Anglais à
l'occasion de ces négociations, aux Archives, Trésor des Chartes,
carton J, 644 et 645.
Isabelle fut remise par Thomas Percy, comte de Worcester,
au comte de Saint-Pol. La jeune reine, dit Greton, à qui nous
empruntons ce dernier récit, prenant congé des dames et des
seigneurs d'Angleterre, leur distribua des joyaux. On doutait
si fort que les Anglais en vinssent à cette restitution si naturelle,
que, pour leur ôter tout moyen de reculer au dernier moment,
le duc de Bourgogne se tenait au voisinage en embuscade avec
le comte de Nevers, son fils aîné, son fils Antoine (duc de Bra-
bant), le duc de Bourbon, et 500 lances.
La jeune reine, qui allait avoir douze ans k son retour, fut,
lorsqu'il devint impossible de garder un -doute sur la mort de
Richard, accordée à son cousin Charles d'Angoulême, fils du
duc d'Orléans (4 juin 1404) : mariage qui fut célébré à Com-
piègne le 29 juin 1406. L'infortunée princesse mourut en
couches trois ans après, avant d'avoir accompli sa vingtième
année (13 septembre 1409. Vovez Anselme, Hist. généal., t. I,
p. 114).
Greton, qui finit son récit au retour d'Isabelle, y joint pour
NOTES. 537
conclusion une invocation k Dieu, qui est en même temps un
appel aux vengeances de la France :
Qu'il vueille brief prendre vengeance
Des grans maulx et desconnuissance,
De l'oultrage et injuste fait,
Que les mauvais Engloiz ont fait
A leur Roy et à leur royne.
Maiz q'ie ce soit en brief termine;
Car je vous jure, à dire voir,
Que je le désire moult voir,
Pour le mal que j'ay veu entre eulx •
Et se chascun savoit leur veulx
Et comment ilz béent Franchoiz,
Je cuide fermement, ainchoiz
Que trois mois fussent acomplis ,
€'on verroit maint vaissel empli
De garnison et de vitaille
Pour eulx aler faire bataille,
Car ce sont très mauvaises gens
Et de bien faire negligeiis.
Si on trouve qu'il a mal parlé des Anglais, il proteste qu'il
ne les a point diffamés :
Je n'ay dit deulx qu'ilz n'aient fait;
_yeu que sept mois entiers leur fait
Vy, et chevauchay avecque eulx, .
Par plusieurs contrées et lieux
-HEn Yrlande et en Engleterre.
C'est le comte de Salisbury qui, lorsqu'il fut pris avec le roi
Richard, l'a prié de faire ce récit des événements, s'il pouvait
retourner en France. Il l'a fait pour accomplir sa promesse :
Et aussi pour ce que je sçay
De certain c'en neust peu savoir
De la prise du roy le voir.
Et comment il fu faulsement
Par Iraitlie et par p|y;^j3pient
Atraiz hors de ses forts chastiaulx,
Qui sont en Galles bons et biaulx,
Du conte de Northomberlant,
Comme j'ay dit ycy devant.
(Buchon, t. XIV, p. 464-466.)
Les imprécations de Grêlon eurent de l'écho en France. Aux
négociations pour le retour de la jeune reine, succédèrent bien-
538 LIVRE TREIZIÈME.
-tôt, dès 1402, les défis du duc d'Orléans, rancien allié de Henri
de Lancastre, qu'il accuse d'avoir fait périr le roi Richard. Les
ambassadeurs chargés des pouvoirs pour les trêves, reçurent
des instructions sur cette querelle. (Voyez les défis dans Mons-
trelet, I, 9; t. I, p. 33 et suiv. de la Coll. Buchon, et les
autres pièces en manuscrit dans la collection de Brienne,
t. XXXIV, f°^ 229-267.) Charles VI reprit la querelle en son
nom dans une lettre adressée aux Anglais contre Henri, qu'il
signale comme le meurtrier de Richard (2 octobre 1406, ibid.,
f° 227) : et l'année suivante (3 juillet 1407), on voit encore
Henri demander pour son fils la main de Marie, fille du roi de
France! (Coll. Brienne, t. XXXVI, ï" 105. Voy. ArchœoL,
t. XXVIII, p. 83.)
Révoltes contre Henri IV. Avant la révolte des Percy, avait
éclaté celle des Gallois sous Owen Glendowr. (1400 et suiv.,
Wals., p. 364 et suiv.) Henri Percy l'avait combattue avant de
chercher à s'en appuyer. (Voir ses lettres au conseil, avril et
juin IkQl.Proceed.^ t. I, p. 148-152. Voyez aussi dans Rymer
plusieurs actes qui les concernent, t. VIII, p. 159, 160, 163,
182 ; et dans les Rôles du Parlement, t. III, p. 454, §§ 3 et 16,
et 476, §§ 101-107, parlement de 1401.) En 1402, Owen Glen-
dowr avait pris Edmond Mortimer, qui ensuite épousa sa fille.
(Wals., Hypod., p. 557; cf. Proceed., t, I, p. 185.) Il ne faut
pas, comme Shakespeare, le confondre avec son neveu Edmond
Mortimer, comte de la Marche, l'héritier légitime de Richard II,
qui n'avait encore que onze ans à l'époque de la bataille de
Shrewsbury. {Archœol , t. XXIII, p. 292.) C'est sur ce jeune
prince et sur son frère que le roi Henri IV et le conseil veil-
laient avec une sollicitude si intéressée. (Voyez les précautions
prises pour les garder (1405), dans les Proceedings, 1. 1, p. 58
et 104-106.) En 1403, Henri, fils aîné du roi, reçut la mission
d'aller reconquérir le pays dont il était dit prince. (Rymer,
t. VIII, p. 292.) La révolte se continua avec le secours de la
France. (Wals., p. 374.) Les Anglais, tenus en échec par l'in-
saisissable Glendowr, ne savaient rapporter ses succès qu'à
la magie. (Hardyng, Chron., et Sh. Turner, t. II, p. 354-356.)
Révolte des Percy. Voir la lettre pleine d'aigreur où le comte
de Northumberland, montrant au roi le péril où il le laisse
avec ses troupes faute d'argent, lui rappelle ce qui lui est dû
depuis le commencement du règne (26 juin 1403, Proceed.,
t. I, p. 204); elle ne précède que de quelques jours l'insur-
I
NOTES. 539
reclion. Le roi était en route pour le rejoindre vers la marche
d'Ecosse, lorsqu'il apprit la révolte de Henri Hotspur et de
Thomas Percy. Il l'annonce au conseil par une lettre du
17 juillet. (Proceed., t. I, p. 208.) — Lettre de défi (juillet
1403); manifeste de Varchevcque d'York (1405). ArcliœoL,
t. XVI, p. 140, et Anglia sacra^ t. II, p. 362. Nous en avons
donné ci-dessus plusieurs extraits.
Exactions de Henri. « Décimas et quinto-decimas, et alias
« impositiones et tallagia tam cleri quam communitatis Angliae
« et mercatorum, metu majestatis regiœ tuœ. (Manifeste des
Percy, ArchœoL, t. XVI, p. 141.) Le manifeste de l'archevêque
renouvelle toutes les assertions du défi. Sur les Percy, voyez
Wals., p. 367-374; Hardyng, ch. cciiiet cciv, f"* 201, 202;
Otterbourne, p. 239 et suiv.; et surtout les Rot. Part., t. III,
p. 522, § 3 ; p. 524, § 7 ; p. 538, § 56, et le procès par con-
tumace du comte de Northumberland (19 juin 1406), p. 604-
607. Voyez aussi Lingard, t. IV, p. 455, et Turner, t. II,
p. 357-360, qui ont résumé avec soin les auteurs originaux.
On peut joindre aux documents qu'ils n'ont pu consulter plu-
sieurs pièces publiées depuis par S. Nicolas Harris dans les
Actes du conseil privé. {Proceed., t. I, p. 211, 213, etc.)
Thomas Mowbray, fils du comte maréchal, avait commencé
par se rallier comme les autres à la cause de Henri IV. Dans
les premiers jours du règne, étant alors âgé de quatorze
ans, il demande au roi qu'il lui assigne une rente sur les sei-
gneuries de l'héritage de son père, a et que plese a vostre
hautesse luy assigner a demourer avesque la royne ou il ad
demeurez avant ces heures, pur apprendre honur et gentillesse
pour le melx servir et plesaunce faire a vostre hautesse a temps
avenir. » Par une décision du 4 décembre 1399, le conseil, où
figure entre autres le duc d'Exeter (Jean de HoUand), lui
alloue 350 marcs par an pour lui, et 100 marcs pour son plus
jeune frère. {Proceed., t. I, p. 99-100.)
Page 387 , note a.
Gouvernement de Henri. Les emprunts qu'on avait tant re-
prochés à Richard, c'est par quoi Henri débute : il emprunte
pour ne pas rappeler si tôt le parlement, et en donnant aux
prêteurs l'assurance que cela leur sera déduit à la première
contribution. (9 février 1400, Proceed., t. I, p. 102.) Leconseil
bkO LIVRE TREIZIEME.
a perpétuellement à s'occuper de finances. Le règne se conti-
nue et finit comme il a commencé, par des emprunts. (Ibid.,
p. 64-66, et 343-347.) Sur l'état misérable du royaume au
temps de Henri IV, voyez la préface des Actes du conseil privé.
(Proceed., t. I, p. 60.)
Opposition des communes. Leurs plaintes ne tardent point à
corroborer les griefs allégués par les Percy : corruption des
élections, régime de l'hôtel, influence abusive des gens de cour.
Pour la corruption des élections par exemple : «< Considérez
noun due élection des chivalers des countees pur le par-
lement queux ascun foitz sount faitz d'affection des viscontz
et autrement encontre la forme des briefs as ditz viscontz di-
rectz et graund esclaundre de countees. » (Bot Parl.^ t. III,
p. 601, § 139.) Voyez surtout les trente et un articles imposés,
en quelque sorte, à Henri IV par le parlement en sa viir an-
née. (Novembre et décembre 1406, ibid.j p. 585, §§67-91, et
Proceed., 1. 1, p. 296 et suiv.)
Henri IV mourant. Monstrelet, I, 108. On se rappellera
le roi Richard mené à Londres sur un mauvais cheval par
Henri de Lancastre, quand plus tard le dernier des Lancastres,
Henri VI, placé, les jambes liées, sur un cheval, sera mené par
le comte de Warwick, à travers les rues de Londres, jusqu'à la
Tour.
FIN DU DEUXIÈMF VOLUME.
TABLE DES MATIÈRES,
Ackkrmann; un des capitaines de
Gand, I, 181 ; se déclare pour la
paix, 249.
Albujarotta (bataille de), I, 277.
Amiens (entrevue (i'), proposée par
Charles VI, acceptée par Richard,
II, 45; Lancastie désigné pour s'y
rendre, 49; réception des princes
anglais par Charles VI, 52 et 415;
protection et faveur aux Anglais,
53; discussions sur la paix, diffi-
cultés à propos de Calais, 54; pro-
rogation de la trêve, 55.
Amiraux d'Angleterre, 1,7; II, 412.
Amnistie, après l'insurrection des
paysans, I, 113, 115 et 455; ex-
ceptions, 116; extension qu'on lui
donne, 150, 467 et 486.
Angleterre : succession de ses rois
depuis la conquête jusqu'en 1688,
1 , 1 ; son état à la fin du règne d'É-
douard III, 2; invasion projetée
par Charles VI (voy. Charles VI);
crainte de l'invasion française,
237 et 280; Anglais et Français à
l'étranger, II, 409.
Anne de Bohême, fiancée à Richard,
I, 113; reçue à Douvres, 116; son
mariage, 117; tempête à son ar-
rivée, 125; attachement du roi
pour elle, 254; intercède en faveur
de Burley, 367; sa mort, II, 81 et
427; son tombeau, ibid.
Appel ou accusation contre les cinq
conseillers principaux de Richard,
I, 334; contre Glocester , II, 164.
Appelants (les cinq lords, Gloces-
ter, etc.), I, 336; reçus en triom-
phe à Londres, après Redecot-
bridge, 340, 508; viennent à la
Tour trouver le roi, 342, 509; ar-
restations et épurations qu'ils o^jè-
rent, 342; se présentent devant le
parlement, 343; leur acte d'accu-
sation contre les cinq conseillers
de Richard, 345-347, 510: le pro-
cès déclaré illégal par les juges, y
348; maintenu par le parlement,
ibid.; les lords appelants partagés
au sujet de Burley, 364; serment
de ne rien tenter contre eux prêté
par 1< s membres du parlement,
366, et par les habitants des corn-
lés, ibid.; indemnité de 20 000 1.
qu'on leur alloue, 370 et 515.
Appelants (lords) contre Gloces-
ter, etc., II, 164 et suiv. (Voy.
Th! mas de Woodstock.)
Apprentis, dans l'insurrection des
paysans, 1, 56.
Aristocratie anglaise, I, 5 et 6.
Armée française sous Charles VI,
I, 152.
Arménie : le roi médiateur officieux
entre la France el l'Angleterre, I,
290 et 494.
Arteveld (Philippe d'), I, 138; ami
de l'Angleterre, 465: appel aux
Anglais, 141 ; ambassade envoyée
en Angleterre, 141; méprise l'ex-
pédition de Charles VI; préparatifs
pour la défense de la Flandre ,
154; s'établit à Rosebecque, 160;
sa mort, 164.
Artillerie, au siège de Saint-Malo,
I, 421.
Artisans (loi sur les), I, 20 et 32;
leur part à la grande insurrection,
ihib. , 56.
Arundel (Richard Fitz-Alan, comte
d), placé auprès du roi pour gou-
verner l'hôtel, I, 114; l'un des
cinq lords appelants (voy. Lords
appelants); ses succès sur mer,
321 ; son expédition sur les côtes
de France, II. 7; accuse Lanças-
542
TABLE DES MATIÈRES.
ire, 72; contraint de lui faire ex-
cuse, 73; en disgrâce, 135; prend
part à la conjuration de Glocester,
161 et 452; arrêté, 162 et 453; son
procès, 167 et 170; so'n jugement
et sa mort, 174.
Arundel (Tliomas, comte d') ,fils du
précédent, accompagne Henri de
Lancastre dans sa descente en An-
sgleterre, II, 237; appelé à venger
son père sur J. de Rolland, 362;
rôle qu'on lui prête dans la con-
damnation des conjurés, 365.
Arundel (Thomas Fitz-Alan), oncle
du précédent, évéque d'Ély, puis
archevêque de Canterbury ; évêque
d'Ely à vingt-deux ans, I, 498; va
trouver le roi avec Glocester, pour
la destitution de Michel de la Pôle ,
307; nommé chancelier, 311 ; son
conseil au roi de céder à Glo-
cester, 334; nommé archevêque
d'York, 372; donation qu'il se fait
accorder (20 février 1387), 502;
nouveau don qui lui est fait, 372;
rend les sceaux, II, 14; les reçoit
de nouveau, 49; les rend et 'est
nommé archevêque de Canterbury,
136 el 447 ; sa part au complot de Glo-
cester, 161 ; mis en jugement, 168
et 458; sa condamnation, 1 82; trans-
lation au siège de Samt-André,
ibid et 459; lettre du r^i au pape
contre lui, 459; va chercher Henri
de Lancastre en France, 235; 1 ac-
compagne en Angleterre, 244; ses
proclamations, 247; conseil qu'il
donne pour preadre Richard à
Conway, 263; le visite à Flint,
272; à la Tour, 291; ses discours
dans le parlement où Richard est
déposé, 301 et 306; au sacre, 311;
dons qu'il reçoit du roi et du parle-
ment, 337; meurt le 19 février 1414.
AsHTON (Jean), partisan de Wicleff,
1, 460.
AuDENARDE, surprise par les Gantois,
I, 197; reprise, 230.
Avignon (papes d') , 1 , 46; leur si-
tuation lausse vis-à-vis de l'Angle-
terre, ibid.
B
Bagot (William), dans les conseils
de Richard, II, 225 et 237; va re-
joindre Richard en Irlande , 2ôl ;
arrêté, 319; sa déposition sur
mort de Glocester, ibid. ; son rôle
dans le procès des ennemis de
Glocester, 321 et 504; sa mise en
liberté, 324 et 505.
Ball (John), précurseur, puis disci-
ple de Wicleff, 1,52; interdit, 53;
prêche hors des églises, ibid. et
455; influence de ses sermons, 54;
remis en prison, 55; délivré par
l'insurreciion des paysans, 58; son
sermon à Blackheath , 62 ; son sup-
plice, 104.
Banc commun et Banc du roi, I, 7 ;
transférés passagèrement à York,
II, 417.
Barnet (ville de) , associée à la ré-
volte de Saint-Alban, I, 86.
Barons : leurs rapports avec le roi
d'Angleterre. I, 5.
Beauchamp (William de), capitaine de
Calais, I, 332; a part aux négo-
ciations avec la France, II, 397,
400, etc.
Beauchamp (Jean) de Holt, sénéchal
de l'hôtel : son procès, I, 360; sus-
pendu, 304; repris, 368; condam-
nation, ibid.
Beauchamp (Thomas), comte de
Warwick. (Voy. Warwigk.)
Beaufort (Henri de), fils légitimé
du duc de Lancastre, évoque de
Lincoln, puis de Winchester et
carflinal d'Angleterre : nommé évê-
que de Lincoln, II, 467; accom-
pagne le roi en Irlande, 237; le
quitte avant sa captivité, 482.
Beaufort (Jean de), fils légitimé du
duc de Lancastre : nommé comte
de Sommerset, II, 136; un des ap-
pelants contre Glocester, 164;
créé marquis de Dorset, 187 ;
amiral, 463; accusé à son tour,
s'excuse, 331.
Bedman (Laurent), partisan de "Wi-
cleff, 1 , 440.
Belknap (Robert), président des
plaids communs : menacé dans
l'insurreciion de 1381, I, 57; un
des juges consultés à Nottingham;
324; rais en jugement, 357 ; con-
damné, 358; exilé en Irlande, 359;
gracié, II, 137.
Bénéficiaires étrangers, 1, 30 ; Il , 1 01 .
Bergues, défendu et abandonné par
les Anglais, I, 185-187.
Berners (Jean) , son procès, I, 360,
366 et 368.
TABLE DES MATIERES.
543
Berri (Jean, duc de), oncle de Char-
les VI : ses lenteurs calculées lors
du projet d'invasion enAnglelerre,
I, 289-294.
Berwick, surpris par les Écossais,
J, 23:J; repris par Northumber-
land, 236.
BiLLERiGA (village de), dans l'insur-
reclioii, I, 100.
Blackheath, colline près de Lon-
dres, où se rassemblèrent les pay-
sans insurgés, I, 61.
Blake (John), I, 330 et 357.
Blount (Thomas) , dans la conspira-
tion contre Henri IV, II, 352; son
supplice, 359.
BoLiNGBROKb; (Henri de). (Voy. Henri.)
Bordeaux : contre-coup de la cnute
de Richard, II, 347; la ville reste
fidèle aux Anglais, par crainte du
despotisme de la France, 348.
Bourbon (Louis II, duc de), oncle de
Charles VI : expédition préparée
contre les Anglais. I, 235; à quoi
elle se réduit. 238; sa campagne
de Tunis, II, 34.
BouRBOURG : belle défense des An-
glais, I, 188; capitulation, 472.
Bourgogne (Philippe le Hardi, duc
de), oncle de i:;harles VI : devient
comte de Flandre, I, 217 ; son rôle
dans les affaires de Flandre et dans
les expéditions contre l'Angleterre
(voy. Flandre, Angleterre et
Charles VI); grand partisan du
mariage de Richard avec la fille
de Charles VI, II, 116; envoyé
vers Richard à Calais, 121.
Bourgs (députés des) au parlement ,
1,6.
Boursier (Jean le), envoyé à Gand,
par Richard, comme reward de
Flandre, I, 234; ne peut empê-
cher la pacification de Gand, 249;
retourne en Angleterre, 250.
Bowet (Henri), sa déposition dans
le procès de l'évêque de Norwich,
I, 201.
Brambré (Nicola.s) , nommé chevalier
après la défaite de l'insurrection,
1,81; maire de Londres, 486; un
des principaux conseillers de Ri-
chard, 255; plaintes portées con-
tre lui', 312; il assiste à la consul-
tation de Nottingham, 324; mis en
accusation , 334 et 335 ; amené
devant le parlement, 351; accusa-
tion particulière contre lui, ibid.
et 512; sa défense, 352; sa con-
damnation et son exécution, 355.
Brest, donné en gage à l'Angle-
terre, I, 23 et 420; son impor-
tance, 39 et 321; sous la garde
de Thomas Percy, 236; du comte
d'Arundel, II, 7; de Jean de Hol-
land, 14; restitution réclamée,
70; accomplie, 154 et 451.
Bretagnr (affaires de), I, 30, 31,
39 et 502; II, 65, 393, 401, 420.
Bretagne (Jean IV ou V, duc de) livre
Brest à l'Angleterre, I, 23; forcé
par les Bretons à se rapprocher de
la France, 39 (voy. Bretagne);
son différend avec Clisson, I, 321;
II, 7 et 45; réconcilié avec le roi
de France, 51, 413,414 415; ses
efforts pour être en bons termes
avec l'Angleterre et avec la France,
121, 423.
Bristol i^affaire de), II, 479.
Bugkingham (le comte de). (Voy. Tho-
mas de Woodstock.)
Burgh (William), consulté à Nottin-
gham, I, 324; condamné, 357 et
358.
Burley (Simon) , chargé parleprince
de Galles de veiller sur Richard,
I, 255; dons qu'il reçoit du roi,
485; bruits répandus contre lui,
275 et 513; son procès, 360-367;
condamné et exécuté malgré le
roi, ibid.
Bury-Saint- Edmond (ville de), dans
l'insurrection, I, 87.
BussY (Jean), orateur des communes,
II, 75 et 201; uu des principaux
ministres du despotisme de Ri-
chard, 203 et suiv.; à Bristol,
249; misa mort, 251.
Calais, principal marché du com-
merce extérieur de l'Angleterre
(voy. Ëtaple); obstacle à la con-
clusion d'une paix définitive, II,
67, 77; ballade d'Eustache Des-
champs, 424.
Calverley (Hugues de), chevalier
anglais, 1,24, 38; ses représenta-
tions à l'évêque de Norwich, 177 ;
à Bergues, sa stupeur à la vue des
forces de la France, 185 et suiv.
Cambridge (Edmond, comte de).
(Voy. Edmond.)
Il
544
TABLE DES MATIÈRES.
Canterbury (archevêque de). (Voy.
SUDBURY, COURTNEY, ARUNDËL.)
Capitation en 1380, 1, 42 et 429;
ses antécédents, 428; abus des
exacteurs, 55.)
Carlisle (évoque de). (Voy. Thomas
Merks.)
Carme, qui accuse le duc de Lan-
castre, I, 227.
Cary (Jean) , consulté à Nottinghana ,
1, 324; condamné, 357 et 358.
Castille, alliée de la Fiance, I, 2;
afVairesde— , 38, 117, 132, 134,
266, 276 et 492; expédition du duc
de Lancastre, 278; II, 9, 10 et
394; paix conclue, 10 et 394.
Cavendish (Jean) , président du banc
du roi , mis à mort par les insur-
gés, I, 87.
CAVîiNDifcH (Jean), poissonnier, ac-
cuse Michel de la Pôle, I, 221.
Chambellan (office de), I, 7; in-
féodé aux sires de Vére, 403.
Chancelif.r (office de). I, 7. (Pour
les dignitaires, voir aux noms de
chacun).
Charles V, roi de France; résultats
de son règne, 1,2; sa mort, 39.
Charles VI, roi de France; ses rap-
ports avec la Castille , l'Ecosse, etc.
(voy. Castille, Fxosse, etc.); sa
première campagne de Flandre,
I, 153; passage de la Lys, 154;
bataille de Rosebecque, 160; n'at-
taque ni Calais ni Gand, brûle
Courtrai, 168; seconde campagne
de Flandre, contre l'évèque de Nor-
wicli, 183; occupe Bergues, 189;
reçoit Bourbourg par capituiation ,
190; négociations et trêve, 197;
épouse Isabeau de Bavière : troi-
sième campagne de Flandre, 246;
reprend Dam, 247; invasion de
l'Angleterre projetée, 280; Char-
les VI à l'Écluse, 288, 294; dates
et itinéraire de son voyage , 494-
496; jugement sur cette campa-
gne, 294 (voy. Invasion); campa-
gne deOueldre, II, 11; Charles VI
remercie ses oncles, 19; ses dis-
positions pacifiques, 40; démarche
auprès de Richard pour la paix,
44; invitation à une entrevue, 45;
son expédition contre le duc de
Bretagne, sa folie, 57; suite de
ses rapports avec Richard (voy.
Richard); sa lettre à Richard, 109
et 439; entrevue d'Amiens (voy.
-f. Amiens); ses trêves (voy. Leulin-
3 ghem) ; rappports avec la Bretagne
(voy. Bretagne) ; alliance avec Ri-
chard, à qui il donnesa fille (voy,
Richard et Isabelle) ; ses eflforts
pour prévenir la rupture de Ri-
chard et de Henri de Lancastre,
Il , 21 1 ; bon accueil à Henri exilé,
227 ; rap()orts avec l'Angleterre
après la chute de Richard (voy.
Henri de Lancastre); négociations
^'' pour le renvoi de sa fille, 349 et
§i534; envoie en Ecosse pour s'as-
surer si Richard y est vivant, 380,
528.
Charte (grande) ,1,6.
Chaucer, poêle, 1,393; faveurs qu'il
reçoit de Richard, 1, 485; IJ, 105
et 437.
Cherbourg, engagé à l'Angleterre,
I, 23 et 420: restitué, 11, 70.
Chevalerie française et anglaise;
rapports de confraternité, II, 37,
39, 407, 408.
Chevaliers des comtés au parle-
ment, I, 9.
Chichester (rhomas Rushook, évo-
que de), confesseur du roi, con-
damné, I, 359 et 514; relégué
en Irlande, 369 et 515; accrois-
sement de sa pension de captivité,
n, 34.
Chronique anonyme sur la déposi-
tion de Richard H, I, 191.
Cirencester (afiaire de), II, 3.58,
516.
Clarence (Lionel, duc de). (Voy.
Lionel.)
Clément VII, pape d'Avignon, I,
145.
CLÉMi'NTiNS.partisansde Clément VII
(voy. France, Castille, Ecosse).
Clergé: sa place au parlement, I,
8; II, 462; ses convocations par-
ticulières : impôts qu'il y votait, I,
18, 34; refuse de laisser rattacher
son vote de subsides à celui des
communes, 264; motion que ce
refus soulève, : on veut lui ôter
son temporel, 265; les communes
demandent que les clercs fassent
au roi l'abandon des premiers
fruits , 272.
Clisson (Olivier), connétable de
France, dans la campagne de Ro-
sebecque, I, 154, 156; fait con-
struire la ville de bois, 282; arrive
à grand'peine à l'Êi-luse, 291 et
I
TABLE DES MATIÈRES.
541
495; il prépare en Bretagne une
nouvelle flotte contre l'Angleterre,
321; guet-apens où il est pris,
322; suite de ses démêlés avec le
duc de Bretagne (voy. Bretagne) ;
accord aux conférences de Tours,
II, 51: attentat de Pierre de
Craon , 57.
CoBHAM (Jean de), membre du con-
seil, I, 408; sa condamnation,
II, 199.
CoBHAM. (Voy, Oldcastle.)
CoKET, sceau du roi apposé aux
permis d'exportation. I, 417.
Commissaires du subside, I, 18.
Commissaires pour réprimer l'insur-
rection ,1, 57.
Commission d'enquête (1379), I, 424;
(1380), I, 36 et 426.
Commission pour les abus de juslice ,
pourles maux du commerce (1381),
I, 113.
Commission de l'an x (1386), I, 316-
318; protestation du roi, 320 et
500.
Communes (chambre des), 1,9; in-
demnité des députés, 10 et 27.
(Pour le reste, voy. Parlement.)
Comptes des recettes et des dépen-
ses: soumis au parlement, I, 19,
27, 31.
Comtés (députés des) au parlement,
I, 6.
Confiscations prononcées par l'Ad-
mirable Parlement; mesures pour
les rendre irrévocables, I, 371.
Connétable (office de) : aux Bohuns,
et temporairement au comte de
Buckingham (Thomas de Woods-
tock, oncle du roi), I, 404; puisa
Aumarle (Rutland), 11,214; puisa
Henri Percy, comte de Northum-
berland, II, 300. "
Conseil du roi : comment il se di-
vise, I, 7.
Conseil privé ou « continuel conseil, »
I, 8 et 402; membres du conseil
à l'avènement de Richard, 12,
408; nommés en parlement, 16,
40y ; attributions et limites, ibid. ;
conseil passagèrement supprimé
par le parlement (1380), 36; noms
des membres communiqués au
parlement, 273; remontrances au
roi, 457.
Conseil auquel le parlement délègue
ses pouvoirs, II, 203; serment
d'en observer les actes, 221 et
469; sanction nouvelle à ses dé-
cisions, 229; jugements qu'il pro-
nonce, 230.
Constance, fille aînée de Pierre le
Cruel, seconde femme du duc de
Lancastre, I, 3; péril qu'elle
court dans l'insurrection des pay-
sans, 97; accompagne Lancaslre
en Espagne, II, 9; derniers de-
voirs qu'elle rend aux restes de
son père, 394.
Constitution d'Angleterre, I, 5 et
suiv.
CoRONER de Londres, I, 21.
CouRTNHY (William de), évêque de
Londres, puis archevêque de Can-
terbury, siège comme évoque de
Londres aux procès de Wicleff en
1377, I, 49 et 50; nommé chan-
celier et archevCMjue de Canter-
bury, 454; convoque le concile
de Londres (1382) , 130; sa remon-
trance au roi, 274; déclaration
pour la défense des droits de la
couronne, II, 63.
Craon (Pierre de), son attentat con-
tre Clisson, II, 57.
Cressingham (Pierre de), dans, la
campagne de l'évêque de Nor-
wich, I, 203.
CretoNj sa chronique en vers sur la
déposition de Richard II, I, 390,
et II, 341; témoin des faits, II,
472, 253 et suiv.; pourquoi il a
écrit son histoire, 537 ; son retour
en France, 279: invectives co[itre
Henri, 510; contre les Anglais,
537; sa lettre à. Richard qu'il croit
vivajit, au duc de Bourgogne pour
venger Richard, 529, 530; envoyé
en ficosse, 380 et 528.
Croisade de l'évêque de Norwith.
(Voy. Henri Spenser.)
Crystède (ou Cristall), chevalier
anglais fait prisonnier en Irlande,
II, 83; ce qu'il raconte k Frois-
sart de l'Irlande, 79; chargé de
former à l'anglaise les rois d'Ir-
lande, 84.
D
Dalingrugge, membre du conseil,
chargé des fonctions de maire de
Londres et révoqué, II, 60, 416;
prieuré qui lui est donné, 405.
Dam surpris par les Gantois, I,
246; repris par Charles VI, 247.
11 — 35
546
TABLE DES MATIÈRES.
DÉPUTÉS des cooimunes, leur in-
demnité, I, 271; II, 393.
Derby (Henri de Bolingbroke, comte
de). (Voy. Henri.)
DESPEN3ER (rtiomas le), comte de
Glocester, un des appelants contre
le duc de Glocester, II, 164;
nommé comte de Glocester, 187;
abolition des condamnations de
ses ancêtres, 197; accusé pour sa
partaa jugementde Glocester; ses
excuses, 332; dépouillé de son
titre, 324; prend part à la conju-
ration contre Henri, 3ô2; à Ci-
rencester, 358; fuit dans le pays
de Galles, 359; veut quitter l'An-
gleterre, mais est mené à Bristol,
364; exécuté, tbid.; sa tête appor-
tée à Londres, 365.
Devereux (Jean), membre du con-
seil, 1, 16; capitaine de Calais,
puis sénéchal de l'hôtel , em-
ployé aux négociations, II, 401,
410; meurt en 1393, 417.
Dixième (impôt du), et du quinzième
I, 17, comment réparti, 410; en
quoi il consistait, 411, 426.
Domaines du roi, I, 272.
Dubois (Pierre), soutient l'insurrec-
tion de Flandre et lui donne pour
chef Philippe d'Arteveld, I, 138;
à la défense de la Lys, 154, 156;
raffermit les Gantois aprè^ Rose-
becque, 169; il veut empêcher la
paix de la Flandre avec le duc de
Bourgogne, 249.
DuNKERQUE prls par l'évêque de Nor-
wich, I, 181.
Drayton (Jean de), 1, 211.
Dymock (Jean), au couronnement
de Richard II, I, 407.
DYJ4PCK (Thomas), aucouronnemant
de Henri IV, II, 312.
E
ÉCHIQUIER, I, 7.
ÉCLUSE (ville de 1') , donnée au duc
de Bourgogne, comte de Flandre,
I, 247 ; Charles VI y rassemble
une armée d'invasion contre l'An-
gleterre. (Voy. Charles VI.)
ECOSSE, alliée de la France, I, 24,
132 et passim; état de l'Ecosse,
133 et 134; négociations, 469;
diversion pendant la croisade de
l'évêque de Norwich, 216 et 475;
expédition de Lancastre, 217 et
476; contmuation de la lutte, 229
et 478; trêve, 230 et 478; défense
des frontières contre les Écossais,
233; Jean de Vienne en Ecosse;
comment sa troupe est accueillie
des Écossais, 239 ; ce que les Écos-
sais réclament pour combattre
avec les Français, 241 et 493; ex-
pédition de Richard, 242; nouvelle
guerre, bataille d'Otterbourne, II,
1 1 ; TÉcosse comprise dans la trêve
de Leulinghem (139i), II, 78; les
Écossais et les Anglais dans les
batailles, II, 395.
EDIMBOURG au temps de Richard, I,
134.
Edmond, comte de Lancastre, fils de
Henri III, prétendu l'aîné de son
frère Edouard I", I, 260.
Edmond de Langley , comte de
Cambridge, puis duc d'York, cin-
quième fils d'Edouard III, I, 3;
marié à la seconde fille de Pierre
le Cruel; son expédition en Por-
tugal, I, 61 et 144 ; créé duc
d'York, 243; avec Lancastre à
l'entrevue d'Amiens, II, 52; lieu-
tenant du roi pen iant la première
campagne d'Irlande, II, 82; à l'é-
poque de son mariage, 122 ; pen-
dant la seconde campagne d'Ir-
lande,. 237 ; sa conduite à l'arrivée
de Henri de Lancastre, 248 et 477 ;
découvre la conjuration où est
entré Rutland son fils, et veut le
dénoncer, 355 et5 12, "mort en 1402.
Edouard III, roi d'Angleterre; ses
(Jernières années, I, 2; sa famille,
3; sa mort, 4.
EDOUARD , prince de Galles , sur-
nommé le Prince Noir, fils aine
d'Edouard III, I, 1, 2 et 3; épouse
Jeanne de Kent, veuve de Thomas
de Holland, dont il a Richard, 4.
EDOUARD Plantagenet, fils aîné du
duc d'York ; nommé comte de
Rutland, I, 34 ; un des appelants
contre Glocester, 11, 164; com-
pUce de sa mort, 180; créé duc
d'Aumarle, 187 ; connétable, 214;
ses retards à rejoindre Richard
en Irlande, 243 et 244, passe à
Henri, 259; visite Richard à Con-
way, 272;etàla Tour, 288; accusé
par Bagot du meurtre de Glocester,
320-323; incriminé pour son appel
contre Glocester, 330; privé de
TABLE DES MATIÈRES.
547
son titre de duc d'Aumarle, 333;
entre dans la conjuration contre
Henri IV, 352; la dénonce, 355;
rejoint les conjurés et passe à l'en-
nemi, 358 et 515; rapporte à Lon-
dres la tête d'un de ses complices,
364; réhabilité, 519; tué à la ba-
taille d'Azincourt, en 1416, 532.
ÉGLISE : hostilité contre elle en An-
gleterre, 1, 430; voyez Wicleff.
Elmham (William d'), 1, 211.
Emprunts, I, 31, 136; II, 224.
Enquête (commission d') en 1381,
I, 110.
Erpingham (le sire d') , II, 359.
EscHETOURS, agents du fisc, I, 19;
durée de leurs fonctions, 257.
Esguage, I, 8.
Espagne. (Voy. Gastille.)
Etaple ou Etape, I, 20, 30; ori-
gine de cette institution, 415;
établie en divers lieux, 416; fixée
à Calais, ibid.; triple droit qui
frappait les marchandises, 417;
règlements touchant rétaple,i6i;(i,;
l'étaple enlevée da Calais, eu 1353,
et le privilège transféré à plusieurs
villes d'Angleterre, du pays de
Galles et d'Irlande, 418; organi-
sation de chaque ville d'étaple,
ibid. ; l'étaple rendue à. Calais en
1363; reprise en 1359, 418; ren-
due en 1376, 419; élaple de Ca-
lais : exception pour les pays vers
leWest,k2'i) pétition des habitants
de Calais pour qu'eUe y soit main-
tenue dans toute sa rigueur, 425;
exception demandée pour le beurre
etle fromage en 1380, 429; Michel
de la Pôle propose de la reporter
de Calais en Angleterre, 263; me-
sures nouvelles (1390j, U, 'SI, 405 ;
Modifications diverses quant aux
lieux d'étaple, 94, 432, 433 ; pour-
quoi on la maintient à Calais, 95.
ÉTRANGERS(pétiiioncontreles), 1, 21.
Étrangers (religieux; , 1, 33.
EvESHAM (moine d'), son histoire
de Richard 11, I, ôSS.
ExETER (le duc d'), voyez Jean de
Holland.
ExETER (Thomas Bretingham, évo-
que d'), trésorier, II, 15 et 398. —
(Edmond Stafford) chancelier, 165.
F
Fabian : sa chronique, I, 395.
Fannant, auteur d'un pamphlet en
faveur de l'Admirable Parlement,
I, 306, 394,497.
Faringdon (William de), I, 201,
Fasgiguli zizaniorum , ouvrage sur
Wicleff, I, 394.
Febriby , chapelain de Richard ;
accompagne le roi en Irlande, II,
237; ses antécédents, 471; son
arrestation et sa mort, 365.
Fehriers (Henri de), I, 211.
Frrz-RAUF (Robert), I, 211.
Flandre, son insurrection, I, 138
et suiv. ; ménagements des Fla-
mands pour les Anglais, 139 ; in-
terventionde l'Angleterre sollicitée,
141; j)révenue par la France,
151; négociations, 239; la guerre
recommence avec le duc de Bour-
gogne, 230 ; les Gantois arborent
les armesdu roi d'Angleterre, ibid.;
tin de l'insurrection , 250 (voy.
PH. ARTEVELD, PlERdE DUBOIS et
Charles VI; mauvaises disposi-
tions des Flamands contre les
Français qui veulent envahir l'An-
gleterre, 291.
Flandre (Louis de Maie, comte de),
ctiassé de Bru^^es, 1, 138; appel
à la France, 139 ; sa députation à
l'évéque de Norwich, 178; a pour
successeur son gandre le duc de
Bourgogne, 216.
Frange, en guerre avec l'Angleterre
dès le début du règne de Richard,
I, 23; alliée de l'Ecosse et de la
Castille , 24, 132 ; incursions en
Angleterre, 419; les communes de-
mandent que les frais de la guerre
de France soient supportés par le
domaine, 28; invasion préparée;
négociations, 229, 231, 477; II,
12, 397, 19, 400, etc. (voy. Char-
les Vi , RiGHARD II, INVASION,
Lejlinghem) ; rapports avec l'An^
gleterre avant 1386, 300-302.
Français et Anglais, leurs boas rap-
ports à l'étranger, II, 409.
Frûissart , ses voyages en Angle-
terre ; son impartiaUté, I, 390;
son inexactitude sur le temps de
l'Admirable Parlement, 1, 498 ; reçu
à la cour de Ricliard, 1, 105 et 437.
FuLMÈRE (Robert de), trésorier de Te-
vôque de Norwich, I, 201.
Fulthorp (Roger), consulté à Nottin-
gham, I, 325; condamné, 367-368.
548
TABLE DES MATIERES.
Gand, son insurrection, I, 138 (voy.
Flandre) ; offre de se donner au
roi d'Angleterre, 1, 474, 230 et
234; sa soumission, 249 et 483.
Gand (Jean de), duc de Lancastre.
(Voy. Jean.)
Gilbert (Jean) , évêque de Bangor
(1372); de Hereford (1375); puis
de Saint-David (1389); trésorier,
I, 316: II, 15.
Glocester (Humfroi, duc de). (Voy.
HUMFROI.)
Glocester (Thomas de Woodslock,
duc de), père du précédent. (Voy.
Thomas.)
Gower (John), ses traités ou poëraes,
I, 393; ce qu'il dit de l'insurrec-
tion des paysans. 436; ses insultes
aux vaincus, 507 et 513.
Gravelines, prise par l'évêque de
Norwich, I, 178; abandonnée par
lui aux Français, I, 191.
Green, un des ministres du despo-
tisme de Richard, II, 225; relire
à Bristol, 249; mis à mort, 251.
Grindecobbe (William), un des
principaux de Saint-Alban, I, 84;
son héroïsme, 102; sa mort, 104.
GuFLDRE (le duc de), allié des An-
glais; son défi à Charles VI, II,
11 ; attaqué par lui, 12.
H
Hales (Robert de) , prieur de Saint-
Jean de Jérusalem en Angleterre,
trésorier d'Angleterre, I, 57; ses
biens pillés par les insurgés, tt»id.;
conseil qu'il donne à Richard,
64; mis à mort, 72.
Hall, sa Chronique, I, 395.
Hallam (Henri), auteur de VEurope
au moyen âge; son jugement sur
la commission de l'an x, I, 501;
sa partialité contre Richard, II,
106.
Halle (John), sa déclaration sur la
mort de Glocester, II, 180 et 322;
son jugement et son supplice, II,
181 et 324.
Hardyng (John), sa chronique en
vers, I, 389; son témoignage sur
une chronique supposée par Lan-
castre, 260.
Hargrave, sa collection des States
Trials, I, 498.
H aringhay-park (affaire de),I, 331,
505, 506.
Haukwogd (John), lettres patentes
qui lui sont données pour faire la
guerre en Provence, II, 8.
Haxey (sir Thomas), auteur d'une
pétition de réforme : livré au roi
par les communes, II, 143, et
condamné comme traître, 144; on
lui accorde adoucissement de la
peine, et bientôt grâce entière,
144 et 145.
Hayward , son histoire sur Ri-
chard II, I, 394.
Hearne, ce qu'il dit de l'altération
des monuments de l'histoire de
Richard IF, I, v.
Henri 111 roi d'Angleterre, I, 6.
Henri de Bolingbroke ou Henri de
Lancastre, comte de Derby, duc
de Hereford, puis de Lancastre,
et enfin Henri IV, roi d'Angleterre,
fils aîné du duc de Lancastre; un
des cinq lords appelants (voy. Ap-
pelants) , s'oppose à la destitution
de Richard par Glocester, I, 338;
reste au conseil après la chute de
Glocester, II, 16; sa campagne en
Prusse, 35,407; sa participation au
procès de Glocester, 164 et suiv.;
déposition contre Arundel , 172;
créé duc de Hereford, 187; sa
conversation avec Norfolk, 206; il
la dénonce au roi devant le parle-
ment, 207; différend avec Nor-
folk; renvoyé à la décision du
Conseil, 209; amnistie qu'il se
fait donner, ibid.; assignation à
comparaître à Windsor, 210; l'af-
faire doit se décider en bataille à
Coventry, ibid.; sentiments sur ce
combat, en France, 211; députa-
tion de Charles VI à Richard pour
l'empêcher, ibid.; sentiments en
Angleterre en faveur de Henri,
212 ; ce que Richard attendait de ce
combat, 215; pourquoi il le suspen-
dit, 216; sentence d'exil contre
Henri et contre Norfolk, 216; ma-
nifestations en faveur de Henii au
départ, 219; son séjour en France,
227 ; honneurs qu'il y reçoit ,
t6id.; on lui refuse la fille du duc de
Berri sur les instances de Richard,
231 ; privé des biens de son père
par Richard, 229; départ de Henri
TABLE DES MATIÈRES.
549
pour l'Angleterre, 236; débarque-
ment en Angleterre , 244 et 475; ses
proclamations, 246; mouvement
général en sa faveur, 247; il jure
qu'il ne veut pas déposséder le
roi, 248 et 476; ses progrès en
Angleterre, 250, 254 et 476; va de
C h ester à Flint pour prendre Ri-
chard, 271 et 488; son entrevue
avec Richard, 275 et 486; il le
mène à Chester, 276; expédie des
ordres au nom du roi , 279; le
mène à Londres, 280; entrée de
Henri à Londres , 283 et 493; sa
résolution sur Richard : le faire
abdiquer avant la réunion du par-
lement , 285 ; troupes des sei-
gneurs licenciées , 285 et 494 ;
Henri réclame le trône, est pro-
clamé, 305; nomme les grands
officiers et renouvelle les pouvoirs
des juges, 307 et 496; convoque
le parlement, 308: banquet au
parlement, 308 et 502; cérémonie
ducouronnement, 310, 501 et502;
banquet du sacre, 311; huile mi-
raculeuse. 312-316; nomme Henri,
son fils aîné, prince de Galles,
317; habileté de sa conduite, 336;
récompenses à ses partisans, 337;
fausseté de sa position à Tégard
delà France après son avènement,
346; ses ambassades après le sa-
cre, 509; ses démarches pour se
maintenir en bons termes avec la
France, 349, pour renouer par
un nouveau mariage l'alliance
rompue, 511, 533-536; son at-
titude devant le parlement de sa
première année (voy. parlement),
335-344; conjuration contre lui,
353; tentative manquée , 356 ;
Henri à Londres; arme contre
les conjurés, 356; Henri à Lon-
dres après la défaite des conjurés,
361; son discours aux évèques,
ibid.; sanglantes exécutions : le
peuple s'y mêle plus qu'on ne
l'eût voulu; mesures pour arrêter
le mouvement, 367, 620; s'il a fait
mourir Richard, et comment, 367
et suiv ; funérailles qu'il lui fait
célébrer, 368; forcé de lutter con-
tre la croyance que Richard n'est
pas mort, 379-383, 531; son ad-
ministration attaquée, 539, 540;
forcé de combattre ses anciens
partisans, 385, 538; entravé dans
son gouvernement, 386; empêché
d'intervenir en France, ibid.; ses
derniers moments, 387.
Henri V; prend la couronne de son
père mourant, II, 387.
Henri VI. Sort pareil à celui de Ri-
chard. II, 388, 540.
Henri de Castille, fils de Jean I"
(Henri 111) épouse la fille du duc
de Lancastre, II, 394.
Hereford (Henri duc de). (Voy.
Henri).
Hereford (Evêque de). (Voy. J.Gil-
bert.)
Hereford (Nicolas), partisan de Wi-
clef, I, 460.
HoLLAND (Jean de), comte de Hun-
tingdon, duc d'Exeter, frère uté-
rin de Richard, gendre du duc de
Lancastre; avec Richard à la Tour,
I, 63; ne le suit pas à Mile's end,
72; fait mourir le carme qui avait
accusé Lancastre, 228: capitaine
de Cherbourg, 236; tue le fils du
comte de Stafîord, 242 ; accompa-
gne Lancastre en Espagne , 279;
nommé comte de Huntingdon dans
l'Admirable Parlemen ta la demande
des communes , 372 ; l'un des
principaux accusateurs de Gloces-
ter, H, 164; nomme ducd'Exeter,
187; accompagne Richard en Ir-
lande, 237; se fait envoyer comme
ambassadeur à Henri de Lancastre,
son beau-lrère, à Chester, 261 et
484; retenu par Henri, 263; as-
siste avec les autres à la déposi-
tion de Richard et à l'élection de
Henri, 300 et suiv.; incrimine
Bagot devant le parlement, 321^
accusé ccmme un des appelants
contre Glocester, 331; perd son ti-
tre de duc d'Exeter, 334 ; entre
dans le complot contre Henri, 352;
prend congé de sa femme , 354;
absent de Cirencester, 358; sa
fuite, 362; il est arrêté et misa
mort, ibid. et 517.
HoLLAND (Thomas de), père du, pré-
cédent, comte de Kent par son ma-
riage avec Jeanne de Kent, 1,400.
HoLLAND (Thomas de) , comte de
Kent, fils du précédent; avec Ri-
chard à la Tour, 63; le quitte sur
le chemin de Mile's end, 72; donne
sa garantie avec les autres prin-
ces aux stipulations du mariage
de Richard et d'Isabelle, 220.
550
TABLE DES MATIÈRES.
HoLLAND (Thomas de), comte de
Kent, puis duc de Surrey, fils du
précédent, un des appelants con-
tre Glocester, II, 164; nommé duc
de Surrey, 187; maréchal d'Angle-
terre, 463; envoyé en Irlande à la
mort de Roger Mortimer, 243;
envoyé avec Jean de Holland, son
oncle , en ambassade à Henri ,
262; retenu et enfermé au château
de Chester, 263 ; assiste à la dé-
position de Richard et au sacre de
Henri , 300 et suiv. ; accusé comme
appelant contre Glocester, 331 ;
dépouillé de son titre de duc de
Surrey, 334; prend part au com-
plot contre Henri, 352; trahi par
Rutland , 357 ; tué dans Ciren-
cester, 358, 359 et 516; sa tête
apportée à Londres, 361 ; exposée,
B17.
HoLT (Jean) consulté à Nottingham,
I, 324; condamné, 357 et 358.
HÔTEL DU ROI (Règlement sur 1'), I,
17; demande qu'il soit inspecté
tous les ans, 273.
HouGHTON (Adam) , évêque de Saint-
David, chancelier à l'avénemenl
de Richard, I, 14, 26, 408.
HuMFEOi, duc de Glocester, fils de
Thomas de Woodstock , emmené
par Richard en Irlande , 237 ;
gardé au château de Trym, 252;
appelé d'Irlande, devient le gar-
dien de Richard, 490; sa mort,
ibid., et 512.
HuNTiNGDON (Jean de Holland, comte
de). (Voy. Jean de Holland.)
Hyoens (Jean) , auteur de la révolte
de Gand, I, 138.
I
Impôts, nécessairement votés au par-
lement, I, 10 et 11.
Insurrection des paysans, en 1381, 1,
55 et suiv.; comtés qui y prennent
part , 56 ; l'msurrection dans le
comté de Kent, 58; soulèvement
au nom du roi, 437; plan des in-
surgés, ibid.; ils vont à Canter-
bury, délivrent John Bail et pillent
le palais de Farchevêque, 58; pro-
clamations , 59 ; à Rochester ,
mettent J. Newton, chevalier, à
leur tête, 60; les insurgés à Black-
heath, 61 ; envoient J. Newton
au roi, 63 ; Richard vient vers eux
sur la Tamise, 64,441; lesinsur-
gés à Londres, 66; destruction de
l'hôtel de Savoie, ihid. et 441 ; mas-
sacres dan s Londres, 67; les insur-
gés devant la TouT, 68; ils pénè-
trent dans la Tour, 70; meurtre de
l'archevêque, 72, 443 ; les paysans
et le roi à Mile's end , 73 , 444 ; char-
tes d'affranchissement qui leur sont
distribuées, 74; les uns s'en vont,
d'autres restent avec les chefs,
ibid.; continuation des massacres
et du pillage, 76; les insurgés à
Smithfield, i&td. et446; dispersés
après la mort de Wat-Tyler, 80, 446;
bannières rendues paries paysans,
81 , 447 ; défense de rester à Lon-
dres, ?&îd.; l'insurrection dans les
provinces, 82 et suiv.; à Saint- Al-
ban, 83; caractères de l'insurrec-
tion , 95 ; guerre aux lettrés , ibid. et
429 ; trait pareil rapporté à la révolte
de Jean Cade sous Henri VI par
Shakspeare, 429; causes; imputa-
tions réci[iroques, 96; comtés où
sévit l'insurrection, ibid.; à Bil-
lerica, 100; chartes <le liberté
abrogées, 100 et 452; lettre du roi
contre les insurgés, 452; insur-
rection réprimée, 105; résistance
des serfs, 453; loi contre les ras-
semblements séditieux , 456 ; re-
tentissement encore en 1382, 140;
réparations demandées, 467.
Invasion de l'Angleterre projetée par
Charles VI, l, 280; immenses pré-
paratifs, 281; rassemblement au
port de l'Écluse, 282; confiance
des Français, 283; terreur des An-
glais, 284; confiance de quelques-
uns, 285, 286; mesures de dé-
fense du gouvernement anglais ,
286-288 et 497; immense agglomé-
ration des Français à l'Ecluse,
289 ; départ ajourné en attendant
le duc rie Berri, i6td.; l'entreprise
est remise au printemps suivant,
294; jugement sur cette tentative,
295; dispositions hostiles des
paysans contre les chevaliers fran-
çais, 296.
If^LANDE. £tat du pays en 1394, II.
79 et 426; les Irlandais sauvages,
80; événements depuis 1382, 81 ;
expédition de Richard, 82 ; quatre
rois font leur soumission , 83 et
428 ; on entreprend de les former
TABLE DES MATIÈRES.
551
à l'anglaise, 54 et suiv,; disposi-
tions humaines de Richard envers
l'Irlande, 88; gêné par son conseil,
89 et 428; désordres après le re-
tour de Richard; préparatifs d'une
nouvelle expédition, 226; seconde
expédition de Richard, 243, 469.
Isabelle, fille aînée de Charles VI,
fiancée au duc d'Alençon , puis
épouse de Richard et reine d'An-
gleterre, II, 112; négociations re-
latives à ce mariage, 113 et suiv. ;
délibération en France à ce sujet,
ibid.;\ai demande accueillie, 114;
garantie des princes anglais à pro-
pos de son mariage, 120 ; Isabelle
présentée à Richard , 126; mariée
127; menée à Londres, ihid.; lA-
tes du mariage, ibid.; Faveurs à
l'occasion de ce mariage, 136 et
446; adieux du roi à son départ
pour l'Irlande, 238; la petite reine
gardée h Wallingford, 494; trans-
férée par Henri à Sunning, 346 et
et 494; ambassade de France à
son suiet après la déposition de
Richard, 349; efî"orts de Henri
pour la retenir par un nouveau
mariage, ihid.; négociations pour
son retour, 534; elle est enfin
rendue, 536; épouse le fils du duc
d'Orléans, et meurt avant l'âge
de vingt ans, ibid.
Jean, roi de France, I, 1.
Jean sans Terre, roi d'Angleterre, 16.
Jean 1", roi de Castille, fils de
Henri de Transtamarre, épouse la
fille du roi de Portugal, I, 276;
réclame vainement le trône de
Portugal, 277.
Jean 1"'" Cd'Avis) , roi de Portugal, I,
277; allié des Anglais contre la Cas-
tille ; vainqueur à Albujarotta, ibid.
Jean IV (ou V), duc de Bretagne,
fils de Jean de Montfort. (Voy.
Bretagne).
Jean de Blois, comte de Penthière,
fils de Charles de Blois, I, 502;
II, 413, 415.
Jean de Gand, duc de Lancastre,
quatrième fils d'Edouard III, I, 3;
marié à la fille aînée de Pierre le
Cruel ; prend le titre de roi de
Castille, ibid.; son influence dans
les dernières années d'Edouard III ,
4 et 401 ; mécontentement contre
lui, 4; intervient dans le procès
de Wicleff, 49; menacé par le
peuple, 50 et 401; réconciliation
de Londres avec lui à l'avènement
de Richard, 402; sa retraite à
l'avènement de Richard, Î3 et
408; ses échecs dans la guerre,
24 ; violation de l'asile de West-
minster, ibid.; ses projets au
parlement de Glocester, 25, 421;
statut qu'il fait rendre contre les
auteurs de bruits calomnieux,
424 ; ses périls durant l'insur-
rection, 58, 66 et 97; con-
clut une trêve avec les Écossais ;
menacé par les insurgés; suspect
aux autres, il est réduit à fuir en
Ecosse, 98 et 450; honneurs qu'il
y reçoit et qui le rendent plus
suspect; lettres du roi qui le jus-
tifient et l'autorisent à revenir en
armes, 99 et 451; saquerelle avec
Northumberland , 1U6 ; conflit
attendu et souhaité du peuple,
107 ; dans la commission d'en-
quête, 111; son influence après
l'insurrection, ihid.; ses demandes
et ses ofi'res pour une expédition
en Espagne, 117; pouvoirs pour
traiter avec la France, 473; son
expédition en Ecosse en 1384,
217; causes de mécontentement
qu'il avait, 225; causes de soup-
çons contre lui» 226; ce qu'on
disait de sa campagne d'Ecosse,
ibid.; accusation d'un carme
contre lui, 227; le carme, donné
en garde à Jean de Holland, est
torturé et mis à mort par lui
dans sa prison, 228 et 477; que-
relle avec le roi, 235 et 480; ac-
compagne le roi en Ecosse; con-
seil taxé de trahison, 244; sujets
de mécontentement, 259; arrière-
pensée de supplanter Richard,
260; prétendu droit d'aînesse de
sa ligné, ibid.; chronique qu'il
avait supposée, î'bid. *et 448; di-
verses accusations contre lui, 5,61;
nécessité de le regagner, ibid.;
son expédition d'Espagne , 276-
280 et 492; son traité avec le roi
de Castille, II, 9 et 394; confiance
que lui témoigne le roi, 22, 402;
il est nommé duc de Guyenne, 34
et 406; opposition de l'Aquitaine
552
TABLE DES MATJERES.
à cette nomination, 419; désigné
pour aller en France, 49; entre-
vue d'Amiens (voy. Amiens); ses
dis[)OsUions favorables à la paix,
66; lieutenant du roi en Picardie,
ibid. et 419; part qu'il prend aux
négociations de la paix (voy. Leu-
linghem); au mariage du roi,
119 et suiv.; son mariage avec
Catherine Swinford, 119 et 447;
ce que Richard avait fait pour lui,
134: ses enfants légitimés, 136;
se dispense de conseiller le roi et
se tient à Técart devant les in-
trigues de Glocester, 159 ; son
nom mis en avant par Glocester
dans ses complots, 158, et par le
roi dans l'arrestation de Glocester,
164; préside comme sénéchal aux
procès du parlement de la xxr an-
née, 170 et suiv.; ses inquiétudes
au sujet de 5on fils Henri, 212 et
214; sa mort, 227; ses biens con-
fisqués par le roi, 229.
Jeanne, comtesse de Kent; épouse
le comte de Salisbury, et, ce ma-
riage étant rompu, Thomas de
Holland, puis le Prince Noir
(Edouard^ prince de Galles) dont
elle a Richard, 1,4 et 400; surprise
et relâchée par les insurgés, 61;
retrouvée par eux à la Tour;
soustraite à leurs outrages, 71;
intervient entre Richard et le duc
de Lancastre^36; intercède pour
Jean de Hol»nd auprès de Ri-
chard, 242 : meurt, 243.
Jénico, écuyer gascon; avec Ri-
chard dans son expédition d'Ir-
lande, II, 259; sa constance, 278;
ce qu'il devint, 491.
Juges consultés à ISottingham, 1, 326;
arrêtés, 348 ; condamnés, 357 et
358 ; relégués en Irlande, 369 ; gra-
ciés au bout de neuf ans, II , 138.
Juges envoyés dans les comtés, I,
8 ; autorité considérable des juges
en Angleterre, I, 326; bien jus-
tifiée, 348.
Juges de paix, I, 32.
Jury, I, 101, 104.
K
Kent (pays de); part principale à
l'insurrection des paysans, I, h6
et suiv.; tentative nouvelle, 92.
Kent (comte de). (Voy Thomas de
Holland.)
Kett; sa révolte en 1559 rapprochée
de celle de Wat-Tyler, 1, 450.
Knighton; si le V« livre mis sous
son nom est de lui, I, 389.
Knolles (Robert), capitaine anglais,
I, 24, 38; s'arme contre les pay-
sans, 69 ; pris pour chef, 80;
meurt en 1407. (Walsingham.
376.)
Kygningham, confesseur de Jean de
Gand, duc de Lancastre, II, 434.
Laboureur (complainte du), II, 435.
Laboureurs (loi des), I, 20, 32,
412; aggravée au parlement de
Cambridge, II, Set 391; modérée
par Richard. 27.
Laines (subside des), I, 17, 114,
115, 118, 422; permission de l'es-
com[)ter, 118; interruption pour
éviter la prescription, 455.
Lancastre (Jean de Gand, duc de).
(Voy. Jean de Gand).
Lancastre (Hennde). (Voy. Henri.)
Lancastre (armes de la maison de)
JI, 484.
Langley (Edmond de). (Voy. Ed-
mond.)
Latimer (William), I, 3.
LEG(Jonn); chargé de lever la ca-
pitation, I, 55; mis à mort, 72.
Légistes; haine que leur portent
lis paysans insurgés, I, 439.
Lettres protégées par Richard, II,
105.
Leulinghem, entre Calais et Bou-
logne, lieu de conférences des
Anglais et des Français; trêve du
26 janvier 1384, l] 214 et 475;
heureuse influence en Angleterre,
214; tiêve du 18 juin 1389, H,
20 et 400; trêve du 27 mai 1394,
77 et 424 ; trêve de vingt-huit ans,
9 mars 1396, 118 et 440.
Libéralités du roi ; ordonnance
pour les régler, II, 35.
Lionel, duc de Clarence, troisième
fils d'Edouard III, I, 3; sa fille
Philippa porte ses droits aux Mor-
timer, comtes de la Marche, 400.
(Voy. Mortimer.)
Littester (Jean), chef des insurgés
du Norfolk, I, 88; se fait appeler
TABLE DES MATIÈRES.
553
roi des communes, 90; attaqué
par l'évêque de Norwich, pris et
pendu, 91 et 449.
Livrées des seigneurs, I, 5, 18, et
II, 392.
Loi, concours des deux Chambres
pour la changer, 1, 11. ^
LoKTON (Jean), consulté à Nottin-
gharu, I, 325; condamné, 357
et 358.
LOLLARDS, disciples de Wicleff, I ,
49; leurs pratiques; faveur du
peuple pour eux, 128, A32; accu-
sés de complicité dans l'insurrec-
tion, 453; faveur qu'ils trouvent
dans l'université d'Oxford, 131 et
459; concile de Londres (1382),
460; leurs principaux docteurs,
ibid. ; poëmes divers ou chansons
pour ou contre eux, 461 et 462;
troubles qu'ils excitent à Londres,
131 et 463; protestation des com-
munes contre un décret qui les
menaçait, 150; leurs progrès, 11,
97, 434; placards qu'ils affichent à
Londres, 99.
Londres. Sédition contre Lancastre
en 1377, I, 401; ses franchises,
I, 18 et 411; vengeance des ha-
bitants sur un marcliand génois,
428; le peuple favorable aux pay-
sans insurgés, 66; troubles en
1382, 131 ; rétablie dans ses fran-
chises, 256; sédition en 1392, pu-
nie par le roi, 11, 59 et 417; par-
donnée, 60 et 417; grande récep-
tion faite par les habitants au roi
et à la reine, 61; nouveaux rè-
glements sur son administration,
73 et 423.
Londres (concile de), I, 459.
Lords spirituel» et temporels au par-
lement, 1 , 8 et 9; lords demandés
par les communes pour les assis-
ter, 15, 28, 408, etc.
Lords appklants. (Voy. Appelants.)
Louis de Mâle, comte de Flandre.
(Voy. Flandre.)
LiJNA (Pierre de), cardinal et depuis
Benoît XIII ; aux conférences de
Leulinghem, II, 68 et 421 ; lettre
que lui écrit Richard, 130.
Luxe; soumis à l'impôt, 1, 33; à la
cour de Richard, I, 263, et II,
104.
Lys (passage de la), I, 155.
M
Mac-Morogh, un des rois d'Irlande,
II, 84 et 428; reprend les armes
contre Richard, 243.
Maillotins à Paris, I, 137.
Maintenance (droit de), I, 18.
Marc d'argent : sa valeur, I, 34,
note.
Marche (comte de la). (Voy. Mor-
TIMER.)
Maréchal (office de), I, 7; à Tho-
masde Brotherton et à ses descen-
dants, 404; à Thomas de Mow-
bray, son arrière-petit-fils, 405.
(Voy. MOWBRAY.)
Maréchal (comte). (Voy. Mowbray.)
MAtGUERiTE Maréchal , fille de
Thomas de Brotherton, comtesse,
puis duchesse de Norfolk, I, 404,
405; II, 460.
Marine française : aa. supériorité sur
celle des Anglais ,1, 38 et 427.
Marre (Pierre de la) , son rôle au Bon
Parlement, I, 15; mis en prison,
401 ; orateux des communes au pre-
mier parlement de Richard , 1, 15
et 409.
Maudelein (Richard), chapelain de
Richard ; l'accompagne en Irlande,
II, 237; ses antécédents, 471; les
seigneurs conjurés contre Henri IV
le font passer pour Richard délivré
de prison, 466; son arrestation et
sa mort, 365.
Merks (Thomas) , évêque de Carlisle :
ses antécédents, II, 471; accom-
pagne le roi en Irlande, à Conway,
à Flint, à Chester, 237-259, 271,
278; sa protestation contre la dé-
position de Richard, 304 et 498;
arrêté, 305; prend part à la con-
juration contre Henri IV, 352;
condamné, 366; gracié; ce qu'il
devint, 519.
Merlin : ses prédictions appliquées
à la chute de Richard, II, 276, et
à la restauration qu'on espérait,
351 ; aux futures conquêtes de
Henri, 503.
MicHKL de la Pôle. (Voyez Pôle.)
Ministres (responsabilité des), I,
II.
Molyneus (Thomas), arme pour Ri-
chard, i, 338; tué à Redecot-
bridge, 339.
Monnaie anglaise ; recherchée sur
le continent comme non altérée.
554
TABLE DES MATIÈRES.
I, 263; mesures pour en empêcher
l'exportation, 464.
MoNTAiGU (William de), comte de Sa-
lisbury : près du roi dans l'insur-
rection des paysans, I, 64.
MoNTAiGU (Jean de) , frère du précé-
dent, membre de la commission
d'enquête, I, 426.
MONTAIGU (Jean de), comte de Salis-
bury, fils du précé(Jent et héritier
de William, comte de Salisbury,
son oncle, en 1397 : ses antécé-
dents, II, 454; favorable aux loi-
lards, II, 435; un des appelants
contre Glocester, 164; membre du
comité parlementaire, 203; en-
voyé en France pour empêcher le
mariage de Henri de Lancastre,
231; accompagne Richard en Ir-
lande, 237 ; envoyé devant le roi à
Conway, 253; ses premiers succès
dans le pays de Galles; ses vains
efforts pour retenir les troupes,
255; arrêté avec Richard, 269;
ressentiment que lui montre Henri ,
276; assiste à la déposition de Ri-
chard et à l'élection de Henri , 300
etsuiv.; accusé comme appelant
contre Glocester, 331; soupçonné
d'être particulièrement l'aute'ur de
l'appel, 332; prend part à la con-
juration contre Henri IV, 352;
tué à Cirencester, 359 et 516; ses
brillantes qualités, 480.
MoRTiMER (Edmond) , comte de la
Marche, marié à Philippa, fille de
Lionel, duc de Clarence : chargé
des fonctions de maréchal, I, 400,
401 et 404; tué en Irlande, en
1381, II, 81.
MoRïiMER (Roger) , comte de la Mar-
che, fils du précédent : désigné
comme héritier de Richard, I,
489 ; nommé, quoique enfant,
lieutenant d'Irlande, II, 81 ; se
refuse aux offres de Glocester, qui
veut le substituer à Richard, 158;
tué en Irlande (1398), 226.
MoRTiMER (Edmond), comte de la
Marche, fils aîné du précédent,
héritier légitime de Richard, II,
299 et 538; gardé soigneusement
par Henri, 538.
MoRTiMER (Edmond), oncle du pré-
cédent : fait prisonnier par Ovi^en
Glandowr, 538.
MoRTiMER (Thomas), sans parenté
avec les précédents, II, 460; *tue
Molyneus à Redecot-bridge , I ,
339; accusé avec Glocester; fuit
en Irlande, II, 183; condamné,
183-198.
Mowbray (Jean de), créé comte de
Nottingham à l'avènement de Ri-
chard, I, 407.
Mowbray (Thomas de), comte de
Nottingham, puis duc de Norfolk,
comte maréchal, frère puîné du
précédant : comte de Nottingham
à la mort de son frère, I, 440;
comte maréchal en l'an ix de Ri-
chard, 40.^; succès sur mer, 321 ;
l'un des cinq lords appelants, 338
(voy. Appelants); faveurs qu'il
obtient du roi, qui a repris le
pouvoir, II, 21 ; gardien de Ber~
wick, 21 et 401 ; capitaine de Ca-
lais; négociateur de la trêve de
vingt-huit ans et du mariage de
Richard, 113, 114, 117; garant
des stipulations du mariage, avec
les autres princes, 120; faveurs
dont il était comblé, 135; accrois-
sement de ses privilèges comme
maréchal, 136; arrête Glocester et
le mène à Calais, 162; le fait met-
tre à mort, 180; créé duc de Nor-
folk, 187; sa confidence à Henri
de Lancastre, trahie par lui, 210
(voy. Henri de Lancastre); son
exil, 218; sa mort, 219.
Mowbray (Thomas de), duc de Nor-
folk, fils du précédent, à la cour de
Henri IV, II, 539; prend part au
soulèvement du comté d'York con-
tre Henri, 385; pris et mis à mort,
386.
N
Navarre (Charles III, roi de), en-
gage Cherbourg à l'Angleterre, I,
23.
Nevil (Alexandre), archev. d'York,
conseiller particulier du roi, I, 323,
à Nottingham, 324; mis en accu-
sation , 334 et 335; fuit sur le con-
tinent, 337, 507, 512; transféré
au siège de Saint-André, 350; ob-
tient une cure en Flandre, ibicL;
sa mort, II, 16.
Nevil (Jean), un des principaux sei-
gneurs du nord de l'Angleterre :
mis en jugement au Bon Parle-
ment, I, 3; chargé de diverses
missions, 452 et 478.
TABLE DES MATIÈRES.
555
Nevil (Raulf), fils du précédent;
gardien des marches d'Ecosse, II,
397 ; constable de la Tour de Lon-
dres, 170; comte deWestmoreland,
187; se joint à Henri dès son ani-
vée; nommé par lui maréchal,
496; présent à l'abdication de Ri-
chard et aux actes qui suivirent,
II, 290 et suiv.; reçoit de Henri
le comté de Richmond, 337.
Newton (Jean), chevalier; forcé de
marcher à la tête des paysans in-
surgés, I, 60.
NicopoLis (bataille de) II , 131 .
Nobles. Leur inertie dans l'insurrec-
tion des paysans, I, 59 et 438;
finissent par se rallier au roi, 92.
Norfolk (Thomas, duc de). (Voy.
MOWBRAY.)
NoRTHAMPTON (Jeaii de), maire de
Londres, favorable aux loUards;
condamné pour les troubles de
Londres en 1382, I, 131, 463,
486...; réhabilité, II, 137, 448.
NORTHLMBERLAND. (Voy. PerCY.)
No RwiCH (Henri Spenser,évêque de).
(Voy. Spenser.)
NoTTiNGHAM (Thomas de Mowbray,
comte de). (Voy. Mowbbay.)
NoTTiNGHAM (cousultation de), I,
324 et 504; questions posées, 325;
si l'on usa de violence, 326; léga-
lité de la consultation, 327; incri-
minée dans l'Admirable Parle-
ment , 346 ; confirmée au parle-
ment de la xxi° année, II, 195.
0
Offices (grands), I, 403; de droit à
la nomination du roi , 405 ; empié-
tements des communes tolérés,
puis supprimés sous Edouard III,
405.
Officiers (grands), I, 7; nommés
en parlement par les lords pendant
la minorité du roi, 17 et 27 : anté-
cédents sous Henri III, mais non
passés eri usage, 457 et 488.
Oldcastle (John), héritier du nom
de Cobham, chef des loUards;
récuse le parlement en 1417, pré-
tendant -que Richard est vivant.,
II, 383^, 532.
Oncles de Richard. Leur position
dans l'Etat, I, l!i et 22. (Voyez-les
sous leurs noms.)
Orateur (1') , président des commu-
nes, I, 15.
Ormond (le comte d'), un des prin-
cipaux seigneurs de l'Irlande an-
glaise, II, 82 et suiv.
Otterbourne, historien, I, 388; sa
partialité, II, 457.
0TTERB0URNE(batailled'),II,llet396.
Oxford (Robert de Vère, comte d').
(Voy. Vère.)
Oxford (université d') . favorable à
WicletT, I, 50; le condamne, 129;
lui redevient favorable, 130 et 459.
Paix (question de la), portée au par-
lement, I, 219 et 477; négocia-
tions pour la paix (voy, Leulin-
GHEM, Charles VI, Richard II);
question de souveraineté et d'hom-
mage qu'elle soulève, II, 410.
Pardon sollicité abusivement, II,
28 et 403.
Parlement, I, 6; première convo-
cation des députés des comtés et
des bourgs, ihid.; sa composition,
8, 9, 406, 407; ordre suivi pour
la tenue du parlement, 13; réu-
nion annuelle demandée , 19.
Parlement (le bon), avant-dernier
d'Edouard III, I, 3,399.
Parlement de l'an i, de Richard
(13 octobre 1377); I, 13; pétitions
des communes, 18 et 411.
— i" DE l'an II (20 octobre 1378), à
Glocester, I, 26, 422; subside, 29;
pétitions, ibid.
— ir DE l'an II (25 avril 1379), 31 ;
subside demandé , comptes pro-
duits, ihid.; pétitions, 32.
— DE l'an m (14 janvier 1380), I,
35; récriminations des communes,
36; subside, 37.
— DE l'an IV (5 novembre 1380) , à
Northampton; pourquoi réuni à
Northampton, I. 40; débats sur
le subside, 41; pétitions, 429.
— - 1" DE l'an v (2 novembre 1381),
I, 105; pétitions des communes,
108; question d'initiative, ibid.;
plaintes contre les dépenses de
rhôtel, etc. , 109 et suiv.; subside,
113, 455; ajourné, 116; seconde
session (27 janvier 1382), 117;
question de la guerre, ibid.; péti-
tions, 119, 457; mesures de dé-
556
TABLE DES MATIERES.
fiance à l'égard du roi, 120; im-
minence d'une lutte, 121.
— Il* DE l'an V (7 mai 1382), me-
sures financières, 351 et 463; peine
contre ceux qui ne viendraient pas
au parlement, A64.
— I" DE l'an VI (6 octobre 1382),
-142.
— ii« DE l'an VI (23 février 1383),
169.
— I" DE l'an VII (26 octobre 1383) ,
198; exposition de Michel de la
Pôle, chancelier, ihid.; subside,
199; actes divers, 487.
— n" DE l'an VII (24 avril 1384), à
Salisbury, 217; exposition de Mi-
chel delà Pôle, 218; subside, 219,
47 6; question de la paix, 219;
actes divers, 487.
— DE l'an VIII (12 novembre 1384),
232; exposition de Michel de la
Pôle, ibid.
— DE l'an IX (20 octobre 1385), 261 ;
questions posées par Michel de la
Pôle, 262; subside, 264; pétitions
des communes, 271; elles deman-
dent l'inspection nouvelle de Thô-
tel, la nomination des trésoriers
du subside en parlement, la com-
munication des noms des mem-
bres du conseil, des capitaines,
ûes amiraux, etc., 273; conflit qui
commence à se marquer entre le
parlement et le roi , 274 ; abtes
divers, 491.
— DE l'an x d"- octobre 1386), 303;
exposition de Michel de la Pôle,
ibid.; le parlement demande sa
destitution, 307; résistance du
roi, ibid.; projets qu'on lui prête,
308 ; le parlement lui envoie Glo-
cester et Thomas Arundel, ibid. ;
langage menaçant qu'ils lui tien-
nent, 309; le *roi cède, 311; ju-
gement de Michel de la Pote, 312-
314; fait nommer les gri^nds offi-
ciers et le conseil à son gré, 315;
pouvoirs donnés au conseil (com-
mission de l'an x) , 316; subside
voté, 319; serment prêté par le
nouveau conseil, ibid.; par le roi,
320; protestation du roi, i6td; pé-
titions, 501.
— DE l'an XI (3 février 1388) : V Ad-
mirable Parlement, 342 , 497;
lettres de convocation, 501; dis-
cours du chancelier, 343 ; les lords
ecclésiastiques déclarent s'abste-
nir des procès, 349; les absents con-
damnés par contumace, ibid. et
511; sort de l'archevêque d'York,
350 ; déclaration en faveur de la
prise d'armes de Haringhay, 351 ;
banquetde réconciliation, 356; vote
du subside, sous condition, 365,
369; 20 000 livres prélevées pour
les lords appelants, 370; pétitions
des communes, ibid.; mesures con-
cernant le conseil, l'hôtel du roi,
ibid.; serment exigé du conseil,
ibid.; confiscations réservées pour
les frais de l'État, 371; expulsion
des Bohémiens, ibid.: pension
payée par la reine, ibid. ; don à l'é-
vêqued'Ely, 372; revenusdu pape
appliqués à la guerre contre les
Écossais, 373; épuration des cours
de justice, 374; mesures pour per-
pétuer les actes accomplis; am-
nistie réclamée pour ce qu'ils pou-
vaient avoir de coupable, 375;
pour toute trahison, excepté les
amis des condamnés, ibid.; confir-
mation des jugements; peine des
traîtres contre ceux qui les vou-
draient annuler, 376; aveu que ce
qui a été puni comme trahison dans
ce parlement n'est pas trahison,
376; nulle grâce aux condamnés, •
377 ; serment solennel avec excom-
munication pour confirmer lesac-
tesduparlement,377-379, 517; ju-
gement sur les actesde l'Admirable
Parlement, 379-382; qui l'a appelé
a l'admirable? » 369 : nommé aussi
<• l'impitoyable, » 482 et 518.
-DE l'an XII (9 septembre 1388) à
Cambridge, II, 391 ; aggravation
de la loi des laboureurs, ibid. ; or-
donnance sur les livrées, l'usage
des armes, etc., 5 ; sur les provi-
seurs, 6; loi somptuaire; ibid.
- DE l'an xiii (17 janvier 1390), V3;
exposition du chancelier, ibid.;
les grands officiers et les mem-
bres du conseil se démettent de
leurs charges pour soumettre leur
conduite au parlement, 24; péti-
tions des communes, et conces-
sionsouréservesduroi,26 etsuiv.;
pétitions contre les ordonnances
contraires à la coutume, les évoca-
tions au conseil et divers abus,
28; pétitions contre les droits de
grâce en divers cas, ibid.; affaires
de Rome, 29; subside, 33.
TABLE DES MATIÈRES.
557
-^ UE l'an XIV (12 novembre 1390),
42; le roi y fait agréer des négo-
ciations pour la paix, ibid.; di-
verses pétitions des communes,
43; notamment pour le maintien
des confiscations prononcées par
l'Admirable Parlement contre les
amis de Richard, 43; remerci-
ments au roi pour son bon gou-
vernement , 44 ; règlements di-
vers, 411.
— DE l'an XV (3 novembre 1391),
46; question de France et ques-
tion de Rome, 47 ; pouvoirs lais-
sés au roi pour négocier avec le
pape sur la question des provi-
seurs, 49; subside, 50; nouveaux
remerclments adressés au roi ,
ibid.
— DE l'an XVI (20 janvier 1393) , 62 :
pouvoirs qu'il donne au roi pour
les affaires de Rome, 63; subside,
ibid. et 419.
— DE l'an XVII (27 janvier 1394),
71 ; question de la paix, 74; sub-
side, 76.
— DE l'an XVIII (27 janvier 1395),
87 ; ses réserves en votant un sub-
side pour l'Irlande, 88.
•— DE l'an XX (23 janvier 1397), 138
et 449; pétition en 4 articles, 141 ;
les communes livrent l'auteur de
la pétition, 143; loi qui qualifie
de trahison son acte et qu'on lui
applique, 144; subside, 450; le
roi renonce à l'impôt du dixième,
145 ; diverses concessions et grâ-
ces, 146.
— DE l'an XXI (17 septembre 1397),
164; déclaration du chancelier,
165; abolit le statut de l'an x, 166;
révoque les amnisties, 167; acte
d'accusation contre Glocester , etc.,
168; procès d'Arundel, 170; sanc-
tion donnée aux jugements qu'il
prononce , 184; peine étendue aux
enfants des condamnés, 185; ga-
rantie aux survivants des membres
de la commission de l'au x, 185;
en faveur de Derby et de Nottin-
gham , 186; récompenses aux
lords appelants, 187; serment de
respecter ses jugements, 188.
Session de Shrewsbury (28 janvier
1398), 193; abolition des actes do
l'Admirable Parlement, 195; con-
firmation de la consultation de
^!ottingbam, ibid.; abolition des
condamnations des Despenser ,
197; condamnation de Thomas
Mortimer, 198; de J. Gobham,
199; sanction plus forte cherchée
auxactesde ce parlement, en s'a-
dressant au pape, 201; conseil
pour tenir lieu du parlement en
son absence, 203; vote du subside
des laines pour toute la vie du roi ,
204 et 463; amnistie, 205 et 464.
-—DE l'an XXIII (30 septembre 1399),
301 et 496 ; discours de Tarclievê-
que de Canterbury, 301; fibdica-
tion du roi produite et acceptée,
ibid. et 496; acte d'accusation
contre Richard, 302 et 497; dis-
cours de l'évêque de Carlisle,
304; Richard déposé et Henri
proclamé, 306; second discours de
l'archevêque de Canterbury, ibid.
Parlement de l'an i de henri iv
(6 octobre 1399), 309; abolition
des actes du parlement de l'anxxi,
316; dignités qu'il confère au fils
aîné de Henri, 317; retour sur
plusieurs actes de Tan xxi, 318;
sur la mort de Glocester, 319;
chronologie des actes et des pro-
cès de ce parlement, 505; re-
présailles contre les principaux
meneurs du parlement de l'an xxl,
325 et 606; Richard condamné à la
prison, 327; accusation contre les
lords appelants de l'an xxi, 330;
sentence, 333; garantie que -se
lont donner les communes à pro-
pos de ces jugements, 334; résumé
des actes de ce parlement, 335;
pétitions des communes, 338; ac-
cueillies du roi avec quelques ré-
serves, 340,507; confiscation des
biens des conseillers exécutés à
Brislol, -^2 et 508.
Paysans (insurrection des). (Voy.
Insurrection.)
Pêcheurs anglais et français ; leurs
bonnes relations au milieu de la
guerre, II, 40.
Percy (Henri), comte de Northum-
berland. Nommé à ce titre à Tavé-
nement de Richard, I, 407; déjà
chargé provisoirement des fonc-
tions de maréchal, 404; soutient
Wicleffdans son procès, 49; chargé
de la garde des marches d'Ecosse,
451 et passim; ferme ses villes à
Lancastre pendant l'insurrection,
98; reçoit l'ordre de lui fournir
558
TABLE DES MATIERES.
une escorte, 99 et 452 ; sa querelle
avec Lancasire au parlement de
1381, 106; ses nombreuses mis-
sions pour la guerre ou pour la
paix , passim ; parie librement du
despotisme de Rictiard, et est me-
nacé de lexil, II, 233; adhère un
des premiers à Henri de Lancas-
tre, 248; sa mission auprès de
Richard à Gonway, 264-269 et
485 (voy. RiGUARD); il est nommé
connéiable par Henri, 300; reçoit
de lui l'île de Man, 337; il prend
les armes contre Henri IV en 1403:
son manifeste ; nouvelles tentatives
en 1405 et en 1408, 382-384, 531,
538; sa mort, 386.
Percy (Henri), surnommé Hotspur,
filsdu précédent: associé à sou père
dans la défense des marches; com-
bat la France sur mer, 1, 321; pris
à Otterbourne, 11,11; avec son
père dans le parti de Henri IV, et
contre Henri IV (voy. l'article
précédent) ; périt à Shrewsbury
en 1403, 385.
Percy (Thomas), frère de H. Percy,
comte de Norlhumberland; combat
les paysans insurgés, I, 100; ca-
pitaine de Brest en 1384 , 236;
vice-chambellau, puis sénéchal de
l'hôtel en 1393, H, 417; s'éloigne
de la Cour à l'époque du complot
de Glocester, 161; procureur du
clergé dans le procès de Glocester
et de ses complices, 166; créé
comte de Worcester, 187 ; accom-
pagne Richard en Irlande ; laissé
avec l'armée à Millbrd, 259; va
rejoindre Henri, ibid.; prend les
armes contre Henri IV avec Henri
Percy, son neveu, ibid.; pris à
Shrewsbury et mis à mort, 385.
Perers (Alice), maîtresse d'E-
douard m ; menacée par le Bon
Parlement, I, 3; condamnée au
premierparlemenlde Richard, 399;
réclame ses biens confisqués. II,
462.
Pétitions au parlement ,1, 14 ; re-
ceveurs et examinateurs des péti-
tions t6id.,-pétilionsdes communes
aux divers parlements. (Voy. Par-
lement.)
Peuple (le), sa situation vis-à-vis
du roi, I, 5 et 6; invité à répon-
dre par acclamations en certaines
circonstances, 11, 202 et 305.
PiiiLiPOT (Jean) , bourgeois de Lon-
dres, nommé surveillant du sub-
side, 1, 18; équipe une flotte qui
bat les Écossais, 24; armé cheva-
lier après la mort de Wat-Tyler,
447; chargé des armements pour
la croisade de l'évèque de Norvvich,
174 et 182.
PL4IDS COMMUNS (cour des) , 1 , 7.
Poids et mesures (unité des), II,
0<3.
POLE (Michel de la), comte de Suf-
folk : son origine bourgeoise, I,
195; ses antécédents, 196 et 114;
chancelier, 196; son discours au
premier ])arlement de la septième
année, 198; soumet la question
de la paix au parlement, 219 (voy.
Parlement) ;ac^usé par Cavendish,
221 ; inimitiés accumulées contre
lui, 223.; créé comte de Sulïolk,
243; son administration, 255-257;
réunit fréquemment le parlement,
258; opposition contre lui, ibid.;
passe en France pour négocier
une trêve, 279; son désir d'arriver
à la paix, 301; ses mesures éner-
giques contre l'invasion, 302 ; irri-
tation publique contre lui, 304;
le parlement demande sa destitu-
tion, 305-307 ; acte d'accusation,
312; sa défense, 313; sa condam-
nation, 314 et 499; sorti de prison,
continue d'être dans la faveur du
roi, 323; à Nottingham, 324; mis
en accusation, 334 et 335; fuit à
Calais; livré par son frère, capi-
taine du château ; renvoyé au roi
et mis en liberté, 337, 507 ; con-
damné par défaut, 350; sa mort,
II, 16 et 399.
Pôle (Michel de la), fils du chance-
lier, II, 34.
Pôle (William de la), père du chan-
celier, I, 195.
Portugal (affaires de), I, 38; avan-
tages de son alliance pour l'Angle-
terre, 427; mariage projeté de la
fille du roi avec le fils du comte
de Cambridge, 276; rompu, ibid.;
prétentions qu'y gardent les An-
glais, 492; revient à l'alliance an-
glaise en prenant pour roi Jean
d'Avis, 277. (Voy. Jean d'Avis).
PouRvoYANGE (droit de), ses abus,
I, 18, 412, etc.
Prieurés étrangers, I, 271; II, 32
et 102.
TABLE DES MATIÈRES,
559
Protection (lettres de), II, 402.
Proviseurs , ou clercs pourvus par le
pape d'un bénéfice, 1, 37 et 413;
statuts sur les proviseurs, 414;
discussions avec Rome à ce pro-
pos ; conférences de Bruges, ibid. ;
état de la question sous Richard II ,
415; nouvelles mesures, II, 6,
101, 418; protestation des deux
arctievêques, 430; autorisation de
modifier le statut donné à Richard,
à Henri IV, 49 et 63 (voy. Parle-
ments de l'an xv, de Tan xvi de
Richard, et de rani*'"de Henri IV.)
0
Quinzième (impôt du) et du dixième,
I, 17, 410, 411 et 426.
R
Raynal (l'abbé), ce qu'il dit sur
Richard, I, 398.
Redecot - bridge (combat de) , I,
338 et 508.
Religieux de Saint-Denys, chro-
nique de Charles VI, I, 393.
Repyngdon (Philippe), partisan de
Wicleff", I, 460.
Richard II. Importance de son rè-
gne, I, iv; altération des monu-
ments de son histoire, v; esprit
de parti dans les jugements dont
il a été l'objet, vi; sources de
son histoire , 385-399; sa nais-
sance, 1; présenté au parlement
comme héritier du trône, 4; prince
de Galles, ihid. et 400; désigné
pour présider le dernier parle-
ment d'Edouard III, 401 ; succède
à Edouard III, 4; son couronne-
ment, 407; sa minorité, 12 (voy.
Parlement); sa conduite dans
l'insurrection de 1381 (voy. Insur-
rection des PAYSANS) ; inspiration
hardie qui la termine, 80; Richard
et sa mère après l'insurrection,
82; se rend dans l'ii^ssex pour
punir les insurgés, 101; à Saint-
Alban, 103; ses rapports avec le
parlement (voy. Parlement) ; di-
vers projets de mariage, 454;
épouse Anne de Bohême, 113; pré-
pare son pays à la guerre, 231 ; sa
lettre à l'archevêque de Canter-
bury, 232; annonce l'invasion im-
minente des Français, 238; fait
remise de l'impôt voté, ibid.; en-
tre en Ecosse, 244, 481; son ar-
mée, 482; règlement pour la cam-
pagne, ibid.; sa retraite, 245 et
483. Qualités extérieures de Ri-
chard et son caractère, 263, 484;
ami du luxe et de l'éclat, 253,
485; pureté de mœurs, 254; ca-
lomnié, ibid.; prodigalités pour
ses amis, ibid. et 465; ses sou-
tiens dans le parlement, 255;
veut se soustraire au conseil des
onze, 323; accompagne le duc
d'Irlande, ibid ; parcourt le nord
de l'Angleterre, 324; consulte les
juges à Nottingham, 325; revient
à Londres, 329 et 505; son entrée
solennelle, 330; mesures qu'il
prépare, ibid.; prévenu par la prise
d'armes de Glocester, ibid.; bruits
répandussur les projets de Richard ,
331 ; Londres se refuse à le dé-
fendre, 333; les seigneurs refu-
sent de se compromettre pour les
favoris, ibid.; opinion fausse même
en France sur ses conseillers,
506 ; il capitule et reçoit les appe-
lants à Westminster, 334; con-
voque le parlement, 336; procla-
mation en faveur des appelants,
ihid.; encourage les armements
contre Glocester, 338; à la merci
des appelants après la bataille
de Redecot-bridge, 339; les gens
de sa maison chassés ou arrê-
tés , 609 ; déclaration en sa fa-
veur après la condamnation de ses
ministres, 356. (Voy. Appelants
et Parlement de l'an xi.) Se dé-
clare majeur, II, 13; nomme ses
grands officiers, 14 et 398 ; modé-
ration dont il fait preuve dans
cette restauration, 14; analogie
des premiers temps de son règne
avec les premières années de Char-
les VI, 17; négociations avec la
France, 19; trêve de LeuUnghem
(1389), 20 ; sa dét'éreace à l'égard
du conseil, 21 ; à l'égard des droits
du parlement, 22; ses dispositions
pacifiques, 41; force de son gou-
vernement à l'époque de la tolie
de Charles VI, 59; sagesse de son
gouvernement personnel, 91; son
administration, 102; son carac-
tère, 104; protection aux lettres
560
TABLE DES MATIÈRES,
et aux arts, 105, 437; dépenses
du palais, îbid.; sa campagne d'Ir-
lande (voy. Irlande); ses rapports
avec Charles VI, 108-112; son pro-
jet de mariage avec la fille de
Charles VI, 112; déclaré au con-
seil, 113; députation pour cet ob-
jet à Paris: comment elle est ac-
cueillie, ibid. et 440; nouvelle
députation, 116; elle conclut une
trêve de vingt -huit ans et le ma-
riage, 117 et 440: dispositions di-
verses des oncles du roi à ce sujet,
119; actes relatifs au mariage,
442 et suiv. ; premier voyage de
Richard à Calais, 121; revient en
France pour le mariage, ibid.;
règlement pour l'entrevue, ll>2,
444; entrevue des deux rois, 122,
125; banquet, 126; déclaration de
Richard sur l'objet de l'alliance,
ibid.; engagement personnel pour
l'observation de la trêve, 444; son
mariage, 127, 446; couronnement
de la reine, 446. Position consi-
dérable qu'il avait alors en Europe,
128; ses lettres aux deux papes,
130; projet de le nommer empe-
reur, ibid.; politique conciliante
de Richard, 133; ses faveurs à
ses anciens ennemis, 124; projet
d'une expédition commune avec
la France en Italie, 139, 449; il
expose les avantages et la néces-
sité de l'union active de l'Angle-
terre et de la France, 140; con-
tinuation de ses bonnes relations
avec la France, 153; effrayé des
projets de Glocester, s'en ouvre à
son neveu et à son frère, 157; à
ses deux oncles, 159 ,qui le rassu-
rent, mais h-e tiennent à l'écart,
160: arrête Glocester, 161; sa
proclamation à ce propos, 163.
Procès de Glocester et de ses com-
plices, voy. Parlement de l'an
XXI ; si les procès de l'an 1397 ne
sont que l'accomplissement d'une
vengeance longtemps méditée,
189, 461 ; conséquences de ces pro-
cès, iViQ; différend de Derby et
de Norfolk (voy. Henri de Lan-
castre) ;actesde despotisme qu'on
lui rapporte, 221, 467, 468; sa
conduite dans les affaires de l'É-
glise et du schisme mal interpré-
tée, 222-224 ; emprunts, 224; con-
fiscation des biens du duc de Lan-
castre, 229; mal vue en Angleterre
232; désordre résultant deson des-
potisme, 233; défiances contre
lui, 234; seutrments de Londres,
234; appel à Henri, 235; départ
pour 1 Irlande , 237 ; son testa-
ment , 237, 472; ses adieux à la
petite reine, 238; écrits divers
sur sa chute, 472 et suiv. ; seconde
campagne d'Irlande, 243-474; il
apprend le débarquement de
Henri, 250; ses paroles au fils du
prétendant, 252; plan de campa-
gne, 253; revient à Milford, 255-
481 ; dispersion d'une partie de
ses soldats, 256, 482; opinions'
diverses sur sa conduite à Mil-
ford, 257; il part pour Conway,
259, 483; dissolution de son ar-
mée après son départ, 25t), 483;
trompé par Northumberland, at-
tiré hors de Conway et arrêté,
264-269, 484, 485; mené à Flint,
270, 486; ses lamentations, î'bitf.;
livré à Henri, 275; le lévrier de
Richard, 488; Richard mené à Ches-
ter, 276, 489; séparé de ses amis,
277, 490-492; confié à la garde du
fils de Glocester et du fils d'Arun-
del, 277; mené à Londres, 280,
492; tente de s'échapper en route,
281; gardé plus étroitement, ibid.;
présenté à la députation de Lon-
dres, 282; mené à la Tour, 284,
493; Richard à la Tour, 286; s'il
a abdiqué volontairement, ibid.
et 495; visite que lui fait Henri
avec York etRutland, 287; pro-
cès-verbal de son abdication, 290;
preuve du mensonge qu'il con-
tient, 291 ; entrevue de Richard et
de Lancastre, selon Froissart, 293
et suiv; moyens dont on a pu se
servir pour amener Richard à ab-
diquer, 294 ; abdication de Ri-
chard, selon la tradition de Frois-
sart adoptée par Shakspeare, 298;
déposition de Richard, 300, 497-
498; signification de sa déposition,
308, 500; condamné à la prison,
327; transféré secrètement à Pom-
fret, 350, 511; conjuration en sa
faveur, 351, 512; sa mort, 367;
traditions diverses : tué par Pierre
d'Exton, 368; qu'il est mort de
faim, 368; si cette mort fut volon-
taire ou forcée, 369; examen des
divers témoignages, 368 et suiv.,
TABLE DES MATIERES.
561
521-523; conclusion de son his-
toire. 374; sentiments qui écla-
tent à sa mort, 378; on refuse de
le croire mort, ibid. et 624: tradi-
tion qu'il s'était réfugié en Ecosse ,
379, 525; la nouvelle accueillie
en France, 380, 627; Creton en-
voyé en Ecosse pour la vérifier,
380, 528; tradition persistante en
Angleterre que Richard est vi-
vant, 381, 531; soulèvements en
son nom , ibid.
RicHMOND (comté de) appartenant au
duc de Bretagne; confisqué (1384)
Il , 412, longtemps réclamé, rendu,
125 ; donné au comte de Westmo-
reland, 337.
RiCKHiLL (William), sa mission au-
près de Glocester, II, 176; sa dé-
position devant le parlement ,
177.
Rivalité de la France et de l'Angle-
terre; si elle poussait fatalement à
la guerre, II, 36. •*•
Robert II , roi d'Ecosse . 1 , 241 .
Robert l'Ermite , messager entre les
deux rois, II, 108; renvoyé en
Angleterre à l'occasion du mariage
projeté de Richard; son entrevue
avec Glocester, 116.
Rome, ses rapports avecl'Angleterre,
I, 413. (Voy. Proviseurs.) Vues de
la France sur le domaine du saint-
siége en Italie, II, 414.
RosEBECQUE (bataille de), I, 160;
son influence en France et en An-
gleterre, 165.
Royauté (la) en Angleterre , sa puis-
sance, ses attributions, 1,5, 7.
RcssEL (John), membre du conseil
parlementaire, II, 203; retiré à
Bristol, 249; épargné par Henri
de Lancastre, 251.
RuTLAND. (Voy. Edouard Planta-
GENET.)
Saint-Alban. Grande part à l'insur-
rection des paysans , I , 83 et
suiv. : ramené à robéis.sance, 101
et suiv.
Saint-David (évoque de). (Voy.
Adam HouGHTON (1361-1389), et
Jean Gilbert (1389).
Saint-Inglevert (joules de), II,
37.
Saint-Jean-de-Jérusalem (ordre de);
demande touchant ses biens en
Angleterre, I, 272.
Saint-Malo (siège de), I, 24.
Saint -Pol (Waleran, comte de),
mari de la sœur utérine de Ri-
chard, I, 400; ses visites à Ri-
chard, II, 120, 156, 407.
Salisbury (le comte de). (Voy. Mon-
taigu.)
Salisbury (Jean), chevalier: son
procès devant l'Admirable Parle-
ment, I, 360 et 366; condamné,
368.
Salles (Robert de), refuse de se
mettre à la tête des paysans in-
surgés et est mis à mort, I, 88-
90.
Sceau privé (garde du), I, 7.
Schisme (grand); resserre les liens
de l'Angleterre avec Rome, I, 47;
opposition de l'Angleterre avec la
France sur cette question, 145;
puis accord pour y mettre fin,
mais divergence dans les moyens,
II, 129.
ScROP (Etienne le), fils de Henri
lord Scrop of Masham; avec Ri-
chard en Irlande, à Conway et à
Flint, II, 259, 271, 275, 27 7.
Scrop (Richard le), chancelier déjà
sous Edouard III, sénéchal de
l'hôtel, I, 26; chancelier (1378),
31; (1381), 107; ses discours au
parlement (voy. parlement); des-
titué pour ses résistances aux
prodigalités de Richard, 143 et
466; fait partie du conseil de
l'an X, 316; amnistié pour ce fait
au parlement de Tan XXI, II, 186;
adhère à la condamnation de Ri-
chard, 328; interrogé sur la con-
damnation de son fils, William le
Scrop, 342.
Scrop ( Richard le ) , archevêque
d'York, fils du précédent, dé-
tourne Richard d'autoriser le com-
bat de Derby et de Norfolk, II,
216; assiste à l'élection de Henri,
_ 306; prend part au soulèvement
' contre lui en 1405; son mani-
feste, 385; pris et mis à mort,
ibid.
ScRr.p (William le) , comte de Wilt-
shire; s'il est fils de Richard le
Scrop? II, 508; ses diverses fonc-
tions, 417 et 470; seigneur de
l'île de Man, 418 et 78; un des
11 — 36 -
562
TABLE DES MATIÈRES.
négociateurs du mariage de Ri-
chard et d'Isabelle, 113 et suiv.;
un des appelants contre Glocester,
164; créé comte de Wiltshire,
188; trésorier d'Angleterre et l'un
des principaux du conseil de Ri-
chard durant son despotisme, 224;
envoyé à Bristol, 249 ; mis à
mort, 251.
Segrave (Hugh), membre du con-
seil à l'avènement de Richard, I,
16; trésorier, 107.
Sénéchal d'Angleterre, 1,7; office
rattaché au comté de Leicester,
403; possédé héréditairement par
Jean de Gand, duc de Lancastre,
403, 484.
Servage en Angleterre, I, 45; ex-
tradition des serfs, 271.
Serle (William); impliqué dans le
meurtre de Glocester, II, 180;
répand le bruit que Richard n'est
pas mort, 382 ; pris et mis à
mort, ibid. et 458.
Shakespeare; sa tragédie la Vie et
la Mort de Richard II, I, m et
398; plusieurs scènes de ce drame
rapprochées de l'histoire, II, 299,
477, 489, 493, 512.
Shériffs; leur rôle dans la convo-
cation du parlement, I, 10; durée
de leurs fonctions, 19, 22, 257.
Shrewsbuby (consultation des juges
à), I, 324.
Shrewsbury (bataille de), II, 385.
Speaker ou orateur des commu-
nes, I, 15.
Spenser (Henri) , évêque de Nor-
wich; combat les paysans insur-
gés, I, 91, 449; ses propositions
pour une croisade contre les Clé-
mentins, cest-à-dire contre la
France, 170; modifications qu'il
y apporte, 171, 468; opposition
des lords, faveur des communes,
171 ; les propositions adoptées,
172; prédication de la croisade,
173 ; ordres en faveur de la croi-
sade, 174, 468; enthousiasme
pour la croisade en Angleterre,
174, 469; départ de l'évêque,
176; il débarque à Calais, ibid.;
attaque la Flandre, 177; prend
Gravelines, 178, 470; Dunkerque,
181 ; assiège Ypres, 181 , 471 -, lève
le siège à l'approche des Français ,
183; se retire vers uravelines,
191; partialité de Walsingham à
son égard, 192, 472; espérances
qu'on avait conçues de la croisade,
196 ; déception qu'elle cause ,
ibid.; premières mesures de Ri-
chard pour la réparer^ 196; négo-
ciations qui la termment, 197;
procès fait à l'évêque et à ses ca-
pitaines, 200 et suiv., condamna-
tion de l'évêque, 207 et 209; de
ses capitaines, 212; restitution de
son temporel, 269; querelle entre
l'évêque d'Ëly et le chancelier à
ce sujet, ibid.
Spikesworth (Jean de), I, 203.
Stafford (le comte de), I, 16, 242,
481.
Stafford (Richard de), fils du
comte; tué par Jean de Rolland,
I, 242.
Standford (grand conseil à) pour la
paix avec la France, II, 56 et 416.
Standigh (Jean), écuyer du roi,
achève Wat-Tyler, I, 70; est fait
chevalier, 81.
Statuts : leur définition, I, 19.
Stokys (Pierre), carme, adversaire
de Wicleff, I, 460.
Stow : ses annales, I, 395.
Straw (Jacques), chef des révoltés
del'Essex, I, 58; son jugement,
sa confession et sa mort, 94.
Straw (Jean) , probablement le même
que Jacques Straw, I, 448.
Subside (voy. Impôts, Laines et Par-
lement) : la levée suspendue dans
un cas douteux, II, 76.
SuDBURY (Simon), archevêque de
Gauterbury et cnancelier d'Angle-
terre. I, 41; assigne Wicleff de-
vant lui, 50; pillage de son palais
par les insurgés, 59; conseil qu'il
donne au roi, 64; pris et décapité
par les insurgés à la Tour, 71 ; sa
mort vengée, 93.
SuFFOLK (William de Ufford, comte
de) , auprès du roi dans l'insurrec-
tion de Wat-Tyler, I, 64.
SuFFOLK (Michel de la Pôle, comte
de). (Voy. Pôle.)
Swinderby (William de) ou William
l'Ermite, disciple de Wicleff", I,
128 et 459.
Sybill (Wauter), incriminé devant
le parlement, I, 468.
TABLE DES MATIÈRES.
563
Taxe personnelle, I, 33, 42; sur les
bateaux, sur les marchandises,
sur la laine, 33. (Voy. Impôts et
Parlement.)
Thierry (Augustin) : ce qu'il dit de
l'insurrection des paysans , I ,
436.
Thomas de Woodstock, comte de
Buckingham, puis duc de Gloces-
ter, septième fils d'Edouard III,
1,3; nommé comte de Buckin-
gham et investi de l'office de con-
nétable à l'avènement de Richard,
404 et 407; son caractère, 12; son
expédition en France, 38; combat
les paysans, 100; fait avec Lan-
castre la campagne d'Ecosse, 217;
créé duc de Glocester, 243; de-
vient à craindre au départ de Lan-
castre pour l'Espagne , 498. Sa mis-
sion auprès du roi pour la desti-
tution de Michel de la Pole,308r
langage menaçant qu'il tient au
roi , 309 ; prise d'armes de Ha-
ringhay-Park, 331; projet de dé-
poser le roi , 337 et 508 ; combattu
par Derby, 338 ; reçu en triomphe
à Londres après Riédecot-bridge,
340; au parlement de 1388, 344;
se fait déclarer innocent par le
roi , ibid. ; menace Richard du sort
d'Edouard II, ibid. (Voy. Lords
APPELANTS et Parlement [admi-
rable].) Son gouvernement, II,
1 ; peu de succès au dehors, malgré
les meilleures occasions, 7; ses
négociations avec la France, 12;
fin de son gouvernement, 13. Ren-
tre au conseil, 399; son opposi-
tion à la paix avec la France, 56,
66 , 420 , et au mariage du roi , 1 16 ;
honneurs et missionsqu'il reçoit de
Richard, 134; veut faire une cam-
pagne en Prusse, 419; son mau-
vais vouloir h l'égard de Richard,
147 ; ses murmures à l'occasion de
la France, 148; ses efforts pour
propager ses sentiments, 148-150;
complot où il veut intéresser le
jeune comte de la Marche, 150;
excitations auprès du peuple de
Londres, à propos des impôts, 151 -,
éclat au sujet de la restitution de
Brest, 154; insinuation que le roi
pense à livrer Calais, 156; nou-
veau projet de Glocester contre
Richard, 158; sa conjuration, 161
et 452 ; il est prévenu par le roi ,
iirrêté et mené à Calais, 162, 453;
mandé de Calais devant le parle-
ment ,175; réponse qu'il est mort ;
il est déclaré traître, ibid.-, pro-
duction, devant le parlement, de
sa confession écrite, 176; rumeurs
sur sa mort, 178 et 457; déclara-
tion de J. Halle, 180.
Thorne (William) : sa chronique, I,
389.
Tournois, II, 407.
Trésilian , président du banc du roi :
son enquête à Saint-Alban, I, 101 ;
un des principaux ministres de
Richard, 255; assiste à la consul-
tation de Nottingham, 324 ; mis en
accusation, 334 et 335; condamné
par défaut, 350; découvert et ar-
rêté, 353; son jugement sommaire
et son supplice, 354.
Trésorier d'Angleterre, I, 7.
Trésoriers du subside nommés en
parlement, I, 273.
Trêve avec la France prolongée pen-
dant tout le gouvernement per-
sonnel de Richard, I, 107; (voy.
Leulinghem).
Trivet (Thomas), dans la croisade
de l'évêque de Norw^ich, I, 38;
son procès, 211.
Turcs en Hongrie, II, 36.
TuRNER (Sharon). Son histoire : la-
cunes et partialité, II, 104.
Urbain VI. Croisade qu'il fait prê-
cher contre les partisans de Clé-
ment VII (France et Espagne), I,
145.
UsKE (Thomas). Condamné dans
l'Admirable Parlement, I, 357. -
VÈRE (Robert de), comte d'Oxford,
chambellan par droit héréditaire,
I, 403; ses insinuations contre le
duc de Lancastre, I, 245; Son
influence Sur l'esprit du roi, 252;
calomnié, 254 ; dons qu'il reÇôit,
484, 502; créé marquis de Dublin,
267 et 490; puis duc d'Irlande,
564
TABLE DES MATIERES.
322; répudie sa femme, petite-
tille d'Edouard III, 323; se met
en route pour Tlrlande, ibid ; ac-
compagné par Richard , ibid. ;
et demeure avec le roi, ihid.; à
Nottingham, 324; mis en accusa-
tion, 334 et 335; fuit sous un dé-
guisement, 337 ; fait des arme-
ments dans le noid, 338; battu à
Redecot- bridge , ihid.; échappe
par la fuite, 339; condamné par
défaut^ 350; sa mort, II, 16 et
448; son corps ramené en Angle-
terre, 137.
Vienne (Jean de), amiral; son expé-
dition en Ecosse, I, 238 et suiv.;
mécontentement des Français à
l'égard des Écossais, et récipro-
quement, 239; comment il avait
pu revenir d'Ecosse, 280 ; nouvelle
expédition préparée, 321; tué à
la bataille de Nicopolis (Froissart,
IV, 52.)
V'iLLE de bois, fabriquée pour l'inva-
sion de l'Angleterre, I, 282; por-
tée en partie par la ^ tempête en
Angleterre, 291, 495.
w
Walden (Roger de), doyen d'York,
nommé archevêque de Canter-
bury à la place de Thomas Arun-
del, II , 459 ; destitué au retour de
Thomas, 337, dans la conjura-
tion contre Henri IV; condamné,
365; gracié, 366 , 519; nommé
évêque de Londres, 519.
Walsingham. Ses deux histoires, I,
388; sa partialité en faveur de l'é-
vêque de Norwich, 192; contre
Richard, 193, et passim.
Walworth (William), surveillant
du subside, I, 18; maire de Lon-
dres, sa conduite pendant l'in-
surrection, 61, 69 et 79.
Warwick (Thomas de Beauchamp,
comte de), placé auprès du roi
comme gouverneur, I, 36; avec
lui au temps de l'insurrection, 64;
un des cinq lords appelants (voy.
Appelants); sa retraite, II, 134;
entre dans la conjuration de
Glocester , 1 61 et 452 ; arrêté ,
162 et 453; demande grâce; con-
damné et exilé , 182 ; rejoint
Henri de Lancastre après la capti-
vité de Richard, 280; proteste
, contre le procès-verbal de son
jugement, 329; meurt le 8 avril
1401.
Wat-Tyler. Insurrection qu'il pro-
voque, 1,56 et 435; mène lesinsur-
gés à Canterbury, 60; à Londres,
66; fait périr Richard Lyons, 68;
à la Tour, 70; excite les habitants
de Saint-Alban, 84; retient une
partie des insurgés à Londres ,
74; sa conférence avec le roi, 77;
sa mort, 79.
West (Pays vers le), 1, 423.
Westminster (Asile de), violé par
les agents du duc de Lancastre,
1, 25.
Westminster (Grande salle de) ,
construite par Richard, II, 106
et 438.
Westminster (Grand conseil de) en
1383, I, 169.
WicKHAM (William de), évêque de
Winchester, chancelier au temps
d'Edouard III, pour qui il construit
Windsor, II, 15; condamné par
l'influence de Lancastre au temps
d'Edouard III^ I, 401 ; membre du
conseil du roi, I, 273; du conseil
de l'an x, 316; nommé chance-
lier par Richard, II, 14; sa mort,
49, note.
WiCLEFF (Jean). Ses historiens, ses
origines et son histoire, I, 47, 430
et 431; sa doctrine sur l'Ëiat et
l'Eglise, 47; un des envoyés de
l'Angleterre aux conférences de
Bruges, 431 ; consulté parlacour,
433; son procès, 49 et 434; bulle
du pape contre lui, 50; second
procès, 51; inteivention de la
princesse de Galles, ibid.: expli-
cations données par Wicleff, ibid.;
Wicleff renvoyé, 52; nouvelles
propositions , ibid. ; propositions
adressées au parlement, 126; at-
taques contrôle pouvoir et les pos-
sessions de l'Église, ibid. et 458;
traduit la Bible en langue vul-
gaire, 128; propositions contre
rEucharistie,condamnées à Oxford,
129; appel au roi, ibid.; concile
de Londres, 130; assigné devant
• le pape, ibid.; ses excuses et
ses avis, 131; sa mort, ibid.; ses
idées répandues dans le parle-
ment, 265.
TABLE DES MATIERES.
565
WicLEFF (Partisans de). (Voy. Lol-
LARDS.)
William l'Ermite. (Voy. Swin-
DERBY.)
Windsor (Grand conseil à), en 1382,
I, 134.
WooDSTOCK (Thomas de). (Voy.
Thomas.)
Wraw (Jean), chef des insurgés, I,
87 et 448; confondu avec Jean
Straw, I, 448.
Ypres. Assiégée par l'évêque de Nor-
wich, 1,181 ; siège levé à l'approche
des Français, 183.
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.
TABLE DES CHAPITRES
DU TOME SECOND.
LIVRE SEPTIÈME.
LA MAJORITÉ DE RICHARD.
I. Le gouvernement de Glocester et le gouvernement de Ri-
chard Page 1
II. L'entrevue d'Amiens 36
m. La trêve 62
IV. La campagne d'Irlande , . , 78
LIVRE HUITIÈME.
l'alliancje française.
I. Administration personnelle de Richard 91
H. Le mariage de Richard et d'Isabelle de France 113
LIVRE NEUVIÈME,
GLOCESTER.
I. Les amis et les ennemis de Richard 133
II. Intrigues et complot de Glocester 146
III. Le parlement de la xxi« année (1397) 164
LIVRE DIXIÈME.
DESPOTISME DE RICHARD.
I. Session de Shrewsbury 193
II. Le comte de Derby et le comte maréchal 206
III. Mort du duc de Lancastre 220
5G8 TABLE DES CHAPITRES.
LIVRE ONZIÈME. *
HENRI DE LANCASTRE.
I. Richard en Irlande, Henri en Angleterre 241
IL Conway , Fiint et Chester 260
LIVRE DOUZIÈME.
LA DÉPOSITION DE RICHARD.
L L'abdication et la déposition 284
IL Le sacre de Henri IV.— La condamnation de Richard II 309
III. Satisfactions et représailles 329
LIVRE TREIZIÈME.
LA MORT DE RICHARD.
I. Conjuration contre Henri IV .. 345
II. Mort de Richard 'Ml
m. Conclusion 3'4
Notes 389
Table générale des matières 541
FIN DE LA TABLE DES CHAPITRES DU DEUXIÈME VOLUME.
ERRATA.
Page 37, ligne 15. Épargnait; Zisw : épargnaient.
— 12o, — 16. Duché; Usez : comté.
— 189, — 24. En honneur, en pouvoirs; lises : en honneurs, en
pouvoir.
— 198, — dernière. Leur poursuite; lisez : leurs poursuites.
— 200, — avant- dernière. Si per.sonne n'intercédait; luez : si
personne intercédait.
~ 238, — dernière. Espèces (épices); Usez : eapïces.
— 331, — 2. Du Henri; lisez ; de Henri.
— 340^, — 27. Les blancs seing; lisez : les blancs seings.
— 347, — dernière. Duc de Bourgogne; lisez : duc de Bourbon.
— 439, — 28. Plus reculée; lisez : postérieure.
— 446, — 16. 1386; iùez; 1396.
— 473, — 23. Caetum; iwe;ï ; cœlum.
Paris. — Imprimerie de Ch. Lahure, rue de Fleurus, 9.
C)
7
1
DA Wallon, Henri Alexandre
235 Richard II
W3
t. 2
PLEASE DO MOT REMOVE
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UNIVERSITY OF TORONTO UBRARY